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entretiens et videos - Page 764

  • Marion Maréchal-Le Pen : « Le plafond de verre est une légende médiatique »

    ITW Marion

    Député du Vaucluse, benjamine de l’Assemblée nationale, candidate malheureuse aux régionales en Provence-Alpes-Côte d’Azur, Marion Maréchal-Le Pen tire les enseignements de la défaite du FN et entend rebondir pour une prochaine victoire.

    Quelles leçons tirez-vous des élections régionales ?
    Malgré la déception des résultats, je retiens quelques faits extrêmement positifs. Des faits inédits. En Paca, je pense en particulier aux invitations que nous ont adressées un certain nombre d’institutions comme l’évêché de Toulon, la chambre de commerce et d’industrie, les syndicats patronaux comme le Medef ou la CGPME. Cela aurait été inimaginable il y quelques années ! Cette campagne des régionales, où nos candidats ont été traités à l’égal des autres, a en quelque sorte institutionnalisé le Front national en tant que force politique. Par ailleurs, seul contre tous, le FN a enregistré des scores historiquement hauts. Partout, il a progressé en nombre de voix. Dans le Vaucluse, où j’ai été élue, il a même obtenu la majorité absolue. C’est pourquoi je répète que le fameux « plafond de verre » est une légende médiatique qui ne résiste pas à l’analyse.

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  • Les conversions en masse dans plusieurs pays musulmans sont uniques dans l'histoire de l'islam

    Les Missionnaires de la Miséricorde, accueillis par Mgr Rey dans le diocèse de Fréjus-Toulon, ont fêté leur dixième anniversaire en septembre dernier. Leur croissance les a obligés à acheter une maison en centre-ville. Leur fondateur et supérieur, l’abbé Loiseau, est interrogé dans La Nef. Extrait :

    "[...] Notre communauté est encore modeste : cinq prêtres, onze séminaristes et un frère. Nous souhaitons, dans un premier temps, conforter nos lieux d’apostolat et développer une assistance variée dans nos paroisses. Les après-midi missionnaires avec les paroissiens sont un objectif important : il s'agit de missions de rue et de porte-à-porte avec des laïcs. Vous savez que notre souci est de développer la mission particulièrement auprès des musulmans. Cela demande une formation régulière sur l'islam et la création de liens d'amitié, c’est un investissement important pour nous. La création de groupes alpha (dîners missionnaires) est aussi une priorité. Vous voyez les projets sont nombreux… [...]

    Je pense que la liturgie dans sa forme extraordinaire est un moyen privilégié aujourd’hui pour redonner la dimension sacrificielle et contemplative à la messe. On a trop oublié le caractère sacrificiel de la messe. Comme le disait Mgr Gamber, on a trop voulu privilégier la dimension anthropologique plutôt que la dimension théocentrique. L'homme moderne ne sera pas forcément touché par des enseignements, il a besoin du sacré pour s'élever vers Dieu. De plus, la forme extraordinaire s'inscrit dans la perspective de l'herméneutique de la continuité. En effet, le maintien de la messe traditionnelle rappelle qu’il ne peut y avoir de ruptures dans la foi et la liturgie. Cela doit être la même Église qui prie et célèbre avant ou après Vatican II : un rit millénaire nous permet de vivre cette continuité. Pour ce qui est du monde traditionaliste, je pense qu’il doit avoir une place importante dans l'Église aujourd'hui pour manifester cette continuité, son apport en liturgie et en doctrine étant capital.Mais nous avons tous un effort à réaliser pour avoir un élan missionnaire et pour travailler à l'unité suivant les perspectives de l'herméneutique de la continuité. L'enseignement du concile Vatican II à la lumière de la Tradition doit nous permettre de mieux vivre nos charismes et renouveler la vie spirituelle de nos communautés. Il est important pour la vie ecclésiale que nous soyons attentifs au renouveau missionnaire de nombreuses paroisses et communautés nouvelles. Mais il est aussi important de ne pas s'enfermer dans une réserve traditionaliste, la messe dans la forme extraordinaire s'adresse à tous, avec un souci de participation des fidèles comme le souhaitait le cardinal Ratzinger dans sa conférence de 1998 pour les dix ans d’Ecclesia Dei.

