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culture et histoire - Page 1416

  • Charles Maurras et ses héritiers sur France Culture

    Charles Maurras et ses héritiers

    Invité(s) : Olivier Dard, professeur d’histoire contemporaine à l’université Paris Sorbonne, spécialiste d’histoire politique François Huguenin, historien des idées et essayiste français

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Charles-Maurras-et-ses-heritiers,8541

  • Un jour, un texte ! Sully, la guerre, un grand serviteur de l’Etat par Henri POURRAT (10)

    « La civilisation française, héritière de la civilisation hellénique, a travaillé pendant des siècles pour former des hommes libres, c'est-à-dire pleinement responsables de leurs actes: la France refuse d'entrer dans le Paradis des Robots. » Georges Bernanos, La France contre les robots.

    Notre premier ministre a déclaré que la France est en guerre. Mais l'ennemi est chez nous, au sein même de la population française. Il ne s'agit plus d'envoyer des professionnels, formés et aguerris combattre loin de nos terres, mais de se battre contre un ennemi sournois et impitoyable, qui use pour ses attaques de toutes nos libertés et des droits des citoyens français. Avant de faire une telle déclaration, encore eût-il fallu cultiver au sein du peuple français les valeurs qui font la force morale des nations. Cette nouvelle rubrique a pour objet de proposer des textes pour aider tout un chacun à réfléchir sur des sujets précis et si possible, d'actualité, aujourd'hui : la guerre, un grand serviteur de l'Etat par Henri POURRAT (10)

    (Sully, ministre d'Henri IV)

    « Plusieurs personnages déjà arrivés se tiennent là, adossés aux murailles sans parler entre eux, et sans que le Roi leur parle. Il n'a pas plutôt vu entrer Sully qu'il s'avance vers la porte. Selon sa coutume, il pose une de ses mains sur celle de Sully et, la lui serrant : Ha, ha, mon ami, s'écrie-t-il, sur le ton de la plainte, quel malheur, Amiens est pris ! – Comment pris, Sire ? Ha ha ? Vrai Dieu, qui l'a pris ? – Les Espagnols s'en sont saisis par la porte, en plein jour…

    Et le Roi raconte que les habitants, qui n'ont pas voulu qu'il les garde en leur donnant une garnison, n'ont pas su se garder eux-mêmes. Des soldats espagnols déguisés en paysans ont amené une charrette sous la herse, ouvert un sac de noix, et tandis que les bourgeois du corps de garde s'occupaient à ramasser les noix, les faux paysans ont fait main basse sur eux et se sont emparés de la porte.

    Sully redemande si c'est vrai, si Amiens est bien pris. – Ce n'est que trop vrai, mais quel remède y savez-vous ? – Je n'en sais point d'autre que de le reprendre. – Mais comment et par quel moyen ?

    - A quelque prix que ce soit, dit Sully, il faut le reprendre. C'est une affaire faite : ni blâmes ni plaintes n'y apporteront de remède. Le remède, nous l'espérons de votre brave courage et de votre bonne fortune. Je vous ai vu pourchasser des choses plus difficiles. Vivez seulement, portez-vous bien, ne vous mélancoliez point, mettez les mains à l'œuvre, et ne parlons tous, ni ne pensons, qu'à reprendre Amiens.

    Le Roi ne voulait pas estimer, comme certains, que le désastre fût irrémédiable. Mais il se demandait comment dénicher bientôt les Espagnols d'une ville si forte et si bien munie ? Il y avait dans Amiens vingt-cinq canons, les équipages, les munitions, les vivres, deux cents mille écus ! Tout ce qu'on avait amassé avec tant de soin et de peines…

    - Oui, Sire, et les Espagnols y mettront deux ou trois bons chefs, pour succéder les uns aux autres, s'il le faut, et quantité de bons soldats. Néanmoins il faut s'affermir. Voire s'opiniâtrer d'autant plus que les difficultés paraissent grandes. Si tout ce qu'il y a de bons Français veut s'évertuer et y contribuer selon son courage et ses moyens, on aura bientôt recouvré des hommes, de l'argent, de l'artillerie, des munitions, de quoi reprendre Amiens et peut-être faire encore quelque chose de mieux.

