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entretiens et videos - Page 826

  • Brighelli - FN : le programme de Philippot pour l'école et l'université

    Florian Philippot, vice-président du Front national dirigé par Marine Le Pen, répond aux questions de Jean-Paul Brighelli sur l'école.

    On m'a beaucoup déconseillé d'offrir une tribune à Florian Philippot, c'est-à-dire au FN. Des démocrates convaincus pensent légitime d'ignorer un parti qui rassemble, sondage après sondage, au moins 30 % des Français. Ce n'est pas ma façon de penser. Qu'il soit par ailleurs bien entendu que publier ses réponses à des questions qui se posent effectivement n'est ni un acte d'allégeance ni un appel du pied. Cela dit, à deux mois des élections régionales, à moins de deux ans des présidentielles, il est temps que chacun sache à quoi s'attendre de la part de chacun des partis qui aspirent à gouverner le pays. Quant aux grincheux…

    Jean-Paul brighelli : Réforme du lycée (Chatel) ou réforme du collège (Vallaud-Belkacem), quel regard portez-vous sur ces réformes qui se donnent pour prétexte le bien-être des élèves ?

    Florian Philippot : Ces réformes, comme l'ensemble de celles menées depuis plus de trente ans, et tout particulièrement celles qui ont découlé de la loi Jospin de 1989 si l'on remonte un peu plus loin, vont à rebours du bien des élèves quand, en effet, elles prétendent souvent favoriser leur "bien-être". Elles ont pour dénominateur commun d'avoir provoqué une baisse constante du niveau d'exigence et des contenus enseignés. Or, ce n'est pas en plaçant l'élève "au centre du système", en prétendant lui "faire inventer ses propres savoirs" ou autres inepties pédagogistes, mais en lui dispensant un enseignement exigeant et en lui donnant le goût de l'effort que l'école doit lui permettre de trouver du sens et de s'épanouir.

    140 000 élèves sortent chaque année du système scolaire au niveau troisième sans aucun diplôme, et en général sans compétences de lecture. Quelle réforme prioritaire pourrait, selon vous, éviter cette saignée ?

    L'impératif est d'en finir avec le "collège unique". Sous prétexte de (faussement) "démocratiser le collège", on y a fait triompher la médiocrité et produit massivement de l'échec scolaire. Il faut donc réintroduire, dès le premier cycle du secondaire, un palier de sélection juste, permettant notamment, et sous condition d'une revalorisation effective de cette voie, l'apprentissage dès 14 ans. Cela suppose évidemment qu'en amont des chances égales soient données à tous : il faut réformer l'école primaire, de sorte que chaque enfant arrive au collège en maîtrisant les fondamentaux et, tout particulièrement, la lecture.

    En matière d'école, êtes-vous plutôt jacobin ou girondin – les décisions doivent-elles être prises en haut ou laissées aux initiatives locales, communes, département, région ou même établissement ? En particulier, seriez-vous favorable à la sélection d'un seul système d'apprentissage de la lecture au niveau national ?

    L'ensemble du système scolaire souffre d'un défaut de centralisation et de cohérence nationale, ce qui est particulièrement sensible au regard du peu de contrôle qui s'exerce relativement à des "expérimentations pédagogiques" plus ou moins hasardeuses. Notre pays a un besoin urgent d'un grand plan de redressement de son système scolaire, et non que des "initiatives locales" interfèrent avec une politique qui ne peut être conduite qu'au niveau national. C'est, du reste, une exigence républicaine que de garantir l'égalité de tous les élèves devant les enseignements dispensés, en matière d'apprentissage de la lecture comme en toute autre.

    Quelles sont les priorités de l'école primaire ?

    L'école primaire et, tout particulièrement, l'école élémentaire ont les justes désignations de leurs missions : elles doivent prioritairement transmettre aux enfants les éléments de toute instruction, c'est-à-dire les savoirs fondamentaux que constituent la lecture, l'écriture et le calcul. Chaque enfant doit sortir du primaire en maîtrisant ces fondamentaux. Cela exige, du point de vue des contenus, qu'ils cessent d'être revus à la baisse et que leur transmission ne soit plus différée, mais aussi une révision des méthodes d'enseignement : ce sont les méthodes éprouvées qui doivent être retenues et appliquées, la syllabique pour l'apprentissage de la lecture, par exemple. Un statut du directeur d'école doit enfin être créé.

    Diverses polémiques sont nées des nouveaux programmes tels qu'ils ont été élaborés par le Conseil supérieur des programmes – en particulier en histoire. Quelles sont, à votre avis, les priorités dans l'enseignement de cette matière sensible pour laquelle les Français ont tant d'appétence – et pas forcément de compétences ?

    L'enseignement de l'histoire et de la géographie a pour fonctions de permettre à l'élève de se situer dans le temps et l'espace, de lui rendre concrètes ses appartenances collectives, et même l'âme de la France, et participe grandement à sa formation en tant que citoyen. Or il n'y a de citoyenneté que dans le cadre de la nation. C'est pourquoi il est proprement inacceptable que des pans entiers de notre histoire nationale disparaissent des programmes d'histoire, ce qui est très choquant. Cela en dit long quant au degré de renoncement et de soumission de notre pays à l'égard d'instances supranationales non démocratiques. L'enseignement de l'histoire doit, au contraire, renouer avec le roman national, qui doit y occuper une place centrale. L'une des finalités de l'école est en effet de donner aux enfants de France des raisons d'être fiers de leur pays, et elle doit tout autant remplir une fonction assimilatrice, ce qui exige que tous les jeunes Français puissent se reconnaître dans une histoire commune, de la Gaule romaine à la République en passant par nos rois et l'empire.

