culture et histoire - Page 1470
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Europa Nostra - Bourges
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AF [Nantes] Samedi 25 octobre, premier cercle de l’année
Nantes– Samedi 25 octobre, premier cercle de l’année, Les noyades de Nantes.
Renseignement : nantes.etudiants@actionfrancaise.net
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Bande de filles : un film subventionné de plus d’1 million d’euros par le contribuable…
… Pour faire l’apologie des africaines de France. C’est notamment pour produire et diffuser ce genre de propagande immigrationniste que les français payent des impôts et des taxes en tout genre à la République. Attention c’est du lourd.
Vu sur FDS :
Plus d’un million d’euros de subventions
Après Tomboy, Céline Sciamma s’attache à « déconstruire les stéréotypes sur la banlieue ». Une nouvelle fois la production de ce film est très largement subventionnée :
- 374 000 € de subventions par la région Ile de France
- 100 000 € d’Arte Cofinova
- 150 000€ d’Arte (Rappel : Arte est financée à 95% par la contribution à l’audiovisuel public perçue en France comme en Allemagne)
- 300 000€ de Copro TV Arte
- 50 000€ de l’ACSE (voir plus bas)
Soit un total de 1 124 000€ de subventions provenant d’organismes publiques.
Source du plan de financement : Région IDF (page 110)
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Avant « Hôtel Europe », les trois plus gros flops de BHL
L’histrion politique descendu en flamme.
Un bide dans un théâtre relève généralement du fait divers. Celui que connaît aujourd’hui le Théâtre de l’Atelier, est largement relayé par l’ensemble des médias et prend une tout autre dimension. Le phénomène va jusqu’à provoquer un communiqué de francetv Info, le plus important groupe de médias étatiques, qui n’hésite pas à remonter dans le temps et produire le catalogue des « flops » du philosophe.
La pièce de Bernard-Henri Lévy, jouée à Paris depuis le 11 septembre, s’arrêtera le 16 novembre, faute de spectateurs. Francetv revient sur les autres ratés de BHL.
Hôtel Europe ne passera pas l’hiver. La nouvelle pièce de théâtre de Bernard-Henri Lévy, lancée le 11 septembre et initalement programmée jusqu’au 3 janvier 2015, s’arrêtera le 16 novembre, faute d’audience. “Le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est très calme au niveau des réservations”, commente le théâtre de l’Atelier dans les pages des Inrocks. Les venues de François Hollande, Manuel Valls et Nicolas Sarkozy n’ont pas visiblement pas suffi pour inciter le public à se déplacer.
Cet échec de BHL n’est pas le premier. Francetv info revient sur ses différents flops, dans sa carrière littéraire ou au cours de son engagement politique.
1 Le naufrage de son film « Le Serment de Tobrouk »
Presque deux heures d’un monologue quasi ininterrompu, d’images tournées sur quatre continents dans lesquelles revient sans cesse la même silhouette. En 2012, BHL réalise un film sur son engagement en Libye pour la chute de Kadhafi. Le Serment de Tobrouk est présenté en sélection officielle lors du festival de Cannes, hors compétition, rapportait alors Culturebox.
Sauf que le film reçoit un accueil glacial. Ce « n’est pas tant un film sur la Libye ou sur la grandeur des révolutions qu’un autoportrait de l’auteur en Superman sauvant le peuple libyen, la démocratie et le monde libre », commente Les Inrocks. Pour Le Nouvel Observateur, le philosophe est « décourageant » : « Seul sur son radeau, il rame, il écope et se hausse du col, et plus il s’agite, plus il s’enfonce ». L’Humanité estime que BHL « ne réussit plus rien » et évoque « un bide retentissant ».
Niveau fréquentation, c’est un échec cuisant : le film a réalisé 2 450 entrées en France, rapportait Allociné [...]
La suite sur Polemia
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Les “Oies Sauvages” : les soldats irlandais au service du Saint-Empire pendant la Guerre de Trente Ans
Il y a plus de 380 ans commençait l'une des plus grandes catastrophes de l'histoire européenne, dont nous subissons encore aujourd'hui les séquelles : la Guerre de Trente Ans [1618-1648].
Je vais raconter ici l'histoire d'une armée de sans-patrie, dont les soldats ont combattu sur tous les champs de bataille de la Guerre de Trente Ans en Europe centrale. On les appelait les “Oies Sauvages” (Wild Geese) et on les comparait à ces oiseaux migrateurs qui quittent à intervalles réguliers leur verte patrie insulaire. Mais à la différence des oies sauvages, les Catholiques irlandais, chassés de leur patrie au XVIIe siècle, ne connaissaient qu'un départ sans retour vers le continent. Presque jamais ils ne revenaient en Irlande. Des marins français les introduisaient clandestinement sur le continent via la Flandre ou la Normandie. Débarqués, ils étaient confrontés au néant. Mais ils étaient libres. Un flot ininterrompu de mercenaires irlandais sont ainsi arrivés en Europe continentale. Ils étaient des hommes jeunes ou des adolescents, à peine sorti de l'enfance : la plupart d'entre eux n'avaient que 15 ou 16 ans, les plus âgés en avaient 19. Ils voulaient faire quelque chose de leur vie ou du moins voulaient être libres.
Après 1600, l'histoire irlandaise s'était interrompue. Le pays était devenu une colonie anglaise, où les Tudors, pour la première fois, avaient appliqué la tactique de la terre brûlée. Les autochtones irlandais ont été dépossédés de leurs terres. Leur sol leur a été arraché. On y a implanté des colons protestants anglais ou écossais. Systématiquement, la colonisation de modèle normand démontrait son efficacité. Déjà, dans la foulée de leurs campagnes contre les Anglo-saxons à partir de 1066, les Normands vainqueurs perpétraient des destructions sans nom pour confisquer définitivement leur histoire aux vaincus. On brûlait leurs villages, on rasait leurs églises et leurs bâtiments, de façon à ne plus laisser la moindre pierre qui soit un souvenir de leur culture. Ravage, pillage et violence, oppression systématique, famine organisée contre la population : toutes les tactiques utilisées plus tard par les Anglais en Amérique, puis par les Américains ailleurs, ont été mises au point en Irlande.
Une force militaire inutilisée
Pourtant, sur cette île ruinée par la colonisation anglaise, il y avait une force militaire inutilisée. Les Irlandais étaient des soldats farouches qui ne craignaient pas la mort. Ils se feront rapidement une solide renommée dans les batailles. Ils étaient commandés par des officiers compétents, d'excellente réputation, qui feront l'admiration de tous sur le continent. Dans le Saint-Empire Romain de la Nation Germanique, dirigé par un Empereur catholique, beaucoup d'Irlandais devenus apatrides ont vu un allié puissant voire une puissance protectrice au passé glorieux. Par milliers, ils sont venus s'engager au service de cet Empereur de la lignée des Habsbourgs. Beaucoup sont parvenus en Autriche à la suite de périples fort aventureux.
