Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

culture et histoire - Page 1561

  • Caméra embarquée : "Hommage à Jeanne 2014"

    20140511_110852

    Comme promis, après les photos, voici la vidéo de notre participation aux défilés traditionnels d’hommage à Sainte Jeanne d’Arc, le 11 Mai dernier.

  • Sur la notion d'élite

    e qu'on qualifie du terme d'élite, c'est la partie supérieure d'une communauté. En mathématiques, on utilise les termes de « max » ou de « sup » d'un ensemble donné, pour qualifier sa partie supérieure. L'erreur que commentent beaucoup, c'est de croire qu'une élite donnée soit transcendante. Autrement exprimé, qu'une élite donnée soit ainsi reconnue par tous, en tout lieu et à toute époque. Pour déterminer l'élite (partie supérieure) d'un ensemble, on doit disposer d'une relation d'ordre ainsi que d'une norme. Si la première ne pose problème (« < » et « > »), c'est la seconde qui fait toute la différence : c'est ainsi que selon la norme choisie, pour un même ensemble d'individus, l'élite sera différentes.
    Zidane comme Platini firent partie de l'élite. A condition bien sur de prendre pour norme la valeur footballistique. Cela ne signifie absolument que si on prend en considération une autre norme – l'intelligence par exemple – ces deux hommes en feraient nécessairement partie. L'élite dans le cadre de l'armée est constituée par les officiers et notamment les généraux. Là encore, cela ne signifie pas que ces derniers continuent de faire partie de l'élite si on prenait en compte d'autres critères.
    L'absence d'élite ne peut exister que dans le cadre d'une société totalement égalitaire. On peut par exemple prendre en considération certaines micro-sociétés comme celles postérieures à mai 68 tout en s'en réclamant. Il n'en reste pas moins que celle-ci achoppèrent sur les qualités humaines de ses membres. C'est ainsi que même en postulant l'égalité totale et parfaite que certains paramètres, notamment naturels, continuent d'être discriminant. Toujours afin d'imager, notre physique et je pense au visage, influence considérablement le rapport qu'autrui entretient avec nous. Donc, même si tous étaient habillés de la même façon, que les différences perdureraient.
    L'une des erreurs que je constate assez souvent à la lecture de la prose issue de la mouvance, est de considérer que la société actuelle qui caractérise la France d'aujourd'hui n'a pas d'élite. D'où l'introduction du terme de « pseudo-élite ». En fait, cette élite existe pourtant bien et se comporte en tant que telle. Le fait est que ceux qui ne la reconnaissent pas utilisent une autre norme et on donc une autre conception de l'élite. En aucun cas l'élite actuelle ne trahit : elle tisse sa toile avec les valeurs qui sont les siennes, toujours soucieuse de respecter son engagement envers la cause qu'elle s'est choisie.
    On sait aujourd'hui que certaines formations universitaires ouvrent grandes les portes du pouvoir. Ainsi Science po, l'Ena ou le droit. L'un des objectifs de l'Ena justement, est depuis sa fondation, de former des individus susceptibles d'occuper les plus hauts postes, dans la société de leur époque. On comprend alors très bien le ridicule à affirmer que les énarques trahissent : au contraire, ils font justement ce pour quoi ils ont été formés. Fonctionnaires bien souvent à très haut niveau, ils obéissent au même titre qu'ils dirigent.
    Dans les faits, chaque idéologie politique dispose de sa propre norme et ainsi, de sa propre élite. La question est de savoir s'il est possible de trouver une norme absolue, permettant de trouver une élite susceptible d'être consensuelle. On m'accordera bien volontiers que l'éthique et la vérité sont des valeurs spécifiquement humaines et indépendantes de l'espace comme du temps. On pourrait donc concevoir que pour appartenir à l'élite, même si on peut ajouter d'autres critères, il faille adhérer tant à l'éthique qu'à la vérité.
    Un aspect me semble presque certain : c'est que l'élite actuelle, n'est pas en phase avec ces valeurs...

    Philippe Delbauvre

    http://www.voxnr.com/cc/dt_autres/EuppkVElFpDkFtSvPm.shtml

  • 22 juin 1929 Le Vatican «s'arrange» avec le Mexique

    Désireux de mettre un terme au soulèvement des paysans catholiques contre le gouvernement mexicain, le Vatican conclut un arrangement avec celui-ci, le 22 juin 1929. Le Saint-Siège demande aux rebelles, les « Cristeros », de déposer les armes sous peine d'excommunication (*). 

