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culture et histoire - Page 1603

  • La mythologie du progrès repose sur l’idolâtrie du nouveau…

    Entretien avec Alain de Benoist, entretien réalisé par Nicolas Gauthier.
    À chaque élection, les hommes de gauche prétendent rassembler les « forces de progrès ». Mais un cancer peut, lui aussi, progresser ! Le progrès serait-il une fin en soi ?
    Les malheureux ne savent même plus de quoi ils parlent ! Historiquement, l’idée de progrès se formule autour de 1680, avant de se préciser au siècle suivant chez des hommes comme Turgot ou Condorcet. Le progrès se définit alors comme un processus accumulant des étapes, dont la plus récente est toujours jugée préférable et meilleure, c’est-à-dire qualitativement supérieure à celle qui l’a précédée. Cette définition comprend un élément descriptif (un changement intervient dans une direction donnée) et un élément axiologique (cette progression est interprétée comme une amélioration). Il s’agit donc d’un changement orienté, et orienté vers le mieux, à la fois nécessaire (on n’arrête pas le progrès) et irréversible (il n’y a pas de retour en arrière possible). L’amélioration étant inéluctable, il s’en déduit que demain sera toujours meilleur.
    Pour les hommes des Lumières, étant donné que l’homme agira à l’avenir de façon toujours plus « éclairée », la raison se perfectionnera et l’humanité deviendra elle-même moralement meilleure. Le progrès, loin de n’affecter que le cadre extérieur de l’existence, transformera donc l’homme lui-même. C’est ce que Condorcet exprime en ces termes : « La masse totale du genre humain marche toujours à une perfection plus grande. »
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  • "Jacques Le Goff, ce grand historien que le monde nous enviait"

    Le grand médiéviste est mort ce mardi 1er avril à Paris. Apôtre de la "nouvelle histoire", il avait mis au jour un système de valeurs médiéval dont notre modernité est héritière. Il avait 90 ans.

    Article paru dans "le Nouvel Observateur" du 5 août 2010 

    À chaque époque, les Français veulent avoir un grand historien que le monde entier leur envie, comme les Allemands un grand philosophe. Au XIXe siècle, ce furent Michelet, Renan, Lavisse. Plus près de nous, Emmanuel Le Roy Ladurie bénéficia de cette apothéose dans les années 1970 après l'énorme succès de son «Montaillou».

    Dans les années 1980, il a été supplanté par Fernand Braudel qui avait été son maître. Célébré depuis longtemps en Italie et en Espagne mais encore ignoré du grand public en France, Braudel devint à la fin de sa vie une gloire nationale qu'on interrogeait, telle la Pythie, sur tous les problèmes du moment. Depuis sa mort, c'est Jacques Le Goff qui occupe cette place.

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  • Jacqueline de Romilly, La grandeur de l'homme au siècle de Périclès, Editions de Fallois, 2010

     

    Helléniste française de renom international, membre de l’Académie Française, Jacqueline de Romilly est décédée en 2010. Quelques mois avant sa mort, elle écrivit (ou plutôt dicta) cet essai qui répondait à son triste constat quant à la réalité de notre époque : le niveau culturel baisse inexorablement et les textes antiques ne sont plus lus. Or, pour l’auteure, il est impératif de se ressourcer auprès de ces grands textes afin d’y trouver les réponses sur nous-mêmes et de préparer notre futur car « nous vivons une époque d’inquiétude, de tourments, de crise économique, et –par suite- de crise morale ». Cette louable préoccupation, qu’on retrouvait également chez Dominique Venner, explique pourquoi je me suis intéressé à cet ouvrage dont je vais tenter d’extraire plus bas les aspects qui m’ont le plus marqué.

    1. Que signifie, pour les auteurs grecs de l’époque de Périclès (Vème siècle avant JC), cette idée, exprimée pour la première fois sans doute, de grandeur de l’homme ? 

    romilly.jpgJacqueline de Romilly se base ici sur Sophocle et surtout Thucydide où elle décèle les éléments d’une sagesse politique tendant à des vérités valables pour le présent mais aussi l’avenir.

    La grandeur de l’homme s’entend comme l’agrégat de plusieurs éléments: en plus de l’intelligence et de l’ingéniosité propres aux hellènes, c’est ce sentiment que la nature humaine dans ce qu’elle a de plus « humain » (égoïsme, paresse, passions –au mauvais sens du terme- diverses) se doit d’être dominée. « La grandeur de l’homme, nous dit effectivement J. de Romilly, c’est de s’élever contre sa nature ».

