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entretiens et videos - Page 822

  • Les Etats-Unis auront le dessous face à l’axe Moscou–Pékin

    Interview de Folker Hellmeyer,* analyste en chef de la Bremer Landesbank

    Folker Hellmeyer, analyste en chef de la Bremer Landesbank, n’a aucun doute à propos de l’avenir du système économique mondial: l’axe Moscou–Pékin l’emportera sur l’ancien dominateur que furent les Etats-Unis. Ces deux capitales élaborent une stratégie à long terme et ne recherchent pas de profit à court terme. En raison de son obéissance aveugle, l’Union européenne pourrait compter parmi les perdants. Aujourd’hui déjà, les sanctions causent des dommages considérables à l’Allemagne et aux autres Etats de l’Union européenne.

    Deutsche Wirtschaftsnachrichten: Les Etats de l’Union annoncent toujours de nouvelles pertes en raison des sanctions contre la Russie. A votre avis, quel dommage les sanctions ont-elles déjà causé?

    Folker Hellmeyer: Le dommage dépasse de loin les chiffres suggérés par les statistiques. Commençons par l’économie et par le dommage enregistré jusqu’à maintenant. La diminution annuelle des exportations allemandes en Russie, qui s’est chiffrée à 18% en 2014 et à 34% durant les deux premiers mois de 2015, ne reflète qu’un effet primaire. Il y a aussi des effets secondaires. Les pays européens qui commercent beaucoup avec la Russie, tels la Finlande et l’Autriche, accusent un refroidissement sensible de leur conjoncture. Par conséquent, ces pays passent moins de commandes en Allemagne. Pour éluder les sanctions, de grands groupes européens envisagent d’implanter des sites de production particulièrement efficients en Russie. Nous perdons ainsi des capitaux potentiels, qui constituent la base de notre bien-être et qui échoient à la Russie.

    Il n’est pas encore possible d’envisager une fin prochaine des sanctions. Quel pourrait être le montant de la facture que devra régler l’industrie allemande d’exportation?

    Envers la Russie, l’Allemagne et l’Union européenne ont mis en péril leur crédibilité économique. Elles ont ébranlé la confiance mise en elles. Il faudra plusieurs années pour rétablir cette confiance. Entre la signature et la livraison d’exportations de biens d’équipement allemands et européens s’écoulent jusqu’à cinq ans. Pour cette raison, Siemens vient de faire son deuil d’un gros projet. Alstom n’a pas reçu commande du trajet Moscou–Pékin. Non seulement pour l’Allemagne, mais aussi pour l’UE dans son ensemble, les dommages potentiels sont donc beaucoup plus importants que les données actuelles ne l’indiquent. Les dommages futurs ne peuvent être évalués avec précision, mais ils sont considérables.
    De plus, l’axe Moscou–Pékin constitue, dans le cadre de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et des pays BRICS, le plus grand projet de croissance des temps modernes, l’établissement de l’infrastructure eurasienne de Moscou à Vladivostok, à la Chine méridionale et à l’Inde. On apprendra ultérieurement dans quelle mesure ces pays en pleine expansion considèrent, dans le cadre de ces projets énormes, la politique des sanctions comme un affront non limité à la Russie.
    Visiblement, la capacité d’abstraction fait défaut à quelques protagonistes de la politique européenne dans leur action en notre nom.

    Qui supportera finalement le dommage?

    Le dommage mesurable consiste en une croissance non réalisée, en des salaires non perçus, au manque de contribution aux assurances sociales ainsi que de recettes fiscales. Il en va ainsi des derniers douze mois et des prochaines années. Les citoyens allemands et des autres pays de l’UE payent ce prix par la limitation de leur bien-être et de leur stabilité. Le dommage non mesurable consiste en risques géopolitiques accrus que courent les habitants de l’UE.

    Considérons maintenant la situation en Ukraine de façon terre-à-terre. Le gouvernement de Kiev semble avoir pour intérêt primordial de maintenir une situation telle qu’il reçoive toujours de nouveaux crédits. Quand se décidera un politicien occidental à parler clairement?

    En fait, c’est énervant. Les gens qui ne sont pas axés seulement sur les «médias occidentaux de qualité» s’étonnent que les médias cachent les agressions de Kiev et les lois discriminatoires adoptées par le gouvernement de Kiev, qui ne correspondent pas du tout aux valeurs et à la démocratie occidentale. Je veux bien croire que M. Steinmeier s’exprime sans ambages à portes fermées. Décisif est toutefois si le comportement au-delà de l’Atlantique le soutient. A cet égard, j’attire l’attention sur les propos curieux tenus par Mme Victoria Nuland, représentant les intérêts des Etats-Unis en Europe orientale. C’est un fait que, lors du coup fomenté en Ukraine, une oligarchie de tendance amicale envers Moscou a été remplacée par une oligarchie favorable aux Etats-Unis. Il s’agissait de géopolitique qui servait des forces tierces, mais assurément ni l’Allemagne, ni l’UE, ni la Russie, ni l’Ukraine.

    La ministre des Finances Natalie Jaresko est une ancienne collaboratrice du ministère des Affaires étrangères américain, qui n’a acquis la citoyenneté ukrainienne qu’un jour avant sa prestation de serment. L’ancienne employée de banque en placements est-elle simplement imbattable ou y a-t-il un plan de maître à l’arrière-plan?

    Je ne la connais pas personnellement. Elle a fait l’objet de nombreux écrits, dont l’expression «imbattable» ne provient pas forcément. Le fait que des postes importants de l’administration ukrainienne soient occupés par des personnes externes, extrêmement proches des Etats-Unis et de leurs institutions, reflète le caractère géopolitique du coup d’Etat. La notion de «plan de maître» peut donc s’utiliser en l’espèce.
    Une personnalité importante de la politique allemande récente qui n’est plus en fonctions disait, lors d’un entretien bilatéral, que ce qui décrit le mieux la géopolitique américaine sur l’échiquier ukrainien est le sang de «pions» ukrainiens, les champs de la bande extérieure de l’échiquier formée par Moscou et les attaques contre le centre de pouvoir de Pékin. Je partage cette opinion.
    C’est un fait que les pays en pleine expansion se dérobent à l’hégémonie des Etats-Unis. La fondation par ces pays d’institutions concurrençant la Banque mondiale (BAII) et le FMI (Nouvelle banque de développement) le manifestent clairement, ce qui déplaît au dominateur encore en fonctions. Les centres actuels de crises internationales tels que l’Afghanistan, l’Irak, la Syrie, la Libye, l’Egypte et l’Ukraine reflètent ces luttes de pouvoir. Ne voulions-nous pas établir partout la démocratie et la liberté? Voyons les succès remportés …

    Divers Etats de l’UE, parmi lesquels figurent l’Italie, l’Autriche et la Hongrie, bougonnent de plus en plus contre les sanctions. En revanche, une unanimité presque fantomatique règne en Allemagne. Quelles en sont les raisons?

    Le citoyen allemand est rassasié. Malgré les affaires qui lui échappent, il va bien, les prochaines vacances sont toutes proches. Pour s’exprimer de manière politiquement correcte, son attitude envers la géopolitique des Etats-Unis est fort polie, notre politique aussi. Le nivellement politique et médiatique de cet ensemble de thèmes exerce ses effets.

    Quels effets exercent les sanctions dans les relations germano-russes? 

    Les relations sont ébranlées sur le plan politique. Toutefois, les deux parties poursuivent leur dialogue, ce qui est fondamentalement positif. Moscou est très déçu de la politique allemande. La Russie estime de manière très réaliste la capacité allemande de formuler et de réaliser, dans l’intérêt de l’Allemagne et de l’Europe, une politique indépendante des intérêts américains. La situation semble meilleure sur le plan des entreprises. On recourt pleinement aux divers niveaux d’entretien. On se prépare au jour X après les sanctions. Toutefois, un rapide essor au niveau d’avant la crise est peu vraisemblable. La Russie est un ours. De nouvelles voies d’approvisionnement sont construites maintenant, qui ne seront pas simplement abandonnées après la fin des sanctions. Les choix fixés sans réflexion semblent en vogue à l’Ouest, mais non à Moscou. Chaque jour marqué par la politique des sanctions nous éloigne d’un avenir commun.

    Quelles conséquences ont les sanctions dans les économies de l’UE?

    Une croissance des exportations et un dividende de paix font défaut. Nous réformons les pays faibles de la zone euro et rétablissons, au prix de sacrifices importants, leur compétitivité internationale, avant de leur dérober des marchés. La main gauche de la politique de l’Allemagne et de l’UE sait-elle ce que fait la main droite?

    Quels sont les risques courus par les banques européennes?

    Ces risques sont calculables en grande partie. Le contrôle qu’effectuent et qu’ont effectué à cet égard les autorités de surveillance est efficace et ne tolère aucun accident durable.

