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  • Chronique de livre: Vincent Cheynet "Décroissance ou décadence"

    Vous avez aimé la lecture de JC Michéa ? Alors vous aimerez la lecture de cet ouvrage singulier de Vincent Cheynet, rédacteur en chef du journal « La Décroissance ». Découvert au hasard de la lecture d’un article (lire ici), je l’ai acquis en même temps que « L’effondrement des sociétés complexes » de Joseph Tainter et « La guerre des monnaies » de Hongbing Song. Je ne peux d’ailleurs que vous conseiller ces deux autres ouvrages en plus de celui que je chronique en ce jour. En effet, aucune analyse politique ne peut aujourd’hui se dispenser d’une analyse économique, mais aussi d’une réflexion sur deux questions liées : les ressources et l’environnement (pour ne pas dire l’écologie).

    Premier élément notable, qui est une (bonne) surprise, de l’ouvrage qui nous intéresse ici, l’auteur se réfère à un certain nombre de publications des éditions « Le Retour aux Sources » avec qui le réseau MAS coopère. Nous pouvons ajouter à cela les ouvrages de Serge Latouche, penseur emblématique de la décroissance, de Jacques Ellul pour (entre autre) la critique de la société technicienne, l'illusion politique, les nouveaux lieux communs, de JC Michéa pour la critique du libéralisme (capitalisme), de la modernité et de la « gauche » et Joseph Tainter pour L’effondrement des sociétés complexes. L’auteur introduit d’autres auteurs dont, pour ma part, j’ignorais l’existence mais qui paraissent apporter une réflexion intéressante, je pense à Dwight MacDonald pour Le Socialisme sans le progrès (1946), Cédric Biagini, qui a écrit entre autreL’Emprise numérique. Comment Internet et les nouvelles technologies ont colonisées nos vies (2012) ou encore Ivan Illich et Bernard Charbonneau (ami de Jacques Ellul). Liste non exhaustive…

    Deuxième élément notable, l’auteur épingle tout le monde et exerce une critique de tous les partis, tous les bords, tous les auteurs ainsi que les milieux militants qui possèdent tous en leur sein des tares qui confinent d’ailleurs souvent à la pathologie. Ainsi vous observerez autant une critique d’Alain de Benoist, Laurent Ozon ou Alain Soral que de Jean-Luc Mélenchon, de Nicolas Hulot, des « écologistes », de la « gauche », des libéraux-libertaires, etc… Rien ne nous oblige à abonder dans le sens de l’auteur, cela va de soi, mais cela sous-entend que nous lisons quelqu’un à l’esprit clair et aux idées réfléchies et mûries et non un énième ersatz de pensée juvénile écolo-gauchiste.

    Troisième élément notable, le nombre assez impressionnant de sujets qui nous rapprochent : éloge de la verticalité, du rôle du père, de la famille, du Beau, de l’honneur, de la solidarité, de la mesure grecque ou encore le rejet de la « gauche » bobo, les libéraux-libertaires, du bougisme, du positivisme, du scientisme, de la démagogie, de l’argent-roi, de la presse du système … ce à quoi nous pouvons ajouter une position qui pourrait sembler iconoclaste sur l’austérité qui trouvera surement un écho chez certains camarades adeptes de l'ascétisme.

    La thèse centrale de l’ouvrage, pour ainsi dire, exprimée en quatrième de couverture, consiste à fustiger l’idéologie de l’illimité, et ses corollaires: le productivisme, le progressisme, le positivisme.... Pour l’auteur, le capitalisme repose sur la croissance illimitée. Le refus des limites serait une manifestation (de l’idéologie) de la croissance. Pour lui l’accumulation du Capital analysée par Marx correspond à la croissance et notre société est le produit de la croissance, de l’idéologie de l’illimité qui se manifestent dans le fonctionnement de notre société. « L’expansion de l’illimité est un fait anthropologique total » (p.119) «Soit l'inverse de la tradition gréco-latine pour laquelle l'hubris, la démesure, demeurait la faute majeure. » (p. 36) Par ailleurs, l'absence de limites conduit fatalement à l'indifférenciation. Ainsi l’auteur développe l’idée que le mariage homosexuel est un avatar de cette idéologie capitaliste de l’illimité, d’une société qui refuse non seulement les limites économiques mais refuse aussi de poser et d'accepter des limites biologiques, physiques ou sociales, de dire « non ». (pages 87-102). Il poursuit ici l’idée selon laquelle c’est la limite et le « non » qui permettent à l’être humain (à l’individu) de se construire (p.35-47). «La décroissance, c'est dire non. » (p.36) Les frustrations sont nécessaires pour parvenir à l’âge adulte, pour bâtir une société adulte et constituer un quelconque corps social. A ce titre, certains chrétiens seront positivement surpris par la proximité entre la pensée de l'auteur et certaines de leurs conceptions. C’est le refus des limites, incarné superbement par les libéraux-libertaires qui contribue au délitement de l’humanité et de toute forme de société. Il rejoint en cela l’analyse communément acceptée dans la plupart des milieux dissidents selon laquelle la gauche « libérale-libertaire » porte le même projet que la « droite » affairiste, que tout cela forme un tout, un système. La philosophie de l’auteur est plutôt opposée à Jacques Attali, son nomadisme et ses états-hôtels…

