Le 10 novembre avait lieu à Paris la funeste manifestation dite « contre l’islamophobie ». pour la première fois l’un des grands partis français épousait sans nuance la cause des déracinés de banlieue. La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon a choisi son camp. Mais que donnera ce cocktail ?
Ils ont chanté la Marseillaise Place de la Nation. Et ils n’étaient que 13 000. Autant dire, pavoisent Danielle Obono ou Esther Benbassa après Jean-Luc Mélenchon, que tout est bien qui finit bien, même si le Parti de l'Ordre a eu très peur, sans oser se l'avouer. Remarquable déroulé du programme. Pas d'agressivité. Pas de casse. Les militants du CCIF sont des citoyens comme les autres. Et ils ont le sens de l’organisation, comme le reconnaît Eric Tegnèr, qui milite à la droite des Républicains mais qui s’étaient rendu à la Manif, histoire de voir. Tout était presque parfait, malgré les fichés S et autres frères musulmans qui défilaient.
Catastrophe ! Marwan Muhammad, n est rien d'autre que l’ex-dirigeant du Collectif contre l'islamophobie, et le créateur de l’association Les musulmans, qui a succédé à l'UOIF. Brusquement, il s’est mis à crier Allahu akbar au micro. La foule reprenait de plus belle ce cri. Et Marwan de conclure, toujours au micro « On en a marre que les médias fassent passer cette expression religieuse pour une déclaration de guerre » Ce n'est pas mon habitude de défendre les médias mainstream, mais là ! Marwan fait comme si les terroristes n’existaient pas, comme si ce n'était pas eux, partout où ils frappent, qui, sur ordre de Daech, utilisaient cette expression « Allah est le plus grand » comme la signature religieuse de leurs actes de mort.
Allahu Akbar ! Voilà un dérapage qui n'est pas le fait d'un inconnu et qui donne le ton à cette manifestation. On a beaucoup parlé aussi de cette enfant à qui l'on avait fait porter l'étoile jaune, comme si il y avait un rapport entre la destruction des juifs d'Europe et quelques actes inciviles et un demi attentat à Bayonne, dont l'auteur paraît pour le moins gâteux. Alexandre Devecchio dénonce la manipulation « Le but de la manœuvre outre la victimisation écœurante, est surtout de faire passer le message de la nazification de l'État français pour justifier le refus d'obéir à ses lois et le rejet des principes universels qu'il porte ».
Atteints de migrantophilie
Face à tous ces dérapages prémédités de gens qui finalement se discréditent eux-mêmes au point que jusqu'à Jean-Michel Apathie, d'habitude tellement compréhensif vis-à-vis de l'islam, aujourd'hui 11 novembre, ne les comprend plus, il faut bien reconnaître que l'attitude de la France insoumise est pour le moins problématique.
Certes, elle est conforme au programme de ce Parti, qui cède à une véritable migrantophilie. C'est grave docteur, la migrantophilie ? Qu’on en juge d'après les programmes de LFI et les interventions de leurs membres. Manon Aubry par exemple, tête de liste aux Européenne, a déclaré récemment sur RTL qu’elle était favorable à « la régularisation de tous les travailleurs sans papier » et qu’elle considérait « les personnes qui déclarent fuir le réchauffement climatique, comme des réfugiés fuyant un pays en guerre » On donne un statut de réfugié climatique qui d'après la doxa du GIEC s’appliquera forcément de manière quasi-universelle. Manon Aubry comme une sorte de super-pape François, entend que la France et l'Europe puisse accueillir « toute la misère du monde », même celle qui est liée à l’ordinaire des jours, c'est-à-dire au climat. Les progressistes chrétiens font inconditionnellement de tout migrant un Christ, qu'il importe non seulement de soutenir (ce qui reste élémentaire pour tout chrétien), mais d'installer chez nous ce que l'Évangile ne dit pas, les auteurs sacrés n'y ayant même pas pensé). De façon un peu semblable, la France insoumise cultive, sans limite, sans frontière, une migrantophilie qui serait la ruine pour tout le monde, au nom du secours à quelques-uns.
C'est ce qui fait la fragilité politique du populisme face à Emmanuel Macron. En 2017 le président a fait l'unité des progressistes de droite et de gauche, il a uni la bourgeoisie française, longtemps à couteau tiré entre droitistes et gauchistes, en proclamant, comme la nouvelle divine surprise, l'unité de tous les centres. Avec de tels thèmes politiques (la sainteté du migrant) il est absolument impossible, malgré les vœux et l’ouverture à gauche bien connue d'une Marine Le Pen, de réaliser l'unité des populaires ou des populistes de droite et de gauche, comme Macron a réalisé l'unité des élites. Les populistes ne s’entendent pas sur ce qu’est un peuple pour le populiste de droite, qui a lu Ernest Renan, la nation est un plébiscite permanent de chacun de ses membres, affirmant son appartenance. Pour la France Insoumise, tout homme au fond, en vertu de son humanité et donc tout migrant a un droit strict à la citoyenneté. Il faut donc d’emblée se rallier à la minorité la plus agissante (l'islam), quitte à crier Allahu Akbar avec les autres manifestants. L'identité française, pensent-ils, n’est qu'une vieille lune sans importance. L'unité des populaires face aux élitaires n’est pas pour demain !
Alain Hasso monde&vie 14 novembre 2019