    Pourquoi les grandes associations, tel le BDI [Fédération de l’industrie allemande], plient-elles les genoux? On croit naïvement que leur existence se justifie par leur représentation des intérêts de l’industrie.

    Il y a une différence sensible entre les communiqués officiels des associations et leur situation matérielle et humeur internes. Dans les entreprises, les protestations sont sensibles. Néanmoins, je suis déçu des prises de position officielles des associations, qui agissent de manière politiquement correcte. Cette attitude consiste en une correction limitée, et donc incorrecte par définition.
    Dans les branches axées sur l’exportation, la politique des sanctions est d’une importance considérable, voir existentielle. Invoquer en la matière le primat de la politique est, compte tenu de la mission de ces associations, un refus partiel de prendre ses responsabilités.

    Le mépris qu’affiche le gouvernement des Etats-Unis à l’égard des Européens est remarquable, eu égard à la NSA et au «Fuck the UE.» Les politiciens européens n’ont-ils aucun amour-propre ou sont-ils trop lâches?

    Le vrai démocrate qui prend au sérieux ses devoirs de politicien envers la res publica et ne foule pas aux pieds son droit d’autodétermination doit tirer les conséquences de ces déclarations. S’il s’en abstient, il accuse un déficit par rapport au canon de valeurs susmentionné. Je ne suis donc pas le bon interlocuteur. Vous devriez poser ces questions à nos responsables politiques.

    La tendance à faire des courbettes à Washington est inversement proportionnelle à l’agressivité intérieure. Tout d’abord, les partisans d’une autre opinion sont diffamés comme admirateurs de Poutine et, plus récemment, comme trolls de Poutine, s’ils n’aboient pas avec les loups. La guerre froide nous coûte-t-elle déjà une part de nos libertés individuelles?

    Dans l’avant-propos de mon livre intitulé «Endlich Klartext» [Enfin exprimé clairement], publié fin 2007, j’écrivais: «Les marchés libres meurent les premiers, puis décède la démocratie!» Cet ouvrage analysait aussi le système hégémonique des Etats-Unis. Il est recouru aux débats géopolitiques actuels pour abolir les libertés individuelles démocratiques du pays. Le rythme de ce démantèlement s’accélère. Je suis plus inquiet que jamais. Pour l’heure, je m’occupe de la notion de «terreur du courant dominant». Nous nous prétendons tolérants et pluralistes. Cependant, celui qui s’écarte, à propos de thèmes sensibles, de l’opinion dominante, s’expose à l’isolation ou à la diffamation. Cette évolution est en opposition flagrante avec la prétention à la démocratie et à la liberté. Oui, les conflits actuels se paient sous forme de démocratie.

    Contrairement à l’Allemagne, les Etats-Unis connaissent de vifs débats, à gauche comme à droite, sur le comportement hégémonique du gouvernement. Pourquoi n’en est-il rien en Allemagne? 

    C’est vrai, mais ces débats n’ont aucun effet sur la composition du Parlement des Etats-Unis. Si, chez nous, les débats sont moins spectaculaires, le Parlement compte davantage de couleurs, même si la grande coalition limite l’efficacité de l’opposition. En fin de compte, beaucoup d’Allemands ne confondent-ils pas bien-être et liberté d’établissement avec la notion de liberté?

    Comment le conflit évoluera-t-il? Peut-on envisager que les Américains et les Russes se rassemblent – en raison de l’IS ou de la Syrie – et que les Européens suivent et paient?

    A mon avis, les vainqueurs du conflit sont déjà devant nous. L’axe Moscou–Pékin–BRICS est gagnant. Or il en a assez de l’Occident. En 1990, ces pays avaient quelque 25% du produit intérieur brut mondial. Aujourd’hui, ils en ont 56% et 85% de la population mondiale. Ils contrôlent quelque 70% des réserves de devises mondiales et leur croissance moyenne est de 4 à 5% par année. Les Etats-Unis n’étant pas disposés à partager la puissance mondiale (répartition des voix au FMI et à la Banque mondiale notamment), les pays en pleine expansion érigent leur propre système financier. L’avenir est là.
    Actuellement, l’UE est mêlée au conflit que les Etats-Unis ont déclenché en refusant de partager leur puissance et bloque ainsi ses possibilités de développement. Plus longtemps elle mène cette politique, plus haut en monte le prix, moins l’UE est prise au sérieux.
    Aucun problème ne peut être résolu dans le monde sans la contribution de Moscou et de Pékin. En fait, les Etats-Unis pourraient agir de façon beaucoup plus pragmatique qu’il nous semble aujourd’hui. Le manque de programme de l’UE et de l’Allemagne fait de nous un perdant.

    Que doit-il se passer pour que l’Allemagne ait de nouveau sa propre politique extérieure et économique?

    A cette question, je passe, et vous prie de m’en excuser.

    Quelle influence exerce sur un lieu d’exploitation le fait que le gouvernement se livre à de petits jeux géopolitiques plutôt que de défendre bec et ongles les intérêts du pays?

    Le lieu d’exploitation subira des dommages.

    Le parlementaire moyen comprend-il les effets réciproques de la politique et de l’économie?

    Je ne vous cacherai pas un certain scepticisme à cet égard.

    La politique s’améliore-t-elle quand les politiciens comprennent toujours moins l’économie, mais que leur nombre s’accroît toujours davantage?

    Certainement pas. La stabilité d’une démocratie dépend de celle de son économie. Si l’économie subit durablement des dommages, la radicalisation de sa société augmente. L’empire allemand a fait cette expérience en 1933. Outre cette variante, il y a celle dans laquelle la démocratie se transforme en démocrature, pour finir en oligarchie. A ce sujet, la version originale d’une étude publiée par l’Université de Princeton proclame: «Les Etats-Unis ne sont plus une démocratie, ce sont une oligarchie! Hoppla, ce n’était pas politiquement correct …»
    Actuellement, il y a plus en jeu que ce que le petit homme perçoit ou veut percevoir. Vous m’en voyez fort inquiet.     •

    Source: Deutsche Wirtschaftsnachrichten du 24/7/15

    (Traduction Horizons et débats)

    *     Folker Hellmeyer, né en 1961, est analyste en chef de la Bremer Landesbank depuis avril 2002. Auparavant, il avait été notamment courtier senior à la Deutsche Bank, à Hambourg et à Londres, ainsi qu’analyste en chef de la Landesbank Hessen-Thüringen. Il intervient régulièrement dans les médias au sujet des marchés internationaux.

    http://www.horizons-et-debats.ch/index.php?id=4688

  • Histoire, culture, islam…Alain Finkielkraut : « L’école des savoirs cède la place à l’école de la thérapie par le mensonge »

    Le philosophe Alain Finkielkraut dénonce la dernière réforme des programmes scolaires.

    Au sujet de la réforme du collège, Najat Vallaud-Belkacem a affirmé dans Le Point: «il y a une différence essentielle entre les progressistes et les conservateurs. Les premiers combattent les inégalités quand les seconds en théorisent la nécessité». La réforme qu’elle promeut est-elle selon vous conservatrice ou progressiste ?

    Il n’appartient pas à l’école républicaine de combattre toutes les inégalités, mais d’assurer, autant que faire se peut, l’égalité des chances pour donner à chacun sa juste place selon ses aptitudes et son mérite.

    Mais il ne s’agit plus de cela : c’est au scandale ontologique d’un partage inégal de la pensée entre les hommes que s’attaque, depuis quelques décennies, l’Éducation nationale.

    Confondant l’ordre de l’esprit, où prévaut la hiérarchie la plus stricte, et l’ordre de la charité, où règne l’amour universel, elle promet la réussite pour tous et rabaisse continuellement le niveau d’exigence afin de ne pas déroger à son serment. Les sociologues lui ayant de surcroît révélé que les «héritiers» avaient accès par droit de naissance à la culture que l’école a pour mission de transmettre au plus grand nombre, l’institution a pris le taureau par les cornes et décidé de mettre l’essentiel de cette culture au rebut. L’école est devenue la nuit du 4 Août permanente de ce que Malraux appelait «l’héritage de la noblesse du monde».

    Voici, une fois cet héritage liquidé, la liste d’objectifs assignés aux classes de français de 4e et de 3e: «se chercher, se cons-truire» ; «vivre en société, participer à la société» ; «regarder le monde, inventer des mondes» ; «agir sur le monde».

    Et François Dubet, l’un des initiateurs de ce remplacement, prévient : «On ne peut concevoir que certains élèves aient plus de culture commune que d’autres.»

    [...]
    L’interdisciplinarité a pour objet d’apprendre aux élèves à «mener ensemble des projets». Les disciplines appartiennent-elles au passé ?

