La Lingua Franca (ou Langue Franque, ou Franco) est la langue véhiculaire utilisée jusqu’au XIX ème siècle dans les contacts entre le nord et le sud de la Méditerrannée, entre marchands chrétiens et marchands musulmans ou juifs, entre maîtres et esclaves.
La langue de personne, parlée par tout le monde
La Lingua Franca présente cette caractéristique étonnante : elle est très largement répandue, mais ce n’est la langue de personne. Dakhlia parle de “no man’s langue“, de “langue-sas“, de “langue de l’entre-deux“. C’est une pure langue de contact, et de contact contraint. Les maîtres musulmans n’acceptent pas que leurs esclaves parlent les langues européennes normales : ils veulent comprendre ce qui se dit. Ils n’acceptent pas non plus qu’ils parlent arabe, soit par refus que leur langue “sacrée” soit souillée par des infidèles impurs, soit pour des raisons plus pragmatiques, comme le souligne Dakhlia : “Thévenot explique qu’à Tunis, au XVII ème siècle, il faut cacher que l’on entend l’arabe. Sans doute voulait-on éviter les fuites d’esclaves ou de captifs si trop d’entre eux s’initiaient à la langue du pays. L’argument de la sacralité de l’arabe ne doit pas être trop systématiquement invoqué.”