culture et histoire - Page 1564
-
Rencontre-dédicace à Paris
-
La cinquième colonne
Terminologie issue de la guerre d’Espagne, la cinquième colonne désigne par exemple toute force œuvrant dans son propre pays pour un pays hostile. Le principe de cinquième colonne, permet de semer la guerre psychologique dans les rangs de l’adversaire et sert d’appui intérieur.
Les guerre modernes, qui reposent toujours sur des considérations terre à terre (contrôle des ressources ou d’un territoire stratégique par exemple) sont très souvent idéologisées pour s’assurer l’appui des masses. Ainsi les conflits sont un mélange d’intérêts et d’idéaux. Le patriotisme est typique de cette exaltation idéologique qui sert in fine les intérêts des oligarchies prédatrices comme nous l’a démontré le nombre important d’engagés volontaires en 1914-1918… Les défilés et autres commémorations ont pour objectif de donner un caractère rationnel au sacrifice irrationnel de milliers d’hommes. Sitôt les traités de paix signés, les oligarchies font des affaires et les peuples continuent de payer l’addition. Le front de l’est, plus grand front militaire de l’histoire, et ses millions de victimes, aura par exemple été tout autant l’occasion d’une confrontation sanglante entre les intérêts allemands et les intérêts russes, que la confrontation de deux visions du monde. Le nazisme et le bolchevisme servant à justifier les engagements des uns et des autres. Ceux qui déclarent et engagent les guerres n’étant pas toujours motivés par les mêmes raisons que ceux qui combattent.
Les guerres civiles récentes démontrent une chose: les oligarchies agitent systématiquement les ressentiments identitaires, qu'ils soient ethniques, culturels ou religieux, jamais les antagonismes de classe. Non seulement cela bat en brèche l'analyse marxiste classique, puisqu’il n’y a pas de conscience de classe mais cela doit nous rentre très vigilant face à toute tentative de détourner tout combat identitaire ou nationaliste de ses objectifs : la souveraineté, la justice ou la liberté.
En effet, comment défendre son identité et sa souveraineté, sans devenir la 5e colonne dont se servent les oligarchies?
Le scénario ukrainien suscite un certain nombre d’inquiétudes à ce titre, la propagande russe fait des nationalistes souverainistes ukrainiens des agents occidentaux et la propagande occidentale fait des séparatistes des agents pro-russes. Dans les deux cas, les foules combattent pour une certaine conception de leur souveraineté et de leur identité, là où les oligarchies qui font la propagande s’opposent sur des questions comme le contrôle des ressources ou le contrôle de territoires stratégiques, pour rappeler ce que j’ai écrit plus haut. L’émotion suscitée par les massacres de civils sont un carburant idéal pour mystifier les masses et justifier une montée aux extrêmes qui débouchera de toute façon sur la paix soit par écrasement complet de l’ennemi, soit par un partage ou par la renégociation de certains accords. Nous avions aussi évoqué précédemment le fait que la guerre en Syrie n’est au fond qu’une guerre du gaz dans laquelle les qataris comme les russes ont des intérêts et que toute diatribe anti-impérialiste comme droitdelhommiste ou djihadiste n’est là que pour mobiliser des partisans autour de deux factions qui cherchent à contrôler des ressources.
En France nous devons être vigilants à ces questions. Bien que notre pays ne soit pas un territoire clef pour les matières premières, les routes commerciales ou l’eau, il pourrait vivre des tensions politiques de diverses natures en raison de sa situation socio-économique, de sa crise identitaire, de son rejet de plus en plus marqué de l’Union européenne, pour ne donner que quelques exemples. Il serait alors assez simple pour des factions opposées d’agiter les ressentiments identitaires, qu'ils soient ethniques, culturels ou religieux. Nous pourrions ainsi assister à un scénario où les salafistes auraient pour mission de favoriser l’embrasement de certains territoires et de pousser la population vers une force résolument hostile à l’islam. Cette force aurait préalablement donnée un certain nombre de garanties au camp libéral, sioniste et sécuritaire et recueillerait les fruits d'un long travail idéologique de séduction des masses. Cette force pourrait même s’affirmer pendant ses événements, écartant toute autre faction refusant de rentrer dans ce type d’engrenage. En effet, toute faction qui aurait un projet politique visant à empêcher l’oligarchie de gouverner par le chaos serait alors impitoyablement combattue. Peut-être faut-il comprendre ici l’hostilité du système envers toute structure ou personnalité qui vise à désamorcer l’hostilité des populations arabo-musulmanes envers les français de souche européenne. On notera aussi la schizophrénie apparente de l’Etat français, appelant à la lutte totale contre Al-assad en Syrie mais emprisonnant préventivement de présumés djihadistes sans que cela soulève le moindre questionnement. Cette volonté de créer une cassure entre l’Europe et le monde musulman, alimentée initialement par les Etats-Unis, n’est-elle pas aussi une volonté d’empêcher toute coopération euro-maghrébine dans la lutte contre l’immigration sub-saharienne à l'heure où le Maroc et l'Algérie commencent à sentir les effets de la submersion démographique?
