II – fraternité
Enfin, la troisième idée révolutionnaire, le principe de fraternité, constitutif du régime cosmopolite imposa d’une part une complaisance sans borne pour tous les hommes à condition qu’ils habitassent fort loin de nous, nous fussent bien inconnus, parlassent une langue différente de la nôtre, ou, mieux encore, que leur peau fût d’une autre couleur ; mais, en revanche, ce beau principe nous présentait comme un monstre et comme un méchant quiconque, fût-il notre concitoyen, notre frère, ne partageait pas tous nos moindres accès de rage philanthropique. Le principe de fraternité planétaire, qui voudrait établir la paix de nation à nation, tourna vers l’intérieur de chaque pays et contre les compatriotes ces furieux mouvements de colère et d’inimitié qui sont secrètement gravés par la nature dans le mécanisme de l’homme, animal politique, mais politique carnassier. Les Français ont été induits à la guerre civile.
Charles Maurras
Romantisme et Révolution, Préface
Homme de paix s’il en fut, Charles Maurras se méfie du pacifisme dont les bons sentiments mènent à des massacres, et il en voit l’origine dans le troisième terme de la devise républicaine, Fraternité.
Actualité du texte
Quand Maurras publie en 1922 le volume Romantisme et Révolution qui unit L’Avenir de l’Intelligence à Trois Idées politiques et dont nous étudions un extrait de la préface, il ne peut certes imaginer de manière précise et concrète la rapidité et la facilité des transports que nous connaissons et qui, en conjonction avec l’idéologie mondialiste, fait de notre temps une époque de migrations humaines comparable aux derniers siècles de l’Empire romain d’Occident. Mais si nous adaptons le vocabulaire, si nous traduisons cette langue pure, dense, élégante dans le jargon du journalisme politique d’aujourd’hui, le texte brille d’une modernité qui ne surprendra que ceux qui ignorent la puissance d’analyse et de prévision de Maurras. « Paix de nation à nation » s’appelle mondialisme, la « fraternité planétaire » peut avoir pour équivalent la « maison commune » où certains idéologues veulent contraindre l’humanité à vivre, la « rage philanthropique » est devenue la doctrine des Droits de l’homme.
La fraternité républicaine, forme dévoyée de la charité devenue folle, ignore les hiérarchies de sentiments, de devoirs et de nécessités contingentes. Le coeur innombrable du démocrate bat pour la faim dans le monde contre laquelle il lutte globalement sans s’inquiéter de l’état de sa patrie où son prochain, au sens étymologique, risque de sombrer dans la misère.
La République se nourrit de haines civiques
Comme il fallait priver de liberté les ennemis de la Liberté, le moralisme démocratique a lui aussi besoin d’ennemis à dénoncer, à détester et à combattre. D’une part on aime le monde et de l’autre on hait le prochain qui ne partage pas l’idéologie de la fraternité universelle et on le présente « comme un monstre et comme un méchant ». C’est ce que le vocabulaire d’aujourd’hui appelle "diaboliser". Cette « haine fraternelle » a été parfaitement exprimée par un contemporain de la Révolution, le poète Lebrun-Ecouchard, auteur d’odes médiocres mais qui a frappé quelques belles épigrammes :
Bon Dieu ! l’aimable siècle, où [l’homme dit à l’homme : "Soyons Frères… ou je t’assomme ! » ]
Le système fondé sur la Liberté, l’Égalité et la Fraternité est donc un système de guerre civile. En appelant l’homme animal politique, « mais carnassier », Maurras pense, au-delà d’Aristote, à la formule d’Hobbes « l’homme est un loup pour l’homme ». Au-delà de la Fraternité qui déchire la Patrie, l’Action française veut en restaurer l’unité dans l’Ordre pacificateur et bienfaisant.
Gérard Baudin L’Action Française 2000 n° 2744 – du 20 mars au 2 avril 2008
culture et histoire - Page 1606
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Liberté, égalité, fraternité (3)
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Anatomie d'un monstre : l’Église a sorti le bistouri
L’Église a été la première institution à s'opposer au libéralisme. Ça continue aujourd'hui... où elle est devenue la seule alternative crédible.
