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culture et histoire - Page 1198

  • Les raisons de la Guerre de sécession

    De la guerre en général

    Il faut croire que le problème est récurrent : Toute guerre est économique, et toute guerre vise à convoiter le territoire de son voisin.

    Depuis la plus haute antiquité les rêves hégémoniques et de conquêtes n’ont fait que combattre pour le bien une autre idée du bien. Rêves de pacification, d’unification d’idéologie, recherche de nouvelles terres et d’espace vital, désir de rois, besoin d’Empire…

    La guerre, c’est la puissance de l’argent, et il en faut beaucoup. C’est le nerf de la guerre. Et donc il faut des banques et des banquiers…Aucune d’entre elles n’est gratuite alors que l’on se bat pour la domination et imposer ses idées et sa loi ! Mais arrive toujours le temps de rembourser les prêts accordés et l’acceptation de l’usure et des clauses implicites à ceux-ci… Rien n’est jamais gratuit !

    Nous sommes loin de querelles de bretteurs à la Cyrano ou du Capitan Alatristequi, pour un regard de travers et soutenu, défouraille son espadon… Loin aussi les rêves de grandeur et d’utopies. Se battre pour un Empire engage un processus universel, l’adhésion, l’ascension et l’accès au pouvoir, le zénith et le règne, la chute et le bannissement qui, selon le cas, est plus ou moins rapide… Tout empire, royaume ou république sont éphémères. Après, le peuple oublie.

    Le principe du pouvoir, et de la personne qui se l’attribue, est basé sur la confiance des autres et la crainte, tels que les lions face à leur dompteur. Qui se souvient de la lignée des empereurs et des rois, qui se souvient des descendants légitimes de Charlemagne ou de Charles Quint ? Si les idées sont bonnes et les combats sont justes, les résultats sont souvent médiocres voire catastrophiques dans la durée. Car le génie d’un individu ne se transmet pas fatalement à la descendance. Et le partage fait toujours des jaloux. En fait rien n’est jamais acquis ni éternel et tout, toujours, est remis sur le métier à tisser de notre destin collectif. D’autant que les peuples, les races, les ethnies et les nations ne vivent pas tous au même rythme biologique.

    L’idéal porté aux nues se concrétise lorsque le dictateur, le prince, le roi ou l’empereur règne seul ! Une énergie mystérieuse l’habite, la lumière de la gloire le stigmatise et le transforme en puissance, celle-ci ne tombe que sur des hommes d’exception qui connaissent une élection d’une force dispensatrice formidable. L’être est pratiquement baigné, divinisé et porté en triomphe. Il est l’incarnation même de la Création en acte et seules les « Puissances d’en haut » lui octroient cette source d’inspiration due à son rang et sa place. Le divin et l’homme ne font plus qu’un, fondus mais jamais confondus par celui qui les détient. C’est l’un des mystères du pouvoir, lorsque l’individu passe du fatumau numen !

    Mais hélas nous n’en sommes plus là !

    De la guerre de sécession

    Comme toutes les autres, la guerre de sécession, après avoir cherché et trouvé des raisons fallacieuses, prit naissance dans la jalousie, l’avidité et le prêt bancaire… Le thème récurrent de la guerre était l’œuvre de religieux excités, protestants et abolitionnistes. Méditant sur la condition des esclaves des états du Sud, ils en étaient arrivés à l’idée qu’il fallait condamner l’injustice et les mauvais traitements infligés aux “nègres” des États concernés.

    Abraham Lincoln fut élu président des états unis en Novembre 1860. Son élection fut ressentie comme un soulagement et un espoir de paix retrouvée dans tout le pays.

    Mais l’acte criminel de son assassinat fut ressenti comme une véritable tragédie et la véritable raison de la déclaration de guerre. Elle n’en était en fait qu’une conséquence. Toutes possibilités d’un quelconque accord afin d’éviter les affrontements s’effondraient. C’était devenu inévitable. Le malheur s’abattait sur la maison ! Les négociations devenaient caduques.

    L’affrontement était éminent, le Sud allait se battre contre le Nord afin de trouver son indépendance et sa liberté. Deux généraux allaient confronter leurs talents, Grant contre Lee, dans une guerre folle d’un peuple européen déplacé en Amérique et parlant désormais la même langue! L’absurde l’emportait encore une fois sur la réalité. Frères, cousins, amis, parents, comme dans le livre de la Bhagavad-Gîtâ, allaient se retrouver face à face et s’entre-tuer allègrement pour une bannière.

    C’est entre le 20 décembre 1860 et le 29 janvier 1861 que les États de l’union du Sud décident de se séparer des États du Nord afin de sauvegarder leurs convictions et leurs droits constitutionnels. Et c’est le 12 avril de cette même année que le Fort Sumset à Charleston est attaqué par l’armée sudiste… La guerre éclate ! Elle durera quatre ans.

    C’est dans les années d’avant-guerre que le Sud prend conscience de sa subordination économique envers le Nord. Pour les États du Sud, c’est l’agriculture qui domine, avec les immenses plantations de tabac et de coton. Les États du Nord sont riches et industrieux, ce sont eux qui décident du prix du coton car l’ensemble des filatures et des usines se trouvent chez eux. Le Nord prospère, il en est ainsi pour les matières premières comme le charbon et les minerais. Les voies ferrées progressent dans l’Ouest du pays qui se remplit d’émigrants afin de conquérir les contrées indiennes… Et tout, ou à peu près tout, transite par les différents ports de la côte Est, tel bien sûr que New-York. “Import-export”, le Nord vit de ses ressources mais aussi de ce dont il a besoin, avec les marchés européens… C’est le début de l’ère industrielle et de la révolution qui va en découler. Le rendement demande toujours plus d’émigrants et la population double en quelques années. La mécanisation manque de mains-d’œuvre et d’ouvriers qualifiés. Beaucoup de gens des États du Sud quittent leur patrie afin de gonfler le tissu social. L’économie se porte à merveille en bénéficiant d’une main-d’œuvre peu coûteuse et corvéable à merci qui de surcroît, ne se plaint jamais de son sort… Ce sont les esclaves modernes de la société de productivité, mines, usines, chantiers, prolétaires volontaires à perpétuité pour rembourser le prix de la traversée de l’océan et survivre en caressant l’espoir de pouvoir faire venir leur famille… Bref, à chacun ses esclaves, mais de ceux-ci nous n’en parlerons guère puisqu’ils étaient volontaires…

    Esclaves de l’industrie et des banques ou esclaves dans les champs de coton et de tabac ? Où sont la vérité, la justice et le grand rêve américain ?