    Mais beaucoup de catholiques voient dans cet arrangement (« Arreglos ») une capitulation face au gouvernement socialisant et franc-maçon du Mexique dont l'intolérance a entraîné les paysans à la révolte. De fait, les ex-rebelles vont encore subir pendant plusieurs années les exactions de l'armée. 

    André Larané
    Combattants Cristeros (1926-1929)

    La Vendée mexicaine

    Le président mexicain Plutarco Elias Calles et le président américain Calvin Coolidge devant la Maison Blanche en 1925Président de la République de 1924 à 1928, le général Plutarco Calles entreprend de consolider les acquis de la révolution de 1910, illustrée par les exploits de Zapata et Pancho Villa.

    C'est ainsi qu'il réorganise l'instruction publique et étend la réforme agraire, distribuant plus de trois millions d'hectares aux petits paysans des coopératives (les ejidatarios). Il confirme aussi la nationalisation de l'industrie du pétrole au grand dam des États-Unis...

    Mais fidèle à une tradition anticléricale vieille de près d'un siècle, le président a aussi la mauvaise idée de s'en prendre à l'Église catholique.

    Le 1er décembre 1924, il prive de droits civiques les catholiques (laïcs et prêtres) sous prétexte qu'ils obéissent à un souverain étranger, le pape ! Il expulse le nonce, l'ambassadeur du Vatican, ainsi que tous les ecclésiastiques étrangers. Il interdit aux prêtres toute critique du gouvernement en vertu de l'article 130 de la Constitution de 1917, jusque-là resté inappliqué. Il interdit les congrégations enseignantes et ferme pas moins de 20.000 églises !

    L'épiscopat se rebiffe et suspend le 31 juillet 1926 l'administration des sacrements dans tout le pays pour une durée de trois ans. Cette riposte ahurissante de la part d'un haut clergé essentiellement criollo (d'origine européenne) livre au désespoir les masses rurales, majoritairement indiennes ou métisses, attachées à une religiosité traditionnelle.

    Exécution en 1927, au Jalisco, du père Francisco Vera, coupable d'avoir célébré la messe

    Les paysans se soulèvent sans attendre contre les autorités de la capitale, dans un parallèle frappant avec le soulèvement des Vendéens en 1793, en lutte contre les révolutionnaires parisiens. Leur cri de ralliement : « ¡ Viva Cristo Rey ! ¡ Viva la Virgen de Guadalupe ! » (Vive le Christ-Roi ! Vive la Vierge de Guadalupe) fait référence à la Vierge apparue à un Indien en 1531 et à la proclamation par le pape Pie XI, le 11 décembre 1925, du Christ « Roi des nations ».

    Ces insurgés sont par dérision surnommés « Cristeros ». Eux-mêmes qualifient plus volontiers leur soulèvement de « Cristiada » (Christiade) mais ils sont désavoués par l'épiscopat, à deux ou trois exceptions près. Il n'empêche qu'avec 50.000 combattants, ils vont constituer la plus importante rébellion qu'ait connue le pays, lequel compte à cette époque moins de vingt millions d'habitants disséminés sur deux millions de km2.

    Le général Enrique Gorostieta Velarde (Monterrey, 1889 - Atotonilco el Alto, 2 juin 1929)Ils recrutent contre rémunération le général Enrique Gorostieta (38 ans), lequel est, d'après l'historien Jean Meyer, catholique, bon mari et bon père, contrairement à une légende qui en fait un franc-maçon laïc. Il va discipliner ses troupes et les conduire de victoire en victoire malgré le manque de moyens. Le soulèvement a débuté dans l'État du Jalisco, au bord de l'océan Pacifique (capitale : Guadalajara). Trois ans plus tard, l'armée des Cristeros tient plus des trois quarts de l’ouest du Mexique et la moitié des 30 États de la fédération.

    Tous les habitants des campagnes concernées se montrent solidaires et les femmes ne sont pas les moins actives. Comme dans toute résistance populaire, elles servent au renseignement, à l'approvisionnement des combattants et au transport des munitions. Des brigades féminines, les Brigadas Bonitas ou Jolies brigades, combattent même sous le patronage de Jeanne d'Arc.

    Cette guerre occasionne un total d'environ 90.000 tués selon l'historien Jean Meyer, dont les deux tiers dans les troupes gouvernementales, lesquelles sont en infériorité tactique face à la guérilla, malgré leur recours systématique à la terreur.