    La télévision a donné en exemple deux professeurs d’histoire et d’espagnol invitant ensemble leur classe à rédiger un tract sur les vertus du développement durable. Là où il y avait les œuvres, il y a maintenant les tracts. Mais on aurait tort de s’inquiéter: c’est pour la bonne cause. [...]

    Les programmes d’histoire conservent l’étude obligatoire de l’islam quand celles de la chrétienté médiévale et des Lumières deviendront facultatives. Que vous inspire ce choix ?

    Il ne s’agit pas simplement d’imposer l’étude de l’islam, mais de lutter contre «l’islamophobie», à travers une présentation embellissante de la religion et de la civilisation musulmanes.

    Convaincus, avec Emmanuel Todd, que Mahomet est «le personnage central d’un groupe faible et discriminé» et que le vivre-ensemble passe par le redressement de l’image de ce groupe dans l’esprit des autres Français, nos gouvernants proposent, en guise de formation, un endoctrinement aussi précoce que possible des élèves. On ne veut plus les instruire, mais les édifier afin de les rendre meilleurs. Le reste – l’essor des villes, l’éducation au Moyen Âge ou la pensée humaniste – est facultatif. |…]

    L’accent est mis aussi sur les périodes sombres de l’histoire de France. Comment aimer et faire aimer un pays toujours coupable ?

    Les nouveaux programmes ne se préoccupent absolument pas de faire aimer la France. Ils appliquent à la lettre le dogme de la critique sociale: le mal dans le monde résulte de l’oppression ; c’est l’inégalité qui est la source de toute violence. Le fanatisme islamique, autrement dit, est le produit de la malfaisance coloniale et de sa continuation postcoloniale.

    Si l’on aborde l’histoire du XVIIIe et du XIXe siècle sous l’angle: «Un monde dominé par l’Europe, empires coloniaux, échanges commerciaux, traites négrières», le nouveau public scolaire retrouvera sa «self-esteem», l’ancien perdra son arrogance et tous les problèmes seront réglés. L’école des savoirs cède ainsi la place à l’école de la thérapie par le mensonge.

    Que peuvent encore dire à notre temps Racine, Baudelaire ou Mauriac ? Quand la connaissance est accessible en un «clic», l’idée de transmission n’appartient-elle pas au passé ?

    Ce que peuvent dire à notre temps Racine, Baudelaire ou Mauriac c’est qu’il y a autre chose que lui-même: d’autres mots, d’autres formes, d’autres visages. Ce temps qui se prétend si ouvert ne veut rien savoir. Allergique à l’altérité, il ordonne aux enseignants de choisir des «problématiques» proches des élèves.

    source

    http://www.fdesouche.com/637953-histoire-culture-alain-finkielkraut-lecole-des-savoirs-cede-la-place-lecole-de-la-therapie-par-le-mensonge

  • Nécessité de l'antiaméricanisme - Emmanuel Ratier reçoit Martin Peltier (juin 2015)

  • Entretien avec Vincent Vauclin dans le journal Présent

    Le journal Présent ouvre cet été ses colonnes à la « Réacosphère ». Dans son numéro 8410, du 5 Août 2015, Présent vous propose un entretien avec Vincent Vauclin, fondateur de la Dissidence Française.

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    Né en 2011, ce mouvement nationaliste se caractérise par sa radicalité face au monde moderne et compte des centaines de militants à travers la France. Très actif sur les réseaux sociaux, il fait régulièrement parler de lui, notamment par ses actions contre l’immigration et le multiculturalisme. Il a aussi appelé les maires de France à la désobéissance civile après la légalisation du « mariage » homosexuel. Entretien avec son fondateur, Vincent Vauclin, auteur de deux essais, Cendres et Putsch.

    Pouvez-vous présenter la doctrine de la Dissidence française ?

    La Dissidence française est au carrefour de divers courants, dont elle formule une synthèse doctrinale opérative, c’est-à-dire actualisée, jeune, virale, efficace, qui emprunte à la fois au nationalisme contre-révolutionnaire, à l’ethno-différencialisme et au traditionalisme. Mais la Dissidence française est d’abord le mouvement d’une génération débarrassée du prêt-à-penser médiatique et déterminée à reconquérir les esprits par son activisme, à la fois social et politique. C’est donc une démarche de rupture telle qu’elle s’est pratiquée en Italie. Je ne vous cacherai pas que CasaPound est d’ailleurs l’une de nos références.

    Dans votre charte, vous dites être fidèle à « l’idée d’imperium » et promouvoir une résistance continentale face à « l’internationale des marchands ». Pouvez-vous expliciter ces propos ?

    Pour faire simple, il nous apparaît évident que le combat à mener dépasse largement l’échelon national. Nous ne sommes pas européistes et nous restons fermement attachés au principe de souveraineté nationale. Mais il faut bien comprendre que le processus de subversion mondialiste et thalassocratique condamne l’ensemble des peuples européens à l’extinction. Rien de moins. C’est une riposte civilisationnelle à l’échelle continentale qu’il s’agit de formuler d’urgence, et c’est pourquoi nous tendons la main à nos camarades européens, avec qui nous partageons un héritage commun, à la fois ethnique et culturel. Voilà pourquoi nous reprenons aujourd’hui l’antique notion d’imperium, que nous entendons comme un processus de sanctuarisation de notre espace vital.

    Vous avez défilé derrière une banderole « Vivement le putsch » lors du rassemblement Jour de Colère. Comptez-vous sur l’armée pour le réaliser ?

    En septembre 2013, j’ai fait paraître un ouvrage intitulé Putsch, largement diffusé depuis, et dans lequel j’appelle justement l’Armée française à prendre l’initiative pour restaurer la souveraineté de l’Etat, aujourd’hui court-circuitée par ce que ce nous appelons la « république des partis, des loges et des lobbies ». Nous avons alors entamé une vaste campagne militante destinée à populariser l’idée putschiste et à envoyer un signal aux militaires. C’est ainsi qu’effectivement, nous avons réuni une centaine de personnes derrière notre banderole putschiste lors de cette manifestation… Et je peux vous dire que le signal a été entendu ! Néanmoins, l’Armée est une institution complexe. L’avenir appartient aux communautés militantes et aux actions en réseaux. Comme on dit dans nos milieux : le changement ce sera nous, de gré ou de force.

    La remigration est un thème récurrent de la Dissidence française. Vous avez d’ailleurs cosigné un plan d’urgence pour Calais avec le Parti de la France et le mouvement Jeune Nation. Est-il encore temps, selon vous, d’échapper à la guerre civile et/ou ethnique sur notre sol ?

    Un point de non-retour est en passe d’être franchi. Les politiques suicidaires menées par la gauche comme par la droite, notamment en matière d’immigration, vont précipiter notre pays dans le chaos le plus complet. Personne n’y est préparé, et certainement pas les Français de souche conditionnés depuis des décennies par la propagande cosmopolite. Mais il est toujours de temps d’éviter la guerre. Le Plan d’urgence pour Calais, dont la Dissidence française est à l’origine, s’inscrit dans une démarche de proposition. Le message que nous avons voulu faire passer est simple : nous avons des solutions. Il existe encore une alternative au chaos multiculturel. C’est ce que nous appelons la remigration, c’est-à-dire une politique pacifique, conforme aux conventions internationales, qui ne nécessite pas un bouleversement complet des institutions et qui permettrait, par des mécanismes d’incitations, d’inverser durablement les flux migratoires et de rétablir l’équilibre ethno-culturel dans notre pays. Avant qu’il ne soit trop tard…

    Propos recueillis par Louis Lorphelin pour Présent

    Présent, à retrouver en kiosques ou sur internet à cette adresse : www.present.fr

    http://la-dissidence.org/2015/08/05/entretien-avec-vincent-vauclin-dans-le-journal-present/

  • Le défi du peuple : survivre au libéralisme

    E&R Lorraine recevait les essayistes Alain de Benoist et Charles Robin le samedi 18 avril 2015 dernier pour une conférence sur le thème : « Le défi du peuple : survivre au libéralisme ».

