culture et histoire - Page 1632
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2e Guerre Mondiale - 1940, l'or de la France a disparu !
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DIRECT conf de presse Escada- Belgoul Boutin
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L'AF Provence défend la mémoire du 6 février 34
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Avons-nous une doctrine de l’action politique ? Question d'actualité
Jean Ousset dans un Avant-propos roboratif de son livre « l’Action » nous invite à travailler l’efficacité de l’action (extraits) :
« L’efficacité dans l’action est-elle réservée aux seuls révolutionnaires ?
Ce qui est en question… C’est de savoir si nous sommes définitivement réduits à combattre sans espoir de vaincre. … C’est de savoir ce que nous pensons de nous-mêmes.
Sommes-nous une arrière-garde chargée de permettre au gros de la troupe déjà repliée, de démobiliser aux moindres frais ?
Cherchons-nous à conserver le droit, qui nous reste encore, de proclamer d’énergiques refus, de solennelles exhortations ?
Notre ambition se borne-t-elle à cultiver un souvenir ; à constituer un certain nombre de groupes où seront conservés et transmis, pour la consolation d’une minorité, les éléments d’une doctrine dont personne ne veut plus ? …
Et c’est là, finalement, ce qui est en question. Comment se peut-il que tant de travaux, tant d’efforts, n’aient pas abouti à meilleur résultat ? …
Est-il normal que la vérité soit si continuellement stérile, le mensonge si continuellement triomphant ?
Sont-ce là, au moins, questions que nous tendons à nous poser ?…
« On veut combattre le mal à la place où il se montre, faisait observer Goethe. Et l’on ne s’inquiète nullement du point où il prend son origine, d’où il exerce son action. [...]
D’où la brusquerie des réactions :hâtives, violentes,…
Ainsi certains qui n’ont jamais rien fait ; qui n’ont jamais réagi – ou si peu – devant la progression du mal ; qui l’ont peut-être favorisé dans son principe, accepté dans ses premières démarches, s’insurgent brusquement, estimant intolérable que l’incendie qu’ils ont vu allumer sans intervenir menace désormais leur confortable hébétude….
N’est-il pas ridicule d’imaginer que le salut puisse être obtenu à petits frais, sans préparation convenable ? …
Possédons-nous une doctrine de l’action ?
Sommes-nous préoccupés d’en avoir une ? Autrement dit : y pensons-nous sérieusement ? Nous mettons-nous en peine de l’apprendre pour mieux agir ? [...]
Jamais, peut-être, le salut de la société n’a tenu à l’effort d’un aussi petit nombre de gens. »
Lire dans son intégralité l’Avant propos de l’Action de Jean Ousset
Au moment où des français se lèvent pour défendre la dignité de toutes les personnes et de toute la personne, en particulier des plus fragiles, que faire pour une action durable ? Ce livre est un maître livre pour bien penser l’action en fonction du but poursuivi. Tout homme ou femme d’action le lira avec profit pour inspirer son engagement. Jean Ousset est le premier en effet à avoir méthodiquement formalisé une doctrine de l'action culturelle, politique et sociale à la lumière de l'enseignement de l'Eglise pour, concrètement répondre au mal par le bien. Action de personne à personne et actions multiformes en réseau, ses intuitions sont mises en oeuvre magnifiquement dans l'utilisation d'internet. A l'encontre des pratiques révolutionnaires et de la dialectique partisane, si l'amitié est le but de la politique, Jean Ousset nous montre comment pour agir en responsable, l'amitié en est aussi le chemin. -
Les Français, leur histoire et la république
Parmi toutes les nations du monde, la France présente le spectacle unique d’un peuple qui a pris son propre passé en aversion. On dirait une population d’esclaves qui vient de renvoyer ses maîtres et qui ne veut plus se souvenir du temps de sa servitude… Je ne crois pas que les luttes de la fin du XVIIIe siècle et la mauvaise littérature du nôtre suffisent pour expliquer une aussi étrange répulsion. On ne peut haïr à tel point que ce qu’on ignore, et la principale raison d’un état d’esprit si peu naturel, c’est que l’imagination du peuple a gardé le souvenir amplifié des crimes et des misères du temps passé, sans qu’on ait pris soin de lui en rappeler les bienfaits et les grandeurs.