Cependant, ce type de manipulation est tout autant possible au nom de « l’anti-impérialisme » comme les communistes français en ont été l’exemple, eux qui furent la cinquième colonne de l’URSS pendant un demi siècle… pour empêcher par exemple la constitution d’un projet alter-européen.A ce titre, tout combat doit toujours être mené en opposition au système, à l’Etat, aux pouvoirs publics, aux médias, aux organismes financiers et non contre des populations ou des communautés. Ce qui n’empêche pas un discours clair sur le refus du grand remplacement par exemple et la définition d‘une doctrine. Chaque prise de position doit être analysée à l’aune de ce critère : vais-je servir potentiellement de cinquième colonne?
Malheureusement, ce sont souvent les événements et leur brutalité qui poussent les populations à choisir leur camp, rendant toute solution politique ou toute position neutre ou de troisième voie difficile à tenir, au moins à court terme. C’est donc par un travail d’information, de formation et de sensibilisation que nous parviendrons à empêcher l’édification d’une cinquième colonne dans nos rangs.
Jean/C.N.C
http://cerclenonconforme.hautetfort.com/archive/2014/05/11/la-cinquieme-colonne-5366788.html
-
Pourquoi avoir défilé avec Civitas le 11 mai ? Xavier Dor (vidéo)
-
La petite histoire du site Fdesouche
A l'occasion du 9e anniversaire de ce site emblématique, Pierre Sautarel raconte l'histoire et les déboires de ce blog, qui s'est fixé pour mission
"de devenir l’Observatoire de la Balkanisation de la France, l’objectif étant de provoquer la sidération des internautes par l’accumulation de preuves, afin qu’ils prennent conscience de la poudrière qu’est la société plurielle."
-
27 juillet 1214 : la bataille de Bouvines
Extrait de la Vie de Philippe Auguste de Guillaume le Breton (v. 1165-1226), prêtre biographe du roi, auteur de la Philippide et continuateur de la Gesta Philippi Augusti (Vie de Philippe Auguste) de Pierre Rigord.
L’an de l’Incarnation du Seigneur 1214, pendant que le roi Jean exerçait ses fureurs dans le pays de l’Anjou, ainsi qu’il a été rapporté plus haut, l’empereur Othon, gagné par argent au parti du roi Jean, rassembla une armée dans le comté de Hainaut, dans un village appelé Valenciennes, dans le territoire du comte Ferrand. Le roi Jean envoya avec lui, à ses frais, le comte de Boulogne, le comte de Salisbury, Ferrand lui-même, le duc de Limbourg, le duc de Brabant, dont ledit Othon avait épousé la fille, et beaucoup d’autres grands et comtes d’Allemagne, de Hainaut, de Brabant et de Flandre. [...]
Les ennemis étant arrivés à un ruisseau qu’on ne pouvait facilement traverser, le passèrent peu à peu, et feignirent, ainsi que le crurent quelques-uns des nôtres, de vouloir marcher vers Tournai. Le bruit courut donc parmi nos chevaliers que les ennemis se détournaient vers Tournai. L’évêque était d’un avis contraire, proclamant et affirmant qu’il fallait nécessairement combattre ou se retirer avec honte et dommage. Cependant les cris et les assertions du plus grand nombre prévalurent. Nous nous avançâmes vers un pont appelé Bovines, placé entre un endroit appelé Sanghin et la ville de Cisoing. [...]