    Cristeros de l'État de Jalisco entourant des prisonniers de l'armée fédérale mexicaine

    La diplomatie s'en mêle

    Désespérant de vaincre les paysans, le président Calles se réconcilie avec le gouvernement des États-Unis. Il accepte des concessions sur le pétrole en échange de l'aide de l'US Air Force dans son combat contre les Cristeros... Il est vrai que lesWASP's (*) ne portent pas dans leur coeur les paysans métissés ou indiens du Mexique et même les catholiques américains se gardent de soutenir financièrement leurs coreligionnaires du sud du Rio Grande.

    Le 1er juillet 1928, les élections présidentielles voient le retour au pouvoir du général Álvaro Obregón, qui avait déjà présidé le pays de 1920 à 1924. Mais il est assassiné le 17 juillet suivant par un étudiant catholique qui lui reproche son anticléricalisme.

    Terreur exercée par l'armée fédérale contre les Cristeros (1926-1929)Emilio Portes Gil assume l'intérim de la présidence cependant que Plutarco Elías Calles continue de diriger en sous-main les affaires du pays avec le titre de « jefe maximo » (chef suprême).

    Calles, qui vise l'élection de l'année suivante, veut mettre fin au plus haut vite à la rébellion, laquelle a déjà fait plusieurs dizaines de milliers de victimes, mais il comprend qu'il ne pourra la vaincre par les moyens militaires, même agrémentés de la Terreur révolutionnaire.

    Il demande donc au président Portes Gil de faire appel à la médiation du haut clergé catholique des États-Unis. Il s'agit d'Irlandais qui n'ont guère de sympathie pour les va-nu-pieds mexicains. Ils pressent le Vatican de conclure un compromis.

    Après que le gouvernement ait autorisé à nouveau le culte catholique le 3 mars 1929 et fait rouvrir la cathédrale de Mexico, il revient au cardinal Gasparri, celui-là même qui signa les accords de Latran avec Mussolini, de conclure « los Arreglos ».

    Arrangements bafoués

    À la demande du légat pontifical, le président mexicain s'engage à ne plus tenter d'appliquer les articles antireligieux de la Constitution ! Il donne aussi sa parole que les rebelles seront amnistiés et qu'il ne leur sera fait aucun mal. Mais il ne s'agit que de sa parole. Aucun document n'est signé...

    Obéissants, les Cristeros se soumettent, d'autant que le général Gorostieta a été tué dans une embuscade, le 2 juin 1929. Dans les faits, l'amnistie n'est pas le moins du monde respectée et des centaines d'insurgés sont assassinés dans d'atroces conditions aussitôt après avoir rendu leurs armes sur ordre de leur évêque.

    Combattants cristeros de la Secunda, en 1934, dans l'État de PueblaL'armée ne s'en tient pas là. Elle met à sac les campagnes reculées de l'Ouest avec le désir d'éradiquer une bonne fois pour toutes toute trace de christianisme. Le romancier Graham Greene en fait état dans son romanLa Puissance et la Gloire. Il s'ensuit une seconde guerre des Cristeros (laSecunda), qui réunit quelques milliers de combattants désespérés. Elle  va durer de 1934 à 1938 sans qu'il soit possible d'en évaluer le nombre de victimes. 

    Le général Luis Garfias a reconnu dans Epoca le 4 janvier 1993 :« L'armée fédérale a mené une guerre sans pitié. Elle ne faisait pas de prisonniers, les civils étaient pris comme otages et beaucoup d'entre eux fusillés. La torture fut systématique, on détruisit d'innombrables villages et hameaux » (*).

    L'élection du président Lázaro Cárdenas en 1934 met fin à la période dite duMaximato, autrement dit au règne du général Plutarco Elías Calles. Mais il faudra encore plusieurs années avant que la paix religieuse ne revienne au Mexique.

    L'émotion suscitée par « los Arreglos » va entraîner la disgrâce du cardinal Gasparri qui sera aussitôt remplacé à la Secrétairerie d'État (le ministère des Affaires étrangères du Vatican) par le cardinal Eugenio Pacelli (futur Pie XII).

    La Puissance et la Gloire

    De cette illustration dramatique des excès auxquels a pu conduire au XXe siècle la haine antireligieuse, le romancier britannique Graham Greene a tiré son chef-d'oeuvre, La Puissance et la Gloire (1940). Il lui a été inspiré par son séjour au Mexique en 1938.

    C'est l'histoire d'un prêtre alcoolique, traqué par un lieutenant fanatique et obtus dans les années 1930, et qui n'en continue pas moins de servir les fidèles... Bien qu'écrit par un catholique croyant, le roman a été condamné par le Saint-Siège.

    Bibliographie

    La guerre des Cristeros a été longtemps occultée tant par l'historiographie officielle que par le Saint-Siège.