    Depuis près de quinze ans, tous les programmes tournent autour du "socle de compétences" – savoir lire, écrire, compter et maîtriser les savoirs élémentaires. Est-ce un bon principe ? Comment procéder ? Ce qui est désigné comme un objectif ne pourrait-il pas être redéfini comme un a priori ?

    Ne nous laissons pas abuser par cette "pédagogie du socle" : elle a constitué, dès ses débuts, un alibi parfaitement retors d'un moins-disant, bien réel lui, en termes de savoirs effectivement transmis. Au regard de l'exigence d'égalité des chances, l'imposture est donc totale. C'est en termes de fondamentaux qu'il s'agit de concevoir les savoirs qui doivent être prioritairement transmis, et c'est la mission de l'école élémentaire, donc, que de les transmettre et de s'assurer qu'ils sont maîtrisés par tous les élèves, l'enseignement secondaire devant, quant à lui, permettre de construire sur ces savoirs élémentaires des savoirs plus élaborés, plus complexes et plus spécialisés.

    Le protocole de Lisbonne a défini depuis 1999-2000 de façon coercitive les politiques éducatives au niveau européen. Peut-on élaborer un "plus petit dénominateur pédagogique" avec nos partenaires ou faut-il en revenir à ce que nous savions faire en France – sans souci de cohérence européenne ?

    Par son école, une nation prépare son propre avenir. Les politiques scolaires doivent donc être décidées au niveau national, et c'est à l'État qu'il incombe de prendre en charge les politiques organisant le système scolaire, définissant pour chaque niveau d'enseignement ce qu'il s'agit d'enseigner et comment. N'oublions pas que notre école était, il y a quelques décennies encore, l'une des meilleures au monde… Que s'est-il donc passé pour qu'aujourd'hui elle fasse défaut à ce point ? Si c'est par son école qu'une nation prépare son avenir, le fait que l'école aille mal – et la nôtre se porte très mal – constitue le révélateur parfaitement clair de ce que la nation a renoncé à elle-même, a perdu ses ambitions et n'a plus grande idée de son avenir. Ici comme ailleurs, la France doit retrouver sa souveraineté : sa politique éducative doit être réorientée dans le sens de l'intérêt individuel des élèves qui rejoint celui, collectif, de la nation.

    Vous voici au pouvoir. Quelles sont les trois premières mesures que vous prenez en matière d'éducation ?

    Recentrer l'école primaire sur l'enseignement exigeant des fondamentaux selon des méthodes éprouvées, ce qui est la première des conditions pour que des chances égales soient données à tous les enfants de France.

    En finir avec le collège unique : il faut revoir de fond en comble le système d'orientation, de sorte qu'il n'y ait plus d'"orientation par défaut" et de "filières poubelles", ce qui passe par une revalorisation effective des filières d'apprentissage et de la voie professionnelle dans son ensemble.

    Procéder à une recentralisation progressive de l'administration de l'Éducation nationale et de l'enseignement supérieur, condition générale à la conduite d'un grand plan de redressement s'appliquant à l'ensemble du système, y compris, donc, l'université.

    Le FN a longtemps été favorable au chèque-éducation. Qu'en est-il aujourd'hui ?

    Le Front national a depuis longtemps abandonné le projet du "chèque-éducation". Dans l'esprit de responsabilité de gouvernement qui l'anime, c'est au grand plan national de redressement de l'école et de l'université françaises qu'il travaille.

    L'université est aujourd'hui à bout de souffle, et peine, en cette rentrée, à trouver une place pour tous les néo-bacheliers. Quelle réforme vous paraît immédiatement nécessaire ?

    À l'exception de certaines filières par nature sélectives, comme la médecine, le drame de l'université, c'est la massification : battant en brèche toute sélection, on laisse s'engager dans de nombreuses filières pléthore d'étudiants en les condamnant à l'échec ou, ce qui revient au même, à décrocher des diplômes sans réelle valeur. Quitte à provoquer une petite "révolution culturelle", et dans le bien d'abord des étudiants qui doivent cesser d'être abusés quant aux débouchés réels des études qu'ils poursuivent, il importe donc d'instaurer, au niveau des études supérieures aussi, des paliers de sélection juste. Mais c'est surtout en amont que les choses, là aussi, se jouent : on préviendra nombre d'échecs dans l'enseignement supérieur lorsqu'on aura revu en profondeur le système d'orientation en permettant aux néo-bacheliers de choisir leur voie en pleine connaissance de cause et, donc, avec discernement.

    La formation des maîtres est aujourd'hui confiée aux ESPE, qui ont remplacé les ex-IUFM. Que faire de tous ces pédagogues professionnels ? Et à qui confier la formation ?