Pendant que le roi, un peu fatigué des armes et du chemin, prenait un léger repos sous l’ombre d’un frêne, près d’une église fondée en l’honneur de saint Pierre, voilà que des messagers envoyés par ceux qui étaient aux derniers rangs, et se hâtant d’accourir promptement vers lui, annoncèrent avec de grands cris que les ennemis arrivaient, et que déjà le combat était presque engagé aux derniers rangs ; que le vicomte et les archers, les cavaliers et hommes de pied armés à la légère, ne soutenaient leur attaque qu’avec la plus grande difficulté et de grands dangers, et qu’ils pouvaient à peine plus long-temps arrêter leur fureur et leur impétuosité. A cette nouvelle, le roi entra dans l’église, et adressant au Seigneur une courte prière, il sortit pour revêtir de nouveau ses armes, et le visage animé, et avec une joie aussi vive que si on l’eût appelé à une noce, il saute sur son cheval. Le cri de Aux armes ! hommes de guerre, aux armes ! retentit partout dans les champs, et les trompettes résonnent ; les cohortes qui avaient déjà passé le pont reviennent sur leurs pas. On rappelle l’étendard de Saint-Denis, qui devait dans les combats marcher à la tête de tous, et, comme il ne revient pas assez vite, on ne l’attend pas. Le roi, d’une course rapide, se précipite vers les derniers rangs, et se place sur le premier front de la bataille, où personne ne s’élance entre lui et les ennemis.
Les ennemis voyant le roi, contre leur espérance, revenu sur ses pas, frappés, je crois, comme de stupeur et d’épouvante, se détournèrent vers le côté droit du chemin par lequel ils venaient, et, s’étendant vers l’occident, s’emparèrent de la partie la plus élevée de la plaine, et se tinrent du côté du nord, ayant devant les yeux le soleil plus ardent ce jour-là qu’à l’ordinaire. Le roi déploya ses ailes du côté contraire, et se tint du côté du midi avec son armée qui s’étendait sur une ligne dans l’espace immense de la plaine, en sorte qu’ils avaient le soleil à dos. Les deux armées se tinrent ainsi occupant à peu près une même étendue, et séparées l’une de l’autre par un espace peu considérable. Au milieu de cette disposition, au premier rang était le roi Philippe, aux côtés duquel se tenaient Guillaume des Barres, la fleur des chevaliers ; Barthélemy de Roye, homme sage et d’un âge avancé ; Gautier le jeune, homme prudent et valeureux, et sage conseiller ; Pierre de Mauvoisin, Gérard Scropha, Etienne de Longchamp, Guillaume de Mortemar, Jean de Rouvrai, Guillaume de Garlande, Henri, comte de Bar, jeune d’âge, vieux d’esprit, distingué par son courage et sa beauté, qui avait succédé en la dignité et en la charge de comte à son père, cousin-germain du roi récemment mort, et un grand nombre d’autres, dont il serait trop long de rapporter les noms, tous hommes remarquables par leur courage, depuis longtemps exercés à la guerre, et qui, pour ces raisons, avaient été spécialement placés pour la garde du roi dans ce combat. Du côté opposé se tenait Othon au milieu des rangs épais de son armée, qui portait pour bannière un aigle doré au dessus d’un dragon attaché à une très-longue perche dressée sur un char. Le roi, avant d’en venir aux mains, adressa à ses chevaliers cette courte et modeste harangue : « Tout notre espoir, toute notre confiance sont placés en Dieu. Le roi Othon et son armée, qui sont les ennemis et les destructeurs des biens de la sainte Eglise, ont été excommuniés par le seigneur Pape : l’argent qu’ils emploient pour leur solde est le produit des larmes des pauvres et du pillage des églises de Dieu et des clercs. Mais nous, nous sommes chrétiens ; nous jouissons de la communion et de la paix de la sainte Eglise ; et quoique pécheurs, nous sommes réunis à l’Eglise de Dieu, et nous défendons, selon notre pouvoir, les libertés du clergé. Nous devons donc avec confiance nous attendre à la miséricorde de Dieu, qui, malgré nos péchés, nous accordera la victoire sur ses ennemis et les nôtres. » A ces mots, les chevaliers demandèrent au roi sa bénédiction ; ayant élevé la main, il invoqua pour eux la bénédiction du Seigneur ; aussitôt les trompettes sonnèrent ; et ils fondirent avec ardeur sur les ennemis, et combattirent avec un courage et une impétuosité extrêmes. [...]