La première vague d'immigrants irlandais est arrivée en 1619 en Autriche. Ces jeunes hommes combatifs ont débarqué sur le continent de deux manières totalement différentes. Les uns sont arrivés par des voies clandestines, opération osée dans la mesure où les fugitifs de ce type risquaient la peine de mort. Les autres ont été recrutés de forces par les Anglais en Irlande et, contre leur volonté, ont dû servir dans l'armée anglaise protestante. Sur base de traité qui unissait l'Angleterre aux princes d'Allemagne du Nord, ils se sont retrouvés sur le continent dans des unités auxiliaires anglaises au début de la Guerre de Trente Ans. Par une ironie du destin, comme souvent dans les guerres anciennes, il n'y avait quasiment pas d'Anglais ethnique dans ces troupes, mis à part quelques officiers supérieurs. La plupart de ces soldats étaient donc “déportés” hors des Iles Britanniques et ces Irlandais encombrants s'en allaient ainsi mourir sur le Continent comme chair à canons. Les Anglais s'en débarrassaient à bon compte.
Une infanterie montée
Ces Irlandais avaient été incorporés dans des régiments de dragons, où les pertes étaient généralement très élevées. Mais au début du XVIIe siècle, ces Irlandais profitent de la première occasion pour se rendre sans combattre aux troupes impériales catholiques. Très vite, ils enfilent l'uniforme autrichien. L'Empire aligne ainsi ses premiers régiments irlandais. La plupart de ces Irlandais choisissent de servir dans les dragons. À l'époque, cette cavalerie était très appréciée et on la surnommait “l'infanterie montée”. Les hommes se déplaçaient à cheval mais combattaient à pied. Ils étaient très rapides et très mobiles et ne dépendaient pas vraiment du cheval comme la cavalerie proprement dite. Dans une certaine mesure, ces dragons constituaient une troupe d'élite, crainte et admirée, dont le cri de guerre est devenu vite célèbre : “Den Weg frei !” (La voie libre !). Rapières au clair, ils fonçaient dans les rangs ennemis.
Les Anglais eux-mêmes, comme tous les autres officiers protestants, respectaient ces mercenaires irlandais au service de l'Empereur et les traitaient mieux qu'ils ne les avaient jamais traité en Irlande, alors qu'ils étaient devenus leurs ennemis. Ainsi, les Roi de Suède Gustave Adolphe fit soigner les soldats catholiques irlandais après la bataille de Francfort-sur-l'Oder au printemps de 1631, lors de la prise de cette ville par les armées protestantes. Le Roi suédois admirait le courage des Irlandais au service de l'Autriche. L'officier irlandais Richard Walter Butler, au départ recruté de force par les Anglais, était passé aux Impériaux lors de la fameuse bataille de la Montagne Blanche en 1620. Il avait quitté le corps auxiliaire anglais. À Francfort-sur-l'Oder, il était parmi les blessés, sérieusement atteint. Un coup l'avait frappé au bras et sa hanche était percée d'un coup d'estoc. Le Roi de Suède fit soigner ce blessé. Après quelques mois de captivité, il fut libéré.
Les Britanniques respectaient cet ennemi qu'ils avaient asservi et humilié jadis. Ces Irlandais jouaient souvent le rôle d'émissaires de l'Empereur, car ils maîtrisaient la langue anglaise. Les nobles anglais les appréciaient et reconnaissaient pleinement leurs qualités d'émissaires ou d'interprètes. En 1635, quand la France catholique se joint à la coalition protestante et trahit le Saint Empire Romain de la Nation Germanique, la situation devient tragique pour les Irlandais catholiques qui combattent désormais dans les deux camps. Soldats d'élite, on les excite les uns contre les autres. Certains volontaires servaient dans des armées protestantes. La France du Cardinal Richelieu avait besoin de bons soldats. Officiellement, elle était catholique et, par conséquent, incitait bon nombre d'Irlandais à la servir. Les Irlandais qui traversaient le pays étaient sollicités à rejoindre ses armées. Leur confiance a été trahie par Richelieu qui, souvent, a envoyé ces hommes se battre contre leurs frères de sang, fidèles à la légitimité du Saint Empire.
Dévouement et respect pour l'Empereur
Ces soldats irlandais avaient un dévouement et un respect pour l'Empereur. Ils étaient les mercenaires les plus fidèles de la cause impériale et autrichienne. En Irlande même, l'amour du Saint Empire ne cessait de grandir, de même que le culte de la légitimité impériale. Les mercenaires affluaient sans cesse et s'engageaient dans l'armée autrichienne. Souvent des familles entières débarquaient et parfois tous les fils mouraient sur les champs de batailles, pour le salut du Saint-Empire. Le Comte irlandais Richard Wallis, persécuté par les Anglais, arrive en 1622 avec ses deux fils pour se mettre au service de l'Empereur Ferdinand II. Nommé colonel, il se bat à la tête de son régiment irlandais à Lützen en novembre 1632, une bataille au sort indécis mais qui a exigé un lourd tribut de sang. Wallis y est grièvement blessé. Il meurt de ses blessures à Magdebourg. Son plus jeune fils, Oliver Wallis, reçoit de l'Empereur Ferdinand III un régiment d'infanterie. Il fera en Autriche une brillante carrière militaire. Dans les rangs de l'armée impériale, plusieurs régiments irlandais sont mis sur pied entre 1620 et 1643. Chaque régiment comptait de 1.000 à 1.200 hommes. Le nombre des pertes a été très élevé. L'ennemi a parfois annihilé des régiments entiers d'Irlandais. Mais, rapidement, de nouveaux volontaires permettent de les reconstituer. Avant d'être une nouvelle fois annihilés… Malgré ces pertes dramatiques, l'Autriche aligne plus de soldats irlandais à la fin de la Guerre de Trente Ans qu'au début.
L'intégration des immigrés de la Verte Eirinn
Les officiers (chaque régiment appartient à un colonel) étaient allemands ou irlandais. Mais tous étaient acceptés. Parfois on mélangeait les recrues allemandes et irlandaises. Les survivants se sont presque tous installés en Autriche, devenue leur nouvelle patrie. Jamais on ne les a considérés comme des étrangers. Ils étaient des Européens (chrétiens), qui apprenaient très vite la langue du pays. Ils étaient fidèles à l'Empereur, leurs mœurs et leur aspect physique ne déconcertaient pas. Dans tous les pays appartenant à la monarchie des Habsbourgs, ces immigrés venus de la Verte Eirinn se sont immédiatement intégrés.
Pendant cette Guerre de Trente Ans, de vastes territoires de l'Empire ont été complètement dépeuplés à causes des opérations de guerre qui y ont fait rage. Il a fallu attendre la fin du XVIIIe siècle pour ramener le chiffre de la population centre-européenne à celui du XVIe siècle. Les pays du Nord du Danube, où les batailles ont été livrées, de même que les territoires catholiques de la Bavière, de la Souabe et de la Forêt Noire (ndt : et de la Franche-Comté impériale) ont dû être partiellement repeuplés. Bon nombre d'Irlandais au service de l'Autriche sont ainsi devenus colons, des fermiers qui ont reçu des chambres impériales le droit de mettre en valeur des biens fonciers abandonnés, dévastés ou négligés ; il fallait recultiver des terres auparavant fertiles. Les Irlandais sont restés et ont participé à la reconstruction du Saint-Empire. Leurs descendants, élevés en Autriche, vivent encore parmi nous.
