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culture et histoire - Page 978

  • Les derniers rois possibles ?

    La période 1830-1848 suscite un regain d'intérêt. Cependant, les réactions qu'elle suscite continuent d'être contrastées.

    Revue de quelques ouvrages.

    L'attitude de Charles X en juillet 1830 provoque ahurissement et malaise : par quelle aberration ce prince, moins sot qu'il est de bon ton de le prétendre, se jeta-t-il dans l'affaire des ordonnances quand lui manquait l'appui d'une armée dont les troupes assuraient la conquête algérienne ? Comment déclencha-t-il une révolution que toutes les factions s'entendaient à éviter, tant le spectre de 93 hantait les esprits ? Comment se laissa-t-il persuader d'abdiquer alors que rien n'était perdu ?

    Incompréhension

    L'incompréhension perdure, et le sentiment que le roi en avait assez d'une couronne trop lourde, d'un royaume qu'il ne comprenait plus... Seul ou presque, il détermina l'accomplissement d'un désastre que personne n'appelait de ses voeux. Car, à l'évidence, la stupeur, l'inquiétude, le désarroi l'emportèrent de beaucoup, cet été-là, sur la satisfaction de voir tomber la branche aînée des Bourbons. La fabrication du mythe des Trois Glorieuses vint après, justification a posteriori d'un mouvement improvisé qui n'aurait jamais dû aboutir. Quant au déroulement exact de ces 27, 28 et 29 juillet, il est, aujourd'hui, totalement oublié, sinon des spécialistes. C'est le mérite du livre de Michel Bernard Cartron, Juillet 1830, la deuxième révolution française, d'en rappeler le déroulement exact, en partant du début de cette année qui s'annonçait paisible et ordinaire, puis l'enchaînement invraisemblable, la montée en puissance, typique d'une émeute populaire récupérée par des oppositions qui n'avaient rien vu venir.

    Or, personne, parmi ces opposants, ne voulait revivre les excès révolutionnaires dont la république paraissait synonyme. Cela amena le consensus autour de Louis-Philippe, unique recours susceptible de canaliser les violences. Cela fait du duc d'Orléans non l'agent de la révolution mais son contraire, évidence que la gauche, pour l'avoir comprise, ne pardonna pas au roi des Français, tandis que les légitimistes, faute de l'avoir comprise, en faisaient un factieux usurpateur. Ce rejet des deux bords habite le récit circonstancié, appuyé sur les témoignages des contemporains, de Michel Bernard Cartron. La monarchie de juillet n'en vint jamais à bout. Et c'est dommage.

    Les dernières biographies de Louis-Philippe ont, certes, marqué un progrès dans la connaissance du prince et du roi, sans lui rendre justice. Guy Antonetti, auteur d'une somme monumentale qui fait autorité, ne l'aime pas. L'Anglais Munro Price, s'il apprécie l'oeuvre, veut tout réduire à une adaptation française du modèle britannique et tient Madame Adélaïde pour la tête pensante qui dictait ses décisions à son frère, ce qui se révèle exagéré. Manquait à cette galerie un portrait qui ne fut pas à charge, ni coupé des réalités françaises et de passions encore brûlantes.

    Talent et justice

    Arnaud Teyssier, auquel l'on doit déjà une très brillante étude, Les Enfants de Louis-Philippe et la France (Pygmalion), le brosse avec autant de sérieux que d'aisance, de talent que de justice. Le duc d'Orléans qu'il peint dans ces pages est, certes, le fils de Philippe Égalité, et le biographe souligne combien le malheureux prince en souffrit, lui qui aimait son père, ne comprenait pas la faiblesse qui l'avait conduit à voter la mort de Louis XVI, et se sentait responsable de son exécution, pour avoir suivi Dumouriez, mais il tient surtout d'autres ascendants, plus talentueux, plus vertueux, qui lui avaient transmis intelligence, amour du travail, goût de la fidélité conjugale et de la paternité. Les auteurs légitimistes ont voulu voir dans le prince qui regagna en 1816 le Palais Royal en compagnie de Marie-Amélie de Bourbon-Siciles, nièce de Marie-Antoinette, exhibant sa splendide progéniture face à la déshérence de la branche aînée, un fourbe hypocrite jouant la comédie, faisant la chattemite, conspirant par en dessous pour refaire sa fortune et s'emparer du pouvoir. À l'étude des faits, à travers les écrits intimes de Louis-Philippe, d'abondance utilisés, ce vilain personnage ne tient pas. Le duc d'Orléans est ce qu'il est, en toute sincérité, c'est cela qui lui sera reproché, comme un refus de commettre les mêmes erreurs que ses cousins. Quand il « ramasse la couronne », ainsi qu'il le dit, ce n'est pas l'aboutissement d'une longue tactique, mais la décision, impromptue, de saisir l'occasion, moins par esprit de revanche que par conscience aiguë du bien de la France, et des désastres où elle se précipite s'il n'y pallie. Le sacrifice lui coûta davantage qu'on le prétend.