    Le Sud, c’est la hiérarchie dans une tradition aristocratique et conservatrice non accès sur la spéculation. C’est le respect des traditions ancestrales. C’est l’homme de la terre, le paysan et le propriétaire terrien. Mais c’est aussi une demande toujours plus forte d’esclaves…

    Le Nord, c’est l’immigration, le melting-pot européen, les banques, les usines et les industries. Le Nord, c’est le domaine de la spéculation et de l’argent. Le Nord se veut moderne, travailleur et riche avec des ambitions sociales, alors que les “nègres” sont autant méprisés que dans le Sud, et que les Indiens sont massacrés et spoliés de leurs terres. Sacrifices essentiels sur l’autel de la jeune République qui s’attribue les nouveaux territoires de l’Ouest… Cette conquête de l’Ouest qui sera remis en scène au cinéma par John Ford et consorts comme image biblique de la “terre promise”.

    Ce sont les prédicateurs protestants de différentes sectes bibliques de l’Ancien Testament qui sonnent le réveil des consciences de l’homme blanc et de l’homme noir. Ils vont mettre en place l’ordre moral et les bonnes mœurs, et par un désir d’équité évangéliser les esclaves noirs du Nord… Cependant, peu de monde s’élèvent contre l’émancipation des esclaves. Toutefois les prédicateurs militent pour l’abolition de l’esclavage et pour l’émancipation progressive. L’idée fait son chemin, et ce sont les presbytériens qui vont être le bras fort de la nouvelle idéologie en condamnant officiellement l’esclavage et les esclavagistes.

    Le discours est en marche et c’est en 1818 que l’Assemblée déclare ouvertement : « Nous considérons l’asservissement volontaire d’une partie de la race humaine par une autre comme une violation du plus sacré et du plus précieux droit de la nature humaine. » L’idéologie issue des Lumières, de la Révolution Jacobine et de la franc-maçonnerie est lancée, la guerre sera son aboutissement. Les Républicains abolitionnistes se mobilisent en empêchant les États du Sud d’étendre la culture du coton sur de nouvelles terres plus à l’Ouest. Le refus du Nord à cette expansion et donc, de fait, à une nouvelle demande d’esclaves, va vite devenir l’un des déclencheurs de la guerre.

    Cette idéologie sera marquée aussi par un livre qui va devenir très vite un best-seller. C’est l’ouvrage de Harriet Beecher Stowe : La case de l’oncle Tom qui sera le raisonnement idéologique de la guerre sécessionniste. Abraham Lincoln dira à l’écrivain après avoir lu le roman : « C’est donc cette petite dame qui est responsable de cette grande guerre ! »

    L’évasion programmée et organisée des noirs fugitifs par les défendeurs de l’idée anti-esclavagiste va être une autre bonne raison d’alimenter la colère. Les sudistes voient leur main-d’œuvre disparaître petit à petit en passant par la zone frontière qui sépare le Sud des États le Nord, non-surveillée. Il est alors question de 50 000 à 100 000 individus qui s’évaporent dans la nature…

    Le Sud se sent attaqué de toutes parts, il n’a plus qu’une solution… La guerre !

    Pourtant, Abraham Lincoln bien que pondéré et socialement proche du peuple et contre une guerre fratricide, est soutenu par les abolitionnistes et les Républicains, alors qu’il ne croit pas à l’assimilation des noirs dans la société américaine… Il est certes en accord moral afin de leur octroyer des droits sociaux, mais il ne veut pas et refuse d’en faire des citoyens américains à part entière. Certes, il souhaite l’abolition de l’esclavage, mais de manière pondérée, évoluant sans précipitation, avec un retour au pays d’origine, en Afrique pour ces noirs libérés.

    Pour Abraham Lincoln, la liberté américaine est indissociable de son fond culturel européen ! Mais hélas, l’engrenage de l’Histoire et le destin ont agi différemment. Et les espoirs de paix s’évanouiront dans la tempête de sang et de fer d’où renaîtra tel le phœnix de ses cendres, la bannière étoilée des États Unis d’Amérique.

    Il faudra attendre la fin de la guerre pour voir surgir une chevalerie d’un autre âge, d’hommes vêtus de blanc manteau, chrétiens acharnés et fiers de leur race. C’est le 24 décembre 1865, le jour de la naissance du Christ et du Soleil invaincu, de la Nativité et du Solstice d’hiver que K.K.K surgira de l’ombre à la lumière pour la défense de ses valeurs, de ses droits fondamentaux, de sa Religion et de sa Nation blanche !

    Article de la Communauté National Social Radical par C.R.

    https://nationalsocialradical.wordpress.com/2015/10/04/les-raisons-de-la-guerre-de-secession/

  • Les Indo-Européens dans la Chine antique

    Dans le livre troisième de son fameux Essai sur l'inégalité des races humaines, publié dans les années 50 du 19ième siècle, Arthur de Gobineau décrivait les flux migratoires des peuples indo-européens en Orient et relevait que «vers l'année 177 av. J. C., on rencontrait de nombreuses nations blanches à cheveux clairs ou roux et aux yeux bleus, in­stal­lées sur les frontières occidentales de la Chine. Les scribes du Céleste Empire, auxquels nous devons de connaître ce fait, citent cinq de ces nations… Les deux plus connues sont le Yüeh-chi et les Wu-suen. Ces deux peuples habitaient au nord du Hwang-ho, aux confins du désert de Gobi… De mê­me, le Céleste Empire avaient pour sujets, au sein de ses provinces du Sud, des nations aryennes-hindoues, immi­grées au début de son histoire» (1).

