culture et histoire - Page 1916
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Vae Victis - Casse sociale
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Connaissez-vous l’ultra-gauche ? par Georges FELTIN-TRACOL
Piètre spécialiste des radicalités identitaires rebelles et non conformistes, Christophe Bourseiller est en revanche un bon expert pour tout ce qui concerne l’extrême gauche. Il nous le montre une nouvelle fois avec son étude sur l’ultra-gauche.
Qu’est-ce que l’ultra-gauche ? Alors que l’extrême gauche (anarchiste, trotskyste, autonome, maoïste naguère) occupe principalement le terrain électoral et social, l’ultra-gauche qui ne relève pas du gauchisme, est un ensemble composite s’impliquant principalement dans le domaine culturel.
Le discours de l’ultra-gauche est radical puisqu’il rejette avec une rare constance une lecture dogmatique du marxisme, conteste les différentes expériences communistes dans le monde, critique sévèrement les sociétés capitalistes occidentales, dénonce le totalitarisme, le centralisme démocratique, la bureaucratie syndicale, le parlementarisme, la technocratie administrative, la social-démocratie, la trahison bolchevique et le gauchisme.
Christophe Bourseiller évoque tour à tour l’étonnante Gauche communiste germano-hollandaise, la surprenante Gauche communiste italienne avec les « bordiguistes », la désormais célèbre Internationale situationniste conduite par Guy Debord, le très méconnu Socialisme ou Barbarie animé par Cornelius Castoriadis et Claude Lefort. On y croise aussi le communiste hétérodoxe Henri Lefebvre, l’incroyable O.P.B. (Organisation – Pensée – Bataille) qui tente de s’emparer de la Fédération anarchiste, les « Enragés de Nanterre » en 1968…
Ayant peu de prise sur les appareils politiques et pourchassés par eux, l’ultra-gauche se contente de cercles minuscules, de périodiques confidentiels et de quelques théoriciens. Ainsi, auteur des Conseils ouvriers qui fonde le « conseillisme », le Néerlandais Anton Pannekœk se montre un chaud partisan de la démocratie ouvrière à la base. Il oppose la démocratie formelle – qu’on trouve tant dans les régimes bourgeois que dans les systèmes socialistes – à la démocratie réelle, celle du « communisme des conseils ». Pannekœk ne voit en effet aucune différence de nature entre les pratiques politiques de l’Est et de l’Ouest. « Le dualisme est parlant, souligne Bourseiller. Anton Pannekœk met le doigt sur un point essentiel. Ne vivons-nous pas effectivement sous des formes démocratiques, qui dissimulent parfois des pratiques barbares ? »
La singularité de l’ultra-gauche ne se réduit pas à la seule interprétation politique. Elle se manifeste dès l’Entre-deux-guerres par un anti-antifascisme virulent. « Par-delà les différences apparentes, remarque encore Bourseiller, le fascisme et la démocratie sont perçus comme relevant tous deux du même système capitaliste, puisque les rapports de classes et d’exploitation y demeurent inchangés. » L’anti-antifascisme devient une constante de l’ultra-gauche militante, hormis chez quelques communistes libertaires qui, autour des S.C.A.L.P. (sections carrément anti-Le Pen), du REFLEX (Réseau d’étude, de formation et de liaison contre l’extrême droite) et de No pasaran s’activent pour mieux amuser la galerie médiatique et cacher leur embourgeoisement.
Maintes fois, les analyses lucides de l’ultra-gauche rejoignent dans leurs conclusions les critiques qu’assènent les pensées radicales rebelles au monde moderne. Cette convergence étonnante inquiète fortement Bourseiller, d’autant qu’elle n’est pas récente. Dès 1920, le K.A.P.D. (Parti communiste ouvrier d’Allemagne) doit composer, d’une part, avec une tendance nationale-bolchevique (Ernst Niekisch) et, d’autre part, avec la « Gauche de Hambourg » de Heinrich Laufenberg et Fritz Wolffheim, qui refuse le Diktat de Versailles et suggère la reprise de la Grande Guerre. C’est l’apparition d’un courant national-communiste. Bourseiller parle alors d’une « tentation rouge-brune ». Dans les années soixante, cette tentation réapparaît avec le négationnisme, via les bordiguistes qui ne le sont pas, mais qui estiment que le capitalisme est le véritable responsable du génocide. Le négationnisme se cristallise, une décennie plus tard, chez les lointains héritiers de Socialisme ou Barbarie et de Pouvoir ouvrier, regroupés autour de la librairie La Vieille Taupe de Pierre Guillaume.
Malgré quelques appréciations critiquables car partiales et subjectives, l’Histoire générale de l’ultra-gauche est un ouvrage incontournable pour comprendre tout un continent idéologique ignoré. Autre « perdante » de la Modernité et bien que faisant souvent fausse route, l’ultra-gauche mérite de la considération, car ses travaux contribuent elles aussi à miner « ce monde vétuste et sans joie ».
Georges Feltin-Tracol http://www.europemaxima.com
• Christophe Bourseiller, Histoire générale de l’ultra-gauche, Denoël, 2003, 546 p., 25 €.
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La semaine d’action anticoloniale : la France trainée une fois de plus dans la boue
Du 16 février au 1er mars 2013, doit se tenir, partout en France, la huitième édition de la « Semaine Anticoloniale et Antiraciste » organisée à l’initiative de plus de 60 organisations associatives, syndicales et politiques, toutes fortement marquées à gauche.
Au nom de la lutte contre un « système colonial » que notre pays perpétuerait à l’intérieur comme à l’extérieur de ses frontières, cette initiative donnera l’occasion à ses promoteurs de condamner les « crimes coloniaux » contemporains commis par la France. Pêle-mêle, dans une vaste bouillie pour les chats, seront ainsi passés en revue la « traque » des « sans-papiers », les discriminations à l’égard des « roms » ou des « minorités » dans les « quartiers populaires », la résurgence de la « Fançafrique », le sort tourmenté des relations franco-algériennes, le poids intolérable de la dette haïtienne, ou bien encore la persistance de conflits endémiques, de la Palestine au Sahara occidental…
Appelée à être fortement médiatisée, cette nouvelle opération de repentance se tiendra une semaine après l’organisation à Paris du « Colonial Tour », imaginé par des élus Verts et le Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN). Jacques Boutault, maire écologiste du IIème arrondissement de Paris n’a pas caché le motif véritable qui a justifié pareille stigmatisation des sites parisiens liés à l’histoire de la décolonisation et de l’esclavage : « Décoloniser l’imaginaire des Français, c’est aussi lutter contre le racisme ».
Une fois de plus, la France se voit traîner dans la boue. Cette nouvelle offensive politico-médiatique, derrière laquelle se cache un insupportable dessein idéologique, doit être dénoncée avec force. Manipuler sans arrêt l’histoire de notre pays, en salissant l’image de la France, c’est entretenir dans l’esprit de nos compatriotes un sentiment de culpabilité récurrent à l’égard des épisodes fondateurs de notre passé ; convoquer en permanence la France au banc des accusés, en ravivant les plaies anciennes, c’est conforter encore et toujours le désamour des Français à l’égard de leur patrie et ainsi asseoir davantage les sombres revendications politiques, économiques et sociales de ces nouveaux inquisiteurs.
