Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

entretiens et videos - Page 659

  • Ne pas laisser les femmes entre le marteau d’un féminisme radical et l’enclume d’un islam radical

    Gabrielle Cluzel est interrogée dans l'Homme Nouveau à propos de la nouvelle secrétaire d'État à l'égalité entre les hommes et les femmes, Marlène Schiappa:

    "La nouvelle secrétaire d’État à l’égalité entre les hommes et les femmes, Marlène Schiappa, envisage de verbaliser le sexisme par la police de sécurité quotidienne que prévoit le Président Macron. Qu’en pensez-vous ?

    Il faut d’abord noter que Marlène Schiappa – à l’instar d’à peu près toutes les féministes ayant pignon sur rue – est restée silencieuse durant plusieurs jours après l’affaire du harcèlement dans le quartier de La Chapelle Pajol. Face à l’insistance des réseaux sociaux et l’étonnement manifesté dans les médias par certains politiques, elle s’est même sentie obligée de se justifier sur Twitter : « je ne suis pas commentatrice de l’actualité, je conduis des politiques publiques. J’agis d’abord et je communique après ».

    Préconiser de faire verbaliser le sexisme par la police n’est pas une réponse si élaborée qu’elle mérite trois ou quatre jours de préparation, si ? Passons. Pour être positif, on peut dire que c’est quand même moins surréaliste que d’élargir les trottoirs, comme le suggère Caroline de Haas. Mais c’est l’archétype du vœu pieux. Vous imaginez la situation, concrètement ? Un harcèlement par définition, n’est pas une agression caractérisée, c’est une phrase obscène lancée en passant, un geste déplacé, un frôlement insistant… Il faudrait un policier derrière chaque femme pour réussir à constater l’infraction ! Et si en plus, les policiers sont des femmes, comme cela est souvent le cas avec la police de proximité… qui va fliquer les flics ? Soyons sérieux, les policiers peinent déjà à intercepter les auteurs d’agressions violentes voyantes et objectives commises devant de nombreux témoins, comment pourraient-ils verbaliser un mot graveleux glissé l’air de rien ?

    On remarquera au passage que la gauche, qui n’est pas censée être l’amie de l’ordre et de la répression, dégaine « le flic » à tout propos. À chaque problème – qu’elle a généralement créé – son policier. Une « task force » pour tout.

    Je crains par ailleurs, eu égard à la grande confusion mentale ambiante, que cette coercition, sans réflexion de fond sur les causes du problème – l’arrivée massive d’une population allochtone dont le regard sur la femme est bien différent du nôtre, ce qui ne peut être sans conséquence pour la condition féminine sous nos latitudes – mène vers toujours plus de féminisme fondamentaliste, ce féminisme absurde qui ne fait pas la différence entre le petit compliment galant – « vous avez une jolie robe, mademoiselle » remontant le moral à l’étudiante qui vient de rater ses partiels – et l’injure dégradante qui salit.

    Un compliment n’est pas une insulte, c’est une lapalissade. Brel et Ronsard ne sont pas des délinquants. Quand le ton est gentil et poli, il suffit de dire merci, et voilà, c’est fini. Cela n’a rien à voir avec du harcèlement. Sauf que les féministes mélangent tout.

    Vous avez remarqué, d’ailleurs, que quand Jean-Pierre Elkabach dit d’Aurélie Philipetti qu’elle est une très jolie femme, il est traité de sexiste, mais que lorsqu’Emmanuelle Cosse dit d’Emmanuel Macron qu’il est beau, personne ne pipe mot. À ce train-là, seuls les hommes auront bientôt la petite joie d’être complimentés sur leur joli minois… Les femmes auront tout gagné. [...]

    Que faudrait-il faire aujourd’hui pour mettre en valeur le rôle et la place des femmes dans la société ? Quel est cet autre féminisme que vous préconisez dans votre livre, Adieu Simone ?