    Arthur de Gobineau tirait ses informations des études de Ritter (Erdkunde, Asien) et de von Humboldt (Asie centra­le); tous deux se basaient sur les annales chinoises de la dynastie han, dont les premiers souverains ont commencé leur règne en 206 av. J. C. De fait, nous savons aujourd'hui que, dès le 4ième siècle avant J.C., les documents histo­riques du Céleste Empire évoquaient des peuples aux che­veux clairs, de mentalité guerrière, habitant sur les confins du territoire, dans ce que nous appelons aujourd'hui le Tur­kestan chinois ou le Xinjiang. Selon Gobineau, ces faits at­testaient de la puissance expansive et implicitement civi­lisatrice des populations "blanches". Mais, au-delà des in­ter­prétations unilatérales et, en tant que telles, inac­cepta­bles de l'écrivain français, presque personne n'a pris en con­sidération la signification que ces informations auraient pu revêtir pour retracer l'histoire de la culture et des in­fluences culturelles, sur un mode moins banal et linéaire que celui qui était en vogue au 19ième siècle.

    On a plutôt eu tendance à rester incrédule quant à la fia­bilité des annales, parce qu'on était animé par un in­décrottable préjugé euro-centrique, selon lequel les peu­ples de couleurs étaient en somme des enfants un peu fan­tas­ques, incapables de saisir l'histoire dans sa concrétude. En outre, à l'époque, il était impossible de vérifier la pré­sence de ces populations "blanches" : même en admettant qu'elles aient existé, personne ne pouvait dire depuis com­bien de temps elles avaient disparu, noyées dans la mer mon­tante des populations asiatiques voisines. Cette zone géographique, jadis traversée par la légendaire "route de la soie" et devenue depuis longtemps en grande partie dé­sertique, était devenue inaccessible aux Européens, qui ne pouvaient évidemment pas y mener à bien des études ar­chéologiques sérieuses et approfondies.

    Latin, irlandais ancien et tokharien

    Comme l'a souligné Colin Renfrew, célèbre pour ses recher­ches sur les migrations indo-européennes, ce n'est qu'au dé­but du 20ième siècle que les premiers érudits ont pu s'a­ven­turer dans la région, en particulier dans la dépression du Ta­rim et dans diverses zones avoisinantes (2). Ils ont trou­vé de nombreux matériaux, bien conservés grâce à l'ex­trême aridité du climat désertique qui règne là-bas. Il s'agit essen­tiellement de textes en deux langues, écrits dans une lan­gue jusqu'alors inconnue, qui utilisait cependant un al­pha­bet du Nord de l'Inde; à côté du texte en cette langue, fi­gurait le même texte en sanskrit. Ce qui a permis de la com­prendre et de l'étudier assez rapidement. Cette langue a été appelée par la suite le "tokharien", dénomination que l'on peut juger aujourd'hui impropre. Elle se présentait sous deux formes légèrement différentes l'une de l'autre, qui ré­vélaient "diverses caractéristiques grammaticales les liant au groupe indo-européen" (3). Notons le fait que les res­sem­blances les plus frappantes liaient cette langue au cel­tique et au germanique, plutôt qu'aux groupes plus proches de l'iranien et des autres langues aryennes d'Asie. A titre d'exemple, nous comparerons quelques mots fondamentaux que l'on retrouve respectivement en latin, en irlandais an­cien et en tokharien. "Père" se dit "pater", "athir" et "pa­cer"; "Mère" se dit "mater", "mathir" et "macer"; ""Frère" se dit "frater", "brathir" et "procer"; "Sœur" se dit "soror", "siur" et "ser"; "Chien" se dit "canis", "cu" et "ku" (4). A titre de cu­riosité, signalons une autre correspondance: le nombre "trois" se dit "tres" en latin, "tri" en irlandais ancien et "tre" en tokharien.

    Les affinités sont donc plus qu'évidentes. «Les documents remontent aux 7ième et 8ième siècles après J. C. et com­pren­nent des correspondances et des comptes rendus émanant de monastères… Des deux versions de la langue tokharien­ne, la première, nommée le "tokharien A" se retrouve éga­lement dans des textes découverts dans les cités de Ka­rashar et de Tourfan, ce qui a amené certains savants à l'ap­peler le "tourfanien". L'autre version, appelée "tokha­rien B", se retrouve dans de nombreux documents et textes trouvés à Koucha et donc baptisée "kouchéen" (5).

    Processus endogène ou influence exogène ? 

    Aujourd'hui, on tend à penser que ces langues ont été par­lées par les Yüeh-chi (ou "Yü-chi"), le peuple mentionné dans les annales antiques, peuple qui avait entretenu des contacts prolongés avec le monde chinois. C'est là un point fondamental, qui est resté longtemps sans solution. En fait, sur la naissance de la civilisation chinoise, deux opinions s'affrontent : l'une entend privilégier un processus entiè­rement endogène, sans aucune influence extérieure d'au­tres peuples; l'autre, au contraire, met en évidence des apports importants, fondamentaux même, venus d'aires cul­turelles très différentes. La première thèse est na­tu­rellement la thèse officielle des Chinois, mais aussi celle de tous ceux qui s'opposent à toute conception de l'histoire qui pourrait donner lieu à des hypothèses "proto-colonialistes" vo­yant en l'Occident la matrice de tout progrès. Les dé­fenseurs les plus convaincants de la thèse "exogène" —c'est-à-dire Gobineau, déjà cité, mais aussi Spengler, Kossina, Gün­ther, Jettmar, Romualdi, etc.—  sont ceux qui souli­gnent, de manières très différentes, le rôle civilisateur des peuples indo-européens au cours de leurs migrations, par­ties de leur patrie primordiale, pour aboutir dans les con­trées lointaines auxquelles ils ont donné une impulsion bien spécifique. Bien sûr, dans certains cas, ces auteurs ont con­staté que l'apport culturel n'a pas été suffisamment fort pour "donner forme" à une nouvelle nation, vu le nombre réduit des nouveaux venus face aux populations indigènes; néanmoins, la simple présence d'une influence indo-euro­péenne a suffit, pour ces auteurs, pour imprimer une im­pul­sion vivifiante et pour animer un développement chez ces peuples avec lesquels les migrants indo-européens en­traient en contact. Ce serait le cas de la Chine avec les Tokhariens.