Michel Bréal
Quelques mots sur l’Instruction publique en France (1873)
L’auteur de ces lignes n’était pas un penseur politique mais un professeur et un savant. Linguiste, professeur de grammaire comparée, Michel Bréal (1832-1915) enseigna à l’École pratique des Hautes Études et au Collège de France. Fondateur de la sémantique, étude de la signification des structures linguistiques, il inventa le mot avec son Essai de sémantique paru en 1897. Il fut inspecteur de l’enseignement supérieur. Ajoutons pour la petite histoire que Michel Bréal suggéra au baron Pierre de Coubertin, en 1894, d’introduire le marathon dans les premiers Jeux Olympiques modernes en 1896.
Le professeur, l’érudit, qui n’était pas un rat de bibliothèque et qui était libre de préjugés idéologiques, avait été effrayé, au lendemain de la guerre de 1870, de constater la désaffection des Français pour leur passé, et il y voyait une des causes de nos malheurs.
Un mal français
Cet état d’esprit ne datait pas de la Révolution, puisque, au-delà des philosophes des “Lumières”, on considérait au XVIe siècle les écrivains des siècles passés comme des barbares et que sévissait à l’époque classique – XVIIe et XVIIIe siècles – une profonde inintelligence du Moyen Âge dans les milieux les plus instruits. Voilà un défaut national. Mais tant qu’il ne touchait que les Lettres et les Arts, ce travers gaulois ne présentait aucun danger. La Révolution et son fils spirituel, le romantisme républicain, l’utilisèrent pour leur propagande et en firent un dangereux venin mettant en cause l’existence même du pays en minant ses forces morales.
L’école de la République contre la France
La IIIe République transforma cette haine du passé en un moyen de s’attacher les enfants qui crurent que la Révolution leur avait épargné la vie atroce que rois, seigneurs et hommes d’Église avaient infligée à leurs ancêtres. Il faut lire à ce propos Les préjugés ennemis de l’histoire de France de Louis Dimier. Le développement des principes démocratiques qu’on trouve chez Michelet et Hugo menait logiquement à la ruine de l’idée de patrie : expulsion des religieux, séparation de l’Église et de l’État, affaire Dreyfus, propagande antimilitariste, désagrégation par étapes de l’enseignement traditionnel, attirance pour la lutte des classes et sympathies pour l’Internationale sortirent de cette haine du passé. Certes, on exhuma le patriotisme du placard où on l’avait relégué, en 1914, puis en 1939, mais il fut affublé d’oripeaux démocratiques : « En vous battant pour la France, vous combattez en fait pour l’humanité, et cette guerre sera la dernière ! »
Guerre civile et capitulation
On pourrait prolonger la démonstration historique jusqu’à l’envoi par le gouvernement de notre porte-avions pour figurer aux cérémonies qui célébrèrent, l’an dernier en Grande-Bretagne, notre désastre naval de Trafalgar. Il n’y a que la République française pour fêter officiellement les défaites du pays. Mieux encore, ceux qui avaient tenu à la seule France pendant la Deuxième Guerre mondiale sont assimilés à des traîtres car le patriotisme démocratique avait déserté la patrie et s’était envolé pour l’Angleterre. Tout ce qui a pu faire la grandeur du pays, comme l’épopée coloniale qui fut civilisatrice, est systématiquement sali aux yeux d’une jeunesse qui, de repentance républicaine en repentance républicaine, finit par avoir honte de son pays et par penser que le patriotisme et le nationalisme constituent de criminels obstacles au bonheur de l’humanité.
