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entretiens et videos - Page 761

  • 10 % des enfants avortés ou nés prématurément à partir de la 20e semaine naissent vivants

    Mercredi 13 avril, l’ECLJ (European center for law and justice – Le centre européen du droit et de la justice) animait, à l’invitation du groupe bioéthique du Parti populaire européen, une conférence sur les infanticides néonataux. Une manière pour Gregor Puppinck, directeur de l’ECLJ et Claire de La Hougue, chercheur associée, d’alerter les élus sur une pratique de plus en plus courante dans nos pays, mais largement méconnue du grand public. Gregor Puppinck répond à Anne Isbeth dans Présent :

    "Nous avons présenté les résultats d’une étude que nous avons publiée en décembre dernier dans la Revue générale de droit médical. Cette étude avait déjà servi, en 2015, de support à une action de l’ECLJ auprès du Conseil de l’Europe sur ce même thème de la situation des enfants soit nés prématurément naturellement, soit nés vivants à la suite d’un avortement tardif. Après avoir découvert la réalité des infanticides néonataux nous avons décidé de creuser le sujet et de rassembler des documents. Cela a été un vrai travail d’exploration qui a duré plus d’un an. Nous voulions voir ce qu’il en était vraiment : s’il existait réellement des enfants survivant à un avortement tardif et quel était leur sort. Les témoignages que nous avons récoltés ont confirmé que les infanticides néonataux existent.

    D’après des statistiques publiées en Grande-Bretagne, environ 10 % des enfants avortés ou nés prématurément à partir de la 20e semaine naissent vivants. Cela fait beaucoup.

    Tous les moyens sont bons, malheureusement pour tuer l’enfant né vivant. Dans certains cas ils reçoivent une injection létale, dans d’autres ils sont noyés ou encore abandonnés dans une pièce à l’écart, le temps qu’ils meurent.

    Nous sommes confrontés ici aux conséquences extrêmes de l’avortement.

    Juridiquement parlant, quel est l’impact de cette découverte de l’existence d’infanticides néonataux ?

    Cela met en cause un principe juridique bien établi selon lequel le droit à la vie ne commence qu’à la naissance et derrière lequel se sont réfugiés les pays qui ont toléré l’avortement. Or, dans ces cas-là, les enfants sont nés, ils respirent, voire sont viables parfois. Certains ont vécu plus de 24 heures après leur naissance. Pourtant ils ont été tués !

    Vous montrez des témoignages durant cette conférence. On y entend notamment que souvent les parents ne sont même pas mis au courant. Pensiez-vous qu’il en était ainsi ?

    Je savais qu’il y avait une part de non-dit, de mensonge. Mais à ce point, je ne le pensais pas et surtout que ce soit si systématique. Cela dit c’est logique : on peut l’expliquer, sans pour autant le justifier. La première des explications est pénale : ces actes sont interdits. D’où ce silence. Il y a aussi l’aspect psychologique : ces médecins – certains de bonne foi – veulent ainsi éviter aux parents de souffrir davantage. Enfin, au niveau administratif et prise en charge de l’enfant, il est beaucoup plus simple de le déclarer mort-né, même s’il est né vivant. [...]"

    Abominable.

    Michel Janva

  • Notre Ami Pierre Cassen victime de l'acharnement des forces de répression de l'oligarchie aux abois

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    Pierre Cassen, fondateur de Riposte laïque, a donc été l’objet, ce jour, d’une perquisition en son domicile. Christine Tasin a pu le joindre, et mener cette interview, qu’elle vient de nous faire parvenir.

    Source de l'entretien cliquez ici

    Riposte Laïque : Tu viens donc d’être l’objet d’une perquisition en ton domicile. As-tu été surpris ?

