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culture et histoire - Page 1167

  • Les combats du Front de l’Est (1941-1945) à la une de la NRH

    Après Irlande rebelle (n° 83) et De Gaulle et les Américains (n° 82), la Nouvelle Revue d’Histoire (NRH) consacre le dossier de son numéro 84 daté de mai-juin à 1941-1945 – Front de l’Est.

    NRH-84.jpg« L’immensité de l’espace concerné, le volume des moyens et des effectifs engagés, l’ampleur des sacrifices consentis et l’acharnement des combats ont fait de la campagne de Russie engagée par Hitler la séquence la plus terrifiante de la Deuxième Guerre mondiale », écrit la NRH, qui poursuit : « Les succès initiaux remportés par l’offensive Barbarossa n’ont pas permis d’atteindre les objectifs prévus dans la mesure où l’espace russe et le général Hiver ont été fatals à lablitzkrieg allemande. Notre dossier est aussi l’occasion de regards sur l’Ukraine déchirée par la guerre, sur les officiers allemands ralliés à la cause soviétique, sur la présence des Français dans cette guerre à l’Est : les « Malgré-nous » alsaciens-lorrains, les pilotes de l’escadrille Normandie-Niémen ou, dans le camp adverse, les combattants de la Légion des volontaires français contre le bolchevisme. »

    Le sommaire complet de ce numéro est disponible ici.

    http://fr.novopress.info/

  • Il y a 450 ans, Charles IX achevait son Grand Tour de France

    Le 1er mai 1566, Charles IX achevait son Grand Tour de France

    « Sire, ce n’est pas tout que d’être roi de France,

    Il faut que la vertu honore votre enfance.

    Un roi sans la vertu, porte le sceptre en vain,

    Qui ne lui sert sinon d’un fardeau dans la main … »

        Ainsi Pierre de Ronsard, poète de cour mais non courtisan flagorneur, composa-t-il, en 1563, un long discours, en 186 alexandrins, Institution pour l’adolescence du roi très-chrétien Charles IX. Celui-ci, monté sur le trône en 1560, à l’âge de dix ans, régnait, sous la régence de sa mère Catherine de Médicis, sur un royaume écartelé et dévasté par les guerres de religion.

       Soucieuse de concorde nationale mais n’ayant pas encore trouvé le moyen de la rétablir, la régente mettait beaucoup d’espoir dans ce fils cadet et prometteur qui avait succédé prématurément à son frère aîné, le faible et influençable François II, lequel avait quasiment abdiqué son pouvoir entre les mains du parti des Guise.

        Durant les trois premières années du règne de Charles IX, le conflit entre protestants et catholiques vit alterner phases d’affrontements désastreux et armistices précaires. Conclu le 19 mars 1563, l’édit de pacification d’Amboise ne constituait qu’une côte mal taillée, bourrée de clauses ambigües voire contradictoires, portant les germes de nouvelles confrontations. Mais la régente voulait y croire et entendait consolider ce que certains regardaient déjà comme un chiffon de papier, par une démonstration spectaculaire de l’esprit de réconciliation du royaume autour de la personne du souverain : l’essence même de la monarchie chrétienne. Ce serait le « Grand Tour de France », inspiré d’une pratique déjà bien installée chez les rois d’Écosse (le Great Northern Tour), relevant à la fois du voyage initiatique, lui-même en liaison avec la mythologie homérique (les aventures de Télémaque, dont Fénelon reprendrait le motif cent trente ans plus tard) et de l’exposition aux peuples de l’autorité souveraine et, partant, unificatrice.

       Le départ est fixé au 24 janvier 1564 mais aucune date n’est arrêtée pour l’achèvement du périple. L’itinéraire lui-même demeure approximatif. La place laissée à l’improvisation et à la spontanéité résulte largement des incertitudes quant à la pacification des provinces, la bonne volonté des villes, le comportement des foules comme des seigneurs locaux dans un pays encore en proie à des désordres sur lesquels on est mal renseigné et qui justifient d’autant plus le voyage, en dépit de ses risques.

