Par Guillaume Bernadac
Il y a les bonnes victimes et celles dont la presse parle peu ; en considérant les responsables du drame ci-dessous, il est facile de comprendre pourquoi. Mamadou-Lamine Diedhiou est videur au bar Le Styl transformable en boîte de nuit, situé 5, Grande-Rue à Besançon. Le 23 avril 2017, ce Sénégalais de 35 ans arrivé en France en 2011, marié, sans histoire, qui prévoyait de quitter son métier de videur pour un nouveau départ, est mortellement blessé parce qu’un de ses collègues avait refusé quelques minutes plus tôt l’entrée à un individu alcoolisé.
Ce soir-là, le collègue de Mamadou, Mor Seye, refuse l’entrée à un dénommé Fahrat Cid, fortement imbibé. S’éloignant en abreuvant les vigiles d’insultes racistes, ce dernier promet de les « niquer ». Et, en effet, un peu plus tard, il revient pour s’expliquer mais cette fois-ci il n’est plus seul. Vexé, il a entre-temps appelé des comparses, dont son frère, pour lui venir en aide. Dès l’arrivée du groupe, alors que la situation semble pacifiée grâce à l’intervention de Mamadou, Fahrat Cid décoche brutalement un premier coup qui entraîne une tempête de violence. Ils sont six à s’attaquer au videur, filmés par une caméra de vidéosurveillance. On voit l’agent de sécurité se battre comme un lion, face à ce groupe d’individus déterminés à en découdre. Hichem Djebaïli, l’un des assaillants, en profite alors pour planter froidement un couteau dans le cœur de la victime, laquelle parviendra à repousser la meute, avant de s’écrouler sur les pavés, quelques secondes plus tard. Entre le premier coup de poing reçu par le portier du Styl et l’instant où celui-ci s’écroule sur le sol, seules 22 secondes se sont écoulées. Outre des lésions au visage, le médecin légiste a relevé deux plaies sur le corps de la victime. Une première, « profonde de 10 à 12 centimètres » au thorax, « transperçant des organes vitaux », et une seconde « profonde de 17 centimètres » au niveau de la cuisse. Les quarante minutes de massage cardiaque effectuées ne purent réanimer le blessé.
Le procès de cette tragédie s’est ouvert lundi 13 janvier 2020 au palais de justice de Besançon. Dans le box des accusés : Hichem Djebaïli, 26 ans, quatre condamnations au casier judiciaire, est jugé pour meurtre. C’est lui qui, revenant « d’un mariage d’un ami », a porté les coups à l’arme blanche. Un couteau initialement destiné à « couper le gâteau », soutient-il, qu’il avait pris soin de jeter dans le Doubs lors de sa fuite. A ses côtés se tiennent cinq autres protagonistes de la rixe, jugés pour complicité de meurtre : Fahrat Cid, 38 ans, l’éméché qui, revenu, porta le premier coup de poing, a 18 condamnations à son actif ; Hamid Hoggas, 26 ans et huit mentions au casier judiciaire ; Ab-delwahad Cid, 32 ans, une condamnation ; enfin Mohamed et Abdelkader Fares, 24 ans, avec respectivement quatre et six mentions au casier.
Que retenir de ce drame ?
D’abord, il serait intéressant de savoir ce qu’en pensent les « racisés », terme qui pour le Parti des indigènes de la République désigne les victimes des Blancs, c’est-à-dire les Noirs et les Maghrébins, objets d’après leurs dires de remarques racistes dans la rue. En effet, ici, le supplicié africain n’a pas subi la haine du Blanc mais de plusieurs personnes originaires du Maghreb.
Ensuite, si nous nous référons à l’histoire, ce type de racisme n’est pas étonnant. N’oublions pas que le mot arabe abid, qui signifiait esclave, est devenu à partir du VIIIe siècle plus ou moins synonyme de « Noir ». Quant au mot arabe zanj, il dé- signait de façon péjorative les Noirs. N’oublions pas enfin que la traite orientale, c’est-à-dire l’esclavage pratiqué par les Arabes, entraîna la mort ou la déportation de 12 millions de personnes venant de l’Afrique noire.
Dernier point, les grands médias n’ont pratiquement pas parlé de ce meurtre car il aurait fallu alors mentionner l’origine des auteurs de cet horrible traquenard et, cela, la presse ne le voulait et ne le pouvait pas.
Source : quotidien Présent