    Pierre Cassen : Même quand on se prépare à de telles éventualités, on a quand même toujours du mal à accepter de voir sa maison perquisitionnée, comme si on était un vulgaire malfrat. Bien que les policiers se soient montrés courtois, ma situation, ce soir, est que je n’ai plus d’ordinateur, ni de téléphone portable, avec naturellement ce que cela implique, dans mon quotidien. Je n’ai pas l’habitude de tourner autour du pot, ce matin, quand l’officier de police m’a annoncé, à l’issue de mon nième interrogatoire, qu’ils allaient perquisitionner chez moi, à près de deux heures de Paris, je n’ai pu m’empêcher de dire : « C’est scandaleux », et j’ai dû faire preuve de beaucoup de contrôle pour ne pas en dire davantage… Je considère qu’une personne comme moi, qui mène la bataille des idées, n’aurait jamais dû être traîné devant un tribunal, avec mon ami Pascal Hilout, ni être harcelé comme je le suis par le Parquet depuis plusieurs années. Je dois en être à une dizaine d’interrogatoires par des policiers, à qui je dis tout le temps que je ne suis plus responsable du site depuis 2012. Mais j’ai l’impression qu’en haut lieu, je dirais même en très haut lieu, on veut se payer Pierre Cassen par tous les moyens.

    Riposte Laïque : Mais avais-tu senti des signes annonciateurs de cette nouvelle étape ?

    Pierre Cassen : Oui, à deux reprises. Il y a plusieurs mois, le responsable de la Brigade pour la Répression de la Délinquance à la Personne (de l’enfumage pour ne pas dire la police de la presse) m’avait fait savoir qu’il avait comme consigne de la part du Parquet d’enquêter de manière soutenue pour prouver que je demeurais le véritable chef de Riposte Laïque, bien qu’une décision du tribunal de Versailles, datée de mars 2013, ait confirmé qu’à présent, ce sont les Suisses qui ont la main sur le site. Les socialistes sont pour toutes les délocalisations… sauf celle de Riposte Laïque (humour). D’autre part, il y a environ quinze jours, alors que j’étais à plusieurs centaines de kilomètres de mon domicile, j’ai reçu, à ma grande surprise, un coup de téléphone de policiers, m’informant qu’ils étaient devant chez moi. Je n’ai pu que leur faire savoir qu’ils auraient du me téléphoner avant, cela aurait évité un déplacement inutile. Alors, disons que je m’attendais un peu à un mauvais coup de la sorte, surtout dans le contexte où les juges viennent de condamner Caroline Alamachère à 10.000 euros d’amende et de dommages et intérêts, sans parler du verdict inique de la 17e Chambre, qui a osé sanctionner Alain Jean-Mairet (faudrait savoir, si on condamne notre directeur suisse, on ne peut pas en même temps dire que c’est Pierre Cassen le vrai chef !) à 8.000 euros d’amende et de dommages et intérêts. Enorme ! La France socialiste, police de la pensée du monde, condamne un Suisse qui, sur un site helvétique, a publié le texte d’un Tunisien ! Donc on sentait bien qu’il y avait, de la part du pouvoir et de ses exécutants, la volonté d’accélérer l’offensive.

    Riposte Laïque : Mais on te reproche quoi, exactement ?

    Pierre Cassen : Ils paraissent avoir du mal à accepter l’idée que cela soient des Suisses qui sont responsables de notre site, en toute légalité, et pas des Français. Ils semblent regretter le temps où ils pouvaient faire condamner Pierre Cassen, comme responsable du site, à des amendes exorbitantes, voire même réclamer de la prison avec sursis, rien de moins ! Au-delà de cette affaire de responsabilité de RL, ils me suspectent à présent d’avoir été l’homme qui aurait appuyé sur le bouton d’un tweet montrant Anne Hidalgo lécher une babouche musulmane, le jour où elle commémorait le ramadan à la mairie de Paris, ce qui n’est pas très laïque. Il paraît que cela est très grave, et que cela s’appelle « injure publique à une personne exerçant une autorité publique ». A noter que le maire de Paris, grande cheftaine de l’opération « Je suis Charlie », qui a osé faire de cet hebdo un citoyen d’honneur de la Ville de Paris, a également déposé plainte contre la dessinatrice Ri7, auteur du dessin originel. Ce régime, au lieu de mettre toutes les forces du pays contre les disciples de Merah, persécute donc les résistants à la barbarie qui s’annonce. Toute l’imposture de cette gauche se retrouve dans ces deux plaintes grotesques, ainsi que dans toutes celles qui ont suivi. Ces gens là se comportent comme les derniers staliniens d’Europe de l’ouest.