       C’est toute la Cour – environ deux mille personnes – qui se transporte d’abord du Louvre au palais de Fontainebleau où, pendant quarante jours, s’effectuent, dans un tourbillon de fêtes, les préparatifs du voyage, qui débute véritablement le 13 mars, en direction de Sens. L’interminable cortège déroule, après Charles IX et sa mère, chacun dans son carrosse, le gouvernement royal au complet, dirigé par le chancelier Michel de L’Hospital, particulièrement soucieux d’instaurer une coexistence pacifique entre catholiques et protestants afin d’assurer le développement économique du royaume, son grand dessein.

       Le 11 avril, on signa à Troyes un traité avec l’Angleterre par lequel celle-ci renonçait définitivement à la possession de Calais. Acte fortement symbolique puisque c’est dans cette même ville, le 21 mai 1420, que Charles VI avait reconnu Henri V Lancastre pour successeur au trône de France. 

       Après une longue boucle par les provinces du nord-est, faisant halte à Châlons, Bar-le-Duc, Chaumont, Langres… on prit le « coche d’eau » sur le Rhône pour rejoindre Lyon. Bien que rattachée au royaume de France depuis plus de deux cent cinquante ans, la ville demeurait quelque peu rétive à l’autorité royale. Administrée par de riches marchands, abritant une colonie italienne comportant d’influents banquiers, elle était en outre depuis deux ans dominée par le parti huguenot. L’arrivée de Charles IX se fit donc dans un climat de méfiance et son séjour interrompu par l’irruption d’une épidémie de typhoïde.

       Une semaine plus tard, à Roussillon, le roi signa l’édit fixant au 1er janvier le commencement de l’année : jusqu’ici, cette date variait selon les diocèses.

       Visitant ensuite la Provence, Catherine de Médicis voulut rencontrer Nostradamus, qui vivait alors à Salon-de-Provence, et lui présenter Charles IX. Le mage prédit à ce dernier qu’il vivrait jusqu’à l’âge de quatre-vingt dix ans …

       À Aix-en-Provence, ville fortement catholique, Michel de l’Hospital exhorta le Parlement à faire preuve de davantage de tolérance religieuse, conformément à la volonté du roi et de la régente, sans grand succès.

       Charles IX s’intéressait à la marine, si souvent négligée par ses prédécesseurs et se passionna, à Toulon puis à Marseille, pour les chantiers navals et la navigation des galères.

       On remonta par Arles, Nîmes et Montpellier en recevant des accueils mitigés selon que la ville était dominée par les catholiques ou par les protestants. Nulle part la volonté de conciliation ne s’affichait vraiment. En revanche, l’intérêt manifesté par le jeune roi pour la vie quotidienne et le travail de ses sujets enchanta les peuples. Charles IX possédait ce don inné de savoir parler aux hommes et de donner à chacun le sentiment d’une relation personnelle, aussi brève fût-elle.

       Puis la Cour bifurqua vers Bayonne : Philippe II d’Espagne venait de faire savoir qu’il acceptait enfin cette entrevue avec Catherine de Médicis, qui la réclamait depuis longtemps. Il se ferait toutefois représenter par sa femme, la reine Elisabeth, fille de Catherine. Il s’agissait pour cette dernière de convaincre le roi d’Espagne, d’une intransigeance catholique absolue, chef de file de la Contre-réforme, que la politique française d’apaisement visait à mieux contrôler les protestants et à faire d’eux de loyaux sujets. Dans ces conditions, l’Espagne n’avait aucune raison d’intervenir dans les affaires intérieures de la France. Peine perdue : en dépit du lien de parenté, la reine d’Espagne opposa son rejet complet de la Réforme, réclamant l’extermination des hérétiques.