    Partie 1 : Alain De Benoist sur le Traité Transatlantique

     

    Partie 2 : Charles Robin sur la philosophie libérale

    http://www.egaliteetreconciliation.fr/Le-defi-du-peuple-survivre-au-liberalisme-34464.html

  • Entrevue du C.N.C #5: FRAKASS

    1) Pouvez-vous présenter Frakass à nos lecteurs qui ne vous connaissent peut-être pas tous, d’autant que le groupe a une carrière assez longue à son actif…

    Frakass est créé en 1986. La moyenne d'âge des membres du groupe était de 15 ans. A l'époque, le groupe ne faisait que des reprises et nous n'avions pas pour vocation de faire de Frakass un groupe à part entière. Le but était d'alimenter les soirées des rebelles blancs de notre quartier « Les Etats ». C'est un énorme quartier Lyonnais agencé comme une petite ville. Ces soirées concerts regroupaient environ 60 personnes (Skins, Punks et Rockers) où chacun pouvait se débarrasser de sa rage. En 1989 nous commençons à écrire nos propres chansons avec des titres tels que : «Ni rouge ni mort ; Légitime défonce... etc... ». Mais le groupe se sépare. En 1994, sous l'impulsion du label LUG RECORDS et divers amis des « Etats », je décide de remonter le groupe. En 1995, nous enregistrons une démo dont 3 titres paraîtront sur la compilation « France Explosion 2 ». En 1997, nous sortons notre 1er album qui est le reflet de nos années d'acier. Suivront cinq albums + un split cd.

    2) Après « L’appel des dieux » qui avait été très bien accueilli, comment a été reçu votre dernier album « Rage » qui est sorti il y a quelques semaines maintenant ?

    Je pense qu’il est encore trop tôt pour savoir si « Rage » a été bien accueilli par la majorité. Chacun de nos albums sont relativement différents les uns des autres, même s’il y a une cohésion entre tous; mais sont également différents de ce qu’on a l’habitude d’entendre. Il faut donc donner aux gens le temps de digérer l’album et avoir le recul nécessaire pour donner son opinion. D’ici 1 an, on pourra commencer à se faire une idée des répercutions comme ça a été le cas pour chacun de nos albums. Tout ce que je peux dire pour l’instant, c’est que « Rage » se vend bien et qu’il y a eu un fort engouement lors de sa sortie ; ce qui est plutôt positif.

    3) Vous jouez maintenant depuis près de vingt ans. La scène musicale militante a bien changé en France et en Europe. Quels sont les grands changements que vous avez pu constater, qu’ils soient positifs ou négatifs à vos yeux ?

    Le changement majeur est que le style musical s’est vraiment diversifié. Car même si la base musicale est restée principalement « Rock », tout le panel de ce style est maintenant exploité, en passant du plus métal au plus rock’n’roll, du plus puissant au plus doux, allant jusqu’à faire des ballades… Et tout cela a forcement eu un impact sur les Rockers (et d’autres…) qui ont découvert qu’il existait une musique identitaire blanche et engagée. Dans nos salles, se côtoient désormais, skins, hools, chevelus, catho trad’, personnes lambdas, parfois punks. Je sais aussi que nombreux sont les petits jeunes des « skates parks » à écouter du RAC. Non seulement le style s’est diversifié, mais la qualité sonore a également évoluée par rapport aux premiers groupes des années 80.

    4) Vous avez un bon nombre de concerts à votre actif et vous avez joué un petit peu partout en Europe. Quels sont les enseignements et impressions que vous avez pu faire et avoir à l’occasion de ces nombreux voyages, tant sur le mouvement en lui-même, que sur les gens qui en font partie ?

    C’est une grande chance d’avoir pu visiter de nombreux pays Européens par le biais de la musique et ainsi créer des liens et construire des projets communs avec nos camarades de combat. Découvrir sur le terrain comment s’organise la résistance de notre famille de pensée sur le reste du continent, a un côté rassurant et rompt avec la sensation d’isolement que nous éprouvons tous assez souvent, je crois. Quand on observe le visage des pays de l’ex-bloc soviétique, immédiatement quelque chose saute aux yeux, on se dit « ici, tout est possible ! ». Mais restons lucides, ils sont également pour la plupart pris dans la spirale infernale de l’Union Européenne et ses savantes illusions, donc probablement, ne tarderont pas à ressembler aux pays de l’ouest. Pour ma part, se trouvent là-bas, les derniers bastions encore debout de notre civilisation, alors que chez nous, il ne reste qu’un champ de ruines (Tout n’est pas perdu, mais ça va être compliqué). Les Nationalistes de l’est sont largement moins frileux dans leurs convictions et idéaux que ceux de l’ouest et ne pratiquent quasiment pas l’auto flagellation tant prisée chez nous. Il y a une logique à tout ça «  L’intoxication culpabilisatrice systématique d’après-guerre orchestré par les vainqueurs ». Comme on peut l’observer, le tableau n’est pas tout rose sur le vieux continent, mais qu’ils le sachent tous bien: « Notre foi est inébranlable ! ».

    5) Que pensez-vous de la scène musicale militante française actuelle ? On dit souvent que la musique est une arme pour nos idées ; arrive-t-elle à bien remplir ce rôle aujourd’hui, malgré l’ostracisme qui touche tout ce qui se rapproche de nos convictions et idéaux ?

    Je trouve que la scène française se porte plutôt bien, par le seul fait qu’elle continue d’exister après 30 ans d’ostracisme ambiant. Et on peut effectivement affirmer que la musique est une véritable arme pour véhiculer nos idées. On peut voir ça comme une tribune libre qui permet d’extirpernotre jeunesse (et d’autres plus âgés), des griffes du système. Même si cela n’est pas toujours facile, elle tient bien son rôle, grâce à tous les gens motivés qui l’animent.

    6) Le RAC français n’a jamais beaucoup marché à l’étranger, pourquoi selon vous ? Est-ce d’ailleurs réellement important tant qu’il marche en France ?

    Il est vrai que ça a toujours été un peu compliqué pour les groupes français à l’étranger, mais nous ne sommes pas les seuls. La première des raisons est la barrière de la langue. Et c’est bien normal, car la vocation première d’un groupe RAC, est de toucher les gens par ce qu’il raconte, la musique n’est qu’un support. Seuls les groupes anglophones arrivent, pour certains, à percer un peu partout, car tout le monde comprend relativement bien l’anglais. Ça marche aussi pas mal pour les groupes Allemands pour d’autres raisons … Mais dans tous les cas, en général, un bon groupe qui joue à domicile, enflammera davantage les foules qu’un groupe étranger. Il existe quelques exceptions avec des pointures comme Bound For Glory ou Brutal Attack et quelques rares autres groupes, mais là non plus ce n’est pas toujours le cas… Il y a peut-être aussi un côté chauvin derrière tout ça. Je pense qu’il est néanmoins important pour les groupes de s’exporter, car ça permet de créer des liens et d’apporter une cohésion du mouvement au niveau Européen.

    7) En 2010, vous avez sorti un album de ballades « Mémoires acoustiques », chose assez peu courante en France, à la différence de l’Allemagne par exemple. Pensez-vous rééditer l’expérience et/ou refaire des concerts acoustiques ?

    Depuis la sortie de « Mémoires Acoustiques », nous faisons régulièrement des concerts acoustiques en France et en Europe. Nous aimons le côté intimiste de ce genre de représentations, au fond d’un pub ou d’un bar avec une cinquantaine de personnes. Nous allons donc, bien sûr, continuer à en faire. Par contre, un second projet acoustique n’est pas du tout à l’ordre du jour, mais rien n’est impossible car nous marchons à l’instinct du moment présent, aussi bien pour les compositions que pour les concepts.

    8) Quels sont les fondements sur lesquels se baserait la société pour laquelle vous combattez ?

    Pour moi, une société ne peut être viable que si elle est bâtie sur une civilisation anthropologiquement saine. Le cosmopolitisme qui conduit forcément à terme au métissage, disloque la cohésion sociale du peuple qui la subit et freine sa capacité créative. L’idée générale imposée sur le fait que les races n’existeraient pas, est une énormité absolue et, désolé pour ceux que ça dérange, mais on peut également classer ces mêmes races en valeurs hiérarchiques. Je ne développerai pas plus sur le sujet, car mes arguments rempliraient cette page et passeraient inévitablement sous le coup des lois. D’autre part, même si la politique est indispensable pour organiser les sociétés, elle reste cependant secondaire à mes yeux. Elle est l’instrument qui fait avancer les peuples, mais en aucun cas les hommes ne doivent devenir l’instrument de cette même politique. Il m’apparaît évident que si l’homme blanc suit une hygiène ethnique stricte, il est capable de faire fonctionner n’importe quel système politique, du plus juste au plus injuste. Alors que le schéma actuel du melting-pot ambiant mène toute politique à l’échec. Les fondements sur lesquels se baserait la société pour laquelle je combats sont : Aryanisme, natalisme et socialisme. Je parle bien sûr d’un véritable socialisme qui, est pour moi, le système politique le plus justeAutre chose, la politique ne peut être statique, ce qui est vrai aujourd’hui, peut être faux demain, et vice-versa. Elle doit être en perpétuel mouvement comme le sont l’homme et la vie.

    9) La peine de mort fut abolie en France voici trois décennies, malgré une opinion publique qui y était majoritairement favorable. Aujourd’hui, de nombreuses personnes réclament son rétablissement. Au sein de notre mouvance, on entend parfois l’argument qu’il serait dangereux qu’elle soit rétablie, car elle serait vite utilisée par le système contre ses opposants. Quelle est votre position sur la question ?