    A la fin de l’ouvrage l’auteur poursuit : «  L’immobilité et le silence sont devenus subversifs, car ils sont une incitation à réfléchir à notre condition. » (p. 177) En effet, dans une société qui fait l’apologie du bougisme, du festivisme, de l’agitation, du bruit ou de la vitesse à grand renfort de publicités et d’incitation à la consommation, rester chez soi dans le silence devant un bon ouvrage est presque devenu un acte authentiquement révolutionnaire (remarque personnelle). A ce titre le chapitre « QUE FAIRE ? » qui clôt son livre, débute par une citation de Dwight MacDonald, à méditer : « S’il est encore trop tôt pour définir ce qu’un radical pourrait FAIRE […] nous pouvons conclure sur quelques idées plus concrètes sur ce qu’il pourrait ÊTRE. Quelles sont les attitudes caractéristiques du radical en politique ? On pourrait les esquisser en cinq traits : 1. Le négativisme , 2. L’absence de réalisme, 3. La modération, 4. La limitation, 5. Le souci de soi. »  (p. 174) C’est chacun de nous qui porte en lui la capacité à changer le monde par sa façon de vivre, sa façon de consommer, etc… et ce quels que soient les sujets. Certains connaissent la célèbre citation de Jean Mabire « Nous ne savons pas si nous changerons le mondemais nous savons que le monde ne nous changera pas » et bien cette maxime est vraie seulement si nous faisons un travail sur nous-même. Nous devons changer par nous-même pour ne pas être changé par le monde. C’est pour cela que ce qu’on attend d’un militant ce n’est pas de la posture, mais un véritable travail sur lui-même. « L’habit de fait pas le moine » disaient nos grand-parents… De fait l’auteur écrit quelques pages incisives sur l’austérité, dont je vous conseille vivement la lecture (pages 162 à 173, 11 pages à lire, ça prend 10 à 15 minutes). Combattre l’esprit bourgeois, c’est combattre l’esprit d’accumulation, le toujours plus, la consommation à outrance, le gaspillage, vivre au dessus de ses moyens, etc… et donc aussi admettre qu'une bonne partie du peuple est totalement intégrée dans le système.

    D’autres sujets pourront soulever une véritable réflexion chez vous, comme par exemple la critique du survivalisme de Piero San Giorgio. Si Vincent Cheynet valide les analyses de l’auteur suisse, il rejette le principe des BAD, jugées individualistes et conformes à la mentalité anglo-saxonne, matrice du capitalisme (ce en quoi je suis parfaitement d’accord). Pour l’auteur on ne pourra s’en sortir que collectivement, par la force du groupe (je suis également d’accord sur ce point) et non en jouant la carte solitaire qu’il considère comme une manifestation de l’esprit capitaliste (pages 142-143).

    Vous lirez également des pages très amusantes sur l’art contemporain, que l’auteur passe au vitriol, y voyant une parfaite illustration de l’idéologie de l’illimité et de l’anti-conformisme devenant lui même un conformisme. Je me permets de vous citer deux extraits, pour le plaisir de lire :

    « Il ne faut pas comprendre « l’art » contemporain comme de l’art mais comme le symptôme le plus flagrant d’une société malade » (p. 123) Ou encore « Je demeure à penser qu’à l’aune de l’art contemporain, notre époque est terrifiante ». (p. 124)

    Dans cette partie, l’auteur dégomme au passage la musique techno avec une bonne citation de Cédric Biagini issue de Techno, le son de la technolopole : « A un monde de plus en plus industrialisé, déshumanisé, où triomphe la tyrannie technologique, il fallait nécessairement une bande-son : la techno ». (p. 121) Amusant de lire ça et de voir tous les prétendus anticapitalistes « bouger » sur la techno hardcore en prenant des produits chimiques (ils parlent eux-mêmes « d’acides ») dans les « rave-parties », terminologie angliciste très révélatrice. Mais les kékés de boîtes ou les gosses de riches avec leur projet X ne valent pas mieux. C’est toute une société qui a basculé dans le Néant et le Laid. Quand on refuse les limites, on finit forcément par tomber. Certaines barrières, comme celles que l’on trouve en haut des phares, ne sont pas là pour entraver notre liberté, mais pour nous protéger.