    Riposte Laïque : Es-tu inquiet, suite à cette perquisition, des conséquences de ce que les policiers pourraient trouver sur tes ordinateur et téléphone ?

    Pierre Cassen : Je voulais d’abord dire à nos lecteurs ce que cela provoque, en soi, de se voir barboter des affaires aussi précieuses. C’est comme si on se permettait de vous voler votre journal intime. Il y a comme une sorte de viol. Mon ordinateur, comme mon téléphone, sont des objets précieux, où sont conservées des choses très personnelles, qui n’appartiennent qu’à moi et à ceux que j’aime. Je trouve intolérable que quelqu’un comme moi puisse voir des personnes que je ne connais pas avoir accès à mes dossiers personnels. Après, on verra bien si ce qu’ils trouvent dans mes affaires leur donne la possibilité de me mettre en examen, ce dont certains rêvent. J’avoue avoir assez confiance, et en plus, l’adversité me galvanise, mais avec de tels dirigeants politiques, je m’attends à tous les coups tordus. Donc, j’étais déjà déterminé à dire tout le bien que je pensais des socialistes avant cette perquisition (lire mes articles sur Razzy Hammadi hier, et ce jour sur Manuel Valls sur Boulevard Voltaire), inutile de vous dire qu’après une telle journée, ma détermination est décuplée. Je n’ai jamais supporté des modèles de société totalitaires, et je trouve qu’on s’en rapproche de plus en plus dangereusement.

    Riposte Laïque : As-tu peur pour ton avenir ?

    Pierre Cassen : La peur n’évite pas le danger. De quoi parles-tu ? Les socialistes et leurs obligés ne m’inquiètent absolument pas, malgré leur capacité de nuisance et leurs pulsions totalitaires. Dans un an, ils ne seront plus aux affaires, alors que Riposte Laïque sera toujours présent, et fêtera ses dix ans d’existence. D’ici là, Cazeneuve nous aura fait quatre procès. Hidalgo deux, et Bergé un… Eh bien, on réclamera une amnistie générale pour tous les délits d’opinion quand on se sera débarrassé de ces haineux. Je fais confiance à nos amis rédacteurs pour ridiculiser comme ils le méritent ces tristes sires, et retourner ce procès contre ceux qui les intentent. Ma sécurité ? Quand on a choisi le type de militantisme qui est le mien, et le tien, on ne se cache pas derrière son petit doigt, on se sait un peu plus exposé que le Français moyen. Je vis avec. Mais ce sont des Français moyens qui sont morts au Bataclan, et des Belges moyens qui sont morts à Bruxelles. J’ai davantage peur pour ceux que j’aime, et qui sont bien plus jeunes que moi. C’est d’ailleurs pour cela que je milite, partout où je le peux, contre l’islamisation de notre pays, pour convaincre mes amis que la seule réponse est l’éradication de l’islam sur le territoire français et la remigration massive de tous ceux qui veulent nous imposer la charia en France. Je n’ai pas l’ombre d’un doute, depuis plus de dix ans que je milite pour cela, nous avons raison, et ce combat est vital pour l’avenir de notre pays, de ses valeurs et de sa civilisation. Et si cela nous vaut encore des procès, eh bien, on fera face !

    Riposte Laïque : Tu veux ajouter quelque chose ?

    Pierre Cassen : Je suis très fier du combat que nous menons depuis plus de dix ans, ensemble et avec d’autres patriotes. Très fier de ce qu’est devenu Riposte Laïque, d’avoir impulsé ce journal cinq années durant, et d’avoir su passer la main, tout en continuant à travailler avec mes amis. Je prends ces plaintes à répétition, et cette perquisition, comme un hommage, qui prouve que nous tapons juste, et que nous faisons mal à ceux qui trahissent la France. Longue vie à Riposte Laïque, et que mes copains continuent à s’occuper tous les jours des islamo-collabos!

