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Marion Sigaut : La révolution de 1789 contre la France.
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Les leçons de l'histoire
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Entre Dostoïevski et Soljenitsyne
Emmanuel Macron a-t-il eu vraiment raison de boycotter le stand de la Russie lors de l’inauguration du Salon du livre ?
Je ne suis pas loin de penser qu’il a eu tort, même si on comprend la conjoncture diplomatique délicate qui était la sienne, à la suite des accusations de Londres à l’égard de Moscou, quant à un attentat chimique opéré sur le sol anglais. N’y avait-il pas, cependant, une distinction à faire entre la politique et la culture ? Comme l’a remarqué Mme Soljenitsyne, l’épouse de l’immense écrivain, dans un entretien passionnant avec Laure Mandeville du Figaro : « Dans la délégation russe se trouvaient beaucoup d’écrivains qui font partie de facto de l’opposition et écrivent de manière critique à l’égard du pouvoir. » N’est-il pas important de maintenir des liens intellectuels entre la France et la Russie, cette France dont Alexandre Soljenitsyne, selon son épouse, était devenu amoureux ?
Maintenir de tels liens et même les développer n’est pas d’ailleurs la garantie d’une entente idyllique. Il faut bien l’admettre : ce n’est pas de Poutine que date le paradoxe d’une relation difficile. La Russie nous fascine et en même temps nous désoriente, lorsqu’elle ne nous effraie pas. Qui est entré un jour, par exemple, dans l’univers de Dostoïevski sait bien de quoi il retourne. Pour avoir subi moi-même sa fascination, je puis attester des sentiments contradictoires que l’âme russe peut susciter. Un des meilleurs interprètes que je connaisse de l’auteur des Frères Karamazov, Nicolas Berdiaeff, a tout dit là-dessus : « Le dostoïevskisme n’enferme pas seulement pour les Russes de grands trésors spirituels, mais aussi de spirituels dangers. Il y a dans l’âme russe une soif d’autoconsomption, l’enivrement dangereux de sa propre perte (…). On ne saurait donc impunément l’exhorter à la tragédie, préconiser cette tragédie comme un chemin parmi le dédoublement et les ténèbres » (Nicolas Berdiaeff, L’esprit de Dostoïevski, Stock, 1974).
Ce qui vaut pour l’âme russe vaut sans doute pour la politique russe. Mais la crainte que peut nous inspirer le pays de Vladimir Poutine doit-elle nous conduire à le rejeter hors de notre espace continental ? Emmanuel Macron lui-même affirme la nécessité de maintenir un dialogue indispensable pour l’équilibre de l’Europe et du monde.
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Carl Lang samedi après-midi à la Journée du Pays réel à Rungis
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Evénement catholique et nationaliste : la Fête du Pays Réel ce samedi 24 mars 2018
Tous à la Fête du Pays Réel ce samedi 24 mars 2018
Le Programme
La 2ème Fête du Pays Réel se déroulera le samedi 24 mars 2018, de 10h à 18h, à l’Espace Jean Monnet, rue du Sagittaire, à Rungis, en bordure de Paris, sur un vaste espace couvert (800 places gratuites de parking et nombreux transports en commun précisés en bas de ce message).
10h00 – Ouverture au public et bénédiction des stands
Dans la salle de conférences :
10h15 – Abbé Xavier Beauvais : Sus à la laïcité
11h00 – Marion Sigaut : La révolution de 1789 contre la France
11h15 – Virginie Vota : Le féminisme, conséquence inéluctable du renversement de l’ordre naturel
11h30 – Valérie Bugault : Les banques internationales contre les Etats
14h00 – Johan Livernette : Face au complot maçonnique, le retour de la France catholique
14h15 – Pierre Hillard : Le mondialisme et son actualité
17h00 – Olivier Wyssa : Antidémocratie et politique
17h15 – Carl Lang : Le message de soutien du Parti de la France
17h30 – Alain Escada : Dieu Patrie Famille, une devise pour le Pays réel
Dans les autres espaces :
Plus de 125 stands d’auteurs, d’éditeurs, d’artistes, d’artisans, de mouvements, d’associations et de congrégations religieuses.
Un espace restaurant et sandwicherie sera également ouvert sur place tout au long de la journée.
Une fête du Pays réel ? Qu’est-ce donc ? C’est la volonté, durant toute une journée, de mettre à l’honneur la France des terroirs et des clochers dans une ambiance unitaire, conviviale, joyeuse et familiale.
D’une part, de nombreux stands illustreront l’histoire, la foi, les coutumes, le patrimoine, la culture, le savoir-faire, la gastronomie et le dynamisme de ce Pays réel : éditeurs, associations, congrégations, médias alternatifs, artisans, artistes, viticulteurs, brasseurs et petits producteurs rivaliseront de talents et de richesses à vous faire découvrir. Sans oublier, bien sûr, la longue liste d’auteurs pour petits et grands qui viendront dédicacer leurs livres ou bandes dessinées.
