Il faut d’abord planter le décor. Et commencer par les élections municipales de mars 2014. Au premier tour, la « liste écologiste et citoyenne » conduite par Pascale Chiron arrive en troisième position (13 996 voix, 14,55 %), alors que celle dirigée par la socialiste Johanna Rolland (« Nantes a de l’avenir ») occupe la première place (33 201 voix, 34,51 %). Une fusion s’impose pour le second tour et « Nantes a de l’avenir » (Johanna Rolland) l’emporte facilement (51 990 voix, 56,22 %). Bien sûr, le niveau de l’abstention est élevé (46,18 %) mais les écolos entrent dans le conseil municipal (Pascale Chiron figurait en troisième position) ; ce qui est le plus important pour eux.
Aux élections municipales de mars 2020, les écolos rejouent le coup de la liste autonome au premier tour. Leur liste « Nantes ensemble » conduite par Julie Laernoes occupe encore la troisième place (14 181 voix, 19,58 %), tandis que celle de Johanna Rolland (« Nantes en confiance ») fait une nouvelle fois la course en tête (22 713 voix, 31,36 %). Dans ces conditions, la fusion apparaît obligatoire. La liste emmenée par Johanna Rolland (« Ensemble Nantes en confiance ») l’emporte facilement (34 107 voix, 59,67 %). L’abstention progresse (69,04 %) mais les écolos (Ronan Dantec, Julie Laernoes, Florian Le Teuff…) font figure de partenaires “stratégiques“.
Aujourd’hui, les écolos pensent à mars 2026. Et la question se repose : au premier tour, liste autonome ou bien alliance avec Johanna Rolland ? Pour l’instant, les écolos bottent en touche. « L’adversaire politique, c’est la droite réactionnaire », souligne Simon Citeau, adjoint en charge des déplacements doux (Presse Océan, jeudi 19 juin 2025). Marie Vitoux, adjointe en charge de l’économie sociale et solidaire, de la mixité, et de la diversité dans l’emploi, fait également dans le flou : elle rappelle que le Nouveau front populaire a « soulevé une vague d’espoir qui a marqué les esprits à gauche. L’attente est à ce que la gauche réussisse à se mettre d’accord pour faire face au vent réactionnaire. » Et d’ajouter : « Vous pouvez compter sur nous pour mettre le temps et l’énergie nécessaires afin que les forces politiques de gauche se mettent autour de la table. » (Presse Océan, jeudi 19 juin 2025). Voilà un parfait exercice de langue de bois. En réalité, les écolos lancent les enchères : qui leur fera la meilleure offre ? Johanna Rolland ou bien les insoumis ? N’oublions pas qu’ils ont des jobs – c’est-à-dire des indemnités – à sauver : adjoints à la Ville de Nantes et vice-présidents à Nantes métropole. Comme il est préférable de jouer gagnant, ils attendent de voir ce que donneront les premiers sondages portant sur les intentions de vote. Mais rien n’interdit, en attendant, de se mettre « autour de la table » ; ça occupe et ça permet de montrer aux troupes qu’on fait “quelque chose“…
Bernard Morvan
Illustration : DR
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