    Une dernière chose, que les amis qui m’ont laissé leur téléphone lors des trois derniers mois me le renvoient, ou l’envoient à Christine, cela peut servir…

    Propos recueillis par Christine Tasin

    NDLR : La direction de Synthèse nationale tient à exprimer ici sa solidarité avec Pierre Cassen et nos amis de Riposte laïque face à l'acharnement dont ils sont les victimes.

    http://synthesenationale.hautetfort.com/

  • Conférence Dextra du 15 avril : La réforme pénale ou le prolongement de l'état d'urgence, par A. Deprau

    Chers amis et camarades, 
    Dextra recevra ce vendredi 15 avril, Alexis Deprau, Doctorant en droit à l'Université Paris II - Assas qui nous parlera de :
    "La réforme pénale ou le prolongement de l'état d'urgence".
    Nous vous attendons nombreux, à partir de 19 h, pour cette nouvelle conférence, 
    A vendredi !

  • Menaces d'attentat : Civitas n'a pas été contacté par la police

    Extrait de la réaction d'Alain Escada à propos des menaces qui pèseraient sur Civitas (via MPI):

    6a00d83451619c69e201bb08d6c5f0970d-320wi.jpgComment avez-vous appris la nouvelle que Civitas avait figuré parmi une liste de cibles potentielles des terroristes de Bruxelles ?

    J’ai pris connaissance de cette rumeur par l’entremise des médias. Dans un premier temps, il était question d’une « association catholique conservatrice basée à Argenteuil ». Ensuite, le nom de Civitas est apparu explicitement.

    Que vous en a dit la police ?

    Rien. A cette heure, seuls des journalistes m’ont appelé. Je n’ai pas eu le moindre contact avec un quelconque service de police.

    Cela vous inquiète-t-il ? Auriez-vous souhaité une protection policière ? Changez-vous votre emploi du temps ?

    Non, je ne suis pas inquiet. Si la police ne nous a pas contactés, c’est probablement qu’elle estime qu’il n’y a pas de danger (...). Mes saints anges gardiens valent bien quelques gardes du corps. Rassurez-vous, je dors bien. A Dieu seul de décider de mon heure dernière. Mais, pour être clair, je ne pense pas un seul instant être la cible prioritaire d’un mouvement terroriste. Du reste, je m’interroge. N’est-il pas étrange que rien qui symbolise le gouvernement ou les véritables lieux du pouvoir ne figure parmi la liste des cibles potentielles de terroristes djihadistes ?

    Quant au fait que Civitas retienne l’attention de terroristes djihadistes, j’ai plaisanté toute la journée avec les journalistes sur le fait que, jusqu’au Proche-Orient, Civitas serait donc considéré comme le dernier emblème de la Chrétienté. En vérité, pour l’instant je me méfie plus de Bercy qui, sur injonction de la franc-maçonnerie, a infligé à Civitas un redressement fiscal carabiné, que de quelconques terroristes.

    Philippe Carhon

  • Entretien avec Guy Mettan: «On assiste à la faillite de la puissance intellectuelle de la France»

    Ex: http://arretsurinfo.ch

    Guy Mettan est un journaliste et une personnalité politique suisse. Il a été rédacteur en chef de le Tribune de Genève et président de la Croix Rouge Genevoise. Aujourd’hui, il est député PDC (centriste) au Grand Conseil du canton de Genève et directeur du Club suisse de la presse. En 2015, il a publié Russie-Occident, une guerre de mille ans : La russophobie de Charlemagne à la crise ukrainienne aux Éditions des Syrtes.

    Guy Mettan, bonjour. Commençons par votre livre. Vous pensez que la russophobie que l’on observe depuis la Deuxième guerre mondiale sert à structurer le patchwork des sociétés occidentales « contre un ennemi commun ». Est-ce là sa seule fonction?

    Non, le « contre un ennemi commun » n’est que l’une de ses fonctions. La russophobie, comme je l’explique dans ce livre, est un phénomène qui remonte très loin et qui concerne un large espace géographique. J’ai effectivement voulu en montrer les racines profondes et les manifestations. Elle trouve des formes nouvelles à chaque génération, mais découle d’un substrat qui est, lui, très ancien.

    Concrètement, depuis une dizaine d’années, plus la crise de l’Union européenne s’intensifie, plus la russophobie s’accroît. C’est comme si l’UE avait elle aussi besoin de se créer un ennemi pour exister : c’est le sens de cette expression. Cependant, la russophobie n’est absolument pas limitée à l’UE, bien au contraire : elle est encore plus virulente aux États-Unis.