    Dans sa Guerre du Péloponnèse, Thucydide faisait justement remarquer que nombre des acteurs politiques de l’époque étaient souvent mus par de bas mais très humains motifs personnels au lieu de rechercher avant tout le bien commun. Il soulignait par ailleurs que Périclès, à la différence de ceux-là, était honnête et incorruptible. Il disait la vérité au peuple et cherchait à le guider pour le bien de la cité. Voilà ce qu’est un dirigeant valable : un homme rempli de qualités morales qui fera rejaillir celles-ci chez le peuple qui a besoin de tels meneurs. Seul, le peuple ne peut en effet ni dominer sa nature ni tendre vers le supérieur car il lui manque des responsables exemplaires, disposant de hautes vertus, et donc, capables de le conduire vers davantage de grandeur. En effet, le peuple est trop marqué par sa nature profonde, sa légèreté et son manque de réflexion (il est ainsi capable de s’enthousiasmer facilement pour le premier démagogue venu), pour évoluer sans guides. Toute réussite politique est donc le fruit de la recherche du bien commun couplé à une morale forte. Elle implique la rencontre d’esprits éclairés et d’une base réceptive.

    D’ailleurs, les points principaux de l’idéal politique de Périclès se retrouvent chez Thucydide (dans son oraison funèbre des morts, Livre II) : le respect des gens et de la loi, l’absence de trop de coercition, la participation à la vie publique (tout en ayant une vie privée), la célébration des fêtes, le respect des morts et de leur gloire passée, le courage et le dévouement à la cité. Cet ensemble de rites et de vertus cimentent la communauté dans la recherche du bien pour le plus grand nombre. Les citoyens sont donc fiers, responsables et peuvent mener un mode de vie éclairé par la liberté, ce qui les mène sur les chemins de la grandeur.

    On pourrait par ailleurs ajouter à ce tableau idéal les idées que l’auteure n’évoque que trop rapidement : la morale qui perle à cette époque à propos de la solidarité, de l’indulgence et du pardon ou encore ce qu’on retrouve dans Socrate et Platon qui, d’un point de vue religieux, placent le but de l’homme dans son « assimilation à Dieu »…

    2. En quoi la figure du héros tragique nous aide à mieux cerner ce qu’est la grandeur de l’homme ?

    Se basant également sur les tragédies de la même époque se rapportant aux héros grecs, la grande helléniste nous montre un autre aspect de cette grandeur de l’homme à travers l’étude de leur sort.  Dans les tragédies d’Eschyle ou d’Euripide, les héros et leurs proches sont tous frappés de désastres et souffrent allégrement. Bien sûr, des personnages aussi différents qu’Œdipe ou Médée sont très souvent emportés par leurs passions, la première tue ses enfants pour se venger de Jason et le second (chez Euripide) tue toute sa famille. Pourtant, et ce point est fondamental, ils ne sont que des victimes de la volonté divine. Les dieux, par châtiment ou hostilité, inspirent démesure, folie ou actes insensés aux hommes et aux héros qui subissent cet « égarement » qu’ils craignent au plus haut point tant il est une menace pour leur dignité et leur grandeur. C’est un fait, l’homme (ou le héros qui est une sorte de demi-dieu) est fragile, voire minuscule face aux dieux.

    Pourtant, même abattu ou humilié, le héros ne perd pas de sa grandeur. Le malheur le rend encore plus grand à nos yeux car il n’est pas synonyme d’abandon. Il prouve que le héros de la tragédie est prêt à tout pour atteindre son but : il accepte les épreuves et le sacrifice ultime : la mort.

    Le spectacle répété des tragédies amenait ainsi le public à accéder à un monde de grandeur où se déroulait ce que Jacqueline de Romilly appelle « la contagion des héroïsmes ». La grandeur des héros pénétrait les habitudes de pensée des Grecs et influait sur leurs esprits et leurs idéaux. Savoir se sacrifier alors qu’on sait n’être que fragilité face aux dieux magnifie d’autant plus, chez l’homme, sa grandeur. D’ailleurs, l’exemple d’Ulysse qui fait face au courroux de Poséidon et à mille autres dangers le montre bien.

    Les grecs n’étaient pas des optimistes béats et avaient bien conscience que l’homme mène une vie difficile où les épreuves et les pièges sont légions, avant tout à cause de sa fragilité et de sa nature intrinsèque. Pourtant, ils avaient fait le choix de dominer cela et de se vouer à un idéal supérieur, durable et beau, atteignable seulement par un travail constant sur soi impliquant efforts et triomphe de la volonté. Ils nous montraient un chemin, un élan intérieur, que nous devrions chacun essayer de suivre avec ardeur car tendre vers cette grandeur est un désir que nous nous devons de poursuivre en tant qu’Européens conscients de notre héritage et désireux de construire notre avenir. Car notre premier travail, il est à faire sur nous-mêmes. Et nous sommes notre premier ennemi.

