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culture et histoire - Page 1241

  • [Ile de France] Cercle du 30 novembre

    Hier soir après son tractage, la section lycéenne a assuré son premier cercle sur l’Histoire de l’Action Française. Lycéens nationaliste : ta place est chez nous !

     

     

     

  • Démocratie et immigration

    Académie des sciences de la Fédération de Russie, 2 décembre 2015 à Moscou

    ♦ Conférence d’Ivan Blot, haut fonctionnaire, écrivain, conférencier, essayiste.

    Introduction : pourquoi ce sujet n’est jamais traité ? Ce sujet fait polémique car à l’exception de deux pays, il n’y a jamais de référendums sur l’immigration. En Occident, les élites sont cosmopolites et sont en désaccord avec la population attachée à l’identité nationale. Elles sont conscientes de ce désaccord, donc elles ne veulent pas aborder ce sujet.

    1/ La situation se caractérise par une immigration de masse implantée sans consultation démocratique.

    – L’immigration en Europe et en France ne correspond pas du tout aux besoins de l’économie. C’est une immigration peu qualifiée dont le coût social pèse sur les budgets publics. Le contre modèle est l’Australie qui n’accepte que des immigrés qualifiés.
    – L’intégration des immigrés européens réussit : en France, un million de Portugais se sont intégrés facilement. Mais l’intégration a massivement échoué pour deux catégories : les musulmans d’Afrique du Nord et les populations d’Afrique Noire. Elles sont culturellement déracinées, surtout les jeunes qui ont un taux de criminalité élevé. 20.000 étrangers sont incarcérés dans les prisons sur 80.000 personnes au total mais sous le mot « français » il y a énormément d’immigrés ou d’enfants d’immigrés mal intégrés. Depuis quelques années s’ajoute la menace terroriste : le Japon n’a jamais eu d’attaques terroristes islamistes mais l’immigration au Japon est presque inexistante : c’est un fait difficile à nier. C’est dans ce milieu que se recrutent les terroristes qui haïssent la société française et les tensions ethniques s’accroissent de façon préoccupante.
    – Il y a désaccord entre les politiques d’immigration laxistes ou « généreuses » et les souhaits de la population. Un sondage du 26/02/2015 montre que 69% des Français trouvent qu’il y a trop d’immigrés, soit plus des deux tiers. Or les politiciens n’en tiennent pas vraiment compte. Résultat : 59% des Français n’ont plus confiance dans la politique.
    – Les populations accueillies n’ont aucune tradition démocratique ni patriotique à l’égard de la France. On affaiblit la démocratie avec ces populations que l’école ni la société ne savent intégrer.

    2/ Les pouvoirs décisionnaires réels sont de nature oligarchique.

    – Les causes de l’immigration sont notamment dues aux décisions économiques du patronat et des passeurs. L’autre cause est l’ouverture automatique des droits à des prestations sociales, même aux illégaux.
    – L’appareil politique est dominé par les fonctionnaires et les juges, et l’opinion n’a pas droit à la décision.
    – Les médias et les idéologues imposent une attitude laxiste que l’opinion réprouve.
    – Des lobbies et certaines institutions étrangères font pression dans le sens de leurs intérêts propres ; Wikileaks a révélé que l’ambassadeur des USA en France envoyait en formation politique des dirigeants locaux musulmans de banlieues françaises pour en faire des activistes contestataires, ce qui n’est pas très « amical ».

    3/ Les décisions de politiques migratoires devraient faire l’objet de consultations populaires (référendums).