Guillaume le Breton, Vie de Philippe Auguste (XIIIe siècle), publié par François Guizot dans la Collection des mémoires relatifs à l’Histoire de France, Paris, J.-L.-J. Brière, 1825, pp. 274-279.
-
Les faux rebelles
Le Figaro Magazine - 08/10/2005Ils ont fait, selon leur génération, les barricades de 1968, les manifs étudiantes de 1986 ou les rassemblements anti-Le Pen de 2002. L’été 2003, certains se sont retrouvés à la grande fête altermondialiste qui s’est tenue sur le plateau du Larzac, comme au bon vieux temps des pantalons pat’d’eph’, des 2 CV orange et des sacs à main en toile de jute. Quand ils fument, ce n’est pas toujours du tabac. Leurs nuits sont peuplées de cauchemars qui ont nom capitalisme, libéralisme, fascisme et racisme. Etudiants hier, ils travaillent aujourd’hui dans des secteurs où ils gagnent beaucoup d’argent. Ils ont néanmoins bonne conscience, car ils sont des révoltés : contre un monde injuste et dur, ils portent haut le flambeau de la morale et des droits de l’homme. Ils le disent dans les journaux et à la télé - qui les accueillent volontiers. C’est maintenant le comble du chic : des brasseries de Saint-Germain-des-Prés au Festival de Cannes, tout le (beau) monde se dit « politiquement incorrect ».Etrange unanimité. Car qu’y a-t-il derrière cette expression qui tend à se banaliser ? Au printemps dernier, Jean-François Kahn publiait un Dictionnaire incorrect (Plon) dans lequel il entendait pourfendre « la bien-pensance et les nouveaux conformismes ». Il y a trois ans, Vladimir Volkoff - qui vient de mourir - avait fait de même paraître un Manuel du politiquement correct (Editions du Rocher) où il s’attaquait à l’idéologie dominante. En effectuant une lecture croisée des deux volumes, on trouve quelques réflexions convergentes, mais surtout une multitude de désaccords, et sur des points essentiels. D’après Kahn, rechercher l’absolu est « sublime », mais « croire l’avoir trouvé génère toujours des catastrophes ». Volkoff déplore au contraire que « dans la vision politiquement correcte des choses, il n’y a pas d’absolu ».Deux personnalités, deux livres, deux définitions opposées. L’expression « politiquement correct »étant passée dans le langage commun, chacun l’emploie en lui appliquant le contenu de son choix : on a ainsi entendu Jacques Chirac, Michel Rocard, Nicolas Sarkozy, François Bayrou, Jean-Marie Le Pen ou Laurent Fabius stigmatiser les méfaits du politiquement correct. S’y opposer, ce serait manifester le courage du « politiquement incorrect ». Mais cette étiquette n’étant pas non plus une marque déposée, n’importe qui peut prétendre jouer les contestataires en véhiculant les plus solides conformismes de l’époque : le magazine Les Inrockuptibles se vante bien d’être un journal « culturellement incorrect », alors qu’il a épousé toutes les causes militantes qui fleurirent aux Etats-Unis avec le mouvement « politically correct ».C’est en Amérique, il ne faut pas l’oublier, que la formule est née. En 1990, un chroniqueur du New York Times dénonçait une « nouvelle orthodoxie en vogue sur les campus ». Se réclamant de Sartre, de Foucault, de Derrida, de Deleuze ou de Marcuse, le mouvement « pc » (prononcer pi-ci) rassemblait la gauche intellectuelle américaine : marxistes, postmodernistes, féministes et gays radicaux, afro-centristes, etc. Au mythe fondateur du melting-pot, celui de la fusion des cultures dans l’ American way of life, cette nébuleuse progressiste substituait le modèle du multiculturalisme, où chacun revendique sa particularité et obtient que sa différence soit protégée par la loi.Importée en France au début des années 90, la formule a fait florès. Le politiquement correct, c’est désormais ce à quoi tout le monde