par Jean-Paul Baquiast
Ex: http://www.europesolidaire.eu
Le premier est une situation géographique d'un grand intérêt stratégique, aux frontières de l'Europe et de la Russie. Celle-ci intéresse particulièrement les Etats-Unis, car elle pourrait servir de base avancée à l'US Army dans la perspective de conflits, fussent-ils limités. Le second est sa réputation d'Etat musulman modéré. En tant que tel, les pays européens et la Russie espèrent s'appuyer sur lui dans la lutte contre le terrorisme islamique. Le troisième avantage de la Turquie est son président depuis 2014, Recep Tayyip Erdoğan.
Celui-ci veut faire de la Turquie une vraie grande puissance. Certains disent qu'il voudrait reconstruire un empire Ottoman dont il serait le Sultan. Pour cela il veut se débarrasser des indépendantistes Kurdes qui occupent une partie du territoire turc. Il veut aussi augmenter sensiblement les frontières de la Turquie, en annexant une importante bande frontière entre la Turquie et la Syrie, qu'il a décidé d'occuper militairement. Mais surtout il espère faire de la Turquie un arbitre influent entre les Etats-Unis et la Russie. Pour cela il utilise son appartenance à l'Otan sous direction américaine et s'équipe en matériels américains, Il a promis d'acheter notamment une flotte importante des futurs chasseurs américains F 35, une fois que ceux-ci seront en ordre de vol. . Mais il a eu le coup de génie, il y a quelques mois, d'obtenir de la Russie la vente de systèmes de missiles anti-missiles dits S-400. Ceux-ci se sont révélés bien supérieurs aux Patriot américains. Ils menacent notamment d'impuissance les avions de combat d'Israël et des Etats-Unis 1) .
Depuis plusieurs semaines, la Maison Blanche avait menacé Erdogan d'obtenir son expulsion de l'Otan au cas où il continuerait d'acquérir du matériel militaire russe. Mais elle s'est bien gardé de le faire. Cela l'aurait jeté dans les bras de Moscou. Sur le sujet S-400 versus F 35, on consultera un article de Sputnik .
Aujourd'hui le secrétaire américain à la défense Mark Esper s'est dit inquiet de voir la Turquie « s'éloigner de plus en plus de l'orbite de l'Otan ». Voir un article du site américain indépendant Al Monitor. Il relaie en cela des pressions du Congrès américain visant à remettre Erdogan dans le droit chemin, peut-être en l'excluant de l'Otan.
Mais il y a tout lieu de penser qu'Erdogan ne changera pas d'un iota sa position. Emmanuel Macron pourrait s'inspirer de son exemple s'il voulait faire de la France, qui, tout autant que la Turquie, en a les moyens, une véritable arbitre entre l'Ouest et l'Est
Notes
Note 1
Sur les S-400, on lira ceci, à propos du système russe de radar dont ils sont équipés, et qui fait leur exceptionnalité
The radar tested is the “eye of battle management system” of each battery that detects heavy bombardiers from 570 kilometers (355 miles) and faster fighter planes from 400-450 kilometers (250-280 miles). The “Big Bird” 91N6E acquisition and battle management radar can simultaneously track 300 close proximity enemy targets. The other radar in each battery is a Grave Stone multimode engagement radar.
This 91N6E radar for the S-400 system is tasked with acquiring and tracking aerial and ballistic targets, identifying targets and performing angle measurements on standoff jamming aircraft. The 92N6E radar in the system is intended to provide autonomous manual and automatic sector sweeps, target acquisition and tracking in adverse weather, electronic counter measures, chaff and low altitude clutter environments. This radar is equipped with identification, friend or foe capability as well.
Note 2
Erdogan menace de fermer la base américaine en Turquie d'Incirlik en réponse aux sanctions
Erdogan Threatens To Shut Incirlik Base To US In Response To Sanctions
https://www.urdupoint.com/en/world/erdogan-threatens-to-shut-incirlik-base-to-us-787979.html