Parmi les nombreux exposants déjà inscrits (liste incomplète) : ACIM (Association catholiques des Infirmières et Médecins) – ACOM (chocolats) – Action Familiale et Scolaire – ADMP – Artisanat Saint Louis – Association Missions – Atelier des dix doigts (sculptures religieuses) – Bannières 2000 – Vanessa Batlle (artiste peintre) – La Boîte à Bons Points (jeux et jouets en bois) – Boutique de la Trinité (objets de décoration en bois) – Cadets de France – Capucins de Morgon – Centre Grégorien Saint Pie X – Cercle National des Combattants (CNC) – Laurence de Chabot (artiste peintre) – Chœur Montjoie Saint-Denis – Civitas – Compagnie de la Sainte-Croix – Comptoir d’Ecosse – Cours privé CEFOP – CYL Editions -Raphael Delpard (cinéaste, film “La Persécution des Chrétiens aujourd’hui dans le monde”) – Dissidence Française – Domaine Le Maine Castay (Cognac, Pineau des Charentes et Vins de France) – Dominicains d’Avrillé – Echoppe Fron (porcelaines et friandises) – Echoppe Médiévale – Echoppe de miels, thés et huiles essentielles – Editions Apopsix – Editions Bibracte – Editions Charlemagne – Editions Francephi – Editions Kontre Kulture – Editions Librim Concept – Editions Retour aux Sources- Editions Hervé Ryssen – Editions Saint Agobard – Editions Saint Jean Baptiste – Editions Saint Remi – Editions Saint Maximilien Kolbe – Editions Reynald Secher – Editions Sel de la Terre – Editions Sigest – Editions Terra Mare – Galerie JPM (livres et enluminures) – Girard (tapisserie et bijoux) – Fédération Catholique du Sport et de l’Education Physique – Fédérations Civitas de l’Aude et de Savoie – Film “La Rébellion cachée” (génocide vendéen) – Formes et Ombres (objets médiévaux) – Guillaume Le Baube (artiste peintre) – Thierry Gillaizeau (sculpteur sur bois) – L’Herboricaine – Ignace (dessins) – Librairie Damase – Librairie Française – Livres d’occasion Grimaux – Clémence Meynet (illustratrice) – Médias Presse Info/Médias Catholique Info – Nation (Belgique) – Nouvelles Editions Latines – Parti de la France – Patrimoine et Renaissance (tapisseries) – La Pierre de la Celle (tailleur de pierre) – Poterie Marie-Laure Cantuel – Réseau des Elus Locaux Catholiques – Résistance Helvétique – Rivarol / Ecrits de Paris – Rosa Mystica – Rosaire aux Frontières – Synthèse Nationale – SOS Tout Petits – Stop Provocs Hellfest – UNEC / SOS Mamans – Vins Domaine de Champ Fleury, Pierre Coquard
Parmi les auteurs et dessinateurs qui ont déjà annoncé venir dédicacer (liste incomplète) : Frédéric Andreu – Alban d’Arguin – Stéphanie Bignon – Franck Bouscau – Anne Brassié – Valérie Bugault – Lucien Cerise – Lorris Chevalier – Christoff BZH (chanteur) – M. l’ambassadeur Henry Cuny – Docteur Nicole Delépine – Anne-Marie Despas – Yves Dewulf – Docteur Jean-Pierre Dickès – Jean-Arnaud Dollié – Docteur Xavier Dor – Michel Drac – Jean-Yves Dufour – Apolline Dussart – Philippe Fortabat Labatut – Bernard Gantois – Pierre Godicheau – Patrick Gofman – Françoise Gondrée – Romain Guérin – Yves Guézou (dessinateur) – Pierre Hillard – Roger Holeindre – Carl Lang – Agnès Lauzier – Johan Livernette – Lysistrata – Hubert de Mesmay – Claude Meunier-Berthelot – Alain Monestier – Georges Pagé – Abbé Guy Pagès – Alain Pascal – Pinatel (dessinateur) – Philippe Prévost – Jean Rémy – Abbé Olivier Rioult – Olivier Roney – Jean de Rouen – Catherine Rouvier – Reynald Secher – Marion Sigaut – Dominique Tassot – Arnaud Upinsky – Jean-Michel Vernochet – Uli Windisch – Hristo Xiep
L’année dernière, la Fête du Pays Réel avait déjà rassemblé des dizaines d’exposants et un public nombreux venu de toute la France. Cette année, on pousse les murs et on vous attend tous !
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Manifeste : “Ce que nous sommes. Aux sources de l’identité européenne”
Ce premier manifeste de l’Institut ILIADE, intitulé “Ce que nous sommes. Aux sources de l’identité européenne”, réunit un ensemble de textes originaux et fondateurs, exprimant une vision du monde cohérente, centrée sur la figure pérenne de l’homme européen.