    Elle est sortie de l'oubli à la faveur d'une volumineuse thèse de l'historien français Jean Meyer, qui l'a découverte en 1964, quand il n'était encore qu'un jeune étudiant à l'écoute de Pierre Chaunu. Il a publié sa thèse en 1975 : La Christiade, l'État et le peuple dans la révolution mexicaine (Payot).

    Histoire du christianisme, Hors-série N°7Le 13 mai 2014, les éditions CLD ont réédité le livre de Jean Meyer dans une version enrichie et réactualisée : La rébellion des Cristeros, L’Église, l’État, le peuple dans la Révolution mexicaine (348 pages, 23 €). Elles ont édité aussi une version illustrée du même ouvrage : La Cristiada, la lutte du peuple mexicain pour la liberté religieuse (224 pages, plus de 300 illustrations et documents inédits, 35 €).

    En 2012, le film Cristeros du réalisateur Dean Wright lui a donné une nouvelle visibilité. La revue Histoire du christianisme a par ailleurs consacré un remarquable hors-série aux Cristeros (printemps 2014), incluant un entretien avec Jean Meyer, des articles de celui-ci et une analyse du film de Dean Wright. 

    http://www.herodote.net/histoire/evenement.php?jour=19290622&ID_dossier=320

  • I-Media N°11

  • La souveraineté nationale, pilier d'une autre Europe

    Extrait du discours d'Aymeric Chauprade, prononcé mardi dernier au Chesnay :

    "Notre souveraineté, depuis 1500 ans, faisait de la fille aînée de l'Eglise, l'un des plus puissants pays du monde : un pays respecté, imité, aimé qui a perdu peu à peu le droit de gouverner son destin et de peser dans l’Histoire par lui-même. Le premier bilan que nous pouvons faire de l’Europe est celui de la dispersion à tous vents de notre souveraineté nationale : notre économie est partie à Bruxelles, notre monnaie à Francfort, notre Justice au Luxembourg, notre géopolitique à Washington…

    Evidemment, en cette période électorale, l’UMPS échafaude mille projets de nouvelle Europe…mais de quelle Europe ?Election européenne après élection européenne, traité après traité, l’UMPS a accompagné le même processus communautaire visant à nous déposséder de notre souveraineté, transformant nos régions en Lander gouvernés par des roitelets européistes dont la seule obsession est de détruire l'Etat-nation. L’UMP en campagne brandit l’étendard d'une Europe des nations alors même quele PPE, groupe auquel elle appartient au Parlement européen, vote depuis toujours 100% des transferts de souveraineté !

    Quant à M. Dupont Aignant, qui voudrait nous faire croire qu'il est gaulliste, mais il est FAF : il appartient à la French American Foundation, club de politiques français tous partis confondus (excepté le Front national) formés aux Etats-Unis à appliquer les ordres de leurs maîtres. M. Dupont Aignant est tout sauf un gaulliste, c'est un supplétif de l'UMP, c'est, après le premier filet tendu qui est M. Guaino pour lequel j'ai bien plus d'estime, un deuxième filet qui sert à rattraper l'électeur de l'UMP, effrayé par l'européisme congénital de M. Lamassoure et qui serait tenté de devenir logique avec lui-même en ralliant enfin la vague Bleu Marine le 25 mai. La tâche de convaincre de son opposition au traité transatlantique tout en étant fils des programmes d'influence américaine en Europe, ne doit pas être aisée…

    Comment l’UMPS a-t-elle réussi à nous vendre cette construction européenne depuis des décennies? Au nom du mythe de l'Europe-puissance. Une grande majorité de Français y a longtemps cru, et beaucoup hélas croient encore qu'au bout de cette longue route, nous cueillerons l’Europe-puissance, protectrice des Etats-Unis, de l'Asie émergente, du nouveau monde et de ses nouvelles puissances économiques et géopolitiques. Mais il n’en est rien :sans souveraineté nationale, toute velléité de puissance reste un mirage inaccessible. A défaut de souveraineté économique, l’UMPS console les Français en faisant vibrer les cordes d’une plus grande démocratie. Or il est facile de constater que la courbe de l'abstention dans les nations en Europe, et en particulier en France, épouse la courbe du transfert de souveraineté vers l'Union européenne. Plus la souveraineté nationale est transférée vers Bruxelles, Francfort ou Washington, moins les Français votent!

    L’UMPS nous assène que l'avenir de la France est dans la Commission européenne ce qui devrait logiquement conduire les Français à voter massivement aux élections européennes or ils ne le font pas. Pourquoi ? Parce qu’il n'y a pas de souveraineté européenne.En lieu et place des souverainetés nationales perdues, c’est le vide absolu. Seul reste le pouvoir d'une technocratie au service d'une oligarchie financière américaine et européenne, qui loin de travailler au Bien commun européen, veille au grain de ses intérêts particuliers.

