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culture et histoire - Page 1472

  • Ce que nous enseigne la chute de l'Empire romain

    Dans son dernier ouvrage, Les derniers jours (Les Belles lettres), Michel de Jaeghere s'oppose à la thèse, en vogue depuis une quarantaine d'années, selon laquelle la chute de l'empire d'Occident n'aurait pas été une catastrophe mais

    "une transformation et une mutation fécondes [entre Romains et Barbares], quasi indolores et presque pacifiques, qui auraient heureusement accouché de la civilisation de l'Europe médiévale."

    Le directeur du Figaro Histoire et du Figaro Hors Série s'explique dans les colonnes de FigaroVox. Extraits :

    "Cette approche a cependant fini par déboucher sur l'occultation des séquences violentes, des guerres, des pillages, qui ont ponctué, malgré tout, ce passage de témoin. Polarisée sur les indiscutables éléments de continuité qu'en dépit de la rupture peut repérer l'historien, la nouvelle vulgate en vient souvent à nier que l'effacement des structures politiques de l'Empire romain d'Occident se soit traduit, comme l'a montré avec brio l'historien et archéologue Bryan Ward Perkins, par un recul saisissant des conditions de la vie matérielle, une disparition des beaux-arts, de la culture littéraire, et, finalement, de la paix, du bien-être. Elle tend, par là, à devenir le support d'un discours idéologique affranchi de l'observation des faits, qui paraît animé par la volonté de proclamer l'équivalence des cultures et les bienfaits qu'apporteraient nécessairement les Barbares en donnant aux prétendus «civilisés» l'occasion d'un fructueux métissage. (...) Pour rendre compte de «l'ampleur de la catastrophe», il fallait en revenir aux faits."

    De ces faits, qu'il décrit longuement au FigaroVox, Michel de Jaegere tire deux leçons :

    "La première est sans doute qu'il est illusoire de prétendre faire subsister une zone de civilisation entourée d'une périphérie livrée à l'anarchie et à la misère. Parce que la prospérité attirera toujours irrésistiblement vers elle les populations qui en ont connaissance. La civilisation a donc vocation à s'étendre jusqu'à trouver devant elle une civilisation concurrente, avec laquelle tenter de nouer un dialogue, établir les bases d'un concert des nations. Il est significatif que pour Rome, le coup de grâce vint des Barbares, non des Perses qui constituaient depuis des siècles la superpuissance rivale. Son erreur fut de se résigner à l'arrêt des conquêtes dans le Barbaricum, la grande forêt germanique. Les Romains estimèrent que le profit à tirer de la colonisation de l'Europe orientale ne valait pas le coût et l'effort surhumain qu'auraient représenté sa conquête et sa romanisation. Ils furent victimes de ce calcul à courte vue, qui rappelle le cartiérisme contemporain. La chute de l'Empire romain ne fut pas le produit d'un choc de civilisations (les Germains n'avaient guère qu'une culture rudimentaire - on ne peut, à mon sens parler de civilisation pour un monde qui ignore la cité, lieu de l'échange, du tri et de la hiérarchisation - et leurs élites étaient elles-mêmes en voie de romanisation). Elle fut la conséquence et la solution violente d'une différence de niveau de développement. Le problème est qu'elle se traduisit par un effondrement du niveau de vie tant pour les populations autochtones que pour les immigrants, et même pour les Barbares restés en Germanie, qui cessèrent de profiter des échanges dont ils avaient bénéficié de la part du monde romain.

    La seconde est que les grands empires multinationaux ne valent rien dans la défense. Ils excellent à s'étendre, tant qu'ils sont portés par le caractère irrésistible que leur puissance semble donner à leur domination, enrichis par les ressources que leur procurent leurs annexions. Mais ils sont incapables de susciter dans leur population le dévouement que l'attachement sentimental à une patrie charnelle peut seul inspirer à des citoyens. Leurs habitants peuvent leur être attachés tant qu'ils procurent la prospérité et la paix, le bien-être. Mais ils n'accepteront que rarement de remettre en question le confort qu'ils leur apportent en sacrifiant leur vie pour leur défense. Ces empires sont donc condamnés à la conquête perpétuelle, ou au dépérissement. Les sentinelles du Désert des Tartares savent qu'il ne leur appartient que de gagner du temps, dans l'attente d'un inéluctable écroulement."