Charles Maurras a intitulé justement l’un de ses livres paru en 1916 Quand les Français ne s’aimaient pas, mais il ajouta Chronique d’une renaissance (1895-1905) car l’Action française s’était donné pour tâche de réconcilier avec la France les Français égarés par la République.
Gérard Baudin L’Action Française 2000 du 18 au 31 octobre 2007 -
Cela n’intéressait évidemment pas le gouvernement...
La Patte à Catoneo - Bouvines 14
Où serons-nous le 27 juillet ? Peut-être au village de Bouvines dans le Nord, dont l’équipe municipale a fait des pieds et des mains pour commémorer dignement la bataille qui (c’est notre avis) fonda la nation française.
Avec seulement 750 habitants et une quête inlassable de soutiens, ils ont réussi à monter une kyrielle d’événements du 16 mars au 27 juillet 2014.
Un site très accueillant vous dit tout : http://www.bouvines2014.fr/ duquel j’extrais le premier argument :
" L’association BOUVINES 2014 a été créée pour commémorer le 800ème anniversaire de la bataille (1214-2014). Nous souhaitons faire de cet anniversaire un événement majeur sur le plan régional, national et européen. Ces événements recouvreront trois thèmes forts : la paix, la jeunesse et l’Europe."
La suite sur La Faute à Rousseau
http://www.actionfrancaise.net/craf/?Cela-n-interessait-evidemment-pas
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Trouble Makers - Pax Americana
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Fin du 1er Empire : La campagne de France
L'épopée guerrière de Napoléon 1er, soit une dizaine d'années de guerres presque ininterrompues, se termine provisoirement en 1814 par la campagne de France et les émouvants adieux de Fontainebleau...
Fabienne ManièreLes Alliés franchissent le Rhin et les Pyrénées
Après la «bataille des Nations», près de Leipzig, au coeur de l'Allemagne, du 16 au 19 octobre 1813, Napoléon 1er et ses troupes se préparent à une invasion du territoire français pour la première fois depuis une vingtaine d'années !
Assaillis de tous côtés, ils doivent faire face à une sixième coalition qui rassemble pratiquement toute l'Europe, de l'Angleterre à la Russie en passant par la Prusse, l'Autriche, la Suède et les États allemands.
Sur les Pyrénées, le général anglais Arthur Wellesley (44 ans) progresse depuis le Portugal. Ses exploits face aux maréchaux de Napoléon lui ont valu d'être anobli avec le titre de marquis et plus tard duc de Wellington.
Après sa victoire de Vitoria, dans le Pays basque, le 21 juin 1813, il oblige les Français à repasser les Pyrénées et les franchit lui-même le 8 octobre 1813, à la poursuite du maréchal Soult.
Au nord, les armées alliées, au nombre de trois, se disposent à franchir le Rhin. Craignant toujours les coups de griffe de Napoléon et divisées sur les buts de guerre, elles ne s'y décident qu'après que les Hollandais aient chassé les Français et acclamé le retour de leur ancien souverain, le prince d'Orange.
1- L'armée du nord entre en Belgique sous les ordres du Français Jean-Baptiste Bernadotte (50 ans), un maréchal d'Empire passé dans le camp ennemi (avec le titre de prince héritier de Suède), assisté du Prussien Frédéric-Guillaume von Bülow (58 ans).
Bernadotte caresse l'espoir que les Alliés lui offriront le gouvernement de la France après la chute de Napoléon. Il veut éviter d'avoir à tuer des Français pour ne pas gâter ses chances et ralentit en conséquence sa marche.
Il en va autrement des autres armées.
2- L'armée de Silésie est commandée par le feld-maréchal prussien Gebhard von Blücher (71 ans), une vieille connaissance des Français, assisté du chef d'état-major August von Gneisenau. Elle est composée de Prussiens mais inclut aussi des corps d'amée russes. Elle franchit le Rhin du côté de Coblence le 31 décembre 1813.
3- L'armée de Bohême, avec le prince autrichien Charles Philippe de Schwarzenberg (42 ans) à sa tête, a traversé quant à elle le Jura dix jours plus tôt, le 21 décembre 1813.