    Arnaud Teyssier analyse, comprend, admire souvent, sans s'aveugler sur les limites des possibilités laissées au roi des Français. Pourtant, dix-huit années, louvoyant entre les extrêmes, Louis-Philippe maintiendra la paix civile, oeuvrera à la prospérité générale, et parviendra même à conserver à la France sa place sur l'échiquier international. Bilan digne de respect, mais obstinément refusé par la postérité : cette solidité de reconstructeur prudent, habile, aimant manquait de clinquant …

    Curieusement, Gabriel de Broglie, qui dresse lui aussi, dans une étude serrée de la Monarchie de Juillet, un inventaire impressionnant des réussites du règne, conclut pourtant à la non viabilité du projet. Selon lui, l'expérience Orléans correspondait à ce qu'il eût fallu faire en 1789 et qui eût tout sauvé ; la tentative serait venue trop tard en 1814 ; en 1830, elle était dépassée, vouée à l'échec final, ne serait-ce qu'en raison de l'âge de Louis-Philippe qui, à cinquante-sept ans, n'était plus en phase avec les jeunes générations. La mort tragique du Prince Royal interdit cet ultime recours. La tentative était « anachronique ». L'on n'est pas forcé, à la lecture de ce passionnant ouvrage, de partager ce point de vue pessimiste, et de conclure la cause perdue d'avance.

    Tout était possible

    En abordant tour à tour étude des événements, caractère du roi et des siens, mentalités du personnel politique, forces en présence, opinion, presse, jeunesse, écrivains, artistes, paysannerie et monde ouvrier, en mettant en évidence les efforts accomplis pour se rallier ces diverses composantes de la société française, M. de Broglie donne plutôt l'impression, sans doute fondée, que tout était possible et que rarement chances plus réelles s'offrirent à la France de s'épargner les périls de ses errances politiques successives... Tel quel, le livre, véritable précis de la période, est une réhabilitation argumentée, appuyée sur les témoins contemporains, de l'oeuvre et de la personnalité d'un souverain qui ne mérite pas les caricatures qui le poursuivent. Caricatures qui, au demeurant, n'ont pas épargné la branche aînée et continuent de prospérer. La biographie que Laure Hillerin consacre à la duchesse de Berry, l'oiseau rebelle des Bourbons, en est un bon exemple. C'est une mode appréciée de la presse féminine de relire les destins royaux à l'aune des façons d'être actuelles. Après Marie-Antoinette annonciatrice de Lady Di de Sofia Coppola, voici Marie-Caroline de Bourbon-Siciles vivant ses rêves, ses fantaisies, ses caprices et sa sexualité quitte à choquer toute l'Europe bien-pensante, en précurseur des libertés de la femme... Il faut hélas admettre que la petite personne se prête mieux à cette interprétation que sa grand-tante. Marie-Caroline possédait un caractère fantasque et capricieux qu'il ne faut pas imputer aux manières de la cour napolitaine, malgré ses extravagances, mais à son tempérament. Ses façons d'enfant gâtée, tolérables tant qu'elles furent imputables à la prime jeunesse, devinrent moins supportables quand le veuvage et les responsabilités, trop précoces, l'obligèrent à assumer ses responsabilités de mère de l'héritier du trône. Le malheur de la duchesse de Berry, et, partant, celui de ses partisans, fut d'avoir voulu incarner la légitimité royale, ce qui était son droit, sans accepter les rudes contraintes du rôle.

