Avec un déficit de 31,7 milliards d'euros en 2007, le Commerce extérieur n'est pas seul à être en berne : les branches Maladie de la Sécurité sociale affichent elles aussi un déficit de 6,2 milliards d'euros (contre 5,9 milliards seulement en 2006). Faut-il s'en étonner quand on considère la cascade de scandales dévoilés en moins d'une semaine ? Le 24 janvier, Libération relatait ainsi qu'un couple de clandestins camerounais, bénéficiant de l' Aide Médicale d'Etat (AME) comme tous les "sans-papiers", et donc de la totale gratuité des soins, se faisait suivre depuis plusieurs mois par un « service d'aide médicale à la procréation » pour faire un enfant par fécondation in vitro, procédure longue et très coûteuse. D'autant que l'homme est sidaïque, raison pour laquelle il bénéficie en France d'« une autorisation provisoire de séjour pour soins », traitement exorbitant, et qu'il faut donc mettre au point les techniques les plus pointues de purification de son sperme pour « éviter tout risque de contamination ». Ajoutons que cette chance pour la France est polygame (trois épouses) et déjà père de sept enfants.
« Les médecins se disent perplexes, raconte le quotidien anarcho-bancaire. Ils hésitent. Est-il "raisonnable" d'aider ce couple à avoir un enfant ?» Mais finalement, craignant sans doute d'encourir la terrible accusation de racisme, ils acquiescent et, alléluia, « la femme est aujourd'hui enceinte ». Bientôt les Camerounais, parents d'un « enfant né Français », pourront demander une régularisation qui leur sera automatiquement accordée.
Pour peu que Madame se découvre diabétique et le bébé asthmatique, quel aura été pour la collectivité le prix de ce nouveau foyer français ?
Le 1er février, c'était non plus un Camerounais sans papiers mais un Congolais naturalisé qui était le "héros" d'un article du Parisien : bénéficiaire de la Couverture Maladie Universelle (CMU), cet homme de 37 ans usait et abusait depuis le 1er juillet 2006 de sa carte Vitale pour obtenir en quantités industrielles soit des médicaments qu'il revendait à prix bradé pour acheter du "crack" dont il est gros consommateur, soit des « médicaments considérés comme substances vénéneuses ou stupéfiantes ». Préjudice pour la CPAM de l'Essonne : 83 000 euros !
Celle-ci ayant déposé plainte, le Franco-Congolais jugé selon la procédure de comparution immédiate a écopé de quinze mois de prison ferme.
Ajoutons que ce citoyen exemplaire, qui disposait de deux domiciles, l'un à Ormesson (Essonne) et l'autre à Londres, était également bénéficiaire du RMI.
Décidément accordé avec la plus grande libéralité puisqu'il a fallu quatre ans aux services compétents pour savoir que ce revenu était ponctuellement versé à Laurence Pineau- Valencienne, fille du ploutocrate Didier Pineau- Valencienne (ancien PDG de Rhône-Poulenc et de Schneider et actuellement administrateur d'une kyrielle de grandes entreprises) et elle-même assujettie à l'Impôt sur la Fortune, étant l'heureuse détentrice d'un important patrimoine immobilier et 650 000 euros ayant transité par ses comptes. À son procès, la jeune femme a plaidé la bonne foi, affirmant avoir été inscrite à son insu (ou à l'insu de son plein gré ?) par son compagnon Adda Osmani, intermittent du spectacle et également érémiste.
Osmani et sa meuf ont été condamnés le 25 janvier par le tribunal correctionnel de Nanterre à 8 mois de prison avec sursis et 25 000 euros d'amende chacun. Est-il besoin de préciser que ce « couple sans ressources avec enfant » bénéficiait évidemment de la CMU ?
Le 2 février, c'est un autre genre de scandale - mais encore plus onéreux pour la collectivité - que révélait une dépêche de l'AFP annonçant la mise sous écrou à Marseille de « trois psychiatres soupçonnés d'avoir vendu des certificats de complaisance à des étrangers pour leur permettre d'obtenir des titres de séjour ». Il s'agirait de « l'un des plus gros trafics de ce genre démantelés » dans le Midi. Si deux autres psychiatres marseillais ont été mis en examen « pour aide au séjour irrégulier en bande organisée, établissements de faux certificats médicaux et usage de faux » mais laissés libres, « quatre autres personnes liées à une Association pour l'aide au séjour (Apas) à Marseille ont également été écrouées » dont Germaine Teboul, présidente de l'Apas, où œuvraient également sa fille, son fils et jusqu'à un neveu parisien, qui servait de rabatteur.
Quant aux médecins inculpés, il s'agit de Michel Aubry, Malek Gouni, Michel Cori, Michel Berenguet et Philippe-Xavier KhaliI, ce dernier exerçant à l'Assistance publique-Hôpitaux de Marseille.
Bien entendu, tout ce beau monde proteste de son intégrité, affirmant n'avoir agi que dans un « souci humanitaire », le cas de ces malheureux immigrés en situation irrégulière (et donc bénéficiant de l'AME) l'ayant ému jusques au fond du cœur.
N'empêche que ce trafic était des plus fructueux puisqu'il en résulte pour la Sécurité sociale un préjudice d'environ 1,6 million d'euros, à raison de 1 500 à 4 000 euros par dossier, consultations et examens psychiatriques se succédant à un rythme échevelé. Mais avec succès : fonctionnant depuis janvier 2006 selon l'AFP, le réseau, qui avait en Michel Aubry recruté un « expert agréé auprès de la Ddass », a « permis à plusieurs centaines de personnes de toutes nationalités, notamment Maghrébins, d'obtenir un titre de séjour ». Et les avantages qui vont avec, notamment la CMU et le RMI.
C'est pas grand et généreux, la France ? Mais ne vous étonnez pas après ça de voir fondre votre pouvoir d'achat. Et ne vous étonnez pas non plus, après la régularisation de tant de vrais et faux aliénés, connue s'il suffisait d'être maboul pour prétendre au droit du sol, de voir se multiplier tant d'agressions et de crimes dont les causes restent mystérieuses et dont les auteurs, irresponsables, ne répondent jamais de leur(s) forfait(s).
Florent DUNOIS. RIVAROL du 22 février 2008