► Alexander Ereth, Nouvelles de Synergies Européennes n°50, 2001. (article tiré de Zur Zeit n°21/1998 ; tr. fr. : RS)
◘ Lire aussi :
« Mercenaires irlandais au service de la France (1635-1664) », P. Gouhier, Revue d'histoire moderne et contemporainen° 4/15 (RHMC), 1968, pp. 672-690. [compte-rendu].
« L’exil jacobite irlandais et l’Ouest de la France (1691-1716) », Diego Tellez Alarcia, Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest n°109-4, 2002.
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Richard Roudier - 8e journée Nationaliste et Identitaire
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MON BEAU SAPIN ...
Paul Mc Carthy, "artiste" américain, a eu l’audace de gonfler un énorme sextoy (ou jouet érotique) vert sapin sur la Place Vendôme. De bonnes âmes ont elles éprouvé le besoin impérieux de dégonfler l’oeuvre en question !
Depuis quelques années maintenant, l’inculture des uns passe pour de l’art pour les autres. Ce n’est absolument pas étonnant. Après les colonnes de Buren, les bonhommes japonais grotesques du Château de Versailles, l’art en a pris un sacré coup dans notre vieille patrie.
Anne Hidalgo, Bruno Julliard et Fleur Pellerin ont défendu la "liberté de création", qui rappelons-le si on l’inverse donne la liberté de détruire. Le mot "liberté", dans la bouche des libéraux, ne signifie rien d’autre que la destruction lente des racines, des repères, de l’Histoire. L’Art, cette denrée marchandisée par ces mêmes libéraux, n’échappe pas à la décadence. Car dresser un sextoy en plein Paris et le faire passer pour un sapin de Noel, c’est de l’art, bien entendu ... Le mauvais goût reste le mauvais goût, non ?
On est bien loin des impressionnistes, ou des peintres de la Renaissance ! On se souvient des spectacles et des "oeuvres" blasphématoires de type "piss Christ", qui ont choqué tous les catholiques et au-delà. Au nom de l’art, on peut déranger, certes, mais avec tact et talent, pas dans la vulgarité et le manque d’imagination. Demain je retourne une voiture sur les Champs-Elysées et je dis que c’est de l’art !
Au nom de l’art, c’est un peu comme au nom de la liberté, d’ailleurs ... Attention à celui qui ose critiquer le fameux sapin de Noel qui n’en est pas un, il manque certaines décorations ! La liberté s’auto-annihile, se rend grotesque à force d’exagérer les traits. Défendre une liberté qui finalement détruit, ou rime avec le ridicule à ce point, n’est-ce pas là une erreur ?
Qui défend cet "art" ? La gauche évidemment, et son désir de tout détruire ou de tout faire chanceler. Demain, édifions une statue romaine et ce beau monde criera au retour du fascisme.
Ah, que de bruit et de dérangement pour rien ! Les vrais sapins de Noel, eux, ravissent les plus petits et leurs parents. Symbole de l’unité de la famille et de la fête partagée par une majorité de Français, le sapin de Noel, le vrai, confortera les familles dans ce qui reste debout dans ce monde où la saleté et la bêtise passent pour de l’art.
Philippe Perrin
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Europa Nostra - Une Question de Confiance
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L'essence métaphysique du paganisme
On le sait, mais on l'oublie trop souvent, ce sont les principes situés à la racine même des choses, qui fondent véritablement les idées génériques placées à l'origine des différentes conceptions du monde. Or ce qui distingue radicalement le paganisme du christianisme (termes qui, rappelons-le, concrètement, aujourd'hui, ne qualifient plus en Europe aucune réalité religieuse distincte puisque, que cela plaise ou non, l'histoire a conjugué non sans quelques difficultés il est vrai, ces deux dénominations en un seul destin), est une divergence majeure qui ne porte pas entre polythéisme et monothéisme (1), mais de façon irréconciliable porte sur la notion de création.
Ce qui spécifie, et sépare de manière catégorique le paganisme de la pensée biblique c'est leur analyse divergente au sujet de l'origine du monde, de l'origine de l'être. Si, pour les païens, le monde est de toute éternité incréé et suffisant ontologiquement, par contre, la pensée hébraique considère le monde comme résultant d'une création "à partir de rien", doctrine que la Bible place en tête de son introduction puisque le premier de ses versets nous dit, "Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre", (2). Les points de vue, les concepts païens et hébreux sont irréductibles, radicalement hétérogènes, il y a une incompatibilité foncière entre les deux approches de la question de l'existence du monde; c'est sur ce point que se trouve la véritable ligne de partage des eaux, la césure entre pensée hébraïque et pensée païenne. C'est sur ce point, et non pas sur l'allégeance exprimée à telle ou telle figure divine, à telle ou telle divinité tutélaire, dans l'attachement à Zeus l'olympien ou au Yawhé du Sinai, que se situe la divergence foncière.
I. Problème de la pensée religieuse.
On ne saurait trop insister sur ce que pourrait avoir d'illusoire l'idée, pour fonder une alternative nouvelle, qui consisterait à se rattacher à un paganisme affectif et dévotionnel, dans lequel seraient mis en concurrence et en opposition les dieux qualifiés "d'historiques", et le Dieu dit "unique" de la révélation biblique. C'est, hélas, sur cette fausse opposition, que se développa (et se développe encore...) une sorte de vague reliogisité païenne, dans laquelle est caressé l'espoir hypothétique d'un retour des dieux. Or jamais, sur ces questions, le vouloir ne peut avoir de prise, "il n'est pas possible de faire être par la volonté ou la parole les choses elles-mêmes" (3). Bien souvent, le désir d'un redéploiement d'un paganisme réel, tend à laisser penser, qu'il serait nécessaire de refaire surgir de nouveau les anciens mythes. Or, ou bien ce qui est mort est mort, et de la mort rien ne peut renaître, ou bien en réalité rien n'est jamais mort (les dieux en principe ne meurent pas...) et donc rien n'a jamais disparu, mais se trouve dissimulé sous d'autres appellations.
Le plus étrange dans l’examen de cette question religieuse, c'est que le paganisme finissant, nous montre une religiosité que l'on peut qualifier sans peine de préparatoire à l'avènement du christianisme, ce qui n'est pas sans poser quelques problèmes. En effet, si nous regardons l'histoire avec attention, nous voyons que lorsque l'empereur Julien (361-363) tenta d'instaurer contre le christianisme triomphant, une religion à ses yeux plus conforme aux traditions gréco-romaines, il exprima sa doctrine en des termes, qui concilièrent le Sol Invictus et Attis: " Un Etre suprême, unique, éternel anime et régit l'organisme universel, mais notre intellect seul en conçoit l'existence. Il a engendré de toute éternité le Soleil, dont le trône rayonne au milieu du ciel. C'est ce second démiurge qui, de sa substance éminemment intelligente, procrée les autres dieux" (4). Ne serait-il donc pas permis de se demander sérieusement, dans quelle mesure, l'évolution des religions grecque et romaine n'a pas favorisé le triomphe du christianisme ?
