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culture et histoire - Page 1915

  • Histoire du courage

    Histoire du courage Jean Prévost a été fusillé par les Allemands le 1er août 1944, à Sassenage, dans le Vercors. Il est mort, les armes à la main, sous le nom de Capitaine Goderville. Ecrivain prolixe et encyclopédique, il était aussi un grand sportif.

    Le courage du primitif, du chasseur, du torero, c’est de fuir en faisant front, de fatiguer la brute par des ruses imprévues. C’est le mieux lié à l’esprit.

    Le courage féodal, d’Achille, de Roland ou de Jean le Bon, pose des héros supérieurs à la foule par leurs armes, leurs chevaux, leur vigueur d’hommes mieux nourris. Sous ce harnais accablant, la vaillance est un métier de portefaix et de bûcheron, aux peines immenses. Mais le courage, comme les armes, est un privilège, un don divin aux hommes bien nés.

    Avec Athena ou Saint Georges près de lui, le héros goûte à la fois l’ivresse de la violence et celle de la prière.

    Le courage hellénique est modelé par les exemples et les regards des concitoyens. L’homme élevé par la musique et la gymnastique donne une action inspirée, qui dépasse les autres et lui-même. Il se choisit un moment très beau, où il devine et goûte la gloire, même avec la mort. Les hommes libres l’acclament, mille miroirs d’âmes l’éblouissent de son image, ou il sent, même seul, qu’il égale Hercule ou Léonidas.

    Dès les premières légendes romaines : Horace qui fuit pour fatiguer et tuer des blessés, le général qui punit de mort la prouesse hors du rang, on devine le courage qui calcule un rendement lointain.

    Ces laboureurs, ces terrassiers, se rassemblent dans leur camp le soir de la défaite, pour l’attaque de nuit. Ils n’attendent pas tout d’une bataille, ils sont résignés, s’il le faut, à ne gagner que la dernière.

    Les Chrétiens ne savaient que mourir, l’imagination pleine d’un bonheur indicible. Il fallut bien du temps et l’infusion d’un sang neuf, pour en faire des chevaliers.

    A la fin du moyen âge, l’astuce, la tactique et l’escrime mêlent au courage des paladins le sang froid des mercenaires. Mais l’invention des armes à feu, qui rend la tactique plus prudente, veut dans le combat une promptitude de fauve et une audace de fou. Ce sont encore, je crois, les vertus opposées de la marine.

    Ce courage à brûle-pourpoint dure dans la cavalerie, de Condé à Murat. Mais le fantassin, l’artilleur, déploient leur courage au bout de longues fatigues, marches et terrassements. Sous l’arme automatique et la brûlure des gaz, le courage devient l’art de souffrir, presque nu – souffrir en continuant une tâche simple et monotone, en laissant penser et vouloir pour soi un homme abrité, qui traite l’homme en outil, qui seul aura victoire et gloire.

    L’autre patience, active, créatrice d’idées et d’oeuvres, serait peut-être le vrai courage, sans danger, si nous perdions le culte du sacrifice humain.

    Jean Prévost http://www.voxnr.com

  • Enquête sur la droite en France : Martin Peltier : «  Les hommes de droite sont des gardiens de la réalité »

    Journaliste, Martin Peltier vient de publier Qui instrumentalise l’Église ? aux éditions Godefroy de Bouillon.
    M & V : Martin Peltier, selon vous quelle est la différence entre l'homme de droite et l'homme de gauche ?
    Martin Peltier : Je répondrai un peu comme le sapeur Camembert : pour moi, l'homme de gauche est l'homme de gauche, et l'homme de droite est l'homme qui n'est pas de gauche ! La distinction entre la droite et la gauche est née en France pendant la Révolution, puis s'est beaucoup actualisée à la fin du XIXe siècle et au début du XXe, à l'occasion de la guerre religieuse et scolaire lancée par les francs-maçons au début de la IIIe République. Cette distinction a été créée par la gauche, qui formate le paysage politique, moral et intellectuel en France depuis plus de 200 ans et dont la prise de pouvoir s'est appuyée sur une inversion fondamentale et complète des valeurs. Pour toute notre civilisation européenne et biblique, la droite a toujours figuré le côté du bien et la gauche, la « senestre », le côté du mal : quand on dit d'une personne qu'elle est gauche, par exemple, on signifie qu'elle est malhabile, qu'elle n'est pas « adroite » La Révolution a opéré une inversion symbolique extrêmement forte, en mettant le haut en bas et la droite à gauche. Du jour au lendemain, ce qui était réputé mauvais est devenu bon et vice-versa. Depuis, les nouveaux « bons », c'est-à-dire la gauche française et internationale, nous disent que tout ce qui n'est pas de gauche est mauvais.
    Les idées elles-mêmes évoluent et changent de bord, passant parfois de la gauche à la droite et réciproquement. Ce n'est donc pas sur elles que repose cette différence ?
    La distinction ne porte pas sur les idées, mais sur une posture morale et de pouvoir. Dans ce système qui s'est vraiment actualisé en 1900, la gauche s'arroge le pouvoir moral. Alors que la réalité avait toujours été considérée comme bonne et les élucubrations comme mauvaises, dans le système inversé inventé par la gauche c'est l’utopisme qui est réputé bon et la réalité qui est devenue mauvaise. L'histoire des idées, depuis maintenant 200 ans, accuse ce glissement général de la pensée vers l'Utopie, alors que le rappel à la réalité est dénoncé comme obscurantiste, réactionnaire, haineux, etc.
    On le voit bien avec le « mariage » homosexuel, qui a suscité une forte réaction qui s'appuie sur la réalité naturelle. L'idée même d'un ordre naturel n'est-elle pas une conception de droite ?
    Absolument. La distinction entre la droite et la gauche passe par le rapport à la réalité et à la nature. Précisons que la nature humaine dont nous parlons ici n'a rien à voir avec l'abstraction construite par les philosophes des Lumières ou par Rousseau. Le Saint Père a écrit de beaux textes sur l'ordre et le droit naturel. La frontière se situe entre, d'une part, ceux qui pensent que la volonté de l'homme, ses lumières, ses pulsions, son intelligence et les velléités de l'individu peuvent construire le monde; et d'autre part, ceux qui pensent que la nature, même si elle est imparfaite ou déchue, a été créée, donnée et que l'on ne peut rien faire si l'on ne part pas de ce donné réel. La gauche, c'est l'irréalisme, la folie érigée en devoir ; la droite, beaucoup plus modestement, tient compte de la réalité et essaye de s'en arranger.
    Nous vivons dons l'ère des tyrans
    Le mariage dit « pour tous » et l'idéologie du genre sont deux exemples très clairs de cette volonté de la gauche de construire le monde à partir du caprice de l'individu. C'est le caprice fait roi, selon le vieux mot romain : Hoc volo, sic jubeo, sit pro ratione voluntas(1). Nous vivons dans l'ère des tyrans : il suffit que je le veuille, que je l'ordonne et que ma volonté vous serve de raison. C'est leur volonté qui doit servir d'étalon au monde ! L'homme de droite, c'est celui qui refuse cet ahurissant diktat de la gauche.
    La mobilisation contre le « mariage » homosexuel montre que le sens de la réalité conduit une large fraction du peuple français à réagir contre le politiquement correct N'y a-t-il pas là une raison d'espérer ?
    Le peuple est en train de vociférer sur des sujets de société qui tiennent au fond, prennent aux tripes et sur lesquels il est compétent. Quand il refuse que l'on change la manière de vivre la famille, il a raison, il le sent et il gueule. De même, il a raison quand il refuse de disparaître de devenir un autre peuple, quand il rejette l’immigration-invasion. Dans le cadre de cette vocifération nécessaire, il est présent parce que vraiment concerné. Le peuple français ne veut pas des folies mortifères que lui propose la gauche. J'ajouterai pourtant à cette réflexion un codicille plus pessimiste : nous autres, hommes de droite, sommes des gardiens de la réalité - Maurras y insistait beaucoup, avec sa distinction entre le pays légal et le pays réel. Or aujourd'hui, l’utopisme est peut-être en train de l'emporter : si l'on considère sa composition, il faut convenir que le peuple français, avec toutes les folies qui lui ont été imposées depuis 30 ans, a changé de réalité. Ainsi, tenants de la réalité, nous sommes partiellement en décalage avec la réalité actuelle ce qui est le signe d'un éclatement général de la société.
    Le peuple a pu changer de réalité, mais il existe bien une vérité objective. N’est-ce pas finalement cette conviction qui différencie la droite de la gauche ?
    C'est en cela qu'à mon avis, nous, hommes de la droite catholique, possédons le « joker ». La réalité change, malheureusement, et les utopistes sont en train de la subvertir ; mais nous savons qu'il existe une vérité supérieure. Non seulement il y a des vérités de grâce et de foi, d'ordre supérieur, mais aussi une vérité de ce que sont historiquement la France et le peuple français nous fondant sur cette vérité de la France et du peuple français, nous pouvons refuser les dérives de la réalité qui nous sont mécaniquement imposées par les réformes induites par la gauche depuis 30 ans. Dans l'ordre politique, c’est la défense de la vérité française.
    Propos reçu par Eric Letty monde&vie février 2013
    I .Je le veux, je l'ordonne ; la raison, c'est ma volonté.
    Martin Peltier, Qui instrumentalise l’Église? comment certains lobbies tentent d'asservir Rome au politiquement correct, éditions Godefroy de Bouillon, 28 €.