        Déçu, on reprit la route du nord, s’arrêtant à Nérac chez la reine de Navarre, Jeanne d’Albret, mère du futur Henri IV, puis traversant le Périgord et la Saintonge avant d’arriver à La Rochelle, autre cité protestante qui, elle aussi, réserva aux voyageurs un accueil plutôt froid. Même froideur à Nantes et en Bretagne, non plus pour des motifs religieux mais par nostalgie du temps de l’indépendance du duché.    En revanche, l’Anjou et la Touraine s’enthousiasmèrent au passage du roi, qui poursuivit sa route jusqu’à Moulins, capitale du Bourbonnais, où la Cour séjourna trois mois. Catherine mit ce temps à profit pour imposer une réconciliation solennelle – mais non sincère – entre les familles de Guise et de Coligny puis pour préparer l’ordonnance de Moulins, promulguée en février 1566. Une petite révolution juridique : aux termes de ce texte, les parlements ne pourraient plus refuser d’enregistrer les édits royaux, tout en demeurant libres de formuler des réserves mais postérieurement à l’enregistrement, ce qu’on allait appeler des « remontrances ». L’ordonnance comportait aussi de nombreuses dispositions moins marquantes mais tendant toutes à rogner les pouvoirs que les gouverneurs de provinces s’étaient attribués à la faveur des troubles et au détriment de l’autorité royale.

       Après quelques vagabondages en Auvergne, en Nivernais, en Champagne et en Brie, la Cour regagna Paris le 1er mai 1566.

       Quoique mitigé, le bilan du Grand Tour de France s’avérait largement positif : le roi avait été partout reconnu et son autorité réaffirmée, en même temps que martelé le discours de tolérance et de modernisation du pays. Un succès sans doute éphémère mais néanmoins porteur de solidification de la monarchie légitime. Il faudrait attendre 1958 et le général de Gaulle pour que, de nouveau, un chef d’État comprît le caractère irremplaçable de son rapport direct, et charnel, avec le peuple.

    Daniel de Montplaisir

    http://www.vexilla-galliae.fr/civilisation/histoire/1951-il-y-a-450-ans-charles-ix-achevait-son-grand-tour-de-france

  • Action française & Histoire • Jean-Pierre Fabre-Bernadac : « L'affaire Daudet, un crime politique »

    ENTRETIEN. En novembre 1923 éclate « l'affaire Philippe Daudet ». Le fils du célèbre homme de lettres et figure de proue de l'Action française Léon Daudet est retrouvé mort dans un taxi. Un prétendu suicide aux allures de crime politique. Jean-Pierre Fabre-Bernadac, ancien officier de gendarmerie, diplômé de criminologie et de criminalistique, a rouvert le dossier à la lueur de sources nouvelles.

    ROPOS RECUEILLIS PAR RAPHAËL DE GISLAIN

    LE 24 NOVEMBRE 1923, BOULEVARD MAGENTA, PHILIPPE DAUDET EST RETROUVÉ AGONISANT DANS UN TAXI. QUE S'EST-IL PASSÉ EXACTEMENT CE JOUR-LÀ ?

    Il y a deux choses importantes à rappeler à propos de Philippe Daudet pour comprendre ce qui s'est effectivement passé. Le jeune homme avait une grande admiration pour son père et il avait tendance à faire des fugues. Agé de 15 ans lors des faits, il avait l'âme excessivement romanesque, exaltée. Juste avant sa mort, il essaie de partir pour le Canada. Mais une fois au Havre, il s'aperçoit qu'il n'ira pas plus loin...Dès lors, comment revenir chez lui sans subir les foudres de ses parents ? Comment faire pour que cette nouvelle fugue ne déçoive pas trop son père ? Dans son esprit, il s'agit d'être à la hauteur ; son grand-père Alphonse est un immense écrivain et son père Léon une figure royaliste brillante et redoutée. Comme il sait que les anarchistes ont déjà essayé de tuer son père un an plus tôt, il se dit qu'un acte de bravoure, qui consisterait à révéler la préparation d'un nouveau complot pourrait faire oublier cette fugue... De retour à Saint-Lazare, il se rend donc au Libertaire, journal qui hait Léon Daudet, pour infiltrer les cercles anarchistes. Il tombe dans un panier de crabes parce que le milieu est complètement infiltré par la police politique. Avec son air de bourgeois et son projet fumeux d'assassinat de haute personnalité, Philippe Daudet n'a pas dû faire illusion très longtemps. Son identité certainement devinée, on l'envoie vers un libraire, un certain Le Flaoutter, indic notoire, et son sort bascule. La Sûreté générale, l'organe de la police politique, est prévenue, onze hommes débarquent pour arrêter le jeune homme... qui est retrouvé mort dans un taxi.