Allons-même plus loin : si l'on étudie les choses avec réalisme, ne constate-t-on pas que dès Hésiode, qu'on le veuille ou non, la réflexion strictement religieuse des Grecs commence à ouvrir un chemin vers le monothéisme, et tente de fonder la morale sur la religion ? A Rome, la conception du Jupiter archaïque, arbitre souverain et garant de la bonne foi, attestera une orientation dans le même sens, plus instinctive certes, mais non moins évidente. Sans doute, l'entrée massive des éléments néo-platoniciens et orientaux dans la religion et la pensée hellénico-romaine rapprochera encore Athènes et Rome du christianisme futur, en fournissant un aliment mystique au désaroi du peuple, en répandant la notion de salut, en imposant, confusément encore, la conception d'un hénothéisme qui n'est pas éloigné, dans le stoïcisme, du monothéisme. Mais il est intéressant de voir que le mouvement religieux qui portait les esprits à l'époque impériale fut, dans son ensemble, plus que favorable à la pénétration du christianisme dans l'Empire. Et ce constat, doit nous porter à entreprendre une réflexion plus précise au sujet de la facilité avec laquelle le christianisme prit greffe sur le paganisme. Ceci n'est pas anodin et, disons-le clairement, jamais une religion étrangère n'aurait pu triompher si ne s'étaient pas trouvés des éléments communs à l'intérieur même du système religieux antérieur. Il n'existe absolument aucun exemple historique d'une religion s'imposant sans violence à un système étranger à elle-même, ou plutôt disons, qu'il n'existe qu'un seul exemple historique: le triomphe du christianisme à Rome sous Constantin ; voyons pourquoi.
Les causes de ce triomphe peuvent se résumer en quelques lignes significatives. Les cultes avaient en réalité, avec la nouvelle religion de nombreux traits identiques: la monolâtrie de fait qu'ils proclamaient, le souci de l'ascèse morale et spirituelle; autant l'admettre, quel que soit le degré d'élévation de tous ces cultes, ils répondaient tous aux mêmes besoins par les mêmes moyens. Fondés sur les notions de mort et de résurrection, de naissance nouvelle et de filiation divine, d'illumination et de rédemption, de divinisation et d'immortalité personnelles, ils prétendaient assurer aux fidèles le contact direct avec la divinité, et l'espoir d'une survie bienheureuse. Ils témoignaient en outre, par le biais d'une dévotion dirigée sur un seul dieu, d'une aspiration au monothéisme très prononcée. A l'intérieur de chaque "secte", le dieu sauveur était conçu comme supérieur à toutes les autres divinités et tendait à les éclipser. Mais il y a plus, les analogies de fond et de forme qui existaient entre tous les cultes conduisirent à penser que sous les noms d'Attis, de Mithra, etc... le même Dieu se manifestait, qu'on le considère comme le Dieu "véritable", ou comme un simple intermédiaire importait peu. Ceci explique pourquoi les tentatives prématurées d'Elagabal recevront de fait, leur consécration officielle grâce à Aurélien (270-275), qui sut habilement réaliser le syncrétisme devenu inévitable. On sait qu'il choisit pour divinité suprême Sol Invictus, dans lequel les fidèles des diverses sectes pouvaient reconnaître aussi bien Baal, qu'Attis, Osiris, Bacchus ou Mithra. Sol Invictus présentait d'autre part, l'avantage d'être assimilable à Apollon, et également à une vieille divinité romaine, Sol Indiges, dont l'origine remontait au temps mythique de la fondation de la cité. Sur cette lancée, Aurélien compléta son entreprise en faisant admettre définitivement la divinité de l'empereur vivant, considéré comme incarnation de Dieu sur la terre. En réalité la seule doctrine qui se heurta à l'antipathie du pouvoir, fut le stoïcisme qui, jusqu'à l'avènement de Marc-Aurèle, servit de refuge hautain à l'opposition.
Le christianisme, de son côté, héritant du judaïsme l'intransigeance des Macchabées, mit en pratique la parole du Christ: "Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu" (5). Sujets loyaux de l'Empire, les chrétiens refusèrent d'encenser les dieux, et de reconnaître la divinité d'un homme, fût-il l'empereur. Leur crime aux yeux de l'Etat, fut politique et non religieux; ou plutôt, il ne fut religieux que parce que leur attitude manifestait fermement leur volonté de conserver leur foi à l'abri des contaminations du syncrétisme. En fait, l'Empire eût été prêt à accueillir le christianisme comme les autres religions, cela est si vrai, que c'est au nom même du syncrétisme et de l'intérêt de l'Etat que fut proclamée, en 313, l'égalité de la religion chrétienne avec la religion officielle par le rescrit de Licinius: "Nous avons cru, est-il dit, devoir donner le premier rang en ce qui concerne le culte de la divinité, en acordant aux chrétiens comme à tous, la libre faculté de suivre la religion qu'ils voudraient, afin que tout ce qu'il y a de divinité au ciel pût nous être favorable et propice, à nous et à tous ceux qui sont sous notre autorité" (6). Le testament religieux du paganisme gréco-romain finissant, n'était donc pas étranger au christianisme naissant, et les Pères de l'Eglise ne s'y sont d'ailleurs pas trompés, qui ont vu en lui l'une des voies préparatoires que Dieu proposa aux hommes pour découvrir son visage.
Que l'on n'imagine pas, toutefois, en désespoir de cause, trouver dans le paganisme celto-germanique un "recours", qui représenterait un meilleur garant comparativement à l'héritage greco-latin, car la tradition nordique présente les mêmes dangers que sa soeur du sud. Les incessantes luttes fratricides entre les chefs tribaux dépourvus de toute conscience historique, la lente mais réelle disparition progressive de la classe sacerdotale (Godis), le venin intellectuel que représente l'idée d'une procession du divin d'un centre pur et inaltérable vers le dehors par une série d'hypostases et de démiurges, le sens du péché consistant dans l'éloignement du monde de son sens divin, on retrouve ici les mêmes et identiques facteurs d'une lente progression vers le Dieu unique.
Que nous enseignent ces faits ? Tout simplement que pour pouvoir échapper au monothéisme il convient, non pas de savoir "comment être païen" au sens religieux du terme, comme beaucoup l'ont cru et, l'imaginent malheureusement encore, mais de comprendre en quoi consiste véritablement l'essence du paganisme, non pas du point de vue religieux, mais du point de vue métaphysique, là où se situe l'authentique et irréductible divergence d'avec la pensée biblique, là où les thèses présentent une fracture, une incompatibilité foncière. Redisons-le, la religiosité n'est qu'une forme culturelle affective non autonome. Liée à un substrat collectif traditionnel, le sens religieux, par sa plasticité, peut se voir dépouillé de ses bases métaphysiques et s'adapter sans difficultés à d'autres conceptions. L'avènement du christianisme en est le plus bel exemple. Ce n'est donc pas au niveau du religieux qu'il nous faut découvrir l'essence du paganisme, mais au niveau de son essence profonde, au niveau de sa métaphysique propre, là où se déploie sa véritable nature. C'est pourquoi, il est vital d'atteindre l'essence de son ontologie, là où la question de l'être se révèle comme centrale, car c'est de ce point seulement que pourra surgir l'aurore d'un nouveau Sacré.