La France n’a rien à gagner à flétrir ainsi son passé. Dépositaire d’une histoire illustre qu’elle ne doit pas avoir honte d’assumer fièrement, à l’exemple des grandes nations du monde, notre pays doit cesser d’outrager sa mémoire de la sorte : c’est à cette condition absolue que la France demeura toujours désirable dans le cœur de nos compatriotes et dans celui de ceux qui, nombreux à l’étranger, éprouvent encore pour notre pays un attachement sincère.
Karim Ouchikh, Président exécutif du SIEL, Administrateur du RBM.
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L’armée et la tactique militaire sous Louis XIV
Le règne personnel de Louis XIV (1661-1715) est riche d’évolutions et d’innovations sur le plan militaire. Il voit l’abandon de l’armée de levée pour une armée permanente, composée essentiellement de sujets du royaume, une armée quasiment nationale : les mercenaires étrangers ne constituent plus qu’un faible pourcentage des troupes. Les armes évoluent : le fusil remplace le mousquet et la baïonnette fait disparaître la pique. Particulièrement bien disciplinée et entraînée, l’armée française, capable de tenir tête seule à l’Europe (guerre de la Ligue d’Augsbourg), sert de modèle pour les autres États européens.
I. Une armée d’une taille inéditeLe règne de Louis XIV voit l’armée s’accroître d’une façon inédite. Jusqu’au début du XVIIe siècle, les forces en temps de paix ne dépassaient pas 10.000 hommes, et en temps de guerre rarement plus de 70.000. Louis XIII monte ses forces jusqu’à 125.000 hommes après l’entrée dans la guerre de Trente Ans.
Sous Louis XIV, l’armée en temps de guerre atteint 340.000 hommes au cœur de la guerre de la Ligue d’Augsbourg (1688-1697), qui voit la France seule (avec l’appui de l’Empire ottoman et des jacobites irlandais) face à l’Europe coalisée. Dans un pays qui compte 21 millions d’âmes, cela fait approximativement un soldat sur 20 hommes adultes valides. Vers 1700, l’armée en temps de paix compte 150.000 hommes, soit 15 fois plus par rapport au début du siècle ! Elle sert alors tant pour la défense que pour la surveillance des populations. Ce chiffre ne sera plus atteint jusqu’à la Révolution française.● Les dépenses militaires
En 1683, les dépenses militaires s’élèvent à 54 millions de livres (47 % du total des dépenses du royaume), en comprenant 8 % pour les fortifications. L’armée de terre vient loin devant la marine (9,50 %), la Cour (8,50 %) et les bâtiments royaux (6,27 %). Le budget de la guerre passe de 47 % des dépenses en 1683 à 51 % en 1687, 63 % en 1690, 73 % en 1691. Dans le même temps, les dépenses de la marine et des galères montent de 9,5 à 10 %, 14 % et 16 %.
● L’organisation de l’armée
L’infanterie est organisée en régiments, comprenant un ou plusieurs bataillons (l’unité tactique étant le bataillon). Un bataillon comprend environ 800 hommes (ce nombre tend à évoluer à la baisse) qui sont répartis entre 12 et 16 compagnies. A partir des années 1630, les Français alignent leurs mousquetaires sur 6 rangs, sur le modèle suédois. Lorsque les pertes sont importantes, on réduit les rangs à 5.
La cavalerie est également organisée en régiments comprenant plusieurs escadrons, chaque escadron étant formé de (généralement) 3 compagnies de 50 hommes pendant la guerre de Hollande, de 30 à 35 pendant la guerre de la Ligue d’Augsbourg. Un régiment de cavalerie à quatre escadrons comprenant chacun 3 compagnies de 35 hommes compte donc 420 hommes en théorie.
II. Les armes et la tactiqueL’armée française est à son sommet dans le dernier tiers du XVIIe siècle, avec d’impressionnantes séries de victoires durant la guerre de Hollande (1672-1678) et la guerre de la Ligue d’Augsbourg. Elle sert de modèle pour le reste de l’Europe.
● Du mousquet au fusil
Le mousquet reste l’arme de base pour l’infanterie durant tout le XVIIIe siècle. Il s’agit d’une arme d’épaule se chargeant par le canon, avec un système à mèche. Si la balle peut être envoyée à 250 mètres, le tir n’est efficace que jusqu’à 80 mètres. La cadence de tir n’est que d’un coup par minute, avec un taux de ratés proche de 50 %. Le chargement est dangereux, et il arrive que le mousquetaire se fasse sauter en manipulant la mèche allumée en présence de poudre.
Jusqu’à la guerre de Succession d’Espagne (1701-1714), qui voit le triomphe du fusil et de la baïonnette, l’armement français reste pourtant inférieur à celui des armées ennemies. Ce choix ne relève pourtant pas d’une timidité vis-à-vis des armes nouvelles mais plutôt de contraintes d’ordre technique.
Une impressionnante série d’expériences est menée de 1668 à 1691 sur les mousquets et les fusils, pour trouver l’arme idéale. Il faut dire aussi que le fusil coûte alors 14 livres alors que le mousquet ne revient qu’à 9 livres, et qu’il s’agit de fabriquer pas moins de 300.000 fusils pour l’armée la plus importante d’Europe. Par ailleurs, l’industrie métallurgique de la France est insuffisamment développée pour répondre à une telle demande, et il faut apprendre aux soldats à manier cette arme nouvelle.
Ce n’est qu’en 1699, peu avant la guerre de Succession d’Espagne, qu’une ordonnance de Louis XIV élimine complètement le mousquet au profit du fusil. Le retard dans l’équipement ne traduit pas donc pas une hostilité vis-à-vis de la nouveauté mais un souci de ne changer d’armement que pour une arme sûre.
● De la pique à la baïonnette
La pique est au XVIIe siècle la compagne du mousquet. D’une longueur d’environ 4,5 mètres, surmontée d’une pointe en fer et cerclée de bandes de métal sur 1 mètre à partir de la pointe (pour éviter qu’elle ne soit tranchée d’un coup d’épée), elle sert surtout d’arme défensive contre la cavalerie. La lenteur du chargement du mousquet rend souvent nécessaire la présence de piquiers, lesquels permettent aux mousquetaires d’aller se réfugier derrière leurs rangs, sans quoi ils se trouvaient taillés en pièces par la cavalerie.
Lorsque le fusil gagne de l’importance, la pique perd son efficacité. Plus maniable, il rend moins nécessaires la protection de piquiers. Mais surtout, la baïonnette, introduite vers 1640, ne cesse de se perfectionner. Au début simple lame de couteau grossière (et fixée dans le canon, empêchant tout tir), elle est remplacée par une lame fixée à une douille autour, et non pas à l’intérieur, du canon du fusil. Cette innovation de Vauban (dont le rôle ne se cantonnait pas aux fortifications) permet au soldat de recharger son arme tout en laissant en place la baïonnette. La baïonnette revient également moins cher que l’épée (24 sols contre 50 sols) ou que la pique (40 à 50 sols). La baïonnette à douille se généralise à partir de 1692, avec une ordonnance du roi.