    Un contresens majeur a été commis au sujet de ce qu'est la pédagogie, contresens qui a présidé à la création des IUFM, puis des ESPE : elle n'est pas un savoir théorique – et c'est pourquoi, inévitablement, les prétendues "sciences de l'éducation" n'ont pas mené à grand-chose –, mais un art, c'est-à-dire une pratique dans laquelle on progresse à force de pratique, justement, de tâtonnements, d'erreurs, parfois, et, progressivement, de succès. C'est donc en situation, en se confrontant à des élèves réels, que l'enseignant se forme et, à ce moment crucial, il n'a nul besoin de perdre son temps dans ces temples de la "déformation pédagogique" que furent, durant trente ans, les IUFM et que sont à présent les ESPE. Ce dont il a besoin, c'est, en situation donc, des conseils avisés et bienveillants d'un enseignant expérimenté qui, par l'exemple qu'il lui fournit, facilite la progression de ses propres pratiques pédagogiques.

    Les enseignants français sont parmi les moins bien payés d'Europe. Faut-il modifier cet état de choses ? Avec ou sans contrepartie ?

    Nous réformerons l'Éducation nationale dans un souci de sérieux budgétaire, mais tenons à une revalorisation symbolique de la fonction enseignante – c'est un noble métier qui doit être reconnu comme tel –, et elle passe bien sûr par une augmentation des salaires. Nous sommes attachés aux statuts des fonctionnaires d'État, et il n'est pas question de les contraindre dogmatiquement à « diversifier leurs missions » : celle d'un enseignant est d'instruire les élèves que la nation lui confie. C'est bien pourquoi les décharges horaires doivent être scrupuleusement contrôlées : il n'est, par exemple, pas légitime, pour faire écho à votre précédente question, que tant d'enseignants deviennent des « formateurs professionnels », au point de perdre tout contact avec les élèves réels.

    notes * Jean-Paul Brighelli est délégué national à l'instruction publique du mouvement politique Debout la France, dirigé par Nicolas Dupont-Aignan.

    source : Le Point :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/politique/EuuFVlAAklXtLNxMje.shtml

  • Entretien sur l'écologie, paru dans L'Action française (partie 1).

    L’Action Française m’a posé quelques questions sur le thème de l’écologie dont les réponses ont été publiées dans le numéro de cette semaine, et que je me permets de reproduire sur ce site, en quelques parties… 

    L’Action Française 2000 : Peut-on dire que l’écologie est aujourd’hui l’expression la plus nette et la plus vérifiable d’un véritable souci du bien commun ?

    L’écologie devrait être le souci d’un bien commun qui ne s’arrête pas aux hommes du présent mais s’intéresse aussi à ceux de demain. L’écologie, c’est une politique des lieux, des espaces, du long terme. Le bien commun n’est pas réductible à un moment, il est extensible à des temps et des espaces beaucoup plus vastes. Et d’ailleurs la république, qui vit sur le court terme, surtout aujourd’hui quand elle ne pense qu’à la prochaine présidentielle, ne peut pas envisager ce long terme. 

    Existe-t-il un bien commun écologique commun au monde entier, à toute une nation, à une région ? Comment intégrer la réalité du terrain et des usages dans ce bien commun ?

    Il faut adapter l’écologie aux peuples, aux nations, aux régions, et cela avec leurs particularités. Il y a un bien commun “mondial”, c’est la survie de l’humanité, la survie de la planète. Mais l’écologie ne peut pas se pratiquer partout de la même manière, parce que les conditions et les enjeux varient. En France, il y a la nécessité d’une certaine décroissance comme dans tout l’occident, comme le dit le pape dans Laudato Si’. Ailleurs, la question se pose différemment : on peut concilier l’écologie et une certaine élévation du niveau de vie, de qualité de vie, mais à condition de ne pas privilégier un seul mode de développement. Les Indiens d’Amazonie n’ont pas forcément besoin de Coca-Cola ni d’objets connectés : ce ne serait bon ni pour eux ni pour l’Amazonie. Il faut préserver les espaces et les civilisations, sans imposer un développement sur un mode européen, qui a été et reste très destructeur, même si certains n’y voient que des progrès. Pour en revenir à la France, elle a besoin de frugalité, de sobriété – ce qui ne veut pas dire une pauvreté contrainte, mais un mode de vie qui prenne en compte la survie des espaces et des espèces : par exemple, par le refus de l’artificialisation croissante de la terre, en pensant urbanisation et ruralisation sous un autre angle que strictement économique.

    Mais y a-t-il une vraie prise en compte des nécessités écologiques, en France ? Entre agriculture productiviste, industries polluantes et villages disparus, l’État n’a-t-il pas abandonné la nature et ne se contente-t-il pas d’un écologisme de façade, comme certains écologistes ? 

    Le parti des Verts a fait énormément de mal à l’écologie, qu’il a réduite à des engagements sociétaux, ou plutôt à des carrières qui n’ont pas grand-chose à voir avec l’écologie. Les Verts pouvaient être intéressants quand il y avait des gens comme Antoine Waechter, Brice Lalonde, ou Yves Cochet (toujours aux Verts) qui a une véritable pensée (avec laquelle on peut ne pas être d’accord, sur la question démographique en particulier). EELV n’est plus qu’un parti comme les autres, avec des écologistes de surface, des écologistes larrons. Il y a peu à voir entre monsieur Placé et des gens comme Pierre Rabhi ou René Dumont. L’écologie est devenue une boutique partisane. Il peut y avoir des écologistes sincères, mais la “nature” de ce parti, son idéologie, n’a pas grand-chose à voir avec le respect de l’environnement, des hommes, des espèces végétales et animales. Je suis marqué, par exemple, par le fait que EELV a toujours été peu engagé sur le terrain de la protection animale.