  • L'idéologie américaine

    L'idéologie américaine Cet individualisme organique fut formulé dans des constitutions écrites et dans une littérature littéraire-politique. La Déclaration d’Indépendance est typique de l’esprit de cette littérature. Comme œuvre de Realpolitik, ce manifeste de 1776 est magistral : il indique le Futur, et incarne l’Esprit de l’Age du Rationalisme, qui était alors dominant dans la Culture Occidentale. Mais au 20ème siècle, la partie idéologique de cette Déclaration est simplement fantastique : « Nous tenons ces vérités pour être évidentes par elles-mêmes : que tous les hommes sont créés égaux ; qu’ils sont dotés par leur créateur de droits inhérents et inaliénables ; que parmi ceux-ci se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur ; que pour assurer ces droits, les gouvernements sont institués parmi les hommes, tirant leurs justes pouvoirs du consentement des gouvernés. Que dès qu’une forme de gouvernement devient destructrice de ces fins, c’est le droit du peuple de la modifier ou de l’abolir, et d’instituer un nouveau gouvernement, ayant sa fondation sur des principes tels et organisant ses pouvoirs sous une forme telle, qu’il leur semblera être le plus à même d’assurer sa sécurité et son bonheur ». En 1863, le charlatan Lincoln prononça un discours dans lequel il parla de l’Amérique comme d’« une nation, conçue dans la liberté, et dédiée à la proposition que tous les hommes sont créés égaux ». Il continua ensuite en disant, parlant de la Guerre de Sécession, alors en cours : « …nous sommes engagés dans une grande guerre civile, testant si cette nation, ou une nation conçue ainsi et dédiée ainsi, peut durer longtemps ».

    Cette idéologie continua jusqu’au milieu du 20ème siècle, et fut même, après les Première et Seconde guerres mondiales, lorsqu’une vision totalement différente et complètement incompatible eut l’ascendant, offerte au foyer de la Civilisation Occidentale comme un modèle à imiter d’une manière ou d’une autre. Ce fut seulement le succès matériel entièrement fortuit qui accompagna les armes américaines qui permit à cette idéologie de survivre tard dans un siècle qui l’avait dépassée, et cette idéologie archaïque doit être examinée ici, pas parce qu’elle est importante en tant que vision politique, mais seulement parce qu’elle est une technique efficace pour diviser et désintégrer l’Europe.

    La Déclaration d’Indépendance est saturée de la pensée de Rousseau et Montesquieu. L’idée de base, comme dans tout le Rationalisme, est l’identification de ce qui devrait être avec ce qui sera. Le Rationalisme commence par confondre le rationnel avec le réel, et finit par confondre le réel avec le rationnel. Cet arsenal de « vérités » sur l’égalité et sur les droits inaliénables et inhérents reflète l’esprit critique émancipé, dépourvu de respect pour les faits et la tradition. L’idée que les gouvernements sont « institués » pour un but utilitaire, pour satisfaire une demande d’hommes « égaux », et que ces hommes « égaux » donnent leur « consentement » à une certaine « forme » de « gouvernement », et qu’ensuite ils l’abolissent lorsqu’elle ne sert plus le but – est de la pure poésie rationaliste, et ne correspond à aucun fait qui soit jamais survenu quelque part. La source du gouvernement est l’inégalité des hommes – voilà le fait.

    La nature du gouvernement est un reflet de la Culture, de la Nation, et de leur stade de développement. Ainsi une nation peut avoir deux formes de gouvernement, un gouvernement efficace ou un inefficace. Un gouvernement efficace accomplit l’Idée de la nation – pas la « volonté des masses », car celle-ci n’existe pas si les gouvernants sont capables. Le gouvernement tombe, non quand « le peuple » décide rationnellement de l’abolir, mais quand ce gouvernement devient décadent au point de se saper lui-même. Aucun gouvernement n’est jamais « fondé » sur des « principes ». Les gouvernements sont l’expression d’instincts politiques, et la différence entre les instincts des diverses populations est la source des différences dans leur pratique de gouvernement. Les « principes » écrits n’affectent pas le moins du monde la pratique de gouvernement, et le seul effet qu’ils ont est de fournir le vocabulaire des luttes politiques.

    Cela est aussi vrai pour l’Amérique que cela l’est pour n’importe quelle autre unité politique qui ait jamais existé en cinq millénaires de l’histoire des Hautes Cultures. Contrairement à un certain sentiment messianique en Amérique, celle-ci n’est pas complètement unique. Sa morphologie et sa destinée sont lisibles dans l’histoire d’autres colonies, dans la nôtre, et dans des Cultures antérieures.

    Dans la Déclaration d’Indépendance, la référence au gouvernement qui aurait pour but de réaliser la « sécurité » et le « bonheur » de la population est une stupidité rationaliste de plus. Le gouvernement est le processus de maintenir la population en forme pour une tâche politique, l’expression de l’Idée de la Nation.

    La citation de Lincoln reflète encore l’Age du Rationalisme, et son Europe contemporaine pouvait sentir et comprendre une telle idéologie, bien que, puisque l’Etat, la Nation et la Tradition existaient encore en Europe, même en étant affaiblis, il y eut toujours une résistance aux idéologies rationalistes, qu’elles soient de la variété de Rousseau, de Lincoln, ou de Marx. Aucune nation ne fut jamais « conçue dans la liberté », et aucune nation ne fut jamais « dédiée à une proposition ». Les Nations sont les créations d’une Haute Culture, et dans leur essence ultime sont des Idées mystiques. Leur naissance, leur individualité, leur forme, leur existence, sont toutes des reflets de développements culturels supérieurs. Dire qu’une nation est « dédiée à une proposition », c’est la réduire à une abstraction qui peut être mise sur un tableau de classe pour un cours de logique. C’est une caricature rationaliste de la Nation-Idée. Parler ainsi d’une Nation, c’est l’insulter et la dégrader : personne ne voudrait jamais mourir pour une proposition logique. Si une telle proposition – qui est aussi prétendument « évidente en elle-même » – n’est pas convaincante, la force armée ne la rendra pas plus convaincante.