Contrairement à ce qu'on pourrait penser, le vieux Prussien est aussi impétueux et désireux d'en découdre que son jeune allié autrichien est prudent et hésitant.
Ajoutons que, de l'autre côté des Alpes, le vice-roi Eugène de Beauharnais, beau-fils de l'Empereur, doit défendre son royaume d'Italie contre la double offensive des Autrichiens et des Napolitains, lesquels sont commandés par leur roi, qui n'est autre que le maréchal d'Empire Joachim Murat, époux de Caroline Bonaparte, la soeur de Napoléon !
Le jeune tsar Alexandre 1er (36 ans), auréolé par les succès de ses généraux dans la campagne de Russie, marche avec les armées d'invasion, de même que le roi de Prusse Frédéric-Guillaume III (43 ans), lequel n'a jamais brillé par son énergie et son courage.
Tous les deux espèrent agrandir leurs territoires après la chute de Napoléon, au détriment de la Pologne pour le premier, des autres États allemands pour le second. Le Prussien souhaiterait même un dépeçage de la France.
Ces perspectives inquiètent quelque peu le ministre autrichien des Affaires étrangères Metternich et l'empereur François 1er, restés à Vienne.
Père de Marie-Louise et beau-père de Napoléon dont il a le même âge, l'empereur hésite encore sur la conduite à tenir : maintenir son gendre à la tête de la France ? le remplacer par son fils de trois ans, le roi de Rome, avec un Conseil de régence ? par Bernadotte ou un autre militaire ?...
Seuls les Anglais ont une idée bien arrêtée. Ils veulent préserver sur le Continent l'«équilibre des puissances» et pourquoi pas? restaurer l'ancienne dynastie des Bourbons en la personne de l'héritier légitime, le comte de Provence (59 ans), frère du roi guillotiné, qui a pris le nom de Louis XVIII.
Pour beaucoup de Français, cette hypothèse paraît fantasque car les Bourbons, qui ont quitté la France un quart de siècle plus tôt, sont pour eux devenus des inconnus qui relèvent d'un passé révolu ! Mais dans l'ombre, le parti royaliste attend son heure.
Ultimes préparatifs
À Paris, le 19 décembre 1813, débute la session du Corps Législatif. D'emblée s'éveillent les rancoeurs et les peurs chez les députés, lesquels doivent néanmoins leur statut à l'Empereur.
En réponse à Napoléon, qui en appelle à la solidarité nationale dans son discours du Trône, le député Laîné entame un violent réquisitoire qui aurait été impensable quelques mois plus tôt. En référence à l'alourdissement de la fiscalité et de la conscription, il condamne «l'excès des contributions, l'excès plus cruel encore du régime pratiqué pour le recrutement de nos armées».
Napoléon laisse dire mais, le 1er janvier suivant, recevant les députés, les apostrophe violemment : «Le trône lui-même, qu'est-ce? Quatre morceaux de bois doré recouverts de velours? Non, le trône, c'est un homme, et cet homme, c'est moi, avec ma volonté, mon caractère et ma renommée ! C'est moi qui puis sauver la France et non pas vous. C'est en famille, ce n'est pas en public qu'on lave son linge sale...».
Surpris que les Alliés lancent leur offensive en plein hiver, Napoléon hâte le rassemblement des troupes et anticipe même la levée de la classe 1815. Ces très jeunes conscrits enrôlés à la hâte savent à peine charger un fusil. On les surnomme les «Marie-Louise», du nom de la jeune impératrice. Élevés dans le culte de l'Empereur, ils compenseront leur inexpérience par leur courage.
Il tranche au passage le problème espagnol en rendant sa liberté au roi légitime Ferdinand VII et en rappelant ses troupes d'Espagne. Il libère également le malheureux pape Pie VII, cloîtré à Fontainebleau.
