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culture et histoire - Page 1151

  • Né il y a quatre cent vingt ans : Corneille ou l'âme de la France éternelle

    Le 6 juin 1606 -il y a quatre cent vingt ans - naissait à Rouen Pierre Corneille. Ce grand nom de la littérature française est superbement ignoré aujourd'hui des prétendues élites qui font l'opinion. L'auteur du Cid, de Cinna, d’Horace et de Polyeucte passe pour un martien dans la société qu'ils veulent nous bâtir.

    Aux hommes qui érigent leurs passions en droits de l'Homme, que peut dire un Corneille qui campe des hommes sachant dompter leurs passions par la volonté ? Aux foules enivrées de toutes sortes de fiertés provocatrices, n'est-il pas indécent de parler de héros mettant leur fierté à s'élever jusqu'à la cime de leur être pour défendre l'honneur, la patrie, la religion ? Le duc de Levis-Mirepoix disait des héros cornéliens : « C'est l'individu fier de lui-même qui tantôt s'offre à la société, tantôt la repousse ou la veut dominer, soit par une affirmation de sacrifice, soit par une affirmation de révolte. »1 En somme un individualisme, mais celui d'âmes bien trempées, tout à l'opposé de celui qu'exalte la démocratie et qui repose sur la vanité et le caprice...

    Digne héritier d'une famille de bourgeois rouennais, Corneille n'était pas l'auteur solennel, coincé et vaniteux dont de vagues souvenirs des manuels scolaires peuvent avoir laissé l'impression. Il fut jeune, léger, amoureux... Et, enfermé dans son bureau, il s'identifiait à Rodrigue de Bivar, à Curiace, à Sévère, à Polyeucte, sans que jamais nul n'eût pu soupçonner, sous les oripeaux du bourgeois provincial, l'âme des héros de son théâtre. Les premières années du jeune Corneille furent sans éclat particulier.

    Au collège des jésuites, il fut un très bon élève, premier prix de grec et de latin. L'Antiquité le passionnait et il appréciait particulièrement les adaptations du répertoire classique, à buts édifiants, dont les bons pères faisaient la base de l'éducation donnée dans leurs maisons. Mais lorsque Pierre quitta le collège, il songea surtout à se divertir avec d'autres étudiants, à courir les filles et ne put réussir à décrocher qu'un diplôme de droit. Sa première plaidoirie fut, dit-on, un tel désastre que ses parents lui conseillèrent, pour le renom de sa famille, de renoncer au barreau, car il bafouillait lamentablement chaque fois qu'il devait parler en public. Son père lui acheta une charge de magistrat : ainsi, conscient de son manque d'aisance, pouvait-il se taire en société, même et surtout avec les filles. Il en aima une à la folie ; il en épousa une autre...

    Le triomphe de l’honneur

    Sa vie semblait ratée, mais il se consolait de ses illusions en écrivant. En 1629, il acheva une comédie Mélite ou les fausses lettres, où ii jetait toutes ses passions et ses amours contrariées. Le résultat était fin, spirituel, amoureux : tout ce que Corneille n'arrivait pas à être en public. Or justement, cette année-là, se produisit à Rouen la troupe du célèbre comédien Mondory. Notre Pierre alla timidement soumettre son manuscrit à cette star de la scène parisienne qui lut et s'enthousiasma et surtout accepta de monter la pièce à Paris : quelques mois plus tard, le triomphe était tel que Corneille dut gagner la capitale pour cueillir la gloire naissante. Mélite fut suivie de Clitandre, La Veuve, la Galerie du Palais, la Suivante, la Place royale et même d'une tragédie, Médée, et d'une tragédie bouffonne, L'Illusion comique : le jeune auteur cherchait sa voie...

    Voici qu'il la trouva en 1636 - il y a trois cent quatre-vingts ans - en écrivant Le Cid : dans cette tragi-comédie, Corneille offrait à son public une œuvre qui incarnait les aspirations de toute une génération, qui témoignait d'un moment particulier, d'une époque, et qui exprimait le génie éternel d'un peuple. Il avait pris beaucoup de risques en plaçant l'action de sa pièce en Espagne, car la France était alors en guerre contre ce pays et la reine Anne d'Autriche, infante d'Espagne, surveillée étroitement, n'avait pas encore donné d'héritier à la couronne de France... Or Rodrigue avait l'âme française. La lutte du sentiment de l'honneur familial et de l'amour, et le triomphe de l'honneur, cela enthousiasmait alors les Français. En Rodrigue, se reconnaissaient tous les jeunes gens de la Cour. Sa bravoure, son panache, ses dialogues amoureux, sa courtoisie, sa galanterie étaient l'apanage de la noblesse française guerrière, qui ovationna Corneille.

    Le triomphe du patriotisme

    En 1640, ce fut Horace, la tragédie de la patrie menacée, où, derrière les rodomontades du Romain, Corneille dissimulait à peine sa compassion envers Camille et Sabine. Ici, c'était la lutte du patriotisme devenu passion contre l'amour et contre tous les sentiments humains, et la victoire du patriotisme. Il peignait avec Curiace - le véritable héros de la pièce -, le défenseur de la terre ancestrale, celui qui, comme devait le dire Robert Brasillach2, « mourra parce qu'un homme ne refuse pas de mourir et ne se désolidarise pas d'avec sa nation », mais qui refusait de haïr au nom d'une nation devenue en quelque sorte idéologie.