    Le numen [= abstraction divine] « liberté » est l’un des principaux foyers de l’idéologie américaine. Le mot ne peut être défini que négativement, en tant que liberté contre une contrainte quelconque. Même les idéologues américains les plus enragés ne défendent pas la liberté totale contre toute forme d’ordre, et de même la tyrannie la plus stricte n’a jamais souhaité tout interdire. Dans un pays « dédié » à la « liberté », des hommes furent arrachés à leur foyer, sous menace de prison, déclarés soldats, et envoyés aux antipodes comme mesure de « défense » de la part d’un gouvernement qui ne demandait pas le « consentement » de ses masses, sachant parfaitement bien qu’un tel « consentement » serait refusé.

    Au sens pratique, la liberté américaine signifie liberté par rapport à l’Etat, mais il est évident que ceci est de la simple littérature, puisqu’il n’y a jamais eu d’Etat en Amérique, ni aucune nécessité d’en avoir un. Le mot liberté est ainsi un simple concept dans une religion matérialiste, et ne décrit rien dans le monde des faits américains.

    Egalement importante pour l’idéologie américaine est la constitution écrite adoptée en 1789, en résultat des travaux de Hamilton et Franklin. Leur intérêt en cela était pratique, leur idée étant d’unir les treize colonies en une unité. Comme l’union n’aurait jamais pu être réalisée à cette époque sur une quelconque sorte de base centrale, le plus qu’ils pouvaient réaliser était une fédération faible, avec un gouvernement central qui pouvait difficilement être décrit comme un gouvernement, mais seulement comme une formule d’anarchie. Les idées de la constitution furent surtout inspirées des écrits de Montesquieu. L’idée de « séparation des pouvoirs » en particulier vient de ce théoricien français. D’après cette théorie, les pouvoirs de gouvernement sont trois : législatif, exécutif, et judiciaire. Comme toute la pensée rationaliste claire comme de l’eau de roche, cette théorie est vaseuse et confuse dès qu’elle est appliquée à la Vie. Ces pouvoirs ne peuvent être séparés que sur le papier, dans la Vie ils ne peuvent pas l’être. Ils ne furent jamais réellement séparés en Amérique, bien qu’on conserva la théorie selon laquelle ils l’étaient. Avec le début d’une crise interne dans les années 30 du 20ème siècle, le pouvoir entier du gouvernement central fut ouvertement concentré dans l’exécutif, et on trouva des théories pour appuyer ce fait, en l’appelant toujours « séparation ».

    Les diverses colonies conservèrent la plupart des pouvoirs qui comptaient pour elles – le pouvoir de faire leurs propres lois, de garder une milice, et de se conduire en indépendance économique par rapport aux autres colonies. Le mot « Etat » fut choisi pour décrire les composantes de l’union, et cela conduisit à une autre pensée idéologique confuse, puisque les formes d’Etat européennes, où l’Etat était une Idée, furent considérées comme équivalentes aux « Etats » américains, qui étaient essentiellement des unités territoriales-légales-économiques, sans souveraineté, dessein, destinée, ou but.

    Dans l’union, il n’y avait pas de souveraineté, c’est-à-dire, pas même la contrepartie légale de l’Etat-Idée. Le gouvernement central n’était pas souverain, ni aucun gouvernement d’Etat. La souveraineté était représentée par l’accord des deux tiers des Etats et du législatif central, ou en d’autres mots, par une abstraction complète. S’il y avait eu cinquante ou cent millions d’esclaves, ou même d’Indiens, sur les frontières de l’Amérique, il y aurait eu une notion différente de ces choses. Toute l’idéologie américaine présupposait la situation géopolitique américaine. Il n’y avait pas de puissances, pas de populations hostiles fortes, nombreuses ou organisées, pas de dangers politiques – seulement un vaste paysage vide, à peine peuplé de sauvages.

    Egalement important pour l’idéologie américaine fut le sentiment – exprimé plus haut dans le discours de Lincoln – de l’universalité. Bien que la Guerre de Sécession n’avait absolument rien à voir avec une idéologie quelconque – et en tous cas, la motivation légale sudiste de la guerre était plus conséquente que l’idée yankee –, Lincoln se sentit obligé d’injecter la question de l’idéologie dans la guerre. L’adversaire ne pouvait pas être un simple rival politique, tendant vers la même puissance que le Yankee – il devait être un ennemi total, ayant l’intention d’anéantir l’idéologie américaine. Ce sentiment inspira toutes les guerres américaines à partir de ce moment – tout ennemi politique fut considéré ipso facto comme un adversaire idéologique, même si l’ennemi n’avait aucun intérêt pour l’idéologie américaine.

    A l’Age des Guerres Mondiales, cette idéologisation de la politique fut étendue à une échelle mondiale. La puissance que l’Amérique choisissait pour ennemi était forcément contre la « liberté », la « démocratie », et contre tous les autres mots magiques, mais sans signification, de cette catégorie. Cela conduisit à des résultats étranges – toute puissance combattant la puissance que l’Amérique avait gratuitement choisie pour ennemi devint ipso facto une puissance de la « liberté ». Ainsi la Russie des Romanov et la Russie bolchevique furent toutes deux des puissances de la « liberté ».

    L’idéologie américaine conduisit l’Amérique à proclamer comme alliés des pays qui ne retournèrent pas le compliment, mais l’ardeur américaine n’en fut pas refroidie. Ce type de politique ne peut être considéré par l’Europe que comme adolescent, et en vérité toute tentative de décrire les formes et les problèmes du 20ème siècle selon une idéologie rationaliste du 19ème siècle est immature, ou pour être plus franc, stupide.

    Au 20ème siècle, alors que le type rationaliste d’idéologie avait été rejeté par la Civilisation Occidentale en progrès, l’universalisation américaine de l’idéologie se transforma en messianisme – l’idée que l’Amérique doit sauver le monde. Le véhicule du salut consiste en une religion matérialiste avec la « démocratie » prenant la place de Dieu, la « Constitution » à la place de l’Eglise, les « principes de gouvernement » à la place des dogmes religieux, et l’idée de la liberté économique à la place de la Grâce de Dieu. La technique du salut est d’embrasser le dollar, ou sans cela de se soumettre aux explosifs et aux baïonnettes de l’Amérique.

    L’idéologie américaine est une religion, tout comme l’étaient le Rationalisme de la Terreur française, celui du jacobinisme, celui du napoléonisme. L’idéologie américaine en est contemporaine, et ils sont complètement morts. De même que l’idéologie américaine est intérieurement morte. Son principal usage à l’époque actuelle – 1948 – est de diviser l’Europe. Le Michel [1] européen se vautre dans n’importe quelle idéologie qui promet le « bonheur » et une vie sans effort ni dureté. L’idéologie américaine sert ainsi un but négatif, et seulement cela. L’Esprit d’un Age disparu ne peut donner aucun message à un Age ultérieur, mais ne peut que nier l’Age nouveau, et tenter de le retarder, de le déformer et de le détourner de son chemin de vie. L’idéologie américaine n’est pas un instinct, car elle n’inspire personne. C’est un système inorganique, et quand l’un de ses principes lui barre la route, il est promptement écarté. Ainsi la doctrine religieuse de la « séparation des pouvoirs » fut rayée de la liste des dogmes sacrés en 1933. Avant cela, le saint principe de l’Isolation avait été mis de coté en 1917, lorsque l’Amérique entra dans une guerre occidentale qui ne la concernait en aucune manière. Ressuscité après la Première Guerre Mondiale, il fut à nouveau écarté durant la Seconde Guerre Mondiale. Une religion politique qui change sans cesse de doctrine surnaturelle n’est convaincante ni politiquement ni religieusement. La « doctrine » de Monroe, par exemple, annonça au début du 19ème siècle que tout l’hémisphère occidental était une sphère d’influence impérialiste américaine. Au 20ème siècle, cette doctrine reçut le statut spécial d’une doctrine ésotérique, étant conservée pour l’usage intérieur, alors que le dogme externe était appelé la « politique du bon voisin ».