affirme avec fierté ne pas se soumettre. Mais comment le définir ? Plus qu’une doctrine, l’expression évoque des réflexes, une sensibilité, une manière de réagir devant l’actualité. Vladimir Volkoff, dans le livre cité plus haut, mentionnait plusieurs sources idéologiques conditionnant ces réflexes : la sympathie pour les démunis et l’antipathie pour les possédants, héritage du socialisme ; un certain misérabilisme, venu du christianisme de gauche ; le goût de l’égalité et la méfiance à l’égard de la société, dans la lignée du rousseauisme ; le sens de la lutte des classes et l’affinité avec les mouvements révolutionnaires, avatar du marxisme ; le rejet de toute structure paternelle, scorie d’un complexe d’OEdipe sorti du freudisme ; la haine des normes morales et des hiérarchies sociales, legs de la « pensée 68 ».Au cours de la même période, le politiquement correct s’est imposé dans les milieux culturels et médiatiques, souvent en contradiction avec les enjeux d’une époque qui a vu reculer les clivages idéologiques (le conflit Est-Ouest s’étant éteint, et la distinction gauche-droite ayant perdu de sa pertinence), et en tout cas en décalage avec la société. En matière de sécurité, d’éducation, de morale civique ou de regard sur l’immigration, on sait que les élites parisiennes, au nom du politiquement correct, ont vite fait de cataloguer de « populistes » les attentes d’une population qui n’habite pas les beaux quartiers. En matière économique, de même, l’antilibéralisme sert souvent de masque à un anticapitalisme primaire, appuyé sur des raisonnements déconnectés du réel.Dès 1991, analysant dans Le Figaro l’émergence du politiquement correct, Annie Kriegel soulignait les dangers d’un nouveau maccarthysme consistant à délégitimer son contradicteur en l’assimilant aux personnages ou aux théories symbolisant le mal à travers l’histoire. Ce terrorisme intellectuel, au cours des dernières années, a été dénoncé par des esprits issus de traditions très diverses. Mais dans le cas de ceux qui venaient de la gauche, c’était au prix d’une contradiction ou d’une rupture avec leur famille d’origine. Cette rupture, encore faut-il l’assumer. Sous peine d’être un faux rebelle.Jean Sévillia http://www.jeansevillia.com -
Partis et impôts : deux institutions néfastes
par Louis Naro et Juvénal Nampa
Pour Simone Weil, « […] tout parti est totalitaire en germe et en aspiration » (p.20). Les bigots parlementaristes se récrieront : comment peut-on remettre en cause une institution si bonne, parce que si consubstantiellement « démocratique », que celle du parti politique ?
Verbiage ! « Seul ce qui est juste est légitime » (p.12), assène Simone Weil en postulat. Et d’en tirer le principe aristotélicien bien connu : la légitimité d’un régime politique se jauge non pas à sa forme mais à son aptitude à réaliser concrètement le juste. Pas plus que n’importe quel autre régime, donc, une démocratie qui ne réalise pas la justice sociale, le bien commun, ne peut prétendre à la légitimité. Or, précisément, qu’est-ce qui empêche la démocratie française, et ce depuis ses origines, de tendre à ces fins supérieures ? Le système des partis. « Les partis, écrit Weil, sont un merveilleux mécanisme, par la vertu duquel, dans toute l’étendue d’un pays, pas un esprit ne donne son attention à l’effort de discerner, dans les affaires publiques, le bien, la justice, la vérité » (p.36). Dans la perspective rousseauiste qui est la sienne, une démocratie saine postule l’expression authentique de la volonté générale. « Authentique » c’est dire qu’au moment de décider, les citoyens doivent être dotés de discernement et n’avoir à l’esprit que l’intérêt général. En bref, tout ce qu’empêchent les partis.