L’ouvrage ne constitue aucunement un « catéchisme politique » : il ne pose aucun dogme, aucune vérité définitive, ne définit aucun « sens de l’histoire » et n’invite donc pas à des lendemains qui chantent. Il appelle les Européens à s’éveiller en prenant pleinement conscience de leur identité, non seulement à partir de la mémoire de leurs origines, mais surtout en assumant hic et nunc une manière spécifique d’observer et de façonner le monde.
Ce que nous sommes, c’est ce que nous décidons de continuer à être, dans la fidélité à nos héritages, à nos lignages, et surtout dans l’enthousiasme d’un avenir toujours possible.
En rupture avec la doxa des « déconstructeurs », contre les « détricoteuses » du récit national et européen et les idéologues du « vivre ensemble » sur la tabula rasa de notre identité, le message porté par l’institut ILIADE incite les Européens à « combattre ce qui les nie » afin de relever les défis d’aujourd’hui et de demain.
Cet ouvrage collectif, par nature polyphonique, s’adresse à tous ceux qui refusent la fatalité du déclin, et qui souhaitent œuvrer au renouveau de notre civilisation plurimillénaire. Il s’agit d’un appel au grand ressourcement.
L’ouvrage ne constitue aucunement un « catéchisme politique » : il ne pose aucun dogme, aucune vérité définitive, ne définit aucun « sens de l’histoire » et n’invite donc pas à des lendemains qui chantent. Il appelle les Européens à s’éveiller en prenant pleinement conscience de leur identité, non seulement à partir de la mémoire de leurs origines, mais surtout en assumant hic et nunc une manière spécifique d’observer et de façonner le monde.
Texte repris du site Institut Iliade
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Samedi 24 mars, de 10 h à 18 h, 2e Fête du pays réel organisée par Civitas
Plus d'infos cliquez là
Venez nous retrouver sur
le stand de Synthèse nationale
Et le soir : le dîner de Synthèse nationale (COMPLET)
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Jeunesse aux cœurs ardents : c’est ce que tu risques qui te montre ce que tu vaux
Par David L’Épée, essayiste ♦ Ce 14 mars, le nouveau film de Cheyenne-Marie Carron est sorti dans quelques salles françaises et, surtout, a été mis en vente sur le site internet de la réalisatrice. L’occasion pour David L’Épée de rédiger quelques belles lignes sur cette œuvre pour Eléments.
Encore un film de Cheyenne Carron, me direz-vous ! Ce n’est tout de même pas de ma faute si cette dame, véritable stakhanoviste du film d’auteur, réalise plus vite que son ombre et enchaîne les longs métrages sans jamais prendre le temps de souffler !
D’autant que chez elle la quantité (rapidité de la réalisation, longue durée des films) ne sacrifie jamais la qualité, et que j’ai au contraire tendance à penser, surtout depuis ses deux ou trois derniers films, que sa cinématographie se bonifie et qu’elle tend à atteindre un certain état de maturité – encore que le terme ne soit pas des plus appropriés pour une cinéaste qui a fait de la fougue et des idéaux de la jeunesse non seulement un des thèmes principaux de son œuvre mais aussi le moteur de son travail.
David, un jeune Parisien issu de la petite bourgeoisie, termine ses études sans enthousiasme et sans savoir ce qu’il souhaite faire par la suite. Un peu par désœuvrement et mu par un vague sentiment de révolte sociale, il participe avec quelques amis à des braquages avant de distribuer leur butin à des nécessiteux. Impressionné un jour par l’aplomb d’Henri, un vieil homme qu’ils détroussent et qui refuse de baisser les yeux devant leur arme, il est amené à retrouver cet homme et à se lier d’amitié avec lui. Henri est un ancien de la Légion étrangère, vétéran de l’Indochine et de l’Algérie. A son contact, David trouve peu à peu sa voie et décide de s’orienter vers une carrière militaire, persuadé que « c’est ce que tu risques qui te montre ce que tu vaux ». Il part alors proposer ses services à la Légion étrangère et, au recruteur qui lui demande quelles sont ses motivations, il répond simplement : « Je veux donner un sens à ma vie » – et c’est sur cette phrase que se termine le film.