    L’auteur aborde bien d‘autres sujets, mais je pense en substance avoir livré quelques grandes lignes de son ouvrage, sans en révéler forcément toute la teneur. Un livre qui doit figurer dans les bibliothèques, qui apporte une véritable réflexion et aidera tout militant dissident ou radical à se construire et qui peut aussi contribuer à aiguiller les structures qui cherchent à s‘opposer au système libéral, notamment grâce à la profession de foi et à quelques propositions de l'auteur. Le tout pour 12 euros, c'est-à-dire un peu plus qu’une place de cinéma. On déplorera simplement que Vincent Cheynet refuse tout dialogue avec ce qu’on pourrait nommer les « décroissants de droite » comme Alain De Benoist, mais il l’a énoncé lui-même, dire « Non » et poser des limites est nécessaire. Pour ma part, je ne pense pas que ce soit au sein de notre petite sphère dissidente, d’où qu'elle soit, que nous devions nous dire « Non », mais c’est au Leviathan capitaliste qui est en train de nous tuer que nous devons nous opposer en proposant un modèle alternatif. Peut-être qu’un jour Vincent Cheynet franchira le Rubicon…

    Jean/C.N.C

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/archive/2014/04/21/chronique-de-livre-decroissance-ou-decadence-de-vincent-cheynet.htmlLire ou relire:

    Chronique de livre: Jacques Ellul, Anarchie et christianisme

    Chronique de livre: Jean-Claude Michéa, La double pensée

    Analyse: Le libéralisme réellement existant d'après Michéa (Scriptoblog)

    Analyse: Lordon progressiste, Michéa conservateur (Boreas)

     
  • Nigel et Nicolas, mais vous faites quoi?

    Le site du quotidien Le Monde est revenu hier sur le refus de Nigel Farage, chef du Parti (eurosceptique) pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP), d’accepter la main que lui tendait Marine Le Pen pour former un groupe au Parlement européen. En guise de justification, et pour bien signifier que sa décision était irrévocable, M. Farage n’a pas hésité à manier la violence verbale  en affirmant que « l’antisémitisme est dans l’ADN du (Front National)»,  rapporte la journaliste Elvire Camus. Elle note aussi que «sa réponse négative lui a valu les  moqueries  de Marine Le Pen qui   se demande en effet pourquoi Nigel Farage a préféré s’allier au parti gaulliste de Nicolas Dupont-Aignan, Debout la République (DLR), qui fait des scores de 1% en France». Le 13 avril M. Farage était en effet présent, devant quelques centaines de fidèles de M Dupont-Aignan, à la réunion publique de lancement de campagne des européennes de DLR.

     Dans son compte-rendu de cette réunion, Libération relayait la justification habituelle du leader de l’UKIP : «Nous devons être justes: Marine Le Pen a fait beaucoup de progrès. Mais étant donné l’histoire du FN, ce n’est pas un parti avec lequel nous voulons nous allier. Et si vous regardez son programme économique, c’est tellement à gauche, c’est incroyable!». A contrario a-t-il dit à la tribune, « Je crois en Nicolas Dupont-Aignan, en Debout la Républiqueun parti politique respectable, modéré, qui est sur la même ligne eurosceptique.»  

     Ni respectable, ni modéré pour M. Farage, le FN n’en est pourtant pas moins aux yeux de nos compatriotes le porte-parole naturel du camp national, patriotique et souverainiste. Et concrètement,  «le tribun de l’UKIP risque au final de ne s’allier… avec personne en France ». Car crédité de 1,5% des intentions de vote dans le  sondage IFOP paru la semaine dernière qui place les listes FN en tête avec une moyenne de 24% des suffrages, « Nicolas Dupont-Aignan a pour l’instant peu d’espoir d’avoir des élus au Parlement de Strasbourg (…). M. Dupont-Aignan espérait rallier Jean-Pierre Chevènement ou Philippe de Villiers à ses listes mais ceux-ci n’ont toujours pas dit oui, ce qui met à mal l’unité des patriotes de gauche et de droite qu’il appelait de ses vœux ».

     La notion de vote utile, devrait de surcroît  décider tout  électeur  souverainiste conséquent àne pas stériliser sa voix en portant son  vote sur les listes de M Dupont-Aignan – les listes DLR avaient obtenu 1,77% des voix en 2009- qui en toute probabilité n’enverront pas d’élus au parlement. Seuls les députés  FN  pourront donc mener la bataille  contre le parti bruxellois et notamment sur  les deux dossiers brûlants des prochains mois: la PAC et  l’accord de libre-échange transatlantique (le fameux «Grand marché transatlantique »), actuellement en négociation entre l’Union européenne et les Etats-Unis. Ceux-ci sont d‘ailleurs  les deux grands axes de la campagne européenne du Front National.

