par Aleksandr Lavrov
Il est difficile actuellement de vivre en France, de s’intéresser à l’histoire, à plus forte raison d’être historien, et d’ignorer complètement le débat sur l’esclavage. Pour les uns, la traite coloniale, et surtout la traite transatlantique, n’est plus seulement un objet entre autres de la recherche : elle est revendiquée comme repère d’identité et objet de mémoire par les descendants des déportés. Pour les autres, en majorité des historiens, le phénomène de l’esclavage colonial, organisé par les Européens, doit être mis en parallèle avec d’autres phénomènes des Temps modernes. C’est ce que tente de faire le livre de l’historien américain Robert C. Davis, qui porte sur l’esclavage des Européens dans les pays du Maghreb aux XVIe-XVIIIe siècles. L’auteur, qui n’est pas toujours assez critique à l’égard de ses sources, essaie de montrer qu’il s’agissait d’un groupe de plusieurs dizaines de milliers d’esclaves. Il est intéressant de remarquer que cette dernière étude fut tout de suite traduite en France.1