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  • « ON SE RÉJOUIT DU RETOUR DE CHARLES MAURRAS AU CŒUR DE L’ACTUALITÉ ! »

    Vendredi 27 avril dernier, quatre des militants de l’Action française ont été mis en examen pour « attroupement armé » après avoir été pris à partie par un groupe antifasciste qui tentait d’empêcher la tenue d’un cercle d’étude sur Charles Maurras.
    François Bel-Ker, secrétaire général de l’Action française, revient au micro de Boulevard Voltaire sur cet événement. Il se réjouit que l’exclusion de Charles Maurras des commémorations ait eu pour effet de remettre sa personne au cœur de l’actualité et dénonce le regain de violence dont sont victimes les membres de l’Action française.

    Quatre des quatorze militants stéphanois de l’Action Française ont été mis en examen pour participation à un attroupement armé. Que s’est-il passé à Saint-Étienne ce vendredi soir ?

    La presse a en effet évoqué l’interpellation de 14 personnes, dont quatre militants et une dizaine de sympathisants de l’Action Française.
    Vendredi soir, un premier cercle de la section de Saint-Étienne devait réunir une cinquantaine de militants de Saint-Étienne Roanne et de Clermont-Ferrand. Il avait pour thème « Une première rencontre avec Maurras ». Une contre-manifestation a rassemblé, selon la presse, 110 anti-fascistes. Ils ont essayé de s’opposer physiquement à la tenue de ce cercle d’étude. Le cercle n’était pas encore commencé lorsqu’une attaque des militants anti-fascistes est survenue. Quatre adhérents et dix sympathisants de l’Action Française ont été interpellés alors que l’Action Française ne faisait qu’organiser ce cercle. Les anti-fascistes qui eux étaient les assaillants n’ont en revanche subi aucune interpellation.

    La presse parle davantage de Charles Maurras et de l’Action Française ces temps-ci. Comment vivez-vous cette remédiatisation du mouvement ?

    Nous nous réjouissons que la personne de Charles Maurras revienne au cœur de l’actualité. Nous nous réjouissons également de la décision de dix des douze membres du comité national des commémorations de se désolidariser des choix du ministre et de démissionner suite au retrait de Maurras des commémorations nationales. Emmanuel Macron, en marge du dîner du CRIF, a estimé qu’il était anormal que Maurras soit retiré des commémorations nationales. Maurras est réédité et des ouvrages sur Charles Maurras paraissent. Un volume de plus de 1300 pages est édité aux éditions Robert Laffont.
    Quant à l’Action Française, elle se développe énormément depuis une dizaine d’années, sur l’ensemble du territoire. Et quand un député comme Coquerel s’en prend soit à l’intérêt national, soit à des symboles comme la Basilique de Saint-Denis, il est normal que l’Action Française réagisse comme elle l’a fait pour s’opposer à de telles menées anti-nationales.

    Craignez-vous un regain de violence contre l’Action Française ?

    Nous ne craignons pas un regain de violence contre l’Action Française, nous le constatons. L’année dernière, une bombe a explosé sur nos locaux à Marseille. Notre colloque sur le bien commun a lui aussi été attaqué par une cinquantaine de militants anti-fascistes. À ma connaissance, nos plaintes sont laissées sans suite.
    À Saint-Étienne, nous constatons également un regain des actions contre l’Action Française sans que les auteurs de ces attaques contre nos colloques, nos points de vente à la criée, nos salles d’études, nos réunions et nos locaux soient interpellés et sanctionnés. Nous constatons donc en effet un regain des activités d’extrême gauche et anti-fascistes contre l’Action Française.
    Nos premières occupations ne sont toutefois ni ces groupuscules anti-fascistes ni ces groupuscules d’extrême gauche. Notre préoccupation première est la question de l’intérêt national. Nous souhaitons surtout débattre sur la forme des institutions avec les partis en place. Nous ne souhaitons ni disperser nos actions ni les réduire à une simple lutte des royalistes contre les anti-fascistes.
    Les militants anti-fascistes ne sont que les idiots d’un système qu’ils ne cessent de défendre. Ils feraient mieux de lutter contre l’ultra-libéralisme défendu par le président Macron.

    http://www.bvoltaire.fr/on-se-rejouit-retour-de-charles-maurras-coeur-de-lactualite/

  • Noisy-le-Sec (93) : le Parti de la France honore la seule statue de Jeanne d'Arc de la Seine-St-Denis

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    1905452216.jpgLe Parti de la France de Seine-St-Denis, dirigé par Laurent Spagnol, a donc honoré dimanche après midi la Sainte de la Nation. Laurent Spagnol a prononcé à cette occasion un discours offensif visant à mobiliser les forces conscientes du département. Nous vous en  livrons ici quelques extraits :  

    En ce jour, nous rendons hommage à notre Sainte Jeanne d’Arc, qui a donné sa vie afin que la France maintienne intacte son prestige face à l’envahisseur anglais. (...)

    Le combat qui nous attend, n’est pas un combat désespérer, au contraire. Le peuple français souffre, se sent abandonné, mais il n’est pas seul. Nous luttons et souffrons à ses côtés, comme l’a fait en son temps, le Maréchal en 1940.

    La Victoire, ne peut être obtenu, qu’en luttant, main dans la main, mais jamais nous ne baisserons les bras devant l’envahisseur. Nos aïeux, nous ont montré l’exemple, suivons leur trace et redonnons à la France son prestige.

    Terre chrétienne, elle est, Terre chrétienne elle restera. Pour que vive la France éternelle. On est chez nous.

    Invité par le Pdf 93 pour la circonstance à conclure cet acte hautement symbolique, Roland Hélie, directeur de Synthèse nationale, félicita les militants pour cette courageuse initiative qui, espérons-le, marquera une nouvelle étape dans le processus de reprise en main du département par les nationaux.

    Il donna enfin rendez-vous à tous mardi matin, 1er mai à 11 h, Place des Pyramides à Paris avec Jean-Marie Le Pen et Carl Lang pour le traditionnel dépôt de gerbe aux pieds de la statue parisienne de Jeanne d'Arc.

    http://synthesenationale.hautetfort.com/

  • Hommage à Charles Maurras du 21 avril 2018 à Avignon

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    Notre correspondant SN

    « Tenons serré le lien qui nous tient réunis avec les pères de notre esprit et de notre goût » Ch. Maurras Préface d’Anthinéa 1942

    L’association Amitié et Action Française entendait en ce 21 avril 2018 fêter le cent-cinquantième anniversaire de Charles Maurras né le 20 avril 1868. Une messe fut d’abord célébrée pour le repos de son âme avec une homélie remarquable. Puis, c’est dans le magnifique cadre du Castel de Villeneuve-lès-Avignon que, se substituant à la république défaillante (une redondance) qui avait rayé son nom du catalogue des commémorations 2018 après l’y avoir inscrit, Clement Gautier, animateur énergique de cette association fidèle à la pensée et à l’oeuvre immémoriales de Charles Maurras a réuni ses nombreux fidèles.