     Marine Le Pen l’a de nouveau rappelé samedi, lors  de son déplacement  à Brive (Corrèze)pour y soutenir la tête de liste du FN de la circonscription Massif central-Centre, Bernard Monot. Elle a aussi répondu à tous ceux qui doutent de la possibilité et/ou de l’efficacité d’unecoalition de partis nationaux et patriotiques au Parlement européen, laquelle, Bruno Gollnisch en parle d’expérience, n’est certes jamais chose aisée et nécessite patience et diplomatie. La présidente du FN a fait part des discussions en cours avec les Autrichiens du FPÖ, les Italiens de la Ligue du Nord, les Néerlandais du Parti de la Liberté (PVV).

     Formations avec lesquelles  nous avons  il est vrai des divergences parfois  assez grandes mais avec qui« nous avons aussi  une cohérence sur les problèmes de l’Union européenne, ce qui n’est pas la cas pour les autres groupes où il n’y a même pas de cohérence de vote ! » .

     Des divergences il y en avait aussi entre les participants  la manifestation organisée contre la venue de Marine et de Bernard Monot à Brive, contre le «   néo-populisme européen » (sic).   Les  sympathisants du  PS, dont le candidat élu à la dernière présidentielle  partage les mêmes vues européistes  qu’un Bayrou et qu’un Sarkozy,  défilaient  aux côtés  des contempteurs de l’Europe libérale  du PC et du Front de Gauche. Mais dans les faits,  la détestation profonde de l’alternative portée  l’opposition  nationale populaire et sociale, génère  des alliances qui ne sont aberrantes qu’en surface. Entre les altermondialistes d’extrême gauche  et  les  mondialistes socialo-libéraux, deux faces de  la même médaille antinationale,  existent une différence de degrés et non de nature.

     C’est pourquoi il est particulièrement condamnable à l’inverse que des défenseurs  autoproclamés des  souverainetés nationales, de l’Europe des patries   par peur, soumission au politiquement correct ou calculs boutiquiers à courte vue, trouvent  toujours des bonnes(mauvaises)  raisons pour ne pas s’allier, même conjoncturellement,  avec le FN. Si leurs convictions patriotiques sont sincères, quelles  illusions sur le Système et ses mensonges qu’ils disent combattre  bercent encore un Dupont-Aignan ou un Farage ?

     Laissons en cette circonstance le mot de la fin à  Shakespeare : « le monde est sans cesse séduit par la beauté de la forme. En justice, quelle cause est assez noire, assez criminelle pour qu’en se parant d’une voix agréable, elle ne puisse dissimuler l’apparence même du mal ? En religion, quelle erreur assez damnable, qu’un front sérieux ne puisse exalter et prouver par un texte qui en cachera la grossièreté sous une belle parure ? Il n’y a pas de vice si franc qui n’assume la marque extérieure de quelque vertu »

    http://gollnisch.com/2014/04/22/nigel-nicolas/

  • Gouvernement : surtout, ne rien changer !

    Pas de surprise au sein du nouveau gouvernement. On prend les mêmes et on recommence. François Hollande continue son dialogue de sourds avec la France, non seulement celle qui se dresse contre lui, mais même celle qui l'a élu...

    Le soleil printanier était de sortie à Paris ce mercredi 2 avril au moment de l'annonce du nouveau gouvernement par le Préfet Pierre-René Lemas, secrétaire général adjoint de l'Elysée. La voiture présidentielle venait de quitter l'Elysée, François Hollande se rendant à Bruxelles, comme s'il laissait les clefs de la maison à son nouveau premier ministre, Manuel Valls, nommé la veille à Matignon. La liste égrenée sur le perron du palais présidentiel en a surpris plus d'un. Même politique, mêmes hommes et femmes: visiblement, François Hollande n'a rien entendu du mécontentement des Français et de son propre camp politique ! Seize ministres (en attendant la nomination des secrétaires d'Etat dans un second temps), et seulement deux nouveaux entrants : Ségolène Royal (photo), ancienne compagne du président de la République, et François Rebsamen, sénateur-maire de Dijon et proche du chef de l'Etat.

    Sans les Verts mais avec le PRG

    Les Verts ayant refusé, non sans difficultés internes, de participer à nouveau au gouvernement, seul le Parti radical de gauche de Jean-Michel Baylet accompagne les ministres socialistes grâce à Sylvia Pinel, ministre du Logement et avant-dernière dans l'ordre protocolaire. Chez les Verts, les parlementaires étaient favorables au maintien des leurs au gouvernement, mais l'équipe dirigeante, Cécile Duflot en tête, franchement hostile. Le Front de gauche est naturellement absent et de plus en plus dans l'opposition au PS.

