culture et histoire - Page 979
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FrakaSS - La Fille Du Soleil Et Le Jarl
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« Les Guerres de Vendée pour les Nuls »
Lu sur Réinformation.tv :
"La collection « Pour les Nuls » se veut une entreprise de vulgarisation, de présentation de manière pédagogique de questions importantes à destination des masses. Les ouvrages sont écrits par des spécialistes des questions évoquées, et s’ils adoptent un ton particulier voulu simple et humoristique, ils sont en général réussis.
Appartenir à une telle collection est certainement un avantage pour un ouvrage, puisqu’il assure distribution et publicité. Or, les Guerres de Vendée, justement, ont eu très peu de publicité en France, et ce dès l’hiver 1794-1795. Les Révolutionnaires au pouvoir à Paris, connus sous le nom postérieur de « Thermidoriens » et qui ont fait guillotiner Robespierre et ses partisans à l’été 1794, n’en sont pas moins des révolutionnaires et ont tout fait occulter de notre histoire le drame des Guerres de Vendée (1793-95 pour la principale). En effet, de manière fort peu glorieuse et indéfendable moralement dont les Thermidoriens ont fini par se rendre compte après-coup, des populations civiles ont été massacrées en masse dans la « Vendée militaire », c’est-à-dire le département actuel de la Vendée, moins sa frange la plus méridionale, et les parties frontalières des départements voisins, Loire-Inférieure (Loire-Atlantique depuis), Maine-et-Loire, Deux-Sèvres… Aussi parle-t-on parfois de Vendée bretonne – dans la Loire-Inférieure -, de Vendée angevine – dans le Maine-et-Loire. Toute la terminologie, complexe, est expliquée dans l’ouvrage. Les codes imposés par la collection « Pour les nuls » sont exploités très intelligemment par l’auteur, Michel Chamard. Comme il se doit dans cette collection, M. Chamard est un spécialiste du sujet, directeur du Centre vendéen de recherches historiques de 2011 à 2014, et professeur à l’ICES – Institut Catholique d’Etudes Supérieures-
« Les Guerres de Vendée pour les Nuls » fait effectivement le tour de la question. L’ouvrage est solide, avec plus de 400 pages à lire. Il a été écrit dans un esprit excellent, avec un souci de grande rigueur historique et d’hommage aux martyrs de la Vendée.Dans sa préface l’auteur avoue que lors de son départ pour la Vendée en 1989, bien que largement adulte, universitaire et historien, il était « nul » sur l’histoire des Guerres de Vendée. Aujourd’hui, grâce à des personnalités militantes comme Reynald Sécher ou Philippe de Villiers, les Guerres de Vendée ne sont plus totalement inconnues, du moins de qui fait l’effort de vouloir les connaître, ce n’est pas si fréquent. L’ouvrage propose aussi une riche bibliographie, de qualité, pour approfondir les questions évoquées dans le livre.
L’ouvrage n’oublie certes pas, exhaustivité nécessaire, les autres « Guerres de Vendée », d’où le pluriel du titre, comme la Petite Guerre de Vendée tentée par Charrette en 1796, la Vendée de 1815 contre le Napoléon des Cent-Jours, la tentative manquée d’insurrection vendéenne lancée par la Duchesse de Berry en 1832. Mais, il se consacre, pour l’essentiel et à juste titre, à la « Grande Guerre de Vendée », celle de mars 1793 à avril-mai 1795. Les dates exactes, à quelques jours près, sont l’objet de conventions discutées et discutables et tout sauf innocentes, car dans une guerre civile il n’y a pas eu de repères simples comme une déclaration de guerre et un armistice concernant toutes les armées impliquées."
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On sait que, sous diverses formes et une plus ou moins grande extension, la domination de l’Islam sur l’Espagne a duré presque huit siècles. Jusqu’à ce que la prise de Grenade, en 1492, achève la Reconquista.
Publié le 12.06.2009 - Actualisé (extraits) le 27.08.2017
L'expulsion des Morisques d'Espagne
Cet article évoque un exemple historique : l'expulsion des Morisques d'Espagne, qui fut promulguée par Philippe III d'Espagne, le 22 septembre 1609. Plus d’un siècle après la chute de Grenade.
Et l'on verra que, sur deux points tout à fait majeurs, parler de l'Espagne de 1609 revient, sous plusieurs aspects, à parler de la France d’aujourd'hui, tant sont grandes, au point d'en être surprenantes, les ressemblances entre les deux situations*.
Les Morisques d'Espagne étaient ces descendants des populations d'origine musulmane converties au Christianisme par le décret des Rois catholiques du 14 février 1502. Parmi eux, il y avait des Arabes, des Berbères, mais également une grande majorité d'Espagnols qui s'étaient convertis depuis des siècles à l'Islam.
Plus d'un siècle après leur conversion forcée au Christianisme, et bien que devenus, à force de métissage, physiquement indiscernables des « vieux chrétiens », une grande partie des Morisques se maintenait comme un groupe social cloisonné du reste de la société espagnole en dépit de la perte de l'usage de la langue arabe au bénéfice du castillan et de sa connaissance très pauvre des rites de l'Islam, religion que beaucoup continuaient toutefois à pratiquer en secret.