    Louise Tudy

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Long entretien video avec Laurent Glauzy

    Laurent Glauzy (qui contribue régulièrement à Contre-info) était longuement interviewé sur la chaîne dissidente Metatv (vidéos ci-dessous).
    On peut acquérir ses livres ici.
    Il dédicacera ses ouvrages et rencontrera les lecteurs samedi prochain à Paris :

    Lire la suite

    http://www.contre-info.com/

  • Pour Tolkien, se plonger dans la faërie

    Pour Tolkien, se plonger dans la faërie nous projette dans un monde d’une réalité plus vive qui, libéré de sa dépendance servile à l’égard de l’éphémère et de l’insignifiance du monde « réel »

     Qu’un groupe d’universitaires puisse se réunir et parler sérieusement de dragons peut apparaître comme un nouvel exemple de leur incapacité à concevoir le réel ! Mais ce n’est pas du tout la manière dont Tolkien conçoit les choses. Dans son essai Du conte de fées (p. 39), il s’emploie à les défendre contre la fausse conception que s’en fait le monde actuel. L’homme moderne ne veut y voir que d’absurdes petites créatures, faites uniquement pour amuser les enfants. Il tente de leur rendre, ainsi qu’au monde de la faërie, tout le pouvoir que leur donnait le monde moyenâgeux. A la fin de l’essai, Tolkien répond directement à l’accusation faite au roman médiéval de constituer une fuite, en posant la question suivante : « Quelles sont, s’il y en a, les valeurs et les fonctions des contes de fées aujourd’hui ? » Il affirme que les produits de la technologie moderne ne sont pas plus « réels » que les royaumes imaginaires : « L’idée que les automobiles sont plus ‘vivantes’ que, mettons les centaures ou les dragons, est curieuse ; qu’elles soient plus ‘réelles’ que, disons, les chevaux est pathétiquement absurde. Qu’une cheminée d’usine est donc réelle, qu’elle est étonnamment vivante en comparaison d’un orme, cette pauvre chose désuète, ce rêve immatériel d’un maniaque de l’évasion ! » (Du conte de fées). 

         Pour lui, se plonger dans la faërie nous projette dans un monde d’une réalité plus vive qui, libéré de sa dépendance servile à l’égard de l’éphémère et de l’insignifiance du monde « réel », redonne à notre environnement platement familier son véritable éclat, un monde qui détient les vérités essentielles. C’est précisément parce que le monde moderne est si déplorable et que les canons du réalisme sont si restrictifs que nous avons désespérément besoin d’une vision romanesque pour nous restituer notre sens du permanent et du fondamental. 

         C’est avec ces étranges conceptions que le professeur Tolkien va élaborer, tout au long de sa vie, sa propre mythologie : Le Silmarillion, et pendant seize ans, la surprenante épopée du Seigneur des Anneaux. 

    François-Marin Fleutot, Les mythes du Seigneur des Anneaux

    http://www.oragesdacier.info/

  • Pour le rabbin Alain Michel, historien, « l’historiographie de la Shoah est figée en France »

    Historien français et rabbin vivant en Israël, Alain Michel est l’auteur de Vichy et la Shoah, enquête sur le paradoxe français, dont les idées sont largement reprises par Eric Zemmour. Il plaide pour que s’ouvre un « débat historique » sur la question, jugeant que le l’historiographie de la Shoah est figée en France.

    Eric Zemmour reprend vos idées au service d’un ouvrage très politique et idéologique – Le suicide français. N’est-ce pas gênant pour l’historien que vous êtes?

    (…) Je n’aurais pas fait la présentation de cette manière-là, concernant le chapitre sur la France de Vichy. Zemmour parle comme le polémiste qu’il est. Mais il respecte globalement l’approche qui est faite dans mon livre. Je n’ai pas à censurer quelqu’un en raison de ses idées tant que cela reste globalement dans le consensus démocratique.

    Peut-on dire, comme Eric Zemmour, que « Pétain a sauvé 95% des juifs français »?

    Non, ce n’est pas Pétain mais le gouvernement de Vichy.(…) L’expression de Zemmour est maladroite. Il aurait fallu dire « entre 90 et 92% », et contrairement à ce qu’affirme Serge Klarsfeld, je ne pense pas que l’on puisse attribuer ces chiffres à la seule action des « Justes parmi les nations », mais principalement à la politique appliquée par le gouvernement de Vichy, qui a freiné l’application de la solution finale en France.