    L’idéologie d’un peuple est un simple vêtement intellectuel. Elle peut ou pas correspondre à l’instinct de ce peuple. Une idéologie peut être changée au jour le jour, mais pas le caractère du peuple. Dès que ce caractère est formé, il est déterminé et influence les événements bien plus que ceux-ci ne peuvent l’influencer. Le caractère du Peuple Américain fut formé pendant la Guerre de Sécession.

    Francis Parker Yockey http://www.voxnr.com

    notes :

    [1] Personnage lourdaud et stupide, dans la culture populaire allemande ; « der deutsche Michel » : le Michel allemand. (NDT)

    source :

    Ce texte est extrait du livre de Francis P. Yockey : Imperium (publié en 1948).

  • De l’amélioration de l’homme par le bombardement de terreur

    Du 13 au 15 février 1945, les forteresses volantes de la Royal Air Force et de l’U.S. Air Force déversaient sur la ville de Dresde, merveille de l’Elbe, des centaines de milliers de bombes au phosphore, détruisant une grande partie de la ville et tuant un nombre jamais encore défini d’habitants et réfugiés. Chaque année depuis la réunification de l’Allemagne, bravant les interdictions officielles et le refus de la majorité des Allemands d’y participer, de timides commémorations en mémoire des victimes se déroulent dans la ville qui a admirablement reconstruit ses trésors architecturaux. A l’occasion de ce soixante-huitième anniversaire, Tomislav Sunic, de nationalité croate, diplomate, traducteur, professeur de science politique et historien, auteur de nombreux ouvrages et articles dont certains ont été présentés par Polémia, exprime, dans une tribune libre, ses réactions sur le sort inégal réservé aux victimes innocentes de la dernière guerre. Fort de son expérience yougoslave, il fait de la ville martyre un symbole et annonce avant l’heure un cycle européen qui sera fait de violence et de guerres civiles. Polemia

    Dresde n’est pas le seul symbole des crimes alliés – symbole qui est d’ailleurs mentionné à contrecœur par les politiciens du Système. La destruction de Dresde et le nombre des victimes sont toujours relativisés dans l’historiographie du Système, étant souvent dépeints comme « un dommage collatéral dans la lutte contre le mal absolu, à savoir le fascisme ». Or le problème réside dans le fait qu’il n’y a pas eu un seul dommage collatéral dans une seule ville nommée Dresde, mais aussi des dommages collatéraux dans d’autres Dresde, dans tous les coins de l’Allemagne, et dans toutes les parties de l’Europe. La topographie de la mort, tracée par les anciens antifascistes, reste une donnée fort problématique pour leurs descendants d’aujourd’hui.

    L’inégalité des victimes

    Dans « la concurrence mondiale pour la mémoire historique », toutes les victimes ne bénéficient pas des mêmes droits. Maintes victimologies l’emportent sur les autres tandis que beaucoup d’autres sont censées tomber dans l’oubli total. Les politiciens du Système sont très zélés quand il s’agit d’ériger des monuments aux peuples et aux tribus, en particulier à ceux qui furent victimes des Européens. Un nombre croissant de dates anniversaires et de jours de réparations apparaissent sur nos calendriers muraux. De plus en plus, les dirigeants du Système européen et américain rendent hommage aux victimes non européennes. Rarement, presque jamais, ils se souviennent des victimes de leurs propres peuples qui ont souffert sous la terreur communiste et libérale. Comme mauvais auteurs de crimes figurent toujours les Européens, et surtout les Allemands, qui sont donc toujours contraints aux rites de repentance.

    Non seulement Dresde est une ville allemande, ou bien le symbole d’un destin allemand, mais elle est aussi le symbole européen d’innombrables villes croates, hongroises, italiennes, belges et françaises qui furent bombardées par les Alliés. Ce qui m’attache à Dresde m’attache également à Lisieux, un lieu de pèlerinage en France qui fut bombardé par les Alliés en juin 1944, comme un autre lieu de pèlerinage, italien celui-là, Monte Cassino, qui fut également bombardé par les Alliés en février 1944. A Lisieux, cette petite ville dédiée à sainte Thérèse, le 10 juin 1944, 1200 personnes furent tuées, le monastère bénédictin fut complètement détruit et 20 religieuses perdirent la vie. Pour dresser la liste des villes européennes de haute culture qui ont été détruites, il nous faudrait une bibliothèque – à condition toutefois que cette bibliothèque ne soit pas une nouvelle fois bombardée par les « world improvers » (*); et à condition que les livres et les documents qu’elle contient ne soient pas confisqués ni interdits de circulation.

    En France, pendant la Seconde Guerre mondiale, environ 70.000 civils trouvèrent la mort sous les bombes anglo-américaines et démocratiques, chiffe qui est mentionné avec réticence par les historiens du Système. 600.000 tonnes de bombes furent larguées sur la France de 1941 à 1944, 100.000 bâtiments et des maisons furent détruits. Dans le Système actuel, les politiciens utilisent souvent les mots « culture » et « multiculture » ; or, force est de constater que leurs prédécesseurs militaires se sont distingués dans la destruction des divers monuments culturels européens.

    Anéantissement culturel

    Ces églises et ces musées européens devaient être détruits car ces endroits, y compris Dresde, n’entraient pas dans la catégorie de la culture. Plus au sud, à Vienne, en mars 1945, le Burgtheater fut bombardé par les avions américains. Plus à l’ouest, au nord de l’Italie, l’opéra de « La Scala » de Milan fut bombardé, ainsi que des centaines de bibliothèques à travers toute l’Europe centrale. Plus au sud, en Croatie, des villes de grande culture, telles que Zadar et Split, furent bombardées en 1944 par les « world improvers », et ce panorama d’horreur n’a pas de fin. Des politiciens allemands et des touristes allemands prennent souvent des vacances sur la côte croate, alors que le long de la côte il y a de nombreux charniers de cadavres de soldats allemands. Sur l’île croate de Rab, où les nudistes allemands aiment bien s’amuser, il y a une énorme fosse commune contenant les ossements de centaines d’Allemands assassinés par les communistes yougoslaves. Les diplomates allemands en Croatie n’ont rien fait pour ériger des monuments à ces soldats martyrisés. Récemment, la soi-disant communauté de valeurs démocratique s’est montrée très préoccupée du nettoyage ethnique en ex-Yougoslavie et s’est donné beaucoup de mal pour traduire les accusés serbes et yougoslaves devant le Tribunal de La Haye. Mais ces accusés yougoslaves avaient eu des modèles parfaits parmi leurs ancêtres yougo-communistes et leurs alliés anglo-américains. Vers la fin de 1944, et au début de 1945, il y eut, en Yougoslavie, un énorme nettoyage ethnique des Allemands de souche par les communistes yougoslaves. En mai 1945, des centaines de milliers de réfugiés croates, pour la plupart des civils, se sont rendus aux autorités anglo-américaines au sud de la Carinthie, à côté de Klagenfurt en Autriche méridionale. Dans les jours qui suivirent, ils furent tous livrés aux bouchers yougo-communistes.

    On tue et on expulse

    En ce qui concerne les millions d’Allemands de souche chassés de Silésie, de Poméranie, des Sudètes et du bassin du Danube vers la fin de la guerre (**), je pourrais parler pendant des heures. Vu que ces victimes sont dues aux bourreaux communistes, je ne vais pas pour le moment les attribuer aux « world improvers » occidentaux. Rétrospectivement, nous voyons toutefois que les réformateurs occidentaux n’auraient jamais pu réaliser leurs projets de rénovation du monde sans l’aide des bourreaux communistes, y compris les soi-disant antifascistes. Certes, la plus grande migration de l’histoire du peuple allemand et des autres peuples non allemands en Europe centrale et en Europe de l’Est fut suscitée par les communistes et l’Armée rouge, mais jamais ces gigantesques crimes communistes n’auraient pu avoir lieu sans l’aide aérienne massive des « world improvers ». Donc, on utilise deux poids et deux mesures quand on commémore les morts de la Seconde Guerre mondiale.