Il y a toujours une ambiguïté à propos de la critique du libéralisme. La plupart, s'ils critiquent ce système philosophique, politique et économique qui repose, comme son nom l'indique, sur l'absolutisation de la valeur de liberté, c'est en mettant en cause la mollesse, la lâcheté, l'inefficacité, la supposée inconsistance de l'organisation libérale. Quant à l’Église, elle a très vite compris que le libéralisme n'était pas condamnable à cause de sa faiblesse, mais parce que, sous ce nom avenant se cache l'organisation absolument moderne du despotisme. Paradoxe facile ? Pas du tout. C'est la militante féministe allemande Rosa Luxembourg qui définissait le libéralisme comme « le système du renard libre dans le poulailler libre ». Est libérale l'organisation qui, par principe, met à égalité le renard et la poule. C'est évidemment toujours pour le plus grand profit du renard, qui s'en lèche encore les babines.
L'absolutisme de la liberté
Il se trouve que Rosa Luxembourg, en définissant ainsi le libéralisme, s'est sans doute inspirée d'un slogan qui a couru durant tout le XIXe siècle : « L’Église libre dans l’État libre » répétait Montalembert et ses amis qui s'autodésignaient comme les catholiques libéraux. La liberté de l’État est évidemment, à vue humaine et sans en appeler aux forces de l'Esprit, infiniment plus puissante que la liberté de l'Eglise. Si les deux partenaires, juxtaposés depuis l'origine du christianisme, ont la même liberté, c'est l’État qui se réservera naturellement la part du lion. Clemenceau avait bien vu le parti à tirer de la position libérale : il reprenait l’Évangile, « rendez à César ce qui est à César » et il concluait logiquement, en tant qu’État libre et ne se gênant pas le moins du monde : « Mais tout est à César ». Staline était dans le même registre lorsqu'il se posait dédaigneusement la question : « Le pape combien de divisions ». Il est évident qu'à libertés égales, le pouvoir spirituel non seulement est toujours perdant, mais au fond, dans une configuration totalement libérale, il est perdu.
Non, ce n'est pas un complot
L'analyse du phénomène est plus compliquée aujourd'hui, car - c'est une conséquence du règne de l'idéologie libérale - il est très difficile aujourd'hui de situer les centres du Pouvoir. Le président de la République ? Dans notre monde libéralisé, son pouvoir n'est plus rien. La Commission de Bruxelles ? L'affaire ukrainienne suffit à montrer le peu de pouvoir réel dont elle jouit. Les États-Unis sont intervenus pour empêcher la paix avec la Russie. Mais aux États-Unis qui détient véritablement le pouvoir ? Barack Obama ? Évidemment non. La logique des décisions lui échappe, il est là pour les appliquer et les faire appliquer. Mais c'est l'idée libérale qui fonctionne, dans une sorte d'idéocratie mondialisée : ainsi peut-on dire que la Russie de Poutine n'étant pas assez libérale, elle ne peut pas prétendre arbitrer le conflit inter-ukrainien. Nous ne sommes pas devant un complot avec ses grands initiés. Il n'y a pas de grands initiés, il n'y a que de petits manipulateurs planétaires. Mais la prime est systématiquement donnée à la liberté. Les autres critères n'existent pas. C'est ce que l'on constate aussi dans l'affaire mondiale du mariage homosexuel et c'est ce qui risque d'engendrer une hypersexualisation de l'enfance (le prochain enjeu des libertaires est là : le genre n'est vraisemblablement qu'un prétexte).
L’Église a tenté de prendre en marche le train de la mondialisation libérale. Je pense aux déclarations du pape Pie XII sur l'importance d'un gouvernement mondial (qui à l'époque pouvaient apparaître comme des déclarations opposées à l'Internationale communiste), reprises aujourd'hui et précisées par Benoît XVI qui, en 2007, dans Caritas in veritate, proposa d'instaurer un Conseil des sages dont les décisions puissent s'imposer aux différentes nations, dans certains domaines comme l'écologie. Problème annexe l'écologie, direz-vous peut-être... Pas si sûr, derrière l'écologie il y a le problème de l'énergie, du développement de l'atome, de la société de consommation comme société du déchet, etc. Que diable allait faire Benoît XVI dans cette galère de l’ultra-modernité ?