    Un homme, un vrai redressé, un de ceux que les désastres renforcent au lieu de les abattre. Le Roi fut obligé de lui dire de n'aller pas si vite, que le seul siège d'Amiens allait donner assez d'ouvrage : Par votre foi, croyez-vous que ce soit si facile que vous le faites, ou, si vous le dites pour relever les courages d'un chacun ? Car, pour vous dire ce que j'en pense, je le tiens un peu plus difficile.

    - Oui, Sire, dit Sully, je crois certainement tout ce que j'ai proposé. Mais les choses nécessaires pour cet effet ne se trouveront pas dans votre cabinet, ni par les plaintes des uns, ni par les blâmes des autres. Je n'ai donc plus que faire ici. Permettez que j'aille en mon logis, chercher argent parmi mes papiers. Car il en faut avoir, n'en fût-il point, étant raisonnable de n'épargner personne, puisque tous les gens de bien et vrais Français ont intérêt de ne laisser pas ainsi une telle tanière d'ennemis irréconciliables si proche de la capitale du royaume, et vaut mieux, comme l'on dit en commun proverbe, pays ruiné que pays perdu.

    On le voit dans cette nuit de désarroi au Louvre, où le vent d'hiver sifflant par les joints des fenêtres fait vaciller les flammes des chandelles au milieu de tout ce noir. Il est là, lui, avec sous son grand front dégarni déjà, ses yeux qui flambent. Le voilà avec ses papiers de ministre, et ses proverbes de gentilhomme champêtre. Tout en feu de colère, d'opiniâtreté, de terrible zèle. Il va se battre contre les chiffres et les difficultés, contre la veulerie des uns, la lâcheté ou même le mauvais vouloir des autres. Comme un sanglier acculé, il bousculera tout. Il va faire travailler son cerveau et le jeter contre un monde d'embarras et de calamités. De ses idées et de ses additions, toutes grondantes sous son crâne, il fera sortir des canons, des sacs d'écus et des régiments. Il poussera tout cela vers le Roi pour que, de tous ces moyens, le Roi leur refasse une belle France. »

    Henri POURRAT

    Extrait de : « Sully et sa grande passion »

    Ed. Flammarion – 1942

    Lois Spalwer http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Monclar, un héros de légende

    « Héros légendaire, guerrier tel qu’on en a connu seulement dans les récits populaires ou sur les images d’Épinal, un héros fait pour le baroud et pour la gloire. » Ainsi les journalistes annonçaient-ils la disparition de l’officier le plus décoré de France, à une époque où tout le monde connaissait le général Monclar (1892-1964), de son vrai nom Raoul Charles Magrin-Vernerey. Héros national, chevalier d’un autre temps qui guerroya partout, tout en restant libre des partis politiques. Raison pour laquelle il disparut de l’Histoire de France.

    Entré à Saint-Cyr en 1912, il en sort en 1914 avec la promotion de Montmirail, et le grade de sous-lieutenant. Le 5 août, il rejoint le 60e régiment d'infanterie et termine la guerre avec le grade de capitaine. Il est alors chevalier de la Légion d'honneur, titulaire de 11 citations, blessé sept fois et réformé avec une invalidité de 90 % : cuisse fracturée par balle, bras droit brisé par l'explosion d'une grenade, deux blessures à la tête imposant deux trépanations, les yeux brûlés par des gaz.

    Appelé par les poilus l’As des As, cet officier guerroya toute sa vie, du Maroc au Levant en passant par la victoire de Narvik en 1940, l’Asie et son célèbre bataillon de Corée qui impressionna les forces américaines. Dans ce livre, le lecteur revit le corps à corps des tranchées, les campagnes africaine et tonkinoise du Légionnaire et la seule victoire de 40, jusqu’à l’épopée coréenne.