    Y ont participé sous le patronage prestigieux et effectif de Son Altesse Royale le Prince Sixte-Henri de Bourbon-Parme, différents orateurs de grand talent : Marion Sigaut, historienne spécialiste de la Révolution et du XVIIe qui traita avec fougue de « Charles Maurras et la révolution » ; Alain Escada, président de l’Institut Civitas, évoqua l’essence-même de la pensée maurassienne avec : « Le Pays réel ou la Patrie charnelle » ; Yvan Benedetti, directeur de Jeune Nation, fit un exposé tout autant remarqué sur : « Charles Maurras ou l’espérance et l’exigence nationalistes » suivi de l’exposé sur  « L’Autorité en haut et les libertés en bas » reflet du type d’organisation nationaliste par Maître Elie Hatem,membre du Comité Directeur de l’Action Française. Gérard Bedel, Professeur de Lettres classiques à l’ICES, ancien collaboratuer de l’hebdo de l’Action Française 2000,évoqua un Maurras plus méconnu , le « Maurras poète de l’Ordre et de l’Espoir. »

    Il revint au Prince Sixte-Henri de Bourbon-Parme de remercier les organisateurs et les intervenants de cette brillante cérémonie d’hommages au Maître martégal et en tirer les conclusions sur un Charles Maurras toujours vivant dans nos mémoires et toujours d’actualité dans la France d’aujourd’hui.

    Lire la suite sur Synthèse Nationale

  • Grand texte XXXIX : L'Avenir du nationalisme français

    Le tome II des Œuvres capitales de Charles Maurras, sous-titré Essais politiques, s’achève par un texte court au titre prometteur : L’Avenir du nationalisme français. En exergue, on y lit la mention suivante : Ces pages forment la conclusion  du mémorial publié sous le titre POUR UN JEUNE FRANÇAIS chez Amiot Dumont, Paris, 1949.

    Maurras y démontre comment « le nationalisme français se reverra, par la force des choses…»  Force des choses qui, aujourd'hui, semble bien s'exercer sur la France avec intensité, avec caractère de gravité, de divers ordres, intérieurs et extérieurs. Et justifier la permanence ou le retour d'un nationalisme français, tel que Maurras l'illustre et le redéfinit ici. Par quoi ce très beau texte trouve toute son actualité.   Lafautearousseau 

    Rien n'est fait aujourd'hui, tout sera fait demain. 

    Il ne reste donc plus au Français conscient qu'à agir pour que sa volonté soit faite et non une autre : non celle de l'Oligarchie, non celle de l'Étranger. 

    Reste le rude effort d'action pratique et réelle, celui qui a voulu maintenir en fait une France, lui garder son bien, la sauver de son mal, résoudre au passage ses crises. C'est un service trop ancien et trop fier de lui-même pour que l'œuvre amorcée en soit interrompue ni ralentie. Ceux qui sont de l'âge où l'on meurt savent qu'elle dépend d'amis en qui l'on peut avoir confiance, car, depuis plus de quarante ans, ils répètent avec nous : par tous les moyens, même légaux. Ayant travaillé ainsi « pour 1950 », ils travailleront de même pour l'an 2000, car ils ont dit dès le début : pour que la France vive, vive le Roi !

    L'espérance ne se soutiendrait pas si le sens national n'en était pas soutenu en première ligne. Mais là aussi je suis tranquille.

    Il est beaucoup question d'abandonner en tout ou en partie la souveraineté nationale. Ce sont des mots. Laissons-les aux professeurs de Droit. Ces messieurs ont si bien fait respecter leur rubrique, intus et in cute, ces dernières années, qu'on peut compter sur eux pour ajouter du nouveau à tous les plus glorieux gâchis de l'intelligence. Les trésors du réel et ses évidences sont plus forts qu'eux. Ce qu'ils déclarent périmé, ce qu'ils affectent de jeter par-dessus bord ne subira pas plutôt l'effleurement d'une égratignure ou d'une menace un peu concrète, vous verrez l'éclat de la réaction ! Preuve que rien ne vit comme le sens de la nation dans le monde présent. Ceux qui voudront en abandonner une part ne feront rien gagner à Cosmopolis : ils engraisseront de notre héritage des nationalités déjà monstrueuses. Les plus grands faits dont nous soyons contemporains sont des faits nationaux : la prodigieuse persévérance de l'Angleterre dans l'être anglais aux années 1940-1945, l'évolution panslaviste ou plutôt panrusse des Soviets, la résistance que la Russie rencontre chez les nations qu'elle a cru s'annexer sous un double vocable de race et de secte, l'éclosion de la vaste conscience américaine, le retour à la vie du nazisme allemand, sont tous des cas de nationalisme suraigu. Tous ne sont pas recommandables. Nous aurions été fous de les imiter ou de les désirer tous. Nous serions plus insensés de ne pas les voir, qui déposent de la tendance universelle. En France, le patriotisme en avait vu de toutes les couleurs après la victoire de Foch : que d'hostilité et que de disgrâces ! De grands partis caractérisés par leurs « masses profondes », étaient lassés ou dégoûtés du vocabulaire français, il n'y en avait plus que pour le charabia marxiste. À peine l'Allemand a-t-il été campé chez nous, toutes ses offres de bon constructeur d'Europe ont été repoussées et le Français, bourgeois, paysan, ouvrier ou noble n'a connu à très peu d'exemples près, que le sale boche ; l'esprit national s'est refait en un clin d'œil. La patrie a dû avaliser la souillure de beaucoup d'hypocrisies politiciennes. L'usage universel de ce noble déguisement est une preuve de plus de sa valeur et de sa nécessité, qui est flagrante : on va le voir.

    Le nationalisme de mes amis et le mien confessent une passion et une doctrine. Une passion pieuse, une doctrine motivée par des nécessités humaines qui vont grandissant. La plupart de nos concitoyens y voient une vertu dont le culte est parfois pénible, toujours plein d'honneur. Mais, parmi les autres Français, surtout ceux du pays légal, distribués entre des partis, on est déjà et l'on sera de plus en plus acculé au nationalisme comme au plus indispensable des compromis. Plus leurs divisions intéressées se multiplient et s'approfondissent, plus il leur faut, de temps à autre, subir le rappel et l'ascendant plus qu'impérieux du seul moyen qu'ils aient de prolonger leur propre pouvoir. Ce moyen s'appelle la France.

    Comment l'éviter quand tout le reste les sépare ? Sur quel argument, sur quel honnête commun dénominateur discuter hors de là ? Il n'y a plus de mesure entre l'économie bourgeoise et l'économie ouvrière. Ouvrier et bourgeois sont des noms de secte. Le nom du pays est français. C'est bien à celui-là qu'il faut se référer. Qu'est-ce qui est avantageux au pays ? Si l'on adopte ce critère du pays, outre qu'il est sous-entendu un certain degré d'abjuration des erreurs partisanes, son essentiel contient toute notre dialectique, celle qui pose, traite, résout les problèmes politiques pendants du point de vue de l'intérêt national : il faut choisir et rejeter ce que rejette et choisit cet arbitre ainsi avoué.