Au palais des Tuileries, Napoléon 1er installe un Conseil de régence autour de l'impératrice, avec des personnalités indispensables mais dont la fidélité laisse à désirer (Talleyrand, Cambacérès...) ainsi que son frère aîné Joseph, médiocre parmi les médiocres. Ce conseil doit gouverner en son absence et dans l'éventualité de sa mort au combat.
Le chant du cygne
Dans son malheur, Napoléon 1er a la chance que les coalisés soient divisés sur les buts de guerre. Exploitant leur mésentente, il va les tenir en échec pendant trois mois en dépit d'une écrasante infériorité numérique. Mais à vrai dire, ses succès stratégiques n'auront d'autre effet que de retarder l'échéance tout en durcissant les exigences ennemies...
L'armée de Silésie et celle de Bohême, les plus menaçantes dans l'heure, totalisent environ 250.000 hommes.
Elles ne font qu'une bouchée des armées des frontières, confiées aux maréchaux Macdonald, Marmont, Victor, Mortier et Ney. La première, la plus nombreuse avec 180.000 hommes, remonte la Seine et se dirige vers Troyes. La seconde arrive à Saint-Dizier et progresse vers l'Aube et la Marne.
Face à elles, Napoléon 1er n'arrive à rassembler qu'un maximum de 70.000 hommes. Qu'à cela ne tienne. Le 25 janvier 1814, embrassant pour la dernière fois sa femme et son fils, il quitte Paris pour Châlons, en Champagne, où il retrouve Marmont, Ney, le vieux Kellermann et quelques milliers d'hommes.
Retrouvant la virtuosité de ses jeunes années, l'Empereur des Français va dès lors voler de l'une à l'autre des armées ennemies en s'efforçant de n'affronter à chaque fois que des forces d'un effectif inférieur ou équivalent aux siennes.
À partir de Saint-Dizier, il emprunte des chemins marécageux réputés impraticables et surprend Blücher et son état-major à Brienne-le-château, le 29 janvier 1814, près de l'école militaire où il a suivi ses études ! Devenu indifférent au danger, il manque toutefois d'être tué à bout portant par un Cosaque.
Schwarzenberg se précipite à la rescousse de Blücher de sorte que les Français, au nombre de 33.000 seulement, subissent un grave échec à La Rothière, un peu plus au sud, le 1er février, face à pas moins de 150.000 hommes. Ils doivent se replier sur Troyes.
Mais Prussiens et Autrichiens se séparent une nouvelle fois, chacun ambitionnant d'arriver le premier à Paris. Napoléon saisit cette chance inattendue. Chance supplémentaire, il reçoit d'Espagne deux nouvelles divisions en renfort.
Tandis que ses généraux Victor et Gérard retiennent Schwarzenberg à Nogent-sur-Seine, lui-même se précipite sur Champaubert où il défait le 10 février, en deux heures, l'un des corps d'armée de l'armée de Silésie , celui du Russe Olsuviev (8.000 hommes). Sans attendre, il attaque dès le lendemain les corps d'armée de Sacken (6.000 hommes) et York (17.000 hommes) à Montmirail avec le concours de la Vieille Garde. Il étrille ce qui reste de l'armée de Silésie à Château-Thierry le 12 et à Vauchamps le 14.
Après cette «campagne des Cinq-Jours» qui laisse Blücher exsangue, ses troupes parcourent une centaine de kilomètres à pied, sac au dos, pour attaquer l'armée de Bohême dans la vallée de la Seine, au Sud. Le 17 février, elles arrivent à Mormand. Pleines de confiance, avec l'Empereur à leur tête, elles s'élancent le lendemain à l'attaque de Montereau, au confluent de l'Yonne et de la Seine, et en chassent l'ennemi.
Napoléon retrouve la fougue de sa jeunesse avec une touche d'inconscience suicidaire. Il pointe lui-même un canon et lance à ceux qui s'inquiètent : «Allez, mes amis, ne craignez rien, le boulet qui me tuera n'est pas encore fondu».