Les piques perdent ainsi du terrain, même si elles gardent des partisans comme d’Artagnan, et chez les soldats, les piquiers recevant une plus haute paye que les mousquetaires et fusiliers… Les manuels du début du XVIIe siècle recommandent trois piques pour deux mousquets. Une ordonnance de 1650 requiert une pique pour deux mousquets. Dans les années 1670, le rapport tombe à une pique pour trois mousquets et fusils. En 1690, dans les troupes réglées d’infanterie, on compte 8,4 % de piquiers, 15,5 % de fusiliers et 76,1 % de mousquetaires. En 1703, les piques ont disparu.
● La cavalerie
Contrairement à l’infanterie, la cavalerie évolue peu. La cavalerie lourdement cuirassée n’est à l’époque de Louis XIV qu’un vestige des époques précédents ; avec le régiment des Royal-Cuirassiers. En 1679, le sabre remplace l’épée dans la cavalerie française, sur le modèle autrichien. Les cavaliers disposent aussi de pistolets, et la carabine rayée (arme précise présentant l’avantage de ne pas s’encrasser rapidement) progresse chez les unités d’élite. Il y a deux carabiniers par compagnie de cavalerie en 1679, puis une compagnie de carabiniers par régiment en 1690, avant que ne soit constitué un régiment de carabiniers, en 1693. Autre évolution : dans les années 1690, les Français ajoutent des hussards qui combattent dans le style hongrois, mais ceux-ci restent peu nombreux.
La charge reste le mouvement tactique principal, mais elle ne se fait pas à toute allure. Une charge au trot permet de garder la cohésion de la formation tandis qu’une charge à une allure rapide augmente le choc de la charge. Les Français font un compromis en avançant au trot pour garder la cohésion et ne pas fatiguer les chevaux avant de se lancer au galop sur les 50 derniers mètres.
● L’artillerie
La pièce d’artillerie principale est le canon avec son projectile, le boulet. Il est aussi utilisé de la mitraille, ensemble de petites balles et divers projectiles qui ont un pouvoir destructeur sur les rangs ennemis. Les mortiers sont utilisés pour les sièges. Vauban calcula que dans les meilleures conditions, un canon lourd peut projeter un boulet à 2,5 kilomètres. Sur un champ de bataille, la portée effective ne dépasse pas 500 mètres. Pour endommager les murailles d’une forteresse il fallait placer les canons lourds à moins de 550 mètres du mur.
En ce qui concerne le mortier, dans les années 1680, Louis XIV et Louvois (ministre de la Guerre) sont fascinés par cette arme en raison de la terreur qu’elle inspire aux populations et des dégâts occasionnés. Ressemblant à un pot renversé, il projette son obus à haute altitude, permettant de toucher la ville de l’intérieur, en passant au-dessus des murailles. A Mons en 1683, les Français envoient 2500 à 3000 obus sur la ville, sur ordre de Louvois.
Durant le règne de Louis XIV, la moyenne est d’un canon pour 1000 hommes. A Entzheim (1674), Turenne dispose de 30 canons pour 25.000 hommes. A Neerwinden (1693), Luxembourg aligne 71 canons pour 80.000 hommes. A Malplaquet (1709), Villars en possède 60 pour 75.000 hommes.
III. L’art de la guerre : le siège plutôt que la batailleLors des batailles louis-quatorziennes, la victoire ne revient pas à celui qui infligera les plus grandes pertes physiques à l’ennemi mais plutôt à celui qui saura maintenir sa cohésion tout en encaissant de lourdes pertes. Le maréchal Catinat écrit que “l’on prépare le soldat à ne pas tirer et à réaliser qu’il est nécessaire de supporter le feu de l’ennemi, étant donné que l’ennemi qui tire est assurément battu quand on reçoit la totalité de son feu”. Deux formations d’infanterie pouvaient se tenir à courte distance et tirer l’une sur l’autre alternativement, avec des pertes effrayantes, ce qui suppose chez le soldat un grand sens de l’auto-sacrifice. De fait, l’entraînement est basé sur l’obéissance aveugle et la contrainte, et non pas seulement sur le maniement des armes.
Mais les batailles restent rares, car considérées comme hasardeuses, avec un résultat imprévisible. Elles ne sont jamais décisives – à la différence des batailles napoléoniennes -, l’ennemi parvenant à mobiliser d’autres hommes issus d’un autre front (par un jeu de bascule) ou de garnisons de forteresses. Lorsqu’un belligérant remporte une bataille, cela lui suffit pour poser des conditions de paix plus dures.
L’art de la guerre à la fin du XVIIe siècle n’a pas grand chose à voir avec l’art de la guerre napoléonien. Les mouvements de troupe sont lents et le siège est au temps de Louis XIV la forme la plus courante d’opération militaire. Les forteresses contrôlent des régions, servent de verrous pour l’adversaire et de “pont” pour les Français. La guerre de siège paraît être la forme la plus rationnelle de la guerre.
Sources :
CORVISIER, André. Louvois. Fayard, 1983.
LYNN, John A. Les guerres de Louis XIV, 1667-1714. Perrin, 2010.http://www.fdesouche.com/ -
In Memoriam Live 2002 Paris - Rouge Sang (RIF)
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Philosophie et discours biologique
Lorsqu'on lit des livres de biologistes qui se mettent à « philosopher » comme si cela était le prurit de leur fin de carrière, en général on en apprend plus sur leurs idées politiques que sur la biologie.
Cela revient la plupart du temps à remâcher des obsessions humanistes ou anti-humanistes en utilisant tout l'attirail de la biologie c'est-à-dire son vocabulaire pour enrober leur vision du monde d'une légitimité scientifique. Il y a au final toujours un combat entre ceux qui veulent discriminer les hommes et même établir des hiérarchies et ceux qui postulent l'égalité entre les hommes et lorsqu'ils ne peuvent que constater des différences veulent n'y voir qu'une richesse dans la diversité. Ce combat de donation de sens feutré entre universitaires peut devenir violent sur le plan politique. Choisir le « mauvais » camp peut détruire une carrière universitaire. Il y a toujours derrière cela le désir de justifier l'ordre établi et surtout la répartition des richesses entre les hommes. Les hommes veulent aussi se différencier. Le discours « tous pareils » n'est pas toujours séduisant pour certains. Un biologiste juif cherchait un gène «juif» dans l'ADN. Les sujets passionnels qui reviennent de façon cyclique sont l'idée de race, l'héritabilité de l'intelligence ou plus généralement des dons, l'acquis et l'inné, l'origine de l'homme, le déterminisme génétique, le rôle de la femme dans la société. Est-elle soumise « génétiquement » à l'homme ? Bref nous analyserons ici tous les sujets qui échauffent les esprits.