    Pensez-vous qu’il y ait réellement une russophobie chez les Européens ou s’agit-il d’une fabrication de la propagande américaine ?

    Historiquement, la russophobie n’est pas venue des USA. En France, elle était déjà présente de la fin du XVIIIe siècle au XIXe siècle ; c’est suite à sa défaite face à l’Allemagne en 1870 que la France a renoué avec la Russie pour faire face à la menace de l’Empire allemand.

    La russophobie a dès lors émigré en Grande Bretagne. Après les guerres napoléoniennes, elle a servi à justifier le conflit géopolitique entre l’Empire britannique et la Russie en Asie centrale. Elle a ensuite émigré en Allemagne à la fin du XIXème siècle : les Allemands cherchaient en effet à agrandir leur empire à peine unifié et se sont tournés vers les territoires d’Europe de l’Est. C’était la fameuse théorie du Lebensraum, l’espace vital, d’abord mise en place par le IIe Reich et ensuite reprise avec une violence extrême par Hitler. La russophobie est donc avant tout un phénomène européen qui a ensuite  migré aux États-Unis. Une fois la Deuxième Guerre mondiale gagnée grâce à l’apport soviétique – 26 millions de morts dont 13 millions de Russes – les Américains se sont emparés de cette russophobie pour en faire le fondement idéologique de la Guerre froide et justifier leur propre expansionnisme. Les États-Unis, au fond, sont les derniers héritiers de cette longue tradition russophobe.

    On constate donc qu’il n’existe pas de russophobie intrinsèquement européenne. Il existe effectivement un conflit, qui remonte selon moi à Charlemagne et au schisme religieux de 1054. Cette vieille division a fait naître une profonde rivalité entre ces deux mondes, qui resurgit aujourd’hui à la faveur de circonstances politiques. Elle relève plus de facteurs politiques que d’une haine inextinguible. Il existe d’ailleurs aussi une forme de russophilie : avant, elle  se situait dans les partis communistes occidentaux. Elle existe encore à gauche, mais de façon plutôt marginale. De nos jours, la russophilie est surtout dans le camp conservateur.

    La Russie a toujours généré en Europe des sentiments de forte sympathie et/ou de forte haine. Simplement, ces haines, ces phobies dominent au niveau officiel, celui des chancelleries et des médias, parce qu’elles servent des intérêts politiques. En l’occurrence, elles servent à légitimer l’expansionnisme occidental. Sous prétexte de s’opposer à un supposé expansionnisme russe, on légitime son propre expansionnisme. C’est le rôle de la propagande russophobe. On le voit à propos de la Syrie et plus largement à chaque fois que la Russie s’exprime ou agit : les propos russophobes s’exacerbent, deviennent même violents.

    Selon certains analystes américains, la Guerre froide a été la « colle sociale » qui a servi à structurer les USA. Pensez-vous que l’UE réussisse aussi à se forger une identité avec cet ennemi ?

    Oui, je crois que la russophobie a deux fonctions. D’une part, elle permet de structurer l’espace géopolitique. C’est l’argument avancé pour justifier les incursions, les agressions, pour ne pas dire les invasions effectuées par l’Occident (appelons-le l’Occident puisque, que ce soit l’UE ou les États-Unis, ce sont deux composantes d’une même réalité géopolitique).

    D’autre part, la russophobie permet de façonner politiquement et sociologiquement l’opinion. Elle permet, via une forme de propagande, d’obtenir l’adhésion des opinions populaires à ce programme d’expansion, qui est, osons le dire, un programme impérialiste. Voilà pourquoi la russophobie est si utile et si souvent exploitée par les médias, par les chancelleries et par les Think Tanks qui structurent l’opinion publique en Occident.

    Nous allons en venir à la façon dont votre livre a été accueilli. En Suisse dont vous êtes originaire et où vous résidez, il a reçu un bon accueil. Est-ce que cela a été le cas en France ?

