Tribune et portraits par Didier Beauregard
« Tel père, tel fils », une belle devise pour Guy et Nicolas Bedos. Leur programme commun pour avoir leur place au banquet du PAF, c’est simple comme bonjour : se mettre servilement du côté du plus fort, taper sur le plus fragile tout en clamant que l’on est du côté du faible et de l’opprimé.
Ça a marché pour le père, ça marche aussi pour le fils.
Flash-back sur un parcours exemplaire
Souvenez-vous de Guy le Vieux. Les années 1960/70 : un comique ordinaire, un pied encore dans le comique troupier, un pied dans la satire. Mr Guy ne fait pas dans la dentelle et joue avec application sur les grosses ficelles et les clichés de l’époque : l’homo efféminé, le pied-noir lourdingue, l’arabe exotique, la Marie-Chantal, le dragueur de bas étage, le macho primaire… Du bon, du gros, du lourd, du vu et du revu… pas de quoi affoler les bourgeois et jouer les rebelles. On était loin de la fine lame Desproges ou de la pétulance corrosive d’un Thierry Le Luron.
Puis vint la tornade Coluche du milieu des seventies… Le trait acéré qui bouscule les vieux clichés rabâchés, la satire sociale à l’acide, la gouaille popu – au premier, deuxième ou troisième degré – érigée en art subversif. Bref, le talent qui fait mouche et qui fait mal.
Qui s’intéresse encore vraiment à Guy Bedos à la fin des années 1970 ?
Coup de bol pour lui ! La gauche gagne les élections en 1981, et voilà le père Guy, rappelant qu’il a toujours été dans le camp des « progressistes », qui se retrouve parmi les favoris de la Mitterrandie, avec un statut de pilier du PAF désormais, comme Roger Hanin, dit le Beauf, promu vedette du petit écran.
C’est la belle époque (pour lui) des grandes messes antiracistes sur fonds publics, des galas remplis de militants (tarifs très intéressants pour le Comité d’entreprise), des passages promotionnels à « 7/7 », une table très réputée, où, pendant des années, il aura son rond de serviette avec Harlem Désir, l’abbé Pierre et Bernard Tapie pour venir cracher sur Le Pen et les petits Français « moisis » qui n’aiment pas les étrangers. C’est facile, ça prend pas de risque et ça rapporte gros. Cela vous permet de vous pavaner tranquille dans la haute société médiatique, de vous assurer une retraite confortable pour vos vieux jours.
On peut même servir à tout âge : on a ressorti sur les antennes Papi Bedos pour accompagner la grande offensive d’hiver du PS contre l’hydre raciste et le retour de la « Bête immonde ». La lutte à mort contre le racisme, il connaît, c’est même la grande affaire de sa vie ; mieux encore : c’est une affaire de famille, comme traiter les femmes de « pute » ou de « salope ».
À papa l’opération Taubira, à fiston la chasse au Dieudo
Et voilà Nicolas le petit qui se roule dans sa propre fange, qui éructe, bave et vomit sur sa proie, obscène, scato, mégalo, il se répand sur l’écran, ivre de lui-même, fou de contentement tant il est persuadé d’être drôle et de faire œuvre de salut public à la fois.
Plus il se soumet au Système dominant, plus, brandissant sa merguez dérisoire et sordide, comme Lancelot sa lance, il piétine son adversaire à terre, tant il sait que ce dernier, seul face à l’appareil de répression de l’État mobilisé contre lui, ne pourra lui rendre les coups.
Quoi que l’on pense des provocations de Dieudonné, chacun comprend bien que les deux hommes ne combattent pas à armes égales. La bête est blessée, il est juste là pour l’achever et la dépecer sans risque. Dans sa fureur purificatrice, le roquet le plus féroce du PAF depuis l’éloignement de Stéphane Guillon, encouragé par le ricanement aigrelet de Ruquier-le-faux-cul, ne réalise pas bien qu’il joue à front renversé, qu’il sort malgré lui des chemins bien balisés de la bienpensance médiatique sans risque. Il caricature, tel un franchouillard de bas étage qui voterait Front Nat (quelle horreur !), le jeune de banlieue comme un wesh wesh débile, ignare et violent. Le racisme des beaux quartiers à fleur de peau, le mépris de la différence qui nous enrichit, le dédain de la violence des « stigmatisés » qui nous interpelle… tout ça dégage des relents « nauséabonds » qui rappellent les « heures les plus sombres de notre histoire ».
Attention à ne pas perturber l’entendement d’un Bedos Senior que l’on peut imaginer à moitié assoupi devant son écran en train d’essayer de comprendre où va son digne héritier.
De son temps c’était simple, l’abruti c’était le Blanc (surtout populaire) et le sympa tous les autres. Et voilà que le fiston dézingue un Noir et stigmatise un Beur. Dans quel monde vit-on ? Et pourquoi pas, tant qu’on y est, la mère Fourest qui glisse une quenelle à BHL ?
Décidément, tout fout le camp !
L’affaire Dieudonné décidément les rend fous, ils en perdent les repères qui assurent leur tranquillité prospère depuis des décennies. Hélas oui, les jeunes des « quartiers populaires » ont l’épiderme sensible et la réaction peu encline aux nuances.
Voilà donc Nicolas le Preux pris dans la tourmente d’un tsunami de réactions haineuses qui menacent de lui faire la peau, lui casser la gueule ou pire encore. Pas facile, de nos jours, d’être le bouffon de la cour ! Du temps de papa, les beaufs dociles de la France d’en bas baissaient la tête et poussaient même souvent la complaisance jusqu’à rigoler des crachats qu’ils recevaient. Paraîtrait même que les petits Blancs commenceraient à montrer les dents. Décidément, tout fout le camp !
Voilà donc Nicolas le Piteux, déstabilisé, piégé dans une guerre de tranchées alors qu’il pensait aller à la chasse aux perdreaux entre gens de bonne compagnie. Il pleurniche qu’on l’a mal compris, qu’y a pas moins raciste que lui et qu’il adore les « djeunes ». Il en appelle même au code d’honneur et réclame un duel au soleil avec son adversaire pour montrer à tous l’évidente supériorité de sa dialectique.
On connaît la musique : « Retenez-moi ou je fais un malheur ! ». Une prise de risque absolument nulle – il peut aussi bien lancer un défi au poing à Mike Tyson – il n’y a aucune chance que les deux adversaires croisent le fer.
Trop tard, donc, le masque du mépris, de la haine et du racisme est plaqué sur le visage lisse du bobo de bonne lignée, le « fils à son papa » risque de regretter son exubérance exterminatrice. Le retour de boomerang de sa merguez vengeresse destinée au fondement de Dieudonné, ce n’est pas forcément dans la figure qu’il le prendra.
Didier Beauregard, 24/01/2014
http://www.polemia.com/de-quoi-bedos-est-il-le-nom/
De quoi Bedos est-il le nom ?
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