    Le triomphe de la clémence et de la générosité héroïque

    1641 fut l'année de Cinna ou La clémence d'Auguste, mais aussi l'année de la révolte des Va-nus-pieds à Rouen, impitoyablement écrasée par Richelieu. Cette pièce doit donc être comprise comme un appel à la clémence du moderne Auguste pour la Normandie ravagée. Retenons ce bel éloge de la monarchie par Cinna s'adressant à Maxime :

    « Si l'amour du pays doit ici prévaloir, /C'est son bien seulement que vous devez vouloir ;/ Et cette liberté, qui lui semble si chère, /N'est pour Rome, seigneur, qu'un bien imaginaire, /Plus nuisible au * utile, et qui n'approche pas /De celui qu'un bon prince apporte à ses États. /Avec ordre et raison, les honneurs il dispense, /Avec discernement punit et récompense, /Et dis-pose de tout en juste possesseur, /Sans rien précipiter, de peur d'un successeur. /Mais quand le peuple est maître, on n 'agit au 'en tumulte : /La voix de la raison jamais ne se consulte ; /Les honneurs sont vendus aux plus ambitieux, /L'autorité livrée aux plus séditieux. /Ces petits souverains qu'il fait pour une année, /Voyant d'un temps si court leur puissance bornée, /Des plus heureux desseins font avorter le fruit, /De peur de le laisser à celui qui les suit ; /Comme ils ont peu de part au bien dont ils ordonnent, /Dans le champ du public, largement ils moissonnent, /Assurés que chacun leur pardonne aisément, /Espérant à son tour un pareil traitement : / Le pire des États, c'est l'État populaire. » (Acte II, scène 1).

    Belle page politique, montrant un roi tel que la France le méritait : soucieux du seul bien commun, ne considérant pas la liberté comme fin du politique, assez fort pour conserver son indépendance et sa capacité d'arbitrage, et surtout s'inscrivant dans la durée et la continuité, alors que la démocratie n'est que déraison, ambitions, rivalités, irresponsabilité, dégradation des mœurs... Cinna était la lutte de la clémence contre la passion de la vengeance et le triomphe de la clémence, de la générosité héroïque, vertus devenues bien rares dans nos sociétés post-modernes...

    Le triomphe de la grâce

    1643 : Polyeucte, la grande tragédie chrétienne, celle de la lutte de l'amour de Dieu, allumé et alimenté par la grâce, contre l'amour humain et rattachement aux biens de ce monde, lutte qui finissait par le triomphe éclatant de la grâce, même dans l'âme de Pauline, car l'amour chez Corneille était partie intégrante de l'action : il était l'obstacle principal aux victoires de la volonté qu'il rendait douloureuses et magnifiquement émouvantes- Car les héros cornéliens n'étaient pas des âmes simples, tout d'une pièce, sans aucun attachement, sans aucune compassion ; la force de la volonté mise au service d'une passion noble, l'honneur, la gloire ou l'amour de Dieu, n'en était que plus déchirante et sublime.

    De grands exemples

    Dans notre monde vulgaire et superficiel, il faut relire Corneille qui se propose de soulever l'admiration par l'étalage de la force morale de l'homme supérieur qui s'affirme dans les victoires répétées de la volonté sur les passions. Ses personnages, surhumains par leur volonté, sont cependant très humains par leurs luttes ; et c'est ce qui les rend si touchants : ils souffrent et triomphent de leur douleur. Corneille nous élève et nous maintient à travers toute son œuvre dans une atmosphère spéciale où seuls les sentiments nobles ont leur place, il nous montre la force et le triomphe de la faculté qui nous fait être vraiment hommes : la volonté. Il nous entraîne très loin des prêches de François Hollande ou de Manuel Valls qui voudraient nous inculquer la philosophie de pacotille des droits de l'homme pour nous rendre forts face au terrorisme...

    Corneille fut l'apologiste de la vertu au sens latin du terme, du courage, de l'honneur, mais il le fut aussi de la tendresse, de la pitié et de l'amour, quand, après avoir aligné ses superbes et cinglants alexandrins, il révèle soudain ses véritables sentiments dans un vers tout de douceur et de sensibilité : « un je ne sais quel charme encore vers vous m'emporte... »

    Nous emprunterons notre conclusion à Mgr Calvet (1874-1965), professeur à l'Institut catholique de Paris dans les années 1940 : « Les œuvres de Corneille expriment la vigueur encore insoumise du XVIIe siècle. La France cherchait son équilibre ; mais, dans son ardeur indisciplinée, elle n'acceptait pas le joug de Richelieu. Richelieu mort, elle déchaîna la Fronde. Corneille nous fait sentir ces frémissements des âmes libres et, en même temps, il indique toutes les raisons qu'elles ont de se soumettre et il justifie d'avance l'ordre qui va venir [sous Louis XIV]. Poète de l'individualisme, il est aussi le poète de la discipline, parce qu'il est le poète de l'héroïsme, et l'héroïsme n'est en somme que l'individualisme discipliné pour le bien, par la volonté libre »3 Il est grave que, dans les écoles publiques comme privées, l'on ne propose plus ces exemples d'hommes pleinement hommes, de ceux dont manque cruellement notre société chloroformée, et qui seraient de nature à exalter une jeunesse qui se cherche, aujourd'hui encore... N'oublions jamais qu'une société n'a que la jeunesse qu'elle mérite.

    Michel Fromentoux. Rivarol du 9 juin 2016

    1. Servitudes et grandeurs de l'individualisme français.

    2. Robert Brasillach : Pierre Corneille. Ed. Fayard, 1938.

    3. Histoire de la littérature française. Ed de Gigord, 1935

  • L’An 1914 : la guerre dont tout le monde voulait... Le nouveau livre du Dr Bernard Plouvier

    « La responsabilité de la guerre de 1914-1918 est largement partagée par tous les parlementaires qui, en tous pays, ont voté les crédits de guerre à l’unanimité »

    1462269583.jpgEntretien avec le Dr Bernard Plouvier, auteur de La fin d’un monde. L’An 1914 : la guerre dont tout le monde voulait aux éditions Dualpha. (Propos recueillis par Fabrice Dutilleul)

    Selon vous, la Grande Guerre aurait été la plus inévitable de toutes les guerres ?