    Par exemple, Spengler (6) souligne l'importance capitale de l'introduction du char de guerre indo-européen dans l'évolution de la société chinoise au temps de la dynastie Chou (1111-268 av. J. C.). D'autres auteurs, comme Hans Gün­ther, plusieurs dizaines d'années plus tard, avait avancé plusieurs hypothèses bien articulées et étayées de faits importants, attribuant à cette pénétration de peuples indo-européens l'introduction de l'agriculture parmi les tributs nomades d'Asie centrale, vers la moitié du deuxième millé­naire; il démontrait en outre comment l'agriculture s'était répandue en Asie centrale, parallèlement à l'expansion de populations de souche nordique.

    Bronze et chars de guerre

    De même, l'introduction du bronze en Chine semble, elle aussi, remonter aux invasions indo-européennes; ensuite, on peut supposer qu'aux débuts de l'histoire chinoise, il y a eu l'invasion d'un peuple équipé de chars de guerre, venu du lointain Occident. Par ailleurs, on peut dire que les sinologues actuels reconnaissent tous l'extrême importance du travail et du commerce du bronze dans le dévelop­pe­ment de la société en Chine antique (7). La même impor­tance est attribuée aujourd'hui, par de plus nombreux sino­logues, à l'introduction de certaines techniques agricoles et du char hippo-tracté.

    Les études de Günther sur le parallélisme entre la présence de peuples aux cheveux clairs et la diffusion de la culture indo-européenne en Asie ont d'abord été diabolisées et os­tracisées, mais, aujourd'hui, au regard des apports nou­veaux de l'archéologie, elles méritent une attention nou­velle, du moins pour les éléments de ces études qui de­meu­rent valables. Peu d'érudits se rappellent que, dans l'oasis de Tourfan, dans le Turkestan chinois, où vivaient les To­khariens, on peut encore voir des fresques sur lesquelles les ressortissants de ce peuple sont représentés avec des traits nettement nord-européens et des cheveux clairs (8). C'est une confirmation de la fiabilité des annales du Céleste Em­pire. On ne peut donc plus nier un certain enchaînement de faits, d'autant plus que l'on dispose depuis quelques années de preuves plus directes et convaincantes de cette in­stallation très ancienne d'éléments démographiques indo-européens dans la zone asiatique que nous venons d'évo­quer. Ces installations ont eu lieu à l'époque des grandes mi­grations aryennes vers l'Est (2ième millénaire avant J. C.), donc avant que ne se manifestent certains aspects de la ci­vilisation chinoise.

    Ces preuves, disions-nous, nous n'en disposons que depuis quelques années…

    Les traits europoïdes des momies d'Ürümtchi

    En 1987, Victor Mair, sinologue auprès de l'Université de Pennsylvanie, visite le musée de la ville d'Ürümtchi, capita­le de la région autonome du Xinjiang. Il y voit des choses qui provoquent chez lui un choc mémorable. Il s'agit des corps momifiés par cause naturelle de toute une famille : un homme, une femme et un garçonnet de deux ou trois ans. Ils se trouvaient dans une vitrine. On les avait dé­couverts en 1978 dans la dépression du Tarim, au sud du Tian Shan (les Montagnes Célestes) et, plus particu­lière­ment, dans le désert du Taklamakan (un pays peu hos­pi­ta­lier à en juger par la signification de son nom : "on y entre et on sort plus!").

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    Plusieurs années plus tard, Mair déclare au rédacteur du men­­suel américain Discover : «Aujourd'hui encore, je res­sens un frisson en pensant à cette première rencontre. Les Chinois me disaient que ces corps avaient 3000 ans, mais ils semblaient avoir été enterrés hier» (9). Mais le véritable choc est venu quand le savant américain s'est mis à ob­ser­ver de plus près leurs traits. Ils contrastaient vraiment avec ceux des populations asiatiques de souche sino-mon­gole; ces corps momifiés présentaient des caractéristiques soma­tiques qui, à l'évidence, étaient de type européen et, plus précisément, nord-européen. En fait, Mair a noté que leurs cheveux étaient ondulés, blonds ou roux; leurs nez étaient longs et droits; ils n'avaient pas d'yeux bridés; leurs os é­taient longs (leur structure longiligne contrastait avec cel­le, trapue, des populations jaunes). La couleur de leur épi­derme —maintenu quasi intact pendant des millénaires, ce qui est à peine croyable—  était typique de celle des po­pu­lations blanches. L'homme avait une barbe épaisse et drue. Toutes ces caractéristiques sont absentes au sein des po­pulations jaunes d'Asie.

    Les trois "momies" (il serait plus exact de dire les trois corps desséchés par le climat extrêmement sec de la région et conservés par le haut taux de salinité du terrain, qui a empêché la croissance des bactéries nécrophages) consti­tuaient les exemplaires les plus représentatifs d'une série de corps —à peu près une centaine— que les Chinois avaient déterrés dans les zones voisines. Sur base des datations au radiocarbone (10), effectuées au cours des années précé­den­tes par des chercheurs locaux, on peut dire que ces corps avaient un âge variant entre 4000 et 2300 ans. Ce qui nous amène à penser que la population, dont ils étaient des ressortissants, avait vécu et prospéré pendant assez long­temps dans cette région, dont la géologie et le climat de­vaient être plus hospitaliers dans ce passé fort lointain (on y a d'ailleurs retrouvé de nombreux troncs d'arbre dessé­chés).

    Spirales et tartans

    Le matériel funéraire et les vêtements de ces "momies", eux aussi, se sont révélés fort intéressants. Par exemple: la présence de symboles solaires, comme des spirales et des swastikas, représentés sur les harnais et la sellerie des che­vaux, relie une fois de plus ces personnes aux Aryens de l'antiquité, sur le plan culturel.