    Nous sommes dans l’Année de la Miséricorde voulue par le pape François : qu’est-ce que cela signifie pour vous ?

    C’est une année de grandes grâces offertes par l'Église. La Miséricorde est la spiritualité du troisième millénaire, comme le rappelait saint Jean-Paul II. L'ultime planche de salut pour l'humanité, comme le dit Notre Seigneur à sainte Faustine. Il y a donc une urgence eschatologique à annoncer au monde la Miséricorde Divine. C'est tout l'amour qui jaillit du Cœur du Christ pour l'humanité blessée par le péché. La Miséricorde est dans la continuité du culte du Sacré-Cœur avec une accentuation sur le pardon qui relève l'homme anéanti par le péché. Face aux structures de péchés et à la culture de mort, la Miséricorde divine nous apporte la délivrance et l'espérance d'une résurrection. Elle est l'ultime rempart face à la progression du mal, elle annonce le triomphe de l'amour du Christ. Le pape François touche le cœur de personnes loin de l'Église, cette année peut être l'occasion de mieux vivre le sacrement de réconciliation dans nos paroisses.

    Comment procédez-vous dans votre évangélisation auprès des musulmans ? Observez-vous des conversions de l’islam au christianisme ?

    Il est important de relever ce défi de la progression de l'islam en Europe. Il faut d'abord s’instruire de cette religion et prier afin que les musulmans puissent découvrir le vrai visage du Christ déformé par les textes du Coran et de la Sunna. Nous sommes dans trois villes où la population musulmane est très présente. Il nous suffit de nous promener dans la rue en habit pour que le contact puisse s'établir. Beaucoup de musulmans possèdent cette qualité de simplicité pour aborder les questions religieuses, ils n'ont pas de mauvais respect humain pour parler de Dieu en société. Nous nous rendons régulièrement dans les librairies musulmanes ainsi que dans les bars à Narguilé, le porte-à-porte reste aussi un moyen privilégié. Cette année, une famille entière nous a demandé le baptême, la personne de Jésus les a bouleversés ; un autre, c'est au cours d'une messe de Requiem que la grâce l'a touché. Il est difficile de chiffrer le nombre de demandes de baptême en France, beaucoup deviennent évangéliques d’ailleurs. Mais c'est dans les pays du Maghreb que nous assistons à des conversions en grand nombre, suite à des phénomènes mystiques comme rêver de Jésus ou de Marie. Au Maroc, les convertis sont rejetés par l'Église catholique, ils deviennent alors tous évangéliques. En Algérie et en Tunisie, ils peuvent être acceptés en petit nombre par la hiérarchie, mais ces nouveaux convertis sont souvent menacés. En tout cas, ces conversions en masse dans plusieurs pays musulmans comme en Indonésie sont uniques dans l'histoire de l'islam.

    Comment analysez-vous la position de l’Église à l’égard des musulmans et notamment vis-à-vis de leur conversion ?

    Souvent la hiérarchie est bloquée pour accueillir ces conversions pour trois raisons. La première c'est que l'islam interdit ces conversions, parfois sous peine de mort. La hiérarchie craint d'être expulsée. La deuxième raison est théologique, il s'agit d 'une mauvaise conception du dialogue interreligieux : l'islam leur apparaît soit comme une voie de salut, soit comme un chemin authentique vers Dieu. Enfin dans certains pays musulmans, le clergé craint que la demande de baptême ne soit pas sincère et soit liée à une possibilité d’immigration. S'il peut y avoir du vrai au moins pour deux de ces raisons, la hiérarchie est quand même très frileuse. Nous ne sommes pas, contrairement à ce que demande le magistère, dans une culture de la Mission. Je suis sûr que cela évoluera un jour. [...]"