    Dans un premier temps, je ne pense pas que le rétablissement de la peine de mort nous sortirait de la fange dans laquelle nous baignons. Car les crimes suffisamment graves, menant à la peine capitale, restent minoritaires et n’ont aucun rapport avec l’abaissement de vie que subit notre société au quotidien. D’un autre côté, il est inacceptable qu’une mère de famille puisse croiser 20 ans après à la terrasse d’un bar, les doigts de pieds en éventails, le monstre qui a violé, assassiné puis coupé en morceaux sa fille de 14 ans …. D’un côté, l’enfermement total à vie, pourrait suffire, mais dans ce cas, il représente malgré tout un poids, un coût à la société. Donc, autant se débarrasser de cette vermine. Je suis pour le rétablissement de la peine de mort pour les crimes les plus intolérables, quand la culpabilité du prévenu est avérée de façon certaine, et sous réserve de circonstances atténuantes pour certains cas particuliers,par exemple pour un père de famillequi ouvreen deux le violeur de sa fille et disperse les morceaux aux quatre coins de la ville, ou l’ouvrier qui retrouve sa voiture sur cale au quartier, qui chaque jour subit des incivilités, et se fait régulièrement cramer la porte du domicile à l’essence. Connaissant pertinemment les fauteurs de trouble, disons qu’il décide brusquement avec quelques amis d’en chopper un, de l’attacher par les pieds dans un lieu tranquille, et de découper chaque jour quelques escalopes danssa chair suivi d’une poignée de sel jusqu’à ce qu’il dessèche, je ne trouve pas ça intolérable… Quant à ceux des nôtres qui avancent l’argument qu’il serait dangereux que la peine de mort soit rétablie par peur de représailles, par les tenants du système sur leurs opposants, je leur dirais que nos maîtresn’ont pas besoin de ça pour nous faire taire de façon globale, d’ailleurs s’ils en avaient besoin, elle n’aurait pas été abolie. Ils tiennent déjà le peuple par les couilles et ont tous les outils nécessaires pour écraser l’opposant avec l’armée, la police, les médias (qui abrutissent l’opinion public) et la justice (et oui 100.000 euros d’amendes et quelques années de prison suffisent fortement à calmer l’opposant). Certes, la peine de mort n’a jamais fait et ne fera jamais baisser la criminalité aigue, mais ça soulage…

    10) Comment résister efficacement au système aujourd’hui ? Quelles actions (de la part de mouvements politiques ou autres) vous semblent actuellement aller dans la bonne voie ?

    Pour résister au système (d’un point de vue individuel), il faut en comprendre les rouages, la mécanique. Bon nombre de personnes qui se disent « résistant  au système » ont malheureusement les deux pieds dedans. Résister efficacement face à ce monstre, passe forcément par un minimum de connaissances historiques et géopolitiques du monde. Je dis bien du monde car le fléau, que nous subissons, n’est pas seulement français ni même européen, mais bien mondial. Je précise pour ceux que j’entends dire « Nous c’est la France, le reste du monde on s’en fout ! ». C’est vrai, la France d’abord, mais il faut bien comprendre que ce qui se passe de l’autre côté de la planète peut souvent avoir une incidence sur ton quotidien et sur ce qu’il y a dans ton assiette. Par exemple, la souffrance que nous subissons en France n’est pas la même que celle de la Syrie, mais le venin vient du même animal. Le problème à décortiquer est aussi simple que complexe, et souvent vicieux. Il appartient à chacun de ne pas se faire manger le cerveau. Si je dois me prononcer sur quelles actions de mouvement politique me semblent aller dans la bonne voie, je dirais, toute action qui avance à contre-courant du système établi et qui pousse à un réveil des peuples et des identités. Je profite de cette question pour donner mon avis sur toutes ces bases autonomes nationalistes (au sens large du terme) qu’on a pu voir émerger ces dernières années un peu partout en France et ailleurs. Je voyais plutôt ça d’un mauvais œil, car forcément, multiplication des groupes rime avec division. Mais avec le recul, on a pu observer l’excellent travail de la plupart de ces groupes qui, finalement, ont permis de ratisser bien plus largement au sein de toutes les classes de la société et ainsi, récupérer un grand nombre de citoyens pour qui il restait encore une étincelle de résistance. Bien entendu, comme c’était à prévoir, les divisions sont présentes. Ce ne sont bien souvent que des détails ou des stratégies différentes qui mènent les nationalismes à se diviser, mais cela devient vraiment déplorable quand ce sont des histoires de personnes. De toutes mes forces, je refuse de rentrer dans ces guerres de chapelle insignifiantes devant la situation immensément grave à laquelle nous avons à faire face.

    11) Depuis un certain temps, on trouve un grand intérêt, dans nos milieux, au survivalisme et à des auteurs comme Piero San Giorgio qui justifie ses thèses par l’inéluctabilité à court ou long terme d’un effondrement économique. Cela vous semble-t-il plausible et comment voyez-vous l’avenir prochain de la France et de l’Europe ?

    Je ne veux pas sombrer dans le pessimisme, mais très franchement, ça commence à sentir mauvais… Et aux vues des pitres que nous avons au gouvernement et à l’Assemblée Nationale, ce n’est pas prêt de s’arranger. A Pinder, ils ont au moins la décence de se déguiser ou au minimum, d’enfiler un nez rouge, au moins c’est drôle… Plus sérieusement, même s’ils arrivent à redresser la barre, l’effondrement économique est, pour moi, inéluctable à long terme. La pulpe du fruit, qu’ils s’efforcent de presser, rend ses dernières gouttes et ils le savent. Ce qu’il faut comprendre, nous évoluons dans un système qui est fait pour engraisser 1 pour cent de la population mondiale. Et il faut bien intégrer que ces porcs que nous engraissons, sont prêts à utiliser tous les vices, tous les mensonges, à fabriquer toutes les guerres, à commettre tous les massacres et autres génocides pour continuer à s’empiffrer, et ça, jusqu’à saturation. Un second problème nous pend aussi au nez, c’est le choc des civilisations ; qui me semble inéluctable à court ou à long terme. D’autant plus que nos maîtres ont, depuis quelques temps, changé de stratégie et souhaitent maintenant ce fameux choc des civilisations. Il suffit de voir la presse, les politiques, les médias, se déchainer et mettre volontairement le feu aux poudres et dresser les peuples les uns contre les autres. Nous sommes effectivement à l’aube de la fin d’un monde, d’un système, comme il y en a eu d’autres dans l’histoire. Ces périodes-là ne se sont jamais réglées dans la paix et l’harmonie, mais plutôt dans le fer et le sang, d’ailleurs l’homme en est le spécialiste, depuis tout temps. A y réfléchir, Hollande avait raison « le changement, c’est maintenant » héhé ! Pour ces deux raisons, il m’apparaît évident que nous devrions fortement commencer à penser au survivalisme pendant que nous sommes dans une période confortable pour apprendre à l’appliquer, car en situation de clash, tout va très vite, en effet une semaine suffit pour que cela soit le chaos partout. Désolé pour les moutons dociles qui pensaient que la France était protégée par une sorte de bouclier divin (le même qui l’a protégée du nuage de Tchernobyl…), mais la réalité est toute autre. Quant à nous tous, nous avons un atout supplémentaire que les personnes lambdas n’ont pas, « nos milieux ». Saurons-nous nous en servir le jour du chaos ? Je le pense. Mais il serait plus judicieux de commencer à y penser maintenant, car nous ne serons que plus efficaces le jour J, et surtout les semaines, les mois et probablement les années qui suivront.

    12) Merci d’avoir répondu à nos questions. Avant de nous quitter, pouvez-vous nous dire quels sont vos prochains projets ?

    Nous avons plusieurs projets en cours avec d’autres groupes européens, mais je n’en dirai pas plus pour le moment. Nous sommes aussi, actuellement, sur un projet musical français annexe à Frakass, qui vient d’être enregistré et devrait sortir sous peu. Mais là non plus, je n’en dirai pas plus pour l’instant. Sinon, nous travaillons également sur le prochain Frakass. Cinq titres sont déjà écrits (textes et musiques), le titre de l’album devrait être « Le Sang Perdu ». Merci beaucoup pour cette entrevue et pour le soutien. Bonne continuation dans vos activités.