    Pour être exhaustif, notons la naissance de divergences au sein des radicaux de gauche, très n pointe concernant les évolutions de la société mariage » gay, euthanasie, avortement, PMA…). Le sénateur Baylet, très proche de Pinel, son ancienne collaboratrice a déclaré : « Le président de la République, François Hollande, après avoir choisi Manuel Valls pour Matignon a une nouvelle fois fait preuve de courage politique en nommant un gouvernement resserré et paritaire. Le PRG prendra toutes ses responsabilités et soutiendra ce nouveau gouvernement. » Au contraire le député PRG du Calvados, Alain Touret est nettement plus circonspect : « On peut regretter que le Parti socialiste truste comme d'habitude tous les postes. Son incapacité à s'ouvrir, son échec dans les négociations avec les Verts constitue un handicap sérieux qu'il risque de payer cher lors des prochains rendez-vous électoraux. » C'est dire l'état d'isolement du parti socialiste.

    Royal et Rebsamen

    Rentrons dans le détail des nominations : Laurent Fabius conserve la haute main sur le ministère des Affaires étrangères, Christiane Taubira le portefeuille de la Justice, Marisol Touraine celui des Affaires sociales et Jean-Yves Le Drian, celui de la Défense. Benoît Hamon, caution de la gauche du Parti socialiste au sein de ce gouvernement, hérite du ministère de l'Education nationale jusque-là détenu par Vincent Peillon, prié d'aller siéger à Bruxelles à partir de la fin du mois de mai. Un militant de gauche remplace un idéologue de gauche... Bercy est partagé en deux portefeuilles entre les Finances dévolues à Michel Sapin, autre proche de Hollande, et l'Economie qu'est censée redresser Arnaud Montebourg... François Rebsamen fait donc son entrée au ministère du Travail. Et Bernard Cazeneuve, ancien maire de Cherbourg, hérite d'un ministère de l'Intérieur bien pâle sur lequel, manifestement, Hollande et Valls veulent garder chacun le contrôle direct. Manuel Valls y aurait bien vu Jean-Jacques Urvoas et François Hollande, de son côté, y poussait Rebsamen. Il y a eu finalement arbitrage entre les deux têtes de l'exécutif.

    Reste ensuite les postes annexes : Najat Vallaud-Belkacem aux Droits des femmes, à la Ville, à la Jeunesse et aux sports (exit donc Valérie Fourneyron), Marylise Lebranchu à la décentralisation, Aurélie Filippetti reconduite à la Culture, Stéphane Le Foll de nouveau à l'Agriculture, et George Pau-Langevin, qui prend le poste de ministre des Outre-Mer.

    Quelle durée de vie ?

    Vincent Peillon paye comme prévu l'échec programmé de la réforme des rythmes scolaires et Pierre Moscovici les mauvais résultats de l'économie française. Les catholiques et plus largement les opposants au mariage homosexuel sont une fois de plus méprisés par François Hollande : Manuel Valls, symbole de la répression des militants de droite, est à Matignon et Christiane Taubira, que la LMPT donnait partante, est reconduite comme garde des Sceaux. Très libéral-démocrate, fortement teinté de maçonnisme et de laïcisme, ce gouvernement va développer une politique hostile au catholicisme et à l'intérêt général. Il va s'acharner à défendre une vision technocratique et prométhéenne de l'Europe.

    Dans ce gouvernement, il n'y a évidemmentpas de ministère de la Famille, comme il n'y aétonnement pas de ministère des Affaires européennes malgré la complexité des dossiers qui s'yrattachent. Comme le résume bien dans son communiqué, le président du CNIP Gilles Bourdouleix : « Combien de temps tiendra ce gouvernement ? » Cette question est la seule qui vaille,tant le pouvoir donne l'impression d'être KOdebout, incapable de se remettre en question etde défendre les intérêts de la France. Les mois quis'annoncent seront difficiles.

    Jacques Cognerais monde & vie. 9 avril 2014

  • Julius Evola : "La culture contemporaine"