  • Julien Sanchez : « Ils veulent dissoudre l’identité française »

    Julien Sanchez, maire de Beaucaire, est poursuivi par la Ligue des droits de l’homme pour avoir osé mettre une crèche dans l’hôtel de ville en 2014 et en 2015. Il réagit au micro de Boulevard Voltaire.

    http://www.bvoltaire.fr/juliensanchez/ils-veulent-dissoudre-lidentite-francaise,242666

  • Entrevue #24 : Georges Feltin-Tracol, auteur de Éléments pour une pensée extrême

    537126851.jpg1) Cercle Non Conforme : Georges Feltin-Tracol, on vous connaissait comme étant un stakhanoviste métapolitique via vos nombreuses publications (Europe Maxima, Réfléchir & Agir, Synthèse Nationale, Salut Public, vos ouvrages, etc.) mais on ne vous savait pas boxeur ! En effet, dès l’avant-propos de votre nouveau recueil, Éléments pour une pensée extrême, vous assenez des coups de poing ravageurs à la « Manif pour Tous » et à cette néo-coagulation libérale-conservatrice de tendance catholique. Et, pour ne rien arranger à votre cas, vous citez de manière positive, À nos amis, du Comité invisible… Cette entrée en matière n’est-elle pas en réalité le constat qu’il n’y a pas, ou plus, d’esprit révolutionnaire à droite et qu’il faut par conséquent chercher ce dernier à l’extrême gauche ?

    Georges Feltin-Tracol : Apparenter le Comité invisible à l’extrême gauche me paraît maladroit, car cette équipe anonyme provient de l’ultra-gauche, bien plus intelligente que les derniers débris du gauchisme. Éléments pour une pensée extrême se place de manière implicite sous le patronage de Julius Evola et de Guy Debord. Une association explosive ! Il existe pourtant entre l’œuvre du Baron et celle du dernier Debord, en particulier après l’assassinat mystérieux et jamais résolu de son ami et éditeur Gérard Lebovici en 1984, des points de vue similaires…
    Certes, l’ultra-gauche rêve du chaos tandis que la « droite révolutionnaire » propose l’Ordre par le renversement des valeurs surgi du désordre permanent cher aux libéraux. Si Éléments pour une pensée extrême se réfère et cite À nos amis ainsi que les études de L’Internationale, c’est parce qu’ils proposent des analyses intéressantes. La curiosité intellectuelle est toujours à l’affût. C’est une chasse bien singulière.

    2) C.N.C. : Éléments pour une pensée extrême prolonge Orientations rebelleset L'Esprit européen entre mémoires locales et volonté continentale, ouvrages dans lesquelles vous avez pour « coutume » de dédier quelques pages, dans une partie intitulée « Figures », à certains esprits européens. Dans le présent recueil, le lecteur retrouvera notamment un portrait de Maurice Bardèche, auteur qui semble avoir une importance toute particulière à vos yeux sachant que vous lui avez déjà consacré un opuscule, ainsi qu’un article dans un récent numéro des « Cahier des Amis de Robert Brasillach ». Représenterait-il, en ce qui vous concerne, un « pont » entre, d’une part, une droite nationale nombriliste et essoufflée et, d’autre part, une droite « identitaire » tournée vers l’Europe ?

    GF-T : Cet hommage à Maurice Bardèche est à l’origine une recension de la sympathique biographie de Francis Bergeron parue chez Pardès en 2012. Cet opuscule et une belle émission, n° 124, de « Méridien Zéro » consacrée à Bardèche (24 décembre 2012) m’incitèrent à reprendre et à achever Bardèche et l’Europe.
    Oui, Maurice Bardèche est un passeur entre un certain nationalisme francocentré et une vision non-atlantiste, non-démocratique bourgeoise de la construction européenne. Ses fulgurances géopolitiques remontant aux années 1950 impressionnent encore aujourd’hui. Mieux que Jean Monnet pour qui l’« Europe » ne peut se bâtir qu’à partir de l’économie et de la technique et à la différence de Denis de Rougemont qui considérait que seules la culture et l’éducation réaliseraient l’unité continentale, Maurice Bardèche défend une construction européenne proprement politique en privilégiant la défense et la diplomatie. Cette orientation délaissée reste encore virtuelle. Toutefois, on y viendra tôt ou tard.