    En Suisse, cela fait 35 ans que je connais le milieu du journalisme et cela s’est plutôt bien passé. Ajoutons que la Suisse est un pays particulier : nous avons quatre langues, deux religions et quatre cultures. Nous sommes donc habitués à prendre en considération des opinions qui ne sont pas forcément les nôtres. Et, contrairement à la France, nous n’avons pas l’habitude de stigmatiser quelqu’un parce qu’il serait de gauche ou de droite. Pendant les campagnes politiques, tout le monde débat autour d’une même table. En France, si vous êtes estampillé de gauche, il est impossible de débattre avec quelqu’un de droite, et inversement. Nous avons donc une tradition un peu différente. Enfin, en raison de notre neutralité, nous sommes plus habitués à écouter des points de vue qui ne sont pas ceux de la majorité.

    En France, mon livre a été bien reçu par le public. Il se vend bien mais son succès repose sur le bouche-à-oreille. Les médias français m’ont tous boycotté.

    Pensez-vous que la censure dont vous avez fait l’objet était orchestrée ? 

    Non, je ne pense pas que ce soit orchestré. Cela relève de la tendance générale : les médias de gauche ou de droite, en tous cas sur la Russie, disent tous à peu près la même chose. On ignore donc simplement une opinion divergente parce qu’elle ne rentre pas dans le cadre. Fait curieux, même le Monde Diplomatique, qui est pourtant beaucoup plus ouvert à d’autres points de vue, notamment de pays émergents ou de pays du Sud, et qui est le moins russophobe des médias français, n’a pas publié de critique. J’ai pu faire paraître une opinion dans Libération, grâce à un ami. Aucun autre passage dans les médias, qu’ils soient écrits ou audiovisuels.

    En revanche, et c’est un point intéressant, plus on s’éloigne de la France et des États-Unis, meilleur est l’accueil. Les Italiens, les Chinois vont traduire et éditer le livre d’ici la fin de l’année. La Russie aussi, cela va de soi.

    Ce n’est pas surprenant puisque la russophobie est un phénomène exclusivement européen et américain. En Amérique latine, en Afrique, en Asie, même au Japon malgré les deux guerres qui ont opposé Russie et Japon, les réactions russophobes sont absentes.

    Pensez-vous que la censure de l’UE, et des médias mainstream occidentaux en général, soit la marque d’une faiblesse ? Quand on n’accepte pas d’écouter un dissident, est-ce parce qu’on a une position fragile et qu’on est mal à l’aise ?

    Certainement. La Russie met le doigt sur nos propres insuffisances en matière de politique étrangère. Elle les dévoile aux opinions politiques occidentales qui ont été largement endormies par la propagande, qui parlait d’ « expansion de démocratie », de « lutte pour les droits de l’homme », etc. Mais ces raisons d’intervenir ne servaient en réalité qu’à masquer des intérêts purement économiques et géopolitiques. La Russie révèle cette vérité dérangeante aux franges les plus lucides de l’opinion occidentale.

    C’est exactement ce qui se passe aussi avec la Syrie. Pendant des années, on nous a vendu les rebelles syriens comme des « combattants de la liberté ». C’est ainsi qu’on les nommait en 2011. Ensuite, on les appelait « djihadistes », « combattants de la foi », ce qui est encore une dénomination politique. Jusqu’à ce qu’enfin, on se rende compte que ces gens étaient des purs terroristes. Il a fallu deux attaques à Paris, celle de Charlie Hebdo et celle du 13 novembre pour que les Français se rendent compte qu’on avait affaire à des terroristes purs et durs, et aucunement à des « combattants de la liberté » comme on nous l’avait seriné pendant des années. Les Russes l’avaient dit bien avant et leur intervention l’a démontré.

    Pensez-vous que dans l’UE, c’est l’amplification de ce malaise qui engendre une surenchère dans la russophobie allant jusqu’à des insultes régulières envers Vladimir Poutine ?

    Le malaise, aujourd’hui amplifié, a commencé en 2003, c’est-à-dire au moment où la Russie a voulu récupérer sa souveraineté nationale sur ses ressources, et qui parallèlement s’est opposée à l’invasion de l’Irak par les États-Unis. Entre 2001 et 2003, après les attentats du 11 Septembre, la Russie et les États-Unis s’entendaient très bien. Poutine avait même offert ses bons services à Bush dans sa lutte contre l’islamisme.