Avant d'aborder les sujets ayant une portée sociale et politique, il y a le débat entre le vitalisme et le mécanisme.
Pour le vitalisme, la vie ne se réduit pas à des réactions physico-chimiques.
Le mécanisme lui réduit la vie à des relations physiques et chimiques. Pour Descartes par exemple, les corps sont des machines. Le corps est un ensemble de rouages. Les animaux comme les humains sont des machines. Kant s'opposa à cette vision : « un être organisé n'est pas seulement une machine ».
Jacques Monod dans le Hasard et la nécessité dira que l'être vivant est mu par un projet.
Toutes ces théories provoquèrent des débats passionnés mais guère politiques si ce n'est que Monod excluait l'idée de Dieu. Nous allons maintenant résumer deux théories qui s'opposèrent aux religions et donc à l'ordre social, le transformisme et le darwinisme.
Le transformisme de Lamarck
Les êtres selon lui sont distribués du plus simple au plus complexe. Il y a presque un principe de complexité. Le milieu agit chez Lamarck sur les êtres. L'organisme fait un effort biologique pour répondre aux exigences du milieu. Un point important chez Lamarck est l'hérédité des acquis.
Weismann refusera l'hérédité de l'acquis. Darwin avait repris l'hérédité de l'acquis mais le néo darwinien Weismann la remplacera par un mécanisme de sélection naturelle.
Le néodarwinisme abandonnera la notion de cause et de déterminisme pour des explications probabilistes (on a une explication similaire en mécanique quantique).
Le darwinisme
Tout d'abord il serait plus exact de dire néo-darwinisme. Dans le néo-darwinisme dû à Weismann, l'évolution dépend des variations et de la sélection.
De petites différences donnent des avantages à certains individus. Le tri des variations se fait par sélection naturelle. La « lutte pour la vie » peut prendre des aspects divers puisqu'il n'y a pas de transmission des caractères acquis, le capital génétique ne change pas. Sur le plan religieux, la doctrine de Darwin remettait en question la doctrine chrétienne.
La vulgate darwinienne revenait à dire : « l'homme descend du singe » ou « l'homme est un animal comme les autres ». Le christianisme avait toujours bien séparé l'homme (avec une âme) du reste du monde animal. En dehors de la religion on s'est aussi servi du darwinisme pour une utilisation politique : le darwinisme social. Il y a des individus supérieurs et d'autres inférieurs. Les eugénistes redoutaient, que les inférieurs supplantent démographiquement les supérieurs. Galton (fondateur de l'eugénisme) pensait que certaines races sont moins évoluées. Un certain libéralisme économique s'appuiera sur l'idée de compétition sociale naturelle.
Konrad Lorenz (prix Nobel père de l'Éthologie) ne voulait pas que les « parasites sociaux » (on dirait maintenant les cas sociaux) se multiplient. Dans la théorie de l'évolution, l'origine de l'homme fut bien sur une affaire politique. Il y a d'ailleurs beaucoup d'interrogations. Et les théories se font et se défont chaque fois qu'on découvre une nouvelle Lucy. Pour les « humanistes » il faut absolument que les hommes aient la même origine en Afrique de préférence même si le concept « Afrique » n'a pas grand sens à l'époque du début de l'humanité. Il existe toujours l'obsession raciale même en négativité.
La Sociobiologie s'est voulue une synthèse englobant le social et la sociologie. Le livre d'Edward Wilson : Sociobiology, The new synthesis date de 1975. Ce travail fut intéressant car il suscita une polémique très forte, ce qui oblige les biologistes à affiner leurs positions. Cette vision du monde vivant concernait toutes les espèces homme compris. La sociobiologie se définit comme « étude systématique du fondement biologique de tout comportement social ». On découvrait une « morale du gène » qui est égoïste.
Wilson expliquait tout par le gène : la guerre, la xénophobie, l'altruisme, la soumission des femmes... Edward Wilson n'a jamais cherché à plaire aux féministes. La critique que l'on a fait à la sociobiologie est que l'homme n'est pas un automate génétique à la différence des autres animaux. Il y a chez lui tout un processus d'apprentissage et la culture. La sociobiologie fut « étiquetée comme raciste, élitiste, discriminatoire d'être d' « extrême droite » bref ce qui fatalement sentait le soufre ».
L'hérédité de l'intelligence
Ce débat fut très vif aux Etats-Unis où les tests de quotient intellectuel sont systématiques.
Le prix Nobel Schockley fut un donateur de sperme de prix Nobel. L'intelligence aurait une base génétique. Les noirs auraient un quotient intellectuel inférieur en moyenne selon lui. Tout ce que l'on sait comme le dira l' « Humaniste » Jacquard, s'il existe des gènes de la débilité, il n'y a pas de gènes de l'intelligence. Si l'on constate des différences de dons, d'intelligences spécifiques, l'explication biologique ou génétique est encore de nos jours hasardeuse ou prématurée. Il y a bien sûr chez l'homme toute une part d'acquis. Ce débat sur l'intelligence, son hérédité, fut d'autant plus vif qu'il avait une connotation raciale et de légitimation des classes sociales. Individuellement l'intelligence est perçue comme la valeur suprême sur le plan social.
Le biologisme
Courant qui consiste à fonder la société sur le caractère biologique de l'animal humain. La façon dont réagit un individu est déterminée par les propriétés des molécules d'ADN, de son cerveau et de ses cellules germinales. L'homme est réduit à la biologie, et donc aussi aux lois de la chimie.
Si l'homme accepte l'utilisation de la physique et de la chimie pour expliquer le monde extérieur à lui, il refuse par orgueil ou pour des raisons morales de l'appliquer à lui-même. Il appelle cela un réductionnisme biologique, moléculaire ou autre. Les déconstructeurs de la science comme Heidegger ou Feyerabend ont été nombreux au XXieme siècle. On a parlé des gènes de la criminalité, des gènes pour les QI déficients. Le biologisme a détourné de la science de nombreux individus. Nous citerons Horkheimer (un des fondateurs de l'école de Francfort) « Le rejet philosophique de la science est un soulagement pour la vie privée, mais pour la société un mensonge ». Horkheimer croit encore peut-être un peu naïvement à l'objectivité et à la neutralité de la science.