    Sur les 200 pays dans le monde, seuls les 28 de l'UE ont accepté cette folie de l'abandon de leur souveraineté au profit d'une élite mondialisée, affranchie de ses nations, ses identités, ses territoires et ses religions, pour vivre dans l'esclavage du Dieu Argent, en poussant les peuples à devenir esclaves de leurs pulsions consuméristes et sexuelles, déliés de leurs appartenances naturelles, la famille, la nation, le Divin.

    Alors, comme ultime argument l’UMPS assure que la souveraineté nationale créerait un isolement suicidaire dans notre nouvel ordre mondial, mais qu’en est-il des Etats-Unis, de la Corée du Sud, du Japon, de la Chine, de la Russie et tant d’autres ? Sont-ils isolés ?Au contraire de tout cela, nous devons rétablir des coopérations régionales et inter-étatiques flexibles, adaptées à la nouvelle Europe de demain : celle de la coopération des Etats aux intérêts de sous-groupes méditerranéens, danubiens, balkaniques, baltiques... Si demain la France retrouve sa souveraineté, elle aura les moyens de reconstruire sa puissance et la démocratie renaîtra de ses cendres : les Français, comprenant qu’ils ont de nouveau le pouvoir en main, voteront !"

    Michel Janva

  • Édition : le temps des faussaires (shoah, génocide, ...)