    L'étoffe utilisée pour fabriquer leurs vêtements était la lai­ne, qui fut introduite en Orient par des peuples venus de l'Ouest. Le "peuple des momies" connaissait bien l'art du tis­sage: on peut l'affirmer non seulement parce que l'on a re­trouvé de nombreuses roues de métier à tisser dans la ré­gion mais aussi parce que les tissus découverts sont d'une excellente facture. Pour attester des relations avec le Cé­leste Empire, on peut évoquer une donnée supplémentaire: la présence d'une petite composante de soie dans les effets les plus récents (postérieurs au 6ième siècle av. J. C.), qui ont de toute évidence été achetés aux Chinois. Les autres éléments vestimentaires, dans la majeure partie des cas, dé­montrent qu'il y avait des rapports étroits avec les cul­tu­res indo-européennes occidentales; le lot comprend notam­ment des vestes ornées et doublées de fourrure et des pan­talons longs.

    Plus révélateur encore: on a retrouvé dans une tombe un fragment de tissu quasi identique aux "tartans" celtes (11) dé­couverts au Danemark et dans l'aire culturelle de Hall­statt en Autriche, qui s'est développée après la moitié du 2ième millénaire avant J. C., donc à une époque contempo­rai­ne de celle de ces populations blanches du Xinjiang. Si l'on pose l'hypothèse que les Celtes d'Europe furent les an­cêtres directs de ces Tokhariens (ou étaient les Tokhariens tout simplement), cette preuve archéologique s'accorde bien avec ce que nous disions plus haut à propos des simi­litudes entre la langue celtique et celle des Indo-Européens du Turkestan chinois : les deux données, l'une linguistique, l'autre archéologique, se renforcent l'une l'autre.

    Chapeau à pointe et coquillages

    Autre élément intéressant : la découverte d'un couvre-chef à pointe, à larges bords, que l'on a défini, avec humour, comme un "chapeau de sorcière"; il était placé sur la tête de l'une des momies de sexe féminin, remontant à environ 4000 années. Ce chapeau ressemble très fort à certains cou­vre-chef utilisés par les Scythes, peuple guerrier de la step­pe, et qu'on retrouve également dans la culture ira­nien­ne (on pense aux chapeaux des Mages). Ces populations étaient des populations d'agriculteurs, comme le prouve la présence de semences dans les bourses. Elles avaient éga­lement des rapports avec des populations vivant en bord de mer, vu que l'on a retrouvé près des momies ou sur elles de nombreux coquillages de mollusques marins.

    L'intérêt extrême de ces vestiges a conduit à procéder à quel­­ques études anthropologiques (principalement d'an­thro­­­po­métrie classique), sous la direction de Han Kangxin de l'Académie Chinoise des Sciences Sociales (Beijing). Ces études ont confirmé ce que le premier coup d'œil déjà per­mettait d'entrevoir : dans de nombreux cas, les proportions des corps, des crânes et de la structure générale du sque­lette, ne correspondent pas à celles des populations asia­tiques jaunes, tandis qu'elles correspondent parfaitement à celles que l'on attribue habituellement aux Européens, sur­tout aux Européens du Nord.

    Par le truchement de l'archéologie génétique, on pourra obtenir des données encore plus précises, pour élucider ultérieurement les origines et la parenté de ce peuple my­stérieux. La technique, très récente, se base sur la com­pa­raison de l'ADN mitochondrial (12) des diverses populations, que l'on veut comparer, afin d'en évaluer la distance gé­nétique. L'un des avantages de cette technique réside dans le fait que l'on peut aussi analyser l'ADN des individus dé­cé­dés depuis longtemps, tout en restant bien sûr très at­ten­tif, pour éviter d'éventuelles contaminations venues de l'en­vironnement (par exemple, les contaminations dues aux bactéries) ou provoquées par la manipulation des échan­tillons. L'archéologie génétique s'avère utile, de ce fait, quand on veut établir un lien, en partant des molécules, entre l'anthropologie physique et la génétique des popu­la­tions.

    Les premiers tests ont été effectués par un chercheur ita­lien, le Professeur Paolo Francalacci de l'Université de Sassari. Ils ont confirmé ultérieurement l'appartenance des in­dividus analysés aux populations de souche indo-euro­péenne, dans la mesure où l'ADN mitochondrial, qui a été extrait et déterminé, appartient à un aplotype fréquent en Europe (apl. H) et pratiquement inexistant au sein des po­pulations mongoloïdes (13). Les autorités de Beijing n'ont autorisé l'analyse que d'un nombre réduit d'échantillons; beaucoup restent à étudier, en admettant que les autorisa­tions soient encore accordées dans l'avenir.

    Traits somatiques des Ouïghours

    Enfin, il faut également signaler que les habitants actuels du Turkestan chinois, les Ouïghours, présentent des traits so­matiques mixtes, où les caractéristiques physiques euro­poï­des se mêlent aux asiatiques. On peut donc dire que nous nous trouvons face à une situation anthropologique où des ethnies de souches diverses se sont mélangées pour former, en ultime instance, un nouveau peuple. Ce n'est donc pas un hasard si les autorités de Beijing craignent que la démonstration scientifique de l'existence de tribus blan­ches parmi les ancêtres fondateurs de l'ethnie ouïghour con­tribue à renforcer leur identité culturelle et qu'au fil du temps débouche sur des aspirations indépendantistes, vio­lem­ment anti-chinoises, qui sont déjà présentes. Cette si­tua­tion explique pourquoi les Chinois boycottent quasi ou­ver­tement les recherches menées par Mair et ses colla­bo­ra­teurs.

    En conclusion, l'ampleur, la solidité et la cohérence des don­nées obtenues contribuent à confirmer les intuitions de tous les auteurs, longtemps ignorés, qui ont avancé l'hy­po­thèse d'une contribution extérieure à la formation de la ci­vilisation chinoise. Cette contribution provient de tribus ar­yennes (ndlr: ou "proto-iraniennes", selon la terminologie de Colin McEvedy que nous préférons utiliser), comme sem­ble l'attester les découvertes effectuées sur les "momies", et permet d'émettre l'hypothèse que le bronze et d'autres acquisitions importantes ont été introduites directement, et non plus "médiatement", par ces tribus dans l'aire cul­turelle de la Chine antique.

