J’avais 16 ans, et j’étais élève au lycée Chateaubriand, un beau patronyme d’établissement aux yeux du royaliste que je n’étais pas encore alors. Nous étions à l’automne 1978, puis en hiver 1979, et je dévorais l’actualité le matin au petit déjeuner dans les pages du Ouest-France que maman laissait à la disposition des enfants de la famille, et le soir devant la télévision quand Roger Gicquel et Jean-Claude Bourret nous mettaient au courant des nouvelles du jour. Le vendredi matin, il y avait aussi le Paris-Match que papa avait acheté la veille pour lire dans le train qui le ramenait de Poitiers, mais aussi Le Point et Valeurs actuelles qu’il laissait sur la table du grand bureau parental. Et puis, je dévorais les tracts et les journaux distribués devant le lycée, Avant-Garde pour les communistes (que je n’aimais guère, je l’avoue, et avec lesquels j’avais eu quelques frictions) comme Civilisation, qui était le bulletin rennais du Parti des Forces Nouvelles, mouvement de la droite musclée dans une époque qui l’était tout autant, si l’on évoque l’ambiance politique du moment… Dans le même temps, j’étais constamment plongé dans les collections des années 1933-1944 de la revue L’Illustration que mon grand-père et ma mère avaient eu la bonne idée de faire relier pour en faciliter la lecture.
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