On trouve, dans Jeunesse aux cœurs ardents encore plus que dans les précédents films de Cheyenne Carron, un heureux mélange de romantisme et de naturalisme, deux formes a priori antagonistes et difficiles à faire cohabiter et qui pointaient déjà dans La Morsure des dieux. Les chants nostalgiques de légionnaires, la flamme au soldat inconnu sous l’Arc de Triomphe, la statue de Napoléon surplombant les personnages venus se recueillir dans la cour des Invalides, les entrainements physiques de la bande d’amis filmés au ralenti, l’immense poster du chevalier de Dürer affiché dans la chambre de David, le clairon dont il joue seul dans la rue nocturne, le décès d’Henri trépassant au son des tambours tandis que le spectre d’un soldat mort au champ d’honneur lui tend la main : autant d’éléments émouvants qui participent à ce qu’on pourrait appeler un certain romantisme de droite. Et pourtant, par ses choix formels, la cinéaste s’oriente plutôt vers une approche réaliste, et même naturaliste, grâce à une esthétique plutôt brute et sans filtre touchant au plus près du réel et surtout grâce à une direction d’acteurs qui, en prenant le temps et en laissant aux comédiens une certaine marge de manœuvre (du moins je le suppose), parvient à créer un vrai effet d’immersion. Les scènes de conversation sont ainsi sans doute parmi les plus réussies du film : nous ne sommes plus dans le cinéma mais dans l’authentique propos de table, la dispute ordinaire dans ce qu’elle a de plus trivial et de plus quotidien. Qu’il s’agisse des conversations de David et ses amis débattant dans un bar de la galanterie – « c’est du féminisme préhistorique ! » s’exclame un personnage –, d’un jeune homme lisant à haute voix un passage de Pasolini en étant sans cesse interrompu par une sonnerie de téléphone mobile ou d’une prise de bec un peu vive sur une terrasse avec des Algériens au sujet des vices et des vertus de la colonisation (ces dernières étant paradoxalement défendues par le même acteur qui jouait un chef djihadiste dans La Chute des hommes !), l’immersion joue à plein. Ces scènes prennent une tournure si naturelle, si spontanée, que le spectateur se surprendrait presque à élever la voix pour pouvoir placer son grain de sel dans la controverse. Je ne me souviens pas d’avoir vu au cinéma une telle maîtrise des scènes de conversation depuis Ken Loach et Robert Guédiguian, deux autres grands cinéastes naturalistes.
Le film insiste à plusieurs reprises sur la crise de prestige de l’armée française, nous montrant des tombes militaires vandalisées ou évoquant les difficultés financières de l’institution. Entre un soldat que David rencontre à l’hôpital et qui a perdu sa jambe au combat et une scène au cours de laquelle Henri se faisant traiter d’assassin dans le métro par une jeune Maghrébine ayant reconnu sa médaille, le moral de la grande muette n’est pas au beau fixe. Cheyenne Carron ne cache pas l’affection qu’elle lui porte, même si elle fait toujours la part des choses (sauf peut-être lorsqu’elle essaie à travers un personnage de justifier, un peu sommairement, l’intervention française au Mali…) et ne tombe jamais dans le fétichisme. Cette prise en compte de la complexité est patente dans plusieurs conversations mettant en scène les amis de David ou ses parents, au cours desquelles ces derniers rappellent que le patriotisme et l’armée sont souvent deux choses bien distinctes et que les guerres sont souvent faites dans l’intérêt des affairistes plus que des peuples. Henri le sait et le déplore mais son rapport à l’armée n’est pas de l’ordre du politique, il est de l’ordre de l’humain : il ne parle pas en terme d’intérêts mais de camaraderie, de solidarité, d’esprit de corps, de sens du sacrifice.
Jeunesse aux cœurs ardents est aussi un film sur la transmission, ou plutôt sur la rupture de la transmission. David apprend que son arrière-grand-père est mort à Verdun et que personne ne le lui a jamais dit car, comme le lui explique sa mère professeur de philosophie, « on ne pensait pas que ça pouvait t’intéresser ». Son père, pur produit de 68 qui s’occupe de marketing pour commercialiser des gels douche au parfum d’air iodé, décide un jour de mettre du rouge à lèvres pour manifester son soutien aux femmes victimes de violences, initiative qui laisse sa femme sceptique. « Je préférerais un chevalier » souffle-t-elle, à la grande déconvenue de son mari. Cela, David le sait, lui dont le t-shirt arbore une formule sans équivoque : The men love war, the women love warriors. Son père accepte le choix de son fils mais de mauvaise grâce et le jeune homme a des paroles très dures envers cet homme avec lequel il se sent « sans filiation morale ». Cette filiation, c’est Henri, un homme qui aurait l’âge d’être son grand-père, qui la rend possible en lui racontant ses souvenirs, en lui communicant son expérience, en lui présentant ses camarades de combat et en lui léguant son clairon. Comme l’explique un ami de David qui s’est tatoué cette devise sur le bras – et cela sera la conclusion de ma chronique : « Malheur à la jeunesse dont les héros sont oubliés, elle est condamnée à mourir de froid. »
David L’Épée 16/03/2018
Source : Blog d’Eléments
Crédit photo : Cheyenne-Marie Carron, via Eléments
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La religiosité des Indo – Européens
À l’heure actuelle, les multiples aspects linguistiques et mythologiques des civilisations indo-européennes sont devenus familiers à un large public. Ce résultat positif est dû, pour l’essentiel, aux recherches patientes d’érudits tels que Benveniste, de Vries, Haudry, etc., et surtout Dumézil qui donna ses lettres de noblesse aux études indo-européennes. Au sein de cette féconde lignée de « quêteurs de l’indo-européanité » trouve légitimement place le linguiste et philologue allemand Hans F. K. Günther, véritable précurseur de G. Dumézil.