    A partir d’archives inédites, qui font de cet ouvrage un livre quasiment autobiographique, sa fille relate la vie de ce soldat chrétien, stratège, génie militaire, meneur d’hommes vénéré de ses soldats qu’il aimait comme ses enfants. Ce soldat, qui n'a jamais connu la défaite, écrivait :

    "Le neutralisme ? Mais il n'existe pas. Ceux qui refuseraient de résister devraient demain se battre sous l'uniforme d'une armée populaire. Les Européens n'ont plus à choisir qu'entre se battre et se rendre. Le désarmement ? A partir du moment où il y a armement, aucun contrôle n'est possible. Il n'y a qu'une seule solution possible : s'unir et être prêts. Croyez un homme qui toute sa vie n'a songé qu'à la paix en faisant la guerre et qui, de toutes ses forces ne veut plus jamais "voir ça" [...] L'Europe est menacée de mort spirituelle puisqu'elle perd ses élites. La guerre tue les élites alors qu'elle maintient à l'arrière les pleutres., les resquilleurs, les faux pacifistes, et que chaque retour à la paix marque leur triomphe et la fatigue de la foule dont les oreilles ont été rebattues par les histoires des gens qui se sont battus. Autrement dit, l'élite qui vainc sa peur est tuée par la masse qui tire en aveugle".

    Michel Janva http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • "Rehfram" 2015 : la responsabilité des francs-maçons dans le naufrage africain

    Plusieurs centaines de francs-maçons africains, européens et caribéens ont rallié Lomé, la capitale du Togo,  pour les 23e Rencontres humanistes et fraternelles africaines et malgaches (Rehfram), du 6 au 7 février. Les "fils de la lumière" du continent africain se sont réunis pour travailler sur le thème : « Tomber, ce n’est pas un échec ; l’échec, c’est de rester là où on est tombé. » Sans doute pour répondre à une accusation de plus en plus fréquemment entendue qui met en parallèle le développement raté de la majeure partie des Etats africains depuis la décolonisation avec le fait que ceux qui ont pris en main ce développement sont à la fois des hommes d'affaires, des politiques et... des francs-maçons.

    La franc-maçonnerie en Afrique plonge ses racines dans la colonisation elle-même, initiée par des "frères" européens, qui ont eux-mêmes initié leurs "frères" africains : aujourd'hui encore, la majeure partie des hauts dignitaires africains de l'Afrique francophone se rattachent à des loges françaises, ainsi qu'en témoignent les francs-maçons africains interrogés dans cette émission très intéressante de 2012  sur RFI (La 2e partie surtout).

    Cinquante ans et plus d'indépendance montrent un continent africain dans un état de délabrement évident, où la "corruption" se retrouve à tous les étages, où la masse de la population est maintenue dans une demi servitude par une pauvreté endémique sous apparence démocratique, pendant que les élites politiques et économiques masquent un train de vie surréaliste en regard de la pauvreté ambiante,  derrière d'ostentatoires déclarations d'amour à des peuples qu'au fond elles méprisent et exploitent.

    Ces élites, chefs d'Etats (bien qu'ils s'en défendent en général), ministres, hauts fonctionnaires, chefs d'entreprise et militaires, gens de presse et de lettres, appartiennent tous peu ou prou à des réseaux d'initiés qui naviguent entre franc-maçonnerie et réseaux mafieux (on pense notamment aux réseaux Foccart et Pasqua, qui "mouillent" des décideurs des deux continents, tant Français qu'Africains). Cet état de fait est toujours d'actualité.

    Une timide mais rapide émergence d'une classe moyenne dans la plupart des pays d'Afrique francophone est intimement liée à la franc-maçonnerie, qui connaît un regain d'intérêt au sein de populations culturellement portées vers tout ce qui est occulte. Là encore, l'Eglise catholique à travers ses évêques et ses prêtres crient dans le désert : de plus en plus de catholiques estiment, contrairement à l'enseignement de l'Eglise, que foi et franc-maçonnerie peuvent cohabiter. Les églises évangéliques, qui ne tiennent pas du tout le même langage, attirent du coup beaucoup de monde, même en France, car les moyens dont elles disposent (une église évangélique rapporterait "plus qu'une boîte de nuit") sont aux yeux des gens simples le gage de la réussite, malgré les mises en garde réitérées à l'égard des faux-prophètes.