    3) C.N.C. :  À vous lire, la France est morte et enterrée depuis fort longtemps. De sa dépouille serait née la République française, tyrannie laïciste, niveleuse, et multiculturelle/multiculturaliste, ayant l’idéologie des droits de l’homme comme catéchisme. Vous lui opposez une Europe « polyculturelle » dans laquelle la France pourrait renaître, non plus comme projet politique universel mais comme projet politique identitaire. En quoi le multiculturel est-il universel et le « polyculturel » identitaire ? Une France adepte de l’idéologie du « même » où les identités et particularismes s’effacent dans l’unité n’est-elle pas en définitive préférable à une France, certes, pleinement polyculturelle et identitaire mais fracturée ?

    GF-T : Je ne partage pas l’idolâtrie républicaine. Le Monde du 30 janvier 2013 se réjouissait que trois jours plus tôt, des manifestants favorables à l’homoconjugalité défilassent avec des slogans tels « Nous avons tous deux mamans, la République et la laïcité ». Me vient alors une forte envie de double matricide…
    Je suis plus nuancé à propos de la « mort de la France ». Je soutiens la thèse « gallovacantiste » ou « francovacantiste ». Contrairement à Jean-Pierre Chevènement pour qui « la République est l’identité moderne de la France (L’Express, 22 - 28 juin 2011) », j’estime que la République représente un corps étranger qui parasite et épuise la France, la défigure, la tue lentement.
    Les républicains la conçoivent comme une étape vers l’Universel. Si Régis Debray défend une res publica virile, ce qui est sympathique, les autres entérinent une conception multiculturaliste. Mot politiquement correct pour désigner le fait multiracial, « multiculturalisme » est par lui-même un terme ambigu puisque, en réalité, la République et sa misérable laïcité qui pourchasse de lourdes amendes les musulmanes voilées, ne favorisent pas la pluralité des cultures : elles imposent au contraire une pseudo-culture unitaire marchande genre rock coca. La République hexagonale veut fondre toutes les races (qui bien sûr n’existent pas) dans un vaste creuset métisseur afin de créer un non-être républicain sans la moindre attache charnelle. Maintenant, cet idéal pourri se combine avec l’idéologie gendériste si bien que le non-être républicain devrait être asexué, voire franchement androgyne.
    Au « multiculturel », j’oppose le polyculturalisme, concept forgé par le sociologue Michel Maffesoli dans Le temps des tribus (1988). Emmanuel Todd a raison de relever, dans L’Express (du 27 mars 2013) que « la France est d’une telle hétérogénéité que cela justifierait l’intervention de l’État afin qu’il tienne compte des différences et des complémentarités entre les territoires. […] Si [la France] a une diversité de type impérial, sa taille reste tout à fait ordinaire. Elle est petite à l’extérieur et grande à l’intérieur ». Dans Pourquoi la France, Jean Cau disait la même chose en 1975. Coexistent dans le même cadre politique des peuples d’origine celte, basque, latin, germanique, nordique, grecque et même slave. Polyculturalisme signifie donc reconnaître et valoriser toutes ces cultures vernaculaires européennes. C’est un « cosmopolitisme » enraciné européen positif. C’est ici que se trouve l’authentique diversité : l’âme européenne se décline en une multitude de variantes qui proviennent du même fond anthropologique. La France historique incarne cette variété européenne que la République laïcarde et maçonnique entend effacer. L’ethnocide est, hélas ! bien avancé. Les actuelles « fractures françaises » résultent d’une part de la cohabitation forcée de populations autochtones avec des masses allogènes sans cesse croissantes, et, d’autre part, d’un hyper-individualisme démentiel, parfait combustible à l’ultra-libéralisme. Contre le « tout à l’égo » parcellaire, l’unification (in)culturelle obligatoire et la fragmentation identitaire-communautariste, prenons un autre chemin : celui de la subsidiarité et de la prise en compte des rapports agonaux (l’agon est le conflit encadré, limité et réglé).