Günther se présente comme le théoricien du courant “nordique” dans l’Allemagne de la République de Weimar. Il publia en 1934 un essai, désormais classique, intitulé Frömmigkeit nordischer Artung (que l’on traduit par “Religiosité de type nordique”), dans lequel il présentait de façon largement synthétique les grands traits spirituels des religions indo-européennes. Cet essai, édité récemment par les Éditions Pardès et traduit ici pour la première fois en français, est issu des textes de la sixième édition allemande, parue en 1963, et de l’édition anglaise, plus complète, parue en 1967. Quant au titre, qui présente une notable différence avec le titre originel allemand, il est tiré de celui de l’édition italienne intitulée Religiosità indoeuropea.
C’est certes une gageure, voire un péril, compte tenu de l’actuel climat “intellectuel”, que de rééditer l’ouvrage d’un chercheur aussi contesté et incompris que Hans F. K. Günther. Pour certains de nos contemporains, aux opinions fabriquées et imposées par les médias, Günther apparaîtra comme un “type” bizarre, “démodé”, passablement dangereux par les idées qu’il expose, tant les mots et les expressions qu’il emploie ont le pouvoir sémantique d’évoquer un ensemble d’idées qui prévalurent au cours d’une période précise de l’histoire de l’Allemagne et de l’Europe. De plus, ce brillant chercheur allemand passe volontiers, à tort, pour l’anthropologue officiel du IIIe Reich. Dans cette optique, la pensée et les travaux de Günther ont subi une “tabouisation” et une “criminalisation” de la part des Torquemada au petit pied du conformisme moral occidentalo-mondialiste et des minus médiatiques. C’est pour cela que la décision des Éditions Pardès de traduire et de publier ce maître-livre de Günther constitue, non seulement un acte d’utilité quant à une plus grande connaissance des recherches de l’auteur allemand, mais aussi un acte de courage. Nous ne pouvons que nous en féliciter.
Dès l’abord, l’ouvrage s’ouvre sur deux textes importants : une Préface du traducteur, R. Steuckers, qui fournit une utile présentation sur la vie et l’œuvre de Günther, suivie d’une Présentation de J. Evola, parue pour la première fois dans une revue italienne de 1970. Après des précisions apportées quant à l’opportunité du changement de titre, le terme “nordique” cédant la place au terme “indo-européen”, J. Evola apporte aux lecteurs les nécessaires correctifs aux tendances « naturalistes » et « biologistes » de l’auteur allemand, et rectifie certaines « fausses perspectives » dans lesquelles, parfois, se place Günther, ou certains jugements pour le moins hâtifs portés par le chercheur. Ainsi en est-il, par exemple, d’un certain « défaut méthodologique » de Günther, ou encore de la méconnaissance par ce dernier de tout ce qui se rapporte à la « dimension de la transcendance », etc.
Le reste de l’ouvrage est consacré au texte même de Hans F. K. Günther. Ce texte, véritablement “pré-dumézilien”, ne vise rien moins qu’à répondre à la question suivante : qu’est-ce que la religiosité indo-européenne ? Plus précisément, quelle est l’essence véritable de l’« attitude bien distincte des peuples et des hommes de souche indo-européenne vis-à-vis des puissances divines » que décrit Günther ?
