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Islamisme, djihadisme… Pour un Nuremberg de la haine de soi ?

Islamisme, djihadisme… Pour un Nuremberg de la haine de soi ?

L’article du Figaro signé par Jean Chichizola consacré aux enquêtes antiterroristes ouvertes en 2025 décrit avec précision une réalité désormais installée : cinquante et une procédures cette année, majoritairement liées à la mouvance djihadiste, un rajeunissement spectaculaire des mis en cause, et une inquiétante banalisation des projets d’attentats portés par des adolescents. Il s’agit d’un travail journalistique utile, factuel, mais qui s’arrête, comme souvent, à la surface visible du phénomène. Or l’essentiel ne se trouve pas dans les faits divers, mais dans la logique démographique sous-jacente, cette « loi d’airain » dont Ibn Khaldoun disait déjà qu’elle déterminait, à long terme, l’orientation des sociétés plus sûrement que les décisions politiques.

Un réservoir qui s’élargit mécaniquement

Les sociologues du radicalisme, de Farhad Khosrokhavar à Olivier Roy, ont montré que la violence islamiste ne se nourrit pas seulement d’idéologie : elle se nourrit de la structure démographique des populations concernées. Un groupe humain jeune, concentré et en sentiment d’aliénation constitue, statistiquement, un milieu plus vulnérable aux récits de rupture.

La France, depuis trente ans, en fait l’expérience.
Chaque rentrée scolaire accroît la proportion d’adolescents issus de familles musulmanes, phénomène documenté indirectement par la démographie des prénoms, comme l’a montré le démographe Youssef Courbage. Cette croissance, en soi, ne condamne personne à la violence. Mais elle crée un réservoir plus vaste, au sein duquel une fraction, même infime, trouvera dans l’islamisme un récit de substitution.

Khosrokhavar l’a résumé dans une formule lapidaire que je cite de mémoire : « Le djihadisme naît de la rencontre entre une jeunesse en excès et une société en déficit de sens. »

Plus le premier terme augmente, plus le second se dérègle.

Garçons et filles : une dissymétrie lourde de conséquences

L’article du Figaro mentionne, à juste titre, le rajeunissement et la féminisation relative de la menace. Il s’agit toutefois d’une féminisation marginale. Les travaux de Fethi Benslama sur la « virilité en crise » dans les sociétés musulmanes permettent de comprendre pourquoi : la radicalité islamiste demeure un phénomène essentiellement masculin.

Les jeunes filles issues de familles musulmanes s’intègrent, dans l’ensemble, plus aisément. L’école, les études supérieures, la fonction publique, leur offrent un espace d’autonomie que leurs frères perçoivent parfois comme une trahison culturelle. Les sociologues parlent ici d’asymétrie d’intégration : la réussite relative des filles accentue le ressentiment de garçons qui se vivent comme perdants dans le jeu social français.

Le terrain psychologique est alors prêt pour ce que Benslama appelle « l’héroïsme inversé » : une manière de réaffirmer une virilité blessée par un engagement radical.

Les premières cibles : les Juifs ; les suivantes : les chrétiens

Depuis l’attentat de l’école Ozar Hatorah en 2012, la France vit dans un régime d’alerte permanent pour les sites communautaires juifs. Ce n’est ni un hasard ni un point conjoncturel : dans l’histoire longue, les Juifs sont toujours les premiers indicateurs de rupture dans les sociétés pluriconfessionnelles.

Les projets évoqués par le Figaro, synagogues, écoles juives, confirment cette constante.

Mais comme l’a montré Gilles Kepel dans Le Prophète et la pandémie, la logique djihadiste s’étend ensuite à l’ensemble des « mécréants ». Les chrétientés locales, prêtres, églises, écoles confessionnelles, deviennent progressivement des cibles secondaires, mais naturelles, pour une vision du monde qui ne distingue pas entre « Juifs », « croisés » et « apostats ».

Puis vient la troisième vague : tous ceux dont le mode de vie contrevient à la charia.
Les homosexuels, aujourd’hui encore les alliés politiques mécaniques de l’immigrationnisme, peinent à articuler intersectionnalité et exigence de survie. Leur situation, en Europe, illustre parfaitement la contradiction interne du progressisme : défendre en même temps les valeurs LGBT et des flux humains massifs provenant de régions où ces valeurs sont inexistantes, voire pénalement combattues.

Police et justice : un traitement des symptômes

Le Figaro énumère les projets déjoués : une adolescente de 13 ans voulant attaquer une synagogue, un Tchétchène de 16 ans ciblant les Juifs, un Franco-Algérien rêvant de frapper Notre-Dame, un autre visant une boîte de nuit. Ce sont des signaux, inquiétants, mais secondaires.

La police agit sur les étincelles ; elle n’a aucun pouvoir sur l’entrepôt d’essence. Ce que Khosrokhavar appelle « la radicalisation atmosphérique » ne disparaîtra pas tant que les déterminants collectifs demeureront identiques.

Les responsabilités historiques

Il est légitime, ici, d’interroger les choix politiques de ces cinquante dernières années. La sociologie politique américaine dispose d’un concept utile, celui de « path dependency » : une suite de décisions initiales crée une trajectoire presque impossible à infléchir. L’Europe, depuis les années 1980, s’est engagée dans un modèle migratoire fondé sur l’idéologie de l’« ouverture », en dépit des avertissements de démographes et d’anthropologues.

Les archives regorgent de discours minimisant les risques culturels, vantant les mérites d’une immigration de masse, et stigmatisant toute inquiétude comme « xénophobie ». La France paie aujourd’hui le prix de ces illusions idéologiques.

Conclusion : vers une future reddition de comptes ?

La question n’est pas morale, elle est historique.
Une société ne peut s’engager indéfiniment dans un processus de transformation démographique rapide sans qu’un jour une clarification collective ne survienne. Les sociétés occidentales du XXIe siècle approchent de cette ligne de fracture.

Dans vingt ou trente ans, des historiens, des commissions indépendantes, peut-être même des institutions judiciaires, seront amenés à examiner ce qui s’est produit entre 1980 et 2030 :
– Quels experts ont conseillé ?
– Quels responsables ont décidé ?
– Quels groupes d’influence ont pesé sur l’ouverture migratoire ?
– Quels intérêts économiques et idéologiques ont été servis ?
– Quels signaux ont été volontairement occultés ?

Il ne s’agira pas d’un Nuremberg métaphorique de la « haine de soi », mais d’un Nuremberg méthodique de l’irresponsabilité : un examen minutieux, documenté, factuel, de la manière dont des choix politiques apparemment abstraits ont conduit à la situation sécuritaire que le Figaro décrit semaine après semaine.

Car si les adolescents radicalisés passent à l’acte, d’autres ont, eux, ouvert les portes.

Ils ne pourront pas éternellement s’exonérer de leur part de responsabilité.

Balbino Katz 04/12/2025

https://www.polemia.com/islamisme-djihadisme-pour-un-nuremberg-de-la-haine-de-soi/

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