Vatican II et le libéralisme
La vérité c'est que Vatican II contenait au moins potentiellement une ouverture à l'idéologie libérale, comme j'ai essayé de le montrer naguère dans Vatican II et l’Évangile. Si ces germes avaient produit du fruit, la vérité catholique serait restée l'apanage de quelques cénacles résistants et la grande Église tout entière aurait versé dans l'apologie d'une « foi » à géométrie variable, pure expression de la liberté individuelle, différente en chaque personne. Heureusement Jean Paul II en particulier à travers un enseignement très dogmatique de la morale a interdit cette dérive. Aujourd'hui cette Église qui s'est petit à petit ressaisi d'elle-même, après la transe conciliaire, est dans le collimateur du libéralisme mondial. Autrefois on invitait les papes à l'ONU, pour les remercier de leurs inclinations mondialistes. Aujourd'hui l'ONU envoie un blâme public à l’Église catholique, signifiant me semble-t-il qu'elle ne souhaite plus recevoir les leçons de l'Homme en blanc et qu'elle préfère les lui administrer préventivement. C'est que le libéralisme, cette dictature de la liberté individuelle, est structurellement intolérant pour quiconque doute de son postulat unique. Tant que l’Église prétendra enseigner une vérité, elle sera l'adversaire.
Abbé G. de Tanoüarn monde & vie 18 mars 2014 -
Mon Enfant . Vae Victis
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Le Docteur Villermé et les esclaves du libéralisme
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L'histoire secrète de la crise financière ou comment la Fed domine le monde
De nouvelles informations apparaissent, concernant l'attitude des autorités monétaires et financières, face à la crise, en 2008. Elles montrent le rôle clé de la Fed et la marginalisation du FMI. par Harold James, Princeton
Le grand roman de Balzac Ies illusions perdues se termine par une tirade sur la différence entre « l'histoire officielle », qui est un « tissu de mensonges », et « l'histoire secrète » - c'est à dire la vraie histoire. Dans le temps, il était possible de cacher les vérités scandaleuses de l'histoire pendant longtemps - voire pour toujours. Plus maintenant.
Ceci n'est nulle part aussi apparent que dans les récits de la crise financière mondiale. L'histoire officielle dépeint la Réserve fédérale américaine, la Banque centrale européenne et les autres grandes banques centrales comme adoptant une action coordonnée pour sauver le système financier mondial de la catastrophe. Cependant, les transcriptions publiées récemment des réunions de 2008 du Federal Open Market Committee, le principal organe de décision de la Fed, révèlent que, dans les faits, la Fed a émergé de la crise en tant que la banque centrale du monde, tout en continuant à servir en premier lieu les intérêts américains.
Le rôle premier de la Fed
Les réunions les plus importantes se sont déroulées le 16 septembre et le 28 octobre - à la suite de l'effondrement de la banque d'investissement américaine Lehman Brothers - et portaient sur la création d'accords bilatéraux d'échange de devises visant à assurer une liquidité adéquate. La Fed y avait décidé d'accorder des crédits en dollars à des banques étrangères en échange de devises, que la banque étrangère acceptait de racheter après une période spécifiée au même taux de change, plus les intérêts. Cela fournissait aux banques centrales - en particulier celles de l'Europe, qui faisaient face à une pénurie de dollars après la fuite des investisseurs américains - les dollars dont elles avaient besoin pour prêter aux institutions financières domestiques en difficulté.
En effet, la BCE a été parmi les premières banques à conclure un accord avec la Fed, suivie par d'autres grandes banques centrales de pays avancés, comme la Banque nationale suisse, la Banque du Japon et la Banque du Canada. Lors de la réunion d'octobre, quatre économies émergentes importantes « sur le plan diplomatique et économique » - Mexique, Brésil, Singapour et Corée du Sud - ont rejoint le mouvement, la Fed décidant d'établir des lignes de swap à hauteur de 30 milliards de dollars avec les banques centrales de ces pays.