    Il n'y a certes là qu'un impératif limité. Les partis en lutte feront toujours tout pour s'adjuger le maximum en toute propriété. Mais leur consortium n'est rien s'il ne feint tout au moins des références osant aller plus loin que la partialité collective. S'y refuse-t-il ? Son refus peut donner l'éveil au corps et à l'esprit de la nation réelle, et le point de vue électoral lui-même en peut souffrir. Si ces diviseurs nés font au contraire semblant de croire à l'unité du compromis nationaliste, tout spectateur de bonne foi et de moyenne intelligence en sera satisfait.

    Donc, avec douceur, avec violence, avec lenteur ou rapidité, tous ces partis alimentaires, également ruineux, ou périront de leur excès, ou, comme partis, ils devront, dans une certaine mesure, céder à l'impératif ou tout au moins au constat du nationalisme. L'exercice le renforcera. La fonction, sans pouvoir créer l'organe, l'assouplira et le fortifiera. Les doctrines des partis se verront ramenées, peu à peu, plus ou moins, à leurs éléments de Nuées et de Fumées auxquelles leur insuccès infligera un ridicule croissant. Leur foi ne sera bientôt plus qu'un souvenir sans vertu d'efficacité, trace matérielle tendant à s'effacer, car on rira de plus en plus de ces antiquailles, aux faux principes qui voulaient se faire préférer aux colonies et aux métropoles et qui mènent leur propre deuil. 

    Alors pourra être repris quelque chose de très intéressant : le grand espoir de la nation pour déclasser et fusionner ses partis.

    Un mouvement de nationalisme français ne sera complet que par le retour du roi. En l'attendant, les partis se seront relâchés de leur primatie et, par l'effet de leurs abus, les mœurs auront repris tendance à devenir françaises, l'instinct et l'intérêt français auront reparu à leur rang.

    Il ne faut pas se récrier à ce mot d'intérêt. Fût-il disgracieux, c'est le mot juste. Ce mot est plein de force pour nous épargner une grave erreur qui peut tout ruiner.

    Si au lieu d'apaiser les oppositions et de les composer sur ce principe d'intérêt, on a honte, on hésite et qu'on se mette à rechercher des critères plus nobles, dans la sphère des principes moraux et sacrés propres aux Morales et aux Religions, il arrivera ceci : comme en matière sociale et politique les antagonismes réels de la conscience moderne sont nombreux et profonds, comme les faux dogmes individualistes sur l'essentiel, famille, mariage, association contredisent à angle droit les bonnes coutumes et les bonnes traditions des peuples prospères qui sont aussi les dogmes moraux du catholicisme, il deviendra particulièrement difficile, il sera impossible de faire de l'unité ou même de l'union dans cet ordre et sur ce plan-là. Ou si on l'entreprend, on essuiera une contradiction dans les termes dont l'expérience peut déjà témoigner.

    Ces principes contraires peuvent adhérer, eux, à un arrangement, mais non le tirer de leur fond, non le faire, ni se changer, eux divisés, eux diviseurs, en principes d'arrangement.

    Ces principes de conciliation ne sont pas nombreux. Je n'en connais même qu'un.

    Quand, sur le divorce, la famille, l'association, vous aurez épuisé tous les arguments intrinsèques pour ou contre tirés de la raison et de la morale, sans avoir découvert l'ombre d'un accord, il vous restera un seul thème neutre à examiner, celui de savoir ce que vaut tout cela au point de vue pratique de l'intérêt public. Je ne dis pas que cet examen soit facile, limpide ou qu'il ne laisse aucune incertitude. Il pourra apporter un facteur de lumière et de paix. Mais si, venu à ce point-là, vous diffamez la notion d'intérêt public, si vous désavouez, humiliez, rejetez ce vulgaire compromis de salut public, vous perdez la précieuse union positive qui peut en naître et, vous vous en étant ainsi privés, vous vous retrouvez de nouveau en présence de toutes les aigreurs qui naîtront du retour aux violentes disputes que l'intérêt de la paix sociale aurait amorties.

    On a beau accuser l'intérêt national et civique de tendre sournoisement à éliminer ce que l'on appelle, non sans hypocrisie, le Spirituel : ce n'est pas vrai. La vérité est autre. Nous avons appelé et salué au premier rang des Lois et des Idées protectrices toutes les formes de la Spiritualité, en particulier catholique, en leur ouvrant la Cité, en les priant de la pénétrer, de la purifier, de la pacifier, de l'exalter et de la bénir. En demandant ainsi les prières de chacune, en honorant et saluant leurs bienfaits, nous avons rendu grâces à tous les actes précieux d'émulation sociale et internationale que ces Esprits pouvaient provoquer. Si, en plus, nous ne leur avons pas demandé de nous donner eux-mêmes l'accord désirable et désiré, c'est qu'ils ne le possèdent pas, étant opposés entre eux : le Spirituel, à moins d'être réduit à un minimum verbal, est un article de discussion. Le dieu de Robespierre et de Jean-Jacques n'est pas le Dieu de Clotilde et de saint Rémy. Le moral et le social romains ne sont pas ceux de Londres et de Moscou. Vouloir les fondre, en masquant ce qu'ils ont de contraire, commence par les mutiler et finit par les supprimer. Dès que l'unité de conscience a disparu comme de chez nous, la seule façon de respecter le Spirituel est celle qui en accueille toutes les manifestations nobles, sous leurs noms vrais, leurs formes pures, dans leurs larges divergences, sans altérer le sens des mots, sans adopter de faux accords en paroles. Un Spirituel qui ne serait ni catholique ni protestant ni juif n'aurait ni saveur ni vertu. Mais il doit être l'un ou l'autre. Ainsi seront sauvés la fécondité des féconds et le bienfait des bons ; ainsi le vrai cœur des grandes choses humaines et surhumaines. Il existe une Religion et une Morale naturelles. C'est un fait. Mais c'est un autre fait que leurs principes cardinaux, tels qu'ils sont définis par le catholicisme, ne sont pas avoués par d'autres confessions. Je n'y puis rien. Je ne peux pas faire que la morale réformée ne soit pas individualiste ou que les calvinistes aient une idée juste de la congrégation religieuse. On peut bien refuser de voir ce qui est, mais ce qui est, dans l'ordre social, met en présence d'options tranchées que l'on n'évite pas.

    De l'abondance, de la variété et de la contrariété des idées morales en présence, on peut tout attendre, excepté la production de leur contraire. Il ne sera donc pas possible à chacun, catholique, juif, huguenot, franc-maçon, d'imposer son mètre distinct pour mesure commune de la Cité. Ce mètre est distinct alors que la mesure doit être la même pour tous. Voilà les citoyens contraints de chercher pour cet office quelque chose d'autre, identique chez tous et capable de faire entre eux de l'union. Quelle chose ? L'on n'en voit toujours qu'une : celle qui les fait vivre en commun avec ses exigences, ses urgences, ses simples convenances.