    – Le peuple vote différemment dans un référendum que dans une élection. Le choix est concret donc beaucoup plus rationnel. Il n’est pas influencé par l’argent, les médias ou les partis. La position des citoyens qui votent en fonction de leur expérience personnelle dans la vie quotidienne est très différente de celle des élites, protégées par leur statut privilégié des conséquences négatives de l’immigration dérégulée.
    – La Suisse consulte régulièrement le peuple sur les sujets concernant l’immigration. C’est ainsi qu’il a voté pour l’expulsion immédiate du territoire des criminels étrangers. Les naturalisations doivent être validées par les assemblées populaires locales. Le 9 février 2014, le peuple suisse a voté par 50,3% « la fin de l’immigration de masse » en demandant la création de quotas d’immigration et en remettant en cause la liberté de circulation en Europe des accords de Schengen. Le parlement avait rejeté cette proposition par 140 voix contre 54 et 1 abstention. On voit bien qu’ici le parlement n’était pas en phase avec le peuple.
    – Aux Etats-Unis, les référendums sur l’immigration ne peuvent pas se faire au niveau national mais au niveau des 26 Etats fédérés (sur 50) qui tolèrent la démocratie directe. La proposition 187 en Californie a été votée en 1994 et interdisait de fournir des services publics aux immigrants illégaux. Les opposants défilèrent avec des drapeaux mexicains. La Cour suprême a interdit l’application de cette loi car l’immigration est une compétence de l’Etat fédéral et non de l’Etat de Californie.: ainsi 9 juges annulaient les votes de millions d’électeurs, montrant le côté oligarchique du régime politique aux USA. Des référendums analogues se sont tenus en Arizona, Colorado, Florida, Géorgie, Illinois, Nevada, New Mexico, New York, Oklahoma ou Texas. A New York et en Illinois en Géorgie et au Texas, ce furent des lois votées par le parlement local, le référendum n’étant pas possible. Tous ces votes ont été annulés par les tribunaux et finalement par la Cour suprême.
    – Qu’est-ce que le peuple ? Ce n’est pas la somme des féodalités, c’est-à-dire des intérêts organisés. Les parlements prennent en compte surtout les intérêts organisés, et les intérêts non organisés qui sont ceux de la majorité des citoyens sont ignorés. Les sociologues parlent de « majorité silencieuse » qui n’a pas la parole. Les décisions populaires montrent que le peuple est très inquiet de l’immigration incontrôlée et se trouve en opposition avec la plupart des élites. Celles-ci raisonnent en terme d’intérêt (groupes de pression) et ignorent la dimension sentimentale du peuple attaché à son identité culturelle.

    Finalement, l’immigration se fait la plupart du temps dans des conditions non démocratiques et menace la démocratie dans la mesure où les nouveaux arrivants n’ont pas de tradition démocratique. L’immigration de masse se déroule en l’absence d’une procédure démocratique assurant que les citoyens sont bien d’accord avec elle. Le remède pourrait consister dans l’introduction du référendum d’initiative populaire et le modèle suisse mérite à ces égards une attention approfondie.

    Conférence d’Ivan Blot2/12/2015

    http://www.polemia.com/democratie-et-immigration/

  • Le rôle croissant des diasporas dans la globalisation

    Le thème de la fuite des cerveaux avait été lan­cé par la Grande-Bretagne dans les années 70 lorsque nom­bre de britanniques furent atti­rés aux États-Unis. Les nouvelles technologies ont relancé la que­stion en des termes compa­ra­bles alors que nombre de pays ont pris cons­cience du phénomène et pro­posent des moda­li­tés spécifiques pour conserver un lien avec leurs scientifiques et techniciens de haut ni­veau. Un livre récent (1) expose certaines ex­pé­rien­ces et nous facilite l’appréciation des con­­sé­quen­ces.

    Le Japon : une expérience de pionnier

    L’Ère Meiji, entre 1868 et 1912, se caractérisa par l’en­voi de nombreux étudiants japonais en “Oc­ci­dent”. Ils étaient organisés afin de re­trans­mettre à leur pays les connaissances scien­­tifiques et techni­ques auxquelles ils a­vaient accès. Aujourd’hui il en va de même mais, en sens inverse, le Japon freine l’accueil des scientifiques, chercheurs, enseignants des au­tres parties du monde. Il les considère com­me un risque pour la cohésion du peuple. Leur po­litique se résumerait ainsi : on importe les i­dées et les techniques mais non les hommes et les produits.

    Les PVD : l’expatriation est une opportunité

    L’Inde a donné l’exemple à tous les pays en dé­­velop­pement. Les élites installées à l’étran­ger transfèrent des devises dans leur pays d’o­ri­gine, constituent des groupes de pression dis­posés à défendre les intérêts de leur pays, for­ment une réserve de compétences dans la­quel­le puiser en cas de besoin. On débouche ain­si sur le modèle de la Diaspora.