Partant d’un postulat, démontré depuis, de l’« existence d’une langue indo-européenne commune ou “primale”, dérivée d’un noyau commun datant de l’Âge du Bronze », qui renvoie forcément à un ensemble de peuples faisant usage de cet idiome, Günther en conclut logiquement et justement à l’existence d’une religiosité spécifique à ces peuples, déterminée « en comparant les diverses formes de religiosité de ces peuples ». Dès lors, son objet sera de « jeter un regard panoramique sur les lignes de faîte de la religiosité indo-européenne, de saisir cette religiosité dans ce qu’elle a de plus complet et de plus spécifique, en analysant ses expressions les plus pures et les plus riches ». Quant à la démarche d’ordre méthodologique adoptée par Günther afin de dégager les grandes lignes de cette religiosité, elle est des plus fécondes : c’est l’étude des sources tirées de l’ancien monde hellénique, romain, iranien et indien, non celles issues des peuples nordiques, dont, selon l’auteur, un grand nombre de conceptions seraient en fait altérées par des apports non indo-européens. Et Günther, à l’appui de ses dires, de citer l’exemple du célèbre Odin (Wotan) dont « de nombreux traits (…) ne sont pas indo-européens, et ne sont même pas spécifiquement germaniques ! »
À partir du chapitre II commence une analyse systématique des lignes fondamentales de la religiosité indo-européenne ; apparaît clairement l’opposition radicale entre les religions non-révélées (dites “païennes”) et les religions révélées (comme le christianisme, par ex.). La caractéristique essentielle de la religiosité des Indo-Européens se situe dans la complète absence de crainte envers les dieux, « que ce soit la crainte de la divinité ou la crainte de la mort », qui génère bien entendu une “disposition” mentale et des attitudes particulières. Comme il n’approche pas les dieux avec une attitude servile, craintive, humble, et que, de plus, il ne se conçoit nullement comme simple “créature”, l’homo indo-europeanus éprouve un sentiment de familiarité, de “camaraderie”, avec le divin. Par conséquent, les sphères divine et humaine ne peuvent être nettement délimitées : les dieux et les hommes ne sont jamais très éloignés les uns des autres. Günther précise : « Les dieux y apparaissent comme des hommes immortels (…), et les hommes (…), nés de tribus nobles illustres, possèdent en eux quelque chose de divin… » Et l’auteur de noter : « Agamemnon, pareil aux dieux ». Autre précision importante : pour l’Indo-Européen, ce monde, qui est “sans commencement ni fin”, donc éternel, n’est jamais « dévalorisé » par une “souillure” ou un “péché” quelconque au profit d’un “autre monde”, d’un “arrière-monde” jugé meilleur. Il ignore de même, l’opposition entre « corps périssable et âme immortelle entre chair et esprit ». Toute conception se rapportant au « péché » (remplacé par la “faute” et le “déshonneur”, que l’on trouve également dans le Japon traditionnel), à la “rédemption”, au “Sauveur”, etc., lui est également étrangère. C’est là, véritablement la différence capitale entre la religiosité indo-européenne et celle ’issue du monde proche-oriental, essentiellement sémite.
Dans les chapitres III et IV, Günther aborde l’immense domaine de l’éthique propre aux Indo-Européen ; éthique, bien entendu liée à la profonde religiosité de ces peuples indo-européens. La première constatation que fait Günther : les Indo-Européens ont toujours eu une méfiance instinctive de l’hybris humaine, c’est-à-dire de l’orgueil de soi. Cette répulsion envers cette dernière tient essentiellement au fait que les Indo-Européens ont toujours ressenti leur “limitation” intrinsèque, leur “petitesse” d’êtres contingents et mortels, face à la “non-limitation” des Dieux, et leur dépendance vis-à-vis de ces derniers. Il est à signaler, bien que Günther n’y fasse pas allusion, que cette intuition se retrouvera chez Saint Thomas d’Aquin, dans ses concepts d’être fini et d’Être infini (Dieu). Autre particularité des peuples indo-européens, très bien mise en relief par l’auteur allemand : la reconnaissance et l’acceptation sereine, sans fatalisme, de l’inexorabilité du destin. Günther précise : « C’est essentiellement parce que, face à la certitude que surviendra un déclin, l’Indo-Européen reste lucide, conscient du fait que sa spécificité héréditaire est une spécificité de combattant ». Précision capitale. L’Indo-Européen, concevant le monde comme une arène dans laquelle se déroule un combat perpétuel, selon une conception “agonistique”, se présente, dans la paix comme dans la guerre, comme un guerrier. Loin de le désespérer, c’est cette inéluctabilité de son destin — et la tension existentielle qu’elle provoque — qui pousse l’Indo-Européen à toujours combattre. Cependant, les vertus et les qualités que réclame une telle conception du destin, font qu’elle n’est pas accessible à tout un chacun. « Les religiosités indo-européennes, précise Günther, ne peuvent être transmises à n’importe quel type humain ». Elles s’adressent, non à la masse, mais à l’élite d’un peuple, celle du « mûrissement du héros qui regarde le destin en face, debout à côté de ses dieux ».
Une conception aussi élevée réclamait une religiosité d’une même élévation. Cette religiosité indo-européenne ne pouvait être que « claire » et « limpide », faite du refus d’un “arrière-monde”, meilleur que le monde sensible, d’un sombre mysticisme, de pratiques ascétiques qui brisent le corps, et d’attitudes morbides. Selon Günther, « la religiosité des Indo-Européens est (…) une religiosité de la santé somatique et psychique (…). Elle est davantage une religiosité où l’âme emplie de force divine tente de s’élever au niveau des dieux au départ d’un équilibre : celui de toutes les forces somatiques et psychiques de l’homme ». Ces spécificités induisent, bien sûr, des attitudes particulières de la part de l’homme : prudence, réserve, « une timidité toute de noblesse, qualités qui correspondent à la plénitude du divin », répudiation des passions face à tous les phénomènes, « équilibre et dignité en face du divin », maîtrise de soi et noblesse contenue, auxquelles il faut joindre un sens certain de la mesure (la gravitas des Romains ou l’aidóos des Grecs). La religiosité indo-européenne nous apparaît essentiellement “terrestre”, pleinement enracinée dans ce monde où rien n’est inférieur en valeur par rapport à la divinité. Une telle attitude passe, par exemple, par le refus de tout dualisme, notamment celui corps/âme, pour établir, au contraire, un équilibre entre le corps — qui est honoré comme « expression visible d’une spécification spirituelle… » — et l’âme, même si les Indo-Européens conçoivent fort bien « que le corps et l’âme sont deux choses distinctes et d’essence différente ». Nous aboutissons ainsi à l’harmonieuse unité corps/âme. Ces caractéristiques ont pu faire dire à maints observateurs, à commencer par les auteurs chrétiens, que les religiosités indo-européennes, qualifiées de “païennes”, étaient essentiellement matérialistes, privées d’une véritable “dimension transcendante”. En fait, les Indo-Européens n’ignoraient nullement la notion d’Unité divine transcendante, à notre avis fort mal étudiée par Günther dans son essai. Les Indo-Européens situaient cette Unité divine, non dans un lointain et incertain au-delà, mais bien plutôt dans les actes concrets de la vie terrestre et contingente de l’homme ; aidé en cela par les actions des dieux, aspects divers de la grande Unité spirituelle et morale.
