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[RÉACTION]« UE : Il n’y a pas d’actions concrètes de soutien à la maternité »

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Le 15 octobre dernier se tenait une conférence sur la maternité à l’initiative de l’association One of Us avec la participation de l’ECLJ (European Centre for Law and Justice) et de nombreux députés au Parlement européen, parmi lesquels Laurence Trochu, du groupe ECR, Tonio Borg, ancien commissaire européen à la Santé, et les députés Peter Agius (Malte), Christophe Gomart (France), Paolo Inselvini et Antonella Sberna (Italie), Matej Tonin (Slovénie), Miriam Lexmann (Slovaquie) et Bert-Jan Ruissen (Pays-Bas). Quelques jours plus tard, à l’initiative du groupe ECR, un débat sur la maternité de substitution était inscrit à l’ordre du jour du Parlement européen. Retour sur ces questions sociétales débattues à cette occasion avec la députée groupe ECR Laurence Trochu.

Sabine de Villeroché. Pourquoi parler « maternité » dans l’enceinte du Parlement européen ?

Laurence Trochu. Il y a une grande offensive au sujet de l’avortement au niveau de l'Union européenne. Cette conférence du 15 octobre, qui a réuni 300 personnes, se tenait à l'initiative de One of Us (Fédération européenne de protection de la vie et de la dignité humaine) avec d'autres partenaires tels que l’ECLJ, qui a fait témoigner des femmes ayant subi des avortements ou des pressions pour avorter. Elle avait pour thème  « Real Choice Means Real Support ! » (« Un vrai choix implique une aide concrète aux femmes »), l’idée étant de montrer que l'avortement est souvent le fruit d’une absence de choix et, donc, de liberté. Nous avons souhaité mettre la lumière sur les aides concrètes qui peuvent et doivent être offertes aux femmes qui veulent garder leur enfant. L’occasion, aussi, de promouvoir les associations qui viennent en soutien aux femmes enceintes qui sont en difficulté. Et également d'encourager les États membres à développer des politiques publiques natalistes et des infrastructures permettant aux femmes d'accueillir des enfants dans les bonnes conditions.

S. d. V. La maternité est-elle aujourd'hui réellement menacée ?

L. T. C’est un sujet d’actualité car en ce moment, au niveau du Parlement européen, circule une initiative citoyenne, basée sur une pétition ayant recueilli 1,2 million de signatures au sein de toute l’Union européenne, intitulée « My Voice, My Choice ». Son objectif est d’obtenir de la Commission un meilleur accès à l'avortement pour toutes les femmes européennes. Concrètement, les États membres pourraient recevoir des financements de l’UE pour financer les trajets transfrontaliers d’une femme depuis son pays vers un autre aux lois moins restrictives sur le sujet. C’est la nouvelle invention glaçante de l’Union européenne du XXIe siècle : le tourisme abortif.

S. d. V. Quelle est l’origine de cette initiative citoyenne européenne qui réclame un meilleur financement pour les femmes voulant avorter ? Qui est derrière ?

L. T. C'est un collectif qui rassemble un peu plus de deux cents associations, la principale portant le nom de « Institut du 8 mars ». Nous avons fait un travail de traçage qui nous a permis d’apprendre que les grosses associations qui ont porté ce projet sont financées notamment par l'Open Society, par la fondation Bill Gates et par la fondation MacArthur pour ce projet, mais pas seulement...

C'est important de le dire, car la commission des droits des femmes et de l’égalité des genres dans laquelle je siège s'est déjà saisie du sujet « My voice, My choice » alors que, selon les usages, les promoteurs de la pétition doivent d’abord être auditionnés avant toute production parlementaire sur le sujet. La commission des droits des femmes a brûlé les étapes et s’est auto-saisie, préemptant le sujet au détriment d’autres commissions qui devraient être également impliquées : la commission de la santé, la commission du budget compétente pour demander des financements européens et la commission des pétitions.

Il était important de montrer que nous arrivions à mobiliser du monde pour un discours de vrai soutien à la maternité, domaine essentiel qui souffre d’une absence d’actions concrètes au niveau européen.

S. d. V. Quelques jours après, le 22 octobre, se tenait un débat dans l’enceinte du Parlement européen sur le sujet de la GPA, à l’initiative également de votre groupe. Pourquoi ce thème de la maternité de substitution ?

L. T. C'est assez inédit : pour obtenir un débat, il faut obtenir la majorité en conférence des présidents des groupes politiques au Parlement européen. Au mois d’août, un rapport de l’ONU a condamné universellement la GPA. C’est donc forte de cette publication que j’ai demandé la tenue d'un débat sur le sujet. Tout un travail a été mené auprès des autres groupes politiques pour obtenir leur soutien, travail couronné de succès. La tenue de ce débat est donc une victoire en soi, à mettre au crédit de la ténacité du groupe ECR et du travail d’influence mené auprès des autres groupes, qui est le cœur de notre métier de parlementaire européen.

Le titre officiel du débat était assez clair, même si le mot GPA n’y figurait pas : « Violences faites aux femmes, le cas particulier de l'exploitation de la maternité ». Mais malgré tout, la Commission européenne et le Conseil ont trouvé le moyen de noyer le poisson en évoquant les violences domestiques… J’ai pu rappeler à la tribune qu’il s’agissait bien là de GPA et de rien d’autre. Cela aura aussi été l’occasion, pour notre groupe, de demander aux députés de vraiment se prononcer précisément sur le sujet de la GPA et de rappeler que cette pratique entre en contradiction avec un certain nombre de textes internationaux juridiquement contraignants : Charte européenne des droits de l'homme, Convention internationale pour les droits de l'enfant et Convention de l'abolition de l'esclavage.

Ce qui est très symbolique, dans cette affaire, c’est que sur ce sujet, nous avons obtenu un débat grâce à une coalition de tous les groupes de droite au Parlement européen : ECR, Groupe des patriotes, PPE et groupe Europe des nations souveraines. C’est assez inédit : si ECR et les PPE ont l'habitude de travailler ensemble, associer le PPE et les Patriotes est plus rare. Nous avons ainsi réalisé notre objectif au Parlement européen : être le pont qui relie toutes les droites. Et cette alliance s’est vue dans la conférence que j’ai organisée la veille, intitulée « Il n’y a pas de GPA éthique », avec des intervenants du PPE, des Patriotes et d’ECR, et qui a rencontré un écho important.

Il faudra continuer à porter ce sujet. Nous recevrons, le mois prochain, la rapporteur de l’ONU qui a signé le rapport sur la GPA, à l’initiative de mes collègues d’ECR, et d’autres actions seront menées dans les prochains mois pour faire en sorte qu’enfin, l’Union européenne se prononce définitivement pour l’abolition de toute les formes de GPA.

Sabine de Villeroché

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