    Les pays anglo-saxons : puiser selon ses besoins

    Depuis 1968, les USA pratiquent une sélection fé­ro­ce des accueils. Aujourd’hui, 80% des cher­­cheurs qui y travaillent sont d’origine é­tran­gère. Parallèle­ment, cette politique a dé­cou­ragé les autochtones d’en­treprendre des car­rières scientifiques. Depuis dix ans, quel­ques journalistes américains se demandent de temps à autre ce qu’il adviendrait des USA si les savants asiatiques retournaient massi­ve­ment dans leurs pays respectifs puisqu’on ob­ser­ve un reflux ré­gu­lier.

    Circulation des compétences

    En s’appuyant sur l’exemple des pays asiati­ques com­me la Corée du Sud, on peut affirmer que le re­tour vers le pays d’origine est lié au de­gré de dé­veloppement de celui-ci. Dans un pays qui se dé­veloppe régulièrement, les é­carts absolus de niveau de vie entre l’Occident et ce pays se réduisent et des opportunités pro­­fessionnelles apparaissent. Le retour en est fa­cilité. L’exemple chinois est comparable. A­lors qu’une certaine propagande affirme que les sa­vants quittent le pays pour des raisons de libertés politiques, les enquêtes menées au­près des savants chinois en fonction aux USA mon­trent qu’ils revien­draient en Chine si l’ou­ver­ture scientifique du pays, sa croissance éco­no­mique et sa stabilité politique étaient as­surées.

    Les conditions technologiques de ce siècle fa­vo­risent la communication et la collaboration scien­tifiques en­tre personnes situées à de gran­­des distances. Les liens sont possibles en­tre savants et chercheurs ex­patriés ou non. Le modèle des diasporas prend for­me désormais.

    Le processus d’enregistrement, de mobilisa­tion, d’or­ganisation et de connexion des sa­vants expatriés avec leurs pays d’origine a pris une tournure systé­matique. Il faut cependant que les pays aient atteint un certain niveau de développement socio-écono­mique pour que les chercheurs et savants accom­plis­sent des aller-retour entre pays d’origine et pays de des­ti­na­tion.

    L’avenir radieux des diasporas

    ◊ 1 – Les établissements d’enseignement des pays anglo-saxons, Royaume-Uni, Australie, É­tats-Unis, Ca­nada, font payer la scolarité aux étu­diants étran­gers. L’offre d’enseignement se di­versifie et s’amé­liore en fonction des deman­des exigeantes des con­sommateurs d’études. Ce choix entretient la dy­na­mi­que des établis­se­ments et des flux d’étudiants. Il est pré­vi­si­ble que les pays qui, comme la France, ac­cueil­lent gratuitement les étudiants étrangers, ainsi subventionnés par les autochtones, s’é­pui­seront éco­nomiquement dans cette politi­que. À moins qu’une volonté subversive ne soit à l’œuvre, elle sera mo­difiée.

    ◊ 2 – L’émergence et le développement des ré­seaux diasporiques concerne aujourd’hui de mul­tiples pays. Deux grandes “civilisations” se sont attachées à gé­rer leurs diasporas : la Chi­ne et l’Inde. Ce phéno­mène évolue en relation avec la mondialisation des échanges et les mo­yens modernes de commu­nication. Ces diaspo­ras peu à peu se superposent aux réseaux d’in­térêts traditionnels et aux relations étati­ques. Ces réseaux diasporés vont acquérir un pou­­voir de plus en plus grand.

    Il est prévisible qu’une superposition des dias­po­ras aux activités économiques orientera l’é­conomie vers une globalisation systéma­tique, gage de leur réus­si­te et de leur domination. Le pouvoir politique des É­tats et le pouvoir écono­mique influencé par des dia­sporas se décon­nec­teront de plus en plus. Le pouvoir écono­mi­que privé prendra en charge de plus en plus sou­vent la science et la technique. Les empires pri­vés vont dominer les prochaines décennies.

    ► Jean Dessalle, Nouvelles de Synergies Européennes n°55-56, 2002.