L'idée de la race
Les bonnes âmes nous expliquent qu'elles n'existent pas. Dans les manuels scolaires on écrit : « les races n'existent pas » « Il n'y a pas de races, il y a une race humaine ». On a des phrases qui dans le fond ne veulent rien dire mais qui ont un fort contenu idéologique. En philosophie analytique, on appelle cela des performatifs c'est-à-dire des énoncés dont la fonction n'est pas de décrire mais d'agir, ici sur le plan politique et idéologique. En tout cas, dans l'ADN, on retrouve la race d'un individu, ce qui veut dire une corrélation entre le génotype et le phénotype. L'idée de la race a obsédé les hommes, même chez les humanistes qui cherchent à tout prix à la nier ou la détruire par le métissage. Pourquoi détruire ce qui n'existe pas ? Dans le Cantique des Cantiques de la Bible, on a la phrase « Je suis belle mais noire ». Buffon dans son Histoire Naturelle présente les lapons comme abjects et les Hottentots « se trainant à quatre pattes ». L'argument esthétique était important au XVIIIeme siècle. Linné a fait une classification raciale des hommes. Comme au XIXeme siècle, on a mesuré sans cesse les crânes humains pour savoir ceux qui avaient la capacité crânienne la plus importante, au XXeme siècle, on a mesuré les quotients intellectuels (comme le fit Eysinck aux États-Unis) pour hiérarchiser les hommes et aussi les races. Il va de soi que les tests de Q.I. ne mesurent pas toute l'intelligence comme l'intelligence corporelle, musicale, psychologique ou la sensibilité gui permet de ressentir plus fortement, la créativité... On s'est engouffré dans ces failles pour décrédibiliser les tests et ainsi les classements établis qui dérangeaient les bonnes consciences.
Conclusion
Dans l'affrontement qui s'est opéré entre « humanistes » et ceux que l'on nomme « anti-humanistes » ou différentialistes la soi-disant neutralité de la science a été mise à mal. De nos jours, il va de soi que tout individu qui veut faire une carrière universitaire a intérêt à se rattacher au courant humaniste imposé par le politiquement correct. La biologie se trouve (à la différence de la physique) mêlée de très près aux convictions morales, religieuses ou politiques. Certains refusent encore la théorie de l'évolution et prônent le créationnisme. En tout cas, en biologie on peut dire que l'innocence n'existe pas. Des qu'un « scientifique » veut donner du sens à la « science biologique », la frontière entre savoir et opinion devient de plus en plus floue.
Patrice GROS-SUAUDEAU -
Philippe Ploncard d'Assac : « L'impérieuse nécessité et la brûlante actualité de la doctrine nationaliste »
RIVAR0L : Vous fêtez cette année les dix ans de votre Lettre d'Information des Cercles Nationalistes, La Politique (1), que vous animez. Quel bilan tirez-vous de cette décennie pour vous mais aussi pour le mouvement national ?
Philippe PLONCARD D'ASSAC : La leçon évidente est que, « qui veut peut » !
Lorsqu'en avril 2001, Serge de Beketch qui, jusqu'alors m'avait ouvert les colonnes de son Libre Journal et son émission de Radio Courtoisie, pendant près de deux ans, m'enjoignait par un courriel, de ne plus analyser la Nouvelle-Droite et son gourou Alain de Benoist, la gnose et ses vecteurs parmi les catholiques de tradition et ceux et celles qui, dans "nos" milieux, applaudissaient à ces énormités, je constatais deux choses :
1° Que toutes ces déviations avaient un point commun, une connotation maçonnique dont la gnose est le support, et la disparition de toute référence à nos principes constitutifs, remplacés par ceux de 1789.
2° Que dans l'inculture de la droite dite nationale et des milieux catholiques, personne ne semblait comprendre où ces thèses allaient mener.
L'IMPORTANCE DE LA FORMATION
Telles furent les raisons du lancement de La Politique, comme organe de formation doctrinale et d'analyse de l'actualité à la lumière des principes nationalistes.
J'allais reprendre tous les sujets que Beketch avait prétendu m'interdire de traiter.
Bien évidemment, ceux et celles que je dérangeais firent tout pour établir un « cordon sanitaire » sur ce que j'écrivais, m'insultèrent ou encore lancèrent la formule : « le père oui, le fils non ».
C'était occulter que mon père avait été le premier à dénoncer les dérives anti-nationalistes et antichrétiennes de la Nouvelle-Droite d'Alain de Benoist et de Dominique Venner, déjà dans Europe Action.
Cela explique l'évolution du Front national par l'arrivée de membres issus de la Nouvelle droite et du Club de l'Horloge, avec les Bruno Mégret, Yvan Blot, entre autres, qui plus est, gaullistes.
Progressivement, les cadres nationalistes qui avaient formé l'ossature première du Front, furent soit dégoûtés, soit poussés dehors. Ces cadres que Le Pen allait insulter en assurant dans Le Choc du Mois, n°3 :
« Toute ma vie j'ai traîné l'extrême droite comme un véritable boulet » (2) allusion à la droite nationaliste et pétainiste qui l'avait fait.
R. : Vous présidez également les Cercles nationalistes et la Société de Philosophie Politique. Pouvez-vous nous en dire plus sur ces deux structures et quels sont vos projets ?
Ph. P. d'A. : - La création des Cercles Nationalistes a découlé du constat que j'avais fait en 1993 que le Front National ne pouvait pas être le vecteur de la reconquête idéologique et physique de la France.
Il fallait commencer par recréer des cadres politiquement formés, conscients de l'importance de nos principes constitutifs si l'on voulait à terme, redresser notre pays.
On nous demande très régulièrement comment se rattacher aux Cercles nationalistes, aussi dans La Politique, de juillet-août, nous sommes revenus sur leur mode de fonctionnement très particulier. Ce ne sont pas des cercles de rencontre, mais de travail.
Ils sont indépendants les uns des autres, et ceux qui souhaitent se rattacher aux Cercles existants ne le peuvent pas.
C'est à eux de former leur propre Cercle avec ceux qu'ils connaissent en travaillant, en cellule, les sujets de formation que nous donnons au travers de La Politique et des ouvrages que nous publions.
Cette formule à laquelle nous nous sommes arrêtés, constitue le seul moyen d'éviter les noyautages indésirables qui pourraient contaminer l'ensemble.
Cela nous permet aussi de jauger de l'engagement dans le combat idéologique de ceux qui nous rejoignent.
On ne fera pas l'économie de la formation doctrinale, car comme je le rappelle régulièrement « toutes les révolutions qui ont abouti ont commencé par être des révolutions intellectuelles ».
Pour cela il faut des cadres capables d'assumer des responsabilités lors des bouleversements socio-économiques voulus par le mondialisme pour imposer sa dictature mondiale messianique.
Sans les loges maçonniques au XVIIIe siècle, dont le Club des Jacobins et les Illuminés de Bavière, la Révolution dite française n'aurait pas abouti.
Pas plus que la révolution bolchevique sans ses cadres révolutionnaires juifs.
Toute révolution a besoin d'une élite qui est comme le levain dans la pâte.
C'est donc pour répondre à cette nécessité de formation que j'ai lancé la Société de Philosophie Politique, chargée d'éditer et de diffuser nos ouvrages de formation doctrinale.
Avec la S.P.P , La Politique, les Cercles nationaliste et notre site < nationalisme-francais.com >, nous avons les outils de notre combat nationaliste, ce qui dérange évidemment ceux qui visent, jusque dans "nos" milieux, à infiltrer, neutraliser et dévier toute réaction au processus de destruction de la nation (3).