    4) C.N.C. : « La République gouverne mal mais se défend bien » disait Anatole France. Vous aviez déjà démontré la validité de cette maxime dans En liberté surveillée. Réquisitoire contre un système liberticide et vous poursuivez ce même travail dans Éléments pour une pensée extrême. Dans le domaine publique, le citoyen est encadré à divers niveaux par des lois liberticides (lois Pleven et Gayssot, abus dans le cadre de l’état d’urgence) et il en est de même dans la vie privée (interdiction de la fessé, intrusion et dérive législative au sein même du couple). En définitive, Jean Robin (sur Enquête et Débat) n’aurait-il pas raison quand il affirme, envers et contre tous, que nous vivons dans un pays communiste (cf. « Bistrot Libertés » n° 9 sur TV Libertés) ?

    GF-T : Je me méfie quand on emploie certains termes pour qualifier notre époque. L’anticommunisme est révolu ! Le Mur de Berlin est tombé depuis un quart de siècle. La restriction considérable des libertés en Occident, en Europe et en France n’est pas une démarche communiste; c’est surtout une entreprise libérale. En effet, contrairement à ce que croient les libertariens et les anti-libéraux superficiels, le libéralisme a besoin d’un État très fort et directif afin d’écraser toutes les entraves à sa logique marchande. Mâtiné de féminisme extrême, d’idéologie métisseuse, de rejet des différences ethno-culturelles et des traditions, le libéralisme 2.0 entend s’occuper de l’homme de sa naissance jusqu’à son décès au nom d’un soi-disant bien-être… payant ! Hippolyte Taine affirme que la République rêve d’un homme « né orphelin et mort célibataire ». Nous y sommes ! Ce zombie consommateur - producteur doit fumer chez lui son cannabis quotidien et regarder une télé mortifère pour l’esprit. Demeurent toujours les 5 % de rebelles, de récalcitrants et de réfractaires, possible grain de sable.

    5) C.N.C. : Dans l’article « L’heure d’éteindre les Lumières », vous retracez l’histoire de ce courant de pensée et vous finissez sur une réflexion non-conforme de l’idée de démocratie appliquée. À une époque où les mots perdent de leurs sens et où le peuple se méfie du concept de démocratie, n’est-il pas plus judicieux de parler de « souveraineté populaire » ? Vous préconisez entre autre un vote qualitatif et un vote familial. Êtes-vous, à l’instar de Julien Langella, favorable à la votation dès 16 ans ?

    GF-T : Qu’est-ce que la souveraineté ? Pour reprendre la célèbre phrase de Carl Schmitt, « est souverain celui qui décide de la situation exceptionnelle » et peu importe que son pouvoir provienne de l’hérédité, de l’élection ou de la nomination. La souveraineté est populaire à la base avec la pratique du tirage au sort, la révocation permanente des mandats et le recours fréquent aux référendums locaux à partir de projets concrets (Voulez-vous que votre commune construise a - une bibliothèque, b - un centre aéré pour migrants, c - une maison de retraite, d - des places de stationnement ?). Au sommet de l’État, la souveraineté est aristocratique avec une élite - un Ordre politico-mystique cher à Julius Evola et à Dominique Venner - soucieuse de diplomatie, de défense et de macro-économie. Ces différentes souverainetés se complètent pleinement dans le cadre d’un État organique.
    Julien Langella propose avec raison le droit de vote à 16 ans. Je vais plus loin que lui puisque je soutiens le suffrage familial naguère réclamé par le FN jusqu’en 2007. Jusqu’à leur majorité, le père ou la mère bénéficierait aussi du vote de leurs enfants. La citoyenneté se baserait sur la stricte application du droit du sang, après une révision totale des naturalisations sur cinquante ans et en interdisant toute binationalité (hormis pour les autres Européens). S’y ajouteraient un revenu de citoyenneté dont la perception rendrait le vote obligatoire, et un « revenu familial » (ou parental ou maternel) destiné aux seules familles nombreuses européennes. Il va enfin de soi que la politique familiale, et plus largement démographique, suivrait les excellents principes édictés par le Dr Alexis Carrel.