    Le Cercle Non Conforme

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/archives/category/nos-entrevues/index-4.html

  • Périco Légasse : pourquoi la France est devenue moche

    Ronds-points, parkings, zones commerciales...pour Périco Légasse, l'enlaidissement de la France est une conséquence de la mondialisation qui uniformise le territoire sous la bannière du double impératif produire/consommer. 
    FigaroVox : Les paysages français ont-ils beaucoup changé ces 30 dernières années du fait de la multiplication des zones commerciales et industrielles à l'entrée des villes ? 
    Périco Légasse : C'est même l'un des phénomènes marquants, voire déchirants, de la morphologie contemporaine française. La France n'est pas qu'une entité culturelle de dimension internationale, c'est aussi un territoire culturel de réputation mondiale. Son visage participe de son image. Or nous assistons depuis trente années à un massacre organisé de ce tableau sur lequel s'est bâti, non seulement le renom touristique et pittoresque de ce pays, mais aussi sa légende de pays de l'art de vivre. Il y a une quarantaine d'années, le journaliste Michel Péricard, avant qu'il ne soit élu député-maire de Saint-Germain-en-Laye, animait sur «la deuxième chaine» de l'ORTF une émission intitulée «La France défigurée». Il dénonçait déjà les ravages - que l'on appelle aujourd'hui environnementaux - d'un urbanisme brutal, de la mercantilisation sauvage des faubourgs de grandes villes et de «L'expansion économique» telle qu'elle est croquée dans la Soupe au chou, de Claude Zidi (1976) où Louis de Funés et Jean Carmet, symboles de la «France fossile» étaient confinés dans leur ferme comme des primates pour s'être opposés à l'ouverture d'un centre d'attraction autour de chez eux. Caricature ? Hélas non, prémonition, car la réalité est bien pire. Et de voir ces abords d'agglomérations ainsi transformés en boulevards de la surconsommation dans un concours de laideur fait mal au ventre. On a abîmé, souillé, détruit, violé des paysages magnifiques pour les remplacer par des enfers multicolores bétonnés ou métallisés afin que les citoyens viennent y accélérer la dynamique de défiguration de leur pays. Il faut bien vivre, certes, et donner du travail à tout le monde, mais quand le remède consiste à enclencher un processus qui ruine l'économie nationale par un abaissement systématique des prix via une mutilation organisée du cadre de vie et de l'esthétique des espaces urbains, on se demande si la facture n'est pas chère payée. Je me promène en Europe, et il est vrai que peu de pays échappent à cette dégradation environnementale, toutefois, j'ai l'impression qu'en France, certains élus locaux ont lancé un concours de mauvais goût pour rendre les choses encore plus moches. Il faut avouer que l'horreur dépasse parfois la fiction. 
    Quelles sont les causes profondes de ces mutations ? 
    Le besoin de transformer le citoyen en consommateur puis, la mécanique du profit à grande vitesse aidant, de le transformer en sur-consommateur d'une surproduction générée à cet effet. Et comme il ne s'agit pas de le faire attendre ou se déplacer trop loin, on lui met tout, du rayon de surgelé à la salle de bain en passant par la voiture, le bricolage, la décoration, le sport et le jardinage, à portée de la main. En fait, les fameuses «zones» (d'activités commerciales, industrielles ou économiques), si bien nommées, ne sont que la reproduction à échelle «agglomérative» de la grande surface. L'urbanisation obéit aujourd'hui à la logique de la grande distribution: d'un côté la ville avec sa population, que l'on pourrait qualifier de «zone clientèle», en barres de HLM ou en zone pavillonnaire, et, à côté, l'étalage à grande échelle des produits que l'on pourrait qualifier de «zone consommation». La masse clientélisée à côté du supermarché. Comme dans les élevages industriels de poulet, on apporte son granulé à la volaille sur un tapis. Pour cela il faut aménager le cadre de vie en circuit. 
    De Lille à Marseille, on trouve les mêmes restaurants, les mêmes ronds-points, le même urbanisme : pourquoi une telle uniformisation ? 
    Et si j'étais un brin provocateur, j'ajouterai: les mêmes goûts, les mêmes infos, les mêmes idées, les mêmes dogmes et les mêmes envies… Ce sont les joies de la mondialisation, que nos experts appellent pudiquement la globalisation. Quand vous avez une grosse usine qui produit de gros besoins avec de gros moyens il faut que ce bien de consommation là convienne au plus grand nombre possible de demandeurs. Donc les mêmes enseignes proposant les mêmes marques sur les mêmes critères de choix. Au cas où l'on tenterait d'y échapper, la publicité télévisée, plus colossal instrument de propagande de tous les temps, vous martèle le cerveau sans relâche en vous expliquant, à la façon de la Rolex de Jacques Séguéla: «si t'as pas ça à ton âge, tu as raté ta vie», en le déclinant à toutes les sauces. Et comme il faut reconnaître très vite le logo, la couleur, la forme, le design, le style, le slogan, on le reproduit à l'infini et à l'identique sur tous les espaces suburbains. Normal, car ce gigantesque besoin artificiel ne peut être assouvi et commercialisé que si un immense territoire marchand est mis à disposition du système. Les consommateurs étant rassemblés dans des villes on concentre tout ça autour de la ville. En d'autres termes ça s'appelle un marché de concentration. Je maintiens la formule et je l'assume. 
    Comment expliquer que le remplacement progressif du patrimoine par des habitats fonctionnels se fasse dans la plus complète indifférence ? Les Français auraient-ils perdu le sens de l'esthétique ? 
    Non, car, pour l'heure, ils ne l'on pas tous perdu, même si l'on assiste à un phénomène de masse. Mais si l'on explique que le summum du summum de l'épanouissement social, c'est d'avoir sa maison, et que l'on fait en sorte que l'on puisse acheter une maison d'usine à bas prix, ce qui est le cas de l'habitat préfabriqué, on donne à chacun le moyen d'être propriétaire. Tout cela est parfaitement louable car posséder son logement est une aspiration légitime. Et un droit inaliénable. Sauf que l'usine à maisons fabrique la même maison pour tous et que tout cela est concentré sur un territoire délimité. En fait on reproduit le phénomène de l'appartement, mais sur une base individuelle et séparée du voisin. La voirie devient une méga cage d'escalier. Les conséquences urbanistiques sont donc calamiteuses. A partir d'un certain seuil de concentration, je ne vois pas la différence avec le coron. Et comme la sociologie démographique va dans ce sens, les agglomérations françaises sont condamnées à répondre et à satisfaire cette attente là. Cela a t-il donné des cadres de vie où l'être humain s'améliore ou s'épanouit ? C'est une autre affaire. Hélas, la «mochitude» est aujourd'hui la norme, pour ne pas dire la règle, pour n'être que le reflet d'une logique économique elle même très moche puisqu'elle ne met plus l'homme au centre de sa finalité mais le fric. 
    Que pensez-vous du développement des éoliennes et des panneaux solaires dans les campagnes françaises ? L'écologie ne mérite-elle pas qu'on lui sacrifie un peu de laideur ? 
    Question douloureuse, car l'écologie est la défense de l'environnement, et le premier environnement, c'est le paysage. Les éoliennes et les panneaux solaires sont des remèdes à un système excessif, avec les mêmes objectifs : produire. Ils ne sont donc que la bonne conscience de ce système, pas un progrès écologique en lui même. Certes, ce sont des moyens «idéaux» de production d'énergie durable, enjeu fondamental de notre civilisation. Mais à quel prix ? Ai je vraiment envie de vivre «proprement» et «durablement» dans un tel univers visuel ? Est ce si «propre» de défigurer un paysage légendaire, une vallée, ou un village, avec ces prouesses de l'éco-technologie ? Ai-je envie de vivre dans un environnement transformé en base spatiale de film de science-fiction sous prétexte que je limite la casse d'une logique que je ne remets par ailleurs pas en cause puisque je continue à consommer de l'énergie. Le serpent se mord la queue, bien sûr, mais le problème est de savoir quel avenir je réserve à la planète. Je pars du principe un peu simpliste que se pourrir la vue c'est déjà se pourrir la vie. 
    Un pays abimé, défiguré, mais vivant, ne vaut-il pas mieux qu'une France muséale et figée dans un bucolisme attirant les touristes ? La France peut-elle échapper à l'un de ces deux destins : celui de la France des parkings et celui de la France des chambres d'hôtes ? 
    Et si les Aztèques et les Incas, pérennisés dans leur civilisation, n'avaient pas été éradiqués par l'Occident chrétien «au nom des Evangiles», le monde s'en porterait-il plus mal ? Dirions nous aujourd'hui aux Indiens d'Amazonie qu'ils s'accrochent à un monde «muséal» figé dans son «bucolisme tropical» sous prétexte que leur archaïsme primitif s'oppose à la transformation de leur paradis en enfer industriel de progrès ? Tristes tropiques que la France des parkings. A quel drôle de choix nous voici confrontés. Riches et pollués à mort ou pauvres mais en bonne santé ? Il existe peut-être un juste milieu. De la tomate hors sol pleine de pesticides et sans goût toute l'année ou un peu de bonne tomate de juillet à septembre ? 
    «Notre bonne vieille mère la Terre» comme disait le général de Gaulle dans son discours de Bayeux en 1946 ne pourra pas supporter longtemps la forme de consommation qui régit l'humanité depuis trente ans. A ce train là, le parking c'est l'antichambre du cimetière. C'est un choix philosophique de civilisation. Je le redis, mourir riches et puissants en pleine croissance ou durer dans le bon sens décroissant ? Vaste débat. Moi j'ai ma réponse.

