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tradition - Page 82

  • Maurras en vérité

    A son procès 

    527808532.jpgNon seulement « la bêtise n'était pas son fort », comme aurait pu dire de lui Valéry, mais la médiocrité lui était radicalement étrangère. Comment l'image trop souvent donnée de lui peut-elle être à ce point faussée ? 

    « Le 4 avril 2017, Sarah Halimi, une femme juive, est assassinée de manière effroyable, à son domicile, au cœur de Paris. À n’en pas douter, il faut une certaine déconnexion avec le réel et l’humanité pour battre, torturer et défenestrer une femme de soixante-cinq ans à son domicile en pleine nuit. Mais l’Histoire démontre que la folie, l’usage de stupéfiants ou la haine rance ne sont pas exclusifs de l’antisémitisme. » Sacha Ghozlan, président de l’Union des Étudiants Juifs de France (UEJF), évoquant en septembre dernier le meurtre particulièrement abominable d’une juive, souligne que le caractère sordide du crime n’exclut en rien une motivation antisémite. Cependant, pour les juges saisis de l’affaire, il s’agit de comprendre les véritables mobiles de l’assassin, de discerner, ce qui n’est pas simple, la réalité de ses intentions. Les juges s’y sont appliqués : appelons cela la justice.

    LES EFFETS D’UNE RUMEUR PERSISTANTE

    Osera-t-on alors demander que ce qui est accordé à l’occasion d’un fait divers crapuleux, le soit également dans une tout autre affaire, celle d’un homme dont on peut considérer qu’il est la victime d’un amalgame largement arbitraire et fait l’objet d’une rumeur, dans le sens de la « rumeur d’Orléans » d’Edgar Morin, très répandue dans l’esprit public ?

    C’est un fait que le silence gêné qui s’établit dès que le nom de Maurras surgit dans les conversations constitue le premier degré de cette rumeur, qui s’accommode parfaitement de formules vagues du genre « la part d’ombre » ou « les aspects inacceptables », ou le récent « Maurras n’est pas sauvable » d’Alain Finkielkraut. On a vu, à l’occasion de l’affaire des commémorations nationales, jusqu’à quel degré la fièvre peut monter. Les réseaux sociaux ont, de ce point de vue, un effet accélérateur, alors même qu’aucun élément concret n’est apporté. La rumeur s’amplifie d’elle-même, comme l’effet Larsen bien connu des salles de conférence.

    Maurras sert alors d’identification au mal. En ce sens que, s’il n’existait pas, il faudrait l’inventer. Ce qui est principalement visé est clairement son antisémitisme. Sans même que ce soit nécessairement explicite. La condamnation de son soutien à Vichy, notamment, est largement liée à l’idée supposée d’une compromission avec les nazis, et donc d’un certain degré de complicité dans la Shoah. Les autres aspects de sa doctrine et de sa personnalité qui ont été le plus souvent critiqués – son nationalisme (« intégral »), son royalisme, son opposition déclarée aux institutions républicaines et à la démocratie, ou encore sa verve polémique et ses violences verbales – n’apparaissent plus en première ligne. Les accusations d’antichristianisme, voire d’athéisme, comme ce qui lui valut une condamnation papale en 1926, tout cela n’est plus le fait que de quelques clercs ou laïcs marqués par de vieux réflexes démocrates-chrétiens. Par contre, la rumeur de son antisémitisme le recouvre comme une chape de plomb. La stigmatisation continue de le frapper comme si on lui avait jeté un sort.

    Une vie qui a exclu toute possibilité de médiocrité

    Pourtant, quand on suit le fil complet de l’existence de Maurras, depuis l’enfance bénie à Martigues, la « tragi-comédie » de sa surdité à l’adolescence, la jeunesse brillante mais tourmentée à Aix puis à Paris, la « perte » de la foi, la correspondance avec l’abbé Penon, les articles et les livres de sa première notoriété, les grandes œuvres de la maturité, l’affrontement à une forme de christianisme jugée dévoyée, le combat politique « pour une patrie, pour un roi… les plus beaux qu’on ait vu sous le ciel », les guerres mondiales et la défense éperdue de la France, la correspondance avec le Carmel, enfin la prison rejetée avec hauteur mais acceptée dans la sérénité, tout ce parcours d’une vie exceptionnelle, perpétuellement sous tension exclut toute possibilité de médiocrité. « Ce vieux cœur de soldat n’a point connu la haine », a-t-il affirmé : hypocrisie ? mensonge ? Pour quiconque a pris la peine de suivre Maurras de bout en bout, c’est là une chose rigoureusement impossible. Inutile d’en faire un héros ou un saint. Simplement, par toute sa vie, il a montré que l’antisémitisme vulgaire, « ordinaire », et a fortiori l’antisémitisme criminel et génocidaire, lui étaient radicalement étrangers. Mais alors, dira-t-on, quid de cet antisémitisme revendiqué, de ces dénonciations des hordes juives, de ce Blum « à fusiller mais dans le dos », de ces dérapages verbaux dans les polémiques ?

