Jean-Luc Mélenchon voulait faire mieux [le 1er décembre 2013] que les « bonnets rouges » à Carhaix : 100.000 manifestants, a-t-il compté ; 7.000, lui a répondu la police.
La « marche pour une révolution fiscale » de Jean-Luc Mélenchon a atteint hier le record… de divergence dans le comptage des troupes. 100.000 manifestants selon les organisateurs, 7.000 selon la police. Du jamais-vu, qui veut sans doute dire beaucoup.
Le gouvernement ne veut surtout pas voir ressurgir le « danger Mélenchon » qu’il avait entrevu dans la présidentielle. Le leader du Front de gauche a son honneur à sauver. Il voulait [le 1er décembre 2013] faire mieux que les « bonnets rouges » qui manifestaient eux aussi sur la fiscalité la veille à Carhaix.
Par le miracle du comptage, les « drapeaux rouges » de Mélenchon ont jugé avoir fait mieux que les « bonnets rouges » (100.000 donc contre 40.000). La police leur a trouvé moins (7.000 contre 17.000 estimés à Carhaix).
L’histoire de Jean-Luc Mélenchon ressemble depuis deux ans à celle de l’homme qui courtise patiemment une femme avant qu’elle ne choisisse de partir avec un autre.
Il a été le premier à sentir croître les « désespérés » de François Hollande, le premier à dénoncer une politique fiscale « injuste ». Or ce sont d’autres, « bonnets rouges » en tête, qui en ont récolté les fruits. Ils ont su attirer les médias et retenir l’attention du gouvernement.
Et lui ? Quoi de pire pour l’homme aux formules qui tuent de ne plus être le « Mélenchon qui fait peur » ? Il a déjà perdu dans l’opinion son bras de fer avec Marine Le Pen, il a vu les communistes s’allier avec les socialistes pour les municipales, il est devenu dans les sondages l’homme qui « en fait trop ».
Pour rien au monde, il ne voulait en plus devenir transparent. Hier, Jean-Luc Mélenchon n’a peut-être pas mobilisé autant qu’il le souhaitait, mais il a montré que le gouvernement le craignait toujours. Mince victoire, qui n’ôte rien à son problème de fond. Son verbe et sa capacité d’indignation sont salués, mais ils ne portent pas. Il analyse comme personne le climat social, mais c’est vers d’autres que l’on se tourne.
Pourquoi ? Trop favorable à l’immigration quand le « peuple de gauche » ne l’est plus ? Trop lié à l’histoire partisane du pays quand les Français rejettent les partis ? Peut-être.
Lui ne désarme pas, comme les éternels amoureux : la cause à venir sera la bonne, se persuade-t-il.
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