    Dr Bernard Plouvier : Effectivement, pour des raisons économiques (en Russie et en Grande-Bretagne), pour des raisons d’impérialisme territorial (en Russie, en Serbie, en Grande-Bretagne pour ce qui est des colonies), et surtout pour des raisons sociologiques (un peu partout en Europe).

    Durant les années 1910-14, les jeunes hommes de toutes les classes sociales s’ennuient dans une société plutôt fermée, où tout semble prévisible, et n’ont guère d’objection (sauf les anarchistes, mais ils boudent absolument tout !) à une « guerre franche et joyeuse », puisque tous les « spécialistes » (économistes et financiers, généraux et diplomates, même prêtres et philosophes) affirment sur tous les tons que, du fait de son coût prohibitif, une guerre entre États industrialisés ne peut qu’être courte.

    Et les chefs politiques, dans cet ensemble ?

    À l’exception de rares bellicistes parmi les politiciens de Londres, de Saint-Pétersbourg et surtout de Belgrade, ils sont tous très peu enthousiastes, voire pacifistes. Ni le tsar Nicolas II (qui est un imbécile), ni le sénile François-Joseph d’Autriche-Hongrie, ni le Kaiser Guillaume II, ni Raymond Poincaré ne sont des foudres de guerre, quoi qu’on en ait dit ensuite. Seuls, d’ailleurs, les deux derniers sont réellement intelligents. À Londres, les politiciens sont au service de la ploutocratie, et à Belgrade ce sont de purs aventuriers.

    Ni responsables ni coupables, donc à Paris, Vienne ou Berlin ?

    Responsables, en faible partie, ils le sont. En tous cas, cette responsabilité est largement partagée par tous les parlementaires qui, en tous pays, ont voté les crédits de guerre à l’unanimité. Coupables, ils le furent de n’avoir pas suffisamment répété à leurs opinions publiques les dangers d’une guerre moderne. Mais ces dangers (bien connus depuis la Civil War des USA – la « Guerre de sécession » – ou la guerre de Mandchourie) étaient minimisés par tout le monde.

    Alors, qui étaient les bellicistes en 1914 ?

    De très nombreux industriels et négociants à Saint-Pétersbourg et Moscou ou à Londres. Mais les financiers étaient plutôt pacifistes, alors qu’ils seront des bellicistes enragés de 1933 à 1939. De nombreux généraux et amiraux des États-Majors Généraux à Saint-Pétersbourg, Vienne, Londres et Paris… et, à un moindre degré, à Berlin, où l’on était bien plus hésitant. Le gouvernement serbe, encouragé par l’ambassadeur et les attachés militaires russes à Belgrade a volontairement et sciemment mis le feu aux poudres.

    Enfin, et surtout, était avide d’action brutale la fraction mâle et jeune des opinions publiques en tous pays, sauf peut-être en Transleithanie (le royaume de Hongrie). À l’exception de délicats esthètes littéraires, les jeunes ouvriers, paysans et petits-bourgeois avaient conservé de bons souvenirs de leur service militaire. De ce fait, une campagne guerrière d’un trimestre, au plus d’un semestre, ne pouvait que leur apporter ce parfum d’aventures, ce goût de l’imprévu que la vie quotidienne était bien incapable de leur procurer… et le cinéma était alors tellement rudimentaire qu’il offrait davantage matière à rire qu’à rêver.

    C’est en cela que la guerre de l’Année 1914, qui marque l’An 1 du XXe siècle, était réellement inévitable.

    La fin d’un monde. L’An 1914 : la guerre dont tout le monde voulaitdu Dr Bernard Plouvier, éditions Dualpha, collection « Vérités pour l’Histoire », dirigée par Philippe Randa, 576 pages, 39 euros.

     Vous pouvez le commander en ligne en cliquant ici

    http://synthesenationale.hautetfort.com/

  • Nouveau programme sur Radio Courtoisie !

    Un mardi sur quatre, de 21h30 à 23h, sur Radio Courtoisie, sera diffusé en direct le « Libre journal de la France profonde », dirigé par Thibaut de Chassey.

    La première émission, diffusée en direct le 14 juin 2016, est disponible ici et nous vous la conseillons :

    Les invités étaient :

    Ont été évoqués par ailleurs :

    On peut écouter la radio en direct, outre sur son site, sur la bande FM.
    À Paris et en Ile-de-France : 95,6 Mhz et DAB+ (canal 6D) | Caen, 100,6 | Chartres, 104,5 | Cherbourg, 87,8 | Le Havre 101,1 | Le Mans, 98,8.
    Sur les bouquets satellite Canalsat (canal 199 pour la mosaïque des radios et canal 641 pour l’accès direct à Radio Courtoisie) et TNTSAT.

    http://www.contre-info.com/

  • L’appel du 18 juin ou l’histoire d’une imposture

    Le texte ci-dessous, de 2010, n’a rien perdu de sa valeur.