    Les droits de l’homme à la carte

    Comme le grand spécialiste de droit international, l’Allemand Carl Schmitt, nous l’a enseigné, nous faisons face ici à un problème dangereux quant au droit international moderne et quant à l’idéologie des droits de l’homme. Une fois l’adversaire militaire déclaré « monstre » ou « vermine », les droits de l’homme ne s’appliquent plus à lui. Les monstres et les vermines ne sont protégés par aucune loi. C’est la composante principale du Système actuel. De même, dès qu’un intellectuel européen, un universitaire ou un journaliste non conformiste commence à contester les mythes du Système actuel, il court le risque d’être traité comme un « homme d’extrême droite », c’est-à-dire comme « un monstre fasciste ». Par conséquent, ce monstre d’extrême droite ou ce fasciste et cette espèce inhumaine ne peut jamais devenir un homme ; par conséquent, aucune idéologie des droits de l’homme ne peut lui venir au secours. Il devient sujet à l’ostracisme social et à la mort professionnelle. Le Système se targue de sa tolérance envers toutes les personnes du monde et envers toutes les nations du monde, mais non envers ceux qui sont a priori étiquetés comme inhumains, à savoir les pseudo-extrémistes de droite. Aux yeux des « world improvers », les civils allemands de Dresde, ici sur cette place, en février 1945, n’étaient pas perçus comme des êtres humains mais comme un genre spécial de vermine qu’on devait supprimer. On trouve des sentiments similaires aujourd’hui chez les « world improvers » dans leurs opérations militaires en Irak ou en Afghanistan.

    On nous accuse parfois d’exagérer le chiffre des victimes de Dresde dans le seul but de banaliser les crimes fascistes. Cela n’a pas de sens. Cette proposition mensongère peut facilement être inversée. Les médias du Système et ses faiseurs d’opinion ont besoin, même 70 ans après la guerre, du danger fasciste, dans le seul but de mieux cacher leurs propres désastres économiques et leurs propres crimes de guerre d’antan.

    Fragilité du Système multiculturel

    Effondrement de la Yougoslavie - Les nations en Yougoslavie au début des années 1990

    Effondrement de la Yougoslavie – Les nations en Yougoslavie au début des années 1990

    Par ailleurs, les historiens du Système ainsi que les faiseurs d’opinion ignorent que le Système multiculturel actuel est par force conflictuel : chaque doctrine victimaire persiste dans sa propre unicité et ne se propage qu’aux dépens des autres. Cela montre la fragilité du Système multiculturel. En fin de compte, cela conduit à la balkanisation, à la guerre civile et à l’effondrement du Système. Voici un exemple : l’atmosphère victimaire d’aujourd’hui, dans le Système multiculturel, conduit chaque tribu, chaque communauté, chaque immigré non européen à croire que sa doctrine victimaire doit être unique. Il s’agit là d’un phénomène dangereux, car chaque unicité victimaire exclut les autres victimes qui se trouvent en concurrence avec elle. Une telle mentalité victimaire ne contribue ni à la prévention des conflits ni à la paix. Elle conduit à la violence multiethnique et rend le conflit inévitable.

    Suite à la banalisation et la relativisation des crimes libéralo-communistes contre le peuple allemand, avant, pendant et après la Seconde Guerre mondiale, il n’y a pas eu de climat de compréhension mutuelle ni de réconciliation. Au lieu de cela, un climat de fausses mythologies et de victimologies conflictuelles est né, où chaque homme, et chaque tribu, se perçoit comme la victime de son voisin.

    L’exemple classique est à nouveau l’effondrement de l’ancien Etat artificiel de Yougoslavie où les différents peuples furent pendant cinquante ans victimes des historiens communistes et où la propagande communiste dépeignait le peuple croate comme une « nation nazie ». En 1991, après la chute du communisme et après la fin de la propagande communiste, le résultat ne fut pas la compréhension mutuelle entre les divers peuples yougoslaves mais la haine mutuelle et la guerre terrible où toutes les parties s’insultèrent en se traitant de « fascistes ». Ce qui nous attend bientôt dans l’UE n’est pas le plaisir exotique d’une société multiculturelle, mais un nouveau cycle similaire et balkanique de violence et de guerres civiles.

    Ne nous faisons pas d’illusions. Dresde est, certes, un endroit symbolique contre toutes les guerres, et également l’endroit où nous devons nous incliner devant les victimes innocentes. Mais demain, Dresde peut facilement devenir le symbole de catastrophes titanesques. On peut déjà imaginer ce qui nous attend dans les prochaines années. Certains parmi nous qui possèdent une longue conscience historique savent fort bien qu’un monde a pris fin. L’âge libéral est mort depuis longtemps. Les temps qui viennent seront mauvais. Mais ces mauvais temps nous offrent, à nous tous, une chance.

    Tomislav Sunic
    13/02/2013
    www.tomsunic.com

    Les intertitres sont de la rédaction

    Notes :

    (*) Ceux qui « améliorent » le monde, les réformateurs.
    (**) « Les Expulsés »

    Correspondance Polémia – 21/02/2013

  • Interview de Jean-Jacques Annaud à Pravda.ru

    Monsieur Annaud, vous avez réalisé l’an dernier un film sur l’or noir. Pourquoi vos sujets tournent presque toujours autour du récent passé et de l’exotisme, des paysages de grande aventure ?

    Jean-Jacques Annaud : Le passé récent, oui, aussi, si on considère que l’époque néanderthalienne où se situe « LA GUERRE DU FEU » fait partie d’un moment proche dans l’aventure de l’évolution humaine, que le moyen-âge du « NOM DE LA ROSE » était hier, et que les néolithiques de « SA MAJESTE MINOR » vivaient avant-hier.

    Quatre de mes films sont situés dans les années 1930 (« L’AMANT », « LES AILES DU COURAGE (IMAX 3D) », « DEUX FRERES », « OR NOIR ». Ils sont encadrés par un film situé pendant la première guerre mondiale, « BLACK AND WHITE IN COLOR », et « ENEMY AT THE GATES » pendant la seconde.

    Je vis très agréablement dans le monde contemporain. La ville, les aéroports, les salles de cinéma sont mon univers quotidien. Quand je vais au cinéma, j’aime sortir de ce quotidien, voyager dans le temps et dans l’espace. J’aime les films qui me transportent ailleurs, dans un monde plus beau, plus fort, plus dangereux, plus émouvant et différent que celui de ma cuisine.
    Comment vous était venue l’idée de tourner un film sur Stalingrad ? Comment avez-vous osé prendre le parti, à Hollywood, d’un soldat soviétique et de l’Armée rouge ?

    J.-J. A. : J’avais depuis très longtemps envie de traiter de la Russie. Je suis très touché depuis toujours par cet immense pays, par l’âme douloureuse et talentueuse de son grand peuple. J’avais envie de faire partager cette pulsion aux publics qui ne vont pas spontanément voir des oeuvres issus de la cinématographie russe. Une cinématographie qui pourtant a été décisive pour moi, grâce à un de mes maîtres de l’école de cinéma, Georges Sadoul, grand communiste devant l’éternel et fabuleux connaisseur du 7e Art d’Union Soviétique.

    Vu d’Hollywood, monter un film à gros budget autour d’un héros non Américain relève d’un défi assez fou. J’ai été aidé par un des « exécutifs » de la société de production avec laquelle j’étais sous contrat et qui était lui-même descendant d’émigré Russe. Je suis connu à Los-Angeles pour préférer les sujets atypiques. J’ai décidé de tourner en langue anglaise pour ne pas cantonner à travers le monde le film aux circuits d’Art et Essais. J’ai choisi de faire interpréter les Russes, les « gentils » par des Européens donc par des Anglais (Jude Law, Jo Fiennes, Rachel Weiss), et les méchants, les Allemands, par des Américains (Ed Harris). Paramount m’a suivi dans cet autre défi.
    Quel était votre intérêt pour cette guerre ? Où avez-vous trouvé la documentation ?

