Il est inutile de revenir une fois de plus sur la dégradation générale de notre civilisation, que les initiateurs présentent comme un progrès et une sortie libératrice de l’obscurantisme, alors qu’on livre des proies sans défense a des requins moralisateurs et donneurs de leçon, dont Pierre Bergé est la parfaite illustration.
L’émotion est à son comble en Occident après le spectacle des naufragés de Lampedusa. Le Pape y est allé de ses larmes et de ses déclarations qui secouent son homme, du genre : « Plus jamais ça ! ». Et je pense qu’on va affréter à l’avenir des bateaux bien tenus pour acheminer nos clandestins sur l’île en toute sécurité. De telle sorte que les « marches blanches » sur cette île, n’auront plus de blanches que le nom.
Il faudrait être un animal pour n’avoir aucune compassion pour ces pauvres bougres exploités, entassés comme du bétail sur un vieux rafiot et finalement noyés à quelque milles des premières plages d’Europe.
On aimerait aussi, pendant qu’on y est, que la même compassion étreigne les cœurs de nos bonnes âmes téléphages, à l’annonce de la persécution des chrétiens d’Orient — Syrie, Pakistan, Egypte — ou du Nigeria…
Mais se lamenter sur les effets sans chercher à éradiquer les causes reste une constante des démocraties occidentales : cette société de « bandarlogues », comme les décrivait Kipling, est bavarde, prompte à légiférer, mais sans mémoire ni loi transcendante.
Bonald en son temps, déjà, parlant de la mendicité infantile dans un article*, regrettait cette agitation émotionnelle à chaque drame, suivie de mesures curatives qui ne résorbaient pas le mal, car elles ne s’attaquaient pas aux causes : « Le médecin » écrivait-il « qui traite un chancre vif et rongeur, ne se contente pas d’ordonner des applications extérieures ; mais il défend sévèrement tout ce qui échauffe et irrite les humeurs et cherche par un régime tempérant à adoucir et purifier la masse du sang ».
Bernard Lugan démontre avec talent que les « boat people » qui viennent s’échouer sur nos côtes sont le fruit des guerres soi-disant libératrices perpétrées par les occidentaux contre les états souverains d’Afrique et du proche Orient. Cet interventionnisme néo-colonial au nom de l’ingérence humanitaire ne fait qu’embraser toute ces régions en déstabilisant des Etats, souverains certes, mais n’entrant pas dans la conformité démocratique libérale capitaliste à l’anglo-saxonne, ce qui est un motif d’indignation suffisant pour tout mettre à feu et à sang. Mais que fait Hollande, me direz-vous ? Attendons-nous à des déclarations choc et à des coups de menton. On suivra les propositions des ONG pour améliorer la sécurité des passagers clandestins, après-tout c’est leur rôle. Tandis que les politiques, tout en battant leur coulpe sur la poitrine du peuple (égoïste et réactionnaire), ne souhaiteront pas remettre en cause leurs positions, tant, dans le domaine de la politique étrangère, en matière d’interventionnisme moralisateur et sanglant en faveur des islamistes, que dans celui de la politique intérieure en faveur de l’immigration afin de hâter le « grand remplacement » dont parle Renaud Camus. Nous n’avons pas besoin de chercher des motifs pour combattre ce régime qui produit des « élites » qui lui ressemblent. Chaque jour nous apporte la démonstration de son incapacité et de sa nuisance, et nous persuade un peu plus qu’il faut en finir et vite.
Mais nous avons pu observer dans l’ambiance joyeuse de nos locaux vendredi dernier avec nos jeunes militants passionnés et lucides, que le « printemps des libertés » fait se lever une brise agréable et légère qui pourrait bien devenir une tempête. Il durera et grandira au delà des saisons naturelles et demain, soyons en sûr, les lys seront plus beaux et plus nombreux pour tapisser la route de notre prince jusqu’à Reims.
Olivier Perceval, secrétaire général de l’Action française
*Louis de Bonald, Quelques considérations sur les enfants trouvés et la mendicité
http://www.actionfrancaise.net/craf/?Lampedusa-Pleurs-et-grincement-de