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Melenchon, piège à cons...

Bien sur, la carte électorale du Front de gauche recoupe – pas totalement d'ailleurs – celle du parti communiste à l’époque où ce dernier existait encore. Pour autant, d’un point de vue sociologique, la différence est radicale. Là où le parti communiste ratissait côté intellectuel (1) et ouvrier, le Front de gauche se voit méprisé par les premiers comme par les seconds. On peut alors sourire lorsque Jean-Luc Melenchon se réclame du peuple ou des milieux populaires. Encore plus choquants, les ouvriers ont maintenant déserté la gauche pour rejoindre le Front National. On ne répétera jamais assez que l’homme de gauche qui émigre vers le camp patriotique n’a nullement le sentiment - à juste titre - de s’être converti ou rallié à la droite qui reste à ses yeux l’ennemi de toujours. En ce sens, la stratégie du Front National, résumée par le slogan « ni droite, ni gauche » est la bonne : elle permet progressivement de rallier au camp patriotique les déçus des deux hémiplégies.
L’expérience que j’ai des hommes me conduit à me méfier des radicaux autoproclamés qui pratiquent la surenchère verbale, utilisant bien volontiers des superlatifs. Tel est justement le cas de Jean-Luc Melenchon dont les déclarations semblent faire accroire qu’il est radical. Rappelons qu’il fut appelé lors d’un nouveau gouvernement Jospin, peu de temps avant la présidentielle de 2002, ce afin probablement de montrer un ancrage à gauche. Rappelons aux plus jeunes que la période Jospin (1997/2002) fut autrement plus libérale – entendez capitaliste – que celle qui précéda de 1993 à 1997 via les gouvernements Balladur et Juppé. Et face à la politique capitaliste mené par Jospin et ses affidés, Jean-Luc Melenchon de se faire, à l’époque, carpette et rampant.
D’un point de vue idéologique on pourrait croire que Jean-Luc Melenchon incarne la gauche nationale et républicaine. C’est un peu le message qu’il veut faire passer. Remarquons que l’homme reste emprunt de ses origines trotskistes, internationalistes et dissolvantes. S’il était vraiment républicain comme il l’affirme, il n’eut pas autant soutenu le mariage homosexuel qui est d’essence communautariste donc anti-républicain. Il y a aussi chez lui un côté gôche cucul, donneuse de leçons qui pue les médisances des conversations des sacristies, dont il prétend bien malhonnêtement être l’opposant radical. Peut être souhaite t-il tout simplement flatter dans le sens du poil son électorat – encore une fois pas ouvrier – qui se la joue intello, tout en maniant taille-crayons et trombones : n’est pas tout le monde capable de porter sur le dos un sac de ciment de trente kilos sur une échelle en gravissant ainsi une dizaine de mètres… Encore une fois, les éternels défenseurs du prolétariat, eux-mêmes non prolétaires et ne voulant absolument pas l’être: « Faut vous dire Monsieur, que chez ces gens là… » (2).
On sait les bisbilles récentes entre Melenchon et les communistes orthodoxes du défunt Pc« f ». Ces derniers dépendent des socialistes pour obtenir des élus dans le cadre des prochaines municipales. C’est ainsi que ceux qui se réclament de Marx et de Lénine – excusez du peu – en sont maintenant à sucer les thuriféraires du « grand capital ». Dans les faits, la gauche profonde et réelle, autoproclamée comme telle, est la négation même de la gauche et de son passé. Les communistes aujourd’hui, trahissent tout autant que l’a fait Melenchon lorsqu’il fit partie du gouvernement Jospin : « qui se ressemble s’assemble» … A gauche, rien de nouveau, et nul espoir pour « les damnés de la terre ». Après tout, c’est peut être très bien ainsi, et il existe donc pour reprendre une expression chère à nos milieux, « un partage des eaux ». Cela ne signifie pas que le Front de gauche ne va pas bénéficier du dégoût d’électeurs de gauche écoeurés par la politique menée par Hollande et Ayrault qui est capitaliste. Mais quelque part le réservoir de gauche est maintenant percé et une partie importante de son contenu s’écoulera vers le Front National :
« As sure as the rivers reach the seas »… (3)

Childéric Fonteney http://www.voxnr.com/cc/politique/EFZZAyFkFykPbahpXF.shtml

Notes :

(1) L’opium des intellectuels – Raymond Aron
(2) Jacques Brel
(3) Gary Moore – over the hills and far away

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