    J.-J. A. : J’ai acheté comme d’habitude une centaine de bouquins. Sur la bataille elle-même, sur le front russe en général, sur Staline et son entourage, sur Hitler, sur les armements des deux camps, sur les snipers et leur technique. Le livre qui m’a le plus impressionné est "Vie et Destin", le chef d’oeuvre de Vassili Grossman, ancien correspondant de la Pravda à Stalingrad.

    J’ai par ailleurs visionné un très grand nombre de documentaires de toute nationalité. Je me suis fait projeter à Moscou tous les documents inédits détenus par les archives de la cinémathèque. Idem en Allemagne. J’ai passé une semaine à Volgograd au musée et dans les archives où j’ai retrouvé le carnet de mon héros Vassili Zaitsev avec ses notes quotidiennes. Je me suis adjoint les services d’une historienne de l’Université de Moscou, Maria Zezina (prière de vérifier orthographe et titre à l’Université.)
    Avez-vous étudié les historiens russes pour préparer votre film ? Si oui, lesquels ? Sinon, pourquoi ?

    J.-J. A. : Outre le texte de Grossman, j’ai été très intéressé par les livres de Simonov. Et bien entendu par le livre d’interviews d’anciens combattants de William Craig "Enemy at the Gates" dans lequel mon scénariste Alain Godard, lui aussi de descendance Russe, avait dégotté les trois pages consacrées à l’histoire édifiante du sniper Zaitsev.

    A quelques mois de la sortie, un historien anglais a publié un gros bouquin intitulé "Stalingrad". Il niait la réalité historique du personnage de Zaitsev. Il s’est donné un mal considérable pour entamer la crédibilité du film. Les anciens combattants soviétiques m’ont donné du fil à retordre aussi. Ils ont regretté que je ne donne pas plus à voir le grand nombre d’Allemands qui avaient péri sous leurs balles.
    Vous êtes un grand voyageur. Quelles régions de la Russie et de l’ancienne Union soviétique connaissiez-vous le mieux ?

    J.-J. A. : Je suis venu de très nombreuses fois à Moscou. Saint-Pétersbourg est une de mes villes de prédilection au monde. J’y allais déjà à l’époque où elle s’appelait Leningrad. Au sud, j’ai un souvenir émerveillé de la région proche de la Lettonie, en particulier du monastère fortifié de Peskov (je crois que c’est le nom, je le cite de mémoire ; orthographe à vérifier).
    En tant que cinéaste, vous êtes cinéphile et un grand amateur du cinéma soviétique : quels sont les maîtres qui vous ont le plus marqué, sinon inspiré ?

    J.-J. A. : Mon travail est sans doute souvent inspiré par l’oeuvre de Poudovkine, de Dziga Vertov, de Donskoi, et évidemment d’Eisenstein. J’ai nourri une très grande passion pour ses films puissants, de Potemkine à Newski ,de Octobre à Ivan. Il va sans dire que j’adore les partitions de Prokofiev. Je suis un fan de musique russe, de littérature russe, de peinture russe.
    Vous vous réclamez souvent d’un cinéma épique et d’un cinéma d’aventure : pouvez-vous expliquer ce choix ?

    J.-J. A. : J’ai grandi dans la banlieue de Paris, un lieu à cette époque doux et aimable où il ne se passait rien. La rue bordée d’arbres ne donnait nulle part. J’aimais le cinéma de quartier, le moment où l’écran s’ouvrait, large, avec le souffle de l’espace, sur une vie plus grande que la vie - en tout cas plus grande que la mienne.

    Quand j’ai intégré l’école de cinéma la « Nouvelle Vague » n’en finissait pas d’être nouvelle et de s’empêtrer dans la stérilité pédante de redites. J’enrageais que la France, pays de l’invention des Frères Lumière, une nation qui avait donné depuis des décennies des films étourdissants et magnifiques se spécialise dans les drames étriqués de chambres de bonnes et de salles de bain.
    Quels sont les films ou les cinéastes qui vous intéressent aujourd’hui ? Vous restez cinéphile ? Que pensez-vous du tout-numérique du cinéma grand public américain ?

    J.-J. A. : Je reste très attaché à un cinéma narratif porteur de sens. J’admire mes confrères qui ont su y ajouter une dimension spectaculaire, et au bon sens du terme « divertissante ». Je pense aux grandes oeuvres de Milos Foreman, Roman Polanski, Francis Ford Coppola, Ridley Scott, Zhang Yimou, Ang Lee. Un jour le premier cité m’a envoyé une lettre à la sortie de projection d’un de mes films. « Tu me rends jaloux » était-il écrit. C’est le plus grand bonheur que je puisse personnellement avoir à la sortie d’un film. Dieu merci, je l’ai souvent.

    Le cinéma américain, tout le monde le sait et le dit que ce soit à New-York ou à Hollywood, perd son âme. La mondialisation et la piraterie poussent au succès instantané, aux chiffres de la première séance. Il faut donc mobiliser le seul public immédiatement disponible le jour de la sortie, celui qui est formé par Internet et les jeux vidéo, celui qui passe infiniment plus de temps à regarder l’écran numérique que la vie. Ce public va au cinéma pour voir la même chose, mais en plus grand. D’une certaine manière, je me réjouis que les goûts bougent, que le monde change.

    Le numérique remplace le support traditionnel. Je n’ai pas de nostalgie pour le ruban perforé de 35 mm et sa couche argentique. J’ai été le premier en Europe à adopter la dématérialisation de l’image. La projection numérique offre une plus grande définition, un rendu des couleurs spectaculaire, et fait disparaître l’usure des copies.

    La génération de l’image elle-même par l’ordinateur effraie ceux qui ont eu l’habitude de faire de la fiction en filmant du « vrai ». Mais un acteur est-il le « vrai » personnage ? Le décor construit en studio, avec des paysages en maquette ou fond photographique est-il « vrai » ? Le cinéma s’est ingénié depuis les origines à fabriquer du vraisemblable avec du faux, à recycler les tours de passe-passe des prestidigitateurs, les superpositions, les fonds bleus, les fausses perspectives, le maquillage, le vent de ventilateur et la pluie de rampes à eau. L’ordinateur est seulement outil nouveau, facile, pas cher, un outil de plus à la disposition des auteurs. Faut-il encore qu’ils le soient, qu’ils aient quelque chose à dire.
    Enfin, vos projets sont en Chine. Pouvez-vous nous donner des détails à ce sujet ?

    J.-J. A. : Je tourne en Mongolie, en Mandarin et Mongol, un film adapté du grand roman autobiographique chinois "Le Totem du Loup", le plus grand succès d’édition... depuis le petit livre rouge de Mao. Quel honneur !

    Monsieur Annaud, nous vous remercions !
    Nicolas Bonnal http://www.france-courtoise.info

  • Les deux aspects de l'histoire

     

    Les deux aspects de l'histoire
    La différence totale entre les méthodes de pensée humaine représentées par les idées centrales du Destin d'une part, et de la Causalité d'autre part, fut nettement accentuée pour la raison que seule l'une d'entre elles est adaptée à la compréhension de l'Histoire. L'Histoire est le récit des destins accomplis – des Cultures, nations, religions, philosophies, sciences, mathématiques, formes d'art, grands hommes. Seul le sentiment d'empathie peut comprendre ces âmes jadis vivantes à partir des archives dépouillées restantes. La Causalité est ici impuissante, car à chaque seconde un nouveau fait est jeté dans le réservoir de la Vie, et à partir de son point d'impact, des cercles toujours plus larges de changements se propagent. Les faits souterrains ne sont jamais écrits, mais chaque fait change le cours de l'histoire des faits. La vraie compréhension d'un organisme, qu'il soit une Haute Culture, une nation ou un homme, consiste à voir derrière et sous les faits de cette existence l'âme qui s'exprime au moyen des événements extérieurs, et souvent en opposition avec eux. C'est seulement ainsi qu'on peut séparer ce qui est significatif de ce qui est sans importance.