    « Le 18 Juin 2010 va être célébré le 70ème anniversaire du célèbre appel de Londres de Charles de Gaulle. Or la version officielle, qui va être lue à la BBC, est un faux, comme le démontre le général d’aviation Le Groignec, compagnon de Saint-Exupéry, dans son livre paru en 2004 « Philippiques contre les Mémoires gaulliens. » (Nouvelles Editions latines )

    Le texte prétendu être celui de l’appel du 18 Juin commence par cette phrase : « Des gouvernants de rencontre ont pu capituler, cédant à la panique, oubliant l’honneur, livrant le pays à la servitude. Cependant rien n’est perdu …. »

    Or, historiquement, Charles De Gaulle n’a pu prononcer cette phrase insultante pour le Maréchal Pétain et le général Weygand pour les deux raisons suivantes : · 1° A cette date du 18 juin 1940, ces « gouvernants de rencontre » n’avaient pu capituler, car non seulement l’armistice n’était pas signé, mais les plénipotentiaires français n’avaient pu encore rejoindre les lignes allemandes étant donné les difficultés des communications. Cet armistice ne sera signé que le 22 juin avec l’Allemagne, et le 24 juin avec l’Italie. Par ailleurs on ne peut confondre armistice et capitulation. L’armistice est un acte politique, une suspension d’armes où le vaincu peut négocier certaines conditions, c’est le contraire d’une capitulation où le vaincu doit se soumettre sans condition au vainqueur, ce à quoi De Gaulle a consenti le 19 mars 1962 en capitulant devant le FLN, ennemi vaincu sur le terrain, pour se débarrasser du « boulet algérien ».
    En demandant un armistice, la France demande et obtient, le 22 juin 1940, que ni la marine, ni l’Afrique française, ne soit livrées à l’ennemi, qu’un tiers du pays reste en zone libre, et que Lyon et Clermont Ferrant soient évacués par l’armée allemande. En cas de capitulation il y aurait eu deux millions de prisonniers de plus, et tout le territoire aurait été occupé : les Allemands, en effet, avaient atteint Valence et se trouvaient à une étape de Marseille lorsque l’armistice a été signé. · 2° Devant l’échec total de cet « appel du 18 Juin » auquel n’avait répondu aucun chef militaire de l’armée, de la marine ou de l’aviation, notamment aucun officier de la division que Charles De Gaulle commandait devant Arras en mai 1940 (suprême affront !) aucun homme politique, aucun diplomate français accrédité à Londres ou dans une autre capitale étrangère , aucun gouverneur ou responsable des colonies de l’Afrique française, aucun ministre résidant dans les pays sous protectorat ou sous mandat, Charles De Gaulle va s’affoler, car il se trouve désormais à Londres complètement isolé, en rupture de ban, sans mission officielle. En effet, la guerre continue et le gouvernement français le somme de rentrer en France, sous peine d’être jugé comme déserteur. Alors de Gaulle écrit au général Weygand la lettre suivante à la date du 20 juin 1940 :

    Londres le 20 Juin 1940 Mon Général, J’ai reçu votre ordre de rentrer en France. Je me suis donc tout de suite enquis du moyen de le faire car je n’ai, bien entendu, aucune autre résolution que de servir en combattant ….. ( MEMOIRES DE GUERRE) Charles de Gaulle- Edition PLON 1954 tome I – page 269)

    Depuis 1958, cette lettre est dans les livres scolaires, car incompatible avec la légende, avec l’Histoire de France revue et corrigée par la falsification gaulliste, en vigueur encore aujourd’hui.

    La suite reste entourée de mystère. Car de Gaulle ne dispose à cette date d’aucun moyen de transport pour rejoindre Bordeaux où siège le gouvernement français. Il est probable que Churchill, qui venait de rompre avec la France, refusa de lui donner un avion pour que de Gaulle rentre en France. La dissidence de la « France Libre » est donc née sous la contrainte de l’Angleterre, vérité que s’efforce de masquer l’imposture de la version officielle actuelle. Si de Gaulle avait pu rejoindre Bordeaux, comme il en avait manifesté l’intention le 20 Juin 1940, il n’y aurait probablement jamais eu ni de saga, ni de fabulation gaulliste. En effet, quand un officier français écrit une telle lettre pleine de déférence et d’esprit de discipline à son supérieur hiérarchique le 20 juin 1940, il ne peut être le même que celui qui aurait déclaré le 18 juin, deux jours avant, au micro de Londres, parlant du même supérieur, que ce dernier appartenait à « un gouvernement de rencontre qui a capitulé, cédant à la panique, oubliant l’honneur, livrant le pays à la servitude ».

    C’est pourtant ce faux, fabriqué après coup, qui est répandu dans tous les livres scolaires depuis 1958, qui est inscrit dans le marbre au 4 Carlton Garden à Londres, et que nous allons entendre dire et répéter des milliers de fois lors de la célébration officielle du mythe de l’Appel du 18 Juin 1940, pour continuer à entretenir le mensonge de la légende gaullienne de l’homme providentiel. »

    Jean-Marie AVELIN Alain ALGUDO et Geneviève de TERNANT
    Président Vice-présidents Et l’équipe de Veritas

    http://www.contre-info.com/lappel-du-18-juin-ou-lhistoire-dune-imposture

  • Politique et éco n°94 : Les droits de l’homme contre le peuple

  • Les écoles libres menacées

    Communiqué de l’abbé Christian Bouchacourt, Supérieur du District de France de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X :

    « Ce jeudi 9 juin Mme Najat VALLAUD-BELKACEM a annoncé une réforme des modalités d’ouverture des établissements d’enseignement privés hors contrat.

    Il  ne s’agira plus simplement d’informer d’une ouverture d’une école à l’Académie, mais de demander une autorisation qui sera ou non accordée dans un délai maximum de quatre mois.

    De plus, si cette réforme était adoptée, elle obligerait nos écoles à s’aligner presque intégralement sur les programmes du public pour avoir le droit d’exister !

    La deuxième quinzaine de juin, Madame Le ministre envisage de faire adopter un amendement lui permettant de mener cette réforme par voie d’ordonnance sans  passer par le Parlement. Un 49.3 qui ne dit pas son nom et donc un passage en force.

    Ces réformes projetées  portent non seulement une atteinte grave à la liberté scolaire mais aussi mettraient en péril l’existence même de nos écoles catholiques.