    Rüdiger http://cerclenonconforme.hautetfort.com/

  • Jean-François Mattéi : la philosophie en deuil

    par Hilaire de Crémiers

    Né en 1941 à Oran, en Algérie, ancien élève de Pierre Boutang, philosophe de haute volée, notre ami Jean-François Mattéi est décédé le 24 mars dernier à Marseille.

     

    La philosophie est en deuil. Jean-François Mattéi est décédé. Il a été enlevé à cette terre soudainement le 24 mars dernier. Nous ne verrons plus son visage si fin qui respirait l’intelligence. Ce pied-noir qui n’avait rien renié de ses origines, aimait le soleil et détenait dans le secret de son être quelque mystère solaire. Pudique et discret, seuls ses amis qui étaient favorisés de sa lumineuse conversation décelaient dans sa personnalité une transcendance qui l’apparentait à ces sortes de demi-dieux de l’Antiquité qu’étaient les philosophes. Il en était un ; il avait une longue familiarité avec eux, ce qui ne l’empêchait pas d’aimer la musique, le piano, le jazz et la vie.

    Il côtoyait Platon qu’il lisait dans le texte. La philosophie grecque, la vraie, pas celle des sophistes, dès les pré-socratiques s’est posée, en quelque sorte définie, par rapport à l’Être et donc au Non-Être. Abîme de pensée dont toute pensée est sortie, de même que dans la Bible Dieu se définit comme Celui qui est, source de tout être. [...]

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  • etre vae victis

  • Ernst Jünger dans la Pléiade

    Dans un numéro de la Nouvelle Revue de Paris (1) dédié à Ernst Jünger, Pierre Boutang confiait : « Pendant plus de quarante ans et mon premier saisissement des Falaises de marbre, cet homme ne m’aura pas quitté : cet homme, non cet écrivain, ce contemporain. » L’oeuvre de Jünger est portée par sa propre destinée, celle d’un allemand francophile, fasciné par les coléoptères, l’ivresse et les rêves.
    Jünger fait aujourd’hui son entrée dans la collection de la Pléiade dix ans après sa mort, non sans provoquer quelques grincements de dents chez les critiques sociaux-démocrates et autres esprits chagrins. Il n’endosse pas la célèbre reliure via ses romans ou ses ouvrages théoriques mais par le biais de ses journaux de guerre. L’édition en a été confiée à l’un des plus éminents spécialistes français de son oeuvre, Julien Hervier. Ce dernier a largement revu les traductions existantes. Le premier volume (1914-1918) regroupe notamment les récits autobiographiques de Jünger que sont Orages d’acier et Le Boqueteau 125. Le second (1939-1948) comprend entre autres Jardins et Routes et les deux Journaux parisiens.
    L’expérience des tranchées
    Engagé quelques mois dans la Légion étrangère en 1913 (il contera cette expérience dans Jeux africains), le jeune Jünger n’a pas vingt ans lorsque le premier conflit mondial éclate. Il se porte immédiatement volontaire. Dans les tranchées du Pas-de-Calais, quatorze fois blessé, il gagne ses galons d’officier et la plus haute distinction militaire prussienne, l’ordre “pour le mérite”. Cet univers meurtrier mais fascinant, il le mettra en scène en usant d’un réalisme rare dans Orages d’acier, publié en 1920 à compte d’auteur. Ce récit débouchera deux ans plus tard sur sa première oeuvre théorique, une méditation philosophique sur la guerre, Le Combat comme expérience intérieure (au titre originellement traduit La Guerre notre mère). Un court essai que l’on retrouve dans le premier tome de cette nouvelle édition. En France, ces textes n’ont d’égal que ceux de Drieu la Rochelle dans La Comédie de Charleroi.
    Le Jünger de la période 1939-1945, véritable émigré de l’intérieur, effaré par le déploiement de la barbarie nazie, n’a plus grand chose à voir avec le jeune homme découvrant l’adrénaline des tranchées de la Première Guerre mondiale. Il a combattu la République de Weimar, suivi des études de sciences naturelles et endossé les habits de polémiste national-révolutionnaire voire national-blochévique (il sympathise alors avec Ernst Niekisch), exaltant la figure du Travailleur tout en élaborant une critique du nazisme comme phénomène totalitaire avec Sur les falaises de marbre.
    Il ne participe pas vraiment à la campagne de France et trouve le temps de lire les plus récents ouvrages de Bernanos dénichés dans un cantonnement du Nord de la France. D’avril 1941 à septembre 1944, Jünger est la plupart du temps affecté en garnison à Paris. Il fréquente les salons littéraires, notamment celui de Florence Gould, où il sympathise avec Jean Cocteau quand il n’y croise pas son vieil ami Carl Schmitt. Il lit beaucoup – la Bible principalement, mais aussi les oeuvres de Léon Bloy, « cristal jumelé de diamant et de boue ». Mouillé dans l’affaire de l’attentat manqué contre Hitler à l’été 1944, il est renvoyé en Allemagne et versé dans les troupes territoriales. Un de ses fils trouve la mort en Italie, abattu par des partisans.
    Paris occupé
    La figure du Travailleur cède alors sa place dans l’oeuvre de Jünger à celle du Rebelle, puis de l’Anarque pratiquant « le recours aux forêts ». Voyageant beaucoup, il devient dans les années 1980 une icône de la réconciliation franco-allemande et sera reçu par François Mitterrand à l’Élysée. Cette position, fort éloignée de son nationalisme de l’entre-deux-guerres, il en avait posé les jalons dès la fin de la guerre et la publication en 1948 de La Paix, alors étrillé dans Aspects de la France par Pierre Boutang – d’une façon peut-être excessive - comme une « nouvelle formule du germanisme ». Converti tardivement au catholicisme, Ernst Jünger est mort à l’âge de 102 ans en février 1998.
    Que retenir de la vie et de l’oeuvre d’Ernst Jünger ? Le combattant d’élite, conscient des liens existant entre la guerre et la politique ? L’analyste du poids croissant de la technique dans notre civilisation ? L’aristocrate pratiquant le “chasse subtile” des insectes volants ? Peut-être tout cela à la fois tant l’homme a brillé par son éclectisme. Ses Journaux de guerre sont une des meilleures entrées dans son oeuvre et les voici, de surcroît, disponibles dans une remarquable édition. On aurait tort de s’en priver.
    Pierre Lafarge L’Action Française 2000 n° 2743 – du 5 au 19 mars 2008
    *Ernst Jünger : Journaux de guerre. Gallimard, La Pléiade. Tome 1 : 1914-1918, 944 pages, 53 euros (45 euros jusqu’au 30 juin) ; tome 2 : 1939-1948, 1452 pages, 62 euros (55 euros jusqu’au 30 juin).
    (1) N°3, septembre 1985.