    Le parti EELV est en défaut, donc, mais l’État lui-même ?

    Lui aussi, bien sûr. L’État n’a pas su ou n’a pas pu, ou pas voulu, prendre la mesure de l’écologie. Car le système même de la démocratie électorale empêche de raisonner sur le long terme : on ne voit que l’horizon 2017, aujourd’hui, et non les décennies prochaines. C’est de la petite politique politicienne, partitocratique, sans véritable conscience d’État. Par ailleurs, le politique se limite aujourd’hui à la gestion de l’économique, et on n’a eu que trop tendance à opposer l’environnement et l’économie, au lieu de penser les deux en même temps. Il faudrait une politique qui adopte comme ligne de conduite la formule « On ne commande à la nature qu’en lui obéissant. »… 

    (à suivre) Jean-Philippe Chauvin

    http://nouvelle-chouannerie.com/

  • Emission "Bureau politique" du 20 septembre 2015 avec Jean-Marie Le Pen


     

  • Onfray, Sapir : le retour en force de la gauche du non

    Entretien avec Thomas Guénolé

    Ex: http://patriotismesocial.fr

    Thomas Guénolé décrypte comment la gauche du non, ignorée en 2005, est en train de revenir sur le devant de la scène, accusée de «faire le jeu du FN».

    Thomas Guénolé est politologue et maître de conférence à Sciences Po, docteur en sciences politiques (Sciences Po – CEVIPOF). Il est l’auteur du Petit guide du mensonge en politique paru aux éditions First en mars 2014.

    LE FIGARO. – Jacques Sapir et maintenant Michel Onfray, deux personnalités issues de la gauche, ont été récemment accusés de faire le jeu du FN. Selon vous, ces polémiques s’inscrivent dans la continuité du «Non» français au traité constitutionnel européen en 2005. En quoi ?

    Thomas GUÉNOLÉ. – Après la victoire du «Non» au référendum de 2005 sur la Constitution européenne, il y avait eu alliance objective entre le «Oui de droite» et le «Oui de gauche», entre l’UMP de Nicolas Sarkozy et le PS de François Hollande, pour adopter au Parlement quasiment le même texte, rebaptisé «traité de Lisbonne».

    Depuis lors, le «Non de gauche» a été repoussé en France dans les limbes du débat public, du paysage politique, et du paysage audiovisuel. Voici dix ans en effet qu’en France, les intellectuels, éditorialistes et économistes qui défendent les idées du «Non de gauche», et qui obtiennent d’être significativement médiatisés, se comptent au total à peine sur les doigts des deux mains. Pourtant, lors du référendum de 2005, selon un sondage de TNS Sofres et de Gallup, le «Non» à la Constitution européenne, en particulier à son programme économique, avait fait 70% des voix chez le «peuple de gauche».

    Au bout de dix ans de purgatoire, depuis quelques mois nous assistons au contraire à la brutale réhabilitation du «Non de gauche» dans le débat public. La présence beaucoup plus prégnante d’intellectuels comme Emmanuel Todd, Jacques Sapir, Michel Onfray, tous trois partisans de cette ligne politique, constitue un symptôme évident de ce retour de balancier.

    Dans ce contexte, il est parfaitement cohérent que Laurent Joffrin en particulier soit monté au créneau contre Michel Onfray: c’est la riposte du «Oui de gauche» au «Non de gauche». On avait assisté à la même chose, lors de la controverse sur le livre «Qui est Charlie?», entre le «Non de gauche» d’Emmanuel Todd et le «Oui de gauche» de Manuel Valls.

    La crise politique euro-grecque de 2015 a-t-elle contribué à cette transformation du débat public français ?

    Je pense même que c’est le facteur principal qui a provoqué cette transformation du paysage intellectuel. L’affrontement entre les dirigeants de l’Union européenne et le gouvernement grec a atteint un degré de violence politique proprement ahurissant: songez qu’en plein référendum grec sur les mesures d’austérité exigées par la «Troïka», la Banque centrale européenne a coupé l’arrivée de liquidités au système bancaire grec tout entier. Sauf erreur de ma part, c’est du niveau d’un acte de guerre économique pure et simple.

    Obtenue avec ces méthodes et avec ces exigences en termes d’austérité radicalisée, la capitulation d’Athènes le couteau sous la gorge a sans doute agi comme révélateur sur tout un pan de l’opinion publique de gauche en France. Le révélateur de cette vérité simple: non, quand on est dans la zone euro, et quand on a signé le Pacte budgétaire européen dit «traité Merkozy», on ne peut pas faire une autre politique que celle de l’austérité. Et donc: non, quand on est dans la zone euro et quand on a signé le Pacte budgétaire européen, on ne peut pas faire une politique de gauche au sens où l’entend le «Non de gauche».

    Tout au plus peut-on, comme actuellement François Hollande, être de gauche au sens très limité d’une politique socio-économique identique à celle de la droite, mais accompagnée d’une lutte rigoureuse contre les discriminations dans la société française ; discriminations qui du reste sont bien réelles, en particulier contre les femmes, les jeunes, et les Français ayant des origines arabes ou subsahariennes. Du reste, c’est toute la logique de la stratégie Terra Nova conceptualisée par feu Olivier Ferrand pour le candidat du PS à la présidentielle de 2012.