    Nous ne pouvons souscrire à un tel projet et nous invitons  les parents d’élèves et  tous nos fidèles à prier afin que cette réforme ne passe pas ou, si elle venait à passer, pour qu’elle puisse être invalidée et ne pas entrer en vigueur. »

    http://www.contre-info.com/

  • Une anticipation présidentielle par Georges FELTIN-TRACOL

    Membre du Comité central du RPR néo-gaulliste entre 1979 et 1981, responsable des CAR (Comités d’action républicaine) au milieu des années 1980, puis député de l’Isère du « Rassemblement national » de 1986 à 1988, délégué général du FN jusqu’en 1998, président-fondateur du MNR (Mouvement national-républicain) et candidat à la présidentielle en 2002, Bruno Mégret s’est retiré de la vie politique active en 2008. Cela ne l’empêche pas de continuer à s’y intéresser. Il donne ainsi ses impressions avec Le temps du Phénix. Pour l’occasion, Bruno Mégret s’aventure dans un genre nouveau : le récit d’anticipation politique. Son histoire décrit le quinquennat (2017 – 2022) d’un président – jamais nommé – issu du mouvement national qui entreprend le redressement difficile du pays. 

    Quelques commentateurs ont cru voir dans cette parution un acte inavoué de candidature à la présidentielle de l’année prochaine. Afin de donner une profondeur certaine à ce président idéal, l’auteur le pare de quelques traits personnels. « Lorsqu’il était jeune, fraîchement sorti d’une grande école de commerce, il avait passé deux ans à Harvard et en était revenu avec un diplôme et de bons souvenirs (p. 114). » Polytechnicien et ingénieur des ponts et chaussées, il étudia à l’université californienne de Berkeley. À propos de la Turquie, le président déclare à ses conseillers : « C’est que j’aime beaucoup ce pays, je m’y suis rendu de nombreuses fois en touriste quand j’étais plus jeune (p. 126). » Il n’a pas grandi en Provence, mais plutôt de Lorraine, terre de son vieil ami, Jean-Claude Bardet qui anima naguère la revue Cité-Liberté de l’Institut d’Études Occidentales de Thierry Maulnier et de Dominique Venner (1). Bruno Mégret s’offre même une mise en abyme avec cette réflexion présidentielle : « Ce roman de politique fiction, relatant le mandat d’un président, que j’ai publié il y a huit ans […]. Eh bien, j’aurais dû m’abstenir. Dans l’action réelle, il s’est révélé gênant (p. 325). » 

    Avec un brio certain, l’auteur relate les cinq années harassantes d’une présidence qui inaugure une véritable révolution nationale-conservatrice à l’instar de la Hongrie du Ministre-Président « illibéral » Viktor Orban. Les embûches sont toutefois considérables. Dès le soir de l’élection, des opposants violents occupent les rues. « L’état d’hystérie dans lequel se trouvaient les anciens maîtres du pays lui avait fait craindre en effet que des manœuvres dilatoires voire subversives ne vinssent entraver le fonctionnement normal des institutions (p. 13). » Bruno Mégret reste néanmoins optimiste. Malgré le départ du président sortant avant l’arrivée de son successeur, le nouveau président parvient à s’installer à l’Élysée d’où il prête un étonnant serment aussitôt critiqué par les quotidiens bien-pensants, L’Univers et Autonomie

    Un scénario optimiste 

    Dans la réalité, toutes les structures de l’État profond républicain se coaliseraient afin d’empêcher son investiture. Le Conseil constitutionnel, menacé de voir ses prérogatives réduites, invaliderait le second tour en cas de faible écart de voix. Pour une fois unanimes, les syndicats plongeraient le pays dans une grève générale dont les actions contre la sinistre loi El Khomri ne sont que de modestes épiphénomènes… Par ailleurs, il est envisageable que le Premier ministre en exercice ne démissionne pas et conduise depuis Matignon une guerre totale contre l’Élysée en entravant par exemple la campagne législative des candidats de la nouvelle majorité présidentielle. En outre, l’Union pseudo-européenne, l’ONU, l’OTAN, l’OMC, le FMI, les médiats, certains gouvernements étrangers (ceux de Berlin, de Londres, de Washington, d’Ankara, de Doha, de Riyad et de Tel-Aviv) interviendraient dans la campagne électorale et multiplieraient les pressions plus ou moins discrètes. La haute-administration retarderait le cas échéant toute décision non politiquement correcte, voire, degré suprême de cynisme, l’appliquerait avec un zèle si élevé que cela engendrerait de nouvelles protestations. La victoire d’un patriote signifiant la fin de leurs prébendes, tous saboteraient les premiers pas du nouveau président afin de le fragiliser et, surtout, d’inciter ses électeurs à s’en détourner au plus vite. « Au fil des années, la démocratie en France s’était progressivement vidée de son sens et que le peuple avait été mis sous tutelle par une classe dominante intolérante et arrogante. Une oligarchie qui contrôlait les médias, la justice ainsi que les partis politiques et imposait à tous sa pensée unique. Certes, les élections avaient lieu de façon à respecter les apparences de la démocratie mais, quel qu’en fût le résultat, elles ne changeaient pas les grandes lignes de la politique menée (pp. 72 – 73). » Cette observation implique de passer par une épreuve de force totale. 

    Le parti du Président, l’Alliance nationale, profite de l’éclatement de la droite pour s’allier avec la frange la plus compatible, le Rassemblement populaire. La majorité présidentielle emporte 314 sièges aux législatives de juin 2017. L’opposition est éclatée et fragilisée. Le Président impose un gouvernement de quatorze ministres sans ministre délégué, ni secrétaire d’État. Il s’agit de montrer l’exemple en allégeant les administrations (il suggère de réduire de 70 % le nombre des autorités administratives indépendantes). Or un gouvernement aussi restreint n’est guère approprié, même si ses membres se dédient pleinement à leur tâche. 