    LA THÈSE OFFICIELLE CONCLUT À UN SUICIDE. VOUS MONTREZ QU'ELLE EST COUSUE DE FIL BLANC...

    En effet, les incohérences se succèdent. Philippe Daudet a récupéré chez les anarchistes un « 6.35 ». Il tenait-là la preuve de son courage vis-à-vis de son père. Pourquoi ne rentre-t-il pas chez lui à ce moment-là ? Par ailleurs, il était extrêmement croyant et on ne comprend pas ce geste de suicide - un péché absolu -, d'autant qu'il était heureux chez lui même s'il aimait l'aventure. En reprenant le dossier - j'ai pu accéder aux archives nationales de la Police et à l'ensemble des documents de la famille Daudet -, les partis pris de l'enquête m'ont sauté aux yeux. Des témoignages fondamentaux sont écartés, des pistes ne sont pas exploitées et les conclusions sont pour la plupart approximatives. Le « 6.35 » qui a donné la mort au jeune homme n'est manifestement pas celui retrouvé, vu qu'aucune balle ne s'est chargée dans le canon après le coup de feu comme elle aurait dû le faire automatiquement ; la douille réapparaît dans le taxi dix jours après le drame au moment de la reconstitution, alors qu'il avait été soigneusement nettoyé ; aucun des onze policiers postés spécialement ne voit Philippe Daudet entrer ou sortir de la librairie, les horaires ne concordent pas, etc.

    DANS QUEL CONTEXTE IDÉOLOGIQUE S'INSCRIT ETTE DISPARITION ?

    Marius Plateau, le secrétaire général de l'Action française, a été tué de 5 balles un an auparavant par Germaine Berton, une anarchiste. À l'issue d'un procès absolument inique, la meurtrière est acquittée... Le contexte est donc extrêmement tendu. Des élections approchent, qui vont être gagnées par la gauche. Poincaré, qui a eu un lien amical avec l'Action française pendant la guerre - il sait le nombre de soldats et d'officiers qui ont été tués dans ses rangs - change son fusil d'épaule lorsqu'il voit que sa carrière est en jeu. Une tension sous-jacente vient du fait que l'Action française essaie de se rapprocher par le cercle Proudhon du mouvement ouvrier. Cela fait peur au pouvoir. On craint qu'une forme de national populisme ou monarchisme ne s'installe, d'autant que les scandales comme Panama ou le trafic des légions d'honneurs n'ont fait que discréditer la classe politique. Il faut bien voir que les tranchées ont donné naissance à une fraternité nouvelle considérable entre des français d'horizon divers. Le bourgeois et l'ouvrier ont maintenant un point commun : ils ont risqué leur peau de la même manière. Le fascisme, et d'une certaine façon, le national-socialisme sont nés de ce même élan à l'époque. Cette union qui bouleverse les classes effraie et on veut y mettre un terme à tout prix.

    DANS CE CLIMAT, POURQUOI ABATTRE LE FILS DE DAUDET ?

    Disons que, parmi les personnalités de l'Action française, mouvement qui suscitait une inquiétude grandissante, Léon Daudet avait des enfants et que Maurras n'en avait pas... Philippe, avec ce caractère éloigné des réalités, était quelqu'un de facilement manipulable. Voir cet enfant se jeter dans la gueule du loup était une aubaine pour des adversaires politiques. Je ne pense pas qu'il y ait eu de préméditation. Je ne crois pas qu'on ait voulu le tuer au départ mais que les circonstances ont conduit la Sûreté générale à le supprimer, lorsqu'elle a su qui elle tenait... Les Daudet étaient des sanguins ; il est possible que, se sentant démasqué, Philippe se soit rebellé, qu'un coup de feu soit parti et que l'on ait voulu maquiller les choses en suicide... On y a vu le moyen d'ouvrir une brèche et d'affaiblir l'Action française, qui bien sûr était visée in fine.

    IL Y A AUSSI CET INCROYABLE PROCÈS POLITIQUE CONTRE LÉON DAUDET...