    Misha Defonseca avait publié en 1997 une autobiographie, Survivre avec les loups, qui racontait comment petite fille elle avait survécu à la Shoah. L'ouvrage fut même adapté au cinéma en 2007. Or elle n’était qu’une affabulatrice et a été condamnée par la justice américaine à rembourser 22,5 millions de dollars à son éditeur. Son «autobiographie» n’est, hélas, pas la première imposture éditoriale. Il nous faut désormais compter avec la multiplication des faux récits. Retour sur les plus belles supercheries de l'histoire littéraire, de faussaires en jeux de pseudonymes.
    Dieu a écrit un livre. Et, miracle, il est arrivé sur le bureau de Geneviève Perrin, directrice littéraire des éditions Belfond. «Nous recevons beaucoup de textes d’allumés. La plupart du temps, ces manuscrits ne parviennent pas jusqu’à moi. Mais celui-là valait vraiment le coup d’oeil ! Une collègue me l’a montré pour rire. En toute simplicité, l’auteur se prenait pour Dieu réincarné, en somme, le nouveau messie.»
    Certes, tous les affabulateurs ne sont pas aussi faciles à confondre. Conséquence de la vogue des témoignages, parmi les foules de personnes estimant que leur souffrance et expériences réelles méritent bien un livre, se cachent aussi de nombreux menteurs. Et certains sont particulièrement convaincants, comme en témoigne Sylvie Delassus, éditrice chez Robert Laffont. Un jour, celle-ci reçoit le synopsis fort attrayant du «récit» d’un homme ayant connu une enfance malheureuse, puis une adolescence très difficile. «C’était le Petit Chose et Cosette réunis ! Il y avait tout pour faire pleurer dans les chaumières...» Assez séduite, l’éditrice rencontre l’auteur, et le découvre sympathique, éloquent et haut en couleur. «Le genre d’homme que l’on enverrait volontiers défendre son livre à la télévision.» Néanmoins, Sylvie Delassus sent que quelque chose cloche. Et certains éléments lui paraissent un peu suspects : «L’auteur affirmait descendre d’un roi africain.» Elle charge donc quelques journalistes de mener une petite enquête auprès des gens qui avaient croisé «son» auteur. «Et il s’est avéré qu’il n’avait pas une réputation de fiabilité extrême...»
    Tel est le faussaire moderne, qui se distingue de ses prédécesseurs par ses motivations purement individualistes. Celles-ci sont de deux ordres : psychologiques et/ou financières. Certes, bien des contrefacteurs d’autrefois agissaient aussi pour combler les failles de leurs finances ou de leur personnalité. Mais d’autres falsifiaient à des fins politiques, comme Matvei Golovinski, agent de l’Okhrana, la police secrète du Tsar, qui publia, de 1903 à 1906 le fameux et infâme Protocole des sages de Sion, à l’origine de la thèse antisémite du complot juif mondial. Ou comiques, tel Rénier Chalon, auteur du Catalogue Fortsas, qui, annonçant une vente fictive d’exemplaires uniques, envoya, en 1840, toute l’Europe bibliophile dans le petit village belge de Binche. Ou encore poétiques, tels les comédiens Akakia-Viala et Nicolas Bataille, qui publièrent, en 1949, les vers de La Chasse spirituelle, faux Rimbaud bien connu.
    Rien de cela chez les faussaires d’aujourd’hui, dont les mensonges ne servent qu’une seule cause : la leur. Rien d’étonnant, alors, à ce qu’ils ne se retrouvent pas non plus dans la littérature ou les traités d’érudition, mais dans ce genre éminemment dramatique du témoignage-vérité, tendance Jamais sans ma fille. Comme le confirme l’écrivain Philippe Di Folco, auteur des Grandes impostures littéraires, «chaque époque a les faussaires qu’elle mérite».
    Le XVe siècle italien avait soif de sagesse hellène et latine ? Il eut Annius de Viterbe, qui lui fournit dix-sept tomes de commentaires et fausses traductions d’oeuvres antiques perdues, ainsi qu’un essai des plus farfelus sur les origines de la langue étrusque. Le XXe siècle s’interrogeait sur le mystère de la personnalité de Hitler ? Il récolta Konrad Kujau, qui fabriqua de façon industrielle de faux carnets intimes du Führer, lesquels furent publiés dans le magazine hebdomadaire Stern. Et notre XXIe siècle, qui se nourrit d’histoires vécues, néanmoins incroyables, et si possible exemplaires, hérite de Misha Defonseca...
    Celle-ci a eu dernièrement les honneurs des journaux après avoir été découverte. Dans son livre, Survivre avec les loups, Misha Defonseca Monique De Wael, de son vrai nom se dotait d’une judéité de circonstance et d’un passé d’enfant sauvage : la meute l’aurait sauvée de la barbarie nazie et des terribles hivers de la Seconde Guerre mondiale. Grâce à eux, «Misha» affirmait avoir effectué un aller-retour Anderlecht en Belgique-Varsovie en Pologne, à 8 ans, en s’orientant avec une petite boussole tenant dans un coquillage ! Plus de deux cent mille exemplaires de son livre ont été vendus en France. «C’est facile aujourd’hui, avec le recul de dire que l’histoire n’était pas crédible, tempère Geneviève Perrin. Bernard Fixot, qui l’a publiée chez XO, est un grand professionnel, mais un affabulateur de talent peut prendre n’importe qui au piège.»