    Significatif est donc censé signifier : avoir une qualité de Destin. Fortuit signifie : sans relation avec le Destin. C'était le Destin de Napoléon que Carnot ait été ministre de la Guerre, car un autre homme n'aurait probablement pas vu le projet de Napoléon pour une invasion de l'Italie à travers les Monts de Ligurie, étant enterré sous les dossiers du ministère. C'était le Destin de la France que l'auteur du plan ait été un homme d'action aussi bien qu'un théoricien.

    Il est donc évident que le sentiment de ce qui est Destin et de ce qui est Incident a un contenu hautement subjectif, et qu'un regard plus profond peut distinguer le Destin là où le plus superficiel ne voit que l'Incident.

    Les hommes sont donc aussi différenciés selon leur capacité à comprendre l'Histoire. Il y a un sens historique, qui peut voir derrière la surface de l'histoire, jusqu'à l'âme qui est le déterminant de cette histoire. L'histoire, vue à travers le sens historique d'un être humain, a donc un aspect subjectif. C'est le premier aspect de l'Histoire.

    L'autre, l'aspect objectif de l'Histoire, est également incapable d'établissement rigide, même s'il peut sembler l'être à première vue. L'écriture d'une histoire purement objective est le but de la soi-disant méthode de référence, ou narrative, de présenter l'histoire. Cependant, elle sélectionne et ordonne inévitablement les faits, et dans ce processus l'intuition poétique, le sens historique et le flair de l'auteur entrent en jeu. Si ceux-ci sont totalement exclus, le produit n'est pas de l'histoire écrite, mais un livre de dates, et ceci, encore une fois, ne peut pas être fait sans une sélection.

    Ce n'est pas non plus de l'histoire. La méthode génétique d'écrire l'histoire tente de présenter les développements avec une complète impartialité. C'est la méthode narrative avec un certain type de philosophie causale, évolutionnaire ou organique, surimposée pour retracer la croissance du suivant à partir du précédent. Celle-ci ne parvient pas à atteindre l'objectivité parce que les faits qui survivent peuvent être trop peu ou trop nombreux, et dans les deux cas le talent artistique doit être employé pour combler les vides ou faire une sélection. L'impartialité n'est pas possible non plus. C'et le sens historique qui décide de l'importance des développements passés, des idées passées, des grands hommes passés. Pendant des siècles, Brutus et Pompée furent tenus pour plus grands que César. Vers 1800, Vulpius était considéré comme un plus grand poète que Goethe. Mengs, que nous avons oublié, était considéré à son époque comme l'un des grands peintres du monde. Shakespeare, plus d'un siècle après sa mort, était considéré comme inférieur en tant que dramaturge à plus d'un de ses contemporains. Le Gréco était inaperçu il y a 75 ans. Cicéron et Caton étaient tous deux tenus, jusqu'après la Première Guerre Mondiale, pour des grands hommes, plutôt que des faiblards retardateurs de Culture. Jeanne d'Arc n'était pas incluse dans la liste de Chastellain, établie à la mort de Charles VII, de tous les commandants d'armée qui combattirent contre l'Angleterre. Finalement, pour le bénéfice des lecteurs de 2050, je pourrais dire que le Héros et le Philosophe de la période 1900-1950 étaient tous deux invisibles à leurs contemporains dans les dimensions historiques sous lesquelles vous les voyez.

    La Culture Classique apparaissait d'une manière à l'époque de Winckelmann, d'une autre manière à l'époque de Nietzsche, encore d'une autre manière aux XXe et XXIe siècles. De même, l'Angleterre élisabéthaine se satisfaisait de l'adaptation de Shakespeare du César de Plutarque, alors que l'Angleterre fin-de-siècle avait besoin de Shaw pour adapter le César de Mommsen. Wilhelm Tell, Marie Stuart, Götz von Berlichingen, Florian Geyer, tous devraient être écrits différemment aujourd'hui, car nous voyons ces périodes historiques depuis un angle différent.

    Qu'est-ce alors que l'Histoire ? L'Histoire est la relation entre le Passé et le Présent. Parce que le Présent change constamment, l'Histoire change aussi. Chaque Epoque a sa propre Histoire, que l'Esprit de l'Epoque crée pour cadrer avec sa propre âme. Avec le passage de cette Epoque, qui ne reviendra jamais, cette image particulière de l'Histoire a passé. Vue de ce point de vue, toute tentative pour écrire l'Histoire « telle qu'elle s'est vraiment déroulée » est de l'immaturité historique, et la croyance dans des standards objectifs de présentation de l'histoire est une auto-tromperie, car ce qui ressortira sera l'Esprit de l'Epoque. L'accord général des contemporains avec un certain regard sur l'Histoire ne rend pas ce regard objectif, mais ne fait que donner son rang – le plus haut rang possible qu'il peut avoir comme expression exacte de l'Esprit de l'Epoque, vrai pour ce temps et cette âme. Un degré supérieur de vérité ne peut pas être atteint, ce coté de la divinité. Quiconque se vante d'être « moderne » doit se souvenir qu'il se serait senti tout aussi moderne dans l'Europe de Charles V, et qu'il est voué à devenir tout aussi « démodé » pour les hommes de 2050 que le sont les hommes de 1850 pour lui. Une vision journalistique de l'Histoire indique que son possesseur manque de sens historique. Il devrait donc s'abstenir de parler de questions historiques, qu'elles soient passées ou en cours d'accomplissement.
    Francis Parker Yockey http://www.voxnr.com
    notes :
    Extrait de Imperium (1948), pp. 17-20.
  • Entrevue du C.N.C #2: Méridien Zéro

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    1)      Comment vous est venue l’idée de créer Méridien Zéro ? Quels étaient les objectifs de la création de cette émission de radio ? Estimez-vous ces objectifs atteints aujourd’hui ?

    Lt Sturm pour l’équipe MZ : Tout d’abord, merci d’ouvrir les colonnes de votre blog à notre équipe. L’idée de créer Méridien Zéro est née de la rencontre d’une volonté et d’une opportunité. La volonté, c’était celle des membres fondateurs du M.A.S (Mouvement d’Action Sociale) de s’emparer des vecteurs médiatiques que la modernité nous offre pour présenter nos analyses, nos principes et proposer nos alternatives. Nous connaissions Radio Bandiera Nera et nous avions dans l’idée de créer un équivalent francophone. Mais, partant de rien et sans connaissances précises sur le métier « radio » d'une partl et sur les spécificités d’une webradio d’autre part, la tâche nous paraissait complexe. C’est à ce moment là que le camarade Sébastien (fondateur de Zentropa) nous a avisé de l’arrêt prochain de son émission (Tuons le clair de lune) et nous a proposé de reprendre le créneau. Honorés par cette offre, nous y avons promptement répondu. Le reste, c’est beaucoup de boulot, une mise de fond matérielle mise à disposition par les camarades du M.A.S et surtout une volonté de réaliser le projet. Je dois ici remercier les tous premiers invités qui se sont jetés avec nous dans le grand bain : Georges Feltin-Tracol, Xavier Eman, Romain  Lecap, Monsieur K … Je les salue chaleureusement au nom de toute l’équipe. Enfin, rien n’existerait sans les techniciens, précieux hommes qui ne comptent ni leur temps ni les moyens pour offrir un son de qualité et des montages pertinents. Je pense ici à Lord Sergueï, pionnier de l’émission, à Igor, Lord Tesla …

    2)      Méridien Zéro est l’émission française de RBN, quels sont vos liens avec celle-ci ?