II. Le fondement de la métaphysique païenne.
L'originalité de la pensée païenne se situe sur un point fondamental, point qui ordonne tout l'édifice de son essence intime: le problème de l'éternité du monde, de son autosuffisance ontologique. Pour les païens, l'idée que le monde puisse avoir été créé, est une proposition absurde, incongrue, alors qu'elle est la base de la foi chrétienne, qui hérite en cela du créationisme biblique :"Credo in Deum Patrem omnipotentem creator coeli et terrae" (7). C'est là le centre, le coeur, de toutes les divergences.
La création, en climat théologique biblique, est une opération qui s'effectue "ex nihilo" (8), c'est-à-dire que rien ne lui préexiste, sauf Dieu bien évidemment (ce qui n'est d'ailleurs pas la moindre des incohérences de vouloir faire que la cause de l'existence des choses manque au principe même qu'elle prétend expliquer, échappant elle-même à la loi de la causalité dont on nous dit qu'elle préside à l'existence de toute chose!). Chez les païens au contraire, les dieux sont considérés comme les représentants suprêmes d'un Tout divin. Ils sont les premiers dans l'être, mais non point les premiers par rapport à l'être. Leur transcendance n'est pas reconnue, il n'existe pas de Grand Séparé; dans ces conditions, c'est au Grand Tout qu'est attribué la nécessité éternelle. Le problème pour le paganisme ne se pose qu'à partir d'une matière commune, nul ne s'avise de rechercher la cause de l'être ou du monde. Ce monde, cet être, n'a pas besoin d'autre explication que lui-même; il est nécessaire, et de cette nécessité, chez Aristote, le "Premier moteur" n'en est que le premier bénéficiaire, il n'en est pas la cause. Il meut, il actionne la machine universelle, il ne la crée pas. Son action présuppose quelque chose d'aussi nécessaire que lui, et qui représente une passivité éternelle sous son activité ou son influence.
Il importe cependant de réfléchir sur la validité et la crédibilité des thèses en présence ; pour ce faire, la philosophie n'a aucunement besoin des sciences physiques ou mathématiques, qui ont d'ailleurs plutôt tendance, depuis quelques années, à flirter étrangement avec la mythologie ou l'imaginaire, et à ne plus être en mesure d'élaborer un discours véritablement sérieux. D'autant que sur la question de savoir si le monde a été créé du néant ou pas, les sciences avouent humblement leur incapacité à pouvoir fournir une réponse, tant leur méthode les rend muettes sur ce sujet. La philosophie par contre, lorsqu'elle exerce son authentique faculté de jugement, dépasse en qualité, profondeur et certitude, toutes les hypothèses des disciplines fragmentaires; elle n'est pas mère de toutes les sciences pour rien!
La philosophie, effectivement, est capable (lorsqu'elle ne part pas de l'ego, mais du réel expérimenté en tant qu'il est, lorsqu'elle sait que le seul et véritable maître, c'est le réel), de par son jugement propre, de saisir et d'affirmer la vérité touchant l'Univers et les choses, et cette vérité est l'oeuvre de son intelligence analytique, car le réel est structuré selon un ordre et une logique qui relèvent de l'ontologie, c'est-à-dire de la science de l'être. C'est ainsi qu'avant même Nils Bohr ou Costa de Beauregard, et sans l'aide du lourd appareillage des laboratoires de physique nucléaire, on savait déjà au IVème siècle avant notre ère en Grèce, que l'espace et le temps ne sont pas des idées pures ou des catégories a priori, ni un réel consistant, antérieur aux objets qui le remplissent, mais précisément les accidents propres aux substances matérielles, dimensives et permensives.
III. L'être et le temps.
Examinons donc à l'aide de la logique analytique la thèse biblique d'une création "ex nihilo", et voyons si ce dont on nous parle, c'est-à-dire d'un état censé avoir précédé le monde, d'un état "d'avant le commencement", est une hypothèse crédible. Cet "avant le commencement" désigne un temps nous dit-on, mais de quel temps parle-t-on ? Y avait-il un temps avant le temps ? Cela n'a, pour dire les choses clairement, aucun sens, cela ne désigne rien; car il n'y a pas, et ne peut y avoir, deux temps, l'un avant où le monde n'existerait pas encore, l'autre après, le temps du monde, venant se superposer au premier comme un rail sur une voie préparée à le recevoir.
Si le monde est fini en arrière, il n'y a rien avant, ni temps ni autre chose. Il n'y a donc pas d'avant, il n'y a pas, et ne peut y avoir "d'avant le commencement". Pour qu'il y ait eu un moment, fut-il un moment du rien, il faut qu'il y ait quelque chose, or un moment est une position du temps, est le temps, est une mesure des choses existantes. La durée est un attribut, et la durée d'une chose ne pouvant précéder cette chose, il est clair que si cette chose est le Tout, il ne peut y avoir de durée en dehors d'elle. Un jour, nous dit-on dans la Genèse, Dieu se décida à donner l'existence au monde. Un jour! Quel jour ? Ce jour n'existe pas plus que cet "avant le commencement", il n'y a pas de durée où le loger. Le premier jour qui ait existé, c'est le premier jour du monde lui-même. Nous sommes, de ce fait, obligés d'admettre que le monde a toujours existé puisqu'il n'y a pas de jour où il n'ait pas existé !
La vérité, est que le temps commence avec le monde lui-même: il n'y a pas de temps en arrière; le tout du monde comprend aussi le tout de la durée. Le monde existe et a existé depuis tout le temps qui existe, il n'y a aucun temps possible où il n'ait pas existé, il n'y a pas, en toute logique, "d'avant le commencement" - le monde ne peut pas ne pas avoir toujours existé puisqu'il est. Quant à parler d'un temps "avant la création", d'un temps précédant le temps qu'inaugurerait la création, cela est une pure et chimérique imagination, une vision, un rêve enfantin. En effet, il ne peut y avoir continuité entre ce temps imaginaire et le temps réel, on ne met pas bout à bout un rêve et le réel. On ne peut faire commencer le monde qu'au début de la durée où il existe, car on ne compte les jours que de ce qui existe, ce qui n'existe pas ne peut pas se compter; il n'y a pas de premier jour pour ce qui n'a pas vu le jour: tout commencement est donc forcément une suite.
IV. L'être et le néant.
Mais poursuivons, plus avant encore, notre raisonnement, et voyons les conséquences qu'impliquent la croyance en l'hypothèse d'un temps fini en arrière, c'est-à-dire d'un temps ayant commencé après n'avoir pas été. On n'y pense peut-être pas assez, mais si le temps est fini en arrière, on est obligé de se heurter au vide et ainsi de s'imposer à un contact entre le tout et le rien. Or entre l'être et le néant, entre le tout et le rien, il ne peut y avoir contact, "du rien, rien ne vient" (9). C'est d'ailleurs l'opinion de Mélissos de Samos lorsqu'il écrit :"Ce qui était a toujours été et sera toujours (...) car rien n'aurait pu, de quelque manière que ce soit, sortir de rien" (frag., B 8), (10). Surgir du néant c'est ne pas surgir du tout puisque le néant est une pure négation; et voici cependant que l'on fait du néant un point de départ positif.