    Ne pas laisser les femmes entre le marteau d’un féminisme radical et l’enclume d’un islam radical, l’un ayant fait, d’ailleurs, le lit de l’autre. Cet autre féminisme n’usurperait pas son suffixe. Car si le perfectionniste aime la perfection, le syndicaliste aime le syndicat, etc., le féminisme – tel que nous le connaissons, héritier des théories de Simone de Beauvoir – n’aime pas la femme. Il n’aime pas ses qualités propres et ce qui la caractérise. Il ne cherche qu’à la changer. Comme un conjoint pervers narcissique qui prétend faire le bien de son épouse en l’accablant de reproches sur ce qu’elle est et de recommandations autoritaires sur ce qu’elle devrait être. Améliorer la condition féminine, c’est donner à la femme un cadre de vie pour évoluer en sécurité et être respectée. Où elle ne sera ni harcelée, ni reléguée, ni bafouée, ni niée dans son identité. Vous voyez, il y a du pain sur la planche."

    Michel Janva

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Quand Macron explique que Russia Today est un organe de propagande.

  • Politique & éco n°133, la tribune des économistes N° 3 - La vérité sur l’Euro : un faux problème

  • LE JOURNAL DE BORD DE JEAN-MARIE LE PEN DE CETTE SEMAINE

    Jean-Marie Le Pen nous relate ses lectures du mois. Parmi celles-ci, le Président a retenu le dernier numéro (n°45 - printemps 2017 cliquez ici) de Synthèse nationale (3,12 mn) qu'il conseille aux téléspectateurs.

    http://synthesenationale.hautetfort.com/

  • 28 mai : journée nationale pour la vie

    6a00d83451619c69e201bb099ea7dd970d-250wi.pngDepuis l’an 2000, la journée de la fête des mères est aussi devenue la Journée nationale pour la vie. Cette journée est le pendant de la Marche pour la vie, plus médiatique et destinée à remobiliser les forces vives. Patricia de Poncins est responsable de cette Journée nationale pour la vie pour l’association Choisir la Vie. Elle répond à Anne Isabeth dans Présent :

    "Que se passe-t-il de particulier pour cette Journée nationale pour la vie ?

    Des actions sont proposées par différentes paroisses, comme des veillées de prières. Des quêtes sont aussi organisées par les AFC pour aider les mères en difficulté. Nous proposons également sur notre site des affiches que l’on peut déposer chez les commerçants. La Journée pour la vie se veut plus grand public, dans le sens où elle est moins militante que la Marche pour la vie. Le but premier est de célébrer la beauté de la vie, et les affiches que l’on dépose chez les commerçants – et qui sont très bien acceptées – ont pour but de sensibiliser le grand public à cette beauté.

    Depuis que la journée existe, avez-vous une évolution dans la mobilisation ?

    Le sujet demeure tabou. Malgré tout, beaucoup de petites initiatives se mettent en place. Il serait bon, il est vrai, que nous soyons plus relayés. Nous avons cependant remarqué que la mobilisation est plus importante de la part de l’Eglise de France, et notamment de la part des évêques, qui étaient auparavant beaucoup plus silencieux à ce sujet. Avec les lois qui sont passées comme le délit d’entrave numérique, les attaques se font plus fortes. Cela oblige les personnes à se mobiliser davantage. [...]

    Michel Janva

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Les plus célèbres dissidents de l’Action française sont des hommes de plume

    dissidents_af.jpg

    Olivier Dard est professeur d’histoire contemporaine à l’université Paris-Sorbonne. Connu pour ses travaux consacrés à l’entre-deux-guerres et aux mouvements de droite, il a dernièrement préfacé la réédition chez Pierre-Guillaume de Roux du livre de Paul Sérant Les dissidents de l’Action française. Nous revenons avec lui sur l’histoire de ce mouvement et ses tumultes, ainsi que son rôle dans l’agitation intellectuelle des années 1930.

    PHILITT : Vous constatez dans votre préface du livre de Paul Sérant, Les dissidents de l’Action française, que ceux-ci ont eu plus de succès et de notoriété que les « fidèles » du mouvement. Est-ce dû à la personnalité écrasante de Charles Maurras ?