    Sans délicatesse

    Laure Hillerin, qui n'a pas les délicatesses ordinaires des biographes de la princesse, ni leurs pudeurs, n'hésite pas à lui attribuer, avant la malencontreuse naissance de Blaye, deux autres grossesses indésirables, dont elle ne précise pas comment elles s'achevèrent... Veuve à vingt-et-un ans, Caroline était certes excusable de n'avoir pas renoncé à plaire mais il y a, dans les petits calculs entourant ses amourettes, un aspect peu flatteur qui corrobore le mot féroce prêté à Chateaubriand : « Comment voulez-vous que je vous dise de qui est l'enfant de Madame la duchesse de Berry ?! Elle-même ne le sait pas ! » Qu'il n'était pas du prince Lucchesi Palli, c'est un secret de Polichinelle, que la biographe entretient habilement, avant de proposer le nom d'un père putatif. Ces histoires d'alcôve, qui se termineront le plus bourgeoisement du monde par le remariage italien et les enfants qui en naîtront, éclipsent, dans ce récit, la dimension dynastique, politique, de la question. Or, c'est ce qui importe, avec l'affreux discrédit jeté sur la Cause, et sur Henri V. Des fidèles, idéalistes, se firent tuer pour cela, qui dépasse, et de si loin, les velléités d'indépendance d'une petite femme pleine d'allant et de courage, mais qui ne sut pas s'élever à la hauteur du personnage qu'elle avait voulu endosser. Il y a, dans ce cocufiage des purs et des meilleurs, si lourdement souligné ici, un côté sordide difficile à pardonner...

    Anne Bernet L’Action française 2000 Du 2 au 15 juin 2011

    - Michel Bernard Cartron : Juillet 1830, la deuxième révolution française, Artena, 385 p., 29 €.

    - Arnaud Teyssier : Louis-Philippe, Perrin, 450 p., 23 €.

    - Gabriel de Broglie : La Monarchie de Juillet, Fayard, 450 p., 26 €.

    - Laure Hillerin : La Duchesse de Berry, Flammarion, 540 p., 25 €.

  • Climat : Au-delà du tollé !

    par Felix D. Sbirov.

    Dans la foulée de la sage décision de l’administration trump de se retirer de la calamiteuse & coûteuse COP21 & derrière l’onanisme desKhmers verts & la doxa pseudo-scientifique du GIEC, qu’en est-il réellement de l’environnement ? Petit rappel à l’ordre de Jean Cuny sur le sujet.

    Le retrait des États-Unis de l‘Accord de Paris sur le climat a suscité un tollé dans la classe politique française qui une fois de plus fait preuve de sa grande hypocrisie. Le fameux accord sur le climat n’est qu’une déclaration d’intentions ne comportant aucun engagement juridique effectif.

    Selon l’article 2, le réchauffement climatique devra être contenu « bien en deçà de 2°C » par rapport à l’ère préindustrielle. Pour atteindre cet objectif, les émissions de gaz à effet de serre devront atteindre « un pic aussi rapidement que possible ». Tous les cinq ans, un bilan sera effectué.

    Le dogme de base est que le « réchauffement climatique » est d’origine humaine.

    Et de pointer du doigt les émissions de carbone dues à l’automobile, à l’industrie et à la production d’électricité. Curieusement on ne se préoccupe pas de celles des avions(1) et des navires.

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  • Brocéliande contre le monde moderne

    Notes pour servir à la constitution d'un Front Brocéliande contre le monde moderne

    « J'ai revêtu plusieurs aspects 
    Avant d'atteindre ma forme naturelle. 
    J'ai été le fer étroit d'une épée 
    (Je le croirai si je le revois) 
    J'ai été une goutte dans l'air 
    J'ai été une étoile scintillante 
    J'ai été un mot dans un livre... 
    J'ai été un tisonnier dans le feu 
    J'ai été un arbre dans un fourré »

    Câd Goddeu (Le Combat des Arbres)

    « ... l'intuition, qu'il y a quelque vaste processus à l'œuvre qui réalise l'acmé de la création, l'entéléchie de toute lutte vitale, dans ces larges et fraîches feuilles d'extase magique, qui s'ouvrent et frémissent dans l'air invisible ».