La Fed voit d'abord les intérêts américains
Bien que la Fed ait agi comme une sorte de banque centrale mondiale, ses décisions ont été dictées, d'abord et avant tout, par les intérêts américains. Pour commencer, la Fed a rejeté les demandes de certains pays - dont les noms sont effacés dans les transcriptions publiées - de rejoindre le programme d'échange de devises.
Plus important encore, des limites furent placées sur les swaps. L'essence de la fonction de prêteur en dernier ressort d'une banque centrale a toujours été la fourniture de fonds illimités. Parce qu'il n'y a pas de limite sur la quantité de dollars que la Fed peut créer, aucun participant au marché ne peut prendre de position spéculative contre elle. En revanche, le Fonds monétaire international dépend de ressources limitées fournies par les pays membres.
Un changement fondamental dans la gouvernance mondiale
Le rôle international grandissant que la Fed joue depuis 2008 reflète un changement fondamental dans la gouvernance monétaire mondiale. Le FMI a été créé à une époque où les pays étaient régulièrement victimes des hypothèses désinvoltes des banquiers de New York, tels que l'évaluation de JP Morgan dans les années 1920 selon laquelle les Allemands étaient « fondamentalement un peuple de second ordre ». Le FMI formait une caractéristique essentielle de l'ordre international de l'après-Seconde Guerre mondiale, destinée à servir de mécanisme d'assurance universelle - qui ne pourrait pas être utilisé pour promouvoir les intérêts diplomatiques du moments.
Les documents de la Fed montrent la marginalisation du FMI
Aujourd'hui, comme le montrent clairement les documents de la Fed, le FMI est devenu marginalisé - notamment en raison de son processus politique inefficace. En effet, dès le début de la crise, le FMI, supposant que la demande pour ses ressources resterait faible en permanence, avait déjà commencé à réduire ses capacités.
En 2010, le FMI a mis en scène sa résurrection, se présentant comme central dans la résolution de la crise de l'euro - à commencer par son rôle dans le financement du plan de sauvetage grec. Pourtant, ici aussi, une histoire secrète a été révélée - qui met en évidence à quel point la gouvernance monétaire mondiale est devenue asymétrique.
La position du Fonds monétaire compliquée, face à la crise européenne
Le fait est que seuls les États-Unis et les pays massivement surreprésentés de l'Union européenne ont soutenu le plan de sauvetage grec. En effet, toutes les grandes économies émergentes s'y sont fermement opposées, le représentant du Brésil déclarant qu'il s'agissait d'un « plan de sauvetage des détenteurs de la dette privée de la Grèce, principalement les institutions financières européennes ». Même le représentant de la Suisse a condamné la mesure.
Lorsque les craintes d'un effondrement soudain de la zone euro ont donné lieu à un débat prolongé sur la façon dont les coûts seront supportés par des restructurations et des annulations de dette, la position du FMI deviendra de plus en plus compliquée. Bien que le FMI soit censé avoir priorité sur les autres créanciers, il y aura des demandes pour annuler une partie des prêts qu'il a émis. Les pays émergents plus pauvres s'opposeraient à une telle démarche, arguant que leurs citoyens ne devraient pas avoir à payer la facture de la prodigalité budgétaire de pays beaucoup plus riches.
Une perte d'influence inéluctable, même en cas de changement de directeur général
Même ceux qui ont toujours défendu l'implication du FMI se tournent à présent contre le Fonds. Les fonctionnaires de l'UE sont outrés par les efforts apparents du FMI pour obtenir un soutien des pays débiteurs de l'Europe en exhortant l'annulation de toutes les dettes qu'il n'a pas émises lui-même. Et le Congrès des États-Unis a refusé d'approuver l'expansion des ressources du FMI - qui faisait partie d'un accord international négocié au sommet du G-20 de 2010.
Bien que le scandale qui a suivi la nomination d'un autre européen en tant que directeur général du FMI en 2011 soit de nature à assurer que le prochain chef du Fonds ne sera pas originaire d'Europe, la diminution rapide de l'importance du rôle du FMI signifie que cela ne changera pas grand-chose. Comme le montre l'histoire secrète de 2008, ce qui importe est de savoir qui a accès à la Fed.