    N’importe qui ? Peut-être, mais pas tout le monde. En 1996, Henryk M. Broder, journaliste au quotidien allemand Spiegel, discernait déjà des fêlures dans les affirmations et la personnalité de «Misha». «Falsification ou récit authentique, telle est la question. Il n’existe aucune preuve objective. Et tous ceux qui pourraient témoigner sont morts ou disparus.» En 1997, Jane Daniel, éditrice américaine du livre, présente le manuscrit aux professeurs d’université et spécialistes de l’Holocauste, Lawrence L. Langer et Deborah Dwork, qui en pointent les incohérences - le récit de «Misha» ne colle pas du tout avec l’historique des persécutions menées en Belgique. Leurs vives réticences n’empêchent pas Jane Daniel de publier le livre... avant qu’un conflit judiciaire avec l’auteur ne l’amène à retourner lestement sa veste et à porter sur son blog le certificat de baptême de Monique De Wael, et un registre scolaire pour l’année 1943-1944 mentionnant son nom. Plutôt gênant, quand on revendique sa judéité et que l’on prétend avoir passé la guerre dans la nature sauvage ! De même, fin janvier dernier, le chirurgien Serge Aroles, passionné par les cas d’enfants loups et que les dires de Misha avaient laissé sceptique, levait d’autres éléments douteux. Le loup a été finalement levé le 23 février par Marc Metdepenningen, journaliste judiciaire au quotidien belge, Le Soir (lire ci-contre). Bien embarrassé, Bernard Fixot, patron des éditions XO, a décidé, après avoir présenté ses excuses aux lecteurs et libraires, de continuer à commercialiser Survivre avec les loups, mais sous l’appellation «roman» !
    Bernard Fixot était-il au courant de la supercherie ? Certains indices, qui ressemblent à un maquillage, pourraient le laisser penser aux esprits mal placés. Comme le changement de nom des grands-parents adoptifs de «Misha», pointé par Marc Metdepenningen. Appelés les «De Wael» dans l’édition américaine du livre - le vrai nom de «Misha», qui aurait donc pu conduire à la divulgation de son identité - ils deviennent «Valle» dans l’édition française... «Elle les décrivait comme des gens qui la recueillent contre de l’argent. On s’est dit que cette famille devait toujours exister, et nous avons donc simplement changé les noms pour éviter un procès, ce qui se fait», répond Bernard Fixot. Le travestissement des noms, procédé commun en fiction, l’est donc devenu en récit. Il est bon de le savoir ! Et Fixot de réaffirmer avoir toujours cru en cette histoire : «Si je m’étais douté qu’elle était fausse, je ne me serais pas battu pour obtenir les droits mondiaux, je ne les aurais pas rachetés quand j’ai quitté Robert Laffont, je n’aurais pas passé deux ans à convaincre Misha de travailler avec Marie-Thérèse Cuny, pour obtenir une version meilleure que le livre original.»
    En tout cas, cette affaire a placé ce puissant éditeur grand public dans une position inconfortable, qui l’a contraint à de multiples actes de contrition médiatique. «Je n’en veux pas à Misha. C’est une amie. Derrière la souffrance qu’elle s’est inventée, il y a une autre souffrance, bien réelle. Elle m’a trompé, mais en même temps, je la comprends. Je l’ai eue au téléphone et elle m’a dit, effondrée, qu’elle avait occulté dix ans de sa vie ! J’espère que cela ne va pas se finir mal.» Jane Daniel, l’éditrice américaine qui lui a vendu le livre, n’a pas droit à la même compassion : « Ce n’est pas quelqu’un de bien. Elle m’avait assuré avoir vérifié et honnêtement, je n’ai pas cherché plus loin, pensant qu’aux États-Unis, ils étaient particulièrement vigilants sur ce genre de récit. En fait, elle se doutait de quelque chose et m’a tout de même vendu le livre. » Difficile de dire qui est la dupe de qui dans cet imbroglio. Surtout lorsqu’on sait que Misha Defonseca, alors auréolée de sa gloire de survivante de l’Holocauste, a remporté un procès contre ladite éditrice, condamnée à lui verser 22,5 millions de dollars - somme qui n’a toujours pas été versée. « Nous sommes devant le cas d’une imposture de type "gargantuesque", quelque chose qui naît très tôt, se développe et envahit la vie du faussaire dans ses moindres recoins, jusqu’à effacer sa vraie personnalité, analyse Philippe Di Folco. Dans son enfance, on l’appelait la fille du traître parce que son père, résistant, avait été retourné par la Gestapo... En mentant, elle a substitué cette souffrance honteuse à une autre souffrance, mieux reconnue. » Et regarni ses finances au passage.
    Coïncidence étonnante, au moment même où l’affaire Defonseca secouait la France, l’affaire Margaret B. Jones faisait trembler les États-Unis. Son héroïne est une Californienne de 33 ans s’appelant en fait Margaret Seltzer et ayant grandi à Sherman Oaks, banlieue aisée de Los Angeles où elle a étudié dans une école privée épiscopalienne. Cela ne l’a pas empêchée, dans son livre Love and Consequences : A Memoir of Hope and Survival Amour et conséquences, un récit d’espoir et de survie, sorti en février dernier, de se décrire en Indienne métisse et orpheline, de prétendre avoir été adoptée par une famille noire vivant au coeur de South Central, quartier de Los Angeles de sinistre réputation puis travaillé comme livreuse de stupéfiants pour le non moins réputé gang des Bloods. Pour construire son récit, la jeune faussaire s’était habilement basée sur d’authentiques confessions de délinquants. En revanche, elle s’est montrée moins adroite en fondant une association factice d’aide aux jeunes en difficulté, et surtout, en acceptant de se pavaner dans la section « maison et décoration » du New York Times, où sa soeur l’a reconnue avant d’alerter le journal. « J’étais déchirée, vraiment, et j’ai pensé que ce livre était pour moi la chance de donner la parole aux gens que personne n’écoute », a répondu la faussaire au New York Times. Une citation qui mériterait sa place dans une anthologie de l’imposture : comment peut-on prétendre donner la parole aux autres et la leur voler en même temps ? « Peut-être était-ce une question d’ego », a concédé la faussaire.