    Par exemple, Edward Pulleyblank a souligné récemment qu'il «existait des signes indubitables d'importations venues de l'Ouest : le blé et l'orge, donc tout ce qui relève de la cul­ture des céréales, et surtout le char hippo-tracté, …, sont plus que probablement des stimuli venus de l'Ouest, ayant eu une fonction importante dans la naissance de l'âge du bronze en Chine» (14).

    Bien sûr, cette découverte ne conteste nullement la for­midable originalité de la grande culture du Céleste Empire, mais se borne à mettre en évidence quelques aspects fon­damentaux dans sa genèse et dans son évolution ultérieure, tout en reconnaissant à juste titre le rôle joué par les no­ma­des antiques venus d'Europe.

    Giovanni MONASTRA.

    (e mail: g_monastra@estovest.org ; texte paru dans Per­corsi, anno III, 1999, n°23; le texte original italien est sur:  http://www.estovest.org/identita/indocina.html ).

    Notes :

    [1] Arthur de Gobineau, Saggio sulla disuguaglianza delle razze umane, Rizzoli, Milano 1997, p. 443.

    [2] Colin Renfrew, Archeologia e linguaggio, Laterza, Bari 1989, p. 77.

    [3] ibidem, p. 79.

    [4] Les Chinois, pour désigner le chien, utilisent le terme "kuan", qui est quasiment le seul et unique mot de leur langue qui ressemble au latin "canis" ou à l'italien "cane", sans doute parce que le chien domestique à été introduit dans leur société par des populations indo-européennes, qui ont laissé une trace de cette transmission dans le nom de l'animal.

    [5] Colin Renfrew, Archeologia ecc.cit., pp. 78-9.

    [6] Oswald Spengler, Reden und Aufsätze, Monaco 1937, p. 151.

    [7] Jacques Gernet, La Cina Antica, Luni, Milano 1994, pp. 33-4.

    [8] Luigi Luca Cavalli-Sforza, Geni, Popoli e Lingue, Adelphi, Milano 1996, p. 156.

    [9] Discover, 15, 4, 1994, p. 68.

    [10] La méthode du radiocarbone (14C) se base sur le fait que dans tout organe vivant, outre l'atome de carbone normal (12C), on trouve aussi une certaine quantité de son isotope, le radiocarbone, qui se réduit de manière constante, pour devenir un isotope de l'azote. Tandis que le rapport entre 14C et 12C reste stable quand l'organisme est en vie, cet équilibre cesse d'exister à partir du moment où il meurt; à partir de cette mort, on observe un déclin constant qui implique la disparition du radiocarbone, qui diminue de moitié tous les 5730 ans. De ce fait, il suffit, dans un échan­tillon, de connaître le rapport entre deux isotopes pour pouvoir calculer les années écoulées depuis la mort de l'organisme. La mé­thode connaît cependant une limite : elle ne peut pas s'utiliser pour des objets d'investigation de plus de 70.000 ans. 

    [11] Archaeology, Marzo 1995, pp. 28-35. Le "tartan" est une étoffe typique du plaid écossais. Pour se documenter plus précisément sur les divers éléments liés aux textiles et aux vêtements de ce peuple, nous recommandons la lecture d'un ouvrage excellent et exhaustif, comprenant de nombreuses comparaisons avec les équivalents en zone européenne : Elizabeth Wayland Barber, The Mummies of Ürümchi, W. W. Norton & Company, Inc., New York, 1999.

    [12] Les mitochondries sont des organites présents dans les cellules des eucaryotes (tous les organismes vivants, des champignons aux mammifères) à des dizainesde milliers d'exemplaires. Seules ces structures, mis à part le noyau cellulaire, contiennent de l'ADN, molécule base de la transmission héréditaire, mais leur ADN est de dimensions beaucoup plus réduites que celui du noyau (200.000 fois plus court) : il sert uniquement pour la synthèse des protéines né­cessaires à ces organites. Il faut se rappeler qu'au moment de la fécondation, il semble que seule la mère transmet les mitochon­dries à sa progéniture.

    [13] Journal of Indo-European Studies, 23, 3 & 4, 1995, pp. 385-398.

    [14] International Rewiew of Chinese Linguistics, I, 1, 1998, p. 12. Voir aussi: Elizabeth Wayland Barber, The Mummies of Ürümchi, op. cit.

    http://vouloir.hautetfort.com/archives/category/tradition/index-12.html

  • 1917 : Au carrefour de l'histoire

    Le destin de l'Europe a-t-il été scellé cette année-là ? Dans son dernier livre, François-Georges Dreyfus revient sur les « occasions perdues » en 1917, date à laquelle remonterait le déclin du Vieux-Continent.

    Le professeur François-Georges Dreyfus vient de faire paraître son dernier livre, où l'on retrouve la rigueur intellectuelle, l'érudition et la clarté qui sont sa marque. Cet ouvrage, selon ses propres paroles, n'est pas une histoire militaire, ni une histoire événementielle. Ayant pour objet l'étude d'une année charnière – 1917 –, il propose une fresque de l'Europe de la Grande Guerre : analyse pénétrante des États, de la politique et de l'évolution des puissances (y compris les États-Unis arrivant sur la scène internationale), des problèmes socio-économiques, de la révolution culturelle en marche, des prodromes du national-socialisme et du bolchevisme.

    Légèreté des élites

    En cette année, le destin a balancé pour l'Europe, plongée dans une guerre effroyable, engagée avec légèreté par des dirigeants qui n'avaient pas conscience de ce qu'ils déchaînaient. C'est ainsi que Guillaume II se récriait en faisant graver « Ich habe nicht das gewollten » sur le fronton de la grande cheminée du château du Haut Koenigsbourg en Alsace, l'une de ses résidences favorites.