Source
http://www.oragesdacier.info/2014/03/lhistoire-secrete-de-la-crise.html -
"L'Imperium contre le mondialisme" - entretien avec Gabriele Adinolfi
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Le passage à l’action d’un seul peut devenir un événement national voire mondial : la découverte de l’homme idoine est toujours décisive !
Les mobilisations LGBT et LMPT ont démontré l’effet de levier de l’engagement d’un petit nombre pour imposer une politique ou réveiller la France « bien élevée ».
Jean Ousset dans « L’Action », (p. 53 à 118) explique l’importance d’équipes bien formées réunies par une même volonté d’agir. Une personne au bon endroit, au bon moment peut faire la différence… Extraits :
« La lutte est idéologique… si l’on entend désigner la raison, l’argument suprême … des conflits qui déchirent le monde. Ce qui est faux ... si l’on pense que les idées sont susceptibles de déclencher, commander, orienter, par elles-mêmes des réalisations telles qu’en ces affaires l’homme serait plus mû que moteur. …L’histoire prouve assez l’inefficacité d’une pareille méthode… Tant qu’une doctrine …ne dispose pas … d’un certain nombre d’hommes résolus, pour la défendre, la propager, l’appliquer, cette doctrine reste sans effet.
Non qu’on entende récuser l’influence des idées. Ce sont elles qui éclairent l’intelligence, excitent l’ingéniosité, animent la volonté.
L’avenir est aux groupes qui, … possèdent les hommes les mieux formés, les plus décidés à l’action.
Question d’intelligence, mais aussi de volonté.
« J’avais cru, en entrant dans la vie religieuse, que j’aurais surtout à conseiller la douceur et l’humilité, lit-on dans une lettre du Père de Foucauld. Avec le temps, je vois que ce qui manque le plus, c’est la dignité et la fierté ».
Suprême ressort d’une action efficace ! …Quelques hommes (déterminés). Hommes vrais. Non formules abstraites. Non individus « n’importe qui » pour la fonction « n’importe quoi ». Mais le « monsieur-qui-peut-réellement-faire-l’affaire »... C’est d’abord avec, c’est d’abord par ces quelques personnes que l’action se développera …
La recherche, le choix, la formation de ces quelques-uns, bien définis, pour des besognes non moins définies, sont particulièrement importants. …
La découverte de l’homme idoine est toujours décisive. …Pour le trouver, il n’est pas trop de traverser les fleuves et monts, alors qu’il peut être inutile, voire nuisible en certains cas, d’organiser une réunion de vingt mille personnes…
Le passage à l’action d’un seul homme peut devenir un événement national. Mondial…
En conséquence, serait-il excessif d’admettre qu’un seul homme puisse influencer l’orientation sociale et politique d’une région, d’un réseau professionnel ?
Dans combien de groupes, de mouvements avons-nous entendu dire : rien à faire dans tel coin, dans tel milieu... Jusqu’au jour où... brusque départ dans ledit milieu et ledit coin. Pourquoi ? Parce qu’on y avait enfin découvert l’homme idoine. Celui qui avait pu, su, voulu, tenu.
Il n’est pas question de sous-estimer l’importance du nombre. Il est question, seulement, de désigner la bonne manière, le plus sûr moyen d’atteindre le grand nombre, et de conserver sur lui une influence heureuse, durable, décisive.
Se peut-il que Lénine ait compris mieux que nous le sens du rapport : qualité-quantité ?
« La tâche pratique la plus urgente, lit-on dans les Œuvres Complètes de Lénine, (T. IV), est de créer une organisation révolutionnaire capable d’assurer à la lutte politique un caractère énergique, ferme, SUIVI... » (p. 506)...
« Il nous faut des hommes qui ne consacrent pas seulement à la Révolution leurs soirées libres, mais toute leur vie ». (p. 58)... »
A suive ….