    Son éditeur, Riverhead, a réagi en retirant aussitôt son livre des rayons... Une hâte bien explicable, considérant le nombre de lecteurs qui, sur le site Amazon, réclamaient déjà le remboursement : les particularités du système judiciaire américain font qu’une telle affaire peut coûter des fortunes à un éditeur. Celui de l’Américain James Frey en a fait les frais : il a dû verser près de 1 million d’euros, suite à une plainte de lecteurs furieux d’apprendre que l’auteur de Mille morceaux s’était beaucoup moins drogué que ce qu’il contait par écrit, et qu’il avait transformé, d’un coup de stylo magique, une simple garde à vue en longues années de prison.
    Une telle multiplication des faux récits laisse perplexe. Comment des éditeurs peu réputés pour leur ingénuité, tel Bernard Fixot 64 ans, dont quarante-huit dans l’édition, ont pu s’y laisser prendre ? «Nous sommes des pourvoyeurs d’histoires, pas des vérificateurs», explique Pierre Féry, des éditions Michel Lafon. «Nous décidons de faire confiance à celui qui raconte, et dans 99,9 % des cas, nous avons raison.»
    Les éditions Michel Lafon, qu’il dirige, ont connu leur 0,1 %. De 2002 à 2004, une jeune sportive promenait le récit de ses «terribles épreuves» du plateau de Jean-Luc Delarue à celui de Mireille Dumas. Son histoire était celle, peu commune, d’une personne ayant réchappé à deux cancers par la force de sa volonté, qui était devenue depuis championne de sa discipline. Flairant ce que l’on appelle, dans le monde ensoleillé de l’édition de témoignages, la « belle leçon de courage universelle », les éditions Michel Lafon ont fait affaire avec elle. «Ils m’ont proposé un "package", affirme-t-elle. Je devais passer deux jours avec une personne et lui raconter ma vie, à charge pour lui d’écrire le livre. Cela me gênait un petit peu : mon histoire était plus compliquée que celle que j’avais racontée jusqu’alors.» Et légèrement divergente...
    Peu avant la sortie du «récit», un coup de fil prévient les éditions Lafon que le titre sportif que revendique la jeune femme serait usurpé. Aussitôt, les éditions Lafon vérifient si, comme elle l’affirme, elle a bien doublé une actrice à Hollywood... et ne la trouvent pas au générique. Craignant que le reste, et particulièrement les passages édifiants sur le cancer vaincu sans traitement et à force de volonté, ne soit aussi faisandé, l’éditeur a annulé aussitôt la sortie du livre. Plus tard, par le réseau médical, il apprendra que son auteur avait bien été lourdement opérée... mais pour devenir une femme à part entière ! « Je suis née hermaphrodite, proteste-t-elle. Mais j’ai aussi eu le cancer. Mon seul tort a été de mettre toutes mes opérations sur le dos de cette maladie. » Chez Lafon, on préfère croire en une « très grande détresse psychologique » que l’affaire n’a pas arrangée : dans une récente émission de télévision sur les grands mythomanes, l'auteur de Lafon était placée aux côtés de Jean-Claude Romand, le faux médecin qui avait assassiné sa famille et dont l’histoire a inspiré L’Adversaire, du romancier Emmanuel Carrère !
    C’est exagéré. Lorsqu’ils ne se lancent pas dans des falsifications obscènes, comme le Suisse Bruno Grosjean qui en 1995 et sous le nom de Benjamin Wilkomirski, avait publié un faux témoignage sur les camps de la mort, exploité depuis par les négationnistes de tout poil, ces imposteurs modernes ne font « de mal à personne », pour reprendre les mots de Fixot à propos de Misha/Monique. Sauf à l’amour-propre de ceux qui ont cru leurs mensonges ! Pour avoir démasqué Misha Defonseca, Marc Metdepenningen a eu droit à des salves de correspondances injurieuses. Il est parfois douloureux d’être détrompé, quand on a trop rêvé...
    Car au fond, si ces faussaires inélégants mais inoffensifs existent, c’est avec notre complicité, au moins inconsciente. La réaction de Véra Belmont, qui a porté au cinéma Survivre avec les loups, qui a perdu ses parents pendant la guerre et s’est identifiée à cette histoire d’orpheline au point de refuser d’abord à admettre sa fausseté, est, à cet égard, révélatrice. En nous projetant dans ces récits prétendument réels parce qu’ils font écho à notre propre expérience, et en attendant d’eux un enseignement, nous abdiquons notre sens critique. Aussi, plutôt que de stigmatiser ces faussaires, mieux vaut s’interroger sur la passion de notre époque pour les récits vécus, passion que les éditeurs ont bien identifiée. Pour preuve, dix-sept maisons avaient refusé le texte de James Frey lorsqu’il l’intitulait roman. Quand il l’a présenté comme un récit, les portes se sont miraculeusement ouvertes...

    Alexis Brocas

    http://www.voxnr.com/cc/dh_autres/EuppEyZZkEaiTpFJEF.shtml

    Source : Le magazine littéraire :: lien