Régis Debray. SERGE PICARD/Le Figaro Magazine
L’écrivain et médiologue publie D’un siècle l’autre, une autobiographie intellectuelle qui rembobine son parcours, des geôles de Bolivie au jury Goncourt, en passant par la case Mitterrand. Rencontre avec un «anywhere» devenu «somewhere», sans jamais se renier.
« L’actualité, je m’en fous » ment-il, enfoncé dans un fauteuil club élimé, pantoufles aux pieds dans sa maison de campagne aux confins de l’Île-de-France. Au coin de la cheminée, Régis Debray feuillette un volume original, magnifiquement relié, de Psychologie de l’art, de Malraux. Dehors, pèse le ciel gris de l’automne, dans l’air flotte une odeur d’encens, sur son visage l’ombre d’une moustache rasée depuis longtemps. Il y a plus d’un point commun entre le romancier ministre de la Culture et l’intellectuel qui fut conseiller de Mitterrand: le goût de l’aventure, l’intérêt pour l’art comme médiation, la nostalgie de la transcendance, le tiers-mondisme, et le « gaullisme d’extrême gauche ». «Malraux et moi, on s’est manqué», soupire Debray.