
Le 18 octobre 1941, le capitaine Ernst Jünger déjeune au Ritz avec son ami Cari Schmitt, qui lui rappelle, au cours de la conversation, cette sentence « Non possum scribere contra eum, qui potest proscribere » - je ne puis écrire contre celui qui peut proscrire. Pourtant, Jünger, déjà suspect au régime nazi depuis la publication de Sur les falaises de marbre, en 1939, perçu par certains comme une « allégorie de la Résistance », et qui ne devait sa relative tranquillité qu'à l'admiration que le Führer conservait à l'auteur d'Orages d'acier, et à la protection que lui apportaient ses supérieurs contre les censeurs du Parti, Jünger va abandonner le refuge que constitue son Journal pour des écrits plus lourds de conséquences. Il consigne dans ledit Journal, à la date du 5 janvier 1942 « Durant l'heure libre de midi, acheté du papier pour le manuscrit de La Paix. Commencé à en tracer le plan. Vérifié également le coffre au trésor. Ce sont là tentatives d'ordre, entre les rochers et les requins. »