    Par conséquent, la crise euro-grecque de 2015 ayant brutalement dévoilé qu’une alternative à l’austérité est interdite quand vous êtes membre de l’euro et du Pacte budgétaire européen, il est parfaitement logique qu’elle accouche de la résurrection du «Non de gauche» dans le débat public français.

    Ce «Non» de gauche peut-il, non pas faire le jeu du FN, mais le concurrencer ?

    Etre de gauche et dire que la France doit sortir de Schengen, pour combattre la concurrence déloyale de la main d’œuvre d’Europe centrale, ce n’est pas faire le jeu du FN. Etre de gauche et dire qu’il faut copier le modèle canadien d’immigration par quotas de métiers, pour empêcher l’écrasement des salaires du personnel non qualifié et le dumping sur celui du personnel qualifié, ce n’est pas faire le jeu du FN. Etre de gauche et dire qu’il faut sortir de l’euro pour ne plus se voir interdire les relances monétaires keynésiennes, ce n’est pas faire le jeu du FN. C’est, au contraire, enrayer la dynamique du FN, en faisant que la gauche se réapproprie ses propres fondamentaux socio-économiques.

    C’est la grande contradiction dans le raisonnement d’une partie des éditorialistes, intellectuels et économistes qui défendent le «Oui de gauche»: accuser leurs homologues du «Non de gauche» de «faire-le-jeu-du-FN» en ayant un discours souverainiste de gauche. Or, au contraire, ce sont la marginalisation et l’étouffement du «Non de gauche» dans le débat public français depuis dix ans qui favorisent la montée du FN, en le mettant en monopole sur le message anti-politiques européennes d’austérité. Car, tout bien pesé, si le «Non de gauche» existait solidement dans le paysage intellectuel et politique français, alors, du jour au lendemain, la stratégie Philippot du FN, consistant à cibler les électeurs du «Non de gauche», n’aurait plus aucune chance de fonctionner.

    Pour l’heure, le «Non de gauche» ne trouve pas de traduction politique…

    C’est plutôt un problème d’unification qu’un problème de vide. EELV tendance Duflot, Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon, Nouvelle Donne de Pierre Larrouturou, aile gauche du PS presque en rupture de ban, réseaux d’Arnaud Montebourg: sur le fond, ces courants du paysage politique incarnent tous à des degrés divers le «Non de gauche», et ils ne divergent que sur une poignée d’enjeux, secondaires face au programme européen d’austérité.

    Néanmoins, aussi longtemps que cette offre politique du «Non de gauche» sera atomisée, fragmentée, balkanisée, elle n’aura aucune chance de percer. Et ce, alors que l’écroulement progressif dans les urnes du «Oui de gauche» lui donne une fenêtre de tir.

    Face aux divisions de la gauche du «Non», la candidature d’une personnalité de la société civile peut-elle émerger pour la présidentielle de 2017 ?

    Peut-être Michel Onfray lui-même compte-t-il, comme José Bové en son temps, concourir à l’élection présidentielle ; et après tout, l’aventure d’un candidat venu de la société civile est dans l’air du temps. Cependant, une autre possibilité m’apparaît plus solide pour porter un «Non de gauche» unifié sur les fonds baptismaux: une primaire ouverte de toute la gauche du «Non», pour ne présenter qu’un candidat au premier tour de 2017 ; et d’ici là, l’unité de liste systématique du «Non de gauche» au premier tour des élections régionales de décembre.

    SourceLe Figaro

    http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2015/09/25/onfray-sapir-le-retour-en-force-de-la-gauche-du-non-5690014.html

  • Interview d’Etienne Chouard sur l’assemblée constituante

     

    Etienne Chouard nous parle dans cette émission de la création par le peuple et pour le peuple de la nouvelle constitution que nous devons mettre en place après la révolution qui va bientot arriver.

    Plus d’infos - http://news360x.fr/
  • Entrevue du C.N.C. #22: La Hongrie face aux "migrants" avec Romain

    Cette entrevue sur la situation hongroise a été réalisée le 16 septembre 2015 avec Romain, vieux camarade du C.N.C. parti vivre à Budapest. Le lecteur pourra constater combien la différence entre nos deux pays est importante tant politiquement que culturellement.

    1-Le Cercle Non Conforme: Le premier ministre hongrois, Viktor Orbán, est extrêmement critiqué par ses homologues européens pour sa fermeté vis-à-vis des « réfugiés ». On critique également la police hongroise qui aurait des méthodes trop musclées. Est-ce réellement le cas et cette fermeté est-elle visible au quotidien?

    L'acharnement des médias occidentaux est assez étrange puisque la police hongroise a une attitude plutôt calme, professionnelle et respectueuse vis à vis des clandestins. Très certainement parce que qu'elle est soumise à des consignes bien strictes, qui visent à ne pas envenimer davantage les relations déjà bien dégradées entre Orbán et ses « partenaires » européens. Lorsque la gare était bloquée par la police pendant plusieurs jours, ils étaient parfois 300 ou 400 à attendre sur le parvis de celle-ci (et environ 4000 dans un diamètre d'un kilomètre), en plein cagnard et à siroter des bières. Du coup, quand ils s’énervent, qu'ils balancent des projectiles et crient « Allah akbar », les CRS essayent malgré tout de se poser en médiateurs (Ils étaient beaucoup moins conciliants durant le match Hongrie-Roumanie, où ce fut une tournée générale et gratis de gaz au paprika pour tout le monde...). En revanche, la police ne les laisse pas quitter les « zones de transits » installées par le gouvernement qui sont généralement les abords des gares. Cela qui permet de préserver le reste de la ville.