Le néant, "est" une pure négation d'existence, le néant "n'est" pas un état, le néant "n'est" que néant, (si toutefois nous pouvons employer le verbe "être" à propos du néant). Pour venir à l'être, ce que l'on implique en parlant d'une création, il faudrait qu'il y ait déjà de l'être, or "de ce qui n'est pas, rien ne peut surgir (...), rien ne peut être créé de rien" (11). Si l'on dit que Dieu a tiré le monde du néant, on sous-entend que du néant puisse apparaître quelque chose, mais le néant n'est pas et ne peut être un réceptacle dont quelque chose puisse être tiré. On l'a pourtant cru et enseigné! Il s'est même trouvé des théologiens chrétiens pour écrire: "le néant est une réalité, puisque Dieu en a tiré le monde" (12). Malheureusement on ne peut du néant faire succéder le monde, une succession dont un des termes est le néant est une absurdité manifeste! Du non-être à l'être, il n'y a ni proportion - ni relation possible - du néant, rien ne peut suivre. Il ne peut y avoir aucune possibilité concrète d'une création, aucun moment pour une initiative créatrice, il n'y a aucun fait nouveau qui aurait du néant avant lui. Dans le néant (si l'on peut ainsi s'exprimer), il n'y a point d'application pour une force, il n'y a ni situation ni modalité quelconque puisque le néant n'est pas, puisque le néant est la négation, l'absence totale d'être.
Tout phénomène, quel qu'il soit, s'explique par un antécédent d'où il procède, c'est une loi universelle intangible; donc ou bien il n'y a pas de création au sens où l'entendent les théologiens juifs, chrétiens et musulmans, et par déduction le monde ne peut pas avoir été créé, ou alors quelque chose qui n'est pas Dieu échappe à la causalité de Dieu. A cette question il n'existe qu'un remède, puisque nous ne pouvons trouver de sens acceptable au mot création, il nous faut dire (comme l'affirement toutes les traditions extérieures à la révélation biblique): l'univers n'est pas créé, il ne peut être ou avoir été créé de rien, et s'il n'a pas été créé de rien, c'est qu'il est, fut et demeurera. Il est l'être qui en tant que tel ne peut "provenir", puisque pour qu'il y ait de l'être maintenant, il faut obligatoirement qu'il y en ait eu toujours, car la vie vient du vivant, l'être vient de l'être.
Après avoir très rapidement souligé les difficultés relatives à la thèse créationiste, l'hypothèse d'un premier jour nous devient impensable, la précession du temps et de l'être par le néant aboutit au vide. Or le vide, dans ce cas, serait au minimum un espace ou une durée où l'on pourrait loger quelque chose; ce serait une capacité définie, avec des dimensions. Ce serait donc de l'être, car on ne peut pas dire que ce qui a des dimensions ne soit rien, il en est de même du temps.
Dire qu'à un moment donné le temps n'existait pas, c'est dire encore qu'il existait. Il ne peut donc pas y avoir de vide temporel à l'extrême bord de l'être, l'être ne peut être bordé par rien, ne peut se voir précéder par rien. On est toujours dans l'être, on ne peut rien supposer d'antérieur à l'être d'autre que de l'être. Dire qu'il puisse exister un état de non existence, serait jouer avec les mots: une négation n'est pas un état. Le rien n'étant rien, en affirmant que le monde fut créé du néant, on ne dit en réalité que du vent. Affirmer que le monde, le cosmos, sont créés du néant, c'est faire préexister le néant, or le néant, nous l'avons vu, ne peut en aucune façon exister ou même préexister, sous peine de cesser d'être du néant. Si le néant était, ce ne serait plus du néant. En conséquence le néant n'étant ni existant, ni préexistant, on peut en conclure que rien ne se crée ni ne se fait à partir de rien. L'être est premier, inévitablement. "L'être est, le néant n'est pas" (13), avait déjà énoncé Parménide, dans son poème qui est comme la parole aurorale de la philosophie; oui l'être est, car la création du monde à partir de rien est un mythe théologique biblique, une expression impropre à laquelle il est impossible de trouver un sens acceptable. "Ce monde, le même pour tous, ni dieu ni homme ne l'a fait, disait déjà Héraclite, mais il était toujours, il est et il sera, feu toujours vivant, s'allumant en mesure et s'éteignant en mesure" (14).
V. Conclusion.
En définitive, nous espérons être parvenu à montrer en quoi, aucun espoir sérieux d'une restauration de la pensée païenne n'est envisageable sans une interrogation fondamentale sur l'être.
Les éléments qui peuplent et enchantent le monde dans les religiosités païennes, ne peuvent trouver à affirmer leur vie sans une profonde compréhension des bases métaphysiques qui les sous-tendent. C'est d'ailleurs faute de cette compréhension que le christianisme a pu se développer, avec une telle facilité, parmi les populations antiques. S'il est donc nécessaire de rallumer certains feux, c'est celui de l'intelligence de l'être qui prime en premier lieu, c'est le seul qui ne soit pas symbolique et donc inutile. Si c'est à partir de l'être que pourra se déployer une nouvelle aurore du sacré, c'est que, "ce n'est qu'à partir de la Vérité de l'être que se laisse penser l'essence du Sacré" (15). La région de l'être est identique à la région du sacré, "le Sacré, seul espace essentiel de la divinité qui, à son tour, accorde seule la dimension pour les dieux, ne vient à l'éclat du paraître que lorsque, au préalable et dans une longue préparation, l'être s'est éclairci et a été expérimenté dans sa vérité" (16).
La question de l'être est l'unique question de la pensée, et ceci n'est pas une simple formule, car c'est elle qui commande l'ensemble de toutes les régions de l'étant, dont en premier lieu celle du sacré et donc du religieux dans lequel il s'exprime. Aborder la question du paganisme uniquement au niveau de son folklore, c'est confondre le fond et la forme. Seule l'expérience de l'être est une expérience fondatrice, qui nous permettra: " de refluer en nous-mêmes dans notre propre vérité" (17). La pensée doit rassembler notre "habiter", récapituler le pli de l'être et de l'étant, découvrir l'être comme ‘’fond de l'étant" (18), c'est-à-dire effectuer un saut dans l'être en tant que tel. Toutes les tentatives de restauration d'une religiosité païenne, sont de naïves plaisanteries si elles ne sont pas fondées sur une authentique démarche philosophique. La philosophie fut et reste, l'expression la plus achevée de la pensée digne de ce nom. Elle seule représenta un véritable obstacle aux affirmations chrétiennes, et ce n'est pas pour rien qu'il lui fallût de si longs siècles avant de pouvoir resurgir dans son autonomie, alors que dieux, déesses, elfes et fées, parvinrent rapidement à se déguiser sous les masques des saints et des apparitions, et continuent d'ailleurs toujours à y vivre fort bien.