    La nouvelle majorité pratique en économie un programme assez libéral : hausse à 25 % de la TVA, réécriture et simplification de tous les codes, élimination des normes pléthoriques qui pénalisent les petites et moyennes entreprises. Ne cachons pas que toutes ces décisions libérales laissent parfois le lecteur dubitatif, mais ce libéralisme est fort heureusement tempéré par un État redevenu stratège

    Pour un audiovisuel enfin national 

    Le nouveau Président cerne bien les maux institutionnels. Il abolit la primauté des traités internationaux sur les lois nationales. Il organise très tôt un référendum de révision constitutionnelle. Estimant par ailleurs que le pouvoir médiatique est le premier des médiats (influence de l’ami Jean-Yves Le Gallou ?), la nouvelle équipe gouvernementale s’inspire des excellents précédents survenus en Hongrie, en Pologne et en Croatie ainsi que des bulletins municipaux dans les communes de l’Hexagone. Tout en transformant le CSA, le gouvernement pourrait faire du groupe France Télévisions la « voix officielle de la France ». France 2garderait sa vocation généraliste sans verser dans l’information permanente et les jeux débiles; France 3promouvrait l’enracinement régional et la découverte du patrimoine; France 4 se consacrerait aux analyses géopolitiques et diplomatiques; France 5 s’occuperait de la culture, des sciences, de l’enseignement et des techniques. Quant à France Ô (future France 6), elle célébrerait l’Outre-mer et le potentiel thalassocratique de la France et de l’Europe. 

    Le gouvernement patriote abroge bien sûr les lois anti-racistes ainsi que « comportementales ». « Étaient également ciblées toutes les lois récentes cherchant à contraindre nos compatriotes à un mode de vie politiquement correct souvent qualifié de “ citoyen ”. Ainsi en allait-il par exemple de la loi instaurant la pénalisation des clients de prostituées ou celle incitant les hommes à prendre un congé parental à la place des femmes (p. 51). » Il abandonne le fétichisme de la parité au profit de la seule compétence. Pour le Président, « la vraie politique ne consiste pas à soigner les symptômes mais à combattre la maladie (p. 88). » Il simplifie le millefeuille territorial administratif. Tandis que les départements perdent toute autonomie pour constituer des subdivisions administratives régionales, l’intercommunalité devient une « communauté », d’où une nouvelle organisation, plus cohérente avec « trois échelons simples et clairs, les communes, les communautés, les régions. Et, surtout, chaque niveau se verra attribuer des compétences propres et exclusives sans aucun chevauchement. Il sera mis fin à la situation actuelle où tout le monde s’occupe de tout (p. 119) ». Les limites régionales seraient revues : « Redonner sa place à l’Alsace et de rétablir la Savoie, le Dauphiné et le Pays niçois notamment (p. 118). » 

    Par une politique forte et volontariste, le Président et sa majorité au Palais-Bourbon arrêtent enfin les flux migratoires, incite à l’indispensable réémigration et exige, hélas !, l’assimilation des étrangers non-européens, ce mirage dangereux qui favorise le métissage. Ce président a aussi compris les enjeux du siècle. Son « gouvernement […] a engagé un programme très ambitieux d’économie d’énergie et de remplacement des hydrocarbures par des énergies renouvelables, à la fois pour accroître notre indépendance nationale, lutter contre les pollutions et anticiper la raréfaction des ressources (p. 145) ». Les blocages récents des raffineries et le risque de pénurie d’essence démontrent la part disproportionnée prise par les véhicules et les énergies fossiles dans la vie économique et quotidienne des Français. Sortir de cette dépendance désastreuse relève d’une prise de conscience vitale. Dans un autre domaine majeur, prenant involontairement et sans le savoir l’exemple du Bélarus qui maintient un secteur agricole dynamique, « alors que la planète ne produit pas assez pour nourrir tous ses habitants, il nous faut dans le secteur agro-alimentaire une Europe autosuffisante et largement exportatrice. Nous voulons que nos campagnes et nos terroirs restent peuplés et entretenus par vous, agriculteurs et éleveurs (p. 131) ». Pour lui, « l’avenir n’est plus au libéralisme sauvage et aux migrations illimitées qui détruisent les communautés et nivellent le monde, mais à l’équilibre entre les puissances et à la régulation des échanges qui préservent les identités, assurent la sécurité, la protection et l’épanouissement de tous (p. 316) ». Ce chef d’État qui apprécie les séries télévisées Rome et Game of Thrones, s’oppose au Traité transatlantique et refuse avec panache l’entrée de la Turquie dans l’infâme magma bruxellois. 

    Juste installé, le nouveau président fait immédiatement prendre des mesures salutaires. Bruno Mégret croît en la pertinence des cent premiers jours. En 2012, notre Flamby non-national désigna plusieurs commissions dont une présidée par Lionel Jospin, et montra à tous qu’il improvisait, avant, l’été venu, de partir en train pour Brégançon. Dès lors, sa popularité chuta, car il n’osa pas lancer de fortes initiatives dès mai – juin – juillet, désarçonnant ainsi ses électeurs du second tour (d’ailleurs plus anti-Sarközy que pro-PS). Le raccourcissement stupide du mandat présidentiel oblige de frapper immédiatement les esprits d’entrée, quitte à légiférer simultanément pour différents domaines afin de mieux briser l’hostilité médiatique ambiante. « Les médias et l’opposition aiment bien traiter un sujet à la fois. S’ils doivent se battre sur deux fronts, ils seront beaucoup moins performants. Au demeurant, avec le plan économique d’urgence, c’est même trois fronts que nous allons ouvrir (p. 51). » 