    En d'autres termes, il faudra, là encore, quitter la dispute du Vrai et du Beau pour la connaissance de l'humble Bien positif. Car ce Bien ne sera point l'absolu, mais celui du peuple français, sur ce degré de Politique où se traite ce que Platon appelle l'Art royal, abstraction faite de toute école, église ou secte, le divorce, par exemple, étant considéré non plus par rapport à tel droit ou telle obligation, à telle permission ou prohibition divine, mais relativement à l'intérêt civil de la famille et au bien de la Cité. Tant mieux pour eux si tels ou tels, comme les catholiques, sont d'avance d'accord avec ce bien-là. Ils seront sages de n'en point parler trop dédaigneusement. Car enfin nous n'offrons pas au travail de la pensée et de l'action une matière trop inférieure ou trop indigne d'eux quand nous rappelons que la paix est une belle chose ; la prospérité sociale d'une nation, l'intérêt matériel et moral de sa conservation touche et adhère aux sphères hautes d'une activité fière et belle. La « tranquillité de l'ordre » est un bel objet. Qui l'étudie et la médite ne quitte pas un plan humain positif et néanmoins supérieur. Sortir de l'Éthique n'est pas déroger si l'on avance dans la Politique vraie. On ne se diminue pas lorsque, jeune conscrit de la vertu patriotique, on élève son cœur à la France éternelle ou, vieux légiste d'un royaume qu'un pape du VIe siècle mettait déjà au-dessus de tous les royaumes, on professe que le roi de France ne meurt pas. Tout cela est une partie de notre trésor, qui joint où elle doit les sommets élevés de l'Être.

    La nouvelle génération peut se sentir un peu étrangère à ces chaudes maximes, parce qu'elle a été témoin de trop de glissements et de trop de culbutes. Elle a peine à se représenter ce qui tient ou ce qui revient ; c'est qu'on ne lui a pas fait voir sous la raison de ces constantes, le pourquoi de tant d'instabilités et de ruines. Il ne faudrait pas croire celles-ci plus définitives qu'elles ne sont. L'accident vient presque tout entier des érosions classiques d'un mal, fort bien connu depuis que les hommes raisonnent sur l'état de société, autrement dit depuis la grande expérience athénienne continuée d'âge en âge depuis plus de deux mille ans, soit quand les royaumes wisigoths de l'Espagne furent livrés aux Sarrasins ou les républiques italiennes à leurs convulsions, par le commun effet de leur anarchie. La vérification polonaise précéda de peu nos épreuves les plus cruelles, et nos cent cinquante dernières années parlent un langage instructif.

    Le mal est grave, il peut guérir assez vite. On en vient d'autant mieux à bout qu'on a bien soin de ne point le parer d'autres noms que le sien. Si l'on dit : école dirigeante au lieu d'école révolutionnaire, on ne dit rien, car rien n'est désigné. Si l'on dit démagogie au lieu de démocratie, le coup tombe à côté. On prend pour abus ou excès ce qui est effet essentiel. C'est pourquoi nous nous sommes tant appliqués au vocabulaire le plus exact. Une saine politique ayant le caractère d'une langue bien faite peut seule se tirer de Babel. C'est ainsi que nous en sommes sortis, quant à nous. C'est ainsi que la France en sortira, et que le nationalisme français se reverra, par la force des choses. Rien n'est fini. Et si tout passe, tout revient .

    En sus de l'espérance il existe, au surplus, des assurances et des confiances qui, sans tenir à la foi religieuse, y ressemblent sur le modeste plan de nos certitudes terrestres. Je ne cesserai pas de répéter que les Français ont deux devoirs naturels : compter sur le Patriotisme de leur pays, et se fier à son Intelligence. Ils seront sauvés par l'un et par l'autre, celle-ci étant pénétrée, de plus en plus, par celui-là : il sera beaucoup plus difficile à ces deux grandes choses françaises de se détruire que de durer ou de revivre. Leur disparition simultanée leur coûterait plus d'efforts que la plus âpre des persévérances dans l'être et que les plus pénibles maïeutiques du renouveau.

    Charles Maurras 
    http://lafautearousseau.hautetfort.com/
  • Très bonne nouvelle : L'unité des royalistes refaite en Provence

    François Bel Ker, président du CRAF* et Jean Gugliotta, président de l'Union Royaliste Provençale

    Autre bonne nouvelle en marge de notre « Colloque Maurras » réussi de samedi dernier.

    François Bel Ker, président du CRAF* et Jean Gugliotta, président de l'Union Royaliste Provençale ont en effet tous deux annoncé au cours de la soirée militante d'après-colloque que l'Action Française refaisait son unité en Provence, mettant fin à la division en deux camps (RN et CRAF) née il y a une vingtaine d'années. Cette décision est prise dans le cadre d'une évolution de même nature devant intervenir sur le plan national en 2018.

    Régionalement, ce regroupement se fait au sein de l'Union Royaliste Provençale, « canal historique » de l'Action Française en Provence, sous l'autorité de Jean Gugliotta, son cinquième président depuis la fondation de l'Action Française. Sur le plan national, ce regroupement se fait au sein du CRAF et ultérieurement au sein d'une Action Française réunie.

    Jean Gugliotta dirige donc désormais l'ensemble des royalistes d'Action Française de Provence. Il sera assisté de deux adjoints pour les groupes de jeunes (Guy Bertran et Bertrand Raffaillac-Desfosse).   

    Cette unité reformée est gage d’une efficacité et d’un rayonnement accrus de l’Action Française en Provence.

    François Bel Ker et Jean Gugliotta ont travaillé pour la bonne cause.   

    * CRAF : Centre Royaliste d’Action Française

  • « Colloque Maurras » : Quelques images supplémentaires ...

    Hilaire de Crémiers, Christian Franchet d'Espèrey 

    Une suite de brillantes interventions

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    Gérard Leclerc

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    Jean-Baptiste Donnier

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    Jean-Philippe Chauvin 

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    Bernard Pascaud 

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    Stéphane Blanchonnet

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    Jacques Trémolet de Villers 

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/

  • Merci à l'ultra-gauche violente et aux médias qui l'ont relayée : notre «Colloque Maurras» s'est tenu, bien tenu, et a «fait le buzz» comme jamais !

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    Les médias sont à la fois partiaux et ignorants. En particulier à notre sujet... Ils ne s'expriment sur Maurras, sur nous-mêmes, qu'à coup de clichés, toujours les mêmes, sans savoir et sans comprendre. Leur « pensée » apparaît mécanisée. Et bien-sûr leur vocabulaire aussi ; il est de ce fait totalement prévisible, parfaitement  obligé, totalement répétitif d'un article l'autre. Leurs formules toutes faites, leur vocabulaire toujours identique à lui-même et dont l'on pourrait dresser un catalogue somme toute assez drôle et assez pauvre, suppléent en l'espèce à leur incompétence. Le tout est toujours malveillant.  