R. : De plus en plus de nationaux (Journaux, personnalités) se rallient à Marine Le Pen depuis le congrès de Tours. Qu'en pensez-vous et que pensez-vous du comportement de Bruno Golnisch qui reste au Front alors que ses proches sont exclus ?
Ph. P. d'A. : C'est effectivement le cas de différents organes, par attachement à Bruno Gollnisch et aussi pour ne pas déplaire à un certain lectorat. Malheureusement lorsque l'on rentre dans ce cercle vicieux de crainte de déplaire, on n'est plus libre. Dès lors, il ne faut pas s'étonner que ce que l'on appelle la Réaction perde toutes ses batailles politiques et religieuses. Au lieu de se battre sur les principes que ces gens prétendent défendre, ils pactisent avec ceux de l'ennemi, vont à la soupe, se mettent « au diapason » !
Certains lecteurs de RIVAROL ont encore des illusions sur le Front national "dédiabolisé". Qu'ils n'oublient pas entre autres les déclarations de Marine Le Pen au quotidien israélien Haaretz, le 7 janvier 2011, quelques jours avant le congrès de Tours, « Le Front national a toujours été un parti pro-sioniste », elles devraient les "refroidir"... !
Soyons juste cependant avec Marine Le Pen, elle ne suit que la dérive commencée par la trahison de son père des principes de départ en l'accentuant, en l'aggravant et en l'accélérant. Il est donc fallacieux à mon sens de faire pièce à Marine Le Pen en lui opposant son père.
LA CRAINTE DE DEPLAIRE DES BIEN-PENSANTS
Quant à Bruno Gollnisch, comme je l'ai analysé dans l'Histoire d'une trahison, je ne peux que constater qu'après avoir "chauffé" ses partisans contre Marine, il les a laissés tomber après l'élection de celle-ci en s'y ralliant par son discours de Tours et en laissant exclure les uns après les autres ses proches, le dernier en date étant Yvan Benedetti qui fut pourtant son bras droit et le coordinateur de sa campagne l'an dernier. Hélas il sacrifie ainsi tout à la fois la défense des principes et celle de ses partisans. Edulcorant le rôle de la maçonnerie, il affirmait dans la revue L'Héritage n° 2, été 2005 : « La Trilatérale ça existe mais ce n'est pas maçonnique » (sic).
Ces "positionnements" d'aujourd'hui rappellent celui des "bien-pensants" lors du débat sur la séparation de l'Église et de l'État en 1905, d'où la déclaration méprisante à leur endroit de Jean Jaurès :
« Nos adversaires nous ont-ils répondu ?
Ont-ils opposé doctrine à doctrine, idéal à idéal ?
Ont-ils eu le courage de dresser contre la pensée de la Révolution l'entière pensée catholique qui revendique pour Dieu, le droit non seulement d'inspirer et de guider la société spirituelle, mais de façonner la société civile ?
Non, ils se sont dérobés, ils ont chicané sur des détails d'organisation ».
C'était la raison de mon interpellation sur les raisons des échecs politiques et religieux répétitifs de la droite dite "nationale" et "catholique" cornaquée par des « compagnons de route » de la judéo-maçonnerie qui neutralisent et détournent le combat.
Un peuple qui ne connaît plus ses principes constitutifs, qui a perdu la notion de ses racines, de son héritage, bref sa mémoire nationale et qui ne connaît pas ses ennemis, parce qu'on le trompe, ne sait réagir.
C'est pourquoi, avec d'autres, je veux être un "éveilleur" !
R. : Vous commencez à l'automne une « Chronique nationaliste » mensuelle dans RIVAROL. Quels seront les sujets traités et quels sont les objectifs ?
Ph. P. d'A. : Tout d'abord, merci de votre invitation à assurer cette Chronique. L'écho que mon action rencontre de plus en plus vous doit beaucoup par les annonces que vous en faites, ainsi que de mes livres par les analyses pertinentes de F.-X. Rochette. Avec le succès de mes vidéos sur le nationalisme, la maçonnerie et le complot mondialiste (4), réalisées grâce au dynamique Franck Abed, le mur du silence sur mon entreprise de reconquête idéologique s'effondre. Il aura fallu dix ans de travail acharné pour que ce que j'écrivais dès 2001 finisse par percer, pour que ceux qui croyaient, comme on le leur disait, que j'étais « un fou attaquant tout le monde » se rendent compte, les événements aidant, que mes mises en garde, n'étaient, hélas, que trop vraies.
LE REFUS CONSTANT DES COMPROMISSIONS
Aucun de ceux qui m'ont imputé des mensonges n'ont pu les démontrer, car c'est par leurs propres textes que je mets en lumière leur duplicité !
Si la France est dans l'état où elle est, c'est grâce à ces "conservateurs" et autres "bien-pensants" qui n'osent dénoncer l'ennemi, préférant combattre les sonneurs de tocsin dont l'exemple les juge.
Mon objectif constant a été la formation doctrinale et la mise en garde envers ceux qui, par naïveté, faiblesse ou compromission, paralysent le combat nationaliste en faisant croire qu'il n'y a pas de complot judéo-maçonnique (5).
Parmi le très nombreux courrier que je reçois, je voudrais citer la lettre d'un lecteur belge de RIVAROL :
« Par la rubrique "Droit aux Lettres" de RIVAROL j'ai été fortement intéressé par les réponses acerbes, mais combien justifiées de M, Ploncard d'Assac [...]. L'article "Pourquoi la Réaction perd-elle toutes les batailles", est tout bonnement pertinent ».
Ce texte démontre que ma critique vaut pour tous les peuples, le mal étant le même, les agents étant les mêmes.
De même, ce mail d'un jeune Français de 27 ans résidant en Allemagne : « Je me permets de vous dire que votre travail est vraiment exceptionnel » [...]. « Vos interventions sont claires et indispensables pour comprendre le monde actuel. »
Voilà pourquoi pendant près de dix ans certains se sont efforcés d'empêcher que mes analyses soient connues, car ceux qui les découvrent retrouvent une raison d'espérer et d'agir.
Ils comprennent à quel point ils ont été "baladés" pendant des années avec l'illusion d'une "bonne élection", sans qu'au préalable la critique des principes qui nous détruisent, ait été faite, car comme je le martèle régulièrement : « On ne restaure pas un pays avec les principes qui le détruisent ».
Si nombre de Français le découvrent aujourd'hui, c'est aussi grâce à la nouvelle équipe qui a donné une dynamique nationaliste à RIVAROL. Votre émouvant rappel sur la France du Maréchal dans le numéro du 22 juillet à l'occasion du soixantième anniversaire de sa disparition est un monument de piété envers notre France !
Propos recueillis par Jérôme BOURBON. Rivarol du 1er sept 2011
(1)BP 30030,83952 La Garde cedex.
(2)P. P. d'Assac, Histoire d'une trahison. 20 € franco
(3)P. P. d'Assac. Le Double visage de la maçonnerie et de ses « compagnons de route », 10 € franco
(4)Dailymotion, Entretiens de P. P. d'Assac avec Frank Abed, cf. aussi Ripoublik.com et Gloria.com, ainsi que le site d'Alain Soral, parmi plus de 70 autres sites.