    C'est la cerise sur le gâteau. Le père vient de retrouver son fils mort dans un taxi. Il fait un procès au chauffeur et voilà qu'il se retrouve condamné à cinq mois de prisons ! Il faut bien saisir la perfidie de ce jugement, à travers lequel on a opposé de façon fictive un père et un fils, salissant la réputation de l'un et la mémoire de l'autre. Les anarchistes n'ont cessé de répéter au cours du procès que Philippe était des leurs, ce qu'il n'a bien sûr jamais été. Lorsque l'on sait que les anarchistes étaient à l'époque le bras armé de la République, la manoeuvre est particulièrement écoeurante. Léon Daudet va finir par se rendre, mais l'histoire ne s'arrête pas là. Grâce au détournement des lignes téléphoniques du ministère de l'intérieur par une militante de l'Action française, il parvient à s'évader d'une façon rocambolesque. Après quoi il est contraint de se réfugier plusieurs années en Belgique...

    UNE TELLE AFFAIRE POURRAIT-ELLE SE REPRODUIRE AUJOURD'HUI ?

    Le pouvoir donne tous les moyens pour agir en cas de menace. Je crois qu'évidemment de tels évènements pourraient se reproduire aujourd'hui et qu'ils ne sont pas l'apanage d'une époque. Depuis 1945, les disparitions troubles d'hommes proches du pouvoir n'ont pas cessé - on en compte au moins trois. La police politique n'a pas disparu, elle est inhérente à la République. 


    À LIRE : ON A TUÉ LE FILS DAUDET, de Jean-Pierre Fabre-Bemardac, éditions Godefroy de Bouillon, 265 p., 26 euros.

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/

  • Péguy contre Combes : du lien entre mystique républicaine et mystique chrétienne

    À les entendre, la laïcité serait l’alpha et l’oméga de la République. La laïcité serait la condition de possibilité de la République. La République serait laïque ou ne serait pas. En cela, ils commettent une erreur logique : ils prennent la partie pour le tout. Au triptyque républicain « liberté, égalité, fraternité », les mêmes voudraient ajouter le mot de laïcité. Ils commettent une deuxième erreur : ils confondent le mode d’organisation des institutions avec l’idéologie.

    Rappelons d’abord que la République précède la laïcité, que la laïcité n’épuise pas le républicanisme. Disons-le clairement, la laïcité n’a pas le monopole de la République. La laïcité doit demeurer ce qu’elle est : un mode d’organisation des institutions. Sinon, elle se fait laïcisme. Elle se fait idéologie et la neutralité qu’elle revendique n’est plus alors qu’une illusion. La laïcité devenue idéologie (ou laïcisme) veut substituer le rationalisme à la foi. Elle trouve son origine dans la philosophie des Lumières et dans le positivisme d’Auguste Comte. La laïcité ainsi comprise est une « contre-église », une contre-église moderne. Et dans la modernité, la République se défait car elle n’a plus de mystique.

    Péguy a voulu montrer, contre les tenants de la réaction, que la République n’était pas un produit de la modernité, qu’elle n’était pas cette « gueuse » que les nationalistes de l’Action française abhorraient. Selon lui, la République est fille de l’ancienne France car elle a été faite par les hommes de l’Ancien Régime. La République, si elle possède sa mystique propre, est imprégnée de mystique chrétienne. Et Péguy de prévenir : « Qu’on ne s’y trompe pas, et que personne par conséquent ne se réjouisse, ni d’un côté ni de l’autre. Le mouvement de dérépublicanisation de la France est profondément le même mouvement que le mouvement de sa déchristianisation. C’est ensemble un même, un seul mouvement profond de démystification », écrit-il dans Notre Jeunesse. En coupant la République de ses sources chrétiennes, le combisme (idéologie violemment anticatholique défendue par le Président du Conseil Émile Combes) a compromis la mystique. Et la République sans mystique n’est plus la République, elle n’est plus que la domination du parti intellectuel, c’est-à-dire la domination de « ceux qui n’ont plus rien à apprendre », de « ceux qui ne sont pas dupes », de « ceux qui ne croient à rien, pas même à l’athéisme, qui ne se dévouent, qui ne se sacrifient à rien », de « ceux qui n’ont pas de mystique et qui s’en vantent ».

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