    Les médias que nous venons d'évoquer relayent en revanche systématiquement les haines et les slogans de l'ultra-gauche et des ligues dites antiracistes, en réalité antifrançaises. C'est le cas général : sur le plan national (France Inter, par exemple, qui a ouvert ses flashes d'information matinaux de jeudi et vendredi dernier sur l'indignation que notre colloque était censé soulever à Marseille. Faux !) comme sur le plan régional.  Et c'est tout particulièrement le cas de La Provence, quotidien en situation de quasi monopole local, qui, quoiqu'il s'en défende, compte parmi ses rédacteurs plusieurs  militants dits antifas. Situation absurde car nous ne sommes ni racistes, ni fascistes. Ils l'ignorent ou veulent l'ignorer. 

    Notre colloque devait se tenir à Marseille au Centre Cormier*, qui appartient à l'ordre dominicain. (Il s'agissait d'une location de salle). Alors, l'on a fait écrire pour la circonstance de vieux catholiques de gauche ou d'ex « résistants » indignés. Les « Jeunes socialistes » locaux (moins de 10 militants !) ont protesté par communiqué, l'on a interpellé l'archevêque de Marseille. Mais ce dernier a rappelé que les Dominicains sont une congrégation autonome et qu'il n'a pas autorité sur leur programmation. Et puis l'on a adressé aux pères dominicains des menaces plus agressives qui venaient des groupuscules de la gauche radicale, entraînés à les mettre à exécution dans toute le France, avec les plus extrêmes violences, contre les biens, les personnes, les forces de l'ordre et leurs adversaires politiques. Une autre forme de terrorisme dont tout le monde connaît les exactions. Les images de ces exactions sont dans toutes les mémoires. Très peu dans celle des médias... Il n'était pas impossible que le couvent soit victime d'agressions, que les messes soient troublées... En dernier ressort, les responsables des forces de l'ordre ont fait savoir qu'elles seraient trop occupées pour protéger le colloque... Le Centre Cormier, dans ce cas, avec notre parfait accord, ne pouvait plus continuer de mettre sa salle de conférence à notre disposition. Ceci fut décidé vendredi dernier à midi, pour un colloque devant s'ouvrir le lendemain matin, samedi, à 9 h 30... 

    Nous décrivons ce processus qui relève de la petite histoire, non par goût del'étalage, que nous n'avons pas, mais pour pointer la situation dans laquelle notre pays, notre société, se trouvent aujourd'hui ; où en sont, chez nous, les libertés publiques et, en particulier tout simplement la liberté d'esprit et d'expression. C'est dans des circonstances analogues que les mêmes, il y a quelques semaines, avaient fait plier face à leur tapage le ministre de la Culture, Mme Nyssen, qui avait bel et bien inscrit Charles Maurras sur la liste des commémorations nationales pour 2018 et dut l'en retirer, mettre au pilon le catalogue y afférent et affronter la démission de dix des membres du Haut Comité chargé de les préparer, sur les douze qu'il comptait. Exit, d'ailleurs, le dit Haut Comité, désormais défunt.  

    Allions-nous plier, nous aussi, annuler le colloque, renoncer à le tenir ? C'est le bruit qui a couru. Mais ce n'était pas notre intention. Elle fut de trouver une salle de substitution**, de n'en rien dire à personne, surtout pas aux médias qui nous harcelaient de questions sur ce point précis, et de nous organiser de sorte que la totalité des inscrits, tous les participants ou presque, puissent être présents au colloque, non reporté mais seulement déplacé, le lendemain matin, avec très peu de retard, pour prendre part aux conférences et aux débats, ce qui fut tout à fait réussi. L'indignation avait changé de camp, une certaine colère s'y faisait sentir aussi, et les efforts de tous ont fait de cette journée de réflexions et d'échanges, une réussite remarquée.

    3654957284.JPGLe matin même était paru sur une page presque entière de La Provence l'entretien que nous y avons donné [Gérard POL pour Lafautearousseau] et que l'on pourra tenter de lire si l'on se reporte à l'illustration en haut de page. L'article répond aux caractéristiques habituelles des publications de La Provence, telles que nous les avons évoquées plus haut. Tout l'attirail habituel y est : le titre, les substantifs, les verbes, les adjectifs, les insinuations ... Les propos que nous y tenons sont à lire - au moins pour partie - au prisme de la partialité et de la propagande médiatique .... 

    Le Colloque a été ouvert autour de 10 heures par Jean Gugliotta, président de l'Union Royaliste Provençale et Hilaire de Crémiers, directeur de Politique magazine et de la Nouvelle Revue Universelle, en compagnie de Christian Franchet d'Espèrey son rédacteur-en-chef, devant une salle comble.   

    * Rues Sainte-Victoire et Edmond Rostand à Marseille

    ** Novotel, avenue du Prado.  

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/

  • A Paris, la station de métro "Bastille" rebaptisée "Charles Maurras"

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    Ce samedi, des militants royalistes parisiens ont marqué à leur façon le 150e anniversaire de la naissance de Charles Maurras en rebaptisant la station de métro Bastille...

    http://synthesenationale.hautetfort.com/

  • « Je suis le Colonel du Volkssturm métapolitique » (entretien avec Robert Steuckers – 1re partie)

    Europe Maxima : En ce début d’année 2018 paraît donc votre tant attendue trilogie intitulée Europa. Pourriez-vous, en préambule, nous expliquer sa genèse ?

    Europa1-200x300.jpgRobert Steuckers : Les textes qui figurent dans les 996 pages de cette trilogie sont tirés de mes anciennes revues, des conférences prononcées au fil du temps ou encore des entretiens accordés à des revues ou des sites amis, le tout sur une période d’un peu plus de vingt-cinq ans. Je n’avais pas l’intention de publier quoi que ce soit, n’ayant jamais eu la vanité du graphomane qui s’ingénie à noircir du papier pour compenser on ne sait trop quelle blessure de sa petite enfance. Jusqu’au jour où j’ai rencontré Jules Dufresne des Éditions du Lore qui m’a littéralement assiégé pour que je lui remette mes textes sur la révolution conservatrice allemande. Dufresne, avec l’ardeur de sa jeunesse, a ouvert la boite de Pandore : à sa suite, Laurent Hocq, directeur des Éditions Bios (Lille), m’a fait subir un deuxième siège pour que je compose cette trilogie. Laurent Hocq a pris de sérieux risques financiers pour lancer cette entreprise et je lui en suis très reconnaissant; j’attends surtout de mes lecteurs qu’ils lui rendent hommage et qu’ils l’épaulent dans ses initiatives. Chaque texte de cette trilogie a en fait une histoire, est né de circonstances particulières, liées à mes tribulations de gamin métapolitologue, qui m’ont fait pérégriner de colloques en conférences à travers toute l’Europe : j’ai surtout une dette ineffaçable envers deux hommes aujourd’hui décédés, Gilbert Sincyr, ancien Président de l’association grande-européenne Synergies européennes et Robert Keil, animateur du Cercle Hermès à Metz et co-fondateur, avec André Wolf, de l’association Minerve. Sincyr et Keil se sont décarcassés pour organiser des colloques et des conférences, des universités d’été et des séminaires à tour de bras. Les textes de la trilogie sont aussi le fruit de leurs efforts, de leur énergie qu’ils ont dépensée sans compter. Je n’oublie pas, non plus, deux amis allemands, Heinz-Dieter Hansen de Hambourg et le Dr. Rolf Kosiek, qui m’ont invité régulièrement à prendre la parole devant leurs publics respectif ni les efforts de trois amis milanais, Marco Battarra, Alessandra Colla et Maurizio Murelli, de la Società Editrice Barbarossa, sans qui les magnifiques universités d’été italiennes de Synergies européennes n’auraient pas été possibles ni la superbe collection de livres, baptisée « Sinergie Europee ». Enfin, je remercie mon éditeur espagnol actuel Manuel Quesada, dont le deuxième volume de la trilogie reprend un entretien, ainsi que mon éditrice australienne Gwendolyn Taunton, philosophe traditionaliste très pointue, qui a pris le risque, elle, de me faire connaître dans le monde anglo-saxon. En fait, je réactive un vieux combat en entrant dans le troisième âge : quelques humoristes facétieux de mes compatriotes flamands disent que je suis le « Colonel du Volkssturm métapolitique ».