    Pour en revenir aux Rehfram, cet article de 2011 qui traite de celles de cette année-là à Cotonou (Bénin), montre à quel point ces rassemblements occultes attirent à l'insu des populations concernées tous les décideurs du continent. Les journalistes venus enquêter sont refoulés et les photos interdites. Ce qui se dit dans ces réunions très cachées des "fils de la veuve" du continent noir est à mettre sans aucun doute en parallèle avec les réunions du très sélectif "Siècle" sur le sol français (voir l'enquête d'Emmanuel Ratier "Au coeur du pouvoir"). Dans les deux cas, il s'agit sans aucun doute de décider du sort de populations ignorantes de ce qui les attend, au profit d'une poignée d'initiés.

    Quand on entend dire, ce qui appartient d'ailleurs à la "doxa" des pseudo - intellectuels, que c'est la colonisation qui est à l'origine des malheurs actuels de l'Afrique, ce n'est pas tout-à-fait faux. On oublie juste d'ajouter le terme "franc-maçonne" au terme "colonisation". Et la colonisation se poursuit encore aujourd'hui, par ceux-là même qui la dénoncent : les francs-maçons africains. Le jour où leur responsabilité sera ouvertement et publiquement établie et dénoncée comme étant le frein majeur dans le non- développement de leurs pays respectifs, ce jour-là sera un grand jour.

    Marie Bethanie http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Une vague de démolition d'églises menace le patrimoine

    C'est, en entrant dans la nef, le silence saisissant d'un patrimoine menacé : l'église de Sainte-Gemmes-d'Andigné (Maine-et-Loire) résiste à une vague de démolitions lancées par des maires - cinq déjà détruites à travers la France depuis le début de l'année. "Toute la nef devrait disparaître", dit à l'AFP Benoît Patier, 51 ans, président de l'Association de sauvegarde de l'église Sainte-Gemmes-d'Andigné, montrant l'imposante nef de quatre travées promise à la destruction. 
    Le maire, Jean-Claude Taulnay, qui n'a pas souhaité être interviewé, veut détruire cette nef bâtie il y a 148 ans en tuffeau, pierre de taille tendre de la région, et la remplacer par un bâtiment circulaire en béton coiffé d'un toit en zinc. Il estime toute restauration trop onéreuse pour ce village de 1 500 habitants. "Restaurer l'église coûterait entre 1,2 et 1,5 million d'euros", explique M. Patier, citant des devis de cabinets indépendants. "Le projet du maire coûte 2,7 millions d'euros : garder l'église coûterait deux fois moins cher." "On ne comprend pas", dit Christian Boullais, 72 ans, vice-président de l'association. 
    45 000 églises en France 
    La maquette, présentée à la mairie, montre une structure moderne accolée à l'ancien clocher. Mais, conscient de la qualité de l'église, l'État a réagi : une instance de classement a été entamée, gelant toute démolition pendant un an."Le maire nous menace maintenant d'un procès", dit à l'AFP la chef du patrimoine au ministère de la Culture, Isabelle Maréchal. L'État fait néanmoins valoir qu'il ne peut tout classer. Il y a en France 45 000 églises paroissiales, dont 35 % bâties au XIXe siècle, dans leur immense majorité non classées. "Des maires tirent à tort la conclusion qu'ils peuvent démolir", explique Isabelle Maréchal. Or, depuis la loi de séparation de l'Église et de l'État, en 1905, l'entretien des bâtiments revient aux communes. 
    Ces dernières soulignent qu'elles n'en ont parfois plus les moyens et que seulement 4,5 % des Français vont à l'église le dimanche, la pratique religieuse étant en forte baisse en France depuis les années 1970. De leur côté, les évêques veulent éviter tout affrontement. "Ils ferment les yeux sur le patrimoine pour acheter une forme de paix sociale", dit à l'AFP Maxime Cumenel, de l'Observatoire du patrimoine religieux. 
    Le Maine-et-Loire en première ligne 
    L'évêque d'Angers, Mgr Emmanuel Delmas, est l'un des plus décriés : son diocèse, où Saint-Aubin-du-Pavoil (1864) et Saint-Pierre-aux-Liens de Gesté (1862) viennent d'être détruites, est le plus touché par la vague des démolitions. 
    Mais le phénomène concerne toute la France : viennent d'être démolies les églises de Saint-Blaise-du-Breuil (Allier), en Auvergne, Saint-Pie-X dans l'Hérault, Saint-Jacques-d'Abbeville (Somme) en Picardie. Également menacées, les églises de Plounérin (Côtes-d'Armor), en Bretagne, et Lumbres (Pas-de-Calais) ont été sauvées. À Arc-Sur-Tille (Côte d'Or), en Bourgogne, le maire a perdu les élections à cause de son projet de démolition. 
    "Un village dont l'église a été détruite est défiguré" 
    C'est l'image d'Épinal des villages français qui est menacée, selon les défenseurs du patrimoine. "Un village dont l'église a été détruite est défiguré", estime Jean-Louis Hannebert, de la Société pour la protection des paysages et de l'esthétique de la France. Une image tellement symbolique de la France profonde que François Mitterrand, au grand dam de certains laïcs, l'avait choisie pour illustrer son slogan victorieux de 1981, "La force tranquille". 
    Pour les protéger, "l'outil le plus adapté est l'Aire de valorisation de l'architecture et du patrimoine (AVAP)", précise Isabelle Maréchal. C'est aux régions et aux communes de mettre en œuvre cette protection, souligne-t-elle. 
    De la petite route qui mène à Saint-Aubin-du Pavoil, on voyait apparaître le fier clocher du village. Il a été, en janvier, le premier à tomber. Rasé comme à la Révolution, lorsque cette ville fut punie pour avoir hissé le drapeau blanc de la royauté. "Ça fait un vide considérable", déplore Michel de Vitton, 69 ans, dont l'épouse avait pris la tête de l'association de sauvegarde. À la place de l'autel, on peut voir un minuscule espace derrière une baie vitrée, sous un toit en zinc : Il tient désormais lieu d'église. 