Une autre idée est développée par Günther : le monde serait conçu par les peuples indo-européens comme un ordre, un Kosmos, un tout imprégné d’une raison universelle, d’une ratio. De cet ordre du monde doté de sens dépendrait l’ensemble des “créations” : la famille, le peuple, l’État, le droit, la vie de l’esprit, etc., et bien sûr l’homme, en tant que personne et maillon responsable de la mémoire et de l’héritage ancestral se perpétuant dans un ordre continu des générations. D’où l’importance, chez les Indo-Européens, des idées de fécondité, de génération, de reproduction et d’eugeneia. Si certaines affirmations de Günther méritent de nombreuses réserves, d’autres, par contre, sont fort pertinentes et souvent justes.
Il traite rapidement de la conception de la mort chez les Indo-Européens ; pour eux, elle « n’acquiert jamais la signification cruciale d’un incitant à la foi et à un style de vie empreint de moralisme », mais est plutôt vue comme faisant partie de l’ordre du monde et des choses, et comme un « passage vers une vie qui, dans ses traits particuliers, ressemble à la vie dans le monde des vivants ». Il constate ensuite l’absence totale de rédempteur et de messie, car la vie, telle que la concevaient les Indo-Européens, faite de l’amitié avec les dieux et de l’auto-affirmation mesurée de l’homme au sein d’un monde ordonné doté de sens, rendait inutile toute idée de rédemption et de “sauvetage”. Günther aborde ensuite la forme de mysticisme dans laquelle a pu s’épanouir la religiosité indo-européenne. Forme particulière axée, non « sur une sensibilité exacerbée et un pansexualisme outrancier ni dans la mystique des excitations dues à l’ivresse », qui est le propre des mysticismes informels des peuples du Proche-Orient, mais au contraire fondée sur des pratiques aptes à favoriser une “mise-en-forme” de la personne s’auto-affirmant dans une totale liberté. Dès lors, ce mysticisme indo-européen sera constitué certes par un repli sur soi, vers sa propre intériorité, « en prenant distance par rapport aux tumultes de la vie », mais sans jamais faire abstraction du monde extérieur. Ainsi, précise Günther : « … le mysticisme indo-européen, en tant que regard vers l’intériorité, s’allie souvent avec un regard porté vers le large, vers le grand espace du monde. Ce ne sera donc pas une mystique cherchant à se couper du monde extérieur mais, au contraire, une mystique souhaitant explorer en profondeur les ressources du moi pour porter ensuite son regard vers le lointain ». La caractéristique particulière de cette mystique génère, à son tour, une attitude spécifique. Cette “ouverture sur le monde” fera participer la spiritualité à l’unité/totalité du monde, au “grand Pan”. « Le regard porté par l’Indo-Européen, note le chercheur allemand, sur la splendide immensité du monde (…), peut être interprété comme une acceptation joyeuse d’un Tout sans commencement ni fin (…), comme une manifestation dans la pensée de ce Tout (…) ou comme un sentiment d’identité avec le Tout que l’on a appelé, par ailleurs, “mystique de la nature” ». C’est pourquoi, la religiosité indo-européenne a souvent été qualifiée de “religion naturelle”, au sein de laquelle trouve place la notion d’un Dieu cosmique, « immanent au monde et présent dans l’intériorité de l’âme ». Cette “religion naturelle” revêt, pour les Indo-Européens, un sens profond. La piété et la religiosité qu’elle permet, « reflètent l’esprit et l’éthique, la rectitude de l’homme de race nordique, dont l’attitude mesurée et respectueuse vis-à-vis de la nature se fonde sur une sensibilité marquée par l’honneur et mue par une héroïcité exemplaire ». De plus, la piété de l’Indo-Européen, dans l’atteinte de Dieu, libéré de toute responsabilité des maux qui affligent la vie terrestre, suppose un certain nombre de vertus : « la liberté, la dignité, l’attitude sublime de l’âme noble… ». Tout cela renvoie aux notions d’humanitas, de dignitas, qui sont, en général, le propre d’un petit nombre de personnes, à l’instar des eleutheroï grecs ou des ingenui romains.