D’abord, parce qu’ils sont « […] une machine à fabriquer de la passion collective » (p.19) : loin de favoriser le discernement des citoyens, ils les placent, à grand renfort de propagande et de suggestions diverses, dans le climat irrationnel de la guerre des bandes. Ensuite, parce que « […] l’unique fin de tout parti politique est sa propre croissance » (p.20). Non seulement le climat créé par les partis est irrationnel, mais encore il est rendu étranger à la question du bien commun, les seuls biens revendiqués étant ceux propres aux bandes respectives.
Dans ces conditions, la volonté générale est inaudible et la démocratie rendue illégitime. « Si on confiait au diable l’organisation de la vie publique, écrit Weil, il ne pourrait rien imaginer de plus ingénieux » (p.37). Au terme de sa démonstration, les bigots parlementaristes sont renvoyés dans les cordes et la conviction est acquise qu’il en va du bien commun que l’on interdise les partis politiques. Cependant, on eût aimé que Weil insistât davantage encore sur le rôle diviseur du système partisan, et qu‘elle poussât son analyse jusque sur le terrain institutionnel, remettant en cause le parlementarisme. Mais ce qu’elle ne dit pas, d’autres l‘on dit, et après tout, rien n’empêche, après avoir lu Weil, d’aller feuilleter Mes idées politiques. On y trouvera notamment ces mots : « La France est déchirée parce que ceux qui la gouvernent ne sont pas des hommes d’État, mais des hommes de parti. Honnêtes, ils songent seulement au bien d’un parti ; malhonnêtes, à remplir leurs poches. Les uns et les autres sont les ennemis de la France ». CQFD.
Extraits du célèbre Système des contradictions économiques ou philosophie de la misère, lesConséquences désastreuses et inévitables de l’impôt, se présente comme un ensemble de réflexions pointant les antinomies qui caractérisent aux yeux de Proudhon la société de son époque. Constatant l’impossible conciliation des intérêts du travail et du capital, il y décrit les raisons de l’effondrement programmé d’un système politique condamné par son incapacité à remettre en cause le régime de la propriété sur lequel elle repose. Au cours de sa réflexion le père de l’anarchisme s’attèle à une dénonciation systématique de l’ensemble des fondements idéologiques des sociétés capitalistes modernes. Propriété, impôts, libre commerce, police, gouvernement, presse, église : il n’est pas une institution qui échappe à la corrosivité de sa critique
Si les lecteurs familiers de l’œuvre de Proudhon n’apprendront ici rien de nouveau, l’ouvrage réserve néanmoins quelques surprises comme cette étonnante défense de la franchise des objets de luxe au nom de leur accessibilité au travailleur économe ou celle du maintien des classes improductives dans leur oisiveté afin de protéger les emplois de ceux qui travaillent à leur place.
Soulignons également la qualité des dernières pages de l’ouvrage dans lesquelles l’auteur se livre à une méditation savante sur l’antagonisme de l’humanisme socialiste d’inspiration rousseauiste avec la théologie chrétienne de la Chute. Proudhon y dessine les contours d’une dialectique opposant d’une part la conception optimiste d’une humanité fondamentalement bonne mais malheureusement pervertie par la société capitaliste et d’autre part le pessimisme anthropologique chrétien marqué par le dogme du péché originel.
Nous avons donc affaire à un ouvrage qui, faute d’être indispensable, pourra néanmoins constituer une agréable lecture ainsi qu’une intéressante introduction à l’œuvre du philosophe de par son accessibilité et l’originalité des arguments exposés.
Simone Weil, Note sur la suppression générale des partis politiques, coll. Carnets de L’Herne, éd. de L’Herne, 7,50€.
Proudhon, ConséquenceS désastreuses et inévitables de l’impôt, coll. Carnets de L’Herne, éd. de L’Herne, 7,50€.
http://www.actionfrancaise.net/craf/?Partis-et-impots-deux-institutions
-
La censure des propos sur Internet est contre-productive
Dans un délire étatiste, Jean-Vincent Placé propose une loi pour contrôler internet. L'écrivain Christian Combaz met en garde contre cette volonté de censure :
"[...] Les institutions ne gagneront jamais la bataille de la dérision. Elles ont toujours été terrassées par le camp des ricaneurs même à l'époque où Facebook et Youtube n'existaient pas. Sommer le Conseil d'Etat de se prononcer de manière préventive sur le spectacle d'un humoriste comme l'a fait naguère Manuel Valls, multiplier les déclarations compassées, appeler à la vigilance sur le ton «je ne plaisante pas», courir après les gestes, le vocabulaire, les déclarations fiscales de ceux qui vous agacent, mobiliser les ressources du ministère de l'Intérieur et réclamer le concours de la Culture et d'Aurélie Filippetti pour museler «une certaine parole» sur internet en partant à la chasse aux propos inadmissibles, c'est donner des ailes aux ennemis de l'état. Par conséquent cela nous concerne tous.