    Début 2003, vint l’affaire Khodorkovski : le président russe s’est opposé à la mainmise des Américains sur le pétrole russe. Kodorkovski a été mis en prison parce qu’il cédait tous les actifs russes de Ioukos aux Américains pour une bouchée de pain, et qu’il voulait se présenter aux élections afin d’être élu président et devenir le relais de la politique américaine en Russie. Ensuite, à l’automne 2003, la Russie s’est opposée à l’invasion de l’Irak. Ces deux événements ont suscité une recrudescence de la propagande anti-russe dans les médias occidentaux.

    Puis vint l’affaire de la Géorgie, en 2008. Alors même que c’était le président Saakachvili qui avait attaqué les forces russes en Ossétie, on a vu la propagande occidentale affirmer le contraire. Encore aujourd’hui, bien qu’un rapport accessible à tous sur le site du Conseil de l’Europe démontre que c’est bien la Géorgie qui avait attaqué, les journaux continuent à diffuser la fausse version.

    Les propos hostiles à la politique de la Russie ont ensuite été alimentés par l’Ukraine. On sait maintenant que la révolution du Maïdan a été largement fomentée, comme l’a dit Victoria Nuland, Secrétaire d’État américaine adjointe, par l’investissement dans des ONG de 5 milliards de dollars destinés à renverser le gouvernement Ianoukovitch. Bien sûr, le peuple ukrainien était excédé par la corruption ambiante, mais nous avons attisé ce mouvement et nous avons profité de cette frustration populaire pour mener à bien un coup d’État qui n’était pas du tout le changement voulu par le peuple. Et deux ans plus tard, le gouvernement mis en place avec Iatseniouk apparaît tout aussi corrompu que le précédent.

    Mais par le biais de cette révolution vampirisée par des oligarques pro-occidentaux, l’Ukraine a basculé dans le camp occidental, réalisant un rêve américain vieux de 50 ans. Brzezinski écrivait noir sur blanc : « l’Amérique doit absolument s’emparer de l’Ukraine, parce que l’Ukraine est le pivot de la puissance russe en Europe. Une fois l’Ukraine séparée de la Russie, la Russie n’est plus une menace ». C’est ce programme qui a été réalisé en 2014. On s’en apercevra avec éclat, mais dans dix ou quinze ans, quand la vérité commencera à sortir peu à peu. Comme pour le début de la guerre du Vietnam et l’incident du golfe du Tonkin, la vérité finira par émerger, mais seulement quand elle sera devenue indolore et surtout, irréversible.

    Revenons aux médias. Quand on observe le paysage médiatique américain, on y constate un pluralisme beaucoup plus marqué que chez nous. Là-bas, il va de la droite dure neocon de Fox News jusqu’à des publications de gauche grand public comme Salon.com et à des voix radicales, des journalistes très engagés contre le système qui ne sont absolument pas des marginaux, comme par exemple Glenn Greenwald. On a même eu récemment une tribune du neveu du président Kennedy contre la politique étrangère américaine. Pourquoi la France, et même l’Union Européenne, sont-elles plus royalistes que le roi anglo-saxon et pourquoi tente-t-on à ce point d’étouffer le débat d’idées ici ?

    Pour moi qui suis francophone, qui ai passé mon bac en France, qui vis constamment aux coté de Français, c’est une immense déception et un grand mystère. Comme vous l’avez dit, si les médias dominants aux États-Unis sont totalement anti-russes, il existe aux États-Unis des médias marginaux ou des voix marginales qu’on peut entendre. Il y a beaucoup de recherches universitaires, même dans de petites universités, qui dénoncent ces manipulations, cette mainmise des médias mainstreams sur l’opinion générale.

    Il existe même des publications d’universités aussi célèbres que Princeton contre le système américaniste…

    Oui. Ces voix sont marginales, certes, au sein des publications générales des universités, mais elles existent toutes. Mon livre ne cite d’ailleurs que des sources américaines, anglaises ou européennes. En Allemagne aussi on peut trouver ces voix-là, même si elles sont périphériques. En revanche en France, c’est totalement exclu. Pour moi, c’est une immense déception, parce que cela marque l’abdication des grands intellectuels français.