    • Note :

    1. Anne Marie & Jacques Gaillard : Les enjeux des migrations scienti­fi­ques inter­na­­tionales : De la quête du sa­voir à la cir­cula­tion des compétences, L’Har­mattan, 233 p., 1999.

    http://www.archiveseroe.eu/recent/39

  • Le Jeu du prince

    Avertissement : Cet article est paru dans Le Lien Légitimiste n° 65 de septembre-octobre 2015 (page 5), dans la rubrique Les Libres Propos de Catoneo. Comme le signale l'intitulé de la rubrique, ces propos peuvent se démarquer de la ligne éditoriale du journal mais pas toujours. A la relecture, ce billet m'est apparu théseux, limite emmerdant au sens où l'entendait Hubert Beuve-Méry. Il entre en archives Royal-Artillerie avec les quatre autres déjà publiés sur le même thème¹ sur votre blogue préféré.

    Le jeu du prince se joue chez les royalistes et uniquement chez eux, les autres ne le connaissent pas, enfin, quelques-uns quand même peuvent nous surprendre à regretter la disparition du chef inaliénable de la Nation (sacré monsieur Macron, il leur a flanqué une belle frousse), mais généralement on ignore qu'il puisse s'agir d'un jeu. Celui-ci a de particulier qu'il se joue en solitaire et que son adversaire est l'avenir. Il se présente comme un échiquier sur lequel, au milieu de tous les autres, un pion est impossible à déplacer, le roi justement et il n'y a qu'une pièce du roi. Le reste est fait de tours, de chevaux, de soldats et de fous diagonaux. Chacun se reconnaîtra. Jouer contre l'avenir revient à jouer contre qui le gouverne, et quoi plus sûrement ne le fait que les lois. Les lois règnent sur l'avenir ; les rites et les règles sur le passé. Enfermé dans les Lois fondamentales du royaume, le roi du jeu n'a aucune liberté de mouvement au plan des principes qui commandent le choix qu'en firent les sages. Il ne saurait fuir, on ne peut l'inter-changer, l'escamoter au profit d'un choix plus commode, adapté aux temps, une figure plus aimable, plus capable, plus consensuelle, non ! C'est un roi dicté. Comme on le dirait chez les gueux : il faut faire avec !
    Les lois peuvent aussi ruiner l'avenir comme la Providence s'y essaie parfois. Que l'on se remémore la fin de l'Ancien régime et nous verrons qu'Elle préempta le meilleur pour laisser aux lois les trois autres, lois qui tranchèrent en faveur du plus faible comme si elles avaient souhaité que tout cela cesse ! Mais accuser les lois fondamentales d'aveuglement est une grande dispute que nous commencerons quand nous aurons terminé d'autres querelles qui minent le royalisme. Prenons-les pour le moment comme elles sont, fondamentales et sacrées.
    Le retour d'une monarchie sur les terres du vieux royaume disparu convoque bien plus de qualités chez l'impétrant désigné que n'en montrera jamais aucun honnête homme. Caractère trempé dans un tempérament d'exception, une éducation poussée, une formation spéciale à l'emploi futur sont indispensables. N'est pas roi qui veut, on l'oublie trop souvent, et dans les sphères dynastiques plus qu'ailleurs. S'il est impossible de déplacer ou de retirer le pion roi du jeu, gagner la partie revient à déplacer une grande part des responsabilités nées d'une restauration sur ses épaules. Dans le costume à la bonne taille, exprimant toutes les qualités de sa gouvernance, le prince régnant prendra toute la gloire des succès ; insuffisamment formé, trop dilettante voire sous-calibré dans la fonction, il demeurera le premier responsable d'une restauration échouée (pour la quatrième fois !). Vu d'où revient la France après deux siècles de chaos, on s'accorde à juger que les deux premiers titulaires d'une monarchie revenue doivent être irréprochables dans tous les compartiments du jeu, la compensation d'un défaut dirimant par le secours d'un Conseil privé exceptionnellement efficace ne pouvant intervenir qu'à compter du troisième.
    Alors il faut au prince se former à l'emploi et accepter le souci permanent d'éduquer sa progéniture à succéder, ce qui n'est pas particulièrement excitant dans une période préparatoire dont on ignore la durée qui peut être très longue. On souhaite pour ses enfants le bonheur et l'insouciance comme chez tout le monde, alors qu'on n'est plus tout le monde. A l'éducation heureuse il faut substituer le dressage. Ceux qui se disent héritiers des Quarante Rois ou ne consentent qu'à n'être seraient bien inspirés de jauger les prémices d'une usurpation par défaut de niveau et de mesurer les efforts supplémentaires pour y atteindre.

