Dans l’histoire française des idées politiques, le bonapartisme demeure, malgré des recherches fructueuses, une doctrine non identifiée. Pour René Rémond, il établit une tradition autoritaire et protestataire dont les manifestations ultérieures seront tour à tour le boulangisme, l’anti-dreyfusisme, l’Action française, les Ligues des années trente, le régime de Vichy, le poujadisme et le Front national. Par simplification et généralisation abusive, on peut même jusqu’à lui attribuer une responsabilité dans la naissance du fascisme, surtout si l’on postule, à la suite de Zeev Sternhell, que la droite révolutionnaire française en est l’amorce.
Dans sa biographie récente sur Napoléon III, le spécialiste universitaire français du fascisme italien, Pierre Milza, explique au lecteur qu’« il est tentant de comparer l’Empire autoritaire et le régime mussolinien : surtout pour qui [...] a longuement étudié le second et s’intéresse aux antécédents du fascisme (1) ». Le bonapartisme serait-il par conséquent l’ancêtre du populisme, de l’extrême droite, voire du fascisme ? Il importe au préalable de définir le bonapartisme.