Schwartzenberg offre un armistice. Napoléon le repousse : «Je suis plus près de Vienne que l'empereur d'Autriche de Paris !» Il reçoit le soutien inattendu d'un vieux et farouche républicain, le jacobin Lazare Carnot (60 ans), surnommé en 1794 l'«organisateur de la victoire». Il lui confie le gouvernement d'Anvers, en Belgique.
Par ailleurs, il sermonne le timoré Augereau (56 ans), dans une lettre fameuse : «Si vous êtes toujours l'Augereau de Castiglione, gardez le commandement. Si vos soixante ans pèsent sur vous, quittez-le et remettez-le au plus ancien de vos officiers généraux. La patrie est menacée et en danger, elle ne peut être sauvée que par l'audace et la bonne volonté et non par de vaines temporisations (...). L'ennemi fuit de tous côtés sur Troyes. Soyez le premier aux balles. Il n'est plus question d'agir comme dans les derniers temps, mais il faut reprendre ses bottes et sa résolution de 93. Quand les Français verront votre panache aux avant-postes, et qu'ils vous verront vous exposer aux coups de fusil, vous en ferez ce que vous voudrez».
Dernières illusions
Les Alliés en viennent à douter d'eux-mêmes. Leurs soldats sont épuisés par ces courses-poursuites dans la boue, le froid hivernal, la pluie, le vent et la neige. Ils sont également harcelés par les partisans. Il est vrai que, depuis leur entrée sur le territoire français, ils ont multiplié les exactions à l'égard des paysans : pillages, incendies, meurtres, tortures et viols, de sorte que les civils se sont mués en combattants et en franc-tireurs. On les qualifie de «blouses-bleues» en référence à leur vêtement de travail.
Pendant que se déroulent ces combats, les diplomates, réunis à Châtillon-sur-Seine, négocient un éventuel traité de paix. Le représentant de Napoléon 1er est son nouveau ministre des Relations Extérieures, le général Armand de Caulaincourt, duc de Vicence (c'est le frère aîné d'un autre général, Auguste de Caulaincourt, tué à la bataille de Borodino). Il a reçu de l'Empereur carte blanche pour négocier un traité de paix qui préserve autant que faire se peut les conquêtes de la Révolution (les «frontières naturelles» de la France) et bien sûr le trône impérial.
Son adversaire le plus coriace est le Secrétaire d'État britannique, lord Castlereagh. Dans l'ombre, Charles Pozzo di Borgo conseille la plus extrême fermeté au tsar Alexandre 1er. Ce Corse a combattu aux côtés de Pasquale Paoli et voue depuis lors une haine inexpiable à Napoléon.
Le congrès de Châtillon s'étant soldé par un échec, le tsar, déterminé à abattre l'«ogre», réunit les Alliés à Chaumont et leur fait signer le 9 mars un pacte de vingt ans renouvelable ! Il servira plus tard de base à la Sainte-Alliance.
Par ce pacte antidaté au 1er mars, Anglais, Prussiens, Russes et Autrichiens s'engagent à ne pas conclure de paix séparée et à maintenir chacun un contingent d'au moins 150.000 hommes jusqu'à la victoire.
L'Angleterre, bien qu'à bout de souffle, garantit à la coalition un financement adéquat de six millions de livres par an (l'or anglais, arme essentielle dans la guerre contre Napoléon, est qualifié de «cavalerie de Saint-Georges»).
Sur le terrain, c'est reparti mais le coeur n'y est plus. Les désertions se multiplient chez les Français et les maréchaux d'Empire n'ont plus qu'une ambition, sauver ce qui peut l'être de leur fortune, leurs hôtels particuliers et leurs titres et savourer enfin une retraite tranquille. Ils gardent rancune à l'Empereur de n'avoir pas négocié un traité de paix l'année précédente, en Allemagne, quand il en était encore temps.
À Lyon, le maréchal Augereau n'en finit pas de tergiverser face aux demandes pressantes de l'Empereur d'attaquer l'ennemi sur ses arrières.