    2-Le Cercle Non Conforme: Certaines photographies et vidéos font froid dans le dos et on se dit que la situation est extrêmement préoccupante. Qu’en est-il réellement ? Que voit-on dans les rues ? Comment se comportent les « migrants » ?

    Étant donné que la majorité des personnels est consignée dans ces zones dites de transit, nous gardons 95% de Budapest beau, paisible et agréable. En revanche, les 5% restants sont littéralement devenus en peu de temps des bidonvilles, aussi désagréable pour les yeux que pour le système olfactif ! Mais les emplacements de ces zones n'ont pas été choisi au hasard, puisqu'elles se situent dans des endroits de la ville très fréquentés des Hongrois. Stratégie du gouvernement pour confronter et sensibiliser la population aux méfaits de l'immigration clandestine.
    Le flux migratoire a vraiment débuté courant mars 2015. A cette époque, ils baissaient les yeux et étaient plutôt discrets. Maintenant, ça n'est plus la même musique. Ils sont beaucoup plus nombreux donc ils commencent à prendre leurs aises. Entre les vols à l’étalage de manière « naturelle » et les troubles à l'ordre publique répétés, on distingue beaucoup plus leurs caractères vindicatif et méprisant à l’égard de l'Européen. Ce sont plutôt eux maintenant qui essayent de nous faire baisser les yeux. En vain...

    3-Le Cercle Non Conforme: Comment la population hongroise vit-elle l’arrivée de ces hordes qui déferlent sur son sol ? Les Hongrois résistent-ils d’une manière ou d’une autre ou se contentent-ils d’appuyer l’action des autorités ?

    La situation hongroise est assez difficile à déchiffrer puisque tous les jours les choses sont en mouvement. Du côté des migrants, du gouvernement ou du peuple. Une certitude: les Hongrois sont sous le choc ! Tout ceci est tellement soudain et brutal que la plupart d'entre eux sont bouche-bée. En 2012, il y eu 2157 demandes d'asile en Hongrie. 18 900 en 2013, 43 777 en 2014, et 65 415 rien qu'entre janvier et juin 2015. A savoir que le phénomène s'est largement intensifié durant la période estivale. Le chiffre a été multiplié par plus de 60 (en rythme annuel) en 3 ans pour un pays de 10 millions d'habitants; c'est considérable. Aujourd'hui, le nombre de personnes ayant franchi illégalement la frontière hongroise depuis le 1er janvier est de  221 363. Ce problème les impacte beaucoup, et l'immigration est devenu un véritable sujet de société. Bien qu'il y ait une petite troupe de gauchistes financés par des ONG qui donnent des vivres, des vêtements et même des chargeurs de téléphone portable aux migrants illégaux, les gens normalement constitués sont franchement inquiets pour l'avenir. Depuis le 15 septembre, l'ensemble de la frontière serbo-hongroise est fermée, gardée par l'armée et selon la nouvelle réglementation hongroise, toute intrusion ou tentative d'intrusion à travers le grillage entraînera jusqu'à trois ans de prison (cinq ans s'il y a dégradation matérielle de l’installation). De plus, une nouvelle loi devrait être votée au parlement le 21 septembre. Elle pourrait notamment élargir les compétences de la police et de l’armée. Grâce à ce projet de loi, le gouvernement aura le droit de décréter un « état de crise » en rapport direct avec l’immigration et un nouveau statut permettant des interventions spéciales. La police pourra aussi rentrer n’importe où, sans avoir à demander d'autorisation. L’armée aussi sera visée par cette nouvelle réforme. Si le texte est voté, les militaires pourront utiliser leurs armes dans l’enceinte du pays, sans qu'il n'y ait une situation de guerre. En principe, les soldats seront autorisés à tirer à balles réelles à la frontière en cas d’actes de violence de la part des clandestins, ils auront l’autorisation de blesser mais pas de tuer (tir sur zones non létales). Donc pour le moment, les actions populaires sont plutôt disctes car Orbán fait le nécessaire. Il y avait une manifestation prévue le 19 septembre par le HVIM qui est un mouvement politique hongrois proche du Jobbik. Cet événement qui devrait réunir 3000 personnes à été annulé par les organisateurs afin que l’État puisse concentrer toutes ses forces policières pour défendre la frontière. Un communiqué du HVIM explique que "Nous représentons l'ordre, pas l'anarchie" et il est conclu par “[...] tenez vous prêts à montrer qu'on fera payer cher à ceux qui veulent s'en prendre à notre pays". C'est un sujet tellement important que tous s'accordent à dire ici que tant que le parti au pouvoir fait le boulot, laissons nos divergences politiques de côté et ne lui mettons en aucun cas des bâtons dans les roues (NDLR: Voir par exemple le communiqué des clubs de supporters de football du pays: " (...) nous sommes prêts à être mobilisés. Nous attirons l'attention du Président de la République hongroise János Áder, sur le fait que plusieurs milliers de supporters entrainés et prêts pour le combat attendent les ordres! Sur ordre, nous irons défendre la frontière, avec ou sans armes. En cas de besoin, nous sommes mobilisables partout, sur n'importe quelle partie du territoire national."). Par contre, Viktor Orbán n'a pas le droit à l'erreur !