    6) C.N.C. : À de nombreuses occasions vous faites référence à des penseurs, collectifs ou politiciens d’extrême gauche tel Mao Tsé-Toung ou l’inter-collectif d’ultra-gauche, L’Internationale; on vous connaît aussi un penchant certain pour les théories de Guy Debord ou les écrits du groupe de Tarnac, qui serait le fameux Comité invisible. Georges Feltin-Tracol serait-il « rouge-brun » ?

    GF-T : Le terme « rouge - brun » apparaît en 1993 lors d’une campagne de presse déclenchée par L’Événement du Jeudi et Le Canard enchaîné scandalisés qu’Alain de Benoist soit invité à une conférence organisée par une revue proche du PCF. Venue de Russie où les nationalistes et les communistes constituent une alliance nationale-patriotique contre le calamiteux Eltsine, l’expression s’adapte à l’Hexagone et vise aussi L’Idiot International de Jean-Edern Hallier qui publie Édouard Limonov. Certains belles âmes se sont récemment offusqués que l’économiste souverainiste de gauche Jacques Sapir évoque contre l’euro un front de libération nationale qui s’étendrait jusqu’au FN. Cette proposition n’est pas nouvelle. En mai 1993, le journaliste à Libération et militant syndicaliste, Jean-Paul Cruse, signait dans L’Idiot International « Vers un front national » qui cherchait à réunir les souverainistes des deux rives. Parmi les rédacteurs figurait un certain Alain Soral…
    Je relève que l’ultra-gauche annexe volontiers des penseurs honnis par les bien-pensants. Pour preuve irréfutable, les interprétations intéressantes de Carl Schmitt, le plus grand théoricien du droit du XXe siècle. Par ses emprunts, y compris critiques, l’ultra-gauche glisse vers nous. Bienvenue chez les réprouvés, les gars !
    Plus je vieillis et plus je regarde avec intérêt la Corée du Nord qui tient tête à la supposée « Communauté internationale ». À tout prendre, je préfère être « rouge-brun » plutôt que « tricolore ».

    7) C.N.C. : Toujours au sujet de l’extrême gauche, les critiques contre le système capitaliste-mondialiste exprimées par des figures issues de cette famille de pensée (Michéa, Clouscard, Debord, Costanzo Preve) rencontrent un succès certain parmi des penseurs, historiens des idées ou revues venant initialement de la fameuse Nouvelle Droite ou/et des mouvements alter-européens à tendance nationaliste-révolutionnaire. Hélas, on constate que cette ouverture à « gauche » s’accompagne la plupart du temps d’un abandon de l’aspect bio-ethnique de la question dite identitaire au profit de son pendant culturel. Défendre une conception ethnique des peuples serait-elle incompatible avec une critique radicale de la société marchande ?

    GF-T : Il est exact que certains récusent toute la part ethnique de leur combat dans l’espoir secret de se faire bien voir de leurs « nouveaux amis » (et d’être ensuite publié dans leurs périodiques). Contester de manière radicale la société marchande qui renie toute ethnicité tangible et défendre toutes les identités sont en fait indissociables. Certes, on peut se focaliser sur l’aspect bio-ethnique ou sur l’aspect culturel, mais n’oublions jamais que l’homme demeure un être bio-culturel (ou, pour faire moins simple, bio-ethno-culturel) qui dépend des interactions complexes de l’expérience personnelle, de l’inné héréditaire et de l’acquis obtenu par les nombreux champs morphiques (cf. Rupert Sheldrake, La Mémoire de l’Univers, Le Rocher, coll. « L’Esprit et la Matière », 1988).