Dans le dernier chapitre, Günther fait une analyse serrée et fort juste du monde moderne, plus précisément du XXe siècle. En dernier lieu, l’auteur démontre comment le monde moderne occidental, répudiant les valeurs intrinsèques des antiques peuples indo-européens, est entré dans une décadence irrémédiable. Ainsi en est-il du déclin de la véritable liberté et de la dignité humaine, qui est allé de pair avec l’apparition des idéologies, en particulier des socialismes qui diminuent l’individu au profit de l’État, et, d’une “économisation” (« démonie de l’économie », comme l’a écrit J. Evola) toujours croissante de la société. Un peu plus loin, Günther précise : « … que la perte de la liberté individuelle est inévitable dans toute société industrialisée ». Après avoir constaté que le déploiement de la véritable spiritualité indo-européenne a bel et bien pris fin, Günther conclut par une remarque pessimiste, malheureusement réelle : « À cette indo-européanité qui a brillé de tous ses feux de Benarès à Reykjavik, s’applique une parole d’Hamlet : “Vous ne verrez jamais rien qui l’égalera !” »
Enfin, in fine, il faut noter une excellente Annexe du traducteur : Les races d’Europe selon Günther.
Cet ouvrage de Hans F.K. Günther est capital. Certes, il contient du bon et du moins bon, et par maints cotes, il apparaîtra, non comme dépassé, mais comme sommaire à côté des immenses et définitifs travaux d’un G. Dumézil, par ex. Cependant, il mérite largement d’être lu, ne serait-ce que pour ce qu’il est : un tout premier document important des études indo-européennes, alors balbutiantes et qui, depuis, se sont fortement enrichies.
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L’Âge d’Or n°10, 1990.
https://www.centrostudilaruna.it/la-religiosite-des-indo-europeens.html
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Les enjeux religieux de la souveraineté nationale
Le Sacre de Napoléon est un tableau de Jacques-Louis David, représentant le couronnement de l’impératrice Joséphine par Bonaparte, à Notre-Dame de Paris, en présence du pape Pie VII. Wikimedia Commons.
Appréhender la question de la nation et de la souveraineté dans un vieux pays comme la France ne peut être effectué avec pertinence qu’en se référant à notre riche héritage institutionnel et politique puisant sa source à l’époque antique. C’est à cette passionnante plongée dans notre histoire plurimillénaire que nous convient l’économiste Jacques Sapir et le philosophe et théologien Bernard Bourdin, dans ce livre qui retranscrit leurs entretiens sous la conduite de Bertrand Renouvin.
Dans une nation sécularisée comme le sont aujourd’hui les États modernes, l’évocation de la dimension religieuse paraîtrait presque dérisoire pour analyser le fait du pouvoir étatique. Pourtant, jusqu’à la Révolution française, c’est le pouvoir divin et lui seul qui conférait sa légitimité au pouvoir temporel, qu’il soit transmis au roi par la médiation de l’Église ou qu’il soit plus tard reçu directement de Dieu. C’est aussi en réaction aux sanglantes guerres de religion et pour y mettre un terme que des juristes comme Jean Bodin ont été amenés à concevoir les théories de la souveraineté. Or les institutions dont nous sommes aujourd’hui les héritiers sont précisément les fruits de cette histoire dense et complexe, et comprendre comment et pourquoi elles ont été forgées nous permet de nous les approprier, de les apprécier avec justesse et de les adapter à l’époque contemporaine. Il est difficile en effet de comprendre la spécificité de la laïcité à la française sans en connaître ses prémisses dans la monarchie absolue du XVIe siècle. Férus de culture humaniste, les deux universitaires convoquent tour à tour histoire, droit, étymologie, philosophie et théologie, pour offrir au lecteur un éclairage original et enrichissant sur les liens étroits qui existent en Occident entre la souveraineté, la nation et la religion. Tout au long de ce dialogue érudit qui nous fait parcourir l’Europe depuis les côtes atlantiques jusqu’à ses confins orientaux, on prend peu à peu conscience de l’importance de la notion de territoire, sans laquelle celle de nation et plus encore celle de souveraineté se trouvent absolument dénuées de sens. C’est ce qu’exprime Bernard Bourdin lorsqu’il soutient « qu’une forme politique a un rapport au temps, mais aussi à l’espace, les deux étant étroitement liés. La nation est un ordre spatial qui est […] nécessaire, parce qu’il est à taille humaine et enclin à un ordre de paix ».
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https://www.actionfrancaise.net/2018/03/16/les-enjeux-religieux-de-la-souverainete-nationale/