    C’est là où il est devenu impératif qu’on rende enfin à Maurras la justice impartiale qui lui a été refusée en 1945, une justice sereine, sans complaisance, apte à relever les erreurs, les excès, les fameux « dérapages », à redresser ses torts en déterminant leur exacte mesure, en les situant dans la vérité de leur contexte.

    Maurras était un soldat que terrifiaient les menaces pesant sur la France. L’idée de voir la soldatesque germanique fouler le sol martégal était « le cauchemar de son existence ». Plus que tout, il avait, à la veille de la Grande Guerre, redouté de voir « cinq cent mille jeunes Français couchés, froids et sanglants, sur leur terre mal défendue. »

    « LA MENACE D’UN NOUVEL HOLOCAUSTE… »

    Ils furent plus du triple. Après cette première gigantesque catastrophe du siècle – qu’il ne serait pas inapproprié de qualifier de « shoah », selon le terme hébreu que popularisera Claude Lanzmann –, Maurras fut terrorisé à l’idée qu’elle se renouvelle vingt ans plus tard, selon ses propres prophéties et celles de Bainville. Le 6 novembre 1920, il écrivait dans l’Action française : « La victoire a été achetée par 1 500 000 sacrifices humains ! Et le fruit va s’en envoler ! Le malfaisant, le sanglant empire ne sera pas détruit (…) La menace d’un nouvel holocauste continuera de planer sur le monde (…) » Que Maurras n’ait pas plus que quiconque prévu le génocide des juifs mis en œuvre par les Nazis est une évidence. Mais, pour tous ceux qui le lisent avec attention, il est tout aussi évident que, vingt ans à l’avance, il en avait prévu et décrit les causes. Et pendant l’entre-deux-guerres, voir la IIIe République laisser se réaliser, pas à pas, ce qu’il redoutait par-dessus tout, éveillait chez lui une sorte de fureur sacrée. Ce combattant se voyait combattre une hydre à mille têtes. Que dans la violence des coups, il ait pu frapper à côté ou même à tort, il était impossible, compte tenu des circonstances et de son tempérament, qu’il en fût autrement. Mais Maurras, par son désintéressement, par sa vitalité généreuse, par son honnêteté intellectuelle et morale foncière, a droit au regard de justice qui lui a été refusé. Refus qui l’a fait condamner pour « intelligences avec l’ennemi », lui qui en était rigoureusement incapable.

    Du point de vue judiciaire, cette condamnation ne peut plus être sujette à révision. L’appel inévitable ne peut plus être fait que devant le tribunal de l’histoire. Certains viennent encore de tenter de le lui refuser. Dix historiens d’un haut comité officiel ont heureusement rejeté cette tentative. La tâche aujourd’hui réservée aux historiens est d’appliquer à Charles Maurras, à sa vie, à son action et à son œuvre – et aussi à son antisémitisme politique qui lui est spécifique et n’a rien à voir avec la haine raciale, il avait des amis et des disciples juifs – le même discernement qui s’impose aux juges en charge de l’affaire Sarah Halimi. Il ne s’agit de rien d’autre que de rendre à ce Français exceptionnel sa vérité, toute sa vérité d’homme.  

    Christian Tarente

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    Nouvelle « affaire Maurras » : Pour en finir avec le temps où les Français ne s'aimaient pas ...

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2018/04/11/maurras-en-verite-6042753.html

  • Succès du colloque « Fiers d’être Européens ! » organisé par l’Institut ILIADE

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    Ce samedi 7 avril à la Maison de la Chimie à Paris, plus d’un millier de personnes ont participé au Ve colloque annuel de l’Institut Iliade (1). Un beau succès pour une réunion culturelle et politique majeure, complètement occultée par les médias dominants.

    « Fiers d’être Européens ! »

    « Fiers d’être Européens ! » Tel était le thème de cette journée, centrée autour d’une quinzaine d’interventions, rythmées par plusieurs respirations esthétiques et culturelles.

    Plusieurs universitaires et intellectuels de renom se sont succédé sur la scène de la Maison de la Chimie, évoquant chacun à leur manière leur fierté d’appartenir à l’une des plus grandes civilisations du monde.