En 1568-1571 eut lieu la Rébellion des Alpujarras, menée par les Morisques de Grenade (le dernier territoire à avoir été reconquis par les Espagnols, en 1492, ce qui mit un terme aux presque huit siècles de Reconquista). L'opinion selon laquelle cette minorité religieuse constituait un véritable problème de sécurité nationale gagna alors, régulièrement, du terrain. [Illustration : femme morisque de Grenade]. Les morisques étaient couramment soupçonnés de complicité avec les Turcs, les pirates barbaresques qui pillaient périodiquement le littoral espagnol, ou même avec les Français. Mais surtout l'année 1604 marqua le début d'une récession économique dans la péninsule, conséquence d'une première baisse dans l'arrivée des ressources du Nouveau Monde. La dégradation des conditions de vie des Chrétiens les mena à considérer avec défiance celles des Morisques.
C’est là un premier élément de ressemblance frappant entre les deux époques et les deux pays : la crise économique .
La répartition des Morisques à l'intérieur de l'Espagne était assez irrégulière : si leur présence était négligeable en Castille et dans tout le nord/nord-ouest, ainsi qu'en Catalogne, ils représentaient environ le cinquième de la population de l'Aragon, le tiers de la population du royaume de Valence, et plus de 55% dans le royaume de Grenade. Selon les estimations, leur nombre pouvait s'élever - au minimum - à environ 325 000 membres et - au maximum - jusqu'à un million, sur un total d'approximativement 8,5 millions d'habitants. Mais il faut noter que leur taux de croissance démographique était nettement supérieur à celui des Chrétiens.
Mais voici le deuxième élément de ressemblance frappante entre l'Espagne de 1609 et la France de 2017 : contrairement à ce que l'on pourrait penser, l'expulsion des Morisques ne faisait pas du tout l'unanimité dans l'opinion publique de l'époque. En clair, il y avait des partisans (et nombreux, et farouches) de la présence de ces populations en Espagne. Et pour quelle(s) raison(s) ? Tout simplement parce que - pour ne parler que d'elles - les noblesses aragonaises et valenciennes profitaient de cet état de fait, particulièrement en termes de main-d'œuvre sur leurs terres. La classe paysanne, cependant, voyait les morisques d'un mauvais œil et les considérait comme des rivaux. Ne retrouve-t-on pas là nos patrons véreux d'aujourd'hui, qui ont fait le choix de compromettre l'avenir économique du pays, dans le but d'augmenter leurs profits immédiats, grâce à une main d'œuvre bon marché (ce que nous traduisons par chair à profit…), plutôt que d'investir dans la Recherche et préparer l'avenir par les investissements ?... Et, parallèlement, le petit peuple qui voit d'un mauvais œil ces concurrents sur un marché du travail qui se rétrécit ? (Voir les récentes manifestations ouvrières en Angleterre pour le travail anglais aux anglais...)
Jusqu'en 1608 la politique menée envers les Morisques avait été celle de la conversion, bien qu'il y ait eu quelques tentatives de politiques plus radicales de la part de Charles Ier (c'est-à-dire Charles Quint, le même roi étant Charles Premier d'Espagne et Charles V, empereur d'Allemagne) et de son fils Philippe II, respectivement en 1526 et 1582. Ce n'est cependant qu'à partir de 1608 que le Conseil d'État commença à envisager sérieusement le choix de l'expulsion, pour la recommander au souverain l'année suivante.
Le déroulement de l'expulsion dans l'ensemble des royaumes espagnols se prolongea jusqu'en 1614. Le nombre de personnes ainsi concernées varie, comme nous l'avons vu plus haut, entre 300 000 (fourchette basse) et 1.000.000 (fourchette haute).
Il fut décidé de commencer par Valence (ci-contre), la zone la plus concernée par la mesure. Les préparatifs furent menés dans le plus grand secret. À partir du mois de septembre des régiments d'infanterie, les tercios, venus d'Italie prirent position dans le nord et le sud du royaume de Valence et le 22 du même mois le vice-roi ordonna la publication du décret. (Ceux dont parlera Hugo : « la redoutable infanterie espagnole » - Ci-contre, gravure d'époque de Vicente Carducho, Musée du Prado. On y voit bien la présence des troupes, à droite..)
L'aristocratie valencienne se réunit avec des représentants du gouvernement pour protester contre l'expulsion qui supposait une diminution significative de ses revenus, mais l'opposition faiblit avec la promesse de récupérer une part des propriétés terriennes des Morisques. On permit à ces derniers de prendre tout ce qu'ils pouvaient emporter, mais leurs maisons et terrains furent octroyés à leurs seigneurs, sous peine de mort en cas d'incendie ou de destruction avant le transfert des biens.
À partir du 30 septembre, ils furent menés aux différents ports du royaume, où on les obligea même à payer le trajet. Les premiers Morisques furent transportés vers Oran et les ports de l'Oranie, où ils furent quelquefois fort mal reçus et parfois même attaqués par les autochtones. Ceci causa de grandes craintes parmi la population morisque n'ayant pas encore été déportée, et le 20 octobre se produisit un soulèvement contre l'expulsion. Les rebelles furent vaincus en novembre et l'expulsion des Morisques valenciens fut menée à terme.
Au début de 1610 eut lieu l'expulsion des Morisques aragonais, suivie en septembre par celle des catalans....
On remarquera que nous nous bornons, ici, à rappeler un fait historique, et que notre but n'est pas de porter un jugement de valeur. Nous nous contentons de constater, à travers cet exemple, que si et quand un gouvernement, un Etat, un pays, décide, pour telle ou telle raison, d'expulser, il peut le faire, et que cela s'est vu dans l'histoire.... C'est une question de volonté politique. (A suivre)
* Cette comparaison presque absolue que l’on peut faire, sur deux points essentiels, entre la situation de l’Espagne d’alors et celle de la France d’aujourd’hui peut d'ailleurs s'étendre aussi, plus généralement, à l’Europe ; et, plus généralement encore, à l’ensemble du monde blanc...