  • Entrevue du C.N.C #6 : Rébellion

    Réponses de Jean Galié et de Louis Alexandre.

    1)      Quelle est la genèse du projet de Rébellion ?

    Louis Alexandre : La revue Rébellion est née de la volonté d'un petit groupe de camarades toulousains de dépasser les limites de « l'extrémisme » de droite comme de gauche.  Au début des années 2000, nous étions face à des impasses et il nous  fallait chercher ailleurs la rupture révolutionnaire à laquelle nous aspirions...

    Nous avons donc débuté un travail d'inventaire sans concessions, nous ne pouvions compter que sur nos forces et notre volonté. Mais cela a finalement payé et nous avons réussi à rendre crédibles nos idées. Aujourd'hui encore, nous conservons l'effervescence de cette époque dans nos esprits.

    2)      Quel bilan tirez-vous de vos 10 ans d’activisme dans la diffusion des idées ? 

    Louis Alexandre : Il ne faut pas avoir peur de défricher de nouveaux terrains, d'aller de l'avant et de lancer des initiatives. Nous avons été, à notre modeste niveau, des précurseurs souvent isolés à nos débuts. Mais des thèmes que nous avons développés voici dix ans trouvent un écho dans un large public aujourd'hui. Cela nous réjouit, mais nous ne devons pas nous reposer sur nos lauriers.

    Il ne sert à rien d'entreprendre une bataille politique, si nous n'avons pas d'abord gagné la bataille des idées. Et nous ne gagnerons la bataille des idées que si nous parvenons à donner un sens cohérent et compréhensible à notre pensée. Il était important de faire de Rébellion une arme efficace dans cette bataille, c'est actuellement notre chantier principal. 

    3)      Constatez-vous un intérêt croissant pour votre revue ces derniers temps ?

    Louis Alexandre : La revue connaît un développement important depuis trois ans. Cela n'est pas le fruit de la chance ou du hasard, mais repose sur un important travail. C'est le résultat de prises de contact directes, de campagnes militantes, d'organisations d'événements et de nombreux déplacements dans toute la France pour notre équipe. Le travail et l'effort sont la source de la réussite de tout projet.

    Le succès actuel de notre publication a révélé une attente d'un large public.Rébellion est pour cela une revue singulière car elle agrège un lectorat vraiment non-conformiste et venu d'horizons très différents.  Ce succès, nous le devons à nos lecteurs et aux camarades qui œuvrent pour faire connaître nos idées. Nous ne pourrons jamais assez les remercier pour cela.

    4) Quels sont les auteurs qui sont au cœur de la pensée de votre revue ?

    Jean Galié :  Cela est clairement dit dans la rubrique exposant la présentation de nos positions se trouvant dans chaque numéro (Proudhon, Blanqui, Sorel...) . Brièvement, disons qu'il s'agit de la tradition révolutionnaire transmise au sein de l'expérience du mouvement prolétarien dans sa dimension internationale. Il faut avoir recours à la pensée des auteurs ayant traduit de la manière la plus intelligente l'aspiration à la constitution de la communauté humaine débarrassée de l'aliénation capitaliste. Toute réflexion allant en ce sens mérite d'être examinée. De même, celle-ci peut fournir des bases afin de ne pas chuter dans des impasses et des fausses oppositions au système dominant. A ce niveau, la théorie marxienne est incontournable ainsi que l'étude des auteurs et courants s'étant situés à la marge et en opposition à la social-démocratie, au marxisme officiel, etc.

    5) Quels sont les auteurs à suivre aujourd’hui selon vous ?

    Jean Galié :  "Suivre" pas dans le sens de suivisme, bien évidemment. Comme nous le disions à l'instant, le recours aux "classiques" de la pensée de la communauté humaine authentique (le communisme marxien) alimentera toujours notre orientation. Il s'agit d'une question de méthode afin de ne pas s'égarer et non pas de nostalgie muséale. Après, il y a bien sûr, des auteurs apportant leur pierre à l'édifice de la critique du système. Alain de Benoist fait un travail remarquable à cet égard, en abordant les questions essentielles se posant au monde contemporain et en éclairant leur genèse et leur soubassement philosophique. Citons, du côté du courant marxiste, le travail fécond de Costanzo Preve en Italie, dont quelques ouvrages sont traduits en français et dont les productions méritent d'être plus connues en France, au-delà des efforts déjà existants de ceux qui les popularisent chez nous. On peut trouver évidemment d'autres auteurs intéressants, abordant telle ou telle question mais nombre d'entre eux restent bien souvent à mi-chemin de la critique à conduire selon nous (Michéa, par exemple).

    Louis Alexandre : Dans les auteurs actuels, j'ajouterai aussi les travaux d'Alexandre Douguine    sur l'alternative eurasiste.

    6) Comment définissez-vous votre pensée politique ?

    Jean Galié : Dans les conditions présentes - et depuis longtemps - la politique est un rapport de forces entre classes antagonistes. La classe dominante le sait très nettement et joue de cet avantage. La puissance "publique" n'est pas neutre, même si l'Etat a du faire des concessions aux travailleurs à la suite de leurs luttes et aussi pour mieux les anesthésier. Mais ces "avantages acquis" au sein du monde aliéné ne sont néanmoins pas éternels et sont en train de disparaître assez rapidement. L'offensive est conduite par les forces du capital. Alors, la politique que la classe exploitée devrait conduire serait la stratégie afin de combattre les attaques de celles-ci. Cela, sans illusions, il est nécessaire de s'affronter à l'organe de la coercition dominante, l'Etat. La politique serait l'expression du devenir hégémonique des prolétaires conscients sur les forces de la dissolution du lien social par laquelle le capital se reproduit dans son ensemble. L'hégémonie du prolétariat est corrélativement sa disparition en tant que condition prolétarienne soumise au travail salarié dominé par le fétichisme de la marchandise. Ce n'est qu'à cette condition que l'on peut envisager la fin de l'autonomie du politique au-dessus de la société et l'au-delà de la politique.

    7) Quels sont vos liens avec les milieux dits de « gauche radicale » ou de « droite radicale » ?

    Jean Galié : Ces notions et courants, "radicaux" ou pas ne nous intéressent pas. Nous écoutons, et nous pouvons dialoguer avec tous ceux qui manifestent une volonté authentique de tourner le dos à ce système capitaliste pourri. Malheureusement, ils sont encore trop peu nombreux même si des intentions de révolte apparaissent çà et là. Les lubies de droite et de gauche sont paralysantes ; si vous comprenez que ce monde ne peut être aménagé au sein d'un consensus entre classes sociales, alors allons-y! Réapproprions-nous nos conditions d'existence sociale, c'est cela le fond du problème!

    8)      En quoi consiste concrètement l’OSRE ? Pour quelle(s) raison(s) cette structure a été créée ?

    Louis Alexandre : L'Organisation Socialiste Révolutionnaire Européenne est l'expression militante des idées de la revue Rébellion. C'est le regroupement des personnes voulant faire vivre ses idées sur le terrain. C'est le fer de lance de la diffusion de notre revue et le vecteur de campagnes ciblées ( par exemple contre l'Otan, pour la libération sociale et nationale de l'Europe...).

    9) Que pensez-vous des initiatives du réseau MAS ?

    Louis Alexandre : Il nous apparaît qu'une lutte isolée limite la portée de l'idée socialiste révolutionnaire européenne. Il est donc primordial de participer au vaste chantier de construction d'un mouvement dissident balbutiant. Nous croyons en la nécessité d'une coordination de l'ensemble des groupes  qui œuvrent dans ce sens. En suivant l'idée d'un enracinement dans la réalité, nous considérons que la création d'un  réseau souple d'échanges et de mise en commun d'expériences et de compétences est possible entre les divers organisations, cercles, associations et publications qui partagent les mêmes valeurs.

    Nous partageons justement avec le MAS ses valeurs militantes. C'est une structure politique intelligente qui recherche une véritable rupture militante. Nous soutenons donc ses initiatives de solidarité sociale, sportive et de formation. Nous sommes aussi des auditeurs fidèles de Méridien Zéro.

    10)  Passons de la théorie à la pratique… Que doit faire un dissident aujourd’hui dans sa vie quotidienne pour résister au Système et pour entamer la reconquête de la souveraineté nationale et populaire ?