(5)P. P. d'Assac. La Maçonnerie. 35 € franco. (Au chapitre Les Compagnons de route, les déclarations de ceux qui nient tout complot judéo-maçonnique) et Le Complot mondialiste, 18 € franco. -
Mélenchon : « On a une langue commune avec les arabes, c’est l’arabe »
Jean-Luc Mélenchon, président du Front de Gauche, était l‘invité d’Europe 1, le 19 février dernier. Et il nous fait une révélation, qui doit faire retourner François 1er dans sa tombe : la langue de la France serait en effet aussi bien le français…que l’arabe. »On a deux langues en commun : le français et l’arabe » dit-il en parlant des arabes.
Pour rappel, c’est l’ordonnance de Villers-Cotterêts, en 1539, qui a fait du français la langue officielle et administrative de la France. Et Monsieur Mélenchon, qui n’est pas chef d’État, s’arroge le droit de faire de l’arabe, sous la pression migratoire, la langue du pays au même titre que le français !
Lorsqu’une population entre massivement dans un autre pays et impose sa langue, au point qu’elle devienne l’égale de la langue autochtone, on donne un nom à ce phénomène : la colonisation. Subversive celle-ci, car elle ne s’impose pas par les armes mais par l’immigration et la démographie…
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Marx on t'a eu Keynes on t'aura
Les nouvelles générations l'ont presque oublié : un quart de siècle s'est écoulé depuis l'ère Gorbatchev. Entre 1985 et 1991, l'URSS et le bloc soviétique s'effondraient. Dans les dernières années du système certains cherchaient à sauver, en même temps que les privilèges des maîtres du régime, les lambeaux de la théorie marxiste. Aujourd'hui, globalement, s'il existe encore des adeptes des idées professées autrefois par le vieux révolutionnaire barbu du British Museum, on n'en rencontre plus guère, fort heureusement, parmi les gens qui se veulent économistes. Pratiquement aucun de ceux qui s'emploient encore, ou à nouveau, à réhabiliter l'idée communiste ne se réclament de cette discipline. Ils se veulent philosophes, sociologues, moralistes, voire fiscalistes, et nous ne leur dénierons surtout pas cette dernière qualité (1)⇓.
Mais du point de vue de la théorie économique, Marx est mort.
Or, le pendant de son magistère était exercé en France par John-Maynard Keynes. La faillite théorique de ses doctrines ne fait plus l'ombre d'un doute dans la plupart des pays occidentaux, mais elles semblent se porter comme un charme dans le nôtre. Leur rôle consistant à justifier systématiquement l'intervention de l'État, elles plaisent à la fois à la classe politique et à sa clientèle d'obligés.
On serait aujourd'hui tenté de rire, à propos de la manière dont les médias de l'Hexagone relatent à cet égard les prétendus "débats globaux" sur la croissance, qu'il s'agisse du G20, du Forum de Davos ou, plus modestement quand on parle du Budget européen.
Toujours Keynes et le keynésianisme : la dépense publique et les déficits sont présentés comme s'ils assuraient le dynamisme de l'économie et la prospérité. Cela convient très bien à nos dirigeants dont la devise consiste à dire "je dépense donc je suis".
Leur conception de la solidarité s'exprime d'ailleurs de la même manière : "un pour tous, tous pour un et dix pour cent".
On doit bien se persuader en effet que, 25 ans après la mort clinique de son homologue de l'Est, l'idéologie keynésienne reste encore, parallèlement aux petits arrangements politiciens, ce qui tient encore lieu de pensée à nos adeptes de ce qu'on appelait la technocratie. Ses partisans particulièrement puissants en France agitent toujours leurs concepts plus fumeux que trompeurs. Ils stigmatisent l'austérité. Ils parlent de la croissance comme s’il s'agissait d'un phénomène physique régi par certains mécanismes obscurs. Tels certains Papous de Nouvelle Guinée "espérant" le retour dans le ciel des avions cargos, ils attendent de la consommation insolvable et des gaspillages publics, financés à crédit, qu'ils "relancent" l'activité productrice.
Les commentateurs agréés sur la place de Paris aiment à rajouter aujourd'hui encore une couche d'incompréhension à leur nébuleuse d'inconnaissance.
Naguère en effet, autour du troisième quart du XXe siècle, on divisait la sphère idéologique autorisée en deux catégories : les uns, parlant d'économie, étaient en général supposés adeptes du matérialisme marxiste. On disait que, parmi eux, les optimistes apprenaient le russe et les pessimistes le chinois. Il fallait alors convenir, sous peine de passer pour un esprit rétrograde dangereux, réactionnaire, peut-être même fasciste, que le régime communiste de gestion industrielle manifestait la plus grande efficacité. La planification rationnelle des ressources permettait, croyait-on, de pourvoir à l'allocation la plus judicieuse du capital productif, une fois les propriétaires privés des moyens de production chassés de la gestion des entreprises. Ce système était supposé devoir l'emporter dans le monde entier car il investissait dans la recherche et les techniques d'avenir. À peine concédait-on aux États-Unis le droit de faire exception, l'hypothèse de demeurer "un cas à part" dans l'évolution humaine, inéluctablement collectiviste.
Ceux qui, au contraire, s'opposaient à l'URSS ou à la révolution maoïste, invoquaient des raisons tout à fait différentes. Assez éloignées de l'économie, elles peuvent surprendre de nos jours. On préférait certes la démocratie libérale à la dictature stalinienne du Parti Unique, mais attention à ne pas aller trop loin sous peine de passer pour un dangereux extrémiste. Aujourd'hui encore il reste impardonnable d'avoir appartenu au Mouvement Occident. On admirait Tito pour avoir tenu tête au bloc soviétique mais surtout pour avoir développé un soi-disant modèle de socialisme autogestionnaire en Yougoslavie, mais personne ne voulait imaginer l'éclatement de ce pays lui-même après la mort du dictateur.
Comme tout cela, de nos jours peut paraître dérisoire ! désuet ! à peine croyable pour les jeunes générations !
Et pourtant on écoute encore comme un oracle un Michel Rocard, qui dirigeait le PSU, réceptacle de toutes ces fadaises. Ayant fait carrière depuis comme Premier ministre de Mitterrand (1988-1991) il n'a pas cessé de se tromper (2)⇓ et de contribuer à induire en erreur toute la classe politique qui l'admire, y compris à droite grâce au relais d'Alain Juppé.
Encore et toujours le duopole de Marx et de Keynes. (3)⇓.