    Étant donné ce que la culture et l’intellectualité signifient dans le monde contemporain, on est en droit de s’opposer à leur surévaluation. Le culte qu’on leur voue au point d’en faire les traits distinctifs d’une classe supérieure, presque d’une aristocratie – l’ « aristocratie de la pensée » qui serait la seule authentique et aurait le droit de supplanter les formes antérieures d’élite et de noblesse –, dénote un préjugé caractéristique de l’époque bourgeoise dans ses aspects d’humanisme libéral. La vérité est au contraire que cette culture et cette intellectualité ne sont que des produits de dissociation et de neutralisation par rapport à un tout.
    […] Normalement, la vision du monde n’est pas quelque chose d’individuel, mais procède d’une tradition ; elle est la résultante organique des forces auxquelles un type de civilisation doit la forme qui lui est propre. En même temps, a parte subjecti, elle apparaît comme une sorte de "race intérieure", de structure existentielle. Dans toutes les civilisations, autres que la civilisation moderne, a existé précisément une "vision du monde", et non pas une "culture", qui pénétrait les couches les plus diverses de la société. Et là où il y eut une culture et une pensée conceptuelle, elles n’avaient pas la primauté ; elles étaient de simples moyens d’expression, des organes au service de la vision du monde. [...] Dans les civilisations prémodernes, [les formes d'expression] consistaient plutôt en images évocatrices, en symboles au sens propre du terme, en mythes. Aujourd’hui, les choses peuvent se présenter différemment, à cause de l’hypercérébralité de l’homme occidental. Mais il importe de ne pas troquer l’essentiel contre l’accessoire ; il faut que les vrais rapports soient reconnus et maintenus, que, là où existent la "culture" et l’"intellectualité", elles servent d’instrument et d’expression à quelque chose de plus profond et de plus organique, qui est précisément la vision du monde. Et la vision du monde peut être plus précise chez un homme sans instruction que chez un écrivain, plus ferme chez le soldat, le membre d’une souche aristocratique ou le paysan fidèle à la terre, que chez l’intellectuel bourgeois, le "professeur" ou le journaliste.
    […] Ces évidences ont été systématiquement méconnues par la pensée libérale et individualiste. Une des pires conséquences de la "libre culture" mise à la portée de tous et soutenue par cette pensée est que des esprits incapables de discriminer selon un jugement droit, des esprits qui n’ont pas encore une forme propre, une "vision du monde", se trouvent, sur le plan spirituel, fondamentalement désarmés, face à des influences de tous genres. Cette inquiétante situation délétère, qualifiée de conquête et de progrès, résulte d’un postulat diamétralement faux : on estime qu’à la différence de celui qui vivait aux époque dites "obscurantistes", l’homme moderne est spirituellement adulte, donc capable de juger et d’agir par lui-même. (C’est sur la même prémisse que se fonde la polémique de la "démocratie" moderne contre tout principe d’autorité.) Il s’agit là d’infatuation pure : jamais il n’y a eu, autant qu’aujourd’hui, d’individus amorphes, ouverts à toutes les suggestions et à toutes les intoxications idéologiques, au point qu’ils deviennent les succubes, souvent sans s’en douter le moins du monde, des courants psychiques et des manipulations engendrés par l’ambiance intellectuelle, politique et sociale dans laquelle nous vivons.

    Julius Evola,

    Extrait de "Les Hommes au milieu des ruines" (1984)

    http://la-dissidence.org/2014/04/16/julius-evola-la-culture-contemporaine/

  • Pourquoi les «idéopôles» votent-ils encore à gauche ?

    Depuis le milieu des années 1990, ces villes post-industrielles fondées sur l'économie de la connaissance sont de nouveaux bastions du PS. Il y a mieux résisté aux municipales, mais est menacé par la gauche alternative, qui confirme son implantation.

    Qu'ont en commun Paris, Lyon, Toulouse, Montpellier, Strasbourg, Grenoble, Nantes, Lille et Aix-en-Provence –et, à un degré moindre, Rennes et Bordeaux? Selon une note que nous avions écrite pour la Fondation Jean-Jaurès en 2012 (1), il s'agit d'idéopôles, c'est-à-dire des villes-centres des métropoles les plus intégrées à la globalisation, dont ils représentent des «points d'ancrage».

    Ce sont les territoires gagnants d'un processus qui accroît la polarisation entre, d'un côté, l'archipel métropolitain qu'ils dessinent, et de l'autre, leurs périphéries urbaines et rurales. Des lieux qui concentrent plus qu'ailleurs les groupes sociaux pour lesquels la mondialisation est une source d’opportunités ou, tout du moins, ne représente ni une menace matérielle ni une menace identitaire.

    Quatre critères permettent de les définir (et nous ont notamment conduit à en écarter Marseille): une métropole régionale (taille critique), une production axée sur la connaissance et l’innovation (profil économique), une population qualifiée (profil sociologique) et l’attractivité du territoire.

    Il faut bien sûr prendre garde à ne pas fétichiser ces territoires, sociologiquement divers et stratifiés. Une explication sociologique reste en effet bien plus pertinente qu'une explication géographique pour comprendre les différences de comportements électoraux entre le XVIème et le XXème arrondissement de Paris (au passage, la même observation peut être faite à propos du fameux espace «périurbain», qui est loin d'avoir l'homogénéité qui lui est abusivement prêtée). Cela dit, les idéopôles nous semblent précisément être des laboratoires privilégiés pour observer les alliances et les rivalités entre groupes sociaux qui se déploient dans le grand jeu de la «révolution globale».