    La genèse de cette trilogie réside donc toute entière dans le travail des deux cercles que j’avais cofondés avec Jean Eugène van der Taelen à Bruxelles en 1983, l’EROE (Études, Recherches et Orientations européennes) et avec Gilbert Sincyr en 1994 (Synergies européennes).

    Europe Maxima : L’histoire-géographie, la politique et la géopolitique sont des disciplines qui vous sont familières et qui se taillent une part de lion dans votre trilogie. La spiritualité, quant à elle, n’est principalement évoquée, qu’en rapport à l’idée d’Empire. L’idée de non-séparation du pouvoir temporel et de l’autorité spirituelle vous séduit-elle ?

    Robert Steuckers : Oui, certes, l’histoire et la géographie, plus exactement un mixte des deux, est ma passion, sinon depuis l’enfance, du moins depuis la troisième année de notre école secondaire, où l’on nous avait suggéré l’achat du petit atlas historique des collégiens, rudement bien fait et qui m’a tout de suite passionné. Plus directement, dans la mouvance du militantisme métapolitique qui fut et reste le mien, l’événement déclencheur du processus qui nous a mené à la trilogie que vous évoquez, a été l’obligation de remettre, en juin 1980, un travail de fin d’études pour le cours de « relations internationales », donné par Madame Massart, fille d’un ancien député wallon, gaulliste à tous crins. Comme j’étais en classe d’allemand à la haute école des traducteurs-interprètes, il fallait que le travail soit basé sur des ouvrages allemands ou fasse référence à la politique allemande, comme, par exemple, l’Ostpolitik de Willy Brandt à l’époque. J’ai demandé à présenter un ouvrage que j’avais acquis par correspondance : le livre de l’ancien général autrichien Jordis von Lohausen, intitulé Mut zur Macht (« Le courage de la puissance »), dont l’auteur, avant de revenir dans la nouvelle armée autrichienne après la Seconde Guerre mondiale, avait été animateur de la radio de son pays où il présentait avec une formidable concision, et une diction merveilleuse, les villes d’art italiennes. Cette concision se retrouve dans son livre qui mêle justement savoirs historiques et géographiques et s’appuie sur une cartographie originale et très suggestive, comme le voulait précisément Karl Haushofer, lorsqu’il dirigeait, pendant l’Entre-deux-guerres, son institut de géopolitique : une bonne carte suggestive valait pour lui une longue démonstration écrite. Quand je devais remettre mon travail à Mme Massart, nous étions en 1980, l’année qui a suivi l’accession de Margaret Thatcher au pouvoir au Royaume-Uni. Reagan, autre propagateur d’un « conservatisme néolibéral », allait accéder à la magistrature suprême aux États-Unis; outre sa volonté de pratiquer une politique de retour au libéralisme dur et pur, il entendait mettre un terme au statu quo d’une guerre froide dominée par la double idée d’un dégel graduel et d’une coexistence pacifique, sans que ne soient modifiées les limites des zones d’influence, acquises pas les deux grandes puissances du duopole américano-soviétique.

    Cette perspective reaganienne, qui était de vouloir bouleverser cet ordre duopolistique, avait été secrètement activée par Zbigniew Brzezinski dès la fin des années 1970. Selon ces plans, les pièces de l’échiquier planétaire devaient nécessairement bouger : elles ne le pouvaient que si l’on réactivait des dynamiques refoulées comme, par exemple, l’islamisme militant, pour plonger le ventre mou centre-asiatique de l’URSS dans une effervescence permanente, obligeant Moscou à lâcher du lest. La stratégie, avec l’appui financier saoudien, sera d’abord appliquée en Afghanistan. La suite tragique, non terminée, de cette opération, nous la connaissons trop bien : la stratégie initiée par Brzezinski a débouché sur une guerre permanente et un enlisement sans fin. Ce n’est pas là une politique impériale au sens noble du terme mais la création d’un chaos infécond et criminel qui affecte toute la planète.

    Aux Etats-Unis aussi, on commençait, tout à la fin des années 1970, à reparler sérieusement de géopolitique, notamment avec Colin S. Gray, qui entendait réactualiser la géopolitique thalassocratique de Halford John Mackinder et de Nicholas Spykman (dont Olivier Zajec, il y a deux ans, a exploré méthodiquement l’œuvre en France). Enfin, avec l’appui d’un excellent professeur écossais, M. Sidgwick, j’avais potassé à fond les atlas historiques de Colin McEvedy et lu le captivant ouvrage de Paul Johnson, The Offshore Islanders, ouvrage critique à l’endroit des orientations politiques britanniques, qui avaient omis de miser sur un développement intérieur, sur une stratégie économique d’investissement patrimonial, sur un développement des sciences chimiques et sur une colonisation intérieure des Îles Britanniques, à l’instar des politiques bismarckiennes de l’Allemagne réunifiée à partir de 1871. Tout le reste de mes démarches découle de ce contexte universitaire : j’ai voulu offrir tout cela à une certaine école métapolitique. En vain. J’ai reçu un accueil grossier, sotte gesticulation d’autodidactes gougnafiers, dont vous avez sûrement entendu parler…

    Ceci dit, la pédagogie dont faisait preuve Lohausen, décédé en 1997, vient d’être ressuscitée par un colonel espagnol qui s’est mis volontairement à la retraite, Pedro Banos, dans Asi se domina el mundo. Desvelando las claves del poder mundial (Ariel, 2017). Paru en novembre 2017, cet ouvrage a été réédité six fois (!) entre sa parution initiale et février 2018. Il explicite de manière particulièrement didactique les principes géopolitiques immuables, l’impossibilité d’échapper à l’histoire, la permanence des intérêts, les géostratégies impassables, le danger d’ignorer l’idiosyncrasie des peuples, etc. Si je m’enthousiasmais pour Lohausen en 1979, à 23 ans, je m’enthousiasme avec la même ferveur pour le livre du Colonel Banos en 2018, à 62 ans.