    Existe-t-il une doxa paxtonienne (du nom de Robert Paxton, historien américain dont les recherches sur la France de Vichy font référence), comme le répète Eric Zemmour?
    Oui, je pense qu’il a tout à fait raison de ce point de vue-là, malheureusement. Depuis le début des années 1980, il est très difficile d’exprimer des idées sur le plan historique qui vont à contre-sens de la pensée de Paxton. Certains chercheurs ont arrêté de travailler sur le sujet, car le poids de cette doxa les empêchait de travailler librement. C’est un problème sur le plan de la recherche historique. On peut être en désaccord sur ce que j’écris dans mon livre – considérer que la vérité est plus du côté de Paxton ou Klarsfeld – mais le débat historique doit être libre. Il ne l’est pas aujourd’hui en France.

    (…) Que répondez-vous à Robert Paxton, qui affirme que vous n’êtes pas un historien sérieux?

    Un historien sérieux n’est pas là pour distribuer les bonnes et mauvaises notes aux autres chercheurs. Il doit amener des faits. Dans son interview à Rue 89, il y a une série d’erreurs stupéfiantes, notamment sur les dates des déportations en France, où sur la durée de l’occupation en France et en Italie… Le gouvernement de Vichy avait bien sûr beaucoup de torts, était antisémite, mais je pense qu’il faut rééquilibrer la question et cesser de faire un récit en noir et blanc, qui diabolise Vichy et innocente les Français.

    Que voulez-vous dire?
    Je pense que ce qui caractérise cette période, c’est avant tout l’indifférence totale des Français. Les gens n’avaient rien à faire du sort des juifs, cela ne les dérangeait pas trop, parce qu’il existait une ambiance antisémite en France et en Europe depuis les années 1930 environ.

    Qu’implique un « réexamen du régime de Vichy », que vous appeliez de vos voeux dans votre livre?
    Il y a encore des archives non utilisées, ni consultées. Il faut réfléchir à nouveau à ce qu’il s’est passé durant ces années, analyser l’action de Vichy avant de poser des condamnations absolues. Je déteste les dirigeants de Vichy et n’ait aucune sympathie pour ces gens-là, mais je suis historien et nous ne faisons pas un travail d’avocat à charge. Nous devons déterminer le cours des événements et ce qu’a été la vérité historique.

    (…)

    Vous estimez que l’historiographie de la Shoah est figée, que voulez-vous dire?

    Certaines conceptions sont devenues des classiques, et on les enseigne dans les écoles et à l’université. Contrairement à l’Allemagne, Israël ou les Etats-Unis, où des débats existent sur la question de la Shoah, tout le monde parle d’une même voix en France. C’est devenu un problème affectif et idéologique. Il faut rendre cette question à l’histoire, car même si la mémoire est évidemment très importante, elle ne doit pas empêcher l’histoire d’avancer.

    Pou lire l’article intégral : JDD

    http://www.fdesouche.com/526367-alain-michel-historien-lhistoriographie-de-la-shoah-est-figee-en-france

  • Stonehenge

    De nouvelles découvertes à Stonehenge sur des ossements humains retracent l’histoire d’une société préhistorique en pleine mutation.

    L’archéologue Mike Parker Pearson, l’un des plus grands spécialistes de Stonehenge, travaille sur les squelettes découverts lors des premières fouilles du site en 1919, ré-enterrés en 1935, et à nouveau exhumés par son équipe. Quelque 50.000 fragments d’ossements, correspondant à soixante-trois corps d’hommes, de femmes et d’enfants, brûlés puis enterrés collectivement entre 3000 et 2000 ans avant J.-C., là-même où ont été érigées les cinquante-six pierres bleues provenant du pays de Galles.

    Il s’agirait d’un cimetière de l’aristocratie préhistorique, ce qui expliquerait que le site soit devenu sacré. Trois kilomètres plus au nord, à Durrington Walls, des restes de maisons et près de 80.000 fragments d’os d’animaux indiquent l’ancienne présence d’un campement pour les constructeurs de la seconde partie du monument de Stonehenge, et celle d’un lieu de pèlerinage.

    Émergence de la propriété privée

    Enfin, des squelettes découverts à cinq kilomètres du site, près d’Amesbury, révèlent un changement de société à cette époque, une immigration amenant de nouveaux peuples, venus notamment de la Suisse actuelle. Un homme important, « l’archer d’Amesbury », originaire des Alpes, a même été enterré avec une centaine d’objets dont certains métalliques (cuivre, or…), ce qui constitue une première en Angleterre.

    Selon le professeur Mike Parker Pearson, l’utilisation du métal et l’abandon de l’enterrement communautaire traduisent l’émergence d’une culture davantage tournée vers l’individu et la propriété privée, marquant le déclin de la société néolithique.

    http://www.fdesouche.com/523115-stonehenge