Évidemment, cet organisme référent gratouille les tenants du pouvoir, jusqu'à notre Premier ministre finissant, François Bayrou. Dans son entretien du 31 août, il livre la pensée « globalisante » dans sa version la plus pure, avant de s’interrompre brutalement… « Sur l’immigration, il y a infiniment moins d’argent que le Rassemblement national ne le dit… », commence Bayrou. Sonia Mabrouk l’interrompt pour lui demander s’il est prêt à jouer cartes sur table sur le coût que l’immigration occasionne pour les Français : AME, aides non contributives, aides aux migrants…. Bayrou se révèle aussitôt plus macroniste que son Président : « Je n’aime pas qu’on présente la situation du pays comme étant la conséquence de la présence des immigrés. » Si Monsieur le Premier ministre n'aime pas, alors...
Nuage d'encre
L’épouvantail en forme de bouc émissaire ressort ainsi du placard, usé tant il a servi… Selon l’Observatoire de l’immigration, toujours précis, l'immigration coûte exactement 3,4 points de PIB, répond une Sonia Mabrouk imperturbable, suscitant le réflexe éternel de nos mondialistes apeurés aux effrayants bilans : il faut de toute urgence… casser le thermomètre ! « Mais je ne suis pas sûr que l’Observatoire de l’immigration n’ait pas une… » On ne saura jamais la fin de la phrase envisagée par Bayrou, qui embraye. On peut imaginer qu’il souhaitait dire « une objectivité sans faille » ? Il a dû réaliser en cours de route qu’il lui faudrait appuyer cette attaque par des arguments. Pas simple. Il aura reculé.
Dans l'océan, la pieuvre attaquée jette un nuage d'encre vers son ennemi pour avoir le temps de se cacher. « Je suis d’accord pour qu’on regarde », lance Bayrou. Ah bon ? Espoir. « S’il y a pour des étrangers des avantages, comme le dit le Rassemblement national, dont les Français ne profiteraient pas, ça ne serait pas juste et je suis d’accord pour qu’on les regarde. » Un simple regard, donc, l'espoir est timide... et vite contredit : « Mais je ne suis pas d’accord pour qu’on fasse de l’immigration la cause de la situation du pays, car quand le pays va bien, l’immigration est une machine à intégrer et cela marche mieux. » Chacun mesurera l’inanité de l’argument. Le pays va mal largement du fait des dégâts occasionnés par une politique d’immigration folle, mise en place par les gouvernements que François Bayrou a soutenus à bout de bras, notamment ceux d’Emmanuel Macron. L’Observatoire de l’immigration rappelle, justement, que l'immigration impose à la France l'énorme facture de 3,4 points de PIB… « La productivité apparente du travail en France, mesurée comme le rapport du PIB à l’emploi exprimé en personnes physiques, a reculé de 3,5 %, entre 2019 et 2023, alors qu’elle progressait de +0,5 à +0,6 % en moyenne par an, entre 2011 et 2019, écrit précisément l’Observatoire, qui s’appuie sur les chiffres de l’INSEE. En comparant le niveau de la productivité en 2023 à son niveau tendanciel, c’est-à-dire celui qui aurait été atteint si le ratio avait évolué depuis 2020 au rythme annuel moyen observé entre 2011 et 2019, le déficit de productivité est donc de l’ordre de 5,5 points. »
Le travail de la Cour des comptes
Marine Le Pen, comme pas mal de Français, ne semble pas prête à se payer de mots. Parlant de Bayrou, « les Français souhaitent son départ et on les comprend », tranche la présidente du groupe RN à l’Assemblée, qui votera le refus de la confiance. « Il n’a mis en œuvre que la politique macroniste », rappelle-t-elle, en la résumant en trois D : « Déni, Déconnection et Déresponsabilité ». On ne peut abuser éternellement des gens et des peuples.
En tentant en vain de saper la légitimité de l’Observatoire de l’immigration, Bayrou fait d’une pierre trois coups : il montre l'utilité de l'organisme de Nicolas Pouvreau-Monti, sa crédibilité et son utilité. Bien vu ! L’Observatoire fait en effet, sur fonds privés, le travail que ne font pas nos fonctionnaires ourlés de la Cour des comptes. L’institution présidée par Pierre Moscovici coûte, selon son propre site, 254 millions d’euros au contribuable et emploie 1.821 personnes. Fin 2024, Pierre Moscovici avait décidé de son propre chef de décaler la publication d’un rapport de la vénérable institution sur l’immigration clandestine pour que ces éléments n’interfèrent pas dans les débats de la loi Immigration... On peut avoir des doutes sur la lucidité future d'une institution qui vient de faire entrer Najat Vallaud-Belkacem, grande prêtresse de l’immigrationnisme en France, au cœur de ce cimetière des éléphants socialistes… La démocratie française fonctionne-t-elle normalement ? Heureusement, il reste l'Observatoire de l'immigration, n'en déplaise à Bayrou.
Marc Baudriller