  • Un jour, un texte ! La guerre, la volonté par Alain DECAUX (9)

    « La civilisation française, héritière de la civilisation hellénique, a travaillé pendant des siècles pour former des hommes libres, c'est-à-dire pleinement responsables de leurs actes: la France refuse d'entrer dans le Paradis des Robots. » Georges Bernanos, La France contre les robots.

    Notre premier ministre a déclaré que la France est en guerre. Mais l'ennemi est chez nous, au sein même de la population française. Il ne s'agit plus d'envoyer des professionnels, formés et aguerris combattre loin de nos terres, mais de se battre contre un ennemi sournois et impitoyable, qui use pour ses attaques de toutes nos libertés et des droits des citoyens français. Avant de faire une telle déclaration, encore eût-il fallu cultiver au sein du peuple français les valeurs qui font la force morale des nations. Cette nouvelle rubrique a pour objet de proposer des textes pour aider tout un chacun à réfléchir sur des sujets précis et si possible, d'actualité, aujourd'hui : la guerre, la volonté par Alain DECAUX(9)

    « Sept mois plus tôt, le 22 novembre 1914, le capitaine Bernard-Thierry, commandant l'Ecole des pilotes à l'aérodrome de Pont-Long, près de Pau, a vu entrer dans son bureau un monsieur de grande allure, arborant une moustache agressive et escorté d'un adolescent blafard, transparent à force de maigreur. Le monsieur s'est présenté comme étant Paul Guynemer, « ancien officier ». Bernard-Thierry a tout de suite senti que, derrière lui, il y avait « beaucoup d'argent et quelques châteaux ». Déjà le père s'explique. Poli, correct, mais sachant ce qu'il veut, il expose que son fils – le gringalet n'ouvre pas la bouche – a fait de bonnes études à Stanislas, qu'il a préparé Polytechnique mais que sa santé délicate l'a empêché d'y entrer.