    France et Europe, un destin commun 

    Sans déflorer toute l’intrigue, focalisons-nous principalement sur l’Europe, les relations internationales et le rôle interlope des États-Unis. Le Président débat souvent avec ses amis souverainistes anti-européens. Prenant acte de la fin du bipolarisme Est – Ouest et de l’épuisement de l’unipolarité étatsunienne, le Président se détourne d’un hypothétique regain de la seule puissance française. En Français d’Europe conséquent, il estime que « notre vision de l’Europe est la seule qui corresponde au monde d’aujourd’hui […]. Une planète multipolaire qui a succédé au monde bipolaire de la Guerre froide et qui est marquée par le recul de l’Occident et la montée des autres civilisations. Pour exister dans ce monde-là, il n’est qu’une voie possible, celle que nous proposons, une Europe puissante et indépendante (p. 63) », ce qui implique de vouloir en même temps une politique ambitieuse de réindustrialisation et de démondialisation. Hostile à la sortie de la France de la Zone euro si elle acquiert une dimension de puissance, et de l’Union européenne, quitte à la refonder sur des assises plus identitaires et nationales, le Président « considérait qu’à l’époque du choc des civilisations, face à la Chine, à l’Inde, aux États-Unis ou au monde musulman, la France seule ne pouvait plus rien. Il estimait donc que l’avenir passait par l’Europe à condition qu’elle changeât de nature et d’objectif. Il voulait que l’Union se préoccupât d’indépendance, d’identité et de puissance, qu’elle réduisît sa bureaucratie, instaurât une régulation des échanges à ses frontières et fît de l’euro un instrument de la croissance économique du continent (p. 57) ». Il se prononce même clairement en faveur du devenir européen de la France. « La petite France, […] c’est la sortie de l’Histoire. Car il s’agit en réalité du choix entre le déclin ou la renaissance. Les nations comme les civilisations sont, tels les êtres vivants, en expansion ou en régression. Or, si l’on ne choisit pas la seconde option, on se condamne à subir la première. Dans le monde multipolaire qui est désormais le nôtre, vouloir une France seule revient à choisir le déclin. La voie de l’expansion est celle d’une Europe s’érigeant en grande puissance pour s’imposer face aux autres grands pôles de civilisation qui dominent maintenant le monde contemporain (p. 58). » Il ajoute à l’intention d’un de ses contradicteurs, camarade de parti, qu’il « préfère encore que [ses petits-enfants] vivent dans une Union européenne même fédérale devenue l’une des principales puissances de la planète, défendant notre civilisation, notre identité et nos valeurs, plutôt que dans une nation affaiblie, envahie, soumise et isolée qui ne serait plus que l’ombre d’elle-même. Il vaut mieux une Europe des nations forte et fière qu’une France seule, faible et petite (p. 59) ». Cet aveu ne peut que ravir les lecteurs d’Europe Maxima. Il est vrai que « dans le monde multipolaire d’aujourd’hui, l’Europe est devenue un nain diplomatique et sa civilisation est aujourd’hui la seule à ne pas avoir d’expression politique forte, contrairement à la Chine ou à l’Amérique (p. 61). » On y trouve en filigrane l’inspiration de Julien Freund qui préfaça vers 1985 L’Impératif du renouveau (1986). Quand il ne s’affirmait pas « réactionnaire de gauche », Julien Freund aimait se définir comme « Français, Européen, régionaliste et gaullien ». Bruno Mégret expose ainsi une conception de l’Europe politique qui résulte d’une belle synthèse entre un certain gaullisme, une pratique diplomatique pompidolienne incarnée par Michel Jobert, un européisme défendu par Michel Poniatowski et les travaux précurseurs des « Nouvelles Droites » européennes. 

    Un pacte alter-européen est conclu au palais impérial viennois de Schönbrunn entre quelques États ouvertement eurosceptiques (Autriche, Pologne, Hongrie, etc.) favorables à une construction européenne plus encline à la subsidiarité et moins bureaucratique. La France se rapproche de la Russie à la très grande colère de Washington. Quelques heures à peine après son arrivée à l’Élysée, le Président apprend que les États-Unis ont prévenu le nouveau ministre français des Affaires étrangères qu’ils se montreront très attentifs « à la manière dont la France respectera les principes qui régissent la communauté internationale (p. 25) ». La France ne s’en formalise pas et propose au contraire « une alliance militaire européenne se substituant à l’OTAN (p. 61) » tout en s’en inspirant. Ce désir impérieux de Paris de s’émanciper du joug atlantiste indispose les officines de l’État profond étatsunien. Ceux-ci répliquent par le déclenchement d’émeutes dans les banlieues de l’immigration et d’attentats meurtriers sous faux drapeau islamiste… Bruno Mégret aurait pu aller plus loin et évoquer une « révolution colorée » dans l’Hexagone manigancée par la CIA, elle qui finance déjà en sous-main antifas et gauchistes « maintenant ralliés au capitalisme et à sa version la plus radicale, celle du libre-échangisme mondial (p. 103) » dont le matériel de propagande s’exprime en anglais. Dans une bande dessinée récente, La Présidente (2), qui narre le quinquennat de Marine Le Pen, le scénariste François Durpaire évoque lui-même l’implication des services secrets étatsuniens dans la révolte des banlieues…

    Le péril étatsunien 

    L’avènement d’une Europe-puissance et d’un euro comme « monnaie de change et de réserve comparable au dollar (p. 246) » irrite de plus en plus les politiciens d’outre-Atlantique. La France redevient un agent libre du jeu européen qu’en septembre 2020, l’explosion finale de la Belgique permet l’indépendance de la Flandre, le rattachement de la Wallonie à la France et l’élévation de la région de Bruxelles en District européen. Les Français ne sont désormais plus « alignés sur les États-Unis ni intégrés au concept américain de “ communauté internationale ”. Nous comptons donc comme un acteur autonome d’autant plus important que nous avons une forte influence en Europe et une alliance privilégiée avec la Russie (p. 280) ». 