[...] Imaginez une conjuration de citoyens qui choisissent un geste trivial de l'avant-bras, connu des pêcheurs et des scouts, comme signe de ralliement et qui appellent cela faire une quenelle. Dans un premier temps on interdit le geste en public, ensuite on analyse les photos de groupe sur internet pour remonter vers les auteurs du geste, ensuite on interdit l'emploi du mot quenelle dans les débats télévisés, puis dans les restaurants ce qui devient assez incommode. Les fabricants de quenelles font fortune. Les récalcitrants trouvent expédient de faire allusion à la ville de Nantua, afin d'y tenir un congrès, naturellement aussitôt interdit, puis de faire imprimer des Tshirts «I love Nantua». A la fin, on discute en haut lieu de la solution qui consisterait à débaptiser la ville de Nantua pour contrecarrer les plans de la sédition . Dans les réunions au ministère de l'Intérieur tout le monde trouve la solution difficile à mettre en oeuvre mais on est tellement embarqué dans la servilité à l'égard de la parole du premier ministre que personne ne trouve la situation grotesque. La preuve même le lecteur vient d'avoir une seconde de doute quand j'ai évoqué le congrès de Nantua. Les esprits sont si habitués à l'invraisemblable que rien ne les surprend plus.
Jusqu'au moment où le ricanement de la population deviendra colère, où les gens monteront sur les lampadaires. Et le Premier ministre criera au complot anti-républicain ourdi par des forces venues des bas-fonds de l'histoire, alors qu'au départ il s'agissait simplement de donner une leçon à un pion qui se prend au sérieux.
Il est temps de signifier à l'Etat qu'une partie non négligeable des citoyens français trouve ce risque inconsidéré. Si l'on voulait conjurer l'apparition de certaines idées dans les esprits, il fallait éduquer les enfants autrement que par la télévision où les feuilletons policiers américains considèrent explicitement autrui comme de la viande, éviter les prêchi-prêcha en CM2 avec présentation de diapositives, ne pas importer de guerres civiles étrangères, imposer la force de la culture avant celle du droit (qui n'a aucun effet sur les esprits). Courir après les mots impose à l'état de jouer le rôle du comte Almaviva dans le mariage de Figaro et précipite une tribulation de l'opinion dont la France a connu plusieurs exemples, tous assez fâcheux."
-
Europe : un travelo barbu comme Marianne. Mais jusqu’où descendront-ils ?
Le concours de l’eurovision de la chanson est l’une des manifestations les plus ringardes qui soit. Voilà des années que cette manifestation est éclipsée par toutes les téléréalités autour des « Incroyables talents » et autres « Voice ».
Comment tout de même survivre et se maintenir ne serait-ce que pour engranger les bénéfices et la manne de la retransmission télévisée ? En en faisant des tonnes bien sûr. Il suffit de flatter l’idéologie dominante et les financiers des espaces publicitaires. Il y a bien longtemps que dans les grandes manifestations internationales, ce n’est plus le talent qui est récompensé mais le thème. Il suffit de traiter un sujet politiquement correct pour avoir une chance… tous ceux qui pensent comme nous aurons du talent, pas les autres.
Voilà pourquoi Cannes consacre des films que personne ne va voir et on peut multiplier les exemples à l’infini dans l’art contemporain où un excrément dans un bocal présenté par un artiste du bout du monde est forcément une œuvre d’art. [...]
La suite sur Novopress
Lire également sur France Catholique l’article de Gérard Leclerc
http://www.actionfrancaise.net/craf/?Europe-un-travelo-barbu-comme
-
Casus Belli - Enfant de Troupe