    4-Le Cercle Non Conforme: Récemment, on a beaucoup parlé en Europe de cette journaliste hongroise ayant fait des croche-pieds à des « migrants ». Nous savons qu’elle a été limogée, ce qui prouve qu’en Hongrie aussi, la bien-pensance est de mise mais quelles ont été les réactions de l’opinion publique ?

    « Elle lui a fait un croche pied, c'est pas bien, il ne faut plus recommencer. Mais bon, le contexte était stressant et chacun à le droit à sa part de connerie. » C'est un peu le sentiment général ici. Ensuite, le fait qu'elle fut limogée est, je pense, purement utilisé pour des raisons d'image politique étant donné que la chaîne qui l'employait est le média de prédilection du Jobbik (1er parti d'opposition qui se situe à la droite d'Orbán). Finalement tout le monde sait qu'elle a été virée, mais tous savent aussi que personne ne lui a craché à la gueule. Par contre, cette histoire était très bonne pour notre message puisque la chaîne susnommée à été piratée par des islamistes tunisiens qui menacent « d’exécuter la famille du rédacteur en chef » et de « faire péter les locaux de N1TV ».

    5-Le Cercle Non Conforme: Observe-t-on, pour le Hongrois typique, une radicalisation face à l’Union Européenne et à la menace d’une subversion migratoire ?

    Un jour, une veille dame qui avait connu la république socialiste hongroise disait que l'URSS, c’était pas la joie, mais que l'UE, c'est encore pire. Tous ont pu remarquer dans le passé que plus la Hongrie fut attaquée de face, plus elle se fusionna. Les Ottomans s'y sont cassés les dents, les Habsbourg et l'Union Soviétique aussi. Là, on ne parle pas de la puissance militaire du Liechtenstein... Alors quand le peuple hongrois entend Merkel et Fabius les menacer, ça les fait doucement sourire. Il y a en ce moment des migrants qui forcent les postes frontières du sud, et j'ai pu voir sur internet que des patrons de bistro offrent toutes les consommations gratos aux militaires et policiers hongrois qui sont sur place. C'est un peuple très fier, soudé et totalement indépendant qui refuse catégoriquement que quelqu'un leur dicte ce qu'ils ont à faire. Ils voient ça comme une entrave à leur autonomie, et s'opposent radicalement à ce que leur pays soit modifié par le biais de cet exode incessant des peuples du sud, et souillé de l'autre côté par Bruxelles et les gouvernements ouest-Européens. Le questionnaire qu'Orbán a fait parvenir dans tous les ménages révèle que 80% des gens estiment que « La politique de l'UE a échoué en matière d'immigration et de terrorisme [...] » et que 4 personnes interrogées sur 5 pensent que « Le gouvernement hongrois doit prendre des mesures plus fermes sur la question de l'immigration face à la politique laxiste de l'Union Européenne ». Il faut aussi souligner que c'est un pays plus libre, donc un tavernier ou un commerçant peut aisément empêcher les clandestins de pénétrer dans son établissement sans que personne ne vienne pleurnicher et hurler au racisme et à la discrimination. Le bon sens populaire, l'unité nationale et la logique sont encore de mise en Hongrie.

    NB: Si la situation hongroise vous intéresse et vous préoccupe, je vous recommande vivement de suivre la page Facebook « Hongrie Actuelle »._

    Addentum: Les clubs de supporters de foot de Hongrie ont fait une déclaration commune :

    "Des hordes de l'Islam radical attaquent notre pays, attaquent l'Europe. Ils veulent des mosquées à la place des églises et des tchadors à la place des jupes. Et nous la liste de leurs exigences culturelles est longue. Il faut défendre notre pays et défendre de nouveau l'Europe, comme nous l'avons fait pendant mille ans. Même si on ne nous remercie pas pour ça. Les problèmes de politique intérieure ( avec la police, les magistrats, tel ou tel parti, les roitelets du scanner corporel, les usuriers de la carte, etc.) sont mis de côté et nous sommes prêts à être mobilisés. Nous attirons l'attention du Président de la République hongroise János Áder, sur le fait que plusieurs milliers de supporters entrainés et prêts pour le combat attendent les ordres! Sur ordre, nous irons défendre la frontière, avec ou sans armes. En cas de besoin, nous sommes mobilisables partout, sur n'importe quelle partie du territoire national. Ce pays ne sera pas un califat, ici les immigrés ne feront pas sauter le métro! Nous nous préparons à la défense du pays, et si l'ordre vient, alors nous combattrons. XXXI. article de la Constitution hongroise "(1) Tout citoyen hongrois a le devoir de défendre la patrie."

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/archive/2015/09/17/entrevue-du-c-n-c-22-la-hongrie-face-aux-migrants-avec-romai-5686395.html

  • [Entretien exclusif] Marianne des Brigandes : "revalorisons l'héroïsme !"