    Louis Alexandre : Ne pas avoir peur de s'investir sur plusieurs fronts est notre philosophie militante. Quand l'on nous dit qu'un choix doit être fait entre la réflexion et l'action, le politique et le culturel... nous répondons que nous refusons cette hémiplégie de l'engagement. En investissant tous les espaces d'action, nous imposerons d'autant mieux notre vision globale, nos solutions à la fin du monde capitaliste moderne.

    De même, en participant activement à la vie de la communauté dissidente naissante, on donne un sens véritable à son existence. Elle devient une tension créative et tragique vers un idéal. Une fidélité sans actes à des idées n'est rien ; un engagement est nécessaire pour les faire vivre. Nous avons tous des obligations et des moyens limités. Mais notre volonté n'est-elle pas plus forte ? Ne pouvons-nous pas faire mieux ? 

    Ne regardons pas ailleurs et ne jugeons pas les autres si nous ne sommes pas capables de faire mieux qu'eux. Soyons sérieux et efficaces. Un militant doit toujours être exigeant envers lui- même, il ne doit jamais se reposer sur les acquis mais conserver un esprit d'avant-garde. La force de l'exemple,  la volonté de faire mieux et la camaraderie doivent être le cœur vivant de son engagement.

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/archives/category/nos-entrevues/index-4.html

  • Entrevue du C.N.C. #21: Guillaume Lenormand

    De retour du Donbass, Guillaume Lenormand a accepté de répondre à notre entrevue. Il nous a semblé intéressant d'avoir son point de vue sur différents éléments du conflit, mais également des éléments de son parcours. Avant son départ, Guillaume avait rédigé quelques articles pour le Cercle Non Conforme et nous avions pris l'habitude de relayer certaines de ces contributions issues de son blog personnel. Bien que nos chemins aient divergé par la suite, Guillaume n'a jamais manifesté d'hostilité à notre égard, et inversement. C'est naturellement que nous lui ouvrons de nouveau nos colonnes.

    1) Le Cercle Non Conforme. : Peux-tu te présenter rapidement pour nos lecteurs. Quel était ton parcours militant et intellectuel avant ton engagement au Donbass ?
     
    Guillaume Lenormand : J'ai eu la chance de grandir sans télé, ce qui m'a obligé à beaucoup lire. J'ai fait une année d'étude d'arts à l'école Emile Cohl à Lyon, et une licence d'Histoire à l'Université de Rouen. Parallèlement, je dessinai sous le pseudo de "Krampon" et j'ai milité successivement chez les identitaires, au Parti de la France, à 3eme Voie et à la Fraternité Nationaliste Normande. 

    2) Le C.N.C. : Au commencement de la crise ukrainienne, nous avions publié une tribune libre dans laquelle tu avais développé ta vision du Maïdan, vision en divergence avec les positions que nous avons développé par la suite. Cette position et tes vues de l’époque t’ont conduit à un engagement direct pour les séparatistes du Donbass. Peux-tu développer les raisons de ton engagement ? Qu'est-ce qui t'a incité à franchir le pas, à passer du clavier au fusil, la politique ? Le goût de l’aventure ?

    G. L. : J'ai toujours voulu faire la guerre, mais je voulais choisir mon combat, donc l'armée française et son esprit déplorable, hors de question. Avec le recul, j'aurai peut être quand même du y passer quelques années, c'est important pour le CV quand on se porte volontaire. Du reste, les raisons de mon engagement ont survécu: je suis plus que jamais persuadé qu'il y a eu au Donbass, une "révolte contre le monde moderne", une résistance authentique d'une partie de la population contre le pillage de leur terre par des intérêts apatrides. Ils ont refusé l'humiliation et le "sens de l'histoire" qui nous est imposé aujourd'hui, non plus par les marxistes, mais par les mondialistes. Pour moi, le Donbass, c'était un peu les ch'tis et les électeurs du FN qui prennent les armes contre l'UMPS... Pour le meilleur et pour le pire.  Passer à l'action était naturel. Je ne suis pas particulièrement courageux, mais je hais le faux, le vide, les paroles inconséquentes. Autrefois, tous les jeunes européens partaient en guerre à un moment ou autre. Mes grands-parents ont tous vécu la guerre, en Algérie, en Indochine ou en Europe. C'est une chose normale. 

    3) Le C.N.C. Quel bilan tires-tu de cet engagement sur le plan personnel et militant ? Pourquoi as-tu quitté Unité Continentale ? As-tu le sentiment d'avoir servi des intérêts nébuleux, éloignés des idées que tu défendais initialement au début de ton engagement?

    G. L. : Le bilan est trop vaste pour le résumer ici. Politiquement, j'étais au départ totalement sur la ligne d'Unité Continentale. Je les ais quittés car ils devenaient le contraire de ce pourquoi je m'étais engagé. L'esprit caporaliste de l'armée régulière française y régnait, agrémenté de paranoïa et de machinations diverses. Ils isolaient les volontaires, confisquaient l'argent et les téléphones, s'en prenaient à ceux qui voulaient partir, voulaient tout contrôler.  Sur le terrain, ils étaient totalement incompétents. Ils refusaient les bonnes occasions de se battre, ou au contraire, montaient des missions suicide sans queue ni tête. Ils se mettaient également les russes à dos. Moi j'étais venu me battre, pas faire de la com.  Me battre pour le peuple du Donbass, pas pour une clique de Français. Me battre pour devenir un homme libre. Unité Continentale était devenu une prison.  En Février, quand je l'ai quitté, presque tous les français m'ont suivi à Donetsk, ils en avaient marre aussi. On s'est ensuite dispatché dans différentes unités. 

    4) Le C.N.C. : Que penses-tu du rouleau compresseur médiatique pro-Kremlin et de la poutinolâtrie qui sévit dans la mouvance nationale, toi qui a été volontaire sur place ? As-tu le sentiment, malgré le fait que tu ais choisi l'autre camp, que les nationalistes ukrainiens ont pu être injustement traités médiatiquement par beaucoup de camarades (ou prétendus tels) ?

    G. L. : Je suis devenu assez allergique à la propagande en général, qu'elle soit de mon camp ou de l'autre. Elle est tellement grossière, tellement incantatoire...  La propagande est "le faux", ce contre quoi je me bas, et ce contre quoi tout chrétien doit se battre. On me dira sûrement que je suis trop idéaliste. Je comprends les raisons de certains nationalistes ukrainiens qui se battaient contre nous. La propagande néo-stalinienne niait rabiquement toute fierté nationale pour ces peuples satellites de l'URSS. "Nazis, nazis", mot répété ad Nauseam.  il n'y avait aucune distanciation, aucune volonté de comprendre l'ennemi. Pour vaincre, il faut comprendre. J'avais envie de foutre mon poing dans la gueule de certains "politruks" de notre camp, car leur triomphalisme et leur incapacité à se remettre en question ont été la source de nombreux problèmes militaires et politiques. 
    Heureusement, tout le monde ne tombait pas dans le mensonge et le fanatisme. Il y avait également des soldats déterminés, mais calmes et justes, comme le commandant Mozgovoï. Lui, ne confondait pas le peuple ukrainien avec ses oligarques véreux. Il voulait une révolution "pour tous". Igor Strelkov était également un de ceux-là, je suis bien placé pour le savoir. 

    5) Le C.N.C. : Tu vas prochainement publier un livre, quel en sera la teneur et l'objectif ? Quel est le public visé ?

    G. L. : Je suis parti à l'origine pour 4 ou 5 mois, et j'ai finalement passé un an à l'étranger. Il y a eu des situations rocambolesques, tragiques et incroyables, de nombreux personnages hauts en couleurs... Je me suis dit que cela méritait d'être écrit, car c'est indéniablement une aventure moderne (pour ceux qui croient que l'aventure n'est plus possible en ce monde). Il y a aussi énormément de rumeurs et de bruits qui courent sur ce que nous aurions faits ou non. Même si l'on ne me croira pas forcément, je veux livrer "ma version". J’espère que ce bouquin servira à long terme de référence et de témoignage pour tous ceux qui s'intéressent à l'histoire de cette guerre des volontaires étrangers: historiens, passionnés. Évidemment, je ne renie pas mes idées et j'imagine que seul un éditeur "ami" acceptera de le publier. 

    6) Le C.N.C. :  Fort de cette expérience, vas-tu poursuivre ton engagement, sous une forme ou sous une autre en France, ou souhaites-tu tourner une page et en écrire une nouvelle loin du militantisme, de la politique et de la guerre ?

    G. L. : Joker.  

    7) Le C.N.C. : Merci Guillaume de nous avoir accordé cet entretien. Souhaites-tu ajouter quelque chose ?

    G. L. : C'est moi qui vous remercie. Hauts les cœurs et mort aux cons !

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