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[POINT DE VUE] Mélenchon et Buzyn au chevet des agriculteurs : le bal des faux-culs

buzyn bfm
Chez Boulevard Voltaire, on a une réelle fibre agricole, et pas seulement quand la colère explose et que, soudain, ceux qui précipitent nos agriculteurs dans le gouffre depuis des décennies (la gauche, la droite de gouvernement d'Annie Genevard, comme elle aime s'appeler, et les macronistes) disent comprendre cette colère. Sans pour autant rompre avec les logiques bruxelloises ou « mercosuristes » qui tuent notre agriculture depuis quarante ans. Ainsi, dès cet été, grâce au reportage de Jean BexonBV était aux côtés des premiers agriculteurs touchés et de Pierre-Jean Duchêne, ce jeune éleveur de Savoie meurtri par l'abattage de ses 76 vaches. Gabrielle Cluzel vient de rappeler que son grand-père était agriculteur.

Le traumatisme de l'abattage du troupeau pour une famille

Quant à moi, enfant d'un éleveur du Sud-Ouest, j'ai connu à dix ans, dans les années 80, le traumatisme que constituait l'abattage d'un troupeau entier. La maladie n'était pas la dermatose mais la brucellose (transmissible à l'homme, elle), quasiment éradiquée depuis 2005, malgré quelques résurgences, mais encore présente à la fin du XXe siècle. J'ai connu les angoisses d'une famille de paysans pour lesquels le « chèque du lait », seul revenu régulier et assuré, allait disparaître, les pressions administratives des services vétérinaires et de la préfecture, le sentiment d'abandon, l'absence de relais et de soutien médiatique, l'indemnisation dérisoire face à la perte du troupeau, dans un contexte de fort endettement.

Avec quarante ans de recul, je me dis que, malheureusement, rien n'a changé. Les agriculteurs sont de moins en moins nombreux, un agriculteur se suicide tous les deux jours (l'un d'eux vient encore de mettre fin à ses jours, samedi, dans le Gers) et l'avenir est encore plus sombre, entre normes écologiques extrêmes et dérégulation débridée. Seul signe d'espoir : l'émergence de syndicats alternatifs comme la Coordination rurale, la solidarité née des réseaux sociaux et de la presse alternative qui permet une réelle mobilisation, tant qu'elle n'est pas récupérée lors d'un deal médiatique avec un ministre entre deux bottes de paille. Mais dans le grand champ des possibles de la récupération du malaise paysan, il y a les ministres : Genevard aujourd'hui, Attal en janvier 2024. Mais aussi la gauche.

Le bal des faux-culs au chevet des agriculteurs

Le revers de cette exposition médiatique, c'est  la récupération de la cause agricole - uniquement le temps de la crise aiguë, cela va sans dire - par les leaders de gauche dont les programmes et les politiques n'ont cessé de nuire aux agriculteurs. Mélenchon, tout à sa reconquête de l'électorat de gauche déçu par Glucksmann (dont on ne sait pas trop ce qu'il pense des éleveurs, lui), a très vite réagi, sur X : « L’abattage systématique des troupeaux est absurde. Des institutions scientifiques et professionnelles disent qu’on peut faire autrement. Le gouvernement répond en envoyant la police à coups de grenades lacrymogènes. Nous protestons contre cet usage disproportionné de la force qui a fait des blessés. »

Mais samedi soir, on a assisté à une résurrection médiatique surréaliste, on a vu réapparaître sur BFM devinez qui ? Agnès Buzyn elle-même ! Souvenez-vous : le ministre de la Santé de Macron complètement dépassé par la gestion de l'arrivée du Covid-19, en 2019-2020 ! Elle est donc venue prodiguer en direct ses conseils au gouvernement sur la gestion de la crise. Elle a, bien entendu, dit comprendre « le sentiment de brutalisation » (sic) et conseillé que tout le monde se mette autour de la table ! Arguant de son expérience lorsqu'elle fit rapatrier les Français de Wuhan ! Un tel toupet est sidérant et Agnès Buzyn aurait pu se faire plus discrète, tant les mesures absurdes et brutales ont été nombreuses, durant la gestion macroniste du Covid-19. Philippe de Villiers ironisait, vendredi soir, en taclant Annie Genevard « docteur Véran en jupons ». Et samedi, nous avons donc eu droit à Agnès Buzyn. Ni les agriculteurs ni l'ensemble des Français ne méritent cela. Comment dit-on « afuera », en langue paysanne ?

Frédéric Sirgant

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