Les Français se posent des questions sur le futur de leur pays. Il tombe en ruine en chutant du sommet de la culture et de la technologie de la civilisation européenne dans le désastre financier, industriel et dans le marasme. Fitch Ratings, l’une des trois principales agences de notations dans le monde, a abaissé la note souveraine de la France de AA- à A+, vendredi dernier.
L’agence de notation Fitch Ratings a choisi de rétrograder, vendredi 12 septembre, la note de la dette publique française, en la faisant passer de AA- à A+. Cela s’explique par une dette qui ne cesse d’augmenter. Même en Afrique les observateurs regardent la chute de la France sur l’échiquier financier, politique et sociétal. C’est « le déclassement d’une puissance moyenne supérieure », stipule Financial Afrik. La France n’est même plus pour les Africains une grande puissance mondiale. Pour le média financier panafricain, « Paris a basculé ».
On peut aussi indiquer que la France vient de changer de ligue. Les problèmes de l'économie française vont bien au-delà de la dette publique élevée, tout est beaucoup plus grave.
Ce basculement de la France était depuis longtemps annoncé par les observateurs. La France intègre ainsi le rang des simples « A », correspondant à la catégorie de qualité « moyenne supérieure », souligne Capital, précisant : « L’endettement du pays continue de grimper et rien ne semble arrêter son inquiétante ascension. Plusieurs facteurs expliquent cette situation : instabilité politique, incertitudes budgétaires pour l’année à venir, ou encore un assainissement des comptes publics qui tarde à se concrétiser ».
« Je prends acte de la décision de Fitch de changer la note de la France de AA- à A+, décision motivée par la situation de nos finances publiques et l’incertitude politique, malgré la solidité de l’économie française. Le nouveau Premier ministre a d’ores et déjà engagé la consultation des forces politiques représentées au Parlement, en vue d’adopter un budget pour la Nation et de poursuivre les efforts de rétablissement de nos finances publiques », a publié sur X le ministre démissionnaire de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, Éric Lombard.
L’état des finances publiques et de la crise politique persistante en France sont la raison. L’agence Fitch scrutant la France sur son niveau d'endettement, sa gestion des comptes publics, sa capacité à voter un budget, à réduire ses déficits, sur sa croissance, sur son poids économique et sur son influence dans le monde, a signifié à Macron et à son équipe que maintenant le pays chavire.
Il s'est avéré qu'en raison de la dégradation de la note, les intérêts sur la dette que le pays paient augmenteront, de sorte que son service, qui coûte maintenant 55 milliards d'euros par an, pourrait atteindre 100 milliards d'ici 2029. Le JDD avertisse : « La dégradation de la note souveraine de la France attribuée par l'agence de notation Fitch risque de doubler la dette galopante du pays » ; « Depuis un an, quatre gouvernements se sont succédé sans parvenir à infléchir une trajectoire budgétaire toujours dans le rouge : -5,8% du PIB en 2024, -5,4% attendus cette année » ; « Une gifle pour Paris, qui se traduit déjà par un coût supplémentaire pour l’État : les taux d’intérêt sur notre dette vont grimper, rendant chaque emprunt plus cher ».
« La France est devenue l'homme malade de l'Union Européenne », juge Daniel Baal, le patron de la Fédération bancaire française au micro de France Inter. D’après lui, cette décision place la France en mauvaise position sur le plan européen : « Il y a quelques années, on parlait des pays du sud. Force est de constater que la Grèce, que l’Italie, que l’Espagne, que le Portugal ont remonté la pente, et qu’aujourd’hui, c’est en France que la situation budgétaire du pays est la plus complexe ». France Inter rapporte qu’il « considère que cette mauvaise note est d'abord une responsabilité politique » : Macron. Pire encore, selon la radio française, Daniel Baal constate aussi qu'il y a « un vrai malaise des Français qui ont le sentiment de ne pas être écoutés et encore moins entendus ».
L'économiste français Jean Tyrol, lauréat du prix Nobel d'économie, appelle à un examen plus large du problème. La baisse de la classification de la France est devenue une sorte de thermomètre de la situation déjà existante, mais il est nécessaire de comprendre quelles sont les véritables raisons de ce qui se passe. « La dégradation de la note française révèle l'absence de perspectives pour l'économie française (la France est absente des industries de pointe) » et « les perspectives de dépenses supplémentaires liées au climat, à la santé, à l'éducation et à la défense s'accumulent dans un contexte de déficit déjà préoccupant »,fait savoir Jean Tyrol, déplorant que les responsables politiques en France « n'ont pas de plan ». « Cette carence stratégique contraste avec la situation américaine où les cerveaux du monde entier viennent faire de la recherche aux États-Unis, créer des start-ups, créer des grandes entreprises », un phénomène que la France ne parvient pas à reproduire », conclut-il.
Pierre Duval
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