    Bruno Mégret entend redonner la priorité au politique par rapport à l’économique, au droit et au médiatique. Qui écrira d’ailleurs une Essence des médiats ? Il accorde en tout cas au cœur de sa réflexion politique un impératif de l’armée, de la guerre et de la défense. L’auteur reprend à son compte l’enseignement brillant de Julien Freund. « En réfléchissant sur l’échec de la CED, et en analysant la manière dont les États européens se sont constitués au cours de l’histoire, je suis arrivé à la conclusion que le vrai principe fédérateur en politique est le militaire et non l’économique ou le culturel. En effet, c’est par des guerres ou à la suite de guerres que les États se sont constitués. En théorie donc l’initiative de la CED était politiquement correcte, puisqu’elle essayait de fonder l’unification européenne sur l’intégration des forces armées, mais elle était prématurée, car elle contrevenait à l’idée de communauté, du fait que la contribution respective des membres était par trop inégale. Autrement dit, on a ruiné par précipitation une idée politiquement juste. Or, on ne répare pas une telle erreur, parce qu’on ne joue pas avec le militaire comme on peut jouer avec l’économique (3). » 

    La constitution d’une nouvelle CED eurocentrée et détachée de toute influence étatsunienne et/ou atlantiste, l’« Alliance militaire européenne » (AME), réunissant la France, le Portugal, le Danemark, la Slovaquie, la Hongrie, la Roumanie et l’Autriche, provoque finalement à l’été 2021 une crise diplomatique majeure avec la Maison Blanche. Le 3 juillet, depuis sa résidence estivale de Camp David, le président yankee rompt les relations diplomatiques avec la France et ses alliés de l’AME, gèle leurs avoirs financiers et restreint la délivrance des visas. Le chantage assorti de pressions et de menaces inouïes indignent les Européens qui comprennent enfin l’urgence de penser et d’agir en hommes européens. « Avec la nouvelle politique monétaire et commerciale, l’Europe assurait dorénavant une fonction à la fois protectrice et offensive et qu’avec l’Alliance militaire, elle allait recouvrer son autonomie, sa force et son influence (p. 303) », soit l’application du dessein de Charles de Gaulle et des remarquables plans Fouchet. 

    Le temps du Phénix de Bruno Mégret mérite d’être lu, médité et discuté. Tels des Diogène postmodernes, recherchons avec notre lampe, l’homme (ou la femme) qui ferait ce si excellent chef d’une République nationale-européenne française… 

    Georges Feltin-Tracol 

    Notes

    1 : cf. Georges Feltin-Tracol, Thierry Maulnier. Un itinéraire singulier, Auda Isarn, 2014. 

    2 : François Durpaire et Farid Boudjellal, La Présidente, Les Arènes, 2015.

    3 : Julien Freund, La fin de la Renaissance, PUF, 1980, p. 11.

    • Bruno Mégret, Le temps du Phénix, Éditions Cité Liberté (78, rue de Malnoue, 93160 Noisy-le-Grand ou editions-cite-liberte.fr), 2016, 327 p., 20 €.

    http://www.europemaxima.com/

  • Bernard Lugan publie une Histoire de l’Afrique du Nord qui fera date

    Lugan-Afrique-du-Nord-226x350.jpgL’africaniste Bernard Lugan publie, aux éditions du Rocher, une Histoire de l’Afrique du Nord, une somme de quelque 740 pages qui fera date. Voici la présentation qu’en fait l’éditeur :

    L’Afrique du Nord est formée de cinq pays (Égypte, Libye, Tunisie, Algérie et Maroc) que ce livre présente dans leur longue durée historique. À l’Est, centrée sur l’étroit cordon du Nil, l’Égypte développa, dès le 5e millénaire av. J.-C., une civilisation aussi brillante qu’originale. À l’Ouest, en Berbérie, apparurent au VIe siècle av. J-C., trois royaumes berbères dont les limites correspondaient aux actuels États du Maghreb.

    Rome imprégna ensuite toute la région de sa marque. L’empire byzantin qui lui succéda s’établit de l’Égypte jusqu’à l’est de l’actuelle Tunisie, renonçant à la plus grande partie du Maghreb où la « reconquête » berbère eut raison du vernis romano-chrétien.

    Aux VIIe-VIIIe siècles, l’islamisation provoqua une rupture entre les deux rives de la Méditerranée ainsi qu’une profonde mutation des sociétés nord-africaines. Au XVIe siècle, l’expansion turco-ottomane subjugua toute l’Afrique du Nord avant de buter sur le Maroc qui réussit à maintenir son indépendance en s’alliant à l’Espagne chrétienne.

    Durant la période coloniale, les Britanniques s’installèrent en Égypte, les Italiens disputèrent le vide libyen à la Turquie et, à l’exception de la partie Nord du Maroc devenue protectorat espagnol, le Maghreb fut tout entier rattaché au domaine français. L’Égypte recouvrit son indépendance en 1922, la Libye en 1951. Quant au Maghreb, il connut des péripéties sanglantes avec la guerre d’indépendance algérienne (1954-1962).

    En dépit d’une « arabité » postulée et d’une islamité commune, les cinq pays composant l’Afrique du Nord eurent ensuite des destins divers illustrés par l’épisode dit des « printemps arabes ».

    Riche d’une centaine de cartes en couleur, ce livre est l’outil de référence indispensable à tous ceux qui veulent connaître les constantes qui fondent la géopolitique de cette arrière-cour de l’Europe qu’est l’Afrique du Nord.

    http://fr.novopress.info/