    Les participants ont eu le plaisir d’assister aux interventions de Philippe Conrad, Bernard Lugan, François Bousquet, Olivier Dard, Gérard Dussouy, Rémi Soulié, Javier Portella, Paul-Marie Couteaux, Thibault Mercier, Jean-François Gautier, Ferenc Almssy et Jean-Yves Le Gallou.

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  • Grand Texte XXXVIII • Charles Maurras : : « Une patrie, ce sont des champs, des murs, des tours et des maisons ... »

    Le texte de Maurras que nous publions aujourd'hui date de la fin de sa vie. Il est extrait d'un livre - Votre bel aujourd’hui - publié après sa mort. L'époque à laquelle il l'écrit est la France de Vincent Auriol, de la IVe République, des lendemains de la Libération. C'est aussi le temps de son ultime captivité, où il songe à l'avenir de la France et des idées qui ont été la matière de toute sa vie.

    Justement, le texte qui suit nous parle ; il tombe, si l'on peut dire, à point nommé, au moment précis où toutes les composantes du Système s'emploient à nous prêcher, à nous seriner même, en tout cas à nous imposer, les dogmes mondialistes, européistes, immigrationnistes, consuméristes ... Pour construire une France hors sol, une société liquide, multiculturelle et diversitaire, noyée dans le grand marché mondial.

    Maurras oppose à cette « politique » une conception radicalement autre. Il leur oppose la France réelle, fait d'histoire, fait de naissance et, avant tout, dit-il, phénomène de l'hérédité. Ici, nous sommes au cœur du débat d'aujourd'hui. Ce débat est maintenant largement ouvert. En Europe même, les patries ne s'effacent pas, nombre de nations resurgissent, s'opposent au nivellement. Comme sur les autres continents. En ce sens, c'est le triomphe de  Maurras.  Lafautearousseau        

    Charles Maurras, Votre bel aujourd’hui, Paris, Librairie Arthème Fayard, 1953

    « Une patrie, ce sont des champs, des murs, des tours et des maisons ; ce sont des autels et des tombeaux ; ce sont des hommes vivants, père, mère et frères, des enfants qui jouent au jardin, des paysans qui font du blé, des jardiniers qui font des roses, des marchands, des artisans, des ouvriers, des soldats, il n’y a rien au monde de plus concret.

    Le patriotisme n’est pas seulement un devoir. C’est un plaisir. « Pour ma part, disait Ulysse aux bons Phéniciens, je ne sais rien de plus agréable à l’homme que sa patrie. » Il le disait d’un pauvre rocher sur la mer. Comment parlerons-nous de la nôtre ? En est-il de plus belle, plus digne d’être défendue ? Qui, un jour se penchant dans l’embrasure d’une haute colline ou vers quelque vallon ouvrant sur le fleuve et la mer, ne s’est pas arrêté, suspendu, presque sidéré par un chœur imprévu de couleurs et de formes demi-divines ?…

    La patrie est une société naturelle ou, ce qui revient absolument au même, historique. Son caractère décisif est la naissance. On ne choisit pas plus sa patrie – la terre de ses pères – que l’on ne choisit son père et sa mère. On naît Français par le hasard de la naissance. C’est avant tout un phénomène d’hérédité.

    Les Français nous sont amis parce qu’ils sont Français ; ils ne sont pas Français parce que nous les avons élus pour nos amis. Ces amis sont reçus de nous ; ils nous sont donnés par la nature… Rien ne serait plus précieux que d’avoir des Français unis par des liens d’amitié. Mais, pour les avoir tels, il faut en prendre le moyen et ne pas se borner à des déclarations et à des inscriptions sur les murs.

    Certes, il faut que la patrie se conduise justement. Mais ce n’est pas le problème de sa conduite, de son mouvement, de son action qui se pose quand il s’agit d’envisager ou de pratiquer le patriotisme ; c’est la question de son être même, c’est le problème de sa vie ou de sa mort… Vous remercierez et vous honorerez vos père et mère parce qu’ils sont vos père et mère, indépendamment de leur titre personnel à votre sympathie. Vous respecterez et vous honorerez la patrie parce qu’elle est elle, et que vous êtes vous, indépendamment des satisfactions qu’elle peut donner à votre esprit de justice ou à votre amour de la gloire. Votre père peut être envoyé au bagne : vous l’honorerez. Votre patrie peut commettre de grandes fautes : vous commencerez par la défendre, par la tenir en sécurité et en liberté.