    Olivier Dard : Votre question me permet une mise au point. Les « dissidents » dont il est question dans le livre de Sérant, dissidents auxquels il faudrait rajouter Lucien Rebatet (dont il n’a pas voulu traiter du cas estimant l’avoir fait dans son essai intitulé Le romantisme fasciste), sont principalement des hommes de plume même s’ils ont, pour une bonne partie d’entre eux, milité et combattu dans les organisations de l’Action française, qu’il s’agisse de la ligue, des étudiants ou des Camelots du roi. N’oublions cependant pas qu’il a existé d’autres dissidents et d’autres dissidences, notamment collectives. On en compte deux dans l’entre-deux-guerres, celle de Georges Valois au milieu des années 1920 (il ne part pas seul pour fonder le Faisceau) ou encore « la grande dissidence » de 1930 qui affecte très gravement la Fédération de Paris.

    Ces dissidents de 1930 (on compte parmi eux le célèbre docteur Henri Martin) sont moins connus et moins étudiés que les hommes du Faisceau ou les intellectuels de l’Action française mais leur cas est cependant intéressant. En effet, s’ils ont laissé beaucoup moins de traces écrites, en particulier de récits de souvenirs, leur expérience peut être rapprochée de celle de certains des dissidents étudiés par Paul Sérant. Les uns et les autres pointent en effet ce qu’ils considèrent comme un dysfonctionnement grave de l’Action française, à savoir l’accent mis sur la propagande par le journal quotidien au détriment d’un travail militant de terrain qui leur paraît beaucoup trop négligé. Pour le dire plus abruptement, ils posent la question de la relation à l’Action française, entre la virulence des ses discours et l’action. Louis Dimier s’en est expliqué dans Vingt ans d’Action française et on connaît la formule de Rebatet sur « l’inaction française ». Sur cette question, et pour ces dissidents, c’est bien la responsabilité de Maurras qui est engagée, même si après le 6 février 1934, des militants vont mettre aussi en cause les responsables de la ligue. Maurras n’en est pas moins, pour tous, le véritable chef du mouvement.

    Là réside sans doute son problème majeur : si Maurras est un homme de plume réputé et redouté par ses contemporains, il n’a pas les qualités d’un dirigeant politique. Je me contenterai de citer la formule d’Albert Thibaudet décrivant l’Action française comme un « gros journal admirablement fait » mais dans l’incapacité de faire élire un conseiller général. Si on ajoute, que malgré qu’il a cosigné avant le premier conflit mondial un petit ouvrage Si le coup de force est possible, Maurras ne le prépare nullement, il est loisible d’imaginer les frustrations accumulées par des militants qui entendent en finir avec la « gueuse » autrement que par des mots. Le « maître » est donc logiquement mis en cause.

    La pensée des dissidents et détracteurs de l’Action française semble toujours bâtie par rapport, sinon contre Maurras. Sa figure et son oeuvre concentrent-elles à elles seules la quintessence du mouvement ?

    À l’origine, l’Action française n’a pas été créée par Maurras. Mais c’est bien lui qui en a fait ce qu’elle est devenue, à savoir une école de formation politique fondée sur la doctrine du « nationalisme intégral ». L’Action française n’est cependant pas seulement un foyer doctrinal. C’est au milieu des années 1900 un dispositif articulé autour de trois volets. En premier lieu, un Institut d’Action française aspirant à se poser en « contre-Sorbonne » où Maurras et les ténors d’alors du mouvement enseignent. Mais le « nationalisme intégral » est surtout relayé par deux autres entités : une ligue créée en 1905 et qui se développe au plan national avant le premier conflit mondial et un journal quotidien lancé en 1908 et qui a pris la suite de la « petite revue grise ». Ce journal couronne une ambition déjà ancienne de Maurras (dont la surdité interdit d’être un orateur) et qui entend par conséquent gagner des soutiens à sa cause par l’imprimé en profitant de la vogue remarquable que connaît alors la presse. Il en est une figure incontournable à la fois comme éditorialiste, polémiste ; sans oublier qu’il a introduit et développé un exercice aujourd’hui devenu classique, la « revue de la presse ».