    Le dernier roi de France "sur-cultivé" fut le duc de Berry qui n'était pas particulièrement taillé pour le poste. Nous le disions plus haut. Bien que son précepteur, monsieur le duc de La Vauguyon, l'ait poussé en histoire, géographie, mathématiques, sciences, droit public, latin, grec, anglais, italien, allemand et escrime, sa pensée politique restera influencée par Fénelon à la demande de son père, et par les Lumières, la plus sûre façon de ruiner la charpente féodale qui tenait tout l'édifice. Ce bon roi Louis XVI, cultivé plus qu'aucun prince de son époque, n'était pas formé au métier de roi ; Choiseul du fond de son exil s'en désolera. Alors s'il faut assimiler les bases communes et engranger les connaissances les plus étendues comme tous les enfants de l'establishment, il sied quand on est prince d'apprendre en plus celles du gouvernement des hommes. Et ces matières sont des spécialités qui ne s'enseignent ni à l'université ni dans les écoles d'administration, mais dans le monde réel. C'est en ce sens que l'on promeut la supériorité de la monarchie qui tient son avantage de l'éducation précoce des princes à la fonction au sein de leur famille. C'est indéniablement spécial. Cet apprentissage particulier a aussi l'avantage de conférer progressivement une certaine autorité naturelle à l'élève qui se démarque de ses camarades d'étude quand il comprend le chemin d'exception sur lequel il avance.
    On peut citer quelques unes de ces spécialités : les finances internationales immergées brassent soixante-dix trillions de dollars par an et les produits dérivés dix fois plus, ce qui fait presque dix fois le PIB mondial ; on ne peut bouder ces réalités. Il faut en suivre l'impact économique, à défaut de ne pouvoir toujours le précéder. Les infra-stratégies des grandes puissances ne sont pas contenues dans les déclarations et programmes des gouvernements éphémères, ce sont des tendances de fond ; un prince ne peut les ignorer car tous les pays sont aujourd'hui interdépendants et les axes de plus grand effort des puissances sont rarement parallèles. Savoir sous quel angle les unes et les autres croiseront-elles le nôtre est primordial. Les marchés de denrées et matières premières règnent sur les conditions de vie des pays producteurs et touchent des milliards de gens, c'est une activité primordiale dans la globalisation capable de grands désordres, ses mécanismes doivent être maîtrisés pour en anticiper les effets, trop souvent nocifs. Il est d'autres domaines que l'on peut classer comme spécialités dans la formation au gouvernement des hommes, droit public international, géopolitique environnementale, gestion des démocraties ouvertes...
    Il n'est pas question ici de devenir expert dans ces choses supérieures, si l'on se souvient que l'expertise bouchent souvent la vision latérale par l'inclination naturelle à l'orgueil du savoir, mais on ne peut plus régner de nos jours sans être capable d'analyse des changements de son immédiat stratégique. Un chef d'Etat moderne ne peut plus déléguer le choix de ses orientations politiques à l'exégèse de ses conseillers. La décision est à prendre à la fin de l'exposé.
    Roi n'est pas une sinécure, et Louis XVI s'en plaignait quand dans son testament il interpellait son fils qui pourrait avoir le "malheur de devenir roi". Le seul apaisement est que nul n'y est contraint. L'op-out préalable, l'abdication existent. Prince n'est pas facile non plus, généralement certes, mais plus encore en situation d'accéder. Tant que les difficultés de la charge sont éloignées, les candidats se déclarent, pensant peut-être à une "rente" de situation en devenir et l'accès au balcon des acclamations, mais dans le tumulte probable de la restauration ils seront peu nombreux à briguer le poste jusqu'au bout, jusqu'à ce qu'il n'en reste qu'un. Comme nous l'avons souvent dit sur Royal-Artillerie, nous le reconnaîtrons, le dernier debout à Paris au milieu des ruines fumantes de la démagogie écrasée sous le poids de ses mensonges et de son impécuniosité. Nul autre ne sera avant lui le premier à Reims à attendre l'onction car rien ne tombera du Ciel. Il faudra, messeigneurs, se construire à l'emploi pour se battre. Exercice passionnant quand on a de la marge.