L' histoire n'est rien d'autre que l'histoire de la vérité de l'être, elle est assignée à un destin en forme d'appel par delà le retrait du Sein. Si, selon la fort belle expression de Hegel, « l’'esprit du monde utilise les peuples et les idées pour sa propre réalisation » (19), l'histoire du monde est donc bien le jugement du monde. Le chemin du savoir répondant à l'essence du dire silencieux, s'accomplira comme mise en lumière de la substance invisible qui séjourne dans le temps, et ceci par delà mythes, symboles et fables de la piété affective. La pensée des choses présentes est le lieu où s'entrecroiseront occultation et dévoilement, le lieu qui livrera la mêmeté de l'être et de la pensée, selon l'intuition lumineuse de Parménide; "comme l'Etre absorbe l'essence de l'homme par la fondation de sa vérité dans l'étant, l'homme fait partie de l'histoire de l'Etre, mais seulement en tant qu'il se charge, qu'il perd, qu'il omet, qu'il libère, qu'il sonde ou qu'il dissipe son essence par rapport à l'Etre" (20).
Ce n'est donc, si nous l'avons bien compris, que par l'exercice d'une extrême tension de nature ontologique, que nous pourrons revenir à notre source originelle... si tant est que nous l'ayons un jour quittée!
Jean-Marc Vivenza
notes :
(1) On est surpris aujourd'hui, grâce aux recherches récentes, de voir à quel point cette distinction, qui semblait fondatrice il y a peu de temps encore, n'obéit en réalité qu'à une convention de langage, tant il apparaît, en effet, que les tendances monothéistes ou hénothéistes ont travaillé en profondeur la pensée païenne (Mésopotamie, Egypte, Iran, Grèce, Rome), et influencèrent très fortement le polythéisme originaire des Hébreux en l'orientant vers une monolâtrie jalousement exclusive, tant est si bien que Misson écrit: "le monothéisme païen a bien préparé le terrain du christianisme". (cf. Lumière sur le paganisme Antique, A. Neyton, Ed. Letourney, 1995).
(2) ( Gen., 1, 1), Bible de Jérusalem, DDB, 1990.
(3) Aristote, Organon, V, Les Topiques, Vrin, 1987.
(4) P. de La Briolle, La Réaction païenne, vol II, 1934.
(5) Nouveau Testament, T. B. S., 1988.
(6) P. Grimal, La civilisation romaine, Arthaud, 1960.
(7) Ier Concile de Constantinople, (IIème oecuménique, 381).
(8) (11 Mac., Vll, 8), Bible de Jérusalem, DDB, 1990.
(9) Proclus, Commentaires sur le Timée, t. I, Belles Lettres, 1968.
(10) J-P Dumont, Les écoles présocratiques, Folio, 1990.
(11) Lucrèce, De Natura Rerum, I, 56, Flammarion, 1986.
(12) Fridugise de Tours, De Nihili et Tenebris, Patrol. Iat., 1526.
(13) Parménide, Le Poème, PUF, 1987.
(14) Héraclite, Fragments, PUF, 1983.
(15) M. Heidegger, Lettre sur l'humanisme, Aubier, 1980. (16) Ibidem.
(17) M. Heidegger, Essais et Conférences, Gallimard, 1990.
(18) M. Heidegger, Questions IV, Gallimard, 1990.
(19) G-H F. Hegel, Leçons sur l'histoire de la philosophie, t. III, Vrin, 1978.
(20) M. Heidegger, Nietzsche, t. II, Gallimard, 19
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De quoi « leur » art « contemporain » est-il le nom ?
En 2008 « l’artiste conceptuel américain, Paul Mc Carthy, 69 ans, avait érigé à Berne (Suisse) une énorme sculpture gonflabe représentant une crotte de chien de plusieurs dizaines de mètres qui s’était envolée faute d’être bien arrimée. C’est cette fois Place Vendôme à Paris qu’il avait dressé sa sculpture, elle aussi gonflable, en toile plastique verte baptisée Tree. Excellent coup marketing pour la Foire Internationale d’art contemporain (FIAC) à l’origine de son installation sur cette célèbre place parisienne, cette oeuvre a été vandalisée dans la nuit de vendredi à samedi. L’artiste a même reçu une paire de claques jeudi dernier de la part d’un parisien n’appréciant pas à sa juste valeur son génie. L’Afp et le site de Libération ont expliqué qu’elle «représente en théorie un arbre de Noël mais fait aussi penser à un plug anal, ces sex-toys utilisés pour se donner du plaisir par l’orifice arrière ». « L’artiste, adepte des formes ambiguës, laisse cependant la porte ouverte ». «Tout est parti d’une plaisanterie: à l’origine, je trouvais que le plug anal avait une forme similaire aux sculptures de Brancusi, a-t-il expliqué au Monde. Après, je me suis rendu compte que cela ressemblait à un arbre de Noël. Mais c’est une œuvre abstraite. Les gens peuvent être offensés s’ils veulent se référer au plug mais, pour moi, c’est plus proche d’une abstraction.»
En l’occurrence l’obsession de Mc Carthy dans ses œuvres pour les matières fécales ou sa mise en scène d’un acte zoophile impliquant un enfant sont des réalités bien concrètes perceptibles par tous.
Bien sûr le maire de Paris Anne Hidalgo a affirmé que c’est la culture qu’on assassine en s’en prenant à l’œuvre de Paul Mc Carthy : «Paris ne cèdera pas aux menaces de ceux qui, en s’en prenant à un artiste ou à une œuvre, s’en prennent à la liberté artistique» a-t-elle affirmé.
Le ministre de la Culture, la Youg Leader Fleur Pellerin a logiquement apporté son soutien à l’artiste, condamné cette dégradation… et fait immédiatement référence au nazisme. Dans un tweet elle écrit ainsi : « Curieux… On dirait que certains soutiendraient volontiers le retour d’une définition officielle de l’art dégénéré »
Si M. Mc Carthy est là a contrario certainement pour régénérer l’art français et nos compatriotes trop débiles pour s’esbaudir devant son talent, Libération nous apprend que fort heureusement nous aurons droit à une séquence de rattrapage. En effet « Pour sa réouverture, prévue le 24 octobre, la Monnaie de Paris présentera une grande exposition sadico-anale de Paul McCarthy, dont le titre, Chocolate Factory (usine à chocolats), fleure déjà bon »…
Nous avons évoqué sur ce blog les protestations suscitées par l’exposition des œuvres de Takashi Murakami et de Jeff Koons au Château de Versailles ; l’émoi engendré par celle d’une œuvre du photographe new yorkais Andres Serrano représentant un petit crucifix en plastique immergé dans un verre rempli d’urine, intitulé «Immersion piss christ ».
Nous avions aussi relayé la mobilisation notamment de l’élue régionale FN Françoise Grolet contre l’exposition atroce « l’Infamille » par le Fond régional d’art contemporain, ( Frac )de Lorraine. Une exposition financée avec nos impôts, ouverte aux collégiens et lycéen mettant en scène des mutilations, évoquant la nécrophilie, le viol, la sodomie, montrant des scènes d’incestes en vidéo, des artistes Gina Pane, Patty Chang et Eric Pougeau.