    John Cowper Powys

    La forêt était vivante. Par les rumeurs, les grands gestes, les hauteurs mouvantes, les silences tapis, les lueurs vertes, les éclats soudains lorsque le soleil tombe, la forêt vive nous parlait. Nous étions, en quelque sorte, ses enfants. Nous aimions la verticalité de la forêt, les cimes perdues, presque indiscernables, les racines tels de gros serpents, l'humus, le pourrissement délicieux des feuilles. Les troncs, plus ou moins espacés, évoquaient de longues notes de musique qui finissaient par s'accorder dans le tumulte polyphonique de la forêt. Mais chaque arbre avait son message, sa présence propre. Les arbres ont de si fortes individualités que nous en oublions les essences et les espèces. Comme les humains, les arbres ont leurs histoires et, je m'aventure à l'affirmer, leurs consciences !

    Je crois à cette individualité ancrée dans la terre et doucement vaguante, en son faîte, avec le vent, le ciel ! Je crois à l'individualité farouche des arbres, des terres, des animaux et des hommes. L'homme moderne ne reconnaît que ce qu'il peut classer dans quelque abstraite catégorie. Aussi bien, je ne suis pas un homme moderne. La densité de l'être, sa force, sa vertu, son bonheur témoignent de l'intense singularité de toute chose...

    Cet arbre qui m'adresse un signe de bienvenue lorsque le chemin tourne et revient du côté du soleil n'a pas son égal et je me soucie fort peu de ce qu'en pensent les naturalistes. Il verdoie doucement dans l'air encore pâle d'Avril. Toute la mélancolie du renouveau bruit avec le vent venu des hauteurs qui retourne vers elles les paumes cendrées des feuilles, comme des mains, avec leurs nervures intelligentes. Cet arbre me salue quand je passe — mais il me semble que sa grande tâche est un colloque avec des présences que je ne vois pas mais dont la profusion architecturale des branches est le Temple. Les Tibétains croyaient que la symétrie attire les démons. Mais ils croyaient aussi à l'harmonie et à l'interdépendance universelle, et je vois ce matin qu'il n'est rien de moins symétrique ni de plus harmonieux que ce Temple feuillu...

    Je veux bien être traité de panthéiste ! C'est en effet la grande manie des abstracteurs modernes. Pourtant, ce mot, pour moi, ne veut rien dire. Car ce que disent les arbres à mon entendement est d'un ordre trop subtil pour convenir à de grossières terminologies. Panthéiste ? Si l'on y tient ! Mais avec Plotin et Saint­-François, avec Taliesin et Novalis ! Je sais fort bien que la beauté — où s'unissent la transcendance et l'immanence — n'est pas omniprésente, que souvent la transcendance s'éloigne, et que l'immanence devient lourde en cet âge de fer. J'aime les arbres car ils nous enseignent la légèreté. Certes, les arbres ne volent pas mais ils accueillent les oiseaux, hôtes et protecteurs des libertés les plus fragiles. Il faut bien voir que les racines des arbres ne sont pas moins dans le Ciel que dans la terre. La plus haute branche est l'éloge ultime de la terrestre légèreté. Veulent-ils nous enseigner l'esprit ceux qui ne frissonnent point avec le souffle à la plus haute branche de leur désir ?

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  • GONZAGUE SAINT BRIS, C’ÉTAIT QUAND MÊME QUELQU’UN !

    Par Nicolas Gauthier
     
    C’était un aristocrate selon mon goût, c’est-à-dire passablement fêlé de la théière, accroché au château de ses ancêtres comme une bernique à son rocher  (Repris de Boulevard Voltaire - 10.08 - cet excellent article pour saluer Saint-Bris).

    Gonzague Saint Bris n’est plus. Ce mardi, il s’est tué en voiture, contre un arbre. Triste journée, car moi, j’aimais bien Gonzague Saint Bris. C’était un aristocrate selon mon goût, c’est-à-dire passablement fêlé de la théière, accroché au château de ses ancêtres comme une bernique à son rocher. Mais aussi capable de consacrer un livre à Michael Jackson tout en traversant les Alpes à dos de mulet, en hommage à Léonard de Vinci et son périple jadis effectué pour répondre à la très royale invitation de François Ier.