    Revenons à la spiritualité, deuxième thème de votre question. Il est évident que j’ai été frotté à Evola (plutôt qu’à Guénon, tout en appréciant hautement la critique que celui-ci formulait à l’encontre du monde moderne, avec l’idée de « cubification » du monde, reprise aujourd’hui avec brio par le penseur espagnol Ernesto Milà, par ailleurs géopolitologue avisé). J’ai participé aux premières activités de la défunte revue Totalité, aventure qui donnera naissance, ultérieurement, aux Éditions Pardès. En Belgique, les activités évoliennes, le Centro Studi Evoliani, étaient dirigées par Marc. Eemans, figure étonnante de la pensée européenne, à laquelle seule la revue Antaios de Christopher Gérard a rendu naguère un hommage mérité. Qui a été Marc. Eemans, né en 1907 et décédé en 1998, l’année du centenaire d’Evola ? Jeune écolier à Termonde (Dendermonde) en Flandre orientale, il est initié par un professeur de son « athénée » aux études wagnériennes et à la mythologie scandinave et germanique. Adolescent, il adhère, par esprit de révolte, au dadaïsme et au surréalisme, accessoirement au léninisme : il fera un magnifique portrait du chef de la révolution russe, aujourd’hui exposé à Saint-Pétersbourg. Dans les années 1920, il rencontre l’avant-gardiste flamand Paul van Ostaijen, qui, dans l’un de ses manifestes, explique que le mysticisme médiéval de la région sise entre l’Escaut et le Rhin, donne déjà toutes les recettes pour une « illogique » fondamentale permettant de jeter bas le système dominant, tâche que s’était assignée André Breton, qui avait aussi dit, entre mille et une autres choses, qu’il préférait s’allier au Dalaï Lama (pas celui d’aujourd’hui… !) plutôt que d’œuvrer à la défense d’un système occidental qu’il jugeait inique et mortifère. Peu ou prou, Evola, qui vient, lui aussi, du dadaïsme, van Ostaijen et Breton ont, in fine, la même démarche, en dépit de toutes leurs différences, de leurs idiosyncrasies respectives : le point commun à ces trois hommes, c’était de chercher une voie pour échapper à l’impasse moderne. C’est donc, très naturellement, la conclusion que tire le jeune Eemans à la fin des années 1920; tout feu, tout flamme, il s’en va prononcer une petite conférence sur les mystiques médiévales flamandes et rhénanes, devant le groupe des surréalistes bruxellois, autour de René Magritte. Ce groupe s’affiche comme résolument laïque, antireligieux jusqu’à la caricature, « communistophile », combattant inlassablement la « Calotte » et voilà qu’il s’insurge bruyamment et vulgairement devant l’idée de van Ostaijen et d’Eemans de réhabiliter Maître Eckhart, Sœur Hadewych ou encore Ruusbroec l’Admirable. Eemans est exclu pour « cléricalisme », alors que, justement, cette mystique de notre Moyen Âge lumineux permet d’échapper à tout encadrement stérilisateur.

    Plus tard, dans le cercle évolien animé par Eemans et le regretté Salvatore Verde (qui fondera, après son retour en Italie, la revue Antibancor) et dans l’antenne de Totalité en Belgique, soit le Cercle Culture et Libertés (CCL), alors animé par Alain Derriks, parce que Daniel Cologne était parti enseigner en Suisse, l’idée d’un Empire gibelin spiritualisé faisait route, lentement mais sûrement : je me rappelle avoir balbutié une présentation d’un article de Giorgio Locchi, paru dans un numéro de Nouvelle École, sur la notion d’Empire (de Reich), lors d’une réunion où l’émouvant écrivain prolétarien Pierre Hubermont était présent. Hubermont était certes sorti du communisme dur et pur pour trente-six raisons, liées notamment à une adhésion au planisme d’Henri de Man et aux événements de la Guerre d’Espagne (tout comme la figure fascinante de Ward van Overstraeten, fondateur du PCB dès le lendemain de la Première Guerre mondiale). Hubermont adhérait à un communisme pacifiste où les peuples d’Europe auraient fédéré leurs énergies pour retrouver justement l’idée germanique d’Empire, dont sa Wallonie natale avait toujours été partie prenante, notamment en offrant des contingents bien fournis de tercios, à l’époque hispano-impériale, ou des régiments d’élite à l’époque autrichienne.

    L’idée d’Empire est certes politique et aussi spirituelle car, ne l’oublions jamais, Frédéric II de Hohenstaufen aimait l’œuvre et la spiritualité naturaliste de François d’Assise. Eemans avait consacré un ouvrage, hélas jamais publié, à ce magnifique Empereur et Roi de Sicile, travail qui lui avait permis de se lier d’amitié avec l’académicien Marcel Brion, lui aussi fasciné par cette figure tragique de l’histoire européenne. Les Néerlandophones du groupe ne juraient, eux, que par un ouvrage allemand consacré à l’Empereur et dû à l’historien Ipsen. Ex-potaches latinistes et donc aptes à lire l’italien, Derriks et moi avons pris contact avec les groupes néogibelins italiens de Parme et de Padoue, afin de parfaire cette démarche spirituelle, métapolitique et politique. C’est ainsi que nous avons tous deux fait l’acquisition du livre d’Antonino De Stefano, qui abordait, entre autres choses, les liens entre l’impérialité du Staufer et la spiritualité ascétique et naturelle/cosmique du Poverello d’Assise.

    N’étant pas un théologien stricto sensu, je ne vais pas entrer dans le débat, infini d’ailleurs, sur la primauté du spirituel ou du temporel : il est évident que notre démarche associait les deux, sans l’intention de faire chavirer les démarches spirituelles dans une stérilité apolitique ou les démarches politiques/temporelles dans la sécheresse d’un mécanicisme infécond. Cette effervescence intellectuelle de nos vingt ans est toujours active chez le sexagénaire valétudinaire que je suis devenu. La flamme brûlait encore, très vive, chez le nonagénaire Eemans : il n’y pas de raison de capituler, c’est un hommage qu’il faut lui rendre, à lui et à tous ceux qui, dans le même espace philosophique, ont montré la même endurance.