    Maurras est donc l’homme orchestre du dispositif, ce qui permet d’expliquer l’importance des termes maurrassisme et maurrassien pour désigner la doctrine et les militants qui la propagent. Maurras ne saurait donc être détaché de l’Action française qui est sa vie, dans tous les sens du terme puisqu’il passe ses soirées et ses nuits au journal. En même temps, si c’est bien vers Maurras que les militants se tournent et si ce dernier n’a jamais dû affronter la moindre remise en cause sérieuse de son hégémonie, le maurrassisme n’est pas uniquement l’affaire de Maurras soi-même. On notera par exemple, sur la question, fondamentale, de l’Allemagne, la contribution de Jacques Bainville ou, au plan économique et social, domaine où Maurras est nettement moins en pointe, la place de choix de Georges Valois durant ses vingt ans de présence à l’AF. Dans le regard que portent les étrangers maurrassiens sur l’AF, Maurras n’est pas seul à être considéré mais il arrive nettement en première position. Il n’en demeure pas moins, et c’est là sans doute l’essentiel, que le lien des figures les plus en vue de l’Action française n’a jamais été construit sur leur rapport à l’organisation mais d’abord fondé sur leur relation au « maître de Martigues » ce qui donne à l’histoire des « dissidents » une tonalité personnelle et passionnelle. C’est bien un lien d’homme à homme qui est en cause et il n’est qu’à lire ce que les uns et les autres ont écrit de leur rupture (de Valois à Rebatet en passant par Bernanos) pour le comprendre : chacun des récits s’accompagne d’un portait de Maurras.

    Paul Sérant reconnaît qu’au sein de l’Action Française, si la doctrine politique était le monopole de Maurras, la littérature y était tout aussi importante. Les « dissidents » l’ont-ils été par un faible appétit politique ou par des ambitions littéraires et intellectuelles incompatibles avec le mouvement ?

    La littérature joue un rôle essentiel à l’Action française, à commencer par Maurras lui-même qui a souligné dans Quand les Français ne s’aimaient pas qu’il avait été conduit à la politique par les lettres. Ajoutons que Maurras avait en tête un projet littéraire bien précis, celui de la création d’une « École romane » qu’il a tenue à bout de bras mais qui n’a pas donné les résultats attendus. On ajoutera enfin tout l’intérêt que Maurras porte au classicisme et son rejet du romantisme. Ce dernier est très partagé à l’Action française mais au sein de cette dernière les idées littéraires et plus largement esthétiques de Maurras ne sont pas exclusives d’autres sensibilités. Si la politique est à l’origine des dissidences, ce n’est pas le cas de la littérature. Pour illustrer cette cohabitation, curieuse j’en conviens mais indiscutable, deux exemples suffiront. Le premier est celui de Léon Daudet, fidèle parmi les fidèles au plan politique mais qui affiche des goûts littéraires bien éloignés de ceux de son compatriote provençal puisqu’il se fait le défenseur de Marcel Proust et de Louis-Ferdinand Céline, n’hésitant pas à rembarrer brutalement sur ces sujets Henri Massis, rédacteur en chef de La Revue universelle et beaucoup plus proche du classicisme du « Martégal ». Les chroniques littéraires de Brasillach sont également très éclairantes sur ce point, en particulier pour ce qui concerne le « théâtre littéraire » dont il se fait, en 1935, le défenseur dans La Revue universelle.

    Dans votre ouvrage Le rendez-vous manqué des relèves des années 30, vous opposez la relève « réaliste » à celle plus spiritualiste des « non-conformistes ». Peut-on classer l’Action française d’alors dans l’une de ces catégories ?

    L’Action française ne peut pas être rangée dans ces catégories pour la bonne et simple raison que ses origines sont bien antérieures : Maurras est né en 1868 et a donc 62 ans en 1930. Il n’est plus un homme de la relève même s’il suit ce processus avec attention. Il a toujours été intéressé par la jeunesse en qui il voit le vivier d’une future élite à même de refaire la France et son dernier livre s’intitule Pour un Jeune Français. Si l’Action française ès qualité ne compte pas parmi les relèves des années trente, nombreux sont les jeunes maurrassiens qui animent ce qu’il est convenu d’appeler la « Jeune Droite » et qui est un des piliers du pôle spiritualiste avec l’Ordre nouveau (Robert Aron, Arnaud Dandieu) ou Esprit (Emmanuel Mounier). Esprit, avec lequel la Jeune Droite ferraille.