    Mutation dans les années 1990

    Dans de précédents travaux, nous avons mis en évidence la surreprésentation du PS dans ces grandes villes post-industrielles depuis le milieu des années 1990, qui témoigne de la capacité de ce parti à prospérer dans les zones les plus dynamiques du capitalisme contemporain.

    Elle constitue aussi un indice, fondé sur des résultats réels, de l'importance de certains groupes dans le noyau électoral socialiste, à savoir un salariat diplômé et urbain mais pas forcément riche en patrimoine (les «classes moyennes et supérieures intellectuelles») et les milieux populaires à forte proportion de Français d'origine étrangère.

    Un survote socialiste a pu être mesuré pour les élections présidentielles depuis 1995, et dans une moindre mesure lors des scrutins européens, pour lesquels la concurrence écologiste a joué à plein. En effet, les idéopôles constituent incontestablement les zones de force des écologistes, comme en a attesté le doublement de leur score national dans ces territoires lors de la dernière élection présidentielle. En y réalisant un score moyen de 23,8% à l’occasion des européennes de 2009 (soit +7,5 points par rapport à sa moyenne nationale), EELV avait même devancé les listes socialistes de 5,5 points.

    Lors de l’élection présidentielle de 2012, l’avance relative de la gauche dans les idéopôles ne s'est pas démentie, en particulier dans les espaces dits «gentrifiés» (2) de ces derniers, comme les Ier et IVe arrondissements de Lyon ou les Xe et XIe arrondissements de Paris. Ce scrutin a aussi marqué l’apparition du phénomène pour le Front de gauche, qui a dépassé la barre des 15% à Toulouse, Montpellier, Grenoble et Lille, alors que les candidats communistes avaient jusque-là été clairement sous-représentés dans ces territoires.

    A l'inverse, les idéopôles sont devenus des terres de faiblesse structurelle pour le Front national, dont la sous-représentation aux élections présidentielles s'est toujours plus accentuée de 1995 (-5% par rapport à sa moyenne nationale) à 2012 (-39%). Le graphique ci-dessous illustre la sur- ou la sous-représentation des forces politiques de gauche par rapport à leur moyenne nationale.

    Fabien Escalona et Mathieu Vieira

    Source : http://www.slate.fr/france/85737/ideopoles-derniers-remparts-recul-socialistes

     

    (1) http://www.jean-jaures.org/Publications/Notes/Les-ideopoles-laboratoires-de-la-recomposition-de-l-electorat-socialiste

     

    (2) http://www.hypergeo.eu/spip.php?article497

    http://www.voxnr.com/cc/dh_autres/EFAZVFAyFVXNmrMMGE.shtml

  • François Hollande terminera-t-il son mandat ? Le compte à rebours a commencé !

    L’affaire Aquilino Morelle sera l’un des clous du cercueil politique de François Hollande. Déjà au plus mal dans les sondages, voici le président de la république éclaboussé par un scandale dont il aura bien du mal à se relever. Et ce n’est pas la courbe du chômage ni la situation économique qui permettraient d’envisager la moindre embellie.

    Hier, en visite chez Michelin à Clermont-Ferrand, François Hollande a déclaré qu’il n’avait « aucune raison d’être candidat » en 2017, estimant qu’il n’aurait aucune chance d’être réélu si le chômage ne baissait pas avant la fin du quinquennat.

    Mais en annonçant qu’il n’est plus en mesure de se représenter à la prochaine élection présidentielle, François Hollande fragilise encore plus sa présidence en cours. Cette petite déclaration chez Michelin risque de sonner l’hallali.
     

     

    Au parti socialiste, cela va signifier l’intensification de la guerre des clans. Manuel Valls doit s’en délecter même s’il est lui-même entaché par l’affaire Aquilino Morelle. Mais durant les prochains mois, qui restera solidaire d’un « perdant » ? Car c’est l’image qui va coller à Hollande à partir d’aujourd’hui. Tous ceux qui, au PS, veulent conserver un avenir politique, vont devoir se démarquer de la poisse incarnée par François Hollande.

     

    A l’extérieur du PS, chacun va pouvoir s’en donner à cœur joie et tirer à boulets rouges sur l’Elysée. Un objectif semble désormais atteignable : mettre François Hollande sous pression jusqu’à l’acculer à la démission. Le slogan de tant de manifestations des quinze derniers mois pourrait bien finir par être entendu !

    http://medias-presse.info/francois-hollande-terminera-t-il-son-mandat-le-compte-a-rebours-a-commence/8953

  • Police impériale, guerre sociale

    La violence policière est une production rationnelle, structurée par des rapports de force économiques, politiques et sociaux, dont l’Etat assure la régulation technique. Elle est au centre d’une mécanique de gouvernement des indésirables et des misérables, des damnés et des insoumis. 