  • Surpopulation et controverses sur la fin de la civilisation

    En 1960 paraissait un livre du Dr Paul Ehrlich intitulé The Population Bomb dénonçant la bombe de la surpopulation. Celle-ci devait dans la décade entraîner une famine généralisée. Cet ouvrage est actuellement complètement discrédité car c’est exactement le phénomène inverse qui s’est produit. La famine recule actuellement de manière spectaculaire dans des pays comme la Chine ou les Indes et sera éradiquée dans les années qui viennent.
    Or une étude sponsorisée par le Goddard Space Flight dépendant de la NASA (?)  a repris ce thème dans The Guardian du 14 mars sous la plume de Nafeez Ahmed. Il y aurait une surexploitation des ressources terrestres et une inégale répartition des richesses, le tout menant à l’effondrement de la société. D’un côté il y a les riches et de l’autre les pauvres. Les premiers consomment de trop s’appuyant sur cinq facteurs : leur petit  nombre, le climat, la répartition de l’eau, l’énergie. Les pauvres vivent le cas inverse, ce qui conduirait à une famine généralisée et à terme à l’éclatement de la société.

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  • La Réacosphère est-ellle soluble dans la Révolution Conservatrice?

    Lors d’une conversation avec Boréas, ce dernier m’indiquait l’école de la "Révolution Conservatrice". Ma première réaction fut de noter l’apparente contradiction dans les termes, les conservateurs étant essentiellement contre-révolutionnaires. L’étude des différents textes donnés (notamment Robert Steuckers et Alain de Benoist) m’ont permis de déflorer le sujet.

     

     

     

    La Révolution Conservatrice est un mouvement (méta) politique qui a vu le jour en Allemagne dans les années 20.

     

    Aperçu des principaux mouvements d’idées à la source de la Révolution Conservatrice

     

    Après la Première Guerre Mondiale, en Allemagne, on assiste à un rejet de l’esprit français et de l’esprit anglais; c’est une lutte "contre les idées de la Révolution Française et plus largement, du libéralisme et du rationalisme occidental".

     

    Trois mouvements principaux seront à la base de la Révolution Conservatrice:

     

    - les Völkischen, populaires, exaltation de la race allemande, qui pose l’homme comme essentiellement dépendant de ses origines, mélangeant mysticisme, néo-paganisme voire merveilleux. Leur référence historique est l’antiquité germanique.