    8) C.N.C. : Le respect des identités des peuples nécessite a fortiori une réflexion quant à leurs environnements immédiats, leurs patries charnelles et la structure politique la plus adaptée à leurs particularismes et aux défis du XXIe siècle. En ce qui vous concerne vous plaidez pour une politique dite de « grands espaces civilisationnelles ». Pouvez-vous nous expliquer ce concept ?

    GF-T : Par « grand espace civilisationnel », je me réfère au concept mis à l’honneur par Carl Schmitt. L’État-nation que je distingue de l’État - permanence du politique dans les relations humaines collectives - perd sa cohérence en raison de la funeste coexistence multiraciale. Les nationalistes considèrent la nation comme le point d’équilibre entre l’Universel et le particulier. Pour ma part, la meilleure médiation possible entre ces deux données demeure l’Empire au sens évolien du terme. Je n’en dis pas plus, car Éléments pour une pensée extrême revient sur ce sujet.

    9) C.N.C. : L’État-nation n’est plus de taille face aux blocs continentaux que représentent ces « grands espaces civilisationnelles ». Pour ce qui est de l’Europe, on vous sait partisan d’un Empire européen. Où vous situez-vous entre les concepts de « grand espace civilisationnel », d’Eurosibérie défendu par Guillaume Faye et d’Europe-Nation proposé par Jean Thiriart ?

    GF-T : Les concepts d’Eurosibérie et d’Eurasie font l’objet d’une conférence, « Eurosibérie ou Eurasie ? Ou comment penser l’organisation du “ Cœur de la Terre ” » mise en ligne sur Europe Maxima, le 22 juin 2014. L’Eurosibérie est à mes yeux un mythe mobilisateur. Mais la Russie a-t-elle un destin européen comme la France l’a ? Il y a vingt ans, je le pensais péremptoirement. Maintenant, je suis plus sceptique. Quant à l’Europe-Nation chère à Thiriart, ses limites spatiales ont sans cesse évolué, de l’Islande aux frontières de l’URSS, puis en intégrant l’Union Soviétique, la Turquie, voire, à la fin de sa vie, toute l’Afrique du Nord (je mentionne longuement ces fluctuations territoriales dans « La reconfiguration du monde en “ grands espaces ” » paru dans Orientations rebelles). L’Europe selon Thiriart serait pire que le mal. Suivons Maurice Bardèche et bâtissons sur les ruines fumantes de l’Union pseudo-européenne de Bruxelles une Confédération alter-européenne, compétente en matière de défense, de diplomatie et en macro-économie ! Cela suppose néanmoins que l’OTAN se dissolve au préalable. Brûlons donc des cierges pour un véritable isolationniste accède à la Maison Blanche en novembre prochain !
    10) C.N.C. : Que cela soit à un niveau continental ou à un niveau local avec les BAD (Bases autonomes durables), l’autarcie semble être à vos yeux, si ce n’est une solution, au moins une ligne qui, dans le désordre global actuel, permettrait aux peuples de traverser un interregnum à l’allure de tempête de l’histoire. Le concept de « société ouverte » de Karl Popper, ce n’est pas trop votre truc…

    GF-T : On trouvait déjà dans Orientations rebelles un texte intitulé « Pour la société fermée », d’où mon appréciation positive de la Corée du Nord d’autant qu’elle a renoncé depuis 1999 au communisme pour un souverainisme intégral. L’avenir appartient aux sociétés fermées. Mais, en s’inspirant de la figure traditionnelle du yin et du yang, il faut aussi veiller à maintenir une légère part d’hétérogénéité interne. La fermeture ne signifie pas claustration.