    Le capitaine se demande où ce M. Guynemer veut en venir. Il a autre chose à faire que d'écouter des confidences sur les études secondaires d'un fils souffreteux. Tout se résume en peu de mots : ce fils veut se battre. Au premier jour de la guerre il a déclaré à son père : je m'engage. Le père a répondu : je t'envie. Ils étaient comme ça, les grands bourgeois de 14. Ce dialogue s'est échangé à Biarritz où les médecins avaient expédié la famille Guynemer pour le bien du petit Georges, affirmant que l'air du pays basque était propre à redonner la santé à ceux qui n'en avaient pas.

    En regardant Georges Guynemer, le capitaine Bernard-Thierry ne peut s'empêcher de penser que ces médecins étaient des ânes. La santé, il est sûr que ce gosse n'en aura jamais. C'est d'ailleurs ce qu'ont estimé les majors du centre de recrutement de Bayonne. On a pesé Georges : un peu plus de 40 kilos pour 1 m 70. On a tâté ses muscles : inexistants. Comment marcherait-il quarante kilomètres par jour ? Comment porterait-il le sac et le fusil ? Ajourné pour faiblesse de constitution.

    M. Guynemer parle toujours : son fils a pris cela comme une insulte. Il ne s'en est pas remis. Une lourde erreur du service de santé, assure le père avec force. Le petit est beaucoup plus robuste qu'il n'y paraît. Il est de première force au fleuret comme à l'épée et bon joueur de tennis. Depuis son plus jeune âge, il rêve d'aviation. Il a même reçu le baptême de l'air. Il ne quitte pas la plage de Biarritz d'où s'envolent tant d'aviateurs. C'est l'un d'eux, d'ailleurs, qui lui a conseillé d'aller à Pau pour y rencontrer le capitaine Bernard-Thierry.

    L'officier enveloppe dans le même regard ce père loquace et ce fils muet. Quand M. Guynemer lui demande d'accorder à son fils l'honneur de s'engager en qualité d'élève pilote, il répond par une fin de non-recevoir : ce n'est pas à lui de désigner les élèves pilotes. Ceux-ci sont obligatoirement choisis par le ministère la Guerre parmi les hommes de troupe qui ont achevé leurs classes. Que ce jeune homme fasse ses classes et l'on verra. Pour la première fois, le père abandonne sa superbe. Tristement, il confie que son fils s'est présenté dans cinq ou six bureaux de recrutement et que partout il a été refusé.

    Rien à faire, conclut le capitaine Bernard-Thierry. Il se lève pour signifier à ses visiteurs que l'entretien est terminé : « Or, ayant accompagné ces messieurs jusqu'à la porte de l'école, je m'aperçus que Georges Guynemer pleurait. » Touché, le capitaine. Il faut dire que, le 22 novembre 1914, on a vraiment besoin de toutes les énergies. Certes Joffre vient de gagner la bataille de la Marne, mais le haut commandement n'en réclame que davantage de recrues. Des hommes, des hommes et encore des hommes ! Et soudain, devant Bernard-Thierry, un adolescent pleure parce qu'on ne veut pas de lui pour se battre.

    Le capitaine a regagné son bureau, il s'est plongé dans ses papiers et puis, brusquement, il s'est levé pour appeler son planton :

    -  Saute sur ton vélo, va me chercher les deux messieurs qui sortent d'ici. Ramène-les moi !

    L'ennui, c'est que le père du gosse est venu avec son automobile et son chauffeur. Le planton les a quand même rattrapés. Les voici de retour dans le bureau. Du coup, il ne pleure plus, le garçon. Il observe le capitaine avec une attention extrême. On dirait qu'il le transperce du regard. Un quart d'heure plus tôt, Bernard-Thierry ne voyait en lui qu'une mauviette. Maintenant, il ressent l'impression d'être confronté à de l'énergie à l'état pur. Il s'étonnerait moins s'il savait qu'un jour, à Stanislas, le même garçon, qualifié de plus petit de la classe, a giflé un professeur !