    Le patriotisme n’a pas besoin d’un idéal, socialiste ou royaliste, pour s’enflammer ; car il naît de lui-même, du sang et du sol paternels. Ce qu’il faut saluer, c’est le suprême sacrifice de la vie fait sur le sol qu’il s’est agi de défendre. Ce sol sacré serait moins grand, moins cher, moins glorieux, moins noble et moins beau si les Français de toute origine et de toute obédience n’y payaient pas en toute occasion nécessaire la juste dette de leur sang. Plus haut que l’armée et que le drapeau, plus haut que la plus fière conscience de la patrie, vit la patrie même, avec les saintes lois du salut public. Ce sont elles qui font consentir à de durs sacrifices pour défendre l’intégrité du reste et préserver son avenir. Qu’elle vive d’abord ! »  

  • Alexandre Gabriac (Civitas) prendra la parole le dimanche 13 mai à 10 h lors de la Jeanne d'Arc de la Dissidence française

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  • Samedi 21 avril, Avignon : HOMMAGE À CHARLES MAURRAS

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  • Ce que nous sommes – « Europe rime avec civilisation »

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    Par Aristide Leucate, Docteur en droit, journaliste et essayiste 

    Ce que nous sommes, bien davantage qu’une simple interrogation identitaire, est devenu un topos proprement existentiel. Conscient de cet état de fait, l’institut Iliade pour la longue mémoire, présidé par l’historien Philippe Conrad et cofondé avec l’ancien député européen Jean-Yves Le Gallou et l’africaniste Bernard Lugan, s’est proposé de revenir précisément « aux sources de l’identité européenne » à travers un petit livre de moins de 200 pages dressant l’état de lieux de ce que nous sommes réellement.

    Servi par une kyrielle d’historiens, philosophes, journalistes, linguistes provenant d’horizons divers et, notamment, de l’excellente revue Éléments, l’ouvrage ne constitue nullement un « catéchisme politique » ou une quelconque plate-forme programmatique. Ne posant aucun dogme, aucune vérité définitive, ne définissant aucun « sens de l’Histoire », il appelle, plus amplement, les Européens à s’éveiller en prenant pleinement conscience de leur identité, non seulement à partir de la mémoire de leurs origines, mais surtout en assumant hic et nunc une manière spécifique de voir et de façonner le monde.

    Organisé autour de trois chapitres selon un schéma vaguement inspiré du paradigme triparti dumézilien, ce viatique des origines commence d’abord par remonter jusqu’aux plus hautes cimes de la lointaine Histoire, de l’héritage indo-européen à la chrétienté médiévale, en passant par les legs grecs et romains. Dans un deuxième temps, les auteurs nous invitent à réinvestir, dans une perspective à la fois esthétique et éthique, la cité, les arts et la nature aux fins de déjouer cette irrésistible et incompréhensible pulsion de mort à ne vouloir consciemment plus transmettre et qui enchaîne les Européens à la déréliction de leur race comme de leur civilisation.

    Puis vient, enfin, l’heure des combats. Partis des origines du sens (indo-européen, gréco-romain et chrétien), il nous faut recouvrer le sens de nos origines primordiales. Il faut déconstruire le déconstructivisme et désarraisonner le monde européen de l’infernale mégamachine turbo-capitalistique. Le « grand ressourcement » que nos contributeurs appellent de leurs vœux, non sans avoir fidèlement et méthodiquement emprunté les sentiers patiemment creusés depuis Homère et les sages antiques, est à ce prix. Il importe, en effet, de re-territorialiser – de ré-enraciner, si l’on préfère – nos plus fondamentales libertés, à commencer par celle de demeurer foncièrement ce que nous sommes, conformément à notre matrice ethnoculturelle et physiognomonique originale et originelle.

    Il en résulte, dès lors, le droit, tout aussi essentiel et vital, pour ne pas dire viscéral, à ne pas demeurer impuissants, impassibles et impavides face aux assauts, mêmes légaux, de ce que Renaud Camus, cette ultime grande conscience européenne – avec Alain de Benoist et quelques rares autres –, appelle le « remplacisme global », consistant, à un rythme industriel effréné, à substituer les descendants de nos pères par des peuplades antipodiques aux mœurs et aux coutumes orthogonalement antagonistes aux nôtres.
    La lecture de ce livre une fois achevée, on mesure combien Europe rime avec civilisation.

    Aristide Leucate

    http://www.bvoltaire.fr/livre-sommes-aux-sources-de-lidentite-europeenne-linstitut-iliade/

  • Livres & Culture • Le Puy du Fou : un rêve d'enfance

    PAR LAURENCE DE CRÉMIERS

    « Le bonheur est un rêve d'enfant réalisé dans l'âge d'adulte ». Il n'est pas besoin d'être Sigmud Freud pour le savoir.