    11) C.N.C. : Au-delà de la pensée, quels sont selon vous les éléments pour une action extrême ?

    GF-T : Évacuons d’entrée l’action directe. L’échec retentissant de la « Manif pour Tous » démontre le caractère légaliste et donc moutonnier des participants. Saluons au contraire les actions énergiques des éleveurs, des Corses, des syndicalistes d’Air France, voire des gens de voyage à Roye et à Moirans. Une convergence des secteurs sociaux en lutte serait formidable, mais elle ne se produira pas, suite à l’obstruction des syndicats institutionnels et à la myopie politique des manifestants. Quant à notre camp, ce n’est pas le trahir que d’affirmer qu’il n’est pas prêt.
    Il doit en priorité se former, acquérir « des munitions plein la tête » pour reprendre l’excellent titre de Bastien Valorgues qui a recensé dernièrement Éléments pour une pensée extrême sur Europe Maxima, c’est-à-dire consulter livres, revues et sites amis, suivre les formations et les conférences organisées, participer aux ballades et aux entraînements sportifs entre militants, rejoindre des associations de soutien scolaire, de défense d’écologie locale et de patrimoine, rencontrer les artisans et recueillir leurs savoir-faire. Obtenir dans le cadre familial un jardin potager et le cultiver. Toutes ces modestes actions passent sous les radars du Système. Profitons-en ! Sous le Second Empire, les républicains misaient sur un comportement exemplaire et la convivialité. Reprenons cette attitude et soyons patients !

    • Propos recueillis par Donatien.

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/archive/2016/03/02/entrevue-24-georges-feltin-tracol-auteur-de-elements-pour-un-5767987.html

  • « Diversité ? Le choix entre libéralisme de droite et libéralisme de gauche, Pepsi ou Coca… »

    À l’heure où les médias dominants nous assomment de « diversité », il suffit de voyager un peu pour constater que c’est plutôt l’uniformité qui règne en maître. Paradoxe ?

    C’est vers 2007, sous l’influence d’une mode venue des États-Unis, que le terme de « diversité » (sous-entendu : « d’origine ») a commencé à recouvrir le champ sémantique de ce qu’on appelait auparavant les « minorités visibles ». Quand on dit, par exemple, que la 41e cérémonie des Césars a « sacré la diversité », il faut entendre que les minorités y ont été mises à l’honneur (sauf quand elles étaient évoquées de façon non conformiste, ce qui explique que l’excellent film de Jacques Audiard, Dheepan, n’ait pas obtenu la moindre récompense) aux dépens de la majorité. C’est dans le même esprit que Delphine Ernotte, nouvelle présidente de France Télévisions, a pu déclarer voici quelques mois qu’« on a une télévision d’hommes blancs de plus de cinquante ans et ça, il va falloir que ça change ». En d’autres termes, il faut promouvoir les races-qui-n’existent-pas en faisant disparaître celle qui n’a pas le droit d’exister. Comme nous sommes dans une société de type orwellien, on comprend du même coup que la promotion actuelle de la « diversité » vise en réalité à la faire disparaître.

    Une autre façon de procéder est de mettre en place un faux-semblant de pluralité, assorti d’une fausse liberté de choix. Prenons à nouveau l’exemple de la télévision : il y a toujours plus de choix puisqu’il y a toujours plus de chaînes, mais comme elles disent toutes plus ou moins la même chose, le choix est en réalité inexistant. On pourrait faire la même observation à propos des partis politiques, qui emploient presque tous des mots différents pour délivrer le même message, à savoir qu’il n’y a qu’une seule société possible. On a le choix entre le libéralisme de droite et le libéralisme de gauche, comme on a le choix entre L’Express ou Le Point, Total ou Esso, Pepsi ou Coca. [....]

    Alain de Benoist

    La suite sur Boulevard Voltaire