De la convocation des États-généraux à la proclamation de la République, les étapes qui ont conduit de la monarchie chrétienne de Droit divin au monde qui est le nôtre.
1er épisode : quelques dates et quelques portraits de révolutionnaires.
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De la convocation des États-généraux à la proclamation de la République, les étapes qui ont conduit de la monarchie chrétienne de Droit divin au monde qui est le nôtre.
1er épisode : quelques dates et quelques portraits de révolutionnaires.
Dans son livre, David Motadel détaille la stratégie allemande en Afrique du Nord, sur le front de l’Est et dans les Balkans.
L’élite nazie affichait une certaine prédilection pour le préfixe «pan», dérivé du grec et accordé aux nécessités de la mobilisation totale. Dans le pangermanisme, le paneuropéisme, le panislamisme, le panarabisme ou le pantouranisme, l’union des peuples de langue turque, il marque une idée de globalité accordée à leurs songes de démesure.
Parmi les architectes «des politiques nazies en direction de l’islam», l’historien allemand David Motadel distingue Karl Ernst Haushofer. Esprit brillant et brumeux à la fois, le directeur de l’Institut für Geopolitik de Munich s’était intéressé au potentiel politique de la religion des mollahs dès les années 1930, à une époque où Adolf Hitler s’en tenait encore à un nationalisme borné et n’avait pas élaboré les chimères d’un Reich mondial étendu de Berlin au Tibet.
Le cadre théorique était en place. À l’automne 1941, après l’échec de l’opération «Barbarossa», le commandement allemand a résolu la pénurie d’effectifs en enrôlant des Azerbaïdjanais, des …
David Motadel est professeur d’histoire internationale à la LSE (London School of Economics and Political Science). Il est l’auteur de Islam and Nazi Germany’s War (Harvard University Press, 2014), récompensé par le Fraenkel Prize, et a dirigé Islam and the European Empires (Oxford University Press, 2014). En 2018, il a reçu le prix Philip-Leverhulme pour l’histoire.
par Mazarine Pingeot
Source : The Conversation, Mazarine Pingeot
M’interrogeant sur la « post-vérité », ou ce qu’on appelle ainsi, j’ouvris la page Wikipédia fort documentée et anormalement longue (détaillée et passionnante) pour une notion aussi récente. Sans doute la longueur des articles du net sur le net est-elle à proportion de la contemporanéité, pour ne pas dire de l’actualité bien que les deux notions aient tendance à fusionner, du concept. Un concept encore assez mal défini, et qui fut forgé en réaction à une série d’événements politiques et géopolitiques dont le mensonge de Bush Junior à propos des armes de destruction massive en Irak est le préalable, mais dont la multiplication, de la propagande du Brexit au grand déballage de « Bullshit » de Trump sont la consécration.
Raison pour laquelle l’expression d’ère « post-vérité » a été élue « mot de l’année 2016 » par le dictionnaire d’Oxford, qui la définit ainsi :
« ce qui fait référence à des circonstances dans lesquelles les faits objectifs ont moins d’influence pour modeler l’opinion publique que les appels à l’émotion et aux opinions personnelles. »
Et si j’utilise le terme de « bullshit », c’est que Wikipédia me rappelle justement le titre de l’article du philosophe américain Harry Frankfurt, publié en 1986 : « De l’art de dire des conneries », où il distingue le mensonge qui s’appuie sur une reconnaissance de la vérité et la connerie qui se fiche éperdument de la simple distinction entre vérité et mensonge.
Or cette indifférence à la vérité a été très précisément analysée par Hannah Arendt dans « vérité et politique » où elle revient en philosophe sur le monde qu’Orwell avait décrit en romancier. C’est même là son point central, et je ne résiste pas à la tentation de la citer,
« … le résultat d’une substitution cohérente et totale de mensonges à la vérité de fait n’est pas que les mensonges seront maintenant acceptés comme vérité, ni que la vérité sera diffamée comme mensonge, mais que le sens par lequel nous nous orientons dans le monde réel – et la catégorie de la vérité relativement à la fausseté compte parmi les moyens mentaux de cette fin – se trouve détruit. » (« Vérité et politique », dans La crise de la culture, folio poche p. 327-328).
Autrement dit, le danger de la post-vérité n’est pas le mensonge, qui en soit peut même constituer une forme de liberté par rapport au factuel, mais bien l’indifférence à la distinction entre mensonge et vérité. Nous parlons ici de « vérité de fait », et si la prétention à la vérité peut aussi être un danger pour le politique en ce que le réel est soumis à des interprétations diverses et contradictoires, elle doit demeurer une idée régulatrice à moins de sombrer dans un parfait cynisme.
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Après avoir lu Exodus (paru en 2013) dans sa version originale, nous étions quelques uns à espérer la traduction du livre de Paul Collier. C’est chose faite.