    La France, depuis le XVIIIe siècle, a toujours été un phare intellectuel pour le monde. Elle a un peu perdu de sa puissance politique mais elle était restée, jusqu’au début des années 90, disons une grande puissance intellectuelle ; maintenant on assiste à sa faillite.

    Aujourd’hui, les intellectuels sont tous complètement alignés dans une sorte d’unanimisme. Ils expriment une vision du monde totalement sectaire qui prétend s’appuyer sur le culte des droits de l’homme, de la démocratie, de l’humanisme et qui, de fait, se révèle être une manière d’instrumentaliser l’esprit des Lumières et des droits de l’homme pour le mettre au service de causes et d’intérêts totalement médiocres. Pour vendre des armes à l’Arabie Saoudite, on est capables de diaboliser Poutine et de ne pas dire un mot sur ce qui se passe en Arabie saoudite, où c’est cent fois pire que tout ce que l’on peut voir et que l’on pourrait critiquer en Russie. C’est pareil pour la Turquie.

    Pour l’observateur que je suis, cet aveuglement paraît absolument incompréhensible. Cette espèce de subjugation intellectuelle représente une démission intellectuelle face aux États-Unis et aux Anglo-saxons ou tout du moins, face à une partie de l’establishment intellectuel anglo-saxon.

    Cet aveuglement des intellectuels fait écho à un aveuglement politique. Si en février 2014, la France  avait joué le rôle que l’on attendait d’elle dans la crise ukrainienne, elle se serait précipitée à Moscou pour exiger le respect de l’accord qui avait été signé le 21 février 2014 par Laurent Fabius, Steinmeyer et d’autres. Ianoukovitch aussi l’avait signé. Alors la guerre civile aurait été évitée. La Crimée, le Donbass seraient toujours ukrainiens. Poutine serait sorti de ce guêpier en sauvant la face, la tête haute, ce qui est toujours important en politique. Même chose en Syrie : s’obstiner à vouloir absolument faire du renversement d’Assad un préalable à toute négociation est politiquement suicidaire.

    On assiste à un alignement total de la France sur les États-Unis, une démission, une capitulation. S’il s’agissait d’un rapport de force, on pourrait comprendre. Mais vu de l’extérieur, sur le plan intellectuel, qu’aucun journaliste français ne conteste cette position est incompréhensible.

    Une dernière question : récemment, pour alimenter l’hystérie, les médias ont mis en avant des opposants à Poutine qui ne sont tout bonnement pas crédibles, comme Garry Kasparov. La montée dans l’hystérie est-elle une bonne stratégie de propagande ? Cela a-t-il un impact efficace sur les foules ?

    J’ai reçu Kasparov. Dans la presse que je dirige, je donne la parole à Poutine, aux opposants, je donne la parole à tout le monde parce que justement, j’estime que c’est une règle de base du journalisme intellectuellement honnête. Ce qui ne veut pas dire que l’on doive adhérer à tout ce qui est dit, mais quand on fait ce travail, on est d’autant plus autorisé à émettre sa propre opinion que l’on donne aussi à l’opinion publique les moyens de juger.

    Pour répondre à votre question, il est vrai que l’hystérisation peut être efficace. On l’a vu pendant les années 30, où l’on avait affaire à un hystérique qui a réussi à captiver les foules, à les drainer. L’hystérie peut être un moyen de communication redoutable. Quand la conscience collective est anesthésiée, elle finit par adhérer aux discours les plus extrémistes.

    C’est un sujet de préoccupation grave pour les vrais démocrates. Un vrai démocrate ne peut pas accepter qu’un homme politique s’exprime de façon hystérique. Face à une société éveillée, lucide, critique, informée, le danger de l’hystérie est faible ; en revanche, quand l’opinion est en permanence bombardée par de la propagande, elle commence à y adhérer, et l’hystérie l’emporte. Ce point devrait mobiliser une attention toute particulière de la part des démocrates.

    Interview réalisée par Corinne Roussel, publiée le 5 avril 2016 par Les-crises.fr 

    Source: http://www.les-crises.fr/

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