    Écrivain, essayiste, homme de presse et de radio, éphémère chargé de mission au ministère de la Culture, de 1986 à 1988, Gonzague Saint Bris était aussi conseiller municipal de Loches (ville rendue fameuse par « Les Grosses Têtes » et la non moins célèbre madame Bellepaire), tant il était viscéralement attaché à sa Touraine natale. En 1978, il fonde le mouvement des Nouveaux Romantiques, petit souffle d’air frais en ces temps de technocratie giscardienne triomphante, avec des camarades à peu près aussi ébouriffés que lui, quoique à demi-chauves pour la plupart : Patrick Poivre d’Arvor, Francis Huster, Étienne Roda-Gil, Frédéric Mitterrand et Brice Lalonde.

    Tout cela ne mène évidemment pas à grand-chose, on s’en doute. Même pas à une intronisation par trois fois repoussée à l’Académie française. Dommage pour cet auteur prolifique – une cinquantaine d’ouvrages au compteur, ce n’est pas rien – qui, en 2016, reçoit le prix Hugues-Capet pour l’ensemble de son œuvre. Juste réparation pour cet homme qui, à l’instar d’un Max Gallo, ne fut jamais véritablement accepté par la communauté très fermée des historiens « officiels » ; un peu comme un Stéphane Bern ou un Lorànt Deutsch. Historiens du dimanche ? Pas du tout, ces personnes ayant le don de populariser l’Histoire de France à heures de grande écoute télévisuelle et de la vulgariser de la manière la plus intelligente qui soit.

    Certes, ils vont droit à l’essentiel, résument plutôt que de se perdre dans les détails, ne prétendent pas au savoir universel, mais commettent finalement moins d’erreurs factuelles que nombre de leurs confrères universitaires. C’est l’école Alain Decaux, qui fut à l’Histoire ce que Jean Vilar était au théâtre : tous pour la culture et, surtout, la culture pour tous ! Il était donc logique qu’un Stéphane Bern salue la mémoire de son illustre devancier en la matière.

    Non content d’être un passeur, Gonzague Saint Bris était, de plus, un homme exquis. Je me souviens de lui, au début des années 1990. Je travaillais à l’hebdomadaire Minute. Entre première guerre du Golfe et psychose collective de la profanation du cimetière de Carpentras, l’ambiance était, comment dire, des plus chaudes… Désireux de m’entretenir avec le bonhomme, je finis par dénicher son numéro de téléphone personnel. Et là, je cite de mémoire :

    – Allo, Gonzague Saint Bris ? Nicolas Gauthier, de Minute ! Ce serait pour une interview…
    – 
    Minute ? Quelle bonne surprise ! Inattendue, surtout…
    – Ça ne vous dérange pas de me parler ?
    – Et pourquoi donc, je vous prie ? Je lis souvent votre journal, fort bien écrit au demeurant…
    – C’est un compliment ?
    – Tout à fait, et dit sans malice…

    La vérité m’oblige à dire que je ne me souviens plus très bien de la suite, si ce n’est que nous avions parlé de la France et de son histoire. La première, il en était éperdument amoureux. La seconde, il déplorait que son enseignement, dispensé à des têtes de moins en moins blondes, devienne peu à peu passé en pertes et profits.

    À l’époque sévissait un autre chevelu à chemise blanche au col perpétuellement ouvert été comme hiver – Bernard-Henri Lévy. Qu’il me soit permis, en termes de look, de gentillesse et d’intelligence, de préférer celui-ci à celui-là.

    Sacré Gonzague !  