Même réticence chez le prince Eugène, en Italie. Qui plus est, un certain général Moreau, qui commande la garnison de Soissons, en Picardie, livre la ville le 3 mars sans combattre. C'est un soulagement inespéré pour Blücher, qui n'a plus rien à craindre de ce côté.
Napoléon remporte néanmoins de nouveaux succès sur l'armée de Silésie. Sa cavalerie culbute les Cosaques à Berry-au-Bac le 5 mars.
Le surlendemain, le 7 mars, les «Marie-Louise» remportent la victoire la plus sanglante de la campagne sur les Prussiens et les Russes sur le plateau de Craonne, en un lieu qui entrera un siècle plus tard dans le grand livre des tragédies de l'Histoire, le Chemin des Dames.
Mais l'ennemi se retire en bon ordre sur les hauteurs de Laon. Napoléon tente de le surprendre par un mouvement tournant les 9 et 10 mars, avec le concours du maréchal Marmont. Mais celui-ci est repoussé par le général d'York et ne doit son salut qu'à l'intervention de la Garde impériale.
Blücher demeurant tétanisé sur la «montagne couronnée» de Laon, Napoléon en profite pour faire un tour du côté de Reims, qui vient d'être prise par les Alliés. Le 13 mars au soir, après un combat acharné, il en chasse les Prussiens et les Russes et fait une entrée triomphale dans la ville sous les acclamations de la population, à la lumière des torches.
Là-dessus, dans un dernier sursaut, il retourne ses dernières divisions contre l'armée de Bohême. Mais à Arcis-sur-Aube, le 20 mars, Schwarzenberg résiste à ses assauts. Rien ne semble plus pouvoir empêcher la marche des Alliés sur la capitale.
Désespérant de protéger Paris, Napoléon décide par un coup d'audace de remonter sur Saint-Dizier, à l'Est, et de couper les lignes de ravitaillement des Alliés afin de les obliger à la retraite.
Mais les Alliés ont intercepté un courrier porteur d'une lettre de Berthier à Macdonald dans lequel le premier exposait le plan de l'Empereur et un courrier de ce dernier à Marie-Louise qui confirmait son projet de remonter sur l'Est. Dans le même temps, ils saisissent des lettres du ministre de la Police Anne Savary, duc de Rovigo, dans lequel celui-ci fait état de l'extrême lassitude de la population parisienne.
Après une brève discussion sur un petit tertre aux environs de Sommepuis, les Alliés décident donc le 24 mars, à l'initiative - une nouvelle fois - du tsar, de jouer leur va-tout et de marcher sans plus attendre sur la capitale. Au passage, le lendemain, à Fère-Champenoise, ils refoulent Marmont et Mortier qui ont joué d'imprudence et prennent les devants pour gagner Paris.
Enfin, les Alliés investissent la capitale le 29 mars. Après un baroud d'honneur de ses défenseurs Moncey, Marmont et Mortier, la ville se rend le lendemain sans se faire prier, après que l'impératrice et son fils l'aient quittée pour Chartres, de même que Joseph Bonaparte.
Déjà Lyon, le 20 mars, a été abandonnée à l'ennemi par Augereau. Bordeaux, de son côté, s'est livrée à l'armée de Wellington dès le 12 mars au terme d'une mascarade organisée par le maire de la ville, le comte Lynch, secrètement partisan de la restauration des Bourbons. C'est la première manifestation publique des royalistes.
Défendue par Soult, Toulouse résistera quant à elle jusqu'au 10 avril 1814 à l'attaque de Wellington et ne se rendra que sur l'injonction du nouveau gouvernement.
La chute du «tyran»
Le 31 mars, après la difficile campagne de France, les Alliés entrent en vainqueurs à Paris. Les habitants, stupéfaits, découvrent les Cosaques campant sur le Champ-de-Mars ! Mais la haine n'est pas au rendez-vous et l'on reste entre gens du monde.