C’est un livre qui examine minutieusement la question migratoire sous l’angle des trois protagonistes que sont les pays d’accueil, les migrants eux-mêmes et les pays d’origine, la partie la plus consistante de l’ouvrage étant celle consacrée aux pays d’accueil. Ce livre se termine sur des propositions visant à repenser la politique migratoire. Mais avant cela, dans la première partie de son ouvrage intitulée « Les questions et le processus », Paul Collier aborde frontalement la question idéologique qui a fait de l’immigration un tabou dans nombre de pays d’accueil, tout en soulignant la nécessité d’en sortir. Il y explicite aussi pourquoi, laissée à elle-même, l’immigration va s’accélérer.
À gauche, l’immigration est vue comme un sujet tabou, la seule opinion permise étant la déploration de l’antipathie des classes populaires à son égard et un discours positif vantant ses mérites économiques. À droite, l’opposition reste vague afin de ne pas être taxée de raciste. La culpabilité liée aux actions passées des nations européennes a fait de l’identité nationale une menace et façonné la perception actuelle des immigrants. La façon la plus sûre d’exprimer son antiracisme a été d’affirmer son soutien à l’ouverture des frontières. Si toute demande de limitation de l’immigration est vue comme l’expression d’un racisme, alors un débat ouvert sur l’immigration est impossible. Paul Collier pense qu’il est possible d’envisager la question migratoire en la débarrassant des « associations toxiques » qui mobilisent l’émotion mais peu de connaissances établies.
Pour cela, il commence par expliquer pourquoi les flux migratoires s’accélèrent.
Les départs des pays pauvres sont motivés par les écarts de revenus, mais il faut disposer des moyens de partir. C’est un investissement qui se voit réduit par les diasporas déjà présentes dans les pays d’accueil. L’amélioration du niveau de vie dans les pays d’origine favorise la migration tant que les écarts de revenus entre pays riches et pauvres restent conséquents. Les migrations produisent des diasporas qui engendrent d’autres migrations. Ce qui compte pour définir une diaspora, ce n’est pas le pays de naissance, mais le nombre de personnes qui ont gardé des liens au pays d’origine avec des migrants potentiels et qui sont prêtes à les aider. Le taux d’absorption dans le pays d’accueil régule la taille de la diaspora. Laissés à eux-mêmes, ces mécanismes risquent de se traduire par une accélération des flux migratoires. Le seul frein qu’ils peuvent rencontrer réside dans la politique migratoire conduite par les pays d’accueil. Or, jusque-là, les décisions prises en la matière ont été « furtives et embarrassées » (p. 80). Un cercle vicieux s’est mis en place dans lequel les partis traditionnels, en désertant leurs responsabilités, ont ouvert un espace à des « brochettes d’hurluberlus : racistes, xénophobes et psychopathes [qui] ont attiré à eux des citoyens ordinaires de plus en plus inquiets du silence des partis traditionnels » (p. 81). Ce qui a renforcé la crainte de ces partis traditionnels de traiter la question. Si toutes les restrictions sont déclarées a priori illégitimes, alors les taux d’immigration à venir seront bien plus élevés que ceux connus au cours des dernières décennies.
(…)
La migration répond à des inégalités globales sans les changer significativement. Le facteur le plus important réside dans les modèles sociaux qui handicapent les sociétés pauvres. Elles devront adapter, à leur manière, des idées globales à leur contexte particulier. En l’absence de politiques migratoires efficaces, les pays à haut revenu pourraient devenir des sociétés multiculturelles post-nationales, comme l’espèrent les élites occidentales qui imaginent qu’elles seront ainsi plus stimulantes et plus prospères. Mais, l’histoire nous apprend qu’une grande diversité est plutôt un handicap qu’un avantage. Les sociétés émergentes aux revenus croissants, dont les minorités ont été les premières à partir, deviendraient moins multiculturelles, plus nationalistes, au sens bénéfique du terme, et finiraient par « ressembler aux anciens pays à revenu élevé – avant l’immigration » (p. 390). La montée du multiculturalisme chez ces derniers coïnciderait alors avec son déclin ailleurs !
Rassemblée autour d’Olivier François, l’équipe du magazine Eléments évoquera le populisme italien, sa rencontre avec le cinéaste Pascal Thomas, les films de Hayao Miyasaki et l’œuvre d’Arthur de Gobineau.
Les dirigeants de l’Union européenne considèrent aujourd’hui l’Europe comme un espace indifférencié, sans identité, ni limites et dont le seul destin autorisé serait de commercer. Son histoire, au sens de la connaissance des faits du passé et des racines, est frappée d’interdit tandis que la « mémoire » n’est plus invoquée que sur le mode pénitentiel afin d’alourdir la mauvaise conscience des Européens coupables d’être à l’origine de tous les maux dont l’humanité a pu souffrir…
Face à cette déconstruction de notre héritage, Michel Fauquier, docteur ès lettres et agrégé de l’Université, estime au contraire que l’Europe a porté des idéaux élevés, tout de grandeur et de beauté, qu’il nous appartient de continuer à faire vivre. C’est dans cette perspective qu’il a publié son dernier livre, Une histoire de l’Europe, aux sources de notre monde, afin de « rendre conscient ce qui a fait l’Europe depuis son émergence au seuil de notre époque ».
