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Récit de veilleurs

Des Français attachés à leur pays et à ses valeurs racontent la veillée de cette nuit à Paris (lire aussi le récit du Figaro) :

"Nous voulions nous joindre à la veillée clôturant la dernière étape de la marche des veilleurs, veillée qui se tenait sur la place de la concorde. Afin de nous rendre à Paris, nous avions décidé de prendre le train. Hélas, de nos jours, en France, se rendre à une manifestation contre le mariage gay devient de plus en plus compliqué. Par un mystérieux hasard que nous ne qualifierons pas de coïncidence, de nombreux trains depuis Versailles à destination de Paris étaient supprimés.

Nous sommes finalement parvenus jusqu’à la place de la Concorde, où nous avons assisté à un spectacle hallucinant. La place fourmillait de fourgons et de voiture de CRS. Certes, nous avons participé à de nombreux rassemblements afin de montrer notre attachement au modèle familial traditionnel. Certes nous connaissions la paranoïa du gouvernement vis-à-vis des opposants au mariage gay. Mais nous n’imaginions cependant pas qu’un tel dispositif serait déployé pour surveiller le rassemblement d’un mouvement qui n’a jamais causé de violence ou de casse. Après avoir pris des photos pour garder une preuve du ridicule de la situation nous avons tenté de rentrer dans le périmètre de la place dans lequel se trouvaient les veilleurs. Mais un barrage de CRS nous en a interdit l’accès. Il nous fallut faire le tour pour qu’un autre barrage de CRS nous indique la marche à suivre afin de rentrer dans le groupe. En nous indiquant le chemin à prendre les CRS ne faisaient que sélectionner l’endroit le plus propice pour nous encercler. En effet, brusquement les CRS se mirent à encercler le rassemblement, empêchant quiconque de sortir.

Au bout de quelques temps, nous avons cherché à quitter la veillée car nous devions nous rendre place de l’Etoile. Nous étions parfaitement conscients que nous aurions du mal à quitter la veillée mais nous ignorions les proportions que cela allait prendre. Le cordon de CRS, extrêmement resserré nous barre la route. Nous parlementons avec eux, nous manifestons notre étonnement. Ils opposent à cela leur seul argument qu’ils répètent machinalement : « on a des ordres ». Un groupe de touriste réussit à s’extraire hors du cordon, nous protestons, nous sommes pressés. Rien n’y fait. Nous affirmons alors être nous aussi des touristes. Ils nous suggèrent d’aller voir la commissaire dont ils dressent un portrait peu flatteur. La redoutable organisation de leurs unités ne leur permet pas de nous indiquer où se trouve cette commissaire. Nous tentons notre chance avec d’autres CRS. Parlementations. Refus. Nous sommes éconduits et renvoyés vers les CRS avec qui nous avons discuté premièrement. Ils ne savent plus quoi dire et semblent embêtés de dispenser pareilles consignes. Ils nous proposent à nouveau d’aller voir la commissaire dont ils nous indiquent cette fois-ci l’emplacement. Peu confiants quant à la réaction de la commissaire, nous décidons de tenter une dernière fois notre chance auprès d’un grand CRS, qui nous laisse passer, croyant que nous étions des touristes.

Nous dressons alors un bilan hâtif de cette soirée : beaucoup de policiers, beaucoup de négociations, peu de libertés et peu de médias. Certes, ces manœuvres policières ne constituaient que de l’intimidation, mais ces procédés sont révélateurs d’un esprit. Nous ne nous révoltons pas contre notre pays, mais contre ce gouvernement qui déshonore la France. Alors même que la garde des Sceaux présente un projet de réforme pénale ultra laxiste, la préfecture de police, sur ordre du gouvernement, surveille étroitement quelques milliers de manifestants silencieux, en essayant tout pour les décourager, les intimider, tandis que les braquages et les règlements de compte deviennent monnaie courante dans le sud de la France. Notre président, qui prétend être l’héritier de la révolution française n’a fait que perpétuer les arrestations arbitraires qui s’effectuaient à cette époque, tout en omettant d’instaurer la liberté l’égalité et la fraternité dont le peuple a besoin."

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