Philippe Bernard est spécialiste de l’histoire de l’Église entre Antiquité tardive et haut Moyen Âge Professeur à Aix-en-Provence, fait autorité sur l’histoire de la liturgie, qu’il enseigne à l’École Pratique des Hautes Études. Il a bien voulu répondre à nos questions sur sainte Geneviève, personnage hors norme, entre religion et politique, qui eut un rôle décisif dans l’affermissement de la première chrétienté parisienne.
Propos recueillis par l’abbé G. de Tanoüarn
Pour l’historien que vous êtes, quelles sont les sources qui nous permettent de penser que notre connaissance de la vie de sainte Genevieve est objective ?
Naturellement, aucune de nos sources écrites n’est objective au sens moderne du terme. Les hagiographes du haut Moyen-Âge ne pratiquaient évidemment pas la méthode historico-critique des historiens modernes, et nul ne saurait le leur reprocher sans commettre un élémentaire anachronisme. L’auteur anonyme de la plus ancienne biographie de Geneviève écrivait vraisemblablement dans les années 520, c’est-à-dire vingt ans environ après la mort de son héroïne.