Le directeur de campagne de la liste FN-RBM pour les élections municipales à Reims, Jean-Claude Philipot, s’était aussi élevé contre la politique d’achat du Frac de Champagne-Ardenne ou l’exposition dans les rues de Reims des « oeuvres » de Christian Lapie .
Hier, à Dijon, ce sont les élus régionaux du Front National qui ont décidé de quitter symboliquement les bancs de l’assemblée, choqués par l’exposition d’une croix ornée de clous, œuvre de Louis Calaferte. « A l’heure où beaucoup de chrétiens sont exécutés parce qu’ils sont chrétiens, pensez-vous qu’il soit utile de promouvoir le blasphème ou le sacrilège? », s’est interrogé l’élu FN de Saône-et-Loire Christian Launay.
Nous le notions il y a quelques années ce prétendu «art contemporain », cette culture à la mode reflètent la pathologie d’une civilisation en déclin. Art contemporain qui ne prospère que grâce au matraquage idéologique médiatique, à l’application proprement subversive, au domaine de l’esthétique et de l’Art du principe Tout égale tout. Un véritable terrorisme intellectuel, relayé et pratiqué par un microcosme parisien érigé en intelligentsia, et qui prétend régenter, selon ses fantasmes, l’ensemble des goûts de la communauté populaire.
Pablo Picasso « le précurseur » lui-même en fit l’aveu à Giovanni Papini qui le cite dans « Libro Nero » (1952) : «dans l’art, le peuple ne cherche plus consolation et exaltation ; mais les raffinés, les riches, les oisifs, les distillateurs de quintessence cherchent le nouveau, l’étrange, l’extravagant, le scandaleux. Et moi-même depuis le cubisme et au-delà, j’ai contenté ces maîtres et ces critiques avec toutes les bizarreries changeantes qui me sont passées en tête, et moins ils me comprenaient, plus ils m’admiraient. A force de m’amuser à tous ces jeux, à toutes ces fariboles, à tous ces casse-tête, rébus et arabesques, je suis devenu célèbre, et très rapidement.»
« Et la célébrité ajoutait Picasso, signifie pour un peintre ventes, gains, fortune, richesse. Et aujourd’hui, comme vous le savez je suis riche. Mais quand je suis seul avec moi-même, je n’ai pas le courage de me considérer comme un artiste dans le sens grand et antique de ce mot. Ce furent de grands peintres que Giotto, le Titien, Rembrandt et Goya ; je suis seulement un amuseur public, qui a compris son temps et a épuisé le mieux qu’il a pu l’imbécilité, la vanité, la cupidité de ses contemporains. Cet une amère confession que la mienne, plus douloureuse qu’elle ne peut sembler, mais elle a le mérite d’être sincère».
Nous rapportions les propos d’E. Marsala qui notait à propos de « la grande mystification de l’art contemporain» que ce qui «distingue fondamentalement » celui-ci de « toutes les formes artistiques antérieures, c’est qu’il n’existe pas sans un copieux discours justificatifs sur ses dogmes, ses rites et ses divinités principales.»
«Un Caravage, un Titien, un David, un Courbet n’avaient pas être expliqués pour s’imposer à tous, Courbet n’avaient pas à être expliqués pour s’imposer à tous, non seulement comme de l’art, mais comme des chefs-d’œuvre. En revanche sans ces discours grotesquement érudits sur l’intention de l’artiste, sa vie, son parcours, ou sa place supposée dans l’histoire de la modernité, un urinoir de Duchamp, une conserve de caca de Piero Manzoni, un aspirateur de Jeff Koons ou une armoire à pharmacie de Damien Hirst ne sont rien d’autre qu’un urinoir, une boîte à merde, un aspirateur et une boîte à pharmacie »…
Cette défense-promotion par les autorités culturelles françaises de cet art contemporain là n’est pas pour nous surprendre. Selon sa définition première, la culture est l’ensemble des façons de penser, d’agir, de sentir, en un mot d’être au monde, d’un peuple ou d’une communauté. Le concept de culture universelle est une contradiction dans les termes puisque toute vraie politique culturelle implique un refus du principe d’homogénéisation et du déracinement, elle est une affirmation positive des frontières.
Or, nos dirigeants, et comme le notait Bruno Gollnisch cette mafia des cultureux sont les promoteurs et les gras bénéficiaires d’une culture mondiale de masse, d’essence mondialiste, qui est aujourd’hui la norme.
Celle-ci se caractérise par « deux grands traits majeurs, deux traits qui interdisent toute politique culturelle nationale à tout peuple qui en participe : l’économisation de la culture et le cosmopolitisme. La culture dans notre civilisation tend à devenir un département de l’économie mondiale organisée » (Guillaume Faye).
Dans « L’imposture de l’art contemporain », le peintre Antoine Tzapoff relève que ce marché est « un marché capitaliste basé sur la promotion-spéculation d’un petit nombre d’élus qui doivent faire allégeance à ceux qui les promeuvent. Un marché promu par la gauche à vocation universaliste, et ce qu’on appelait la droite (…) par un courant libéral, économiste, à vocation mondialiste » pour qui «l’art est devenu un moyen de spéculation ».
« Pour réussir à capter l’attention » poursuit-il, « on a absolument tout fait : des toiles blanches ou monochromes, des déjections de n’importe quoi. (…) À présent cela va encore plus loin, puisqu’on égorge des animaux dont on balance les tripes, les organes, sur le public, et c’est ce barbouillage sur le public qui devient l’œuvre d’art (…) Nous avons donc à faire avec un art basé sur l’éphémère, le hasard, soit l’antithèse complète de l’art traditionnel qui lui en revanche s’appuie sur la réflexion, le savoir-faire, la construction, l’expérience, l’esthétique ».
« D’ailleurs Gramsci lui-même considérait que dans l’élaboration d’un processus révolutionnaire, l’art devait s’attaquer aux valeurs traditionnelles. (…) Salvador Dali d’ailleurs avait dit que l’art contemporain se définissait comme une entreprise universelle de crétinisation ».
« Ont été également mises en scène les décompositions de corps humain, les automutilations… (…)Je ne comprends pas comment un quelconque écrivaillon peut encore trouver une justification artistique à ces manifestations qui drainent des gens qui auraient beaucoup plus besoin d’échanger leur carton de vernissage contre un rendez-vous chez un psychiatre ».
« (…) Comme le sexuel est devenu une banalité, qu’il commence à s’essouffler sérieusement, il faut aller plus loin dans le sado-maso. Maintenant, c’est le sadisme qui doit procurer de l’émotion. Jusqu’où cela ira-t-il, je n’en sais rien! C’est une espèce de course vers la destruction, vers l’abîme, le suicide culturel. Je pense qu’il y a des décideurs, des lobbies assez puissants qui y voient beaucoup d’intérêt, se disant que cette humanité qui se croit branchée, leur sert de cobayes. C’est un laboratoire qui permet de voir jusqu’où le conditionnement peut pousser l’humanité dans les limites de la stupidité et de l’acceptation de l’horreur… ».
Encore un autre aspect de ce culte de l »inversion, de cette idéologie mondialiste qui prospère sur la perte de nos essentielles valeurs civilisationnelles helléno-chrétiennes.