Oui, décidément, Marx on t'a eu Keynes on t'aura !JG Malliarakis http://www.insolent.fr/
Apostilles
- ... encore que le mot contienne une part d'ambiguïté selon qu'il désigne un partisan du plus d'impôt ou un conseiller spécialiste de l'optimisation fiscale.⇑
- Sauf sur un point : celui des Retraites, mais en ce sens seulement qu'il comprit, en 1990-1991, au moment de sa démission et de la publication de son Livre Blanc que cette question demeurerait la plaie de la politique française. Il n'a évidemment jamais eu le courage de remettre en cause la retraite par répartition.⇑
- Le maître des études d'Histoire de la pensée économique s'appelait Henri Denis. Professeur à la faculté de Droit et de Sciences économiques de Paris, il sévissait bien au-delà de son cours donné rue d'Assas en sa qualité d'auteur du manuel incontournable de la collection Thémis. On pouvait prétendre connaître la matière en ne connaissant guère que les familles marginalistes ou "classiques", certes, pour le passé, et pour le XXe siècle la descendance de Marx et celle de Keynes. À peine entendait-on prononcer les noms de l'école autrichienne après Böhm-Bawerk (supposé avoir tenté de réhabiliter le capital en tant que détour de production") : pas de Hayek par de Ludwig Von Mises, surtout pas de droit naturel et motus sur l'existence même de Frédéric Bastiat : pensez donc un théoricien non socialiste s'exprimant en français, et tournant le dos à la conception matérialiste de la production au point de prendre en compte les services. Chassez cet ultralibéral que je ne saurais voir. Un fantaisiste. Je suis donc assez heureux, quoique ce fût, comme pour Jules Monnerot, seulement Ad Majorem Dei Gloriam, d'avoir réédité une partie de l'œuvre de Bastiat.
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1873 : Restauration manquée
Le comte de Chambord se dit prêt à tout sacrifier, hormis son honneur. Aussi refuse-t-il qu'on lui arrache des mains le drapeau blanc, l'étendard d'Henri IV, de François Ier et de Jeanne d'Arc.
Cette année-là, Henri V, comte de Chambord, dejure roi de France depuis le 2 août 1830, laissa passer l'occasion d'une restauration de la monarchie par son obstination, trop souvent mal comprise, à maintenir le drapeau blanc.
Les couleurs de la Révolution
Il est vrai qu'après tant de guerres où les Français s'élevèrent jusqu'à l'héroïsme sous les plis du drapeau bleu, blanc, rouge, cette attitude peut surprendre. Mais au XIXe siècle, ces couleurs étaient encore pour beaucoup celles de la Révolution et des guerres napoléoniennes. On avait oublié que, sous l'Ancien Régime, les drapeaux des régiments n'étaient pas uniformes et que le blanc était seulement la couleur du commandement. On avait aussi oublié que le drapeau tricolore était antérieur à la Terreur et que ce fut Jean-Frédéric de La Tour du Pin- Gouvernet, ministre de la Guerre en 1790 et d'une fidélité admirable à Louis XVI, qui en dota l'armée. Certains se souvenaient d'avoir vu Louis XVIII lui-même rentrant à Paris en 1814 une cocarde tricolore à son chapeau... qu'il enleva lorsqu'il vit les maréchaux de l'ex-Empire exhiber la cocarde blanche !
On a osé dire que le petit-fils de Charles X, exilé à Froshdorf, ne voulait pas vraiment régner. C'est si faux que lorsqu'en février 1871, les Français eurent élu, pour préparer le redressement après la défaite, une chambre de 400 monarchistes contre 240 républicains, Henri V s'était empressé, de venir en France et de lancer dès le 5 juillet, de son château de Chambord, un très beau manifeste où il disait aux Français désabusés par tant de ruines qu'« on ne revient pas à la vérité en changeant d'erreur », et qu'il était prêt pour aider son pays à tout sacrifier hormis son honneur, ajoutant : « Je ne laisserai pas arracher de mes mains l'étendard d'Henri IV, de François Ier et de Jeanne d'Arc. [...] C'est avec lui que s'est faite l'unité nationale. [...] Je l'ai reçu comme un dépôt sacré du vieux roi mon aïeul, mourant en exil ; il a toujours été pour moi inséparable du souvenir de la patrie absente ; il a flotté sur mon berceau, je veux qu'il ombrage ma tombe. »
La faute des "ducs"
Au-delà du tissu, il y avait donc une question de principe. Le comte de Chambord était loin d'être un personnage obtus. Nous avons lu dans notre dernier numéro sa Lettre aux ouvriers (1865) tout inspirée de la grande tradition capétienne du roi père de peuple ; il ne voulait pas, s'il devait régner, être privé de la liberté d'aider les humbles à se libérer de la chape de plomb que leur imposaient alors les grands industriels "libéraux", lesquels reconstituaient au moyen de l'argent- roi la grande féodalité. Or, précisément, la majorité élue était pour son malheur divisée entre légitimistes et orléanistes, et le parti de « MM. les ducs » (Audiffret-Pasquier, Decazes, Broglie...), en somme le parti orléaniste, entendait bel et bien imposer avec le centre-droit une monarchie à l'anglaise où l'assemblée serait souveraine ! Le prince refusait de monter sur le trône « ficelé comme un saucisson » ou comme une sorte de maire du palais. Il voulait régner et gouverner.
Le 5 août 1872, Philippe, comte de Paris, petit-fils de Louis-Philippe, s'était rendu à Froshdorf : il avait salué le comte de Chambord comme le « seul représentant du principe monarchique » ajoutant que « nulle compétition ne s'élèvera[it] dans notre famille ». La réconciliation entre Bourbons et Orléans était dès lors accomplie. Le problème dynastique était résolu.
Les élus royalistes crurent le moment venu de créer une commission en vue de préparer la constitution royale. Charles Chesnelong, député d'Orthez, alla le 14 octobre 1873 à Salzbourg la présenter au comte de Chambord qui l'approuva mais maintint sa position sur le drapeau. En dépit de quoi le comte de Damas fit façonner cinq carrosses pour le couronnement...
La République s'incruste
27 octobre : nouvelle déclaration de Prince, cette fois-ci plus explicite sur la question du drapeau : « Je ne puis consentir à inaugurer un règne réparateur et fort par un acte de faiblesse. » La commission mit fin alors, courageusement !, à ses travaux. Le comte de Chambord vint néanmoins incognito le 9 novembre à Versailles chez le comte de Vanssay et demanda à rencontrer le maréchal de Mac-Mahon, président de ce qui n'était encore ni en fait ni en droit une république. Le prince pensait se faire acclamer par la Chambre, mais Mac- Mahon n'osa pas tenter ce qui eût ressemblé à un coup d'État... C'est ainsi que la chambre vota le septennat du président, croyant laisser au comte de Chambord le temps de mourir et au comte de Paris, qui n'avait pas les mêmes soucis avec les couleurs, le temps de devenir l'héritier. Mais la République, passée à une voix de majorité par le biais de l'amendement Wallon le 30 janvier 1875, allait s'incruster... Des royalistes divisés, des féodaux voulant une monarchie selon eux et obligeant du fait même le Prince à se crisper sur le symbole du drapeau : voilà un aspect de ce que Maurras appelait le « guignon français ».
Michel Fromentoux L’ACTION FRANÇAISE 2000 4 au 17 novembre 2010