    Sans vouloir égrener une liste de noms, certains doivent être rappelés : Jean de Fabrègues (éphémère secrétaire de Maurras et dissident du tournant des années trente), les normaliens Robert Brasillach ou Thierry Maulnier, mais aussi la future relève des Hussards (Jacques Laurent) ou de La Nation française d’après guerre (l’historien Philippe Ariès). N’oublions pas non plus un homme qui n’a jamais été un maurrassien affiché mais qui a souligné l’empreinte qu’a eue Maurras sur toute cette mouvance, je veux parler de Jean-Pierre Maxence dont il faut relire l’Histoire de dix ans (1927-1937).

    Les dissidents de l’Action française l’ont-ils desservie, notamment quant à la réalisation de ses objectifs politiques, ou bien plutôt confortée ?

    Je ne pense pas que le problème se pose uniquement en ces termes. Desservie, sans doute, oui, sur le court terme puisque les dissidences collectives ont provoqué un départ de militants qu’il a fallu combler. Peut-on conjecturer que ceux qui sont restés en sont d’autant affermis. En réalité, les choses ne se posent pas ainsi. Le problème majeur de l’Action française n’a pas été forcément d’attirer des militants que de les garder, notamment à l’âge adulte. Maurras et l’Action française, de l’avant 1914 aux années trente ont largement attiré des jeunes gens, séduits par la rigueur de sa doctrine et sa radicalité affichée.

    Le renouvellement existe mais les mêmes causes reproduisent les mêmes effets et on ignore ce qui se serait passé si la ligue n’avait pas été dissoute en 1936. Mais cette dissolution est instructive : les dirigeants, Maurras en tête, craignent d’abord pour l’avenir du journal. C’est leur principale préoccupation, beaucoup plus que l’organisation militante qui s’éteint alors. Une dernière remarque enfin. On constate, à observer l’histoire des dissidences dans la durée, que derrière les caractéristiques particulières liées aux individus elles présentent des similitudes. J’en retiendrai trois : départs conflictuels et polémiques (avec dans certains cas des procès judiciaires), mise en cause par les dissidents de la stratégie suivie et donc du « maître » ; mais aussi, et peut-être surtout, absence de remise en cause de la politique suivie par la direction. Des dissidences et de leur succession, aucune leçon n’est tirée, ce qui explique la récurrence des crises.

    Le « rendez-vous manqué » que vous évoquez l’a-t-il été, aussi, à cause de l’importance de ce mouvement, ou à l’inverse à cause de ses nombreux et influents dissidents ?

    Le rendez-vous manqué des relèves des années trente doit son titre à l’effort de pesée que j’ai entrepris entre le bouillonnement né à la fin des années 1920 et l’aptitude de ces relèves à transformer la société de leur temps. Je concluais ce livre en insistant sur le crépuscule des « non-conformistes » et « l’aurore des technocrates » qui ont été, et dans la durée, les relèves sans doute les plus efficaces pour faire valoir leur importance, leur nouveauté et leur légitimité et ce, de l’avant-guerre à l’Occupation et à la Libération-reconstruction. Les raisons de ce succès sont nombreuses et j’en citerai trois. Ces relèves technocratiques ont su rendre légitime un statut d’expert susceptible de remettre en cause certaines élites en place (les ingénieurs économistes d’X-Crise planistes contre les professeurs d’économie libéraux) pour faire face à la crise économique. Ces relèves se caractérisent aussi par une appétence pour l’exercice des responsabilités qui leur a permis de répondre positivement aux appels des responsables gouvernementaux, et ce nonobstant leur couleur politique. Enfin, si les relèves spiritualistes se sont d’abord construites sur des refus (à commencer par celui de la modernité technocratique émergente) les relèves technocratiques, marquées par « l’opérationnalisme », sont arrivées auprès des décideurs avec un projet dominé par le souci de rationalisation et de modernisation et un catalogue de mesures à mettre en œuvre.

    Source

    http://www.voxnr.com/9112/les-plus-celebres-dissidents-de-laction-francaise-sont-des-hommes-de-plume