         L’Etat français déploie ses troupes et expérimente la guerre policière aux côtés d’autres armées impériales en ex-Yougoslavie, en Afghanistan ou en Libye. L’extension et la restructuration sécuritaire des grandes villes françaises constituent la dimension intérieure de ce phénomène à l’œuvre dans l’ensemble des grandes puissances impérialistes à travers le réseau des villes mondiales. « Avec leurs marchés boursiers, leurs technopoles, leurs salons de l’armement et leurs laboratoires d’Etat dédiés à la recherche sur les nouvelles armes, ces villes sont les cerveaux du processus actuel de mondialisation dans lequel la militarisation joue un rôle majeur » indique Stephen Graham. La géographie critique de l’impérialisme montre que le processus qui se développe sur le sol français procède effectivement d’un phénomène global. Les travaux de Lorenzo Veracini mettent en évidence l’emploi récurrent de techniques et d’imaginaires coloniaux dans les modes de gestion et de développement des villes mondiales d’Europe et d’Amérique du Nord. Ils mettent en question la « distinction classique entre le visage extérieur et le visage intérieur de la condition coloniale » dans les grandes puissances impérialistes. Stephen Graham fournit plusieurs observations décisives pour intégrer le cas français dans la situation globale. « Alors que les espaces et les réseaux de la vie urbaine sont colonisés par les technologies de contrôle militaire et que les notions de guerre et de maintien de l’ordre, de territoire intérieur et extérieur, de guerre et de paix, sont de moins en moins distinctes, on constate la montée en puissance d’un complexe industriel englobant la sécurité, la surveillance, la technologie militaire, le système carcéral, le système punitif et le divertissement électronique ». Graham précise : 

    Le fait que ces complexes industrialo-sécuritaires fleurissent parallèlement à la diffusion des idées d’organisation sociale, économique et politique chère aux fondamentalistes du marché n’a rien d’accidentel. Les inégalités extrêmes, la militarisation urbaine et l’obsession sécuritaire alimentées par le néolibéralisme se nourrissent mutuellement. 

    La conjugaison d’une industrie de la violence militaro-policière et de la restructuration urbaine semble elle aussi relever d’un processus global où les puissances impérialistes s’allient ou rivalisent entre elles. Kanishka Goonewardena et Stefan Kipfer parlent « d’urbicide » pour désigner la démolition systématique au bulldozer de maisons et de villes palestiniennes par l’Etat israélien, l’anéantissement de Falloujah et d’autres villes résistantes en Irak par la coalition occidentale, ou la démolition de campements, bidonvilles et quartiers populaires, partout dans le monde. 

         Mais les classes populaires ne se laissent pas balayer ou exploiter sans combattre. Nous avons vu comment, partout où elle frappe, la violence policière se montre incapable de soumettre les damnés complètement et durablement. Elle n’est pas la manifestation d’un Etat tout puissant mais celle d’un pouvoir illégitime que les insoumissions mettent dans l’impossibilité récurrente de gouverner sans contraindre. Ce pouvoir illégitime doit s’étendre et se renforcer pour ne pas s’effondrer et pour surmonter ces crises politiques et économiques. L’économiste Michal Kalecki a analysé dans les 1970 le phénomène de keynésianisme militaire qui consistait à restructurer le capitalisme sur la base des dépenses militaires, du développement de l’industrie et des marchés de la guerre et des armes. Nous pouvons considérer les aspects intérieurs de la restructuration contemporaine comme une forme de keynésianisme sécuritaire, un programme de résolution des crises du capitalisme, investissant dans l’industrie du contrôle, de la surveillance et de la répression. 

         L’impérialisme sécuritaire est conduit à poursuivre une expansion dangereuse pour lui-même. Son discours pacificateur est à la fois une propagande, une publicité et mise en scène ; ce système multiplie en réalité les champs de bataille et ses nouvelles prisons deviennent elles-mêmes des fronts de la guerre sociale. 

         Le géographe David Harvey observe ce phénomène sur la scène internationale : 

    La poursuite des politiques néolibérales au niveau économique [...] implique une poursuite si ce n’est une escalade de l’accumulation par des moyens différents, c’est-à-dire de l’accumulation par dépossession. Le développement permanent de la résistance globale, auquel le pouvoir étatique répond par la répression des mouvements populaires, est certainement son corollaire externe. Cela implique la prolongation du conflit de basse intensité qui domine l’économie mondiale depuis une vingtaine d’années, voire plus, à moins qu’une issue au problème de la suraccumulation globale puisse être trouvée. 

    Mathieu Rigouste, La domination policière

     http://www.oragesdacier.info/2014/04/police-imperiale-guerre-sociale.html

  • Scandale au Parlement Européen : Argent facile, champagne à gogo et autres privilèges