Le 11 novembre 1918, les cloches de toutes les églises de France sonnèrent, à toute volée, l’armistice d’une guerre atroce, absurde, qui massacra un million et demi d’hommes, sur un total de huit millions de mobilisés (pour un pays de quarante millions d’habitants). Une cacophonie d’acier s’achevait sur une polyphonie de bronze : cet écho inversé au tocsin de la mobilisation, cette réponse pleine de vie au glas des enterrements, marquait la fin du premier conflit industriel de notre âge de fer. Saignée à blanc, la France se jurait collectivement que cette guerre serait « la der des der », quitte - on s’en apercevrait dans les années suivantes - à faire de déraisonnables concessions pour éviter de ressusciter cette esthétique de cauchemar, avec ces paysages d’apocalypse, aux arbres calcinés, ces morts par milliers et ces « gueules cassées » dont la face monstrueuse montrait le vrai visage de la guerre.
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