En révélant la somme stratosphérique dépensée par le gouvernement en 2024 pour sa communication – un milliard d’euros ! –, le JDD ne va pas arranger ses affaires avec le pouvoir, dont le mini-chef suprême veut la peau ainsi qu’à tous les médias du groupe Bolloré.
Et comme le documentaire de « Compléments d’enquête » consacré à CNews – d’une abyssale médiocrité et à l’argumentaire aussi lourd qu’Ersilia Soudais dans Le Lac des Cygnes ! – n’a pas produit les résultats escomptés, car passé à peu près inaperçu, ça va chauffer pour le JDD, qui n’aura pas son label présidentiel de bonne conduite médiatique. Tout ça rappelle Charles X et ses Ordonnances de l’été 1830, restreignant notamment la liberté de la presse. Résultat, le père Charles, qui n’avait pas compris que les temps avaient changé depuis 1789, provoqua une insurrection, puis il dut abdiquer et fuir en exil. La Colonne de Juillet, place de La Bastille à Paris, commémore ces journées révolutionnaires, aussi appelées les Trois Glorieuses.
Parce que le Nain Tracassin élyséen, en sa qualité de créature narcissique et infantile, ne supporte pas qu’on le contredise. D’ailleurs, le taulier de l’Arcom, Martin Adjari, risque gros lui aussi en ayant désavoué Manu – très certainement à l’initiative du documentaire à charge contre CNews –, après avoir déclaré « qu’il n’y a pas eu de contournements au pluralisme politique sur le mois de mars sur CNEWS, contrairement à ce qu’affirmaient Reporters sans frontières et Complément d’enquête ». Il paraît que le petit président n’est pas content du tout de cette déclaration, qui s’ajoute à sa frustration de ne pouvoir partir tout de suite en campagne contre la Russie.
Tout de même, un milliard pour la communication d’une joyeuse bande de guignols – ou Guignol’s band pour les plus céliniens d’entre vous et puisque je suis en train de lire ! –, surtout pour le résultat que l’on connaît, ça le fait un peu, beaucoup, passionnément, à la folie et surtout pas du tout ! Nous sommes loin de la somme déjà énorme de 440 millions d’euros avancée par Sébastien Lecornu, qui entendait économiser 50 millions là-dessus. Ce montant d’un milliard sort d’une circulaire interne au gouvernement que le JDD a pu se procurer, c’est-à-dire que le Premier ministre en personne est au courant de cette gabegie mais qu’il n’a pas eu l’honnêteté de le dire publiquement.
À titre de comparaison, le budget total du film Avatar 2 – ou Avatar : la Voie de l’eau – de James Cameron, s’est élevé à 350 000 000 dollars (ou 400 000 000 selon les sources) et il en a rapporté quelque 2 303 075 767 ! D’accord, je parle là d’un film et pas d’un État, mais on peut faire le lien avec le gouffre financier que représente le cinéma français si vous voulez, lequel ressemble fort à la gestion gouvernementale.
Pendant ce temps, on culpabilise les Français trop dépensiers, sans y inclure les vaches sacrées de l’immigration, qui coûtent un « pognon de dingue » mais ça, il ne faut pas le dire, ce serait aussi « populiste » que de demander des comptes sur l’assassinat de son fils, comme l’a si « élégamment » balancé un magistrat à la figure de la maman d’Élias.
Tout est à l’avenant dans la sphère publique qui s’émoustille abondamment avec l’argent public. Toujours dans le JDD – qui cherche décidément les ennuis ! –, au sujet de la prochaine audition des dirigeants de l’audiovisuel public, on apprend que « France Télévisions […] absorbe à lui seul 2,57 milliards d’euros de dotation publique, tout en présentant encore 41,2 millions de déficit en 2025. Une situation explosive pour une entreprise qui emploie près de 9 000 salariés. Selon la Cour des comptes, le salaire moyen par tête atteignait 71 490 euros bruts annuels en 2023, soit presque 6 000 euros bruts par mois – nettement au-dessus de la moyenne du secteur culturel (48 900 euros) et même de l’audiovisuel privé (66 700 euros). »
https://www.lejdd.fr/medias/audiovisuel-public-depenses-folles-et-derives-a-repetition-164522
On se croirait dans les années Mitterrand où l’argent public coulait à flots pour une certaine caste. Sauf que Mitterrand est mort depuis près de trente ans. Pour reprendre les mots de Jules Torres sur CNews dimanche matin, on peut effectivement parler de « dérapage hallucinant ». Et nous autres, on en a marre d’halluciner, on voudrait rêver plus sainement, parce que même avec un milliard de com’ on n’en a pas pour notre argent…
« Les régimes passent, la France reste. Parfois en servant un régime avec ardeur, on peut trahir tous les intérêts de son pays, mais en servant celui-ci on est sûr de ne trahir que des intermittences » (Talleyrand).
Charles Demassieux