    Une Marianne sur Vexilla Galliae? Plaît-il? Rassurez-vous tout de go, hardis lecteurs. Il ne s'agit pas de l'emblème de notre république timbrée, à l'image d'une ukrainienne qu'il eût été préférable de voir faire le mannequin plutôt que le Manneken-Pis (partout). Vous êtes ici entre de bonnes mains, celles d'une musicienne et chanteuse dont la voix ne traduit pas l'hystérie d'une blondasse jetée, mais le combat d'une charmante brune aux saines valeurs balancées à contrepied de ce(ux) contre quoi elle lutte, en compagnie musicale de ses six acolytes, Les Brigandes. Marianne partage avec N.V.B. un sourire désarmant, mais un sourire en guerre. Celle qui s'en défend diablement n'est pas la plus masquée des deux.

     Vexilla Galliae : Vous avez déclaré lors d'une entrevue : "il est vrai que l’on aime bien l’idée d’une monarchie par dégoût de la République des Jacobins". Aussi, lorsque je vous ai sollicitée pour vous présenter Vexilla Galliae, vous m'avez répondu "On aime Louis (de Bourbon, ndlr)". J'ai l'honneur de vous annoncer que, plus que monarchiste (ce mot-valise, en carton), vous êtes royaliste, donc en passe de devenir légitimiste, le seul royalisme qui vaut en France. Qu'en dites-vous?

     Marianne : D’abord, en tant qu’artiste qui s’exprime dans la sphère de l’amusement, je ne peux me positionner sur des questions qui divisent les patriotes français. Je suis engagée contre un ennemi commun, et c’est ce qui importe quant à mes convictions d’interprète de chansons à la fois contestataires et humoristiques sur la décadence de la société moderne.
    Du temps de l’Action Française de Maurras, on ne connaissait que les Orléans, mais le vieux tribun n’est plus là pour dire sa préférence. A moins qu’il n’ait laissé des indications?
    Je suis d’accord sur le qualificatif de royaliste, d’abord parce que je connais la démonstration de Maurras sur la supériorité politique de la monarchie, mais surtout pour la beauté de l’idéal. On peut supposer que l’unité qui lie les anglais à travers le monde repose sur l’identification à la Couronne, comme symbole d’une fraternité Britannique.
    Quelqu’un nous a écrit que les français sont royalistes depuis qu’ils sont devenus orphelins. Du temps des rois, on ne pouvait se dire royaliste puisque c’était le régime naturel. Comme pour l’écologie, on en parle depuis que la nature est détruite. Aujourd’hui, la royauté fait rêver et cela devrait avoir plus d’impact que les démonstrations sur la suprématie politique de la royauté qui avait été démontrée par Platon comme une évidence.
    Les Bourbons qui réapparaissent, un peu comme par enchantement, ça éveille quelque chose dans nos cœurs, surtout que le prétendant a belle allure, sans reproche à l’encontre de l’Orléans qui est sans doute un garçon formidable, ne serait-ce que par le respect que l’on doit à sa lignée, en dépit de la bavure fatale de son ancêtre maçon. Les Orléans seraient-ils maudits à jamais? Donc je ne veux pas polémiquer, même après avoir essayé de lire un fastidieux rapport de justice sur le prétendant légitime. J’ai renoncé. On se demande comment la justice maçonnique avec ses juges gauchos pourrait résoudre le dilemme sur la légitimité royale?
    Je sais qu’il existe des règles de succession mais c’est compliqué à comprendre.
    Ce qu’il nous faut c’est un prétendant dynamique et charismatique, volontaire et déterminé, plus que des arguments de droit qui n’intéresseront personne. La question est de savoir si le prétendant légitime a l’ambition et la pugnacité pour imposer son image aux français ou s’il ne fait qu’accomplir son devoir. Il doit se faire connaître et apprécier par ses actes. Aujourd’hui, il doit devenir une personnalité reconnue et même adulée, quasiment une star, ou bien rien n’arrivera. Enfin, c’est mon idée en tant que saltimbanque. Et puis, je n’ai pas les clés de cette affaire de droit, et comme d’autres, il s’agit surtout de feeling pour la personne.
    Je ne sais pas qui règle la communication de Louis de Bourbon, mais pour plaisanter, je dirai qu’il lui faut un agent aussi habile que celui qui gère l’image du prince Charles. Et surtout ne pas se compromettre avec le gotha aristochic qui ne s’est jamais ruiné pour la cause de la Restauration nationale. Heureusement, le prince n’a pas l’air d’avoir de mauvaises fréquentations, et nous serions disposées à nous produire lors d’un gala en son honneur - pour interpréter des chansons neutres qui ne fâcheront personne, bien entendu.
    Nous, Les Brigandes, nous soutenons une résistance contre le mondialisme, ce qui nous oblige à un devoir de réserve quant à nos convictions. Nous touchons une sphère assez large depuis Egalité et Réconciliation jusqu’à la F.S.S.P.X., en passant par les Dieudonnistes de la quenelle, le F.N. des partisans de J.-M.L.P., et de manière générale la mouvance dite nationaliste, qu’elle soit chrétienne, paganiste ou agnostique. On mord aussi dans les casernes et dans divers espaces culturels où se maintient une certaine idée de la France. Nous avons donc l’ambition de devenir la référence en terme de music-hall des antimondialistes de tous bords. J’espère que nous éveillerons des vocations dans le genre de la variété, car s’il existe du rap et du rock révolté, ce n’est pas du goût de tout le monde.
    Si je suis royaliste, je veux bien être légitimiste, et j’espère que la Providence donnera raison au plus valeureux, au plus généreux, au plus intelligent, au plus chrétien, bref à celui qui aime le plus la France et qui est prêt à lui donner sa vie.

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