     

    - les jeunes-conservateurs, antilibéraux sans être anticapitalistes, souvent chrétiens, les plus compatibles avec la République de Weimar, car très respectueux de la légitimité de l’Etat. Leur référence historique est le Saint Empire romain-germanique (ceux dont je me sens a priori le plus proche)

     

    - les nationaux-révolutionnaires, opposés au capitalisme, plus proches du bolchévisme, voire du nihilisme. Leur référence historique est le mouvement prussien

     

    Pour simplifier, Alain de Benoist applique l’idéologie tripartite des Indo-européens ainsi:

     

    - les Völkischen correspondent à la fonction qui a trait au peuple

     

    - les nationaux-révolutionnaires correspondent à la deuxième fonction, qui est la fonction guerrière

     

    - les jeunes-conservateurs correspondent à la dernière fonction, la souveraineté politique et juridique

     

    Comment être conservateur et révolutionnaire à la fois ?

     

    Le sens du mot conservateur tel qu’employé correspond "non à la défense de ce qui était hier, mais une vie fondée sur ce qui a toujours de la valeur".

     

    Il est en fait l’écho de l’idée que je me fais du mot réactionnaire, qui consiste à élaguer dans la touffeur de la modernité pour redonner vitalité au tronc immuable. Une façon de revenir à l’essence même de notre ordre politique.

     

    Ensuite, le mot révolution n’est pas pris dans son sens progressiste. La révolution n’est que l’accélération brutale du changement. Elle veut remettre un ordre juste dans les décombres de l’ordre ancien (hérité de la révolution française).

     

    Pour Steuckers, "les Allemands ont élaboré et conservé une philosophie qui cherche, elle aussi, à renouer avec les essences intimes des peuples ; de cette philosophie sont issus les nationalismes germaniques et slaves. Dans le sens où elle recherche les essences (tout en les préservant et en en conservant les virtualités) et veut les poser comme socles d’un avenir radicalement neuf (donc révolutionnaire), la KR se rapproche du nationalisme allemand mais acquiert simultanément une valeur universelle (et non universaliste) dans le sens où la diversité des modes de vie, des pensées, des âmes et des corps, est un fait universel, tandis que l’universalisme, sous quelque forme qu’il se présente, cherche à biffer cette prolixité au profit d’un schéma équarisseur qui n’a rien d’universel mais tout de l’abstraction".

     

    Quelles correspondances avec la droite française?

     

    En reprenant la typologie de René Rémond, on retrouve de premier abord:

     

    - les orléanistes sont sortis du champ de l’étude, représentant l’ordre bourgeois contre lequel s’élèvent les trois mouvements

     

    - les jeunes-conservateurs seraient plutôt les légitimistes;

     

    - les nationaux-révolutionnaires seraient les bonapartistes;

     

    - les Völkischen, laissés sans équivalent par Alain de Benoist, seraient les Identitaires (qui n’existaient pas du temps de René Rémond)

     

    Une autre façon de faire le rapprochement est de classer les grands auteurs français dans les trois catégories allemandes:

     

    - les jeunes conservateurs: Bonald, Maistre, Maurras, Daudet, Bainville et, en élargissant, Tocqueville, Chateaubriand, Balzac, Flaubert, Montherlant et Saint-Exupéry

     

    - les nationaux-révolutionnaires: Pierre-Joseph Proudhon, Lagardelle, Drumont, Dréat, Drieu La Rochelle, Céline (Brasillach et Barrès étant à cheval entre ses deux catégories)

     

    - les Völkischen: Mistral, La Varende, Giono, Vincenot

     

    Ce qui me fait sourire, c’est que l’on trouve ces tendances bien inscrites dans la "dissidence". L’idée de la Révolution Conservatrice est de parvenir à une synthèse de ses courants.

     

    Si certains principes sont clairement rejetés par les trois composantes, ce en quoi ils désignent un ennemi commun, Steuckers parle d’éventail de Weltanschauungen (vision du monde) plus que de synthèse. Cette vision dynamique ne devient effective que dans l’action, pour atteindre des objectifs communs.

     

    Je ne vois pas encore comment elle nous permettrait de gouverner ensemble.

     

    Merci à Boréas pour les liens, et mille pardons à Alain de Benoist et Robert Steuckers pour avoir pillé leurs écrits tout en ayant probablement travesti leurs pensées.

    http://droitedavant.wordpress.com/2013/05/30/la-reacosphere-est-ellle-soluble-dans-la-revolution-conservatrice/