    François-Georges Dreyfus montre avec précision ce qu'était la situation à la fin de 1916, sur tous les fronts et dans chaque pays intéressé. La France avait déjà perdu 900 000 hommes, en l'absence d'une véritable direction de la guerre, tant civile que militaire, et par la faute de la doctrine de "l'offensive à outrance". Le général Pétain, lui, martela que « le feu tue » ; son bon sens lui permit, dans la continuité de la victoire de Verdun, de reprendre l'armée en main après les mutineries de 1917 et de la mener à la victoire – même si un armistice prématuré l'empêcha de procéder à l'offensive qu'il avait préparée pour chasser l'ennemi hors de France. La suite des évènements lui donna raison.

    Négociations de paix

    L'auteur rappelle l'observation formulée par Daniel Ansom dans son Poincaré : « La République souffrait d'un malaise tenant à ce qu'on avait voulu la gouverner en temps de guerre avec des lois faites pour une démocratie en temps de paix. » Il n'y fut porté remède qu'avec les pleins pouvoirs conférés à Clemenceau, mais François-Georges Dreyfus remarque que Poincaré, président de la République, aurait pu être ce chef simplement en appliquant les lois constitutionnelles de 1875 adoptées après la présidence de Mac Mahon et l'institution prétorienne d'un "président du Conseil". Les tentatives de négociation de paix, à l'initiative du nouvel empereur d'Autriche Charles Ier puis du pape Benoît XV, sont au centre de l'ouvrage. Ce furent des occasions perdues qui, comme le rappelle l'auteur, eussent permis non seulement d'éviter la mort d'un million d'êtres humains, mais aussi de garder une Europe maîtresse d'elle-même, avec un empire austro-hongrois rénové assurant son équilibre géopolitique. Les responsabilités sont partagées. Citons, outre l'animadversion des dirigeants

    français francs-maçons, notamment Ribot, envers l'empire catholique des Habsbourg, la détestation du président Wilson pour l'Église catholique et son désir de faire régner, selon la volonté de Dieu, la démocratie américaine sur le monde – désir manifesté notamment par le refus de discuter avec l'Allemagne tant que celle-ci n'aurait pas un gouvernement démocratique. Aujourd'hui encore se poursuit dans le monde une offensive anti-catholique...

    Le troisième opus d'une trilogie

    Ainsi François-Georges Dreyfus invite-t-il à de nombreuses réflexions historiques et géopolitiques. Complétant Les Conséquences politiques de la paix de Jacques Bainville, et son livre 1919-1939 – L'Engrenage, il retrace le déclin de cette civilisation européenne qui avait "fait" le monde grâce au génie créatif de ses peuples, intervenu en dépit d'une brillante période de rémission de 1920 à 1940. Ce fut « le fruit amer de 1917 ».

    Privés de leur rôle international, les États du Vieux-Continent subissent des influences anti-nationales et anti-chrétiennes symbolisées par une Union européenne mondialiste et par une sorte de totalitarisme réducteur de la pensée. Dérisoire rempart contre la dynamique des puissances asiatiques émergentes, alors que les États-Unis maintiennent leur puissance hégémonique. Mais rien n'est écrit, et des forces nouvelles, ainsi que le renouveau d'une Russie chrétienne, pourraient modifier le "concert européen". L'avenir dira si 1917 aura, un jour, une revanche.

    André Pertuzio L’ACTION FRANÇAISE 2000 du 29 juillet au 1er septembre 2010

    3 François-Georges Dreyfus : 1917 – L'Année des occasions perdues ; éditions De Fallois, 415 p., 24 euros.

  • La Monarchie fédérale, par Charles Maurras

    "Quoi de plus moderne qu'une colonne grecque ?" répondait Ionesco, sous forme de boutade - mais boutade sérieuse et profonde... - aux tenants d'un art abscon, qui s'ennivraient des mots "nouveau", "contemporain", "moderne" etc...

    En le paraphrasant, et en appliquant la paraphrase à la chose politique, ne pourrait-on dire : quoi de plus moderne que ces textes de Maurras, qu'il s'agisse de livres écrits il y a cent ans, au tout début du XXème siècle, comme L'Avenir de l'Intelligence, Kiel et Tanger ou, comme ici, d'un texte beaucoup plus court : La monarchie fédérale ?

    Quoi de plus moderne, mais aussi et surtout, quoi de plus révolutionnaire ? Alors que les tenants du Système sont devenus, de fait, les conservateurs du des-ordre établi de  ce Système, de cette république idéologique qui s'écroule aujourd'hui, après avoir fait faillite en tous domaines, nous sommes, nous les critiques de ce Système, les vrais révolutionnaires de ce des-ordre à l'échec retentissant. "Révolutionnaires" étant pris, bien sûr, non dans son sens idéolgique - celui que se sont attribué ceux qui ont voulu 1789 - mais dans son sens naturel et premier : nous voulonsretourner les choses, les remettre à l'endroit, pour, expliquait Boutang, retrouver "l'ordre légitime et profond"...

    Ainsi, dans la société induite par la révolution de 1789 et par la République de 1875, qui en est l'héritière, et qui était appelée "société bloquée" dès les années 1970 par Jacques Chaban-Delmas, il est bien révolutionnaire de parler de républiques au niveau municipal, de fédéralisme au niveau provincial (certains préfèreront le technocratique "régional"...) et de royalisme à la tête de l'Etat : un Etat a-démocratique, "sequestré", disait Renan, "libéré" disait Maurras - là où Boutang parlait de "Reprendre le Pouvoir" - afin que les forces de l'Argent ne prévalent point contre lui et ne s'en emparent, ce qui est bien le cas aujourd'hui...

    Frédéric Amouretti est bien inconnu aujourd'hui : pourtant, Maurras était en pleine amitié et communion d'esprit et de pensée avec lui sur le régionalsime et le fédéralisme, comme lorsqu'il écrivait : "...En adoptant le plan de Sieyès, et en découpant la France comme matière inerte en départements tracés arbitrairement sur la carte, la Convention a anéanti ces admirables cadres historiques où les hommes, unis par l’identité des souvenirs, de la langue, des mœurs, des intérêts pouvaient bien s’entendre pour s’occuper de tout ce qui les touchait de près...".