Au moment où des français se lèvent pour défendre la dignité de toutes les personnes et de toute la personne, en particulier des plus fragiles, que faire pour une action durable ? Ce livre est un maître livre pour bien penser l’action en fonction du but poursuivi. Tout homme ou femme d’action le lira avec profit pour inspirer son engagement. Jean Ousset est le premier en effet à avoir méthodiquement formalisé une doctrine de l'action culturelle, politique et sociale à la lumière de l'enseignement de l'Eglise pour, concrètement répondre au mal par le bien. Action de personne à personne et actions multiformes en réseau, ses intuitions sont mises en œuvre magnifiquement dans l'utilisation d'internet. A l'encontre des pratiques révolutionnaires et de la dialectique partisane, si l'amitié est le but de la politique, Jean Ousset nous montre comment pour agir en responsable, l'amitié en est aussi le chemin.
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Fier de ta vie, Hotel Stella
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Capitalisme et libéralisme : petites précisions sémantiques
Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement, disait Boileau. En ouvrant ce dossier sur le libéralisme, il importe de bien désigner notre cible.
Au libéralisme, il faut opposer l'organisation du travail. C'est une singulière aberration de croire que l'intelligence ni la volonté de l'homme ne doivent intervenir pour régler cette fille de leur intelligence et de leur volonté : l'industrie. Nous tâchons de diriger les forces naturelles et nous nous livrerions, pour respecter la concurrence, ou toute autre loi ou non loi, aux caprices des phénomènes économiques ? C'est de l'absurdité pure. » Ces lignes n'ont pas été signées par quelque penseur socialiste, mais par Jacques Bainville, l'un des principaux inspirateurs de l'Action française(1). Dans les Cahiers d'Occident, en 1927, il condamnait encore « ces prétendues lois du Plus Fort, de l'Offre et de la Demande, du Laissez-faire, autrement dit du Chacun pour Soi », qui caractérisent les « sociétés anarcho-libérales ».
En parallèle, le même Bainville critiquait « L'Etat-providence qui pensionne de tous les côtés, l'Etat-infirmier qui sauve toutes les entreprises en déconfiture et qui prend les pertes pour lui, VEtat-entrepreneur, l’Etat-commerçant qui gère lui-même selon des méthodes qui conduiraient immanquablement des particuliers à la faillite, comment veut-on que cet Etat-là ne finisse pas par être aux prises avec d'énormes embarras d'argent ? »
L'école de pensée contre-révolutionnaire a ainsi renvoyé dos-à-dos les deux grandes idéologies, capitalisme et socialisme, toutes deux nées du libéralisme dont l'un des pères du catholicisme social, René de La Tour du Pin, dénonçait les méfaits, à la fois en religion, en économie et en politique(2). Ces contre-révolutionnaires français prônaient le retour aux corporations, tandis qu'en Angleterre, Chesterton opposait à la logique du capitalisme l'idée des Guildes, autrement dit les communautés de métiers, et le développement de la petite propriété(3).
Car la critique du capitalisme ne s'étend pas à celle de la propriété, pas plus que celle du libéralisme à la liberté d'entreprendre. Dans son encyclique Rerum novarum, publiée le 15 mai 1891, le pape Léon XIII, appelant à la concorde entre les classes sociales, constatait lui aussi qu' « il ne peut y avoir de capital sans travail, ni de travail sans capital. »
Capitalisme n'est pas synonyme de capital, ni libéralisme de libertés
Un siècle plus tard, Jean Paul II poursuivra la même réflexion dans son encyclique sociale Laborem exercens, en soulignant la « compénétration réciproque entre le travail et ce que nous sommes habitués à nommer le capital » et « leur lien indissoluble ». L'Eglise légitime donc la propriété privée, y compris celle du capital et des moyens de production ; mais le pape polonais souligne que ce principe diffère « du programme du capitalisme, pratiqué par le libéralisme et les systèmes politiques qui se réclament de lui », la différence résidant « dans la manière de comprendre le droit de propriété », que la tradition chrétienne « a toujours entendu dans le contexte plus vaste du droit commun de tous à utiliser les biens de la création entière : le droit à la propriété privée est subordonné à celui de l'usage commun, à la destination universelle des biens ».