Résumer 2 500 d’histoire en 750 pages représente une gageure. C’est à travers les moments saillants de l’histoire, qualifiés de « nœuds » – empruntant ainsi une métaphore d’Alexandre Soljenitsyne – que Michel Fauquier a bâti son récit. Ces onze nœuds qu’il décline représentent des périodes où l’Europe a engagé son destin dans une direction nouvelle. L’Histoire n’est pas une simple somme d’évènements mais procède de l’avant à l’après à travers un continuum logique permettant de construire de manière lente et durable un patrimoine commun.
Les trois premiers nœuds de son livre correspondent à Athènes, Rome et Jérusalem. Là sont les « sources de notre monde », selon l’auteur. C’est sous le soleil de la Grèce qu’émerge l’Europe il y a vingt-cinq siècles, sur fond de guerres médiques, lorsque Athènes fixe « une frontière davantage mentale que géographique » face à l’Orient. Avant d’être un lieu, l’Europe jaillit dans l’histoire à la façon d’une idée. Pour Michel Fauquier, cette thèse est centrale : l’Europe est d’abord une civilisation.
Sur cette frontière mentale, s’appuie une forme que Rome a construit au pas de ses légions, donnant son premier visage à l’Europe. Si l’empire romain s’étend du mur d’Antonin au Sahara, des colonnes d’Hercule aux confins syriens, il reste pour l’essentiel un empire occidental : c’est bien à Rome que bat le cœur de l’empire, là où les empereurs résident et où siège le Sénat à l’ombre du temple de Jupiter capitolin. L’articulation future de l’empire en deux parties grecque et latine a renforce davantage encore cette dimension. Rome est bien la capitale de l’Europe.
À cette forme romaine, le christianisme donne un contenu singulier, permettant paradoxalement à Rome de perdurer par-delà les invasions et l’écroulement de l’empire. Au départ, simple hérésie d’une religion étrangère, le christianisme devient une composante essentielle de l’identité européenne, à l’image de la jeune Europe, princesse phénicienne, fille d’Agénor, roi de Tyr, sur laquelle Zeus jeta son dévolu, avant de l’enlever vers les rives de la Crète. Michel Fauquier évoque ce mythe dans son prologue pour souligner que « ce qui a fait l’Europe n’est pas nécessairement d’Europe, mais celle-ci lui a donné une forme à nulle autre pareille en l’implantant chez elle ».
Ces trois sources sont aux fondements de l’Europe que le Moyen-Âge féconde en une brillante synthèse, formant la quintessence de la civilisation européenne avant que les temps modernes n’orientent notre monde dans une direction différente, préambule à la Révolution française que Michel Fauquier considère comme la matrice des totalitarismes qui ensanglanteront l’Europe au XXe siècle.
Le livre de Michel Fauquier propose ainsi une brillante synthèse de l’histoire de l’Europe. Clairement présenté, malgré son caractère universitaire, sa lecture séduira tous ceux qui s’intéressent à notre civilisation. On peut cependant regretter qu’il ignore totalement le fait indo-européen, germen qui fécondera les multiples rameaux de notre monde. Si l’Europe n’est pas seulement un territoire mais d’abord une civilisation, celle-ci repose sur un héritage ethnoculturel venu du fond des âges, bien au-delà des temps historiques. Il en est de même pour le christianisme, né hors d’Europe : son implantation ne fut possible que par une profonde européanisation, sans quoi il aurait été probablement rejeté. Ce sont là les seules réserves au livre de Michel Fauquier. S’il ne fait pas mystère de son christianisme, celui-ci est clairement d’essence identitaire assimilant chrétienté et Europe. Ainsi dans sa conclusion appelle-t-il les Européens à refuser la repentance dont on les accable pour se convertir à nouveau spirituellement, mais aussi – et surtout, pourrions-nous ajouter – temporellement, en retournant puiser aux sources les meilleures de notre histoire, celles qui seules nous permettront de redevenir ce que nous sommes.
Michel Fauquier, Une histoire de l’Europe, aux sources de notre monde, éditions du Rocher (septembre 2018)
Texte repris du site L’Institut Iliade
https://fr.novopress.info/213600/leurope-une-civilisation-plutot-quun-espace/
Grouchy, un nom qui, historiquement, est difficile à porter. À la suite de l’Empereur, des générations d’historiens l’ont jugé responsable de la défaite française à Waterloo, coupable de ne pas être arrivé à temps. Ces accusations, souvent très violentes, sont-elles justifiées ? Grouchy avait-il reçu l’ordre de voler au secours de Napoléon ? Pouvait-il intervenir et changer le cours de l’histoire ?