Le 3 avril, le Sénat, habilement manoeuvré par Talleyrand, prononce la déchéance de l'empereur, «coupable d'avoir violé son serment (?) et attenté aux droits des peuples en levant des hommes et des impôts contrairement aux institutions».
De son côté, l'empereur, déconfit, revenu en hâte vers la capitale, apprend à Juvisy la reddition de celle-ci. Déconfit, il se détourne sur Fontainebleau avec les 60.000 hommes qui lui restent. Là, ses plus fidèles compagnons, les maréchaux Ney, Berthier et Lefebvre, le pressent d'abdiquer en faveur de son fils. Il s'exécute le 4 avril. Le tsar, consulté, ne s'opposerait pas à une régence.
Tout d'un coup, patatras. Voilà que l'on apprend la défection des troupes du maréchal Marmont, duc de Raguse, avec 10.000 hommes sous ses ordres. L'homme capitule sans en référer à l'empereur. Le tsar, voyant qu'il n'y a plus rien à craindre de Napoléon, exige dès lors une abdication sans conditions et se laisse convaincre par Talleyrand de restaurer la dynastie des Bourbons, en la personne de Louis XVIII, au nom du sacro-saint principe de légitimité dynastique : «La République est une impossibilité, lui dit-il. La Régence, Bernadotte, sont une intrigue. Les Bourbons seuls sont un principe».
Acculé par ses propres maréchaux, l'empereur se résigne et signe l'acte d'abdication le 6 avril. Il se voit promettre en contrepartie la souveraineté sur l'île d'Elbe, une principauté italienne à la latitude de la Corse, ainsi qu'une pension de deux millions de francs par an qui doit lui être versée par la France. Il conserve le titre d'empereur !
Cependant que les souverains alliés font, le 10 avril 1814, une entrée triomphale dans la capitale, le Sénat ne perd pas de temps. Il appelle Louis XVIII à monter sur le trône. C'est le «retour des lys» ! Le roi, qui se fait appeler le Désiré (!), quitte tant bien que mal sa retraite anglaise de Hartwell et débarque à Calais (obèse et impotent, il est presque incapable de marcher).
En route vers Paris, il publie le 2 mai à Saint-Ouen une déclaration dans laquelle il promet un gouvernement représentatif et le respect des acquis de la Révolution. Soulagement chez les Français de tous bords, désireux de retrouver enfin la paix.
On se quitte
À Fontainebleau, l'ex-empereur, confiné dans le château, attend en vain l'arrivée de sa femme Marie-Louise et de leur fils, mais ceux-ci ont déjà pris le chemin de l'Autriche. Ses proches et ses compagnons de combat le quittent en songeant à leur reconversion. Le fidèle Berthier s'occupe de transférer l'armée sous les ordres du gouvernement provisoire.
Résigné, Napoléon fait le 20 avril ses adieux à la Garde impériale dans la cour du Cheval Blanc, devant l'escalier monumental du château, avant de prendre la route de l'île d'Elbe.
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Proposition de loi visant à interdire l'école à la maison (suite)
Le sénateur UMP des Hauts-de-Seine Jacques Gautier a déclaré à un correspondant qu'il s'était retiré le 6 février de la liste des signataires de cette proposition de loi visant à restreindre de façon drastique la liberté de faire l'école à la maison.
Il précise par ailleurs que cette proposition avait pour unique objet d’attirer l’attention sur la dimension éducative de la montée du communautarisme dans les cités, notamment dans des communautés musulmanes salafistes et d'essayer d'y répondre. C'est compréhensible mais c'est ce qui s'appelle jouer avec le feu : comment ne pas comprendre que les ennemis de la liberté utilisent les problèmes créés par l'islam pour réduire la liberté des honnêtes gens ?
Cette proposition n'est plus portée que par 6 représentants ; elle ne sera pas appelée en séance et elle n'est pas portée par l'UMP.
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Mon Enfant . Vae Victis