    Le Lien Légitimiste
    2 Le Petit-Prix
    37240 La Chapelle Blanche Saint Martin

    (bimestriel exclusivement sur abonnement 30 €, service électronique à 10 €)
    (1) Quatre billets ont paru sur ce thème :
    - De l'Éducation des rois le 14.11.2008
    - Du bon sens capétien le 7.02.2012
    - Le Pentagone du prince le 7.09.2015
    - Spécialités du pentagone du prince du 5.10.2015

    http://royalartillerie.blogspot.fr/

  • Forum de la Dissidence - La dissidence sur les valeurs

  • Politique et massification

    La définition d'une stratégie de défense pertinente suppose de bien connaître son ennemi pour en découvrir les points forts, à contourner, et les points de vulnérabilité, à attaquer. A cette fin, reprendre à notre compte les théories de la "gestion des risques", dont l'application permet de déceler les faiblesses ainsi que les saillances de tout système. Et pour commencer, décrire le théâtre des opérations, le plus précisément possible, avant d'agir. 
         Du général au particulier, l'état des lieux semble devoir commencer par le constat suivant : dans le contexte des sociétés de masse, la politique est toujours plus ou moins une activité de contrôle social exercé par des minorités dominantes sur des majorités dominées. Nulle raison de s'en réjouir, mais il semble bien qu'au-delà d'un certain seuil démographique, l'idéal politique de démocratie directe, participative et autogestionnaire doive céder sa place au système de la représentation, avec tous les phénomènes de confiscation élitaire du pouvoir qui lui sont consubstantiels. La nature de ce contrôle social des masses, depuis longtemps synonyme de la pratique politique concrète, a néanmoins subi de profondes mutations au fil du temps, notamment au XXe siècle. En effet, à partir des années vingt, l'étude scientifique du comportement humain a commencé de prendre la place de la religion comme fondement de cette pratique politique. Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, le conseiller du Prince ne débattait plus d'idées à une tribune ou dans un livre, mais s'occupait de stimuli-réponses dans un laboratoire. Ce changement de méthode a donné naissance ou s'est consolidé grâce à de nouvelles disciplines telles que le marketing, le management, la cybernétique, que l'on regroupe sous le terme de sciences de la gestion, et qui sont donc devenues les nouveaux instruments de la pratique politique et du contrôle social. Ainsi, d'une activité d'inculcation d'un système de valeurs - une loi, divine ou républicaine -, la politique s'est déplacée vers les questions purement techniques d'ingénierie des comportements et d'optimisation de la gestion des groupes. Grâce à ces nouveaux outils, les élites politiques des pays industrialisés ont pu faire l'économie de toute forme d'axiologie, de discussion sur les valeurs, les idées, le sens et les principes, pour ne se consacrer qu'à une technologie organisationnelle des populations.
         En l'espace de quelques décennies, les pays développés sont donc passés d'une contrôle social fondé sur le langage, l'interlocution, la convocation linguistique de l'humain et l'activation de ses fonctions de symbolisation, à un contrôle social reposant sur la programmation comportementale des masses au moyen de la manipulation des émotions et de la contrainte physique. Et sous cette impulsion, comme le remarque Bernard Stiegler, les sociétés humaines sont en train de passer d'un surmoi automatisé, la contrainte technologique pure, après une transition par une sorte de "surmoi émotionnel" émanant du Spectacle.
         Autrement dit, la politique qui était jadis l'art de réguler les contradictions d'un groupe par inculcation chez ses membres d'une Loi commune, une grammaire sociale structurante et permettant l'échange au-delà des désaccords, la politique est devenue aujourd'hui l'art d'automatiser les comportements sans discussion. La fonction symbolique, c'est-à-dire la capacité de rationalisation des émotions et d'articulation dialectique de leurs contradictions dans un discours partagé, la capacité à continuer de se parler alors que nous ne sommes pas d'accord, clé de voûte de l'élaboration du sens commun d'un groupe organisé et du tissage du lien social, est directement attaquée par cette mutation. Si le sujet humain est bien un "sujet parlant" comme l'indique la psychanalyse, un être de Verbe, de Parole, de dialectique, donc aussi de polémique, alors on peut dire queces nouveaux instruments de la pratique politique permettent de faire tout simplement l'économie de la subjectivité et de réduire un groupe de sujets à un ensemble d'objets.
    Gouverner par le chaos