    -  Avez-vous des notions de mécanique ? demande le capitaine.

    Le père répond : c'est bien simple, son fils sait tout faire. Tant de détermination achève de convaincre Bernard-Thierry. Il propose d'engager le garçon, pour la durée de la guerre, « au titre du service auxiliaire comme élève mécanicien d'avion ». Ensuite ? A chaque jour suffit sa peine ! Le bureau de recrutement n'a le droit de recruter que des spécialistes ? Pendant qu'il y est, le capitaine signe, à l'intention de cet invraisemblable « client », un certificat d'aptitude professionnelle. Plus tard, il jurera que ce fut là le seul faux de sa vie. Nous le croyons sur parole. Comme Georges Guynemer n'a pas vingt ans, son père a signé de son côté pour son fils une autorisation d'engagement. »

    Alain DECAUX

    Extrait de : « C'était le XXème siècle »,

    Le regard de Guynemer

    Lois Spalwer http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • La chute de l'Empire romain, un signe pour notre temps

    Michel De Jaeghere est interrogé dans Présent sur son ouvrage Les Derniers Jours, concernant la chute de l'Empire romain. Extrait :

    "L’histoire de la fin de l’Empire romain d’Occident est celle de la dislocation d’un empire multinational sous le double effet de l’immigration et des invasions, non pas parce que cet Empire aurait eu à faire face à des foules innombrables (les nouveaux venus n’ont sans doute pas été plus de deux millions, qu’il s’agisse d’immigrés ou d’envahisseurs, dans un empire qui comptait environ 50 millions d’habitants au Ve siècle), mais parce qu’il fut conduit à renoncer, dans l’urgence, au processus de romanisation qui lui avait permis, jusqu’alors, de faire vivre ensemble des peuples d’origines très diverses (il comptait des Calédoniens et des Syriens, des Ibères, des Belges et des Egyptiens !) en leur imposant le moule de la vie civique (par la constitution de cités, dotées de leur territoire, d’une capitale construite à l’imitation de Rome, d’institutions au sein desquelles leurs élites étaient appelées à renoncer à la loi du plus fort pour rechercher le bien commun par la discussion rationnelle), en diffusant ses mœurs, ses beaux-arts, son architecture parmi leurs élites, et en favorisant par un réseau d’écoles municipales l’apprentissage de la langue latine et l’étude de la littérature classique. Il eut la faiblesse de laisser les immigrants s’installer sur son sol en préservant leurs structures et leurs solidarités tribales, et finit même par leur confier la défense de ses frontières contre d’éventuels nouveaux arrivants. Il ne fut pas vaincu par une civilisation concurrente, par des ennemis venus sur son sol avec l’intention de le détruire, mais par des nomades dont il avait renoncé à faire la conquête (parce que celle-ci eût été trop coûteuse et trop difficile, qu’elle aurait demandé trop d’efforts sans rapporter suffisamment de butin), aimantés par le désir de jouir, par le pillage de ses productions, et admis à constituer, sur son sol, des enclaves étrangères qui se muèrent peu à peu en royaumes indépendants.

    Son histoire est celle d’un empire qui avait renoncé à la colonisation pour profiter pleinement des fruits de la paix, en s’imaginant pouvoir laisser à sa périphérie, dans la misère et l’anarchie, des peuples auxquels il avait fait miroiter les fruits de la civilisation sans songer qu’ils seraient irrésistiblement conduits à franchir ses frontières pour s’emparer des biens dont on leur avait donné le désir sans leur imposer les disciplines qui avaient permis de les produire. Sa chute se traduisit par sa ruine, comme par celle des pays d’origine des immigrants, qui cessèrent de profiter des échanges dont ils bénéficiaient, avant son effondrement, de la part du monde romain. Il me semble qu’il y a là, pour nos contemporains, de quoi nourrir la méditation."

    Michel Janva