Cependant, alors que Rerum novarum consacrait un chapitre entier aux corporations, en soulignant leur bienfaisance et leur utilité pour toute la société, Laborem exercens ne les évoque que comme les « ancêtres » des syndicats. Cette évolution montre qu'à tort ou à raison, l'idée du recours à une organisation corporative de l'économie a perdu beaucoup le crédit dont elle bénéficiait dans les esprits voilà encore un siècle, alors que le collectivisme a pourtant démontré tout au long du XXe siècle sa nocivité, et que le mondialisme a aggravé les abus du capitalisme matérialiste.
Il s'ensuit aujourd'hui un trouble des idées qui se double d'une confusion sémantique, aboutissant à confondre capital et capitalisme, liberté d'entreprendre et libéralisme : il arrive d'ailleurs que l'on fasse le tri entre les conceptions économiques véhiculées par cette dernière idéologie, réputées acceptables (selon nous, à tort), et les conceptions philosophiques qui continuent de sentir le soufre.
Il apparaît donc important, en ouvrant ce dossier, de bien préciser ce dont nous parlons : en critiquant le libéralisme, nous visons expressément la doctrine matérialiste qui, en développant une conception excessivement individualiste de la finalité humaine, aboutit à convaincre l'individu que ses talents doivent servir d'abord son propre profit et assurer sa réalisation personnelle, avant ou plutôt que d'être mis au service de ses semblables. Cette critique ne concerne pas la liberté d'entreprendre, si précieuse et utile, dont bénéficie l'ensemble de la communauté, ni le légitime profit que l'entrepreneur peut tirer de sa créativité et de son effort.
De même, notre critique du capitalisme ne s'exerce pas contre la propriété privée du capital et des moyens de production, mais contre l'usage qui en est fait lorsque les buts économiques en viennent à primer sur l'homme et que l'acquisition des biens matériels paraît plus importante que les liens de Charité, la «fortune anonyme et vagabonde » triomphant alors des communautés humaines les plus légitimes, de la famille à la nation. Cette dérive est encore plus dangereuse lorsque la dématérialisation des biens favorise la spéculation, dont les peuples font finalement les frais, comme on le voit aujourd'hui.
Le capital ne se réduit pas plus au capitalisme que le social au socialisme.
Eric Letty monde&vie 18 mars 2014
1) Jacques Bainville,Réflexions sur la politique.
2) René de La Tour du Pin, Vers un ordre social chrétien, Jalons de route.
3) Gilbert K. Chesterton, Plaidoyer pour une propriété anticapitaliste, 1926. -
[Hauts de Seine] Diner-débat du 21 mars 2014 (cr + photos)
La section des Hauts de Seine-Paris 17ème de l’Action française a invité ce vendredi 21 mars 2014, Laurent Dandrieu , à l’occasion de la sortie de son livre "Dictionnaire passionné du cinéma", pour nous parler du "cinéma, entre morale et moralisme"
Une trentaine de personnes ont participé, vendredi dernier, 21 mars 2014, au dîner-débat de la section d’Action française des Hauts-de-Seine-Paris 17e. À cette occasion, Laurent Dandrieu a présente sa vision du cinéma, « entre morale et moralisme ». Journaliste à Valeurs actuelles, auteur d’un Dictionnaire passionné du cinéma (L’Homme nouveau, 1 406 p., 34,90 euros), il a dressé la liste des "commandements" auxquels se soumettent aujourd’hui producteurs et réalisateurs. Dénigrement du catholicisme (Amen, Kingdom of heaven), banalisation de l’homosexualité (Brokeback Mountain), multiplication des ébats sexuels (Nymphomaniac) témoignent de leur mise en œuvre. Cela étant, Laurent Dandrieu n’a pas caché la méfiance que lui inspirent des levées de boucliers parfois intempestives (Tomboy). En outre, il s’est gardé de verser dans la pudibonderie, s’insurgeant contre une critique trop formaliste : la qualité d’un film, y compris d’un point de vue moral, ne se juge pas au nombre de fesses qui s’y découvrent, nous a-t-il expliqué en substance.
http://www.actionfrancaise.net/craf/?Hauts-de-Seine-Diner-debat-du-21