    « Une reconnaissance et une réparation.» À vingt-sept ans, Philippe de Villiers veut dire merci à la Vendée de son enfance, et aussi se charger d'une dette envers tous ces morts sans sépulture sur qui le monde officiel prétend se taire. Voici qu'il trouve « le lieu sorti de son rêve », un vieux château en ruine caché parmi les hêtres - les « fouteaux » en vieux français - dont il a appris l'achat par le département. Il veut y lancer un hymne à la Vendée, un projet à lui : « Ce sera plus grand que le théâtre, plus vivant que le cinéma, plus moderne qu'un son et lumière, plus populaire qu'un opéra », et avec des textes bien écrits !

    Au départ, l'idée même d'un spectacle devant ces ruines ne suscite que des ennemis, à commencer par les maires du pays, sollicités pour trouver « des volontaires qui s'ignorent ». Et le monde associatif se comporte comme les officiels. Alors la dernière chance est de convoquer la population en plein hiver à un premier échantillon de spectacle nocturne de trois minutes où la voix de Jean Piat, enregistrée sur un petit magnétophone amateur, habite le château « embrasé », c'est-à-dire éclairé par les phares de plusieurs 2 CV ! Qu'importe, les gens peuvent imaginer ; ils sont touchés directement. Ce n'est pas sans rappeler le mot de Noureev à l'un de ses élèves à l'Opéra : « toi pas parler, faire ».

    Une fois passée la « nuit du déclic », tout est à construire. Et, selon l'auteur, «quand on n'est rien, qu'on ne connaît rien et qu'on n'a rien, on ne se refuse rien». Alors commence une épopée « à contre-courant du bon sens » avec quelques amis indéfectibles, car il s'agit de voir loin et de voir grand. Un Disneyland français ? Non pas. Des spectacles vivants où l'amour de la France pénètre les coeurs. Il s'agit de « recréer le Roman national. [...] On y viendra se ressourcer, se réaffilier, chercher à cultiver ses racines ».

    La suite, on la connaît. Le livre décrit tout le processus qui a amené en quarante ans le Puy du Fou à ce qu'il est aujourd'hui, et Philippe de Villiers explique son succès croissant (plus de deux millions de visiteurs en 2017) : « parce que l'Idée ne s'est pas affadie, parce que le feu créatif ne s'est pas éteint et parce que nous avons gardé nos ferveurs ».

    Il faut lire ce livre pour apprendre que les fauves n'aiment pas être en contrebas, qu'un pianiste peut jouer tout en sortant de l'eau avec son piano, que les chevaux d'un quadrige courent à des vitesses dont la différence va jusqu'à Io km/h, qu'on affaite les chouettes et les vautours en musique, qu'on peut même « supplier la Comédie française » : les difficultés vaincues sont surprenantes et la performance cultivée.

    Le Puy du Fou se veut être « un haut lieu de la Mémoire vivante de la France ». Cela se transmet : les vingt-neuf écoles de l'Académie junior forment au plus haut niveau des jeunes qui deviendront maîtres en techniques de combat, en équitation ou en enluminure, et depuis la rentrée 2015 Puy du Fou Académie a ouvert ses portes aux enfants pour le travail scolaire le matin et la pratique des arts du spectacle l'après-midi jusqu'en CM2. Le collège est prévu prochainement. Espérons que l'État n'y verra pas d'inconvénient, mais tant d'obstacles ont déjà été franchis...

    Espérons aussi que, grâce à des lieux comme la « colline des hêtres », les Français apprendront à connaître et aimer leur histoire. Alexandre Soljenitsyne, venu au Puy du Fou en 1993 pour le bicentenaire du soulèvement et du massacre de la Vendée, dira à cette occasion : « un peuple qui retrouve la mémoire et qui la cultive est sauvé. Se couper de sa mémoire, c'est se perdre ». 

    PUY DU FOU
    Philippe de Villiers,
    Puy du Fou Editions, 300 p, 16 €
    La magie au service de l'Histoire.

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/

  • Créer une contre-société chrétienne pour résister au déluge moderne | ROD DREHER

  • L’alternative catholique face au Nouvel Ordre Mondial (Alain Escada, Civitas)

    L’équipe d’E&R Aquitaine a reçu Alain Escada, président de Civitas, le 18 février 2018 à Escos pour une conférence intitulée « L’alternative catholique face au nouvel ordre mondial ».