     
    Journaliste, écrivain
  • COMMANDEZ LE N°46 (ÉTÉ 2017) DE LA REVUE SYNTHÈSE NATIONALE

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    Au sommaire :

    ÉDITORIAL  Roland Hélie

    LE MOMENT MACRON Patrick Parment

    MERCI MACRON Pierre Vial

    LES CAPRICES DE MACRON  Jean-Claude Rolinat

    LA CHRONIQUE Philippe Randa

    DU CHANGEMENT AU FN ? Marc Rousset

    QUI PAYERA LA CASSE ? Pieter Kerstens

    DE L’INCOMPÉTENCE DE LA FONCTION PUBLIQUE Bernard Plouvier

    ASSEZ DE REPENTANCE Nicolas Gauthier

    IL Y A 60 ANS : L’INDÉPENDANCE AFRICAINE Pieter Kerstens

    LE CLIMAT, LES MOUCHES ET LES ABEILLES Aristide Leucate

    LE BASTION SOCIAL Arnaud Menu

    LES PAGES DU MARQUIS Jean-Paul Chayrigues de Olmetta

    HOMMAGE À ROLAND GAUCHER Jean-François Touzé 

    PIERRE LAVAL LE MAUDIT Bernard Plouvier

    LES LIVRES AU CRIBLE Georges Feltin-Tracol

    LES BIOGRAPHIES LITTÉRAIRES Daniel Cologne

    LES ENFANTS DE MAASTRICHT Un entretien avec Charles-Henri d’Elloy

    LES VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE La chronique de Charles-Henri d’Elloy

    LES BOUQUINS DE SYNTHÈSE NATIONALE

    LA VIE DE L’ASSOCIATION SYNTHÈSE NATIONALE

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  • 10 août 1792 : naissance de la République dans un massacre

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    Depuis la fuite de Varennes, le roi Louis XVI et sa famille sont assignés à résidence au palais des Tuileries (aujourd’hui disparu), à l’ouest du Louvre.
    La tension est vive et, excitée par Danton, une foule de sans-culottes se masse aux abords du palais.

    La résidence royale est défendue par 900 gardes suisses et quelques centaines de gardes nationaux.
    Louis XVI les passe en revue. Selon l’usage, les Suisses et les gardes nationaux crient : « Vive le roi ! ». Mais les artilleurs et le bataillon de la Croix-Rouge crient de leur côté : « Vive la Nation ! ». Situation confuse.
    Le roi gagne là-dessus une terrasse et observe la foule des Parisiens massés. Ceux-ci l’insultent : « À bas le veto ! À bas le gros cochon ! ».
    Apeurés, le roi, la reine et le dauphin traversent le jardin des Tuileries et vont chercher refuge au sein de l’Assemblée.
    Devant le palais, l’émeute enfle. Une porte est malencontreusement ouverte. Un flot de sans-culottes s’y engouffre. Les gardes suisses ouvrent le feu et provoquent un reflux éperdu vers le Carrousel.
    Les émeutiers évacuent la place. Ils semblent près d’abandonner la partie.

    Mais vers dix heures, un groupe de volontaires marseillais parvient à s’introduire à l’intérieur des Tuileries. Le combat reprend de plus belle.
    Le roi griffonne un billet ordonnant aux Suisses de déposer à l’instant les armes et de se retirer dans leurs casernes. Grave erreur du trop bon Louis XVI.

    Obéissants, les gardes se replient vers la place Louis XV (l’actuelle place de la Concorde).

    Mais ils sont bientôt encerclés, capturés, conduits à l’Hôtel de Ville puis massacrés. Mêlées à la foule, les poissardes des halles se livrent à de honteuses mutilations sur les cadavres.
    Les émeutiers envahissent maintenant les Tuileries et lynchent pêle-mêle gardes, serviteurs et fidèles avant de piller le palais.
    Six cents Suisses ainsi que deux cents aristocrates et gens de maison perdent la vie en ce jour du 10 août.

    L’Assemblée législative, enhardie par le succès de l’émeute, prononce la « suspension » du roi. Elle convoque par ailleurs une Convention nationale en vue de prendre toutes mesures « pour assurer la souveraineté du peuple et le règne de la liberté et de l’égalité », et instaure pour la première fois le suffrage universel (masculin). Après une nuit de fortune, la famille royale est emmenée au donjon du Temple pour y être emprisonnée.
    La période appelée « la Terreur » allait commencer.
    Fin d’un régime millénaire qui avait construit la France mais était certes affaibli de l’intérieur.
    Naissance de la République.