    Ces souvenirs, j’en ai bien conscience, ne répondent pas exactement à votre question qui demande une réponse précise, bien ronde et bien ficelée. Cette réponse existe bel et bien dans une œuvre magistrale, celle de l’Espagnol Antonio Medrano, jadis collaborateur de Totalité. Medrano a fait un chemin impressionnant depuis les temps héroïques de Totalité. Son œuvre, pour faire succinct, englobe la spiritualité, la politique et la vie quotidienne (qu’il convient de mettre au diapason des traditions vives ou refoulées d’Europe et d’Asie). Medrano est l’auteur de plusieurs best-sellers que l’on retrouve dans toutes les librairies d’Espagne, dont mon favori reste celui qui nous enjoint à « tuer les dragons en nous », renouant avec la spiritualité que dégageaient les cultes de Saint-Michel, Saint-Georges et Santiago de Compostelle. Quantitativement, l’œuvre d’Antonio Medrano est presque aussi abondante que celle d’Evola, qu’il complète magistralement, avec brio et esprit didactique. Je ne comprends pas pourquoi ce travail, magnifique, indispensable, n’a jamais été réceptionné par ses anciens correspondants en France. Tout comme, d’ailleurs, l’œuvre monumentale, avec des volumes dépassant les 80 000 ventes, de l’ancien correspondant espagnol de la ND, José Javier Esparza. Ou encore les ouvrages d’Ernesto Milà, notamment l’anthologie intitulée Milicia, nous révélant tous les aspects d’une spiritualité kshatriyaque qu’il convient, pour nous, miliciens métapolitiques, d’intérioriser et de transmettre pour nous donner, et donner à tous ceux qui voudront bien nous suivre et nous relayer à l’heure de notre mort, ce que Frithjof Schuon appelait très judicieusement, un « centre ». Cet ostracisme à l’égard de ces œuvres espagnoles formidables est un scandale, un grave manquement à la rigueur métapolitique. Pour quels inavouables et sordides motifs ? Jalousie ? Mépris ? Je ne sais. Je vais m’assigner pour tâche de faire connaître ces travaux dans une phase prochaine de mes modestes démarches d’instituteur et de perroquet, de petit hussard noir de l’« Empire eurasiatique de la Fin », comme le disait Jean Parvulesco, découvert, lui aussi, dans les pages de Totalité…

    Europe Maxima : Votre conception de l’idée d’Empire n’est donc pas sans rappeler celle défendue autrefois par Julius Evola. Est-ce que vous vous considérez comme un (néo) gibelin ? Pensez-vous que cette idée d’Empire représente un projet politique d’avenir ? Enfin, est-ce que l’école dite de la Tradition primordiale eut une influence sur vous ?

    Robert Steuckers : Oui, c’est clair, ma démarche est gibeline et kshatriyaque, même si je suis un civil car finalement, pour Clausewitz, la guerre n’est jamais qu’un expédient qui poursuit la politique par d’autres moyens et qui poursuit aussi, cela va sans dire, la métapolitique. L’Empire n’est pas un « projet politique d’avenir », il est un projet de toujours, au-delà des contingences et vicissitudes temporelles. Si nous n’avons pas d’Empire, nous sommes condamnés à dépérir politiquement et biologiquement : la chute de l’Empire romain a entraîné l’Europe dans de longs siècles de misère, la fin des rois wisigothiques en Espagne a permis l’invasion arabo-berbère de la péninsule ibérique et de la Septimanie languedocienne, la fin du pseudo-empire soviétique a failli faire basculer la Russie dans la « smuta » eltsinienne, la fin de l’impérialité romaine-germanique a plongé l’Europe centrale dans un impolitisme calamiteux, la fin de l’Empire chinois/mandchou a plongé la Chine dans de longues décennies d’une effroyable misère, où s’affrontaient des « Seigneurs de la guerre » inconscients de tout destin commun. Pour von Lohausen, le territoire impérial romano-germanique (qui comprend la Bohème), flanqué de l’espace gallique pour former le noyau carolingien de l’histoire médiévale et moderne de l’Europe, constitue la « paume » de notre sous-continent à laquelle sont liés cinq « doigts » péninsulaires ou insulaires (Ibérie, Italie, Balkans, Scandinavie, Iles Britanniques). Si la « paume » est morcelée, mutilée, les périphéries « digitales » vont, elles aussi, à vau-l’eau. Christopher Steding avait parlé d’une « neutralité intellectuelle impolitique », à propos des espaces culturels des périphéries germaniques (mais non allemandes/non prussiennes) de l’Empire allemand de Bismarck, où le bourgeoisisme intellectuel apolitique dominant et, de ce fait, irresponsable, que l’on observait aux Pays-Bas, en Scandinavie et en Suisse alémanique, exerçait une séduction mortifère, entraînant les Allemands à oublier leur vocation « archangélique et michaëlienne ».

    C’est là que nous retrouvons la « tradition primordiale ». Celle-ci remonte, comme je l’explique dans la trilogie, aux peuples cavaliers indo-européens de la proto-histoire, dont le Professeur Lebedinsky a retracé l’épopée dans une série de livres d’importance primordiale. Par ailleurs, pour le Professeur américain contemporain Christopher Beckwith, dans Empires of the Silk Road, ces peuples cavaliers génèrent la vision d’un prince accompagné d’une suite, d’un comitatus, soumis à une rude discipline spirituelle, guerrière et cavalière, exigeant une fidélité inconditionnelle jusqu’à la mort. Ce sont ces princes-là, et les hommes qui les suivent, qui fondent les empires et c’est le seul modèle qu’il convient de reproduire, surtout après les périodes de « smuta », de déclin, de déliquescence et, ajoute Beckwith, pour renverser la vapeur après les dégâts profonds commis par les communismes modernisateurs. Les traditions avestiques, védiques et zoroastriennes révèlent cette spiritualité fondatrice d’empires, avec des héros sublimes, de Rama à Zarathoustra. Nous trouvons une illustration de cette spiritualité dans l’œuvre de Jean Haudry et dans celle de Paul du Breuil.

    Cette spiritualité implique la vision d’un rapport fécond entre terre et ciel, le ciel étant l’espace lumineux, celui de la Grande Lumière. Elle implique un culte des oiseaux, notamment des aigles, symboles de tous les empires, car les oiseaux effectuent en permanence un va-et-vient entre le sol tellurique des hommes et le monde ouranien des dieux (ou de Dieu). Elle génère aussi le culte des archanges ailés, messagers des dieux ou de Dieu sur la Terre, aujourd’hui oubliés dans la religion officielle qui bascule dans la fange du moralisme, de la bigoterie voire du sociétal. Elle nous rappelle aussi que le moteur de notre civilisation n’a pas été seulement le monarchisme ou le papisme romain mais surtout les ordres de chevalerie, avatars des comitati indo-européens de la proto-histoire. Eux sont à coup sûr les porteurs de la tradition primordiale, comme l’explique Paul du Breuil (à suivre…).

    • Propos recueillis par Thierry Durolle

    • Réponses formulées à El Campello/Alicante, avril 2018.• Robert Steuckers, Europa, Éditions Bios, 2017, 75 € les trois + 5 € de port, tome I, « Valeurs et racines profondes de l’Europe », 338 p., 25 €; tome II, « De l’Eurasie aux périphéries, une géopolitique continentale », 316 p., 25 €; tome III, « L’Europe, un balcon sur le monde », 342 p., 25 €.

    http://www.europemaxima.com/je-suis-le-colonel-du-volkssturm-metapolitique-entretien-avec-robert-steuckers-1re-partie/