    Pour Amouretti, au contraire, et pour les "fédéralistes", il faut respecter la liberté des communes reliées entre elles selon "sis enclin istouri, ecounoumi, naturau...", ce qui passe par la suppression des départements au profit des anciennes provinces avec à leur tête "uno assemblado soubeirano, à Bourdèus, Toulouso, à Mount-Pelié, à Marsiho o à-z-Ais". Ces assemblées devant jouir d'une autonomie complète en ce qui concerne l'administration, la justice, l'enseignement, les travaux publics…

    L'engagement régionaliste d'Amouretti se concrétisa davantage avec la Déclaration des Félibres Fédéralistes du 22 février 1892, co-rédigée avec le jeune Charles Maurras, Amouretti pouvant être considéré, à bon droit, comme "lou paire e lou redatour de la declaracioun", les deux amis se lançant donc face à l’ennemi républicain et jacobin. Face aux multiples reproches de séparatisme ou d’anarchisme, Amouretti répondait :

    "...Quelle erreur ! C’est l’unitarisme au contraire qui mène la France au séparatisme. La fusion, c'est-à-dire l’anéantissement des nationalités particulières où vivent et se distinguent les citoyens en une nationalité abstraite que l’on ne respire ni ne connaît plus, voilà l’unité. Le fédéralisme au contraire, respectant les diversités ethniques et favorisant le libre développement de chaque région, est le plus grand ennemi du séparatisme en le rendant inutile...". 

    Amouretti avait compris que seule la voie monarchique et la présence d'un Roi au sommet de l'Etat pourrait permettre cette fédération : "...Il faut rétablir les provinces, leur rendre la gestion des intérêts provinciaux, surtout en matière de travaux publics, et rétablir les assemblées provinciales avec une compétence assez étendue pour qu’elles aient des sessions fréquentes, longues, fécondes, de nature à attirer l’attention, le respect, la vue..."

    Nous renvoyons le lecteur à l'excellent Cahier de l'Herne sur Charles Maurras (voir aussi ici) dans lequel se trouve la non moins excellente communication de Frédéric Rouvillois, Maurras fédéraliste (pages 232 à 243). Le "Cahier" donne aussi, juste après, la très courte Lettre au curé de Martigues (écrite "vers 1950", soit deux ans avant sa mort...) dans laquelle Maurras dit ceci :"... Nos opinions politiques peuvent ne pas coïncider, mais, outre qu'elles sont inspirées toutes par le même désir du bien d e la France, nous nous rejoignons dans le même sentiment de patriotisme municipal : vous devez connaître assez mes idées pour savoir que, royaliste à Paris et pour les affaires nationales, je suis républicain à Martigues pour les affaires municipales et en Provence pour les affaires de la province; les Républiques sous le Roi ont toujours été ma devise. Voilà un terrain d'accord ! En tout cas, il reste toujours l'amitié que l'on peut avoir entre dignes concitoyens..."

     La monarchie Fédérale

    Le Bulletin de l'une des trois paroisses de ma petite ville m'est arrivé avec un poème provençal en l'honneur de saint Éloi, suivi d'un cantique à la gloire du même saint, en provençal toujours, suivi lui-même d'un sermon prononcé par le curé pour le jour de la Trinité, en provençal encore. À la fin du numéro, autre cantique en provençal. Le titre du Bulletin est seul en français d'oui ; encore porte-t-il une épigraphe de Mistral. Huit vers du grand poète servent aussi de devise et d'invocation aux Quatre Dauphins, la revue aixoise, qui est bilingue. Les jeunes gens de 1890 fondaient des revues cosmopolites ; elles s'appelaient, par exemple, Le Saint Graal. Ils entendaient exclure de leurs soucis et de leurs amitiés tout ce qui ne leur venait pas de Bayreuth; en 1912, au même âge, dans le même monde et la même classe, on a le cœur rempli du murmure des cloches, et des fontaines du pays natal, le tremblement de la mer natale, et nos jeunes Aixois prennent plaisir à émouvoir l'élite de Paris et des provinces en faveur des Saintes-Maries de la Mer menacées par le flot et qu'il faut endiguer à tout prix.

    Le succès est-il acquis à ces grandes causes ? Ni la langue provençale, ni l'église des Saintes ne sont encore à l'abri des dévastations; le culte du sol sacré n'est pas encore inscrit d'office dans la vie publique et privée. Mais le mouvement est lancé ; d'année en année, il avance, il fait partie de la renaissance de la Patrie. À l'esprit public indifférent ou hostile succède peu à peu une aspiration favorable assez puissante pour s'exprimer et se définir.

    Il n'est rien de meilleur. En travaillant à la reconstruction de la ville ou de la province, on travaille à reconstituer la nation. Le provençal ne fait aucun obstacle à l'épuration et à l'illustration de la langue française, et bien au contraire il y aide. Le patriotisme français nourri et rafraîchi à ses vives sources locales est peut-être un peu plus compliqué à concevoir et à régler que le patriotisme unificateur, simpliste, administratif et abstrait de la tradition révolutionnaire et napoléonienne. Mais comme il est plus fort ! Et surtout, comme il est plus sûr ! À la place d'un simple total de milliers de fiches contenues dans un carton vert, voici la plante naturelle qui boit la sève de son sol.

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  • Paris mardi 8 mars • Conférence de Jean-Philippe Delsol : « La faillite de l’Etat providence »

    Les mardis de Politique magazine

    Conférence le 8 mars 2016

    La faillite de l’Etat providence

    par Jean-Philippe Delsol
    avocat, essayiste, auteur de L’Injustice fiscale (Desclée de Brouwer)

    Rendez-vous à partir de 19h00 - Conférence à 19h30 précises
    Participation aux frais : 10 euros -  Etudiants et chômeurs : 5 euros

    Salle Messiaen
    3, rue de la Trinité  75009 Paris  Métro: La Trinité, Saint-Lazare

    Renseignements :  Politique magazine, 1, rue de Courcelles, 75008 Paris - Tél. 01 42 57 43 22

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/