    Lt Sturm pour l’équipe MZ : Nos liens avec RBN sont d’ordres amicaux, militants et techniques. Nous avons cette chance d’être en phase avec nos amis italiens, de partager nombre de leurs analyses métapolitiques, voire l’esprit offensif et conquérant qui les anime. Ensuite, pour nous qui n’y connaissions pratiquement rien, les camarades de RBN ont été d’une aide précieuse et leur radio a constitué un formidable tremplin de notoriété. Je note d’ailleurs qu’ils font preuve du même appui avec toutes les émissions étrangères reliées à RBN. En ce sens, ils œuvrent grandement à la constitution de pôles médias autonomes. 

    3)      Pouvez-vous nous éclairer sur la signification du nom Méridien Zéro ?

    Lt Sturm pour l’équipe MZ : L’expression Méridien Zéro est tirée d’un échange épistolaire entre Ernst Jünger et Martin Heidegger. Jünger y explique que le dépassement du nihilisme (que représente la modernité finissante dans laquelle nous vivons) nécessite de franchir la ligne symbolique, le Méridien Zéro qui sépare le monde creux de celui que nous fondons. L’émission Méridien Zéro se veut le témoin de ce passage dans sa volonté de faire découvrir aux auditeurs ceux qui marchent sur les crêtes du monde, les passeurs, les éclaireurs.

    4)Quel est actuellement l’impact de MZ au sein des milieux dissidents et « non-conformes » ?

    Lt Sturm pour l’équipe MZ : Commençons par un bilan chiffré qui je vous l’avoue nous surprend toujours. Aujourd’hui, Méridien Zéro c’est 6 à 8000 auditeurs par émission et environ 30 000 visiteurs par mois sur le site. Le public est très varié en âge, provenance militante et positions politiques.

    Pour ce qui est de l’avant-garde dissidente je dirais que Méridien Zéro un foyer de ralliement autant qu'un centre d'émission. Notre liberté de ton, notre ligne ouverte nous aident à développer des thématiques transverses, à créer des synergies.

    5)      Quelles sont les émissions qui ont eu le plus de succès ?

    Lt Sturm pour l’équipe MZ : Les émissions à succès sont le résultat d’une alchimie fragile : Le bon invité, la thématique qui accroche, la corrélation avec une actualité clivante et l’état de forme des animateurs ! Bien sûr, les émissions avec des invités hauts en couleurs comme Guillaume Faye, Alain Soral, Tomislav Sunic, Gabriele Adinolfi, Piero San Giorgio  … sont très écoutées. Les « Panorama Actu » sont aussi plébiscitées tout comme les émissions sur les grandes figures (Chesterton, Mabire, Céline). Nous essayons d’équilibrer entre nécessité historique, actualité, polémiques et politique.

    6)      La der de l'année est une émission surprenante... il transparaît un certain second degré festif dans l'équipe de MZ? Cela est-il révélateur d'un état d'esprit général? Comment qualifieriez-vous « l’esprit MZ » ?

    Lt Sturm pour l’équipe MZ : Ah la Der de l’année ! Franchement, je dois vous dire qu’avec la Der de la saison ce sont là deux émissions ou l’équipe au complet ouvre les vannes. Nous y mêlons joyeusement 1er, 2nd voire même 3ème degré si le vin nous emporte ! Ces émissions hors-gabarit nous permettent également de dévoiler un peu plus l’esprit qui anime l’équipe, fait de joie et de camaraderie. Si je peux qualifier en effet « l’esprit MZ », je dirais que nous ressentons un immense privilège à proposer des émissions libres pour des hommes libres. Car c’est un privilège de combattre cette société finie et bornée, molle et dissolvante. Méridien Zéro est un navire corsaire, qui vogue au grès des vents de la guerre pour porter le fer contre le Système.

    7)      La musique que vous programmez pendant vos émissions est très éclectique et on peut dire qu’il y en a pour tous les goûts, ce qui est positif. Qui choisit les titres ? Pourquoi ne pas plus passer de titres joués par des artistes de la mouvance au sens large ?

    Lt Sturm pour l’équipe MZ : Pour la musique, c’est très simple. Chaque animateur, au fil des thématiques d’émission ou selon son envie du moment et ses découvertes musicales, propose ses titres. C’est vrai que nous pourrions de temps en temps passer des titres plus « mouvance » tant le panel est large sur ce plan (folk, indus, métal, électro, classique …). Je vous avoue qu’il n’y a pas vraiment de politique musicale. Je prends bonne note de la remarque et la porterai en conférence de rédaction.

    8)      Toujours au sujet de la musique, pourquoi avoir choisi comme musique d’introduction de votre émission un titre de VNV Nation?

    Lt Sturm pour l’équipe MZ : D’abord parce que PGL et moi sommes fans de ce groupe et amis de longue date des membres de cette formation qui se définit elle-même comme « rétro-futuriste ». Ensuite, parce que le morceau joué à chaque début d’émission, issu d’un projet parallèle du groupe plus symphonique, s’intitule « Pro Victoria », ce qui résume parfaitement notre programme.

    9)      Quelle place occupe Méridien Zéro au sein du réseau M.A.S (Mouvement d’Action Sociale) ?

    Lt Sturm pour l’équipe MZ : Méridien Zéro est clairement le vecteur média du M.A.S. Même si nous ne faisons pas tout le temps référence à notre structure militante de rattachement, nombreux sont les membres de l’équipe qui appartiennent au M.A.S. Dans notre démarche combattante, les vecteurs de la modernité que sont les nouvelles technologies de l’information sont considérées comme des armes. Méridien Zéro est donc une arme de l’arsenal du M.A.S. C’est une arme à longue portée dans l’espace et le temps. Nous plantons des drapeaux dans le réel, nous voulons aider nos auditeurs à reprendre la lutte par d’autres moyens et sur de nouveaux fronts. Tel est l’objectif croisé de MZ et du M.A.S.

    10)  L’émission Méridien Zéro est-elle l’embryon d’un projet plus ambitieux ?

    Lt Sturm pour l’équipe MZ : Oui, nous caressons clairement l’espoir de proposer plus à moyen terme. Je ne donnerai pas de détails ni en terme de délais, ni en terme de contenus, mais nous poursuivons notre réflexion sur un développement plus ambitieux de MZ. Pour le moment, les contraintes sont simples : manque de temps, nécessité d’étoffer les équipes d’animateurs – c’est ici un appel très direct aux bonnes volontés. Je rappelle que pour beaucoup d’entre nous l’engagement militant ne se limite pas à MZ. Il y a le M.A.S, Solidarité Populaire, les revues, les maisons d’éditions …

    11)  Quelles sont vos références idéologiques principales ? Même s’il y un certain nombre de contributeurs à l’émission, certaines doivent être communes à tous…

    Lt Sturm pour l’équipe MZ : Je dirais qu’il y a une certaine « biodiversité » sur ce plan à MZ. Nos parcours militants, nos goûts, notre formation doctrinale font qu’à MZ Nietzsche côtoie Paretto, Evola rencontre Valois, Chesterton dialogue avec Proudhon. Finalement, une grande quantité de sources s’articulent et s’imbriquent sans se brouiller. C’est le caractère symbiotique de l’équipe. Pour autant, cela ne conduit pas à de fades synthèses, mais bien plutôt à une stimulante émulation. C’est très enrichissant. Nous retrouvons également cela dans la sphère ô combien explosive du religieux puisque l’équipe MZ fait cohabiter Catholiques, Païens, Athées et agnostiques.

    12)  Merci d’avoir répondu à nos questions. A quoi peut-on s’attendre de la part de MZ dans un futur proche ?

    Lt Sturm pour l’équipe MZ : Les mois prochains apporteront leur lot d’invités de marque. Vous verrez aussi se développer des émissions de débats, vous retrouverez les jeunes moussaillons pour leur second appareillage, des Pano Actu très chargés … et quelques surprises. Bref, que du bon ! Merci à vous pour cette invitation et bravo pour le travail du Cercle Non Conforme. Vous faites par l’écrit ce que nous produisons en radio, pourvu que cela dure.

    Et comme il n’est